Le Maroc, à travers sa stratégie « Digital Maroc 2030 », ambitionne de renforcer son positionnement en tant que hub régional pour l’outsourcing et les exportations numériques. L’objectif est de porter les revenus issus du digital à 40 milliards de dirhams (environ 4,3 milliards de dollars) d’ici 2030, soit plus du double des 15,8 milliards enregistrés en 2022.

L’exportation de services numériques et l’externalisation s’imposent désormais comme l’un des moteurs discrets des exportations marocaines. En 2024, ces activités se sont consolidées, enregistrant une légère amélioration par rapport à 2023, avec un total de 26,2 milliards de dirhams (soit 2,8 milliards de dollars), en hausse de 0,2 % selon l’Office des Changes. Les chiffres du premier semestre 2025 confirment cette dynamique, atteignant 13,4 milliards de dirhams, soit une progression de 3,5 % par rapport à la même période de 2024 (12,9 milliards de dirhams).

L’exportation des services numériques et l’externalisation se traduisent par la mise à disposition d’une main-d’œuvre marocaine qualifiée au service d’entreprises ou de clients étrangers. Depuis le Maroc, des équipes locales spécialisées exécutent des tâches numériques pointues pour le compte de sociétés étrangères. Il est également possible que des sociétés internationales confient des parties de leurs activités, généralement celles de supports ou de service client, à des prestataires marocains pour réduire leurs coûts.

Les services numériques constituent la composante la plus dynamique et la plus demandée par les entreprises internationales, représentant la majorité des revenus générés par les exportations du secteur.

Les chiffres

Selon l’Office des Changes, « la ventilation par écosystème du secteur laisse apparaitre, en 2024, la prédominance des activités des services informatiques et technologiques avec une part de 40,3%, suivies des services relatifs à la gestion de la relation client (CRM : Centres d’appels) avec 37,4% ». À eux deux, ils pèsent 78% des exportations.

Services

Compétences

Contribution aux revenus du secteur

Services informatiques et technologiques (ITO)

Développement, maintenance, cybersécurité, assistance, etc.

40,3%

Gestion de la relation client (CRM)

Centres d'appels, assistance après-vente, support multilingue, etc.

37,4% 

Services d'ingénierie (ESO)

Conception, tests, intégration de systèmes, prototypage, etc.

13,2%

Processus d’entreprise (BPO)

Comptabilité et traitement des factures, gestion des stocks et logistique, saisie et traitement massif de données, etc.

8,9%

Processus de connaissance (KPO)

Recherche et analyse financière, conception de stratégies marketing, analyse de données business intelligence

0,2%

Malgré les tensions globales (inflation, taux de change), l'externalisation des services d'ingénierie a aussi enregistré de la croissance, signe d'une montée en gamme progressive. Entre 2023 et 2024, les recettes du secteur sont passées de 3,2 milliards de dirhams à 3,4 milliards. Pour le premier semestre 2025, il affichait déjà 2,5 milliards.

L’externalisation des processus métier (BPO) a aussi enregistré de la croissance passant de 1,9 milliard de dirhams à 2,3 milliards entre 2023 et 2024 pour afficher 1,3 milliard en début d’année 2025. Par contre, l’externalisation des processus de connaissance (KPO) a connu un fort recul, passant de 78 à 48 millions de dirhams pour atteindre 21 millions au premier semestre 2025.

Renforcer l’activité

La stabilité de l’ensemble des recettes 2024, malgré la conjoncture et les signaux positifs du premier semestre 2025, soutient les entrées de devises et la diversification des exportations au-delà des biens. L'accélération de l’ingénierie en particulier démontre que le Maroc ne se contente plus d'être une plateforme de centres d'appels, il s'affirme également comme un hub d'ingénierie à proximité de l'Europe, avec des délais réduits et une capacité à travailler selon les standards internationaux.

Le dynamisme des différents services numériques externalisés se traduit sur l’économie marocaine par des emplois qualifiés et des revenus stables. Les centres d'appels et les activités de support recrutent des jeunes dotés d'un bon niveau linguistique et de compétences relationnelles, et offrent des perspectives d'évolution. Les services informatiques et technologiques, quant à eux, stimulent la demande pour des profils plus techniques, mieux rémunérés. Le ministère de la Transition numérique et de la Réforme administrative révèle que l’exportation des services numériques et l’externalisation enregistraient déjà 141 000 emplois en 2023 contre 130 000 en 2022 et 100 000 en 2020.

