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La transformation numérique s’accélère en Côte d’Ivoire avec le renforcement des partenariats internationaux. L’innovation technologique, notamment autour du Big Data et de l’intelligence artificielle, s’affirme comme un levier stratégique pour moderniser les services publics et soutenir le développement économique.

En marge de la première édition de l’Ivoire Tech Forum, organisée du mercredi 9 au vendredi 11 juillet à Abidjan, le gouvernement ivoirien a signé deux protocoles d’accord non contraignants avec la société G42 Presight, filiale du conglomérat technologique émirati G42, spécialisée dans l’analyse de données massives et l’intelligence artificielle.

Ces accords portent, d’une part, sur la mise en place d’un cadre de collaboration pour la réforme et la numérisation de l’administration publique, signé avec le ministère d’État chargé de la Fonction publique et de la Modernisation de l’Administration, et, d’autre part, sur le développement d’une stratégie nationale du numérique, en partenariat avec le ministère de la Transition numérique et de la Digitalisation.

Cette initiative intervient à un moment stratégique, alors que la Stratégie nationale de développement numérique (SNDN) de la Côte d’Ivoire arrive à échéance en 2025. Lancée il y a cinq ans, cette stratégie visait à renforcer l’inclusion digitale, la cybersécurité et le développement des infrastructures numériques. Elle a notamment permis le déploiement de plus de 5207 km de fibre optique, la mise en place de plusieurs guichets uniques de services publics en ligne, ainsi que l’opérationnalisation de l’Agence nationale de la cybersécurité.

En matière d’intelligence artificielle, le pays s’est également doté d’une stratégie dédiée à la gestion des données, visant à bâtir une administration plus performante, accessible et résiliente, capable de relever les défis de la gouvernance numérique du XXIᵉ siècle.

Bien que non contraignants, ces protocoles posent les bases d’une coopération technologique renforcée entre Abidjan et Abu Dhabi. À travers cette alliance, la Côte d’Ivoire entend tirer parti de l’expertise de G42 Presight, qui a déjà accompagné des projets en Égypte et au Rwanda en matière de Big Data, d’IA et de gouvernance intelligente. L’objectif est d’améliorer la qualité des services publics, accroître la transparence de l’action publique et optimiser la prise de décision au sein de l’État.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On lundi, 14 juillet 2025 13:47 Written by

Alors que les États africains misent sur la transformation numérique pour moderniser leurs systèmes de santé, les dossiers patients informatisés (DPI) émergent comme un outil stratégique. Leur déploiement, encore inégal, progresse néanmoins dans un contexte de numérisation croissante des services publics.

Selon un rapport publié en 2023 par le cabinet de conseil McKinsey & Company, les outils de santé numériques, téléconsultations, dossiers patients informatisés, applications de gestion des maladies chroniques pourraient permettre aux systèmes de santé africains de réduire jusqu’à 15 % de leurs dépenses totales. Ce potentiel d’efficience, combiné à la nécessité de moderniser les services de santé, alimente l’intérêt croissant des gouvernements pour ces dispositifs numériques, désormais considérés comme des piliers des stratégies nationales d’e-santé.

Conçus pour centraliser et sécuriser les données médicales, les DPI facilitent le suivi des patients, la coordination des soins et réduisent les erreurs médicales. En remplaçant les dossiers papier, sources fréquentes de pertes d’informations ou de retards, ils apportent une réponse concrète aux besoins de modernisation du secteur.

Mais leur utilité dépasse le cadre strict de la qualité des soins. Les DPI fournissent aux autorités sanitaires des données en temps réel, essentielles pour anticiper, surveiller et gérer les épidémies, ou encore appuyer les politiques de santé publique.

Des projets pilotes en cours dans plusieurs pays

Si certains pays progressent lentement, d’autres enregistrent des avancées significatives. En Côte d’Ivoire, les établissements dotés de DPI ont généré, en 2024, plus de 1,25 milliard FCFA (2,2 millions USD) de recettes médicales, entièrement tracées grâce à une plateforme numérique, selon la Direction de l’Informatique et de la Santé digitale. Par ailleurs, plus de 268 établissements de santé sont connectés au Système d’Information Hospitalier (SIH) et au DPI.

D’autres États africains suivent la même dynamique. Le Sénégal, le Rwanda, le Ghana et le Kenya ont chacun mis en place des systèmes similaires. Au Nigeria, des tests sont actuellement menés pour assurer l’interopérabilité entre les DPI et la base de données du régime national d’assurance maladie.

Un marché mondial en pleine expansion

D’après les prévisions de l'entreprise de conseil et d'intelligence de marché Mordor Intelligence, le marché mondial des dossiers médicaux électroniques (DME/DPI) atteindra 42,10 milliards USD d’ici 2029, contre 32,82 milliards en 2024, avec un taux de croissance annuel moyen estimé à 5,11 %. La pandémie de Covid-19 a agi comme un catalyseur, accélérant la digitalisation des soins et soulignant l’importance d’un accès rapide, fiable et sécurisé aux données cliniques.

Cette croissance est également portée par les avancées technologiques, la volonté politique en faveur de la numérisation, ainsi qu’une accessibilité croissante à ces solutions, même dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Des défis persistants à relever

Malgré ce potentiel, la généralisation des DPI dans les pays africains se heurte à plusieurs freins. L’accès limité à Internet, notamment dans les zones rurales, reste un obstacle majeur. En 2024, seuls 38 % des Africains étaient connectés, selon l’Union internationale des télécommunications. La formation du personnel de santé constitue un autre enjeu crucial : sans une maîtrise des outils numériques, leur fiabilité et leur adoption restent limitées. À cela s’ajoute la question sensible de la protection des données médicales. À ce jour, seuls 40 pays africains disposent d’un cadre législatif sur la protection des données personnelles, et les mécanismes de cybersécurité restent encore largement insuffisants. Or, la confiance des patients et des professionnels repose fondamentalement sur la sécurité des informations médicales.

Vers une gouvernance panafricaine de la santé numérique

Pour surmonter ces obstacles, une coordination renforcée entre les pays africains apparaît nécessaire. L’harmonisation des normes, l’interopérabilité des systèmes et la définition de standards communs en matière de sécurité des données permettraient de bâtir une base solide pour une e-santé cohérente et durable à l’échelle continentale.

La généralisation des DPI pourrait ainsi transformer en profondeur les systèmes de santé africains. À condition que les États investissent dans les infrastructures numériques, la formation des professionnels et la protection des données. Les DPI ne doivent pas être perçus comme un simple outil technologique, mais comme une composante structurante d’une politique de santé publique moderne, résiliente et inclusive.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On lundi, 14 juillet 2025 10:43 Written by

En Afrique, le numérique suscite de grands espoirs pour l’évolution sociale et économique. Pourtant, son développement reste entravé par des défis structurels majeurs, limitant ses bénéfices.

En Afrique, la numérisation, mesurée par l’accès aux câbles sous-marins et la possession de téléphone mobile, augmente la probabilité de mobilité professionnelle ascendante et diminue le risque de déclassement. C’est ce que révèle le rapport « Digitalization: A Catalyst for Intergenerational Occupational Mobility? », publié en mai 2025 par le Fonds monétaire international (FMI).

Selon cette étude, faite sur un échantillon de plus de 28 millions de personnes dans 27 pays africains, la connexion aux câbles sous-marins augmente la probabilité de mobilité professionnelle ascendante de 17,5 à 26,7 points de pourcentage et diminue le risque de déclassement de 17,8 à 36,7 points. La possession d’un téléphone mobile accroît les chances de mobilité ascendante de 8 à 10,7 points et réduit le risque de déclassement de 13 à 17,4 points. Ces résultats illustrent l’impact potentiel du numérique sur les trajectoires professionnelles en Afrique.

Des effets mesurés, des écarts persistants

D’après le FMI, la dynamique varie fortement selon les pays. À Maurice, 75 % des enfants de travailleurs agricoles accèdent à des emplois qualifiés ou de cadres, contre seulement 2 % au Burkina Faso. Le taux moyen de mobilité ascendante atteint 19 %, tandis que le déclassement concerne 28 % des individus. Ces écarts s’expliquent par des différences d’infrastructures, de politiques publiques et de stabilité institutionnelle.

Pays Mobilité ascendante Mobilité descendante
Maurice 0,75 0,10
Afrique du Sud 0,48 0,14
Botswana 0,46 0,23
Burkina Faso 0,02 0,46
Moyenne 0,19 0,28

Source : FMI, 2025

Le numérique, un catalyseur sous conditions

Le FMI insiste sur le fait que l’effet du numérique dépend fortement du contexte institutionnel et des politiques publiques. La digitalisation n’est un levier de mobilité sociale que si elle s’inscrit dans un environnement institutionnel solide et des politiques publiques volontaristes. Le rapport montre que l’impact positif du numérique est amplifié dans les pays où les gouvernements investissent dans les infrastructures et promeuvent activement les technologies de l’information et de la communication (TIC). À l’inverse, l’absence de ces catalyseurs limite l’effet du numérique sur la mobilité sociale.

Des fractures numériques et sociales persistantes

Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), en 2024, seuls 38 % des Africains sont connectés à Internet, avec de fortes disparités entre milieux urbain (57 %) et rural (23 %). L’Union note aussi que 43 % des hommes utilisent Internet contre seulement 31 % des femmes, révélant une fracture numérique de genre persistante.

L’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA) souligne que les pressions fiscales auxquelles sont soumis les opérateurs de téléphonie mobile freinent aussi l’adoption des outils numériques par les populations vulnérables. Elle insiste sur la nécessité de politiques ciblées pour réduire ces barrières structurelles et éviter que le numérique ne devienne un facteur d’exclusion supplémentaire.

Gouvernance et politiques publiques : des progrès inégaux

De nombreux pays africains ont adopté des stratégies nationales pour le numérique, mais seuls 18 % disposent d’une régulation avancée du secteur, selon l’UIT. Les cadres réglementaires restent hétérogènes, notamment sur la protection des données et la cybersécurité. Des coupures majeures de câbles sous-marins en 2024 ont mis en évidence la dépendance du continent à des infrastructures internationales et la vulnérabilité de la connectivité.

Des initiatives existent : subventions à l’équipement, programmes de formation, réseaux communautaires. Mais leur portée reste limitée face à l’ampleur des besoins et à la rapidité des évolutions technologiques.

Des experts appellent à la prudence

Des experts de la Banque mondiale et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) mettent en garde contre une vision trop technophile. Selon eux, la digitalisation ne garantit pas automatiquement la création d’emplois de qualité ni la réduction des inégalités.

L’automatisation et l’essor des plateformes numériques risquent d’exclure une partie de la population du marché du travail, faute de compétences adaptées. Le risque, selon le rapport sur l’avenir du travail en Afrique, est que seuls les travailleurs déjà qualifiés bénéficient de ces transformations.

Perspectives et enjeux

Selon le rapport du FMI, le potentiel du numérique ne se réalisera que si les États africains investissent dans l’éducation, l’infrastructure et la gouvernance, tout en veillant à ne pas laisser les populations les plus vulnérables au bord du chemin. Passer du 25e au 75e percentile de l’indice de qualité institutionnelle augmente la probabilité de mobilité ascendante de 8,8 points et réduit celle de déclassement de 3,2 points. Un score élevé de réussite gouvernementale dans la promotion des TIC accroît la mobilité ascendante de 5,3 points et réduit le déclassement de 22 points, ajoute le FMI.

Melchior Koba

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On lundi, 14 juillet 2025 09:33 Written by

Avec la transformation numérique qui s’accélère, les pays africains misent davantage sur le développement des compétences numériques de leurs populations. Ce savoir-faire devient essentiel pour saisir les opportunités d’emploi et d’innovation dans l’économie digitale.

Le gouvernement tchadien a annoncé une formation gratuite sur l’intelligence artificielle (IA) destinée à 2000 jeunes âgés de 15 à 35 ans, qui se tiendra du 4 au 14 août. L’initiative a été révélée le jeudi 10 juillet par Boukar Michel, ministre de l’Économie numérique, lors d’une conférence de presse à N’Djamena.

Sur son site web, l’Agence de développement des TIC (ADETIC), partenaire sur le projet, précise que « cette initiative vise à renforcer les capacités nationales dans le domaine stratégique de l’IA, en dotant les participants de compétences pratiques et théoriques sur les technologies émergentes, les enjeux éthiques et les opportunités de développement durable qu’offre l’intelligence artificielle ». Le programme est mis en œuvre avec d’autres partenaires comme la Chaire UNESCO pour l’Afrique centrale, la Banque mondiale, l’École nationale supérieure des TIC (ENASTIC) et Safitel Chad.

Cette initiative traduit une volonté des autorités tchadiennes de préparer la jeunesse aux métiers d’avenir dans un contexte de révolution numérique. Selon les données de la Banque mondiale, 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030. Pour les autorités, cette formation représente une passerelle vers l’emploi, l’innovation et l’entrepreneuriat numérique avec la création de start-up.

Pour rappel, le Tchad comptait 20,7 millions d’habitants au début de l’année 2025, selon la plateforme DataReportal. La population est majoritairement jeune : 79,8 % a moins de 35 ans, et 38,7 % se situe dans la tranche des 13 à 34 ans, cœur de cible de la formation. Pourtant, cette jeunesse reste largement sous-employée. D’après la Banque mondiale, si le taux de chômage des jeunes était estimé à seulement 2 % en 2021, le taux d’inactivité atteint 62,3 %. De plus, 37,4 % des jeunes ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation.

Malgré les opportunités que présente cette formation, plusieurs questions restent en suspens. Le mode d’organisation, qu’il soit en présentiel ou à distance, n’a pas encore été clairement défini. Dans le cas d’un déroulement en ligne, l’équipement numérique des bénéficiaires ainsi que leur capacité à disposer d’une connexion stable et abordable pourraient influencer leur participation effective. Par ailleurs, la durée de la formation soulève aussi des questions sur le niveau des modules proposés et la valeur réelle de la certification sur le marché de l’emploi tchadien et international. L’adaptation de ce programme au contexte local, ainsi que la possibilité d’organiser de nouvelles sessions pour toucher un public plus large, restent également à clarifier.

Isaac K. Kassouwi

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On vendredi, 11 juillet 2025 13:07 Written by

Après le lancement de sa stratégie numérique, le Sénégal veut attirer des investisseurs pour concrