Dans le cadre de sa stratégie numérique, le Maroc ambitionne de former 20 000 talents tech d’ici 2026, et 45 000 à l’horizon 2030. Pour atteindre cet objectif, le royaume multiplie les partenariats, dont le dernier en date avec la société française Onepoint.
Le gouvernement marocain a signé le mardi 22 juillet, un accord de partenariat avec la société française Onepoint spécialisée dans la transformation numérique des entreprises et organisations. L’initiative vise la création d’un centre d’excellence en intelligence artificielle et data dans la région de Casablanca-Settat.
Le protocole d’accord, paraphé par les ministères de la Transition numérique, de l’Industrie et du Commerce, de l’Investissement, ainsi que par l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE), prévoit la création de 500 emplois qualifiés sur quatre ans dans les domaines de l’IA, du big data et des intergiciels (middleware).
Ce partenariat avec Onepoint vise également à renforcer les capacités nationales en matière d’innovation, à moderniser les services publics et à accompagner la transformation numérique des PME industrielles. L’enjeu est de consolider la souveraineté technologique du royaume, en s’appuyant sur un écosystème local de compétences, conformément aux ambitions de la stratégie « Maroc Digital 2030 ».
Ces derniers mois, plusieurs projets structurants ont conforté cette trajectoire. En juin, l’Américain Oracle a annoncé l’ouverture à Casablanca d’un centre de recherche dédié à l’IA et à la cybersécurité, avec la promesse de 1000 emplois qualifiés. D’autres partenariats ont été scellés avec des géants comme Naver, Nokia ou Cisco, confirmant l’attractivité croissante du Maroc auprès des acteurs majeurs du numérique mondial.
Casablanca-Settat, un pôle technologique en construction
Pour le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, cet accord illustre la confiance croissante des leaders technologiques mondiaux envers le Maroc, notamment grâce à ses infrastructures, ses compétences humaines et son environnement d’affaires jugé favorable. Le choix de la région Casablanca-Settat pour abriter le centre vise également à renforcer son attractivité en tant que pôle technologique majeur.
Ce centre d’excellence se veut aussi une opportunité pour les ingénieurs marocains de participer à des projets d'envergure internationale, tout en développant des solutions locales à fort impact pour les citoyens. Du côté de Onepoint, le groupe voit dans ce partenariat une occasion d’ancrer son expertise en Afrique du Nord et d’accompagner la transition numérique du continent.
Samira Njoya
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Confrontée au changement climatique, l’Afrique voit émerger des start-up qui développent des solutions technologiques ancrées localement. De l’agriculture à la gestion urbaine, ces innovations renforcent la résilience du continent.
Sécheresses prolongées, inondations récurrentes, baisse des rendements agricoles… L’Afrique est en première ligne face au changement climatique. Alors que les approches classiques peinent à répondre à l’urgence, la technologie s’invite peu à peu dans les stratégies d’adaptation. Derrière cette dynamique, une ambition : concevoir des outils résilients, localement pertinents, et capables d’anticiper les chocs.
Selon le rapport « State of the Climate in Africa 2023 » de l’Organisation météorologique mondiale (WMO), les pays africains perdent chaque année entre 2 % et 5 % de leur PIB à cause du changement climatique, un coût économique lié aux catastrophes climatiques et à la dégradation des rendements agricoles.
Des innovations enracinées dans les réalités locales
Face à ces bouleversements, une nouvelle génération d’entrepreneurs africains développe des solutions technologiques à la fois accessibles, durables et parfaitement adaptées aux réalités locales. Dans l’agriculture, des initiatives concrètes émergent. Au Kenya, la start-up SunCulture propose un système d’irrigation solaire intelligent qui combine pompes autonomes et données météo locales. Au Nigeria, Zenvus utilise l’intelligence artificielle pour analyser l’humidité des sols et améliorer les pratiques agricoles. L’objectif est de produire davantage avec moins d’eau, sur des terres de plus en plus fragilisées par la variabilité climatique.
Les technologies s’invitent aussi dans les villes. À Accra, des capteurs couplés à des données satellites permettent de cartographier en temps réel les zones à risque d’inondation. Ailleurs, des plateformes africaines testent l’usage de l’IA pour simuler des scénarios climatiques, soutenir les décisions d’aménagement ou déclencher des alertes précoces.
D’autres jeunes pousses, à travers le continent, comme AgriPredict en Zambie, Aerobotics en Afrique du Sud ou encore d.light, développent également des solutions innovantes pour accompagner la résilience climatique.
La climate-tech, nouveau moteur de l’investissement en Afrique
Ce foisonnement d’initiatives locales reflète un tournant plus large. Selon Africa: The Big Deal, une plateforme d'information en ligne qui suit et analyse le financement des start-up en Afrique,la climate-tech est devenue en 2024 le premier secteur de financement du capital-risque en Afrique, dépassant la fintech. Sur les six premiers mois de l’année, les start-up africaines spécialisées dans les technologies climatiques ont levé 325 millions de dollars, soit 45 % des 721 millions investis dans la tech sur le continent, un record historique. À titre de comparaison, la fintech n’a attiré que 158 millions de dollars, soit 22 % du total.