Le Maroc entend mieux piloter cette trajectoire croissante de son secteur d’exportation de services numériques et de l’externalisation. L'Office des Changes et le ministère de la Transition numérique ont lancé un chantier pour moderniser les indicateurs de suivi des exportations de services numériques. Objectif : disposer de données plus fines pour cibler la formation, l'attractivité des territoires et les niches prometteuses. Ce travail s'inscrit dans la stratégie Digital Morocco 2030.

Défis

Pour préserver cette dynamique de croissance dans l'exportation de services numériques et l'externalisation, le Maroc devra relever trois défis majeurs. L'adaptation à l'ère de l'automatisation : face à la reconfiguration des métiers par l'IA, une montée en compétences continue est indispensable pour maintenir la compétitivité et l'emploi. Il y a ensuite l'exigence de qualité et de sécurité. En effet, pour rivaliser à l'international, il est crucial de garantir des niveaux de service élevés, une cybersécurité robuste et une continuité d'activité irréprochable. Enfin, le développement des talents et des territoires. Attirer des projets à plus haute valeur ajoutée nécessite à la fois un vivier élargi de compétences – via la formation initiale, continue et les certifications – et un maillage territorial d'infrastructures au-delà des grandes villes. La réussite dépendra surtout de la capacité à exécuter ces réformes de manière cohérente entre les différents acteurs gouvernementaux.

Muriel Edjo

Lire aussi:

Le Maroc lance un programme national pour initier les enfants au numérique et à l’IA

Le Maroc comme phare de la transformation numérique en Afrique et dans le monde arabe

Published in Finance

En 2023, seulement 27% de la population d’Afrique subsaharienne avait accès à l’Internet mobile, selon la GSMA. L’accessibilité financière des smartphones est l’une des principales causes de cette fracture numérique.

L’Association mondiale des opérateurs télécom (GSMA) et six grands opérateurs africains, dont Orange, se mobilisent pour élargir l’accès des Africains au smartphone. Le mardi 21 octobre, lors du Mobile World Congress de Kigali au Rwanda, ils ont présenté un accord sur un standard technique minimal (mémoire/RAM, écran, batterie, caméra, etc.), garantissant un appareil de qualité offrant une expérience 4G « suffisante » et durable, au prix compris entre 30 et 40 $.

Selon la GSMA, la valeur des composants physiques d’un smartphone (écran, processeur, mémoire, radio, batterie, etc.) représente 50 à 70 % de son coût total. Mais aucun composant, pris isolément, ne permet de réduire le prix sans dégrader l’expérience utilisateur (trop peu de mémoire, caméra médiocre, batterie qui surchauffe…). Une baisse durable des prix nécessite à la fois d’optimiser la valeur des composants, de produire en volume (effets d’échelle) et de rationaliser tout ce qui entoure la production : brevets, licences, logistique, marges des distributeurs. La standardisation permet à tous de commander le même modèle, ce qui incite les fournisseurs (écrans, batteries, etc.) à réduire leurs prix grâce aux volumes importants. L’objectif du standard GSMA est exactement cela : fédérer les commandes autour d’un modèle unique, rassurer les fabricants et permettre une production en grande série à moindre coût.

Comment atteindre l’objectif ?

Pour concrétiser cette vision, la coalition s’appuiera sur deux leviers. Dans les prochains mois, la GSMA prévoit de collaborer avec les fabricants d’équipements d’origine (OEM) et les entreprises technologiques pour discuter des exigences minimales et obtenir leur soutien en faveur d’appareils 4G abordables. Parallèlement, elle encourage les gouvernements africains à supprimer rapidement les taxes sur les smartphones d’entrée de gamme, dont le prix est inférieur à 100 dollars. Par exemple, en Afrique du Sud, en mars 2025, les autorités ont supprimé les droits d’accise pour les smartphones coûtant moins de 2 500 rands (136 $), afin de réduire la barrière d’accès pour les ménages modestes.

« Dans certains pays, la TVA et les droits d’importation peuvent augmenter le prix des appareils de plus de 30 %, ce qui alourdit directement le coût pour les citoyens et freine l’inclusion numérique », dénonce l’Association. Vivek Badrinath, directeur général de la GSMA, précise : « L’accès à un smartphone n’est pas un luxe, c’est un lien vital vers les services essentiels, les opportunités de revenus et la participation à l’économie numérique. En s’unissant autour d’une vision commune pour des appareils 4G abordables, les principaux opérateurs africains et la GSMA envoient un signal fort aux fabricants et aux décideurs politiques. »

Pourquoi c’est décisif ?

En Afrique, le principal frein à l’accès aux services mobiles n’est plus la couverture réseau, mais le coût des téléphones. Au cours des dix dernières années, les sociétés de téléphonie ont beaucoup investi pour étendre leur couverture et répondre à la demande croissante en connectivité. Ainsi, en 2024, la couverture mobile sur le continent atteignait 86 % pour la 3G, 71 % pour la 4G et 11 % pour la 5G, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT). Cependant, seuls 52 % des Africains étaient connectés au haut débit mobile.

1 GMSA

GSMA Intelligence estime qu’un smartphone à 40 dollars pourrait permettre à 20 millions de personnes supplémentaires en Afrique subsaharienne d’accéder à Internet mobile, tandis qu’un appareil à 30 dollars pourrait connecter 50 millions de personnes.

Pour qu’un smartphone soit considéré abordable, la GSMA indique qu’il doit représenter entre 15 % et 20 % du revenu mensuel moyen. Cette proportion se base sur l’observation des pays où l’adoption des smartphones est élevée (plus de 60 %, 70 % et 80 %). Selon la Banque mondiale, dans les pays à revenu faible et intermédiaire, le coût d’un smartphone d’entrée de gamme représente en moyenne 18 % du revenu mensuel d’un adulte. Pour les 40 % des ménages les plus pauvres d’Afrique subsaharienne, ce chiffre grimpe à 73 %.

Pour les opérateurs télécom, démocratiser le smartphone n’est pas anodin : cela signifie un volume plus important de consommateurs d’Internet et, par conséquent, une augmentation de leurs revenus issus des données.

Au-delà de l’aspect technique et fiscal

Rendre le smartphone réellement accessible ne se limite pas à en réduire le prix. Il faut combiner plusieurs leviers pour abaisser la barrière d’entrée et garantir un usage durable. Le financement joue un rôle clé : proposer des paiements échelonnés via les opérateurs ou des microcrédits adaptés aux revenus irréguliers, avec une transparence totale sur les frais et une assurance en cas de panne, facilite l’accès. L’après-vente est tout aussi déterminante : disposer d’un réseau de réparation de proximité, de pièces détachées disponibles et de prix plafonnés prolonge la durée de vie des appareils, réduit les déchets et protège le pouvoir d’achat.

Les compétences numériques sont également cruciales. Beaucoup de personnes perçoivent encore le smartphone comme un produit de luxe simplement parce qu’elles ne savent pas l’utiliser. Former les utilisateurs aux fonctions de base augmente leur autonomie et valorise l’appareil, ce qui relativise son coût face à son utilité quotidienne.

En combinant ces différents leviers, l’acquisition d’un smartphone devient un véritable investissement. L’appareil se transforme en outil de travail, de formation et d’accès aux droits essentiels. Pour que cette dynamique fonctionne sur le long terme, il est nécessaire que les politiques publiques et l’industrie co-conçoivent des parcours complets, depuis l’achat jusqu’à la maintenance, afin que le smartphone devienne un vecteur durable d’inclusion numérique.

Muriel Edjo

Lire aussi:

Numérique : Madagascar veut doter des chefs d’arrondissement de smartphones

Réduire la fracture numérique : Madagascar équipe ses citoyens en appareils connectés

Published in Télécom

L’Afrique s’oriente vers une gestion foncière plus moderne grâce aux technologies satellitaires et aux systèmes cadastraux numériques. Ces outils promettent une meilleure transparence, une fiscalité optimisée et une exploitation durable des ressources.

Digital Telecom, filiale de Digital Afrique Telecom (DAT) basée à Abidjan, a annoncé, le mercredi 22 octobre, un partenariat avec l’entreprise estonienne AS Datel, spécialisée dans les technologies géospatiales. L’accord prévoit le déploiement de solutions satellitaires et cadastrales numériques avancées à travers l’Afrique, afin de moderniser la gestion foncière, de détecter les constructions illégales et de surveiller l’exploitation minière non autorisée.

« En nous associant à AS Datel, nous apportons des technologies de gouvernance satellitaire et numérique de classe mondiale en Afrique. Il s’agit plus que de la simple technologie : il s’agit de donner aux gouvernements les moyens de protéger leurs ressources, d’assurer la transparence et de récupérer les revenus qui peuvent être réinvestis dans les services publics », a déclaré Simplice Anoh, PDG de Digital Telecom.

Le partenariat prévoit notamment la mise en place d’un système de cadastre électronique avancé, une plateforme centralisée entièrement numérique intégrant des cartes cadastrales actualisables, des modules automatisés de taxe foncière, ainsi que des outils de contrôle et de sécurisation des échanges de données. Cette innovation offrira aux autorités locales et nationales la possibilité de tenir des registres immobiliers précis, de rationaliser la perception de l’impôt et de renforcer la transparence au bénéfice des citoyens et des investisseurs.

AS Datel, d’origine estonienne, provient d’un pays reconnu pour son excellence en matière d’e-gouvernement et de systèmes numériques sécurisés. Forte de son expertise en systèmes d’information géographique (SIG) et en observation de la Terre, l’entreprise apporte un savoir-faire technologique éprouvé. Pour Digital Telecom et sa maison mère Digital Afrique Telecom, cette initiative répond à la volonté des États africains de moderniser leurs systèmes fonciers et de mieux encadrer l’exploitation des ressources naturelles tout en renforçant la transparence fiscale.

Ce projet intervient dans un contexte régional marqué par la croissance rapide des technologies géospatiales. Le marché du secteur au Moyen-Orient et en Afrique pourrait atteindre 69,7 milliards de dollars d’ici 2030, selon Grand View Research. Cette expansion est portée par l’adoption croissante des outils de géolocalisation, de télédétection et d’analyse spatiale dans l’agriculture, la gestion des ressources et l’urbanisme.

À terme, cette alliance technologique est appelée à transformer la manière dont les autorités africaines enregistrent les biens, appliquent les taxes foncières et surveillent les activités illégales. En dotant les États d’outils numériques fiables, elle ouvre la voie à une gouvernance plus transparente, à des recettes publiques renforcées et à une meilleure protection des ressources environnementales.

Samira Njoya

Lire aussi:

 La Côte d’Ivoire lance un portail numérique pour moderniser la gestion minière

 Le Tchad lance la numérisation de son cadastre minier 

Published in Tech

Le Nigeria mise entre autres sur la coopération internationale pour réussir sa transformation numérique, considérée comme un catalyseur de développement socio-économique. Le pays veut notamment faire passer la part des TIC à 22 % du PIB d’ici 2027.

Le Nigeria souhaite renforcer sa coopération avec le Danemark dans les domaines de l’infrastructure numérique, de l’intelligence artificielle, de la connectivité et de l’innovation. Les deux parties ont signé un protocole d’accord à cet effet en début de semaine.

L’accord a été signé par le ministre nigérian des Communications, de l’Innovation et de l’Économie numérique, Bosun Tijani, et la secrétaire d’État danoise au Commerce et à l’Investissement, Lina Gandløse Hansen, lors de la quatrième édition du « NORDIC Nigeria Connect » qui s’est tenue le mardi 21 octobre à Lagos.

« Nous travaillerons ensemble à l’expansion des infrastructures à large bande, à la mise en œuvre de solutions de gouvernance numérique intelligente et à la création de passerelles permettant aux talents technologiques nigérians de contribuer aux entreprises danoises, tant à distance qu’en présentiel », a déclaré le ministre dans un communiqué publié sur X, le 22 mercredi octobre. Il a ajouté que le Danemark a promis un soutien de 12 millions d’euros via l’Union européenne pour le programme 3MTT Nigeria, qui vise à former 3 millions de talents technologiques.

Selon M. Tijani, ce mémorandum d’entente témoigne une fois de plus de la volonté du Nigeria de s’ouvrir aux partenariats et d’adapter les meilleures pratiques mondiales au contexte local. Le Danemark, par exemple, est classé premier sur 193 pays à l’Indice de développement de l’e-gouvernement des Nations unies avec un score de 0,9847, bien au-dessus de la moyenne mondiale de 0,6382. Le Nigeria, quant à lui, occupe la 144e place avec un score de 0,4815.

Le Danemark figure également dans la catégorie des exemples à suivre (Tier 1) à l’Indice global de cybersécurité 2024 de l’Union internationale des télécommunications (UIT), avec un score maximal (20/20) dans les cinq piliers évalués. Le Nigeria, de son côté, est classé dans la troisième catégorie (Tier 3) sur cinq, avec des efforts supplémentaires à fournir en matière de mesures organisationnelles, de développement des capacités et de coopération.

