L’intelligence artificielle s’impose désormais comme une technologie capable de transformer tous les secteurs d’activité. Le gouvernement burkinabè multiplie les initiatives pour en tirer pleinement parti et poser les bases d’une transformation numérique inclusive et durable.
Le ministère de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques a annoncé, le mardi 21 octobre, la signature d’une convention de partenariat avec la Radiotélévision du Burkina (RTB). L’accord porte sur l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans la production et la diffusion des contenus médiatiques.
L’accord, paraphé par la ministre Aminata Zerbo/Sabane (photo, à droite) et le directeur général de la RTB, Atéridar Galip Somé, illustre la volonté du gouvernement de tirer parti du potentiel de l’IA tout en maîtrisant ses risques. L’objectif est de rendre l’information plus inclusive et accessible, notamment aux populations ne s’exprimant pas en français, et de renforcer la cohésion sociale à travers une communication multilingue.
Les premières applications concrètes concernent le développement d’outils de traduction automatique entre le mooré et le français, réalisés par des étudiants du Centre interdisciplinaire en intelligence artificielle pour le développement (CITADEL) de l’Université virtuelle du Burkina. Ces solutions permettront à terme de diffuser des contenus audiovisuels multilingues et de renforcer la place des langues nationales dans l’espace médiatique.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie nationale d’intégration de l’IA, qui repose sur trois axes principaux : l’élaboration d’une feuille de route sectorielle, la mise en œuvre d’actions de sensibilisation et de formation, et le déploiement de projets pilotes dans des domaines clés tels que la santé, la météorologie, la sécurité et l’information.
Le partenariat avec la RTB ouvre aussi la voie à de nouvelles formes de production audiovisuelle locale, notamment la création de dessins animés et de contenus culturels burkinabè, participant ainsi à la souveraineté numérique et culturelle du pays. Il s’agit du deuxième accord du genre après celui signé avec l’Agence nationale de la météorologie (ANAM), préfigurant d’autres collaborations publiques à venir.
Grâce à ce dispositif, le Burkina Faso se dote d’une infrastructure technologique capable de transformer son secteur médiatique. En combinant IA, innovation et formation, le pays ambitionne de moderniser la production de contenus, d’élargir l’accès à l’information dans toutes les langues nationales et de former une génération de professionnels aptes à exploiter les technologies émergentes pour le développement social et culturel.
Samira Njoya
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Après des années marquées par un accès limité au financement et une baisse des levées de fonds, les start-up du continent bénéficient désormais d’une attention renforcée. Des initiatives panafricaines émergent pour stimuler l’innovation, l’entrepreneuriat et renforcer l’écosystème numérique régional.
Le ministre algérien du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig (photo, à gauche), a annoncé, le mardi 21 octobre, la mobilisation d’un milliard de dollars pour financer les start-up et les jeunes innovateurs africains. Ce programme s’inscrit dans le cadre du Fonds de financement des start-up et des jeunes innovateurs à l’échelle africaine, lancé en septembre dernier par le président Abdelmadjid Tebboune.
Selon Kamel Rezig, ce fonds vise à soutenir des projets à fort impact dans des domaines stratégiques tels que la technologie, l’éducation, la santé ou encore l’aide humanitaire. L’objectif affiché est de stimuler la créativité africaine et de renforcer les échanges économiques régionaux en offrant aux jeunes porteurs de projets des mécanismes de financement adaptés.
Le lancement du fonds intervient dans un contexte marqué par un net ralentissement du financement des start-up africaines. Selon Partech Africa, après un pic à 6,5 milliards USD en 2022, les levées de fonds des start-up africaines ont baissé à 3,5 milliards en 2023, puis se sont stabilisées autour de 3,2 milliards en 2024. Cette résilience du secteur technologique africain, malgré le recul mondial du capital-risque, souligne la nécessité de développer des mécanismes de financement internes et durables.
Sur le plan national, Alger s’appuie déjà sur un écosystème entrepreneurial en pleine expansion. En juin dernier, le gouvernement faisait état de 1600 microentreprises, 130 start-up, 1175 projets labellisés « innovants » ainsi que 2800 brevets déposés. L’objectif visé est de porter à 20 000 le nombre de start-up à l’horizon 2029. Des structures telles qu’Algeria Venture et le Fonds national des start-up accompagnent ce dynamisme en facilitant l’accès au capital, le mentorat et la mise en réseau régionale.
Le fonds panafricain est appelé à prolonger cette dynamique en connectant les entrepreneurs algériens et africains dans des secteurs stratégiques comme la fintech, la santé numérique, l’agritech ou les énergies renouvelables. À terme, ces ressources pourraient contribuer à structurer un réseau d’innovation africain intégré, capable de créer des emplois qualifiés, d’accélérer la transformation numérique et de renforcer la résilience économique du continent.
Samira Njoya
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Au cours de l'année écoulée, l'intelligence artificielle (IA) et son potentiel transformateur ont retenu l'attention du monde entier. Le potentiel de l'IA pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) à l'horizon 2030 est désormais bien établi. En Afrique, il devient urgent de s’approprier pleinement la technologie.
L’Association mondiale des opérateurs télécoms (GSMA) s’est alliée aux six sociétés de téléphonie mobile majeures d’Afrique (Airtel, Axian Telecom, Ethio Telecom, MTN, Orange, Vodacom) pour lancer une collaboration panafricaine ambitieuse. Baptisée « AI Language Models in Africa, By Africa, For Africa », cette initiative, dévoilée le mardi 21 octobre à Kigali, au Rwanda, en marge du Mobile World Congress, a pour mission de développer des modèles de langage inclusifs, conçus pour et par le continent. Objectif : garantir que les langues, les cultures et les savoirs africains trouvent leur juste place dans l’avenir numérique mondial.
Angela Wamola, responsable Afrique chez GSMA, a déclaré que « la diversité linguistique et culturelle de l'Afrique est l'une de nos plus grandes forces, mais elle a trop souvent été négligée dans le développement des systèmes d'IA mondiaux. Cette initiative vise à transformer ce défi en opportunité : renforcer les capacités africaines en matière d'IA, favoriser l'innovation dans les industries locales et veiller à ce que l'Afrique façonne l'avenir numérique selon ses propres conditions. En travaillant ensemble, nous pouvons rendre l'IA plus inclusive, plus pertinente et plus représentative du monde dans lequel nous vivons ».
Orange, qui devance la coalition sur cette problématique, jouera un rôle déterminant dans les travaux. Le 27 novembre 2024, la société française avait signé un partenariat avec OpenAI et Meta pour développer des intelligences artificielles capables de reconnaître et d’interagir avec les langues africaines. Les fruits de cette collaboration devaient non seulement permettre à Orange d’améliorer son service client en langues maternelles africaines, rendant ainsi l’expérience utilisateur plus fluide et accessible, mais aussi contribuer à des projets non commerciaux, notamment dans les secteurs de la santé publique et de l’éducation.
Combler le fossé linguistique numérique
La coalition formée par GSMA, qui réunit également des acteurs du numérique ainsi que des laboratoires de recherche et des start-up innovantes comme African Population for Health Research Center (APHRC), Cassava Technologies, Masakhane African Languages Hub, The World Sandbox Alliance, Lelapa AI, Pawa AI, Qhala, entend combler un fossé critique en matière de données, de puissance de calcul, de talents et de politiques publiques.
La grande majorité des modèles de langage dominants sont aujourd'hui entraînés sur un nombre restreint de langues dites globales, laissant la riche diversité linguistique de l'Afrique – avec ses milliers de langues – gravement sous-représentée. Ce « fossé linguistique » actuel de l'IA marginalise des milliards d'utilisateurs potentiels. Sans modèles adaptés, les populations africaines ne peuvent pas bénéficier pleinement des avancées de l'IA dans des domaines essentiels comme l'éducation, la santé, l'agriculture ou les services publics.
Une proportion croissante de la population est connectée et utilise l'Internet mobile, et le taux de pénétration des smartphones devrait atteindre 88 % d'ici 2030, créant ainsi de nouvelles opportunités pour l'inclusion numérique et l'utilisation de services basés sur l'IA. L'Afrique ne représente que 2,5 % du marché mondial de l'IA, mais selon des estimations récentes, l'IA pourrait faire progresser l'économie africaine de 2900 milliards de dollars d'ici 2030, soit l'équivalent d'une augmentation de 3 % de la croissance annuelle du produit intérieur brut (PIB).
Une étude de faisabilité menée par la GSMA et ses partenaires a confirmé la viabilité technique et économique de modèles de langage conçus localement. La clé du succès réside dans la coordination des efforts pour éviter la dispersion des énergies. La coalition s'organisera donc en groupes de travail thématiques – données, calcul, talents, politiques – et rendra publics ses progrès lors des prochains événements de la GSMA.
Un enjeu de souveraineté et de pertinence locale
Au-delà du symbole, cette initiative représente un enjeu stratégique pour le développement et la souveraineté numérique du continent. Maîtriser les données, les modèles de base et les normes techniques est essentiel pour réduire la dépendance aux plateformes et technologies externes.
Surtout, des modèles entraînés sur des données africaines permettront le développement d'applications ancrées dans les réalités locales. On peut ainsi imaginer des assistants vocaux comprenant le wolof, le swahili ou l'amharique, des outils de triage médical adaptés aux contextes locaux, des contenus pédagogiques contextualisés ou des agents de service public accessibles à tous, y compris dans les langues les plus parlées. GSMA déplore le fait « qu'en Afrique, plus de 2000 langues sont parlées, mais seule une fraction d'entre elles sont prises en charge par les systèmes numériques ou les modèles d'IA. Ce manque d'inclusion risque d'aggraver les fractures numériques et économiques existantes ».
Quatre chantiers prioritaires pour un développement durable
Le plan de cette alliance repose sur quatre chantiers essentiels, avec des défis à chaque niveau. D'abord, les données : il s'agit de rassembler des millions de mots et de phrases dans nos langues africaines, dans le respect strict du consentement et de l'anonymisation, en incluant aussi bien les langues principales que les dialectes locaux et même la langue parlée, sans favoriser uniquement les villes ou les élites. Ensuite, la puissance informatique : entraîner ces intelligences artificielles demande des ordinateurs extrêmement puissants et coûteux ; l'idée est donc que les partenaires mettent leurs ressources en commun pour réduire les coûts et garantir la sécurité des informations. Le troisième défi est celui des talents : il faut former des experts africains en intelligence artificielle et leur offrir des carrières suffisamment attractives pour qu'ils restent sur le continent et fassent grandir cette nouvelle industrie, au-delà des simples projets tests. Enfin, les règles du jeu : les gouvernements doivent aider en créant un cadre juridique clair qui encourage l'innovation et les investissements, tout en protégeant les données des citoyens et en s'assurant que ces nouvelles technologies profitent à tous.
Une feuille de route claire et un appel à la collaboration
Les effets attendus sont structurés dans le temps : des prototypes et benchmarks spécifiques à court terme, des applications sectorielles concrètes à moyen terme (bots clients, outils pour créateurs), et, à long terme, l'émergence d'une capacité africaine autonome en IA, capable de porter des champions locaux et d’irriguer tout l’écosystème.
Les conditions de réussite identifiées incluent une gouvernance transparente, des financements allant au-delà du stade du prototype, une forte interopérabilité technique pour éviter des initiatives isolées et une transparence absolue sur les performances et les biais des modèles.
La coalition lance un appel solennel à l'ensemble de l'écosystème – start-up, universités, industries créatives, société civile, bailleurs de fonds et grandes entreprises technologiques – pour contribuer à cet effort collectif par des données, de la puissance de calcul, des compétences, des cas d'usage ou un soutien financier.
Muriel EDJO
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le Gabon fait un pari fort sur le numérique pour sa jeunesse. Face aux défis de la fracture numérique, du développement des compétences et de la connectivité, le pays mise sur les TIC pour préparer une génération capable de relever les défis de l’économie numérique et de l’innovation technologique.
Le président de la République du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema (photo, au centre), a lancé samedi 18 octobre le programme « Un étudiant, un ordinateur », qui prévoit la distribution de 10 000 ordinateurs portables aux étudiants. L’objectif est de fournir aux jeunes les outils nécessaires pour évoluer dans un environnement académique et professionnel de plus en plus numérique.
« L’avenir du Gabon repose sur une jeunesse éduquée, équipée et déterminée à relever les défis du monde moderne. Le numérique est une chance pour chacun de vous, une opportunité d’apprendre, d’innover et de créer pour bâtir un Gabon plus fort et plus prospère », a déclaré le chef de l’État lors de la cérémonie de lancement.
Porté par le ministère de l’Économie numérique, de la Digitalisation et de l’Innovation, le programme s’inscrit dans une stratégie plus large visant à réduire la fracture numérique et à renforcer l’inclusion technologique. L’initiative va au-delà de la simple distribution de matériel : elle constitue un levier pour une jeunesse appelée à jouer un rôle central dans la transformation digitale du pays.
Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), le Gabon a fait de nombreux efforts pour placer le numérique au cœur de ses projets de développement. Ces efforts ont permis au pays d’obtenir un score de 76,1 sur 100, le classant leader en Afrique centrale devant des pays comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire.
Cependant, la préparation des talents en intelligence artificielle reste à la traîne. Selon le « AI Talent Readiness Index for Africa 2025 », le Gabon occupe la 32ᵉ place sur 54 pays africains. Ce classement reflète des progrès, mais souligne également la nécessité de renforcer les formations spécialisées et l’écosystème numérique pour rattraper les leaders régionaux.
En dotant ses étudiants d’ordinateurs, le Gabon fait un pas concret vers la démocratisation de l’accès au numérique. Toutefois, pour que cette initiative porte pleinement ses fruits, le gouvernement devra également mettre en place des mesures d’accompagnement, notamment l’amélioration de la connectivité dans toutes les zones du pays, des formations accessibles, voire gratuites, aux compétences numériques avancées, incluant l’intelligence artificielle, le codage, la robotique et d’autres technologies émergentes.
