En Afrique, l’e-commerce connaît un essor rapide porté par une population jeune et connectée. La Mauritanie, qui peine encore à exploiter pleinement ce potentiel, veut combler son retard et capitaliser sur ce marché en pleine expansion.
Le gouvernement mauritanien, via le ministère de la Transformation numérique, de l’Innovation et de la Modernisation de l’administration, appuyé par la Coopération allemande (GIZ), a officiellement validé le mardi 28 octobre sa Stratégie nationale de commerce électronique 2026–2030. Le document marque une étape décisive dans la mise en place d’un commerce digital plus inclusif, durable et compétitif.
La feuille de route prévoit, entre autres, de faciliter l’accès des femmes entrepreneures aux marchés en ligne, de favoriser la création d’emplois pour les jeunes à travers le freelancing et les plateformes numériques, d’intégrer les petits commerçants dans l’économie formelle par la numérisation, et d’améliorer les recettes fiscales de l’État par une meilleure traçabilité des transactions. Ces ambitions reposent sur un marché encore émergent, où le taux de pénétration d’Internet atteint 37,4 % en 2025.
Cette stratégie s’inscrit dans un contexte de transformation numérique accélérée, alors que le marché africain du commerce électronique devrait croître de 105 % d’ici 2030, passant de 55 à 112,73 milliards de dollars selon les estimations de TechCabal Insights. La Mauritanie entend tirer parti de cette dynamique pour stimuler sa compétitivité et positionner son économie dans les chaînes de valeur régionales du numérique.
Cependant, la réussite de la mise en œuvre dépendra de la capacité du pays à surmonter plusieurs défis structurels, dont une couverture mobile et Internet encore inégale, une forte dépendance aux paiements en espèces et un faible taux de bancarisation. Selon la CNUCED, l’inclusion financière en Mauritanie demeure limitée à 20,9 %, avec des disparités notables entre les genres (15,5 % pour les femmes) et les jeunes (13,1 %).
La stratégie ambitionne ainsi de créer un environnement propice à l’essor du commerce électronique national. Elle pourra aider à renforcer l’inclusion numérique, élargir l’accès aux plateformes numériques pour les acteurs économiques marginalisés, améliorer la transparence des flux financiers et accroître les recettes publiques grâce à la formalisation des échanges. À terme, elle vise à permettre à la Mauritanie de bâtir un écosystème e-commerce structuré, compétitif et porteur de croissance durable.
Samira Njoya
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