Il convient toutefois de rappeler que si la signature de ce protocole constitue une avancée par rapport aux discussions engagées ces derniers mois, elle ne garantit pas encore une coopération effective. Aucun calendrier n’a été précisé pour la signature de l’accord définitif ni pour sa mise en œuvre.

Isaac K. Kassouwi

Edité par Sèna D. B. de Sodji

Lire aussi:

Nigeria : vers la construction d’un hub d’innovation de 10 milliards USD à Katsina

Le Nigeria lance une plateforme pour une administration sans papier d’ici fin 2025

Published in Tech

Avec la transformation numérique, de plus en plus d’enfants accèdent à Internet, que ce soit pour apprendre, se divertir ou communiquer. Cette ouverture au monde numérique, bien qu’elle offre de nombreuses opportunités, les expose également à divers risques.

Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) et l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) ont lancé, le mercredi 22 octobre, un Groupe de travail africain sur la protection de l’enfance en ligne. Cette plateforme multipartite vise à diriger, coordonner et faire progresser les efforts de protection des enfants en ligne à travers l’Afrique, tout en renforçant les capacités nationales et régionales pour assurer leur sécurité sur Internet.

Le groupe rassemble des partenaires issus de l’industrie mobile, du secteur technologique, des autorités de régulation, des forces de l’ordre et de la société civile afin de renforcer la coopération et de mettre en œuvre les cadres et politiques régionaux existants. Les membres actuels incluent Orange, Child Helpline International, Interpol, le Centre international pour les enfants disparus et exploités (ICMEC), Internet Watch Foundation, Paramount Africa…

« Alors que les enfants d’Afrique s’aventurent avec confiance dans le monde numérique, leur sécurité doit passer avant tout. Le Groupe de travail africain sur la protection de l’enfance en ligne est une plateforme résolument africaine pour faire en sorte que la technologie protège les enfants des dangers tout en leur ouvrant des portes vers l’apprentissage, le jeu et l’épanouissement », a déclaré Etleva Kadilli, directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Est et australe.

Cette initiative intervient dans un contexte où de plus en plus d’enfants accèdent à Internet. Selon la GSMA, environ 18 % des enfants âgés de 5 à 7 ans en Afrique subsaharienne utilisent déjà l’Internet mobile, un chiffre en constante augmentation. Parallèlement, l’Union internationale des télécommunications (UIT) estime qu’un enfant dans le monde se connecte à Internet pour la première fois toutes les demi-secondesITU. Pourtant, en 2024, seuls 39 pays africains avaient finalisé l’adoption de stratégies nationales de protection de l’enfance en ligne, tandis que 32 % étaient encore en cours d’élaboration et 41 % n’avaient entrepris aucune démarche en ce sens.

L’UNICEF indique que l’univers numérique expose les enfants à des risques croissants, tels que le cyberharcèlement, l’exploitation, la désinformation ou les contenus nuisibles. Par exemple, un rapport de 2023 indique que dans six pays d’Afrique subsaharienne, 1 enfant sur 10 utilisant Internet avait été victime d’une forme d’abus sexuel numérique au cours de la seule dernière année. L’Indice de sécurité en ligne des enfants (COSI) 2023, cité par l’UIT dans son « Global Cybersecurity Index 2024 », a révélé que près de 70 % des enfants et adolescents âgés de 8 à 18 ans dans le monde ont été confrontés à au moins un incident lié aux cyberattaques au cours de l’annéeITU.

Isaac K. Kassouwi

Edité par Sèna D. B. de Sodji

Lire aussi:

Le Maroc lance un programme national pour initier les enfants au numérique et à l’IA

Published in Tech

Face à la montée des cybermenaces, le Rwanda intensifie ses efforts pour consolider sa résilience numérique. Le pays mise sur la coopération internationale et le transfert de compétences pour renforcer durablement ses capacités en cybersécurité.

L’Autorité rwandaise de cybersécurité (NCSA) a signé, le lundi 20 octobre, un mémorandum d’entente avec le Bureau national de sécurité slovaque (NBÚ) lors d’une visite à Bratislava. Ce protocole jette les bases d’une collaboration bilatérale dans le domaine de la cybersécurité.