À terme, cette démarche pourrait non seulement stimuler la recherche universitaire et encourager l’innovation locale, mais aussi préparer une génération capable de s’imposer dans l’économie numérique africaine et mondiale, prête à exploiter les outils technologiques pour créer de nouvelles opportunités économiques et scientifiques.
Samira Njoya
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Alors que l’enseignement supérieur s’adapte à l’ère numérique, l’Algérie accélère sa transition vers un modèle éducatif plus connecté et inclusif. En investissant dans la numérisation des savoirs, le pays entend stimuler la recherche et valoriser son potentiel scientifique.
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari (photo), a lancé lundi 20 octobre à Alger la Bibliothèque numérique universitaire algérienne, une initiative de l’Office des publications universitaires (OPU) destinée à accélérer la transformation numérique du secteur universitaire.
La plateforme donne accès à plus de 110 990 ressources électroniques, dont 4154 ouvrages de l’OPU, 90 794 thèses de doctorat, 380 ouvrages en arabe fournis par le Haut Conseil de la langue arabe (HCLA), 124 ouvrages sur l’histoire du mouvement national et de la Révolution du 1er novembre 1954, ainsi que 15 546 brevets nationaux et internationaux intégrés en partenariat avec l’Institut national algérien de la propriété industrielle (INAPI). Dès novembre, les résidents à l’étranger pourront acheter les ouvrages en ligne via la plateforme.
Cette initiative s’inscrit dans les efforts stratégiques du ministère pour promouvoir la transformation numérique de l’enseignement supérieur et développer un environnement académique numérisé, facilitant l’accès des étudiants, chercheurs et enseignants aux connaissances et aux sources académiques.
Le ministère prévoit d’atteindre 500 000 documents électroniques d’ici 2027, consolidant ainsi un système universitaire moderne et connecté. Le lancement de cette bibliothèque s’accompagne également de partenariats avec le HCLA, le Centre de recherche sur l’information scientifique et technique, le Centre national d’études sur le mouvement national et l’INAPI pour enrichir les contenus disponibles.
La numérisation de ces ressources devrait améliorer la gestion administrative et pédagogique du système universitaire, en facilitant l’accès aux données sur les étudiants, le personnel et les infrastructures, tout en soutenant la recherche et la diffusion du savoir. Toutefois, cette transition pourrait rencontrer plusieurs obstacles, notamment l’insuffisance des infrastructures technologiques dans certaines régions reculées, l’accès limité pour les étudiants ne disposant pas d’appareils adéquats, ou encore les risques liés à la cybersécurité, tels que les pertes de données, les accès non autorisés à des informations sensibles ou les pannes techniques.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La formation aux compétences numériques constitue l’un des axes majeurs de la stratégie « Digital Morocco 2030 ». Le royaume poursuit ses efforts pour renforcer l’inclusion digitale et préparer l’ensemble de la population à l’économie du futur.
Le gouvernement marocain a procédé, lundi 20 octobre, au lancement officiel d’un programme national visant à initier 200 000 enfants aux domaines du numérique et de l’intelligence artificielle. Cette initiative vise à permettre aux jeunes générations d’acquérir les compétences de l’avenir, de promouvoir la culture technologique et de réduire la fracture numérique.
Le projet découle d’un partenariat signé en mars dernier entre plusieurs ministères, notamment les ministères de la Transition numérique, de la Jeunesse, de l’Économie et des Finances, ainsi que le Centre international d’intelligence artificielle du Maroc – AI Movement, relevant de l’Université Mohammed VI Polytechnique et placé sous la supervision de l’UNESCO. La première phase du programme a été lancée simultanément dans douze villes du royaume, mobilisant une équipe de 65 encadrants représentant les centres de jeunesse participants. À l’issue de cette phase pilote, le programme sera progressivement étendu à l’ensemble du territoire national.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie « Digital Morocco 2030 », qui vise à faire du royaume un hub numérique inclusif et compétitif. La stratégie prévoit notamment la formation de 100 000 jeunes par an dans les métiers du numérique, contre 14 000 en 2022, ainsi que la création d’écoles spécialisées et le soutien à l’innovation dans les technologies émergentes.
En formant 200 000 enfants aux compétences numériques et à l’intelligence artificielle, le Maroc vise à préparer une nouvelle génération de citoyens numériques, capables de contribuer activement à la transformation digitale du pays. Ce programme pourrait également renforcer la souveraineté technologique du royaume et affirmer sa position de pionnier de l’innovation en Afrique.
Samira Njoya
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Lancée en février, la plateforme WanGov centralise divers services publics sierra-léonais, tels que l’enregistrement des entreprises, les prêts étudiants ou le règlement des contraventions.