Des freins persistants malgré le potentiel
Malgré cette effervescence, le potentiel reste encore loin d’être pleinement exploité. Les innovations se concentrent majoritairement dans des pôles urbains technologiques comme Nairobi, Lagos ou Le Cap, tandis que les zones rurales, pourtant parmi les plus exposées aux risques climatiques, demeurent à la marge. Les équipements connectés restent onéreux, les données locales souvent fragmentaires, et les financements privés, bien qu’en croissance, demeurent en deçà des besoins. La Banque africaine de développement estime que l’Afrique devra mobiliser 277 milliards USD par an d’ici 2030 pour répondre à ses besoins d’adaptation climatique.
À cela s’ajoute la complexité même du secteur. Comme le souligne Africa: The Big Deal, la Climate Tech englobe un large éventail de cas d'utilisation plutôt qu'un secteur singulier, ce qui nécessite des niveaux supplémentaires de suivi des investissements.
Pour permettre une montée en puissance efficace, il est essentiel de développer les compétences locales, d’intensifier l’implantation des infrastructures numériques, d’organiser les données climatiques et de les intégrer pleinement dans les stratégies et décisions publiques.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La modernisation de l'administration en Algérie fait partie des priorités de la stratégie numérique 2030, en cours de finalisation. Dans ce cadre, les travaux publics amorcent leur transition pour améliorer la gestion, le suivi et l'efficacité des projets d'infrastructure.
Le ministère algérien des Travaux publics et des Infrastructures de base prévoit le lancement prochain d’un portail numérique et d’un système d’information centralisé pour le suivi des projets d’infrastructure à travers le pays. L’annonce a été faite le samedi 19 juillet à Alger par le ministre Lakhdar Rekhroukh (photo), à l’occasion d’une journée d’étude sur l’efficacité des dépenses publiques dans le secteur.
« Ce système constituera un véritable tableau de bord facilitant la prise de décisions instantanées, afin d’améliorer la performance dans la réalisation », a déclaré le ministre. Il a précisé que la plateforme numérique permettra de suivre avec précision chaque étape des projets, aussi bien au niveau central que local, en offrant une vision globale en temps réel sur l’état d’avancement des travaux.
Concrètement, les deux outils numériques permettront de détecter rapidement les retards ou les dépassements de coûts, tout en fournissant des données exploitables aux différents niveaux de décision. Ce système sera accessible aux responsables administratifs, aux ingénieurs de projet, aux organes de contrôle financier, ainsi qu’aux parties prenantes locales, afin d'assurer un pilotage plus efficace et plus transparent des projets.
La démarche s’inscrit dans une stratégie plus large de numérisation de la commande publique, amorcée depuis plusieurs années en Algérie. Elle intervient dans un contexte où le secteur des infrastructures fait face à de multiples défis, notamment des retards chroniques, des hausses imprévues des coûts, et une faible transparence dans le suivi des projets. Ces problèmes freinent la performance des investissements publics et pèsent sur le budget de l’État.
La plateforme développée par la Caisse nationale d’équipement pour le développement (CNED), bras technique du Trésor public, intègre des indicateurs de performance, des outils de reporting automatisés et permet de lier les dépenses aux progrès réels sur le terrain.
En rendant l’information accessible de manière centralisée et instantanée, le système numérique devrait permettre de mieux maîtriser les coûts, respecter les délais et renforcer la transparence dans l’utilisation des fonds publics. Il s’agit également de poser les bases d’une gouvernance plus efficace des investissements et d’améliorer la qualité globale des infrastructures livrées.
Samira Njoya
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Face à la prolifération des faux diplômes et aux lenteurs administratives, la RDC mise sur le numérique et la blockchain pour restaurer la confiance dans son système éducatif.
La République démocratique du Congo a officiellement lancé « e-Diplôme », une plateforme numérique destinée à dématérialiser et sécuriser l’émission des diplômes d’État grâce à la technologie blockchain. L’annonce a été faite à l'issue du Conseil des ministres tenu le vendredi 18 juillet à Kinshasa.
« La plateforme e-Diplôme constitue un tournant décisif dans la modernisation du système éducatif congolais. Cette avancée majeure vers la transparence, la modernisation et la souveraineté numérique positionne le système éducatif de la RDC comme un modèle de gouvernance en Afrique centrale », a déclaré le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya Katembwe (photo, à droite).
Accessible via la plateforme www.schoolap.cd, le système introduit une gestion centralisée, numérique et hautement sécurisée des diplômes d’État. Chaque titre académique sera enregistré et authentifié par la technologie blockchain, permettant une vérification immédiate en ligne par les diplômés, les employeurs, les universités ou encore les ambassades. Le dispositif garantit aussi un archivage permanent, à l’abri des pertes de données et de la détérioration physique.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte où la fraude aux diplômes reste un défi majeur pour les institutions éducatives congolaises et africaines en général. Elle intervient dans le cadre plus large des réformes engagées par le gouvernement pour moderniser l’administration publique et promouvoir la souveraineté numérique, notamment par la numérisation des services essentiels.