L’accord prévoit notamment le partage de bonnes pratiques en matière de détection et de réponse aux menaces cybernétiques, le renforcement conjoint des capacités de formation, ainsi que l’échange d’outils et de méthodologies entre les deux autorités nationales. Le Rwanda s’est montré particulièrement intéressé par « CyberGame », un simulateur d’incidents développé par le NBÚ pour entraîner les équipes à faire face à des attaques réelles. De son côté, la Slovaquie y voit l’occasion d’étendre son rôle de partenaire international fiable dans le domaine cyber.

Ce partenariat intervient dans un contexte où les deux pays cherchent à consolider leur posture en matière de cybersécurité. En novembre 2024, la Slovaquie a révisé sa loi nationale pour se conformer à la directive européenne NIS2, renforçant ainsi sa résilience face aux cybermenaces. Le pays connaît par ailleurs une croissance rapide de son marché des solutions cyber, estimé à près de 76 millions USD en 2025 selon Statista.

Le Rwanda a lancé en 2024 sa stratégie nationale de cybersécurité, renforçant ses dispositifs de protection des infrastructures critiques et de formation des experts. Le pays figure également parmi les premiers d’Afrique à atteindre le niveau « Role Model » du Global Cybersecurity Index de l’Union internationale des télécommunications (UIT), avec un score compris entre 95 et 100 %, soulignant son leadership continental en matière de cybersécurité.

En renforçant leur coopération, la Slovaquie et le Rwanda ouvrent la voie à un échange accru d’expertise, à des programmes conjoints de formation et à la standardisation de leurs pratiques. Ce partenariat pourrait à terme permettre au Rwanda d’accélérer le développement de son écosystème cyber, tout en offrant à la Slovaquie une présence technologique renforcée en Afrique, dans la perspective d’un cyberespace plus sûr et interconnecté.

Samira Njoya

Lire aussi:

Rwanda : une école privée dédiée au codage ouvre ses portes à Kigali

Rwanda : Yves Iradukunda prend les commandes du ministère des TIC et de l’Innovation 

Published in Tech Stars

L’intelligence artificielle s’impose désormais comme une technologie capable de transformer tous les secteurs d’activité. Le gouvernement burkinabè multiplie les initiatives pour en tirer pleinement parti et poser les bases d’une transformation numérique inclusive et durable.

Le ministère de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques a annoncé, le mardi 21 octobre, la signature d’une convention de partenariat avec la Radiotélévision du Burkina (RTB). L’accord porte sur l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans la production et la diffusion des contenus médiatiques.

L’accord, paraphé par la ministre Aminata Zerbo/Sabane (photo, à droite) et le directeur général de la RTB, Atéridar Galip Somé, illustre la volonté du gouvernement de tirer parti du potentiel de l’IA tout en maîtrisant ses risques. L’objectif est de rendre l’information plus inclusive et accessible, notamment aux populations ne s’exprimant pas en français, et de renforcer la cohésion sociale à travers une communication multilingue.

Les premières applications concrètes concernent le développement d’outils de traduction automatique entre le mooré et le français, réalisés par des étudiants du Centre interdisciplinaire en intelligence artificielle pour le développement (CITADEL) de l’Université virtuelle du Burkina. Ces solutions permettront à terme de diffuser des contenus audiovisuels multilingues et de renforcer la place des langues nationales dans l’espace médiatique.

Cette initiative s’inscrit dans la stratégie nationale d’intégration de l’IA, qui repose sur trois axes principaux : l’élaboration d’une feuille de route sectorielle, la mise en œuvre d’actions de sensibilisation et de formation, et le déploiement de projets pilotes dans des domaines clés tels que la santé, la météorologie, la sécurité et l’information.

Le partenariat avec la RTB ouvre aussi la voie à de nouvelles formes de production audiovisuelle locale, notamment la création de dessins animés et de contenus culturels burkinabè, participant ainsi à la souveraineté numérique et culturelle du pays. Il s’agit du deuxième accord du genre après celui signé avec l’Agence nationale de la météorologie (ANAM), préfigurant d’autres collaborations publiques à venir.

Grâce à ce dispositif, le Burkina Faso se dote d’une infrastructure technologique capable de transformer son secteur médiatique. En combinant IA, innovation et formation, le pays ambitionne de moderniser la production de contenus, d’élargir l’accès à l’information dans toutes les langues nationales et de former une génération de professionnels aptes à exploiter les technologies émergentes pour le développement social et culturel.

Samira Njoya

Lire aussi:

Faso Andubè, une initiative présidentielle pour booster l’innovation au Burkina Faso

Published in Tech

Après des années marquées par un accès limité au financement et une baisse des levées de fonds, les start-up du continent bénéficient désormais d’une attention renforcée. Des initiatives panafricaines émergent pour stimuler l’innovation, l’entrepreneuriat et renforcer l’écosystème numérique régional.

Le ministre algérien du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig (photo, à gauche), a annoncé, le mardi 21 octobre, la mobilisation d’un milliard de dollars pour financer les start-up et les jeunes innovateurs africains. Ce programme s’inscrit dans le cadre du Fonds de financement des start-up et des jeunes innovateurs à l’échelle africaine, lancé en septembre dernier par le président Abdelmadjid Tebboune.

Selon Kamel Rezig, ce fonds vise à soutenir des projets à fort impact dans des domaines stratégiques tels que la technologie, l’éducation, la santé ou encore l’aide humanitaire. L’objectif affiché est de stimuler la créativité africaine et de renforcer les échanges économiques régionaux en offrant aux jeunes porteurs de projets des mécanismes de financement adaptés.

Le lancement du fonds intervient dans un contexte marqué par un net ralentissement du financement des start-up africaines. Selon Partech Africa, après un pic à 6,5 milliards USD en 2022, les levées de fonds des start-up africaines ont baissé à 3,5 milliards en 2023, puis se sont stabilisées autour de 3,2 milliards en 2024. Cette résilience du secteur technologique africain, malgré le recul mondial du capital-risque, souligne la nécessité de développer des mécanismes de financement internes et durables.

Sur le plan national, Alger s’appuie déjà sur un écosystème entrepreneurial en pleine expansion. En juin dernier, le gouvernement faisait état de 1600 microentreprises, 130 start-up, 1175 projets labellisés « innovants » ainsi que 2800 brevets déposés. L’objectif visé est de porter à 20 000 le nombre de start-up à l’horizon 2029. Des structures telles qu’Algeria Venture et le Fonds national des start-up accompagnent ce dynamisme en facilitant l’accès au capital, le mentorat et la mise en réseau régionale.

Le fonds panafricain est appelé à prolonger cette dynamique en connectant les entrepreneurs algériens et africains dans des secteurs stratégiques comme la fintech, la santé numérique, l’agritech ou les énergies renouvelables. À terme, ces ressources pourraient contribuer à structurer un réseau d’innovation africain intégré, capable de créer des emplois qualifiés, d’accélérer la transformation numérique et de renforcer la résilience économique du continent.

Samira Njoya

Lire aussi:

Algérie : cap sur 20 000 start-up d'ici 2029 grâce à l'université

Published in Tech

Les pays africains multiplient les investissements dans le numérique. Une étude conjointe de la Société financière internationale (SFI) et de Google prédit que l’économie numérique en Afrique vaudra au moins 712 milliards $ en 2050, soit 8,5 % du PIB continental.

Le ministère gabonais de l’Économie numérique, de la Digitalisation et de l’Innovation a révélé un budget de 82 milliards de francs CFA (145 millions de dollars) pour l’année 2026, soit une hausse de 156,2 % par rapport aux 32 milliards FCFA de 2025. Ce budget a été présenté le dimanche 19 octobre 2025 devant l’Assemblée nationale de la transition par le ministre Mark-Alexandre Doumba (photo, à gauche).

Dans un communiqué publié le mardi 21 octobre, le ministère a déclaré que « cette hausse traduit la volonté du gouvernement d’accélérer la transformation numérique du pays, à travers le renforcement de l’écosystème entrepreneurial numérique, le déploiement des infrastructures digitales et la promotion d’une véritable acculturation au numérique sur l’ensemble du territoire ».

Si le communiqué ne précise pas les projets prévus pour 2026, on sait que le gouvernement a engagé ces derniers mois plusieurs initiatives en faveur du développement de l’infrastructure numérique. Par exemple, un accord a été signé avec une société technologique américaine pour la construction d’un centre de données national. D’autres partenaires privés tels que Cisco, Tech 41, Visa, Huawei, Moov Africa Gabon Telecom et Afrastructure SAS ont également été approchés. Les discussions ont notamment porté sur l’extension du réseau national de fibre optique, le renforcement du service universel, le partage d’infrastructures télécoms, le déploiement de la 5G ainsi que la connexion du pays à un nouveau câble sous-marin.

En matière de transformation digitale, le gouvernement a récemment pris une ordonnance qui impose aux administrations publiques de digitaliser leurs services, de s’interconnecter et d’intégrer pleinement le secteur privé national afin de matérialiser la souveraineté numérique.

Pour rappel, le Gabon est classé à la 121e place sur 193 pays à l’Indice de développement de l’e-gouvernement des Nations unies. Le pays a enregistré un score de 0,5741 sur 1, au-dessus des moyennes en Afrique centrale (0,3354) et en Afrique (0,4247), mais en dessous de la moyenne mondiale (0,6382). Il a obtenu son score le plus bas dans l’indicateur des services en ligne, soit 0,3188 sur 1. Son score le plus élevé est dans l’indicateur des infrastructures télécoms, avec un score de 0,8263. Ce résultat est confirmé par l’Indice de développement des TIC 2024 de l’Union internationale des télécommunications (UIT), où le Gabon a obtenu un score de 76,1 sur 100, se classant 11e sur 42 pays africains.

Par ailleurs, l’UIT a classé le Gabon dans la quatrième et avant-dernière catégorie (Tier 4) de son « Global Cybersecurity Index 2024 ». Le pays obtient de très bons résultats dans le pilier des mesures légales, avec le score maximal de 20. Toutefois, des progrès restent à faire dans les domaines des mesures techniques, organisationnelles et de coopération. Le pays a obtenu un score global de 39,86 sur 100.

Isaac K. Kassouwi

Edité par Sèna D. B. de Sodji

Lire aussi:

10 000 ordinateurs pour les étudiants : les ambitions du gouvernement gabonais

Le Gabon adopte un cadre légal pour accélérer la numérisation des services publics

Published in Gestion Publique

Le Gabon fait un pari fort sur le numérique pour sa jeunesse. Face aux défis de la fracture numérique, du développement des compétences et de la connectivité, le pays mise sur les TIC pour préparer une génération capable de relever les défis de l’économie numérique et de l’innovation technologique.

Le président de la République du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema (photo, au centre), a lancé samedi 18 octobre le programme « Un étudiant, un ordinateur », qui prévoit la distribution de 10 000 ordinateurs portables aux étudiants. L’objectif est de fournir aux jeunes les outils nécessaires pour évoluer dans un environnement académique et professionnel de plus en plus numérique.

« L’avenir du Gabon repose sur une jeunesse éduquée, équipée et déterminée à relever les défis du monde moderne. Le numérique est une chance pour chacun de vous, une opportunité d’apprendre, d’innover et de créer pour bâtir un Gabon plus fort et plus prospère », a déclaré le chef de l’État lors de la cérémonie de lancement.

Porté par le ministère de l’Économie numérique, de la Digitalisation et de l’Innovation, le programme s’inscrit dans une stratégie plus large visant à réduire la fracture numérique et à renforcer l’inclusion technologique. L’initiative va au-delà de la simple distribution de matériel : elle constitue un levier pour une jeunesse appelée à jouer un rôle central dans la transformation digitale du pays.

Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), le Gabon a fait de nombreux efforts pour placer le numérique au cœur de ses projets de développement. Ces efforts ont permis au pays d’obtenir un score de 76,1 sur 100, le classant leader en Afrique centrale devant des pays comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire.

Cependant, la préparation des talents en intelligence artificielle reste à la traîne. Selon le « AI Talent Readiness Index for Africa 2025 », le Gabon occupe la 32ᵉ place sur 54 pays africains. Ce classement reflète des progrès, mais souligne également la nécessité de renforcer les formations spécialisées et l’écosystème numérique pour rattraper les leaders régionaux.

En dotant ses étudiants d’ordinateurs, le Gabon fait un pas concret vers la démocratisation de l’accès au numérique. Toutefois, pour que cette initiative porte pleinement ses fruits, le gouvernement devra également mettre en place des mesures d’accompagnement, notamment l’amélioration de la connectivité dans toutes les zones du pays, des formations accessibles, voire gratuites, aux compétences numériques avancées, incluant l’intelligence artificielle, le codage, la robotique et d’autres technologies émergentes.

À terme, cette démarche pourrait non seulement stimuler la recherche universitaire et encourager l’innovation locale, mais aussi préparer une génération capable de s’imposer dans l’économie numérique africaine et mondiale, prête à exploiter les outils technologiques pour créer de nouvelles opportunités économiques et scientifiques.

Samira Njoya

Lire aussi:

 Le Gabon adopte un cadre légal pour accélérer la numérisation des services publics 

Published in Tech
Page 1 sur 146

Please publish modules in offcanvas position.