La transformation numérique est un levier stratégique pour moderniser l’administration malienne. En repensant ses services publics, le gouvernement entend renforcer la performance de l’État et faciliter l’accès des citoyens aux prestations essentielles.
Le Mali s’apprête à déployer deux nouvelles plateformes numériques pour moderniser son administration publique : un logiciel de gestion de l’état civil et un système intégré de gestion des ressources humaines. Les solutions ont été présentées le mardi 10 juin au comité de pilotage de la digitalisation de l’administration, dans le cadre du processus de transformation numérique impulsé par les plus hautes autorités du pays.
Le logiciel de gestion de l’état civil, développé par l’Agence nationale de sécurisation des actes d’état civil en collaboration avec le Centre de traitement des données de l’état civil, vise à faciliter l’enregistrement, la vérification et l’authentification des actes de naissance, de mariage et de décès. Accessible sur ordinateur et mobile, l’outil va permettre aux citoyens de consulter leurs documents à distance, allégeant ainsi les démarches administratives souvent longues et complexes.
Quant au système intégré de gestion des ressources humaines, il a pour objectif de centraliser les données des agents publics des services de l’État et des collectivités territoriales, afin de renforcer la maîtrise des effectifs, la transparence dans la gestion des carrières et la planification des ressources humaines.
Ces deux plateformes s’inscrivent dans une dynamique plus large portée par le président de la Transition, le général Assimi Goïta, pour rendre l’administration plus efficace et accessible. Elles viennent compléter une série d’outils déjà lancés ou en cours d’expérimentation, tels que le système intégré de gestion des opérations du commerce extérieur, le mécanisme de refinancement des systèmes financiers décentralisés baptisé « N’GNA SÔRÔ ! », ou encore la plateforme de gestion des certificats de jaugeage des camions-citernes conçue pour l’Agence malienne de métrologie.
À travers cette transformation numérique progressive, le Mali ambitionne non seulement de simplifier les interactions entre l’administration et les citoyens, mais aussi de renforcer la gouvernance, de lutter contre la fraude documentaire et de mieux piloter ses politiques publiques. Selon l’édition 2024 de l’indice des Nations unies sur le développement de l’e-gouvernement, le pays se positionne désormais à la 141e place sur 193, affichant des progrès notables par rapport aux années précédentes. Ces initiatives traduisent ainsi une volonté politique affirmée de combler le retard accumulé et de repositionner le pays parmi les administrations africaines les plus connectées.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Avec l’innovation technologique, l’Égypte cherche à renforcer son attractivité, améliorer l’accueil des voyageurs et soutenir ses ambitions économiques d’ici 2030.
L’Égypte va entamer à la mi-juin une phase pilote de son nouveau système de visa numérique à l’arrivée à l’aéroport international du Caire. Ce dispositif constitue une avancée majeure dans la stratégie du pays, qui mise sur les technologies numériques pour moderniser les procédures d’immigration et renforcer son attractivité touristique.
Conçu pour fluidifier l’arrivée des voyageurs internationaux, le système repose sur l’installation de bornes en libre-service au sein des terminaux et sur une application mobile dédiée. Les visiteurs pourront obtenir un visa d’urgence en quelques minutes, via un processus dématérialisé utilisant des QR codes et des paiements électroniques. Ce nouveau service permet de réduire les files d’attente, d’éliminer la paperasse et d’accélérer le passage aux frontières.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale du tourisme durable à l’horizon 2030, qui vise à accueillir 30 millions de touristes par an d’ici 2028. L’aéroport du Caire, principal point d’entrée du pays, servira de laboratoire pour ce programme, qui pourrait être étendu à d’autres plateformes comme Sharm el-Sheikh, Hurghada ou Louxor si les résultats sont jugés concluants.
En plus d’améliorer l’expérience des voyageurs, l’initiative vise à positionner l’Égypte au même niveau que d’autres destinations qui misent sur la transformation numérique pour dynamiser leur secteur touristique. Le gouvernement compte aussi sur ce dispositif pour attirer plus de devises étrangères et renforcer un secteur qui représente environ 12 % du PIB national.
À noter que le système devrait dans un premier temps cibler les voyageurs issus des pays déjà éligibles au visa électronique, notamment en Europe, en Amérique du Nord et au Moyen-Orient.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Portées par une dynamique d’innovation, les jeunes start-up africaines cherchent à s’implanter au-delà du continent. En France, la région Sud s’affirme comme un hub stratégique, qui peut offrir aux start-up africaines un cadre favorable à leur expansion et à leur rayonnement international.
Orange Afrique et Moyen-Orient (OMEA) a annoncé, mercredi 11 juin en marge du salon Viva Technology à Paris, la signature d’un partenariat stratégique avec risingSUD, l’agence d’attractivité de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). L’initiative vise à accompagner l’implantation de start-up africaines en France.
« Ce partenariat avec risingSUD marque une étape clé dans notre ambition de faire rayonner l’innovation africaine à l’échelle internationale. En facilitant leur implantation et leur accélération en France, notamment dans la région Sud, nous donnons aux jeunes entreprises africaines les moyens d’accélérer leur croissance », a déclaré Jérôme Hénique, directeur général d’Orange Afrique et Moyen-Orient.
Ce partenariat de trois ans vise à renforcer les synergies entre les écosystèmes d’innovation d’Afrique, du Moyen-Orient et du sud de la France. Les start-up issues du réseau des Orange Digital Centers (ODC) bénéficieront d’un accompagnement personnalisé pour développer leurs activités en France, notamment à travers un appui dans le montage de projet, l’accès aux financements et la mise en réseau avec des partenaires économiques locaux.
Déjà forte de plus de 500 000 entreprises, la région PACA souhaite ainsi renforcer son rôle de passerelle naturelle entre l’Europe et l’Afrique. En 2024, risingSUD a déjà facilité l’implantation de 14 entreprises africaines dans le sud de la France, dont Guépard, une start-up tunisienne incubée par l’ODC de Tunis, désormais présente à Marseille.
Ce partenariat s’inscrit dans la continuité des initiatives d’OMEA en faveur de l’entrepreneuriat numérique africain. Présent dans 17 pays en Afrique et au Moyen-Orient, le réseau des ODC propose un accès gratuit à des services allant de la formation numérique à l’incubation, en passant par l’accélération et le financement de projets innovants.
À terme, cette collaboration devrait contribuer aussi à renforcer les liens économiques et technologiques entre les deux rives de la Méditerranée, tout en dynamisant la compétitivité des écosystèmes d’innovation africains à l’échelle mondiale.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le gouvernement djiboutien ambitionne de faire du pays un hub régional d’innovation en IA dans les prochaines années. Dans ce cadre, un appel à candidatures est lancé pour recruter un expert national chargé d’élaborer la future stratégie nationale de l’intelligence artificielle.
Le ministère de l’Économie numérique et de l’Innovation de Djibouti (MDENI), en partenariat avec la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO/UNESCWA), a annoncé le dimanche 8 juin l’ouverture des candidatures pour le poste d’expert national en intelligence artificielle. Ce recrutement s’intègre dans le processus de définition de la stratégie nationale de l’IA.
📢 #Annonce_officielle–Une opportunité nationale unique pour contribuer à l’avenir de l’AI à Djibouti
— MDENI (@MENIDjib) June 8, 2025
Le @MENIDjib,en collaboration avec @UNESCWA,annonce l’ouverture des candidatures pour le poste d’expert national,dans le cadre de l’élaboration de la Stratégie nationale de l’AI pic.twitter.com/1khYz2317v
L’expert recruté sera chargé de contribuer à la conception de la stratégie en fournissant une expertise technique et analytique. Ses missions incluent notamment l’évaluation de l’état actuel des capacités en IA à Djibouti, l’identification des secteurs prioritaires pour son application, la conduite de consultations avec les parties prenantes locales, ainsi que la formulation de recommandations alignées sur les bonnes pratiques internationales.
Cette initiative s’inscrit dans la volonté du gouvernement de doter le pays d’une stratégie claire et structurée en matière d’intelligence artificielle. Elle a pour objectif de structurer le développement et l’usage de cette technologie dans les secteurs clés, en veillant à son application éthique, inclusive et sécurisée. La future stratégie nationale de l’IA devra également tenir compte des enjeux liés à l’éducation, à la recherche, à la gouvernance des données et à l’innovation.
Le poste est ouvert aux spécialistes djiboutiens qualifiés dans les domaines de l’intelligence artificielle, des politiques numériques, de l’innovation technologique ou des technologies de l’information. La date limite de dépôt des candidatures est fixée au lundi 23 juin. Les candidatures sont à soumettre via la plateforme officielle des Nations unies à l’adresse : careers.un.org/jobSearchDescription/259195
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Face aux enjeux croissants de souveraineté numérique dans les relations internationales, le Congo appelle à une coopération renforcée entre l’Afrique et la Russie. Léon Juste Ibombo défend une approche partenariale fondée sur l’échange de compétences, les technologies souveraines et la formation.
Le ministre congolais des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, Léon Juste Ibombo (photo), a appelé à bâtir une coopération pragmatique entre l’Afrique et la Russie, plaçant la souveraineté numérique au cœur des enjeux futurs. Il s'exprimait lors de la session « Russie-Afrique : souveraineté numérique partagée et durable » du Global Digital Forum 2025, tenu les jeudi 5 et vendredi 6 juin à Nijni Novgorod, en Russie.
Dans son allocution, M. Ibombo a défini six axes de collaboration prioritaire. Il a préconisé le transfert de compétences en intelligence artificielle, cybersécurité et big data ; le développement de centres de calcul partagés pour la gouvernance souveraine des données ; la co‑conception de solutions open source adaptées aux réalités africaines ; des échanges sur la fiscalité numérique et la traçabilité industrielle ; l’organisation de formations conjointes ; et enfin l’alignement des positions des pays africains et russes dans les instances internationales régulant le numérique.
L’appel du Congo s’inscrit dans un contexte où plusieurs pays africains ont déjà entamé une coopération numérique avec la Russie. Le Zimbabwe, par exemple, a mis en œuvre un programme d’e‑gouvernance en coopération avec Moscou pour améliorer l’efficacité de l’administration publique et réduire la corruption. L’Angola, quant à lui, a noué un accord digital autour de réseaux de fibre optique, de satellites de télécommunications (dont le projet AngoSat‑2) et de cybersécurité en lien avec la Russie. De plus, l’expansion du logiciel souverain russe MyOffice dans plusieurs pays africains, dont le Cameroun, la RDC ou la Guinée, témoigne d’une volonté affirmée d’atteindre une indépendance numérique.
La Russie dispose d’un solide atout sur le plan technologique, avec des compétences établies en cybersécurité, en développement de logiciels souverains et en infrastructures de données sensibles. Par ses partenariats numériques existants, elle propose à l’Afrique des solutions alternatives au modèle des grandes plateformes occidentales, tout en ambitionnant de former les opérateurs africains aux meilleures pratiques.
Ce partenariat pourrait rapprocher l’Afrique d’un modèle numérique plus autonome, reposant sur des infrastructures dédiées, des compétences locales renforcées et une souveraineté accrue dans les négociations internationales. En diversifiant ses partenariats technologiques, le continent se donne les moyens de bâtir des bases numériques solides, durables et politiquement indépendantes.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Avec le lancement de son nanosatellite Gaindesat-1A, le Sénégal a marqué une avancée majeure dans sa stratégie spatiale. Le pays affiche désormais l’ambition de faire de l’espace un levier stratégique au service du développement et de la souveraineté.
L’État-major général des Armées (EMGA) et l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES) ont annoncé, le jeudi 5 juin, la signature d’un mémorandum d’accord de cinq ans pour créer la première constellation de satellites nationaux. Ce projet stratégique a pour objectif de renforcer la souveraineté technologique et les capacités de défense du pays.
« En créant l’ASES, l’État du Sénégal affiche une ambition claire, faire du secteur spatial un levier transversal pour impacter tous les domaines, et en priorité la sécurité », a déclaré Maram Kaïré (photo, à droite), directeur général de l’ASES, saluant l’approche visionnaire de l’État.
Le projet prévoit le déploiement d’une constellation de nanosatellites, c’est-à-dire un ensemble de petits satellites placés en orbite et coordonnés pour fonctionner de manière complémentaire. Ce système offrira une couverture étendue et quasi continue du territoire, avec des applications essentielles en observation de la Terre.
