La demande en services numériques connaît une forte croissance en Afrique, mais l’offre peine encore à suivre. Face à ces opportunités, les opérateurs télécoms diversifient leurs activités pour en tirer parti.

La société de télécommunications Orange Afrique & Moyen-Orient (OMEA) diffusera 35 matchs de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), qui se tient au Maroc du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, via sa super app Max it. Un accord avec la Confédération africaine de football (CAF) a été révélé le lundi 29 décembre.

La diffusion est disponible dans 13 pays d’Afrique subsaharienne où Orange est présente. Il s’agit du Burkina Faso, du Botswana, du Cameroun, de la République centrafricaine, de la République démocratique du Congo, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, de Madagascar, du Mali, du Sénégal, de la Sierra Leone, du Liberia et de la Guinée-Bissau.

Le dispositif inclut l’intégralité des matchs de la phase de poules des équipes nationales des filiales Orange qualifiées, ainsi qu’une sélection de rencontres des phases à élimination directe — huitièmes de finale, quarts de finale et une demi-finale — complétée par la petite finale et la finale. Des émissions sont également prévues avant et après les matchs.

« Cette année, avec Max it, nous donnons vie à notre vision numérique en offrant une expérience totalement intégrée. […] Cette initiative reflète notre engagement profond à soutenir l'amour de nos clients pour le football et à créer des moments inoubliables qui inspirent et rassemblent des millions de personnes à travers le continent », a déclaré Yasser Shaker, directeur général d’Orange Moyen-Orient et Afrique.

Cet accord vient renforcer l’arsenal de solutions numériques déjà déployé par Orange pour améliorer l’accès à l’information et l’interaction des supporters africains durant la CAN. Cela comprend notamment une plateforme numérique dédiée aux fans, proposant des contenus en temps réel, des statistiques, des interviews et les temps forts des matchs. L’opérateur mise également sur des outils intégrant l’intelligence artificielle à l’image d’un assistant conversationnel multilingue conçu pour répondre instantanément aux questions des supporters. Au-delà des usages numériques, Orange prévoit l’installation de Fan Zones connectées dans plusieurs pays africains.

Cette initiative s’inscrit dans la perspective d’OMEA « de faire de Max it la référence panafricaine du contenu digital, au service de l’inclusion, de l’innovation et de la valorisation des talents du continent ».

 Lancée en novembre 2023, la plateforme regroupe des services de télécommunications, des services financiers, du divertissement et des contenus numériques. Par exemple, les clients peuvent accéder à des jeux en ligne, à la musique, à la télévision, à des vidéos, à des films et à des actualités.

Pour rappel, Orange comptait 178 millions d’abonnés dans 17 pays en Afrique et au Moyen-Orient au troisième trimestre 2025. La super app Max it, quant à elle, comptait 17,4 millions d’utilisateurs actifs dans 14 marchés à fin décembre 2024. Au lancement de la plateforme en 2023, l’entreprise avait anticipé 45 millions d’utilisateurs à la fin de 2025. La multinationale capitalisait sur le fait que le smartphone constitue la porte d’entrée vers la vie numérique en Afrique et au Moyen-Orient, avec un taux d’adoption en forte croissance qui devrait atteindre 61 % de clients connectés en 2025.

Isaac K. Kassouwi

Edité par Ubrick F. Quenum 

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En 2024, le budget prévisionnel était d’environ 30,4 milliards de FCFA pour 134 activités. Au 30 novembre 2025, le taux de réalisation de ces activités atteignait 78,05 %.

Le ministère de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques a prévu un budget de 61 milliards de francs CFA (109,4 millions de dollars) pour ses activités en 2026. Cette prévision budgétaire a été examinée et validée lors de la deuxième session ordinaire du Conseil d’administration du secteur ministériel (CASEM), le lundi 29 décembre.

Le Plan de travail annuel (PTA) ainsi validé comprend 156 activités. Celles-ci concernent notamment le déploiement de 270 km de fibre optique, la poursuite de la couverture en réseaux mobiles et en connexion haut débit des 750 zones blanches identifiées, l’opérationnalisation des mini-datacenters, l’accompagnement de la dématérialisation de 100 procédures administratives, la réalisation des maisons du citoyen et le renforcement de la législation sur le numérique.