Le ministère sierra-léonais de la Communication, de la Technologie et de l'Innovation a annoncé jeudi 16 octobre le déploiement réussi de la plateforme WanGov au poste frontière de Gbalamuya, à la frontière avec la Guinée. Cette initiative, menée en collaboration avec l’Autorité de sécurité routière de Sierra Leone (SLRSA) et la société Korlie Ltd, vise à moderniser les opérations frontalières en numérisant les services publics et en simplifiant la collecte des recettes.
Grâce à WanGov, les citoyens peuvent désormais régler en ligne les services gouvernementaux sierra-léonais, tels que l'enregistrement des entreprises, les permis, les licences et autres documents officiels, y compris depuis Conakry, en Guinée. Les documents sont traités avant l’arrivée à la frontière, permettant un retrait rapide et simplifié, ce qui fluidifie et accélère les échanges transfrontaliers.
Cette avancée s’inscrit dans une stratégie régionale visant à renforcer l’intégration numérique en Afrique de l’Ouest et à faciliter le commerce entre les États membres. Selon la Banque africaine d’import-export, les échanges commerciaux intra-africains ont atteint 52,8 milliards de dollars en Afrique de l’Ouest en 2024, ce qui souligne l’importance de telles initiatives pour stimuler le commerce régional.
En numérisant les services gouvernementaux, la plateforme devrait contribuer à réduire les délais et les coûts administratifs, tout en renforçant la transparence et en limitant les risques de corruption. Elle sécurise les transactions, centralise les données et facilite le suivi des opérations commerciales transfrontalières. Les autorités prévoient d’étendre prochainement WanGov au poste frontière de Jendema, entre le Liberia et la Sierra Leone, afin d’étendre ses bénéfices à d’autres corridors régionaux.
Samira Njoya
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Pour dynamiser son économie et réduire sa dépendance extérieure, le Burkina Faso mise sur l’innovation locale et l’ingéniosité de ses talents. Le gouvernement multiplie les initiatives pour transformer les idées et projets scientifiques et techniques en véritables moteurs de croissance industrielle.
Le président du Burkina Faso, Ibrahim Traoré (photo, au centre), a annoncé le vendredi 17 octobre le lancement de « Faso Andubè », une plateforme numérique dédiée à la valorisation des talents burkinabè dans les domaines scientifiques, techniques et technologiques. L’objectif est de permettre aux inventeurs et innovateurs, qu’ils résident au Burkina Faso ou dans la diaspora, de présenter leurs projets et d’accéder à un accompagnement vers la fabrication locale de machines « made in Burkina ».
« Nous allons lancer une plateforme numérique qui doit permettre à tout un chacun ayant des talents, des diplômes scientifiques, techniques, technologiques, de s’inscrire, et nous allons les guider vers un incubateur qui est en train d’être construit pour permettre au Burkina de fabriquer ses machines », a déclaré le chef de l’État.
La plateforme Faso Andubè, accessible à https://fasoandube.bf/, se présente comme une vitrine pour l’innovation et l’expertise nationale. Elle offre la possibilité aux Burkinabè de s’inscrire et de valoriser leurs compétences dans un cadre structuré. Les utilisateurs bénéficient d’un suivi personnalisé de leurs projets, peuvent se connecter avec d’autres talents et participer à des initiatives industrielles et technologiques concrètes.
L’initiative s’inscrit dans la volonté du Président du Faso de valoriser l’expertise locale et de mobiliser les compétences afin de renforcer la souveraineté nationale. Elle intervient dans un contexte où le pays cherche à consolider sa base industrielle et à réduire sa dépendance aux importations. Selon les données de la Banque mondiale, la valeur ajoutée de l’industrie représentait 29,6 % du PIB en 2024, tandis que le secteur manufacturier ne représentait que 9,9 %.
La mise en place de Faso Andubè pourrait servir de catalyseur pour l’écosystème des innovateurs technologiques burkinabè. En offrant un espace numérique de visibilité et d’interconnexion, la plateforme vise à identifier, accompagner et fédérer les talents issus des milieux scientifiques et techniques, qu’ils résident au Burkina Faso ou à l’étranger. Elle pourrait ainsi stimuler la création de prototypes, d’outils agricoles intelligents ou d’équipements industriels conçus localement.
À travers ce dispositif, le gouvernement entend poser les bases d’une véritable économie de l’innovation, capable de renforcer la souveraineté technologique du Burkina Faso tout en favorisant la création d’emplois qualifiés et la montée en compétence des jeunes ingénieurs et techniciens.
Samira Njoya
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L’Algérie a déjà numérisé une partie de ses services publics, déjà accessibles en ligne. Afin d’en améliorer la cohérence et l’efficacité, le gouvernement s’apprête à les regrouper au sein d’une plateforme unifiée.
L’Algérie finalise la mise en place de « Dzair Services », une plateforme nationale destinée à centraliser l’ensemble des services publics numériques. L’annonce a été faite le mercredi 16 octobre 2025 par Meriem Benmouloud (photo), Haut-commissaire à la numérisation occupant un rang ministériel, lors de l’ouverture du Salon du e-commerce et des services en ligne (Ecsel Expo) à Alger. Ce lancement marque une étape majeure dans la politique de digitalisation engagée par le gouvernement depuis plusieurs années.
Conçue comme un guichet unique, Dzair Services regroupe sur un même espace l’ensemble des services publics numériques existants. L’objectif est de simplifier les démarches, d’assurer la traçabilité des opérations et de réduire les redondances entre institutions. L’État entend ainsi moderniser son fonctionnement tout en rapprochant les services des citoyens et des entreprises. Elle est appelée à devenir l’interface centrale de l’administration en ligne algérienne.
Ce projet s’inscrit dans la continuité de la Stratégie nationale de transformation numérique 2025–2030, dévoilée en mai 2025. Ce plan, structuré autour de sept axes majeurs, vise notamment à développer les infrastructures numériques, renforcer la cybersécurité et consolider la souveraineté technologique du pays. Il ambitionne également de faire du numérique un levier de croissance économique, en soutenant la formation, l’innovation et la création d’emplois qualifiés.
Dans cette dynamique, plusieurs chantiers structurants sont déjà en cours. Le gouvernement a raccordé 46 ministères et organismes publics à la fibre optique et mis en service le data center national d’El Mohammedia, tandis qu’un second centre à Blida est en cours d’achèvement. Les autorités préparent aussi la création d’un cloud souverain destiné à héberger les données publiques et, à terme, à offrir des solutions d’hébergement aux entreprises locales.
Techniquement, Dzair Services reposera sur un système d’interopérabilité permettant aux administrations d’échanger automatiquement des données vérifiées. Cette architecture devrait permettre de réduire la duplication des informations, automatiser les vérifications croisées et accélérer le traitement des dossiers. À l’échelle du territoire national, cette interconnexion devrait favoriser la production d’indicateurs fiables, faciliter la planification publique et constituer un socle pour le déploiement futur d’applications d’intelligence artificielle dans la gestion de l’État.
Samira Njoya
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Accélérer la digitalisation du système fiscal demeure une priorité pour la Tunisie. En imposant la facturation électronique aux établissements de restauration, le gouvernement entend renforcer la transparence, lutter contre l’évasion fiscale et aligner les recettes de l’État sur la réalité économique du secteur.
Le ministère des Finances tunisien a publié, dans le Journal officiel du mardi 14 octobre, une mesure obligeant certains établissements de restauration et de consommation sur place à enregistrer toutes leurs opérations au moyen de la facturation électronique. L’initiative vise à numériser les services offerts aux clients et à mettre en place un système fiscal basé sur les revenus réels de chaque établissement, dans le respect du principe d’équité.
Ce dispositif s’applique aux restaurants, cafés, salons de thé et établissements similaires offrant des repas ou des boissons à consommer sur place. Il s’appuie sur l’article 59 du Code de l’impôt sur le revenu des personnes physiques et de l’impôt sur les sociétés, qui encadre les obligations fiscales de ces acteurs.
La mise en conformité se fera progressivement : à partir du 1er novembre 2025 pour les personnes morales opérant dans les établissements touristiques, cafés et salons de thé de deuxième et troisième catégorie ; à partir du 1er juillet 2026 pour les autres personnes morales de consommation sur place ; du 1er juillet 2027 pour les personnes physiques soumises au régime réel avec déclaration mensuelle ; et du 1er juillet 2028 pour les autres personnes physiques exerçant ces activités.
Cette réforme s’inscrit dans la stratégie nationale de transformation numérique et de modernisation de l’administration fiscale, dans un contexte où l’évasion fiscale coûterait près de 3 milliards de dinars par an (environ 1 milliard de dollars) au budget de l’État. Elle fait suite à une première mesure, publiée en juin dernier, enjoignant les entreprises tunisiennes non encore inscrites au système national de facturation électronique de régulariser leur situation.
La mise en œuvre effective de ce dispositif devrait renforcer la transparence fiscale, réduire les sous-déclarations, aligner les recettes de l’État sur l’activité réelle des établissements et moderniser les outils de gestion utilisés par les restaurateurs, cafés et salons de thé. Elle devrait également favoriser une concurrence plus équitable au sein du secteur.
Samira Njoya
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Depuis quelques années, le gouvernement congolais a placé le numérique au cœur de ses priorités. Si des progrès notables ont été accomplis, de nombreux défis restent encore à relever.
Le Congo prépare activement la mise en œuvre de sa stratégie numérique 2030. Le ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, Léon Juste Ibombo (photo, au centre), a annoncé, le lundi 13 octobre, que le document, finalisé avec l’appui financier de la Banque mondiale, est actuellement examiné par le secrétariat général du gouvernement avant transmission au chef de l’État pour approbation par décret.
Le texte fixe les grandes orientations pour la décennie à venir : numérisation des services publics, extension de la connectivité, formation des jeunes aux métiers du numérique, cybersécurité, intelligence artificielle et renforcement de la souveraineté numérique. La feuille de route 2030 reprend et élargit les ambitions de la Congo Digital 2025, en plaçant l’accès large au numérique au cœur de la politique de développement.
Arrivée à échéance, la stratégie Congo Digital 2025 a permis des avancées mesurables. Le nombre d’internautes est passé d’environ 1,53 million en 2020 à 2,46 millions début 2025, soit une pénétration estimée à 38,4 % de la population, selon DataReportal. Le pays a par ailleurs amorcé le déploiement de la 5G, la construction d’un centre national de données est bien engagée, et plusieurs services publics ont été numérisés, fournissant une base opérationnelle pour la feuille de route 2030.
Pourtant, des obstacles structurels continuent de freiner l’impact des avancées. En matière de gouvernance électronique, le Congo reste à la traîne. Selon l’Indice de développement du gouvernement électronique (EGDI) des Nations unies, qui évalue la numérisation des services publics, les infrastructures de télécommunication et le capital humain, le pays obtient un score de 0,3391 sur 1, se classant 166ᵉ au niveau mondial, contre 161ᵉ en 2022. Par ailleurs, avec un score de 49,6 sur 100 à l’Indice de développement des TIC, le Congo demeure en dessous de la moyenne africaine (56), signe d’un développement encore partiel des infrastructures et des usages numériques.
La stratégie numérique 2030 entend corriger ces insuffisances en traduisant les ambitions en priorités concrètes. Elle prévoit d’accélérer la couverture nationale en 4G et 5G, d’étendre le réseau de fibre optique et de renforcer la numérisation des services publics essentiels et des services administratifs. Le texte met également l’accent sur la formation des jeunes et des fonctionnaires aux compétences numériques, afin de créer un vivier local de talents capables de soutenir la transformation du pays.
Samira Njoya
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Lancé en 2012, le projet Konza Technopolis est en voie de devenir une smart city et constitue un pilier de la Vision 2030 du Kenya. La première phase est déjà opérationnelle, ce qui marque un pas concret vers la réalisation de cette ambition.
Le gouvernement kényan a lancé le lundi 13 octobre la première phase de Konza Technopolis, un parc scientifique et technologique développé dans le cadre du projet de ville intelligente le plus ambitieux d’Afrique de l’Est. Appelée « Silicon Savannah », elle vise à devenir un pôle régional de recherche, d’innovation et de services numériques.
The Konza Technopolis is steadily taking shape as a thriving hub of technology, research, and enterprise that will power Kenya’s transition to a digital economy and a first-world nation.
— William Samoei Ruto, PhD (@WilliamsRuto) October 13, 2025
Commissioned Phase One of Konza’s state-of-the-art infrastructure, including 40km of modern… pic.twitter.com/ezdBIovhOL
Lors de la cérémonie de lancement, le président William Samoei Ruto a réaffirmé la place de Konza dans la stratégie de transformation économique du pays. « Konza Technopolis représente l’esprit de notre nouveau Kenya, innovant, tourné vers l’avenir et compétitif à l’échelle mondiale. Les investissements que nous voyons ici témoignent de notre ambition de transformer le Kenya en une puissance numérique », a-t-il déclaré.
La première phase mise en service comprend 40 km de routes intelligentes, 170 km de réseaux d’eau et de drainage, 6 km de tunnels de services publics abritant des fibres optiques, ainsi qu’une sous-station électrique intelligente de 120 MW (gaz isolé). S’y ajoutent des installations avancées de traitement et de récupération de l’eau, le premier système de collecte des déchets solides sous vide d’Afrique de l’Est et centrale, ainsi que le centre d’opérations Smart City, le centre d’expérience et le centre national de données Tier 3.
Konza Technopolis s’inscrit dans la Vision 2030 du Kenya et dans le programme gouvernemental BETA (Bottom-Up Economic Transformation Agenda), qui vise à créer des emplois qualifiés et à renforcer l’inclusion numérique. En tant que zone économique spéciale, Konza bénéficie d’avantages fiscaux destinés à attirer les investisseurs dans les secteurs technologiques et industriels.
À terme, Konza Technopolis devrait contribuer à au moins 2 % du PIB national, créer plusieurs milliers d’emplois qualifiés et renforcer la position du Kenya comme l’un des principaux pôles d’innovation en Afrique de l’Est. Présentée comme un modèle de ville verte et connectée, elle illustre la volonté du pays de faire de la technologie un moteur durable de croissance économique et sociale.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Il y a dix ans, Microsoft lançait son nouveau système d’exploitation pour succéder à Windows 7, Windows 8 et Windows 8.1. En 2020, le logiciel était déjà installé sur plus d’un milliard d'appareils dans le monde, incluant les ordinateurs fixes et portables, les consoles Xbox One et les casques HoloLens.
Depuis le mardi 14 octobre, le support technique pour Windows 10 a pris fin. Cela signifie la fin des mises à jour logicielles gratuites via Windows Update, de l’assistance technique et des correctifs de sécurité automatiques. Microsoft oriente désormais les utilisateurs vers Windows 11, une version présentée comme plus sécurisée, plus simple à prendre en main et plus rapide.
Pour les utilisateurs ayant déjà effectué la migration, rien ne change. En revanche, ceux qui n'ont pas encore franchi le pas s'exposent à des risques accrus, notamment des cyberattaques, comme l’a alerté l’Agence nigérienne des systèmes d’information (ANSI) dès le dimanche 12 octobre 2025, en recommandant vivement la migration aux administrations publiques, aux entreprises et aux citoyens.
Pour effectuer le passage vers Windows 11, Microsoft impose une configuration matérielle minimale : un processeur compatible 64 bits avec au moins 2 cœurs et une fréquence de 1 GHz ; 4 Go de RAM ; 64 Go d’espace de stockage ; une carte graphique compatible DirectX 12 avec un pilote WDDM 2.0. Pour les personnes moins à l’aise avec l’informatique, Microsoft propose un outil gratuit, PC Health Check (Contrôle d’intégrité du PC), qui effectue cette vérification automatiquement.
La procédure est simple. Il faut télécharger et installer l’application depuis le site officiel de Microsoft (recherchez « télécharger PC Health Check » sur un moteur de recherche). Puis lancez l’application et exécutez le test de compatibilité. L’outil indiquera clairement si la machine peut exécuter Windows 11. En cas d’incompatibilité, il précisera quel critère n’est pas respecté.
Si l’ordinateur est compatible, la mise à jour vers Windows 11 est recommandée. Si ce n’est pas le cas, tout n’est pas perdu. Microsoft propose un programme payant nommé « Extended Security Updates » (ESU), qui constitue un filet de sécurité jusqu’en 2028. Toutefois, comme le précise l’ANSI, ce programme permet uniquement de recevoir les correctifs de sécurité critiques et importants, et seulement pour les appareils sous licence valide. Il est aussi possible de rester sur Windows 10 sans souscrire au programme ESU, mais cette option comporte des risques.
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Au Sénégal, le secteur des marchés publics représente une part majeure de l’économie. La modernisation de ce segment pourrait améliorer l’efficacité des procédures et soutenir la compétitivité des entreprises locales.
L’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP) lance ce mardi 14 octobre, la phase pilote de la plateforme APPEL (Achats Publics en Procédures Électroniques). Cette initiative vise à numériser l’ensemble des procédures de passation des marchés publics au Sénégal afin d’en renforcer la transparence, d’améliorer la traçabilité des opérations et d’accélérer le traitement des dossiers.
« C’est une réforme qui nous mobilise depuis un an. Chaque semaine, nous consacrons une réunion technique à la plateforme numérique. Nous voulons disposer d’indicateurs fiables, concernant les délais dans lesquels les appels d’offres sont traités, les économies réalisées, le taux de participation des entreprises et le niveau de satisfaction des acteurs de la commande publique », a déclaré Moustapha Djitté, directeur général de l’ARCOP.
La nouvelle plateforme numérique permet de numériser l’ensemble du cycle de la commande publique, de la publication des avis d’appel d’offres à l’attribution des marchés. Modulaire, sécurisée et conforme aux normes internationales, elle s’inspire des meilleures pratiques observées au Maroc, au Rwanda et à l’île Maurice. L’ARCOP prévoit déjà son interconnexion avec d’autres bases de données publiques, notamment celles du Trésor, du fisc et du registre du commerce, afin de renforcer la transparence, la traçabilité et la gouvernance du processus.
Ce projet s’inscrit dans la dynamique du New Deal technologique, la stratégie numérique nationale qui vise à dématérialiser 90 % des services publics d’ici 2034. Le secteur de la commande publique, qui représente entre 15 et 20 % du PIB national, constitue un levier majeur de la dépense publique et requiert une gestion modernisée pour consolider la crédibilité du Sénégal auprès des investisseurs.
La mise en œuvre complète de la plateforme est prévue pour janvier 2026. À terme, cette innovation devrait accroître la visibilité, la prévisibilité et la rapidité des marchés publics. Elle devrait également contribuer à réduire les délais de traitement, limiter les fraudes, stimuler la concurrence entre entreprises et générer des économies substantielles pour l’État, tout en renforçant la confiance des investisseurs et la bonne gouvernance dans le secteur public.
Samira Njoya
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