L’initiative bénéficie de l’accompagnement technique de Prométhée Earth Intelligence, société européenne spécialisée dans les technologies spatiales et l’analyse de données issues de l’observation de la Terre. Prométhée contribuera à la co-construction d’une capacité spatiale souveraine, durable et inclusive, en étroite collaboration avec les autorités sénégalaises.
La future constellation devrait faciliter une surveillance permanente du territoire national, répondant aux besoins en matière de sécurité, de gestion des ressources naturelles, de protection de la biodiversité, de prévention des risques, tout en soutenant le développement économique à travers la satellisation de l’agriculture et l’aménagement du territoire.
Sur un continent où moins de cinquante États disposent de satellites nationaux, ce partenariat marque une avancée significative pour la souveraineté technologique du Sénégal. Il s’inscrit dans le cadre du programme spatial national sénégalais dénommé « SenSAT », qui ambitionne de doter le pays de capacités spatiales autonomes. Au-delà des enjeux de sécurité, ce projet est aussi porteur d’innovation, d’emplois à haute valeur ajoutée et d’une plus grande autonomie dans la gestion des données géospatiales.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’écosystème des start-up sénégalaises est en pleine expansion, porté par des initiatives gouvernementales et privées. L’innovation technologique y est perçue comme un levier stratégique pour stimuler l’économie et répondre aux défis du développement.
Le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique (MCTN) et la multinationale américaine Meta ont annoncé, le jeudi 5 juin, le lancement du programme d’accélération Llama Impact. L’initiative vise à accompagner les jeunes pousses sénégalaises qui utilisent l’intelligence artificielle open-source dans des domaines à fort impact.
Destiné aux start-up en phase de démarrage, le programme cible particulièrement les innovateurs actifs dans la santé (télémédecine, outils de diagnostic, conseil médical IA), l’agriculture (analyse des sols, suivi des cultures, accès au marché) et l’éducation (plateformes EdTech, formation numérique). Une catégorie « Carte blanche » est également prévue pour les projets à fort potentiel hors des catégories classiques.
Les start-up sélectionnées bénéficieront de six semaines de formation pratique, de mentorat technique et de sessions de développement intensives. Une journée de démonstration est prévue à l’issue du programme, leur offrant l’opportunité de présenter leurs solutions devant des investisseurs et de concourir pour un financement allant jusqu’à 25 000 USD, sans cession de parts. Un accompagnement de six mois est également prévu après le programme pour consolider les acquis et faciliter l’accès à d’autres opportunités. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 27 juin.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du New Deal Technologique, la stratégie numérique du pays lancée en février dernier. Parmi ses objectifs, labelliser 500 start-up innovantes, former 100 000 diplômés du numérique par an et générer 150 000 emplois directs dans le secteur d’ici 2034. Le plan vise également à positionner le Sénégal comme un hub de l’innovation en Afrique francophone.
En favorisant l’adoption de l’IA open-source par des start-up locales, le programme entend réduire la dépendance aux technologies étrangères, stimuler l’innovation endogène et renforcer la souveraineté numérique du pays. Des défis restent à relever, notamment en matière d’accès au financement, d’encadrement technique et de mise à l’échelle des solutions développées.
Lien de candidature : https://events.atmeta.com/llamaacceleratorprogramsenegal
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Depuis le mois dernier, la plateforme X est la cible de cyberattaques visant des institutions tanzaniennes, entraînant la diffusion de contenus inappropriés. Le blocage temporaire ou définitif du réseau social est présenté comme une mesure visant à protéger la sécurité et les valeurs nationales.
La Tanzanie a officiellement confirmé, le mercredi 4 juin, le blocage de la plateforme X, invoquant la diffusion de contenus pornographiques contraires aux lois et aux valeurs culturelles du pays. Cette décision intervient dans un contexte de tensions politiques croissantes à l'approche des élections générales prévues en octobre.
Selon le ministre de l'Information, Jerry Silaa (photo), la politique de X autorisant la diffusion de contenus sexuels explicites, y compris des contenus homosexuels, viole les lois et les traditions tanzaniennes. Il a déclaré à une chaîne de télévision locale que cela contredit les réglementations du pays et que la décision du gouvernement vise à protéger les consommateurs et à garantir que toutes les plateformes en ligne respectent les lois nationales.
Le blocage de X fait suite à une série de cyberattaques survenues le 20 mai, au cours desquelles des comptes officiels du gouvernement, notamment celui de la police tanzanienne et de l'Autorité fiscale, ont été piratés. Les pirates ont publié des images pornographiques et annoncé à tort la mort de la présidente Samia Suluhu Hassan. Bien que les autorités aient minimisé ces incidents, ils ont ravivé les inquiétudes sur la sécurité numérique et la liberté d’expression en Tanzanie.
Avec environ 621 100 utilisateurs en 2024, la plateforme X occupe une place majeure en Tanzanie pour l’accès à l’information, la liberté d’expression et le développement économique. Sa fermeture risque de freiner la communication entre citoyens, médias, institutions et petites entreprises qui s’appuient sur ce réseau pour informer, mobiliser ou vendre leurs services.
Cette coupure intervient à l’approche des élections générales d’octobre, menaçant le débat démocratique. Sur le plan économique, elle s’inscrit dans un contexte de restrictions numériques plus larges, qui ont coûté 1,56 milliard de dollars à l’Afrique subsaharienne en 2024, selon Top10VPN, soulignant l’impact négatif de telles mesures sur la croissance digitale et la réputation internationale de la Tanzanie.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le Cameroun enregistre d’importantes pertes liées à la gestion manuelle des recettes non fiscales. Dans ce contexte, les autorités accélèrent la numérisation des paiements publics, une initiative qui devrait renforcer la transparence et l’efficacité.
Le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute (photo), a donné un délai de trois mois à plusieurs administrations pour se connecter à Trésor Pay, la plateforme numérique de recouvrement des recettes non fiscales, et l’utiliser de manière exclusive. Cette mesure, évoquée dans un arrêté signé le mercredi 28 mai, vise à renforcer la transparence, la traçabilité et la sécurisation des flux financiers au sein de l’administration publique.
Développée par le ministère des Finances, Trésor Pay permet aux citoyens de régler leurs paiements non fiscaux en ligne via mobile money, carte bancaire ou guichet Campost. Elle remplace progressivement les procédures manuelles, souvent à l’origine de fraudes, de lenteurs administratives et de pertes pour le Trésor. La plateforme garantit également une authentification des quittances et offre un système de suivi en temps réel, facilitant le contrôle et la communication entre l’administration et les usagers.
Cette décision intervient dans un contexte de faible performance en matière de mobilisation des recettes non fiscales. Pour 2025, le Cameroun vise une collecte de 361 milliards FCFA (628 millions USD), alors que le potentiel réel est estimé à près de 600 milliards FCFA. Ce déficit s’explique notamment par la fragmentation des circuits de paiement, la prédominance de procédures manuelles propices aux irrégularités, l’absence de traçabilité des transactions et une coordination insuffisante entre les administrations concernées. Ces failles limitent l’efficacité du système et entravent la mobilisation optimale des ressources non fiscales.
L’enjeu est donc crucial pour les finances publiques. En instaurant Trésor Pay comme outil obligatoire, le gouvernement entend améliorer la gouvernance, maximiser les ressources internes et s’inscrire pleinement dans sa stratégie de transformation numérique. À terme, cette réforme pourrait renforcer la capacité de l’État à financer ses politiques publiques tout en modernisant le service aux citoyens.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Depuis le lancement de sa stratégie numérique, le Sénégal multiplie les initiatives pour moderniser son administration, renforcer la transparence et rapprocher les services publics des citoyens grâce aux outils numériques.
Le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba (photo), a présidé le lundi 2 juin à Dakar le lancement officiel de SenTrésor, une nouvelle plateforme numérique dédiée au paiement des prestations publiques. Le projet, développé par la Direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor, vise à moderniser et simplifier les flux financiers entre l’État et les citoyens.
« Au-delà de la simple numérisation des paiements, SenTrésor inaugure un nouveau modèle de relation entre l’État et les citoyens fondé sur la simplification des démarches administratives. SenTrésor est une réponse à la problématique des paiements de masse qui mobilisent d’importants effectifs et génèrent de nombreuses contraintes », a déclaré Cheikh Diba.
Concrètement, la plateforme centralise les paiements publics (salaires, aides sociales, bourses, secours exceptionnels) via les services de mobile money. Un réseau « d’investigateurs » déployés sur le territoire, notamment en zone rurale, identifie les bénéficiaires, collecte les données, vérifie leur éligibilité et procède à leur enrôlement dans une base sécurisée. Les paiements sont ensuite effectués automatiquement et sans déplacement du bénéficiaire.
Depuis le démarrage de la phase pilote le 28 mars 2025, plus de 44 000 personnes ont été servies, pour un montant global supérieur à 4 milliards FCFA (environ 6,9 millions de dollars), avec un haut niveau de fiabilité et de traçabilité.
Le lancement de SenTrésor s’inscrit dans une dynamique plus large de numérisation des services publics, en cohérence avec la Vision Sénégal 2050 et le New Deal Technologique. Elle vient compléter d'autres initiatives numériques récemment mises en œuvre par le gouvernement sénégalais, telles que e-solde, Tabax et Jubbanti. Toutes visent à renforcer l’efficacité de l’administration, améliorer l’accès aux services publics et accélérer l’inclusion numérique.
En facilitant les paiements directs de l’État vers les citoyens, SenTrésor devrait contribuer à réduire les coûts administratifs, lutter contre la fraude et favoriser l’inclusion financière, en particulier pour les populations éloignées des circuits bancaires classiques.
Toutefois, plusieurs défis pourraient freiner l’adoption massive de cette plateforme, notamment l’accès limité à l’Internet mobile, la couverture inégale du réseau dans certaines zones rurales, la fracture numérique ou encore la confiance des citoyens dans la sécurité des plateformes numériques publiques. Selon les estimations, 11,3 millions de personnes utilisaient Internet au Sénégal au début de 2025, représentant une pénétration en ligne de 60,6 %.
Pour relever ces défis, les autorités devront accompagner le déploiement de SenTrésor par des campagnes de sensibilisation, des partenariats avec les opérateurs de téléphonie mobile, et un renforcement des infrastructures numériques dans les zones les plus reculées.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les start-up technologiques sont au cœur de la stratégie d’innovation du pays. En les connectant aux marchés mondiaux, le Maroc veut s’imposer comme hub digital en Afrique.
Le Technopark Maroc, incubateur d'entreprises technologiques, et Plug and Play, plateforme mondiale d’innovation, ont signé, le lundi 2 juin à Casablanca, une convention de partenariat pour le lancement d’un programme d’accélération de start-up marocaines. L’accord a été paraphé en présence de la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration, Amal El Fallah Seghrouchni, et bénéficie du soutien stratégique du ministère de l’Économie et des Finances.
(2)M. Aziz El Hachem, et de la Directrice Générale de Technopark Maroc, Mme Lamiae Benmakhlouf, à la signature du partenariat entre @Technopark et Plug and Play, plateforme d’innovation mondiale. pic.twitter.com/0fCjpgJiY4
— Ministère Délégué auprès du CG chargé de la TN&RA (@Ministere_TNRA) June 2, 2025
Ce partenariat prévoit l’installation d’un accélérateur au sein du Technopark Casablanca, destiné à accompagner plus de 60 start-up marocaines à fort potentiel sur une période de deux ans. Le programme proposera un accompagnement intensif sur trois mois, axé sur la montée en compétences, l’accès à l’investissement, la connexion aux marchés internationaux et la préparation à l’internationalisation.
Le projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie numérique du pays, Maroc Digital 2030. La feuille de route prévoit la création de 3000 start-up d’ici 2030, dont 1000 d’ici 2026, ainsi que la réalisation de levées de fonds à hauteur de 7 milliards de dirhams (761 millions de dollars), en s’appuyant sur un écosystème dynamique et une synergie public-privé renforcée.
Selon le rapport Partech 2024, le Maroc occupe la 6ᵉ position en Afrique en termes de levées de fonds technologiques, avec 82 millions de dollars mobilisés, représentant 75 % des financements en Afrique du Nord et 36 % en Afrique francophone. Le programme Plug and Play vise à consolider cette dynamique en favorisant l’investissement, l’innovation locale et l’insertion des jeunes entreprises dans les réseaux technologiques mondiaux.
En installant un accélérateur de renommée mondiale au cœur du Technopark, ce projet devrait structurer l’accompagnement des jeunes entreprises innovantes, attirer les investissements étrangers et renforcer l’attractivité du pays pour les talents.