En supprimant la dépendance aux documents papier et aux processus manuels, e-Diplôme devrait permettre de fluidifier les échanges entre les administrations éducatives, les établissements et les recruteurs. Le dispositif devrait réduire les délais de vérification, limiter les erreurs humaines et simplifier les démarches des diplômés. À l’échelle du marché du travail, il devrait également contribuer à restaurer la crédibilité des titres délivrés en RDC et freiner la circulation des faux diplômes, souvent responsables d’un climat de méfiance et d’obstacles à l’insertion professionnelle.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Face aux défis de la transformation numérique, les partenariats stratégiques entre pays deviennent essentiels pour partager expertises, technologies et bonnes pratiques. En Afrique, cette coopération permet d’accélérer la modernisation des services publics et le renforcement des capacités.
En marge de la 60ᵉ session du conseil d’administration du Centre africain de formation et de recherche en administration pour le développement (CAFRAD), tenue le mardi 15 juillet à Rabat, le ministre camerounais de la Fonction publique et de la Réforme administrative, Joseph Lé (photo, à droite), a été reçu en audience par son homologue marocaine, Amal El Fallah Seghrouchni (photo, à gauche), chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration.
Lors de cet entretien, les deux responsables ont convenu de renforcer la coopération entre le Cameroun et le Maroc dans le domaine de la transformation numérique des administrations publiques. Parmi les pistes de collaboration évoquées figure l’organisation future d’assises africaines sur la modernisation de l’administration, en mettant particulièrement l’accent sur l’intelligence artificielle (IA) comme levier de performance, de transparence et d’efficacité dans la gouvernance publique.
Cette rencontre s’inscrit dans la mise en œuvre des réformes administratives engagées au Cameroun. À cet effet, le pays a lancé début 2025 le progiciel AIGLES (Application informatique de gestion logique des effectifs et de la solde), un outil numérique intégré qui permet de centraliser la gestion des carrières et de la solde des agents publics. Ce système, salué pour sa capacité à rationaliser la gestion des ressources humaines dans l’administration, incarne les efforts du gouvernement pour numériser les processus internes.
Le Maroc, qui se positionne comme l’un des pays africains les plus avancés en matière d’intelligence artificielle et de e-gouvernement, pourrait jouer un rôle clé dans l’accompagnement technique du Cameroun, en partageant son expertise dans la dématérialisation des services publics, le développement de systèmes intelligents et la formation des agents de l’État.
Le Cameroun reste en effet confronté à des défis en matière de gouvernance numérique. Selon le rapport 2024 des Nations Unies sur le développement de l’administration en ligne (E-Government Development Index), le pays se classe 155ᵉ sur 193, avec un indice de 0,4294, bien en dessous de la moyenne mondiale, établie à 0,6382. Ce partenariat avec le Maroc pourrait ainsi représenter une opportunité stratégique pour rattraper ce retard et inscrire durablement l’administration camerounaise dans l’ère du numérique intelligent.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Dans un contexte de baisse des investissements à destination des start-up africaines, une initiative portée par Village Capital avec le soutien de ses partenaires entend renforcer les écosystèmes entrepreneuriaux africains en misant sur des solutions locales adaptées aux enjeux sociaux et climatiques.
Alors que les financements en capital-risque ont reculé de près de 50 % sur le continent africain en 2023, selon les données de Partech Africa, Village Capital, en partenariat avec la Banque néerlandaise de développement entrepreneurial (FMO) et l’Agence néerlandaise pour les entreprises (RVO), a lancé le mardi 15 juillet une initiative visant à renforcer les écosystèmes d’innovation là où les capitaux peinent à affluer.
Baptisée Africa Ecosystem Catalysts Facility (AECF), cette facilité dotée de 4 millions de dollars entend appuyer des start-up locales en phase de démarrage, via un mécanisme original : le financement indirect à travers des organisations de soutien aux entrepreneurs (OEN) implantées localement.
Cinq OEN opérant au Ghana, au Nigeria et en Tanzanie ont été sélectionnées dans le cadre du programme, à savoir Reach for Change, Africa Fintech Foundry, Fate Foundation, Anza Entrepreneurs et Ennovate Ventures. Elles auront pour mission d’accompagner les jeunes pousses développant des solutions à fort impact en matière d’inclusion économique, d’accès à l’emploi, à l’énergie propre ou à des infrastructures résilientes au climat.
« Ce modèle nous permet d’investir sur tous les marchés tout en restant ancrés dans les réalités locales. Pour nous, il ne s’agit pas seulement d’approvisionnement, il s’agit de réaliser des investissements plus intelligents et plus informés en travaillant aux côtés de ceux qui construisent déjà et renforcent leurs communautés entrepreneuriales », a expliqué Nathaly Botero, directrice de l’innovation chez Village Capital.
