A l’instar de plusieurs pays, le Sénégal fait face à une recrudescence des cyberattaques visant les entreprises et les institutions publiques. Pour y répondre, le pays a mis en place des stratégies combinant actions policières et partenariats internationaux, afin de renforcer la sécurité numérique.
Les autorités sénégalaises ont déjoué une tentative de fraude informatique visant à détourner 7,9 millions de dollars d’une grande compagnie pétrolière, a annoncé lundi 22 décembre Interpol. Les pirates avaient infiltré les systèmes de messagerie interne de l’entreprise et usurpé l’identité de cadres dirigeants pour initier un virement frauduleux.
Selon Neal Jetton, directeur de la lutte contre la cybercriminalité à Interpol, « l’ampleur et la sophistication des cyberattaques en Afrique s’accélèrent, en particulier contre des secteurs stratégiques comme la finance et l’énergie ». Il a salué la réactivité des forces sénégalaises, qui ont bloqué le transfert et gelé les comptes bancaires destinataires, évitant ainsi une perte financière majeure.
L’opération a été menée dans le cadre d’un dispositif de coordination internationale entre 19 pays africains, déployé entre fin octobre et fin novembre. Plus de 574 suspects ont été arrêtés, environ 3 millions de dollars saisis et plus de 6 000 liens malveillants supprimés. Au Ghana, plusieurs arrestations ont également été effectuées pour des détournements via rançongiciels et usurpation d’identité, impliquant plusieurs centaines de victimes et plusieurs centaines de milliers de dollars de préjudice.
Ce déjouement s’inscrit dans un contexte plus large de menace croissante des cyberattaques au Sénégal, où les défis numériques se multiplient avec l’expansion des technologies connectées. Selon des données de Kaspersky, plus de 10 millions de cybermenaces ont été détectées et bloquées en 2024, signe d’une recrudescence des tentatives d’intrusion, d’exploitation de failles de sécurité et de vols de mots de passe visant aussi bien les entreprises que les institutions publiques et les particuliers. Parmi ces attaques, certaines exploitent des accès distants non sécurisés ou des vulnérabilités logicielles, rendant les systèmes sensibles particulièrement exposés.
La mobilisation conjointe des pays africains montre que la lutte contre la cybercriminalité nécessite des outils modernes, une coordination transfrontalière et un renforcement des capacités locales. Elle illustre également l’importance de la sensibilisation, de la formation et de l’investissement dans des infrastructures numériques sécurisées pour limiter les risques de fraude et soutenir la transformation numérique du continent.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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