Présent dans plus de 60 pays, Plug and Play offre aux start-up marocaines un réseau international de plus de 550 partenaires corporates et technologiques, consolidant ainsi l’ambition du Royaume de devenir un acteur majeur de l’innovation sur le continent africain.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Accélérer la transformation numérique de l’administration reste un défi central pour la Tunisie. En ciblant la facturation électronique, les autorités veulent instaurer davantage de transparence, moderniser les échanges et renforcer l’efficacité fiscale.
Dans un communiqué publié le samedi 31 mai, la Direction générale des impôts (DGI) a exhorté l’ensemble des entreprises tunisiennes non encore enregistrées au système national de facturation électronique à régulariser leur situation sans tarder. Ce rappel intervient alors que les sanctions pour non-conformité entreront en vigueur dès juillet 2025, marquant une étape cruciale dans la réforme fiscale numérique du pays.
Cette obligation concerne un large éventail d’acteurs économiques, notamment les entreprises traitant avec l’État ou les collectivités locales, celles rattachées à la Direction des grandes entreprises (DGE), ainsi que les transactions interprofessionnelles de médicaments et d’hydrocarbures (hors commerce de détail). Pour se conformer, les entreprises doivent s’enregistrer via la plateforme Tunisie TradeNet (TTN), opérateur technique désigné pour le déploiement du système. L’objectif est double : assurer une meilleure traçabilité des opérations commerciales et simplifier les démarches fiscales grâce à un traitement automatisé des données.
Cette initiative s’inscrit dans un effort de modernisation du système fiscal tunisien, dicté par des impératifs internes et des engagements internationaux en matière de transparence et de bonne gouvernance. La numérisation de la facturation s’ajoute à une série de mesures mises en place pour lutter contre l’évasion fiscale, qui fait perdre à la Tunisie environ 3 milliards de dinars par an (environ 1 milliard de dollars). Elle traduit la volonté de l’État d’améliorer l’efficacité fiscale et de renforcer le contrôle des transactions commerciales.
À terme, l’adoption généralisée de la facturation électronique pourrait transformer en profondeur les rapports entre l’administration fiscale et les entreprises. Si elle est bien mise en œuvre, cette réforme contribuera à réduire la fraude, à fluidifier les contrôles et à restaurer la confiance dans le système fiscal tunisien.
Toutefois, la généralisation de la facturation électronique pourrait se heurter à certaines limites structurelles. En 2025, le taux d’accès à Internet en Tunisie atteint 84,9 %, marquant une progression de 5 % par rapport à l’année précédente. Par ailleurs, le taux de pénétration de la téléphonie mobile s’établit à environ 136,5 %, indiquant que de nombreux Tunisiens possèdent plusieurs lignes.
Malgré ces chiffres encourageants, des disparités persistent, notamment dans les zones rurales et chez les petites entreprises, où l’usage des outils numériques reste faible. Ces écarts soulignent la nécessité d’un accompagnement renforcé, incluant des formations ciblées et un soutien technique, pour assurer l’inclusion de toutes les catégories d’acteurs économiques dans cette transition numérique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Tunisie : Orange inaugure un nouveau centre de données à Sousse
À l’heure où la sécurisation des données personnelles devient un enjeu crucial en Afrique, la RDC franchit une étape décisive avec le lancement de son passeport biométrique. Ce document apporte une réponse concrète aux défis croissants liés à la fraude et à la cybersécurité.
La République démocratique du Congo a lancé, le mardi 27 mai, son nouveau passeport biométrique conforme aux standards internationaux. Ce document, fruit d’une réforme portée par le gouvernement, s’inscrit dans une volonté plus large de sécuriser l’identité des citoyens tout en renforçant la souveraineté numérique du pays.
Disponible à partir du 5 juin, ce passeport intègre une puce électronique RFID sans contact contenant les données biométriques du titulaire. Il comprend également une page en polycarbonate ultra-résistante, ainsi que des éléments de sécurité visuelle tels que des hologrammes, des encres UV et des filigranes, rendant la falsification quasiment impossible. Le passeport passe de 32 à 38 pages, offrant une capacité accrue aux voyageurs fréquents.
Un outil contre la fraude et pour la souveraineté numérique
Selon la ministre d’État aux Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, ce document est conforme à la norme 39794 de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), garantissant à la fois la libre circulation des citoyens congolais et la sécurité de leurs données personnelles.
En intégrant des technologies biométriques avancées, le nouveau passeport permet une identification fiable et immédiate. Il représente une barrière efficace contre la falsification de documents, le trafic d’identités et l’usurpation, dans un contexte régional où les menaces cyber se multiplient.
Une porte d’entrée vers la numérisation des services consulaires
Le lancement de ce passeport s’inscrit dans le Programme d’action du gouvernement 2024–2028, qui prévoit la numérisation progressive des services publics et l’intégration de technologies avancées dans les documents officiels. Les citoyens congolais pourront désormais déposer leur demande en ligne via le portail www.passeport.gouv.cd, avec paiement électronique ou auprès de la banque Equity BCDC. Des centres de capture biométrique sont en cours d’installation dans les chefs-lieux de province.
Cette transition vers un système numérisé vise à simplifier les démarches, à réduire les délais d’obtention et à fiabiliser les bases de données d’état civil, alors que près de 70 % des procédures liées aux documents de voyage sont encore réalisées hors ligne en RDC.
Vers une administration connectée et un écosystème de services numériques
À terme, ce passeport biométrique pourrait faciliter l’intégration numérique en donnant accès à des services gouvernementaux sécurisés, tels que les e-visas et l’obtention en ligne des documents d’état civil. Il permettrait également d’alimenter une base de données nationale interopérable, utile pour la planification sociale, la politique migratoire, ou encore l’amélioration des services frontaliers.
Pour concrétiser cette ambition, la RDC devra cependant s’appuyer sur un cadre juridique solide en matière de protection des données et mettre en place une infrastructure d’identification numérique fiable, interconnectée et respectueuse des droits des citoyens à l’ère de la transformation numérique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Cameroun : la nouvelle CNI ouvre la voie à l’identité numérique
Face à la montée des enjeux technologiques, la formation et la cybersécurité deviennent des priorités stratégiques. Une nouvelle dynamique de collaboration se dessine entre institutions éducatives et acteurs de la sécurité numérique pour bâtir un avenir numérique résilient.
L’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) – région Afrique centrale et Grands Lacs – et l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) du Congo envisagent un partenariat renforcé dans le domaine du numérique.
En marge du Salon Osiane de la tech à Brazzaville, André Alain Kiyindou, directeur régional de l’AUF, a rencontré Oboulas Conrad, directeur général de l’ANSSI. Les discussions ont porté sur plusieurs axes de coopération visant à soutenir la transition numérique du pays et à répondre aux nouveaux défis technologiques.
Parmi les priorités abordées figurent l’appropriation de l’intelligence artificielle (IA) par les jeunes générations, la sensibilisation à la cybercriminalité, ainsi que la mise en place de contenus adaptés à la formation professionnelle dans les domaines du numérique. Les deux parties se sont accordées sur l’importance de proposer une offre de formation pertinente, à la fois technique et éthique, pour accompagner les mutations du marché de l’emploi et garantir un usage responsable des technologies.
Cette initiative traduit une volonté commune de construire un écosystème numérique solide, inclusif et sécurisé. Elle répond également à l’ambition du Congo de développer une souveraineté numérique tout en consolidant ses capacités humaines dans les secteurs stratégiques liés aux TIC. Avec une population dont 76 % des habitants ont moins de 35 ans, selon le Recensement Général de la Population et de l'Habitation de 2023, le Congo dispose d’un vivier important pour le développement du secteur numérique.
Cependant, le taux de chômage des jeunes âgés de 18 à 35 ans atteint 41 %, d'après une enquête d'Afrobarometer. Ce partenariat pourrait ainsi contribuer à une offre de formation adaptée, à la fois technique et éthique, afin d’accompagner les mutations du marché de l’emploi et garantir un usage responsable des technologies.
La rencontre entre l’AUF et l’ANSSI pourrait aboutir, dans les mois à venir, à des projets concrets, notamment la création de modules de formation conjoints, l'organisation d'ateliers de sensibilisation et le renforcement des synergies entre le monde académique et les institutions publiques en charge de la cybersécurité.
Samira Njoya
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