La prévision budgétaire pour 2026, estimée à 61 milliards de FCFA, double celle du PTA 2025 (environ 30,4 milliards de FCFA). En 2025, les réalisations ont notamment porté sur le déploiement des plateformes CIM et CIMEX dans plusieurs structures publiques, la délivrance de 338 agréments informatiques, l’extension du réseau national de fibre optique à plus de 11 292 km et la connexion de 88 nouveaux bâtiments au RESINA. Elles incluent aussi l’acquisition de cinq datacenters, le renforcement des compétences numériques de 169 jeunes filles, le recrutement et la formation de 214 agents IT, ainsi que le lancement des « Zama tchéy », ou maisons du citoyen, pour rapprocher les services postaux des populations.

Cette hausse budgétaire intervient dans un contexte où le gouvernement ambitionne de positionner le pays comme un leader africain de l'intégration des TIC dans des secteurs essentiels tels que l'administration publique, l'éducation, la santé, le commerce et l'agriculture. Les autorités misent également sur les technologies numériques pour accélérer le développement socio-économique. Douze chantiers prioritaires ont été identifiés pour accompagner cette vision à l’horizon 2030.

Pour le moment, le pays se classe 175e sur 193 selon l’indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) des Nations unies et affiche un score de 0,2895 sur 1, inférieur aux moyennes de la sous-région Afrique de l’Ouest (0,3957), de l’Afrique (0,4247) et du monde (0,6382).

 En matière de cybersécurité, le Burkina Faso se classe dans le troisième palier sur 5 de l’Indice global de cybersécurité de l’Union internationale des télécommunications (UIT). Le pays s’en sort relativement bien en matière d’organisation, de cadre législatif et de coopération. Toutefois, il doit se renforcer dans les piliers de mesures techniques et de développement des capacités.

En ce qui concerne le réseau télécoms, le taux de couverture des services de téléphonie mobile (2G) est de 85 %, contre 64 % pour l’Internet 3G et 46 % pour l’Internet 4G, selon les sources officielles de 2024. Au total, 1 700 zones blanches ont été identifiées dans le pays, dont 183 ont été couvertes en 2022 et 138 en 2024, avec 750 prévues pour 2025. Les données de l’UIT montrent que le taux de pénétration de l’Internet était de 17% en 2023, contre 55,9 % pour la téléphonie mobile.

Isaac K. Kassouwi

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Confronté à un faible taux de connectivité et à de fortes disparités territoriales, le Tchad cherche à accélérer sa transition numérique. Les autorités multiplient les échanges avec des acteurs technologiques pour renforcer les infrastructures et élargir l’accès aux services digitaux.

Le Tchad cherche à accélérer la mise en œuvre de sa stratégie numérique nationale « Tchad Connexion 2030 ». Dans ce cadre, le ministre de l’Économie numérique et de la Digitalisation, Boukar Michel (photo), a reçu le mercredi 24 décembre une délégation de Huawei Afrique du Nord, conduite par son vice-président Jason Ye, afin d’échanger sur les priorités de la transformation numérique du pays.

Les discussions ont porté sur plusieurs chantiers stratégiques, notamment l’extension des infrastructures de télécommunications, l’élargissement de l’accès aux services connectés et l’accélération de la digitalisation des services publics. Dans un pays où la connectivité reste inégalement répartie, ces axes figurent au cœur des ambitions affichées par les autorités.

Le gouvernement tchadien mise notamment sur des partenariats technologiques pour réduire la fracture numérique, en particulier dans les zones rurales, et soutenir l’émergence d’un écosystème digital plus inclusif. L’amélioration de la couverture réseau, le déploiement de solutions numériques adaptées aux réalités locales et le renforcement des compétences techniques sont identifiés comme des leviers clés pour accompagner cette transition.

Pour Huawei, déjà impliqué dans plusieurs projets d’infrastructures numériques sur le continent, ces échanges s’inscrivent dans une logique de coopération technique avec les États engagés dans la modernisation de leurs économies. Les deux parties ont évoqué la possibilité de traduire ces discussions en projets opérationnels, alignés sur les priorités définies par « Tchad Connexion 2030 ».

Cette rencontre intervient dans un contexte de retard structurel en matière de connectivité. Selon DataReportal, seuls 13,2 % des Tchadiens avaient accès à Internet début 2025, avec de fortes disparités entre les centres urbains et les zones rurales.

Samira Njoya 

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La transformation numérique pourrait créer une valeur ajoutée de 34,9 milliards de cedis (environ 2,9 milliards USD) pour l’économie ghanéenne d’ici 2027, selon la GSMA. Pour exploiter pleinement ce potentiel, le pays devra développer des compétences dans des domaines numériques stratégiques, tels que l’IA.

Le gouvernement ghanéen veut introduire un programme structuré de formation en intelligence artificielle (IA) et en science des données pour les étudiants ghanéens, en partenariat avec le Japon. L’initiative s’inscrit dans le cadre des efforts des autorités visant à doter les jeunes de compétences numériques adaptées au futur et à renforcer la participation du Ghana à l’écosystème mondial de l’IA et du numérique.

Le projet a été évoqué la semaine dernière lors d’une rencontre entre le ministre de la Communication, des Technologies numériques et de l’Innovation, Samuel Nartey George, et une délégation de l’Université de Tokyo.

C’est un pan de l’initiative « Développement des ressources en IA/Science des données pour la croissance économique de l’Afrique », menée par le laboratoire Matsuo de l’Université de Tokyo. Elle vise à renforcer les capacités africaines en IA en étendant le programme Global Consumer Intelligence (GCI) sur le continent. Elle ambitionne de former 30 000 professionnels de l’IA au cours des trois prochaines années, en collaboration avec des universités africaines et l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA).

Au Ghana, le programme proposé sera dispensé en ligne en anglais, ciblant les étudiants des universités publiques et certaines écoles secondaires sélectionnées, avec une certification liée à l’employabilité et aux compétences numériques pratiques.

Les discussions ont également abordé le soutien à l’entrepreneuriat en partenariat avec le PNUD et les opportunités d’emploi via des collaborations entre entreprises japonaises et startups locales facilitées par la JICA.

Le Ghana continue d’explorer la coopération locale et internationale pour améliorer la formation des jeunes aux compétences numériques.

Pour le programme « One Million Coders » qui vise à former 1 million de jeunes en quatre ans, l’exécutif s’est déjà rapproché de partenaires potentiels comme TikTok, TECHAiDE, Google, Huawei, Microsoft, AWS, Code Racoon… Ces efforts interviennent dans un contexte où la Banque mondiale estime que 230 millions de métiers en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030.

Au Ghana, les autorités considèrent le chômage des jeunes comme un défi majeur. Selon les sources officielles, en 2024, le taux de chômage des 15‑24 ans s’est établi en moyenne à 32 %, tandis que celui des 15‑35 ans a atteint 22,5 %.

Isaac K. Kassouwi

Edité par Ubrick F. Quenum

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La Banque d’Algérie vise à atteindre une société « zéro cash » d’ici 2028 via la numérisation. L’objectif est de faire basculer le pays vers une économie digitalisée, où les paiements électroniques remplaceront totalement les transactions en espèces.

Le ministère algérien des Finances et le ministère du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national ont signé, le mercredi 24 décembre, un protocole d’accord. Ce dernier vise à lancer un service de paiement électronique des droits de timbre pour l’inscription au registre du commerce, via cartes interbancaires (CIB) ou Edahabia, selon un communiqué conjoint des deux ministères.

Ce protocole ouvre la plateforme numérique dédiée au paiement électronique « Tabaakoum », au règlement des droits de timbre. Désormais, le reçu de paiement généré via la plateforme sera reconnu légalement. Il fera partie intégrante des documents exigés dans les dossiers d’inscription ou de modification au registre du commerce. Cette solution vise à offrir plus de flexibilité aux opérateurs économiques, tout en renforçant la transparence des transactions financières.

L’initiative intervient dans un contexte où les transactions électroniques enregistrent une croissance rapide dans le pays. Entre janvier et juillet 2025, plus de 5,2 millions de paiements via terminaux électroniques ont généré près de 47,2 milliards de dinars (≈363,8 millions $), un niveau qui dépasse déjà l’ensemble de l’année 2024, selon les données du GIE Monétique.

Au‑delà de la simplification des démarches pour les commerçants et les entrepreneurs, le passage au paiement électronique pour le registre du commerce s’inscrit dans une stratégie nationale plus large de modernisation des services publics et de réduction de l’économie informelle. Le gouvernement a multiplié ces derniers mois les initiatives pour étendre l’usage des moyens de paiement numériques, encourager l’e‑commerce et améliorer l’accès des citoyens aux services en ligne, dans un pays où la pénétration d’Internet avoisine désormais 77 % de la population.

En facilitant l’inscription au registre du commerce et en réduisant les coûts et les délais liés aux procédures physiques, l’État entend non seulement améliorer la compétitivité du tissu entrepreneurial, mais aussi renforcer la traçabilité des transactions et la transparence des opérations économiques.

Samira Njoya

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Face à l’essor du trafic aérien et aux attentes croissantes des passagers, le Maroc mise sur la numérisation pour moderniser ses aéroports. La mise en place de solutions automatisées et connectées permet de rapprocher les services du voyageur et de soutenir une gestion plus efficace des flux.

L’Office National des Aéroports (ONDA) du Maroc a annoncé l’inauguration d’un parcours passager entièrement digitalisé à l’aéroport Mohammed V de Casablanca, en marge de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2025). L’objectif est de fluidifier le passage des voyageurs et d’améliorer significativement leur expérience pendant la compétition.

Le dispositif repose sur des technologies digitales et biométriques avancées. Dix bornes Self Bag Drop ont été installées au niveau 0 du Terminal 1 pour les passagers de Royal Air Maroc, permettant un enregistrement et un dépôt des bagages entièrement automatisés. Au Terminal 2, douze bornes libre‑service offrent aux voyageurs sans bagages en soute la possibilité de s’enregistrer de manière autonome et d’accéder directement aux circuits d’embarquement. Plusieurs compagnies, dont Air Arabia, Saudia et EgyptAir, ont déjà intégré leurs applications à ces bornes, renforçant l’interopérabilité du système.

Ce déploiement intervient dans un contexte d’affluence exceptionnelle, avec des milliers de supporters présents pour la CAN 2025. Entre le 8 et le 18 décembre, l’aéroport Mohammed V de Casablanca a enregistré un trafic record de 292 221 passagers, soit 33,7 % du volume total des voyageurs au Maroc, confirmant son rôle de principal hub aérien du pays durant la compétition.

Ces initiatives s’inscrivent dans la continuité de la stratégie « Décollage 2025 » annoncée l’an dernier par l’ONDA, visant la numérisation complète des aéroports marocains. La création d’une Digital Factory, le déploiement d’e‑gates biométriques et la mise en place du système « SMART AIRPORT » avaient également été annoncés pour surveiller les infrastructures en temps réel et anticiper les dysfonctionnements. Ces mesures préparent le terrain à une digitalisation complète des parcours passagers, renforçant la modernisation des aéroports et la sécurité des voyageurs.

Samira Njoya

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Au Sénégal, en 2025, près de 3 % des foyers ruraux disposent d’un accès à Internet, contre 43,8 % dans la région de Dakar, une disparité qui pousse les opérateurs à multiplier les initiatives pour étendre la connectivité sur l’ensemble du territoire.

Sonatel Orange a annoncé, le lundi 22 décembre, le lancement des premières offres Internet haut débit par satellite (VSAT) au Sénégal. Cette initiative positionne l’opérateur comme le premier acteur du marché à proposer une couverture quasi nationale en combinant satellite, fibre optique, 5G et 4G, avec l’ambition de réduire les disparités d’accès entre zones urbaines et territoires enclavés.

S’exprimant à cette occasion, le directeur général du groupe Sonatel, Brelotte Ba, a indiqué que ce déploiement s’inscrit dans la vision des autorités sénégalaises en matière de modernisation des infrastructures numériques. Il a souligné que l’opérateur dispose désormais des capacités technologiques et opérationnelles nécessaires pour accompagner la mise en œuvre du Plan Sénégal Horizon 2050, en s’appuyant sur des infrastructures locales et une expertise nationale.

Sur le plan opérationnel, Sonatel Orange s’appuie sur un mix technologique combinant réseaux fixes, mobiles de nouvelle génération et solutions satellitaires. En partenariat avec Eutelsat/Konnect, l’opérateur commercialise depuis le 10 décembre des offres Internet par satellite à destination des ménages et des professionnels, avec une couverture annoncée de près de 99 % du territoire. Ces formules illimitées ciblent en priorité les zones rurales, frontalières ou difficiles d’accès, où les infrastructures terrestres restent limitées.

Cette initiative s’inscrit dans un cadre plus large de politiques publiques orientées vers la réduction des fractures territoriales et le renforcement de la continuité numérique à l’échelle nationale. Dans cette dynamique, Sonatel prévoit également le déploiement d’un million de prises de fibre optique supplémentaires entre 2026 et 2028, portant à près de deux millions le nombre de foyers raccordables à l’horizon 2028, y compris dans des localités jusqu’ici peu couvertes.

Au‑delà du renforcement des infrastructures, les enjeux sont également institutionnels et économiques. En se positionnant comme partenaire technologique de l’État et des collectivités, Sonatel entend soutenir la digitalisation des services publics, notamment dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’administration. L’objectif est de faciliter l’accès des citoyens aux services numériques essentiels et de consolider une inclusion digitale à l’échelle du territoire.

Samira Njoya

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A l’instar de plusieurs pays, le Sénégal fait face à une recrudescence des cyberattaques visant les entreprises et les institutions publiques. Pour y répondre, le pays a mis en place des stratégies combinant actions policières et partenariats internationaux, afin de renforcer la sécurité numérique.

Les autorités sénégalaises ont déjoué une tentative de fraude informatique visant à détourner 7,9 millions de dollars d’une grande compagnie pétrolière, a annoncé lundi 22 décembre Interpol. Les pirates avaient infiltré les systèmes de messagerie interne de l’entreprise et usurpé l’identité de cadres dirigeants pour initier un virement frauduleux.

Selon Neal Jetton, directeur de la lutte contre la cybercriminalité à Interpol, « l’ampleur et la sophistication des cyberattaques en Afrique s’accélèrent, en particulier contre des secteurs stratégiques comme la finance et l’énergie ». Il a salué la réactivité des forces sénégalaises, qui ont bloqué le transfert et gelé les comptes bancaires destinataires, évitant ainsi une perte financière majeure.

L’opération a été menée dans le cadre d’un dispositif de coordination internationale entre 19 pays africains, déployé entre fin octobre et fin novembre. Plus de 574 suspects ont été arrêtés, environ 3 millions de dollars saisis et plus de 6 000 liens malveillants supprimés. Au Ghana, plusieurs arrestations ont également été effectuées pour des détournements via rançongiciels et usurpation d’identité, impliquant plusieurs centaines de victimes et plusieurs centaines de milliers de dollars de préjudice.

Ce déjouement s’inscrit dans un contexte plus large de menace croissante des cyberattaques au Sénégal, où les défis numériques se multiplient avec l’expansion des technologies connectées. Selon des données de Kaspersky, plus de 10 millions de cybermenaces ont été détectées et bloquées en 2024, signe d’une recrudescence des tentatives d’intrusion, d’exploitation de failles de sécurité et de vols de mots de passe visant aussi bien les entreprises que les institutions publiques et les particuliers. Parmi ces attaques, certaines exploitent des accès distants non sécurisés ou des vulnérabilités logicielles, rendant les systèmes sensibles particulièrement exposés.

La mobilisation conjointe des pays africains montre que la lutte contre la cybercriminalité nécessite des outils modernes, une coordination transfrontalière et un renforcement des capacités locales. Elle illustre également l’importance de la sensibilisation, de la formation et de l’investissement dans des infrastructures numériques sécurisées pour limiter les risques de fraude et soutenir la transformation numérique du continent.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Dans un pays où une large partie de la population reste éloignée des circuits bancaires classiques, les autorités guinéennes misent sur le numérique pour rapprocher l’administration des citoyens.

La Guinée a lancé, le lundi 22 décembre à Conakry, Trésor Pay, une plateforme numérique destinée à dématérialiser le paiement des redevances et frais administratifs dus à l’État. À travers cet outil, les autorités guinéennes entendent améliorer la mobilisation des recettes publiques tout en réduisant les frictions administratives pour les usagers.

Selon le ministre de l’Économie et des Finances, Mourana Soumah, Trésor Pay répond à une instruction présidentielle visant à améliorer l’accès des citoyens aux services publics et à renforcer la mobilisation des recettes internes. La plateforme doit notamment réduire les files d’attente, les déplacements coûteux et les pratiques informelles, tout en garantissant une meilleure traçabilité des paiements. Pour l’État, l’objectif est double : accélérer la disponibilité des fonds et limiter les risques de fraude dans la chaîne de collecte.

Sur le plan opérationnel, Trésor Pay permet aux usagers de régler, via leur téléphone mobile, les redevances et frais administratifs perçus par le Trésor public. La plateforme s’appuie sur les services de monnaie électronique et fonctionne parallèlement au circuit classique de paiement. Elle intègre un dispositif d’assistance, avec notamment un centre d’appel dédié, afin d’accompagner les utilisateurs dans leurs démarches et d’assurer la continuité du service.

Le déploiement de Trésor Pay intervient dans un contexte où l’inclusion financière reste limitée en Guinée, avec un taux estimé autour de 30 %, tandis que l’usage du mobile money progresse rapidement. Dans ce cadre, la digitalisation des paiements publics apparaît comme un outil pour élargir l’accès aux services administratifs, en particulier pour les populations éloignées des centres urbains et du système bancaire traditionnel. La réforme s’inscrit plus largement dans les efforts engagés par les autorités pour moderniser les finances publiques et renforcer la gouvernance économique.

À terme, Trésor Pay pourrait contribuer à améliorer la collecte des recettes non fiscales, à réduire les délais d’encaissement et à limiter les risques de fraude. L’outil ouvre également la voie à une extension vers d’autres usages, notamment les paiements de masse ou certains instruments financiers publics dématérialisés. Pour la Guinée, l’enjeu est désormais de transformer cette plateforme en un dispositif pleinement opérationnel, capable de soutenir durablement l’efficacité budgétaire et la transparence de l’action publique.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Le Maroc veut faire des start-up un moteur de son économie numérique. Malgré leur essor, le financement et l’accompagnement restent des défis majeurs pour ces jeunes entreprises innovantes, que le pays entend surmonter afin de consolider son écosystème entrepreneurial.

Le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration, en partenariat avec Tamwilcom, a lancé mercredi 17 décembre à Rabat l’offre « Startup Venture Building » (VB), un dispositif intégré visant à renforcer l’accompagnement et le financement des start-up marocaines innovantes.

Conçue comme un continuum de soutien couvrant toutes les étapes de croissance, l’offre Startup Venture Building vise à accompagner plus de 800 start-up sur trois ans. La plateforme combine accompagnement stratégique, expertise opérationnelle et financement adapté aux différents stades de maturité des projets. Parmi les innovations introduites figurent la bourse de vie, un revenu mensuel destiné aux porteurs de projets expérimentés, et la bourse d’incubation pouvant atteindre 200 000 dirhams (≈ 22 000 USD) pour financer le prototypage et la validation du marché. Le dispositif prévoit également un prêt d’honneur pouvant atteindre 500 000 dirhams pour soutenir le lancement commercial, ainsi qu’un prêt d’amorçage de 500 000 à 2 millions de dirhams pour accompagner la phase d’accélération et la croissance des start-up.

Au Maroc, la création de start-up s’est intensifiée ces dernières années. Cependant, le passage de l’idée au marché et la montée en échelle demeurent fragiles. Startup Venture Building articule ainsi l’intervention des structures d’accompagnement nationales et internationales — CEED Maroc, Technopark, Flat6Labs, Open Startup International, Renew Capital LLC et 500 Global — pour offrir un encadrement de qualité et des mécanismes financiers cohérents, renforçant la viabilité et la compétitivité des projets.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Nouveau modèle de développement (NMD) et constitue un instrument clé de mise en œuvre de la stratégie nationale Digital Morocco 2030, qui promeut la création de valeur, l’industrialisation des solutions numériques et le développement de start-up capables de franchir les seuils critiques de croissance. Doté de plus de 700 millions de dirhams, le programme vise à créer un environnement favorable à la transformation des idées en entreprises performantes et à renforcer le positionnement du Maroc comme hub régional du digital.

La mise en œuvre de Startup Venture Building devrait contribuer à structurer durablement l’écosystème entrepreneurial marocain. En facilitant le passage à l’échelle des start-up, en sécurisant leur financement et en renforçant leur accompagnement, le programme vise à accélérer la commercialisation de solutions innovantes, soutenir la compétitivité du tissu numérique national et consolider l’économie digitale du royaume, tout en favorisant l’émergence de champions nationaux à vocation internationale.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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