L’approche intégrée de l’AECF repose sur une collaboration étroite avec les écosystèmes entrepreneuriaux locaux, afin de structurer les financements de manière adaptée et mieux orienter les capitaux vers les secteurs critiques. Il s’agit ainsi de combler le fossé entre les solutions innovantes développées par des start-up africaines et la rareté des fonds disponibles pour assurer leur passage à l’échelle.
Cette stratégie s’inscrit dans une dynamique où les acteurs internationaux privilégient de plus en plus les partenariats locaux pour maximiser l’impact des investissements. En ciblant des solutions spécifiques aux contextes africains et portées par des acteurs enracinés dans le tissu économique local, Village Capital espère catalyser un changement systémique durable.
Samira Njoya
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De plus en plus de gouvernements misent sur les chatbots pour moderniser leur communication et améliorer l’accès des citoyens à l’information publique. Cette tendance marque une volonté d’instaurer une relation plus directe, interactive et continue entre l’État et la population.
Le gouvernement gabonais a annoncé, mardi 15 juillet, le lancement de Missamou, un assistant virtuel accessible via Facebook Messenger. Présenté comme le premier chatbot dédié à la communication gouvernementale dans le pays, Missamou permet aux citoyens de poser des questions, de consulter les actualités officielles, d’accéder aux services publics disponibles et de s’informer sur les procédures administratives, en temps réel, 24h/24.
Reposant sur des technologies de traitement automatique du langage naturel (NLP), Missamou est conçu pour comprendre les requêtes formulées en langage courant et y répondre instantanément, en s’appuyant sur des bases de données officielles. Cette approche permet de fluidifier les échanges avec l’administration, tout en désengorgeant les canaux traditionnels comme les centres d’appels ou les guichets physiques.
Ce déploiement s’inscrit dans une stratégie plus large de transformation numérique de l’administration gabonaise, fondée sur les principes de transparence, d’ouverture des données et d’inclusion numérique. En choisissant une plateforme populaire comme Facebook Messenger, l’exécutif vise une adoption massive, notamment par les jeunes, qui représentent la majorité des utilisateurs de réseaux sociaux dans le pays.
Avec Missamou, le Gabon ambitionne de renforcer la diffusion de l’information institutionnelle, de simplifier l’accès aux services publics et de stimuler la participation citoyenne. Cette initiative s’inscrit dans une tendance régionale plus large. En 2023, le Bénin a lancé GPT-BJ, un assistant conversationnel plus avancé, conçu pour répondre aux questions complexes portant sur les principaux textes juridiques béninois (Code général des impôts, Code du travail, Code du numérique, Code pénal, etc.). Développé par l’Agence des Systèmes d’Information et du Numérique (ASIN), GPT-BJ a été salué comme un outil innovant d’accès au droit et d’appui à la bonne gouvernance.
Le Gabon emboîte ainsi le pas à ces expériences prometteuses, en explorant les potentiels de l’intelligence artificielle pour une gouvernance plus connectée, proactive et centrée sur l’usager.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La digitalisation des services de protection sociale transforme l’accès aux soins, améliorant la qualité, la transparence et l’inclusion. En modernisant les outils numériques, les systèmes sociaux deviennent plus efficaces, accessibles et mieux adaptés aux besoins des populations vulnérables.
La Caisse Nationale de Solidarité en Santé (CNASS), régime d’assurance maladie volontaire à vocation sociale en Mauritanie, a annoncé le mardi 15 juillet la signature d’une convention de coopération avec l’Agence Numérique de l’État (AN-ETAT). L’initiative marque le début d’un partenariat en faveur de la transformation numérique du système de protection sociale du pays.
Signature d’une convention CNASS ✍🏽 AN-ETAT
— Caisse Nationale de Solidarité en Santé-CNASS (@CNASSMauritanie) July 15, 2025
La CNASS et l’Agence Numérique de l’État unissent leurs forces pour accélérer la transformation numérique du système de santé.
- Infrastructure digitale⁰- Solutions modernes⁰- Inclusion numérique pour tous#Mauritanie #Cnass #Santé pic.twitter.com/ncHsJ9JzNH
Selon le communiqué de la CNASS, la convention vise plusieurs objectifs concrets, parmi lesquels le renforcement et la sécurisation de son infrastructure numérique, l’adoption de solutions modernes pour améliorer l’accès et la qualité des services, ainsi que le partage d’expertises technologiques entre les deux institutions. L’objectif commun est d’assurer une inclusion numérique renforcée, notamment en intégrant les populations peu familiarisées avec les outils digitaux.
Cette collaboration s’inscrit dans un contexte national de transformation accélérée des services publics. Pour la CNASS, elle s’intègre pleinement dans sa future stratégie de numérisation 2025–2030, actuellement en cours d’élaboration. Cette stratégie vise à améliorer la qualité des services rendus, renforcer la coordination avec les prestataires de soins, assurer une meilleure traçabilité des prestations et répondre plus efficacement aux besoins des populations vulnérables.
En Mauritanie, la CNASS constitue un levier central de la politique de protection sociale, en particulier pour l’extension de la couverture santé aux travailleurs du secteur informel. En s’alliant à l’Agence Numérique de l’État, l’organe opérationnel chargé de déployer la politique nationale de numérisation, elle franchit une nouvelle étape vers une gestion plus efficiente, transparente et interconnectée.
À terme, ce partenariat devrait permettre de fluidifier les services, accroître la fiabilité des données et renforcer la transparence dans la gestion de l’assurance maladie. Il devrait également améliorer l’expérience des assurés en facilitant l’accès à distance aux prestations, tout en posant les bases d’une protection sociale plus inclusive, moderne et durable pour l’ensemble des Mauritaniens.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La pénurie de main-d'œuvre qualifiée dans le secteur numérique en Afrique constitue un frein majeur à la croissance économique. En Côte d’Ivoire, des initiatives se multiplient pour former les jeunes aux métiers du numérique et renforcer l’écosystème technologique national.
La Côte d’Ivoire va accueillir dans les prochains mois le premier campus Ynov en Afrique subsaharienne. C’est ce que prévoit l’accord signé entre le Village des Technologies de l’Information et de la Biotechnologie (VITIB), situé à Grand-Bassam, et le groupe français Ynov Campus, spécialiste de la formation aux métiers du numérique.
Le partenariat, officialisé en marge de la première édition de l’Ivoire Tech Forum, organisée du mercredi 9 au vendredi 11 juillet à Abidjan, vise à former une nouvelle génération de talents numériques ivoiriens et ouest-africains dans des domaines clés tels que le développement web, la data science, le design numérique, l’audiovisuel, la cybersécurité ou encore l’intelligence artificielle.
Un second accord signé avec la Fondation Magic System prévoit quant à lui la création de la VITIB Digital Academy, une académie numérique avec pour objectif de renforcer les compétences numériques locales, favoriser l’insertion professionnelle des jeunes et stimuler l’employabilité dans les filières numériques d’avenir.
Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre du plan de développement ambitieux du VITIB, qui abrite déjà 96 entreprises, 5 datacenters, un guichet unique pour les formalités d’implantation des entreprises. Son plan stratégique 2023–2028, estimé à 180 milliards FCFA (320 millions), vise à transformer le site en une ville intelligente intégrée, avec pour ambition de créer 40 000 emplois et attirer 1,6 milliard USD d’investissements.
Dans un contexte de transformation numérique accélérée, la Côte d’Ivoire entend ainsi se doter d’un vivier de compétences qualifiées, capable de répondre aux standards internationaux. Dans les prochaines années, selon les projections du ministère de la Transition numérique, le pays devrait former massivement des professionnels dans les secteurs de la cybersécurité, du cloud computing, de la gestion des données, de la programmation avancée ou encore de l’IA appliquée aux services publics et aux industries. La montée en compétences est désormais une priorité nationale pour soutenir la croissance des start-up, favoriser la souveraineté numérique et garantir une intégration active dans l’économie numérique régionale.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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BigData, IA et services publics : la Côte d’Ivoire initie un partenariat avec G42 Presight
La transformation numérique s’accélère en Côte d’Ivoire avec le renforcement des partenariats internationaux. L’innovation technologique, notamment autour du Big Data et de l’intelligence artificielle, s’affirme comme un levier stratégique pour moderniser les services publics et soutenir le développement économique.
En marge de la première édition de l’Ivoire Tech Forum, organisée du mercredi 9 au vendredi 11 juillet à Abidjan, le gouvernement ivoirien a signé deux protocoles d’accord non contraignants avec la société G42 Presight, filiale du conglomérat technologique émirati G42, spécialisée dans l’analyse de données massives et l’intelligence artificielle.
Ces accords portent, d’une part, sur la mise en place d’un cadre de collaboration pour la réforme et la numérisation de l’administration publique, signé avec le ministère d’État chargé de la Fonction publique et de la Modernisation de l’Administration, et, d’autre part, sur le développement d’une stratégie nationale du numérique, en partenariat avec le ministère de la Transition numérique et de la Digitalisation.
Cette initiative intervient à un moment stratégique, alors que la Stratégie nationale de développement numérique (SNDN) de la Côte d’Ivoire arrive à échéance en 2025. Lancée il y a cinq ans, cette stratégie visait à renforcer l’inclusion digitale, la cybersécurité et le développement des infrastructures numériques. Elle a notamment permis le déploiement de plus de 5207 km de fibre optique, la mise en place de plusieurs guichets uniques de services publics en ligne, ainsi que l’opérationnalisation de l’Agence nationale de la cybersécurité.
En matière d’intelligence artificielle, le pays s’est également doté d’une stratégie dédiée à la gestion des données, visant à bâtir une administration plus performante, accessible et résiliente, capable de relever les défis de la gouvernance numérique du XXIᵉ siècle.
Bien que non contraignants, ces protocoles posent les bases d’une coopération technologique renforcée entre Abidjan et Abu Dhabi. À travers cette alliance, la Côte d’Ivoire entend tirer parti de l’expertise de G42 Presight, qui a déjà accompagné des projets en Égypte et au Rwanda en matière de Big Data, d’IA et de gouvernance intelligente. L’objectif est d’améliorer la qualité des services publics, accroître la transparence de l’action publique et optimiser la prise de décision au sein de l’État.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Alors que les États africains misent sur la transformation numérique pour moderniser leurs systèmes de santé, les dossiers patients informatisés (DPI) émergent comme un outil stratégique. Leur déploiement, encore inégal, progresse néanmoins dans un contexte de numérisation croissante des services publics.
Selon un rapport publié en 2023 par le cabinet de conseil McKinsey & Company, les outils de santé numériques, téléconsultations, dossiers patients informatisés, applications de gestion des maladies chroniques pourraient permettre aux systèmes de santé africains de réduire jusqu’à 15 % de leurs dépenses totales. Ce potentiel d’efficience, combiné à la nécessité de moderniser les services de santé, alimente l’intérêt croissant des gouvernements pour ces dispositifs numériques, désormais considérés comme des piliers des stratégies nationales d’e-santé.
Conçus pour centraliser et sécuriser les données médicales, les DPI facilitent le suivi des patients, la coordination des soins et réduisent les erreurs médicales. En remplaçant les dossiers papier, sources fréquentes de pertes d’informations ou de retards, ils apportent une réponse concrète aux besoins de modernisation du secteur.
Mais leur utilité dépasse le cadre strict de la qualité des soins. Les DPI fournissent aux autorités sanitaires des données en temps réel, essentielles pour anticiper, surveiller et gérer les épidémies, ou encore appuyer les politiques de santé publique.
Des projets pilotes en cours dans plusieurs pays
Si certains pays progressent lentement, d’autres enregistrent des avancées significatives. En Côte d’Ivoire, les établissements dotés de DPI ont généré, en 2024, plus de 1,25 milliard FCFA (2,2 millions USD) de recettes médicales, entièrement tracées grâce à une plateforme numérique, selon la Direction de l’Informatique et de la Santé digitale. Par ailleurs, plus de 268 établissements de santé sont connectés au Système d’Information Hospitalier (SIH) et au DPI.
D’autres États africains suivent la même dynamique. Le Sénégal, le Rwanda, le Ghana et le Kenya ont chacun mis en place des systèmes similaires. Au Nigeria, des tests sont actuellement menés pour assurer l’interopérabilité entre les DPI et la base de données du régime national d’assurance maladie.
Un marché mondial en pleine expansion
D’après les prévisions de l'entreprise de conseil et d'intelligence de marché Mordor Intelligence, le marché mondial des dossiers médicaux électroniques (DME/DPI) atteindra 42,10 milliards USD d’ici 2029, contre 32,82 milliards en 2024, avec un taux de croissance annuel moyen estimé à 5,11 %. La pandémie de Covid-19 a agi comme un catalyseur, accélérant la digitalisation des soins et soulignant l’importance d’un accès rapide, fiable et sécurisé aux données cliniques.
Cette croissance est également portée par les avancées technologiques, la volonté politique en faveur de la numérisation, ainsi qu’une accessibilité croissante à ces solutions, même dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Des défis persistants à relever
Malgré ce potentiel, la généralisation des DPI dans les pays africains se heurte à plusieurs freins. L’accès limité à Internet, notamment dans les zones rurales, reste un obstacle majeur. En 2024, seuls 38 % des Africains étaient connectés, selon l’Union internationale des télécommunications. La formation du personnel de santé constitue un autre enjeu crucial : sans une maîtrise des outils numériques, leur fiabilité et leur adoption restent limitées. À cela s’ajoute la question sensible de la protection des données médicales. À ce jour, seuls 40 pays africains disposent d’un cadre législatif sur la protection des données personnelles, et les mécanismes de cybersécurité restent encore largement insuffisants. Or, la confiance des patients et des professionnels repose fondamentalement sur la sécurité des informations médicales.
Vers une gouvernance panafricaine de la santé numérique
Pour surmonter ces obstacles, une coordination renforcée entre les pays africains apparaît nécessaire. L’harmonisation des normes, l’interopérabilité des systèmes et la définition de standards communs en matière de sécurité des données permettraient de bâtir une base solide pour une e-santé cohérente et durable à l’échelle continentale.
La généralisation des DPI pourrait ainsi transformer en profondeur les systèmes de santé africains. À condition que les États investissent dans les infrastructures numériques, la formation des professionnels et la protection des données. Les DPI ne doivent pas être perçus comme un simple outil technologique, mais comme une composante structurante d’une politique de santé publique moderne, résiliente et inclusive.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En Afrique, le numérique suscite de grands espoirs pour l’évolution sociale et économique. Pourtant, son développement reste entravé par des défis structurels majeurs, limitant ses bénéfices.
En Afrique, la numérisation, mesurée par l’accès aux câbles sous-marins et la possession de téléphone mobile, augmente la probabilité de mobilité professionnelle ascendante et diminue le risque de déclassement. C’est ce que révèle le rapport « Digitalization: A Catalyst for Intergenerational Occupational Mobility? », publié en mai 2025 par le Fonds monétaire international (FMI).
Selon cette étude, faite sur un échantillon de plus de 28 millions de personnes dans 27 pays africains, la connexion aux câbles sous-marins augmente la probabilité de mobilité professionnelle ascendante de 17,5 à 26,7 points de pourcentage et diminue le risque de déclassement de 17,8 à 36,7 points. La possession d’un téléphone mobile accroît les chances de mobilité ascendante de 8 à 10,7 points et réduit le risque de déclassement de 13 à 17,4 points. Ces résultats illustrent l’impact potentiel du numérique sur les trajectoires professionnelles en Afrique.
Des effets mesurés, des écarts persistants
D’après le FMI, la dynamique varie fortement selon les pays. À Maurice, 75 % des enfants de travailleurs agricoles accèdent à des emplois qualifiés ou de cadres, contre seulement 2 % au Burkina Faso. Le taux moyen de mobilité ascendante atteint 19 %, tandis que le déclassement concerne 28 % des individus. Ces écarts s’expliquent par des différences d’infrastructures, de politiques publiques et de stabilité institutionnelle.
Pays | Mobilité ascendante | Mobilité descendante |
Maurice | 0,75 | 0,10 |
Afrique du Sud | 0,48 | 0,14 |
Botswana | 0,46 | 0,23 |
Burkina Faso | 0,02 | 0,46 |
Moyenne | 0,19 | 0,28 |
Source : FMI, 2025
Le numérique, un catalyseur sous conditions
Le FMI insiste sur le fait que l’effet du numérique dépend fortement du contexte institutionnel et des politiques publiques. La digitalisation n’est un levier de mobilité sociale que si elle s’inscrit dans un environnement institutionnel solide et des politiques publiques volontaristes. Le rapport montre que l’impact positif du numérique est amplifié dans les pays où les gouvernements investissent dans les infrastructures et promeuvent activement les technologies de l’information et de la communication (TIC). À l’inverse, l’absence de ces catalyseurs limite l’effet du numérique sur la mobilité sociale.
Des fractures numériques et sociales persistantes
Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), en 2024, seuls 38 % des Africains sont connectés à Internet, avec de fortes disparités entre milieux urbain (57 %) et rural (23 %). L’Union note aussi que 43 % des hommes utilisent Internet contre seulement 31 % des femmes, révélant une fracture numérique de genre persistante.
L’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA) souligne que les pressions fiscales auxquelles sont soumis les opérateurs de téléphonie mobile freinent aussi l’adoption des outils numériques par les populations vulnérables. Elle insiste sur la nécessité de politiques ciblées pour réduire ces barrières structurelles et éviter que le numérique ne devienne un facteur d’exclusion supplémentaire.
Gouvernance et politiques publiques : des progrès inégaux
De nombreux pays africains ont adopté des stratégies nationales pour le numérique, mais seuls 18 % disposent d’une régulation avancée du secteur, selon l’UIT. Les cadres réglementaires restent hétérogènes, notamment sur la protection des données et la cybersécurité. Des coupures majeures de câbles sous-marins en 2024 ont mis en évidence la dépendance du continent à des infrastructures internationales et la vulnérabilité de la connectivité.
Des initiatives existent : subventions à l’équipement, programmes de formation, réseaux communautaires. Mais leur portée reste limitée face à l’ampleur des besoins et à la rapidité des évolutions technologiques.
Des experts appellent à la prudence
Des experts de la Banque mondiale et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) mettent en garde contre une vision trop technophile. Selon eux, la digitalisation ne garantit pas automatiquement la création d’emplois de qualité ni la réduction des inégalités.
L’automatisation et l’essor des plateformes numériques risquent d’exclure une partie de la population du marché du travail, faute de compétences adaptées. Le risque, selon le rapport sur l’avenir du travail en Afrique, est que seuls les travailleurs déjà qualifiés bénéficient de ces transformations.
Perspectives et enjeux
Selon le rapport du FMI, le potentiel du numérique ne se réalisera que si les États africains investissent dans l’éducation, l’infrastructure et la gouvernance, tout en veillant à ne pas laisser les populations les plus vulnérables au bord du chemin. Passer du 25e au 75e percentile de l’indice de qualité institutionnelle augmente la probabilité de mobilité ascendante de 8,8 points et réduit celle de déclassement de 3,2 points. Un score élevé de réussite gouvernementale dans la promotion des TIC accroît la mobilité ascendante de 5,3 points et réduit le déclassement de 22 points, ajoute le FMI.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Nomadisme numérique : une opportunité à saisir pour les économies africaines
Avec la transformation numérique qui s’accélère, les pays africains misent davantage sur le développement des compétences numériques de leurs populations. Ce savoir-faire devient essentiel pour saisir les opportunités d’emploi et d’innovation dans l’économie digitale.
Le gouvernement tchadien a annoncé une formation gratuite sur l’intelligence artificielle (IA) destinée à 2000 jeunes âgés de 15 à 35 ans, qui se tiendra du 4 au 14 août. L’initiative a été révélée le jeudi 10 juillet par Boukar Michel, ministre de l’Économie numérique, lors d’une conférence de presse à N’Djamena.
Sur son site web, l’Agence de développement des TIC (ADETIC), partenaire sur le projet, précise que « cette initiative vise à renforcer les capacités nationales dans le domaine stratégique de l’IA, en dotant les participants de compétences pratiques et théoriques sur les technologies émergentes, les enjeux éthiques et les opportunités de développement durable qu’offre l’intelligence artificielle ». Le programme est mis en œuvre avec d’autres partenaires comme la Chaire UNESCO pour l’Afrique centrale, la Banque mondiale, l’École nationale supérieure des TIC (ENASTIC) et Safitel Chad.
Cette initiative traduit une volonté des autorités tchadiennes de préparer la jeunesse aux métiers d’avenir dans un contexte de révolution numérique. Selon les données de la Banque mondiale, 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030. Pour les autorités, cette formation représente une passerelle vers l’emploi, l’innovation et l’entrepreneuriat numérique avec la création de start-up.
Pour rappel, le Tchad comptait 20,7 millions d’habitants au début de l’année 2025, selon la plateforme DataReportal. La population est majoritairement jeune : 79,8 % a moins de 35 ans, et 38,7 % se situe dans la tranche des 13 à 34 ans, cœur de cible de la formation. Pourtant, cette jeunesse reste largement sous-employée. D’après la Banque mondiale, si le taux de chômage des jeunes était estimé à seulement 2 % en 2021, le taux d’inactivité atteint 62,3 %. De plus, 37,4 % des jeunes ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation.
Malgré les opportunités que présente cette formation, plusieurs questions restent en suspens. Le mode d’organisation, qu’il soit en présentiel ou à distance, n’a pas encore été clairement défini. Dans le cas d’un déroulement en ligne, l’équipement numérique des bénéficiaires ainsi que leur capacité à disposer d’une connexion stable et abordable pourraient influencer leur participation effective. Par ailleurs, la durée de la formation soulève aussi des questions sur le niveau des modules proposés et la valeur réelle de la certification sur le marché de l’emploi tchadien et international. L’adaptation de ce programme au contexte local, ainsi que la possibilité d’organiser de nouvelles sessions pour toucher un public plus large, restent également à clarifier.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Après le lancement de sa stratégie numérique, le Sénégal veut attirer des investisseurs pour concrétiser ses projets. Les États-Unis, acteur clé de la tech mondiale, représentent un partenaire stratégique pour faire du pays un hub numérique en Afrique.
En marge du mini-sommet économique organisé à la Maison-Blanche par le président américain, Donald Trump (photo, à gauche), le chef de l'État sénégalais, Bassirou Diomaye Faye (photo, à droite), a rencontré, le mercredi 9 juillet, son homologue américain, en compagnie de plusieurs dirigeants africains et d’investisseurs américains. À cette occasion, il a présenté une série de projets stratégiques nécessitant des investissements structurants, dont un projet phare : la création d’une ville numérique en bord de mer à Dakar.
Prévue sur un site de 40 hectares en bord de mer, la ville numérique que souhaite développer le Sénégal ambitionne de transformer Dakar en un hub technologique majeur en Afrique, à l’image d’une Silicon Valley africaine, ouverte à l’innovation mondiale. L'objectif est d'attirer les plus grandes entreprises américaines du secteur, notamment dans l’intelligence artificielle, la cybersécurité, les fintech et le cloud computing.
Ce projet s’inscrit dans la vision portée par le New Deal Technologique, lancé par les autorités sénégalaises, qui prévoit de faire du numérique un pilier du développement économique. Avec une enveloppe de plus de 1105 milliards FCFA (environ 2 milliards de dollars), cette stratégie vise à moderniser les infrastructures numériques, soutenir les start-up et étendre la connectivité sur l’ensemble du territoire.
En présentant ce projet à la Maison-Blanche, le président Faye cherche à créer un effet d’entraînement auprès des investisseurs américains, en positionnant le Sénégal comme une porte d’entrée stable, innovante et dynamique vers l’Afrique numérique. Si les financements sont mobilisés et les partenariats conclus, cette future ville pourrait devenir un levier de transformation pour l’écosystème technologique ouest-africain, tout en contribuant à la création d’emplois qualifiés et à l’insertion du pays dans l’économie mondiale de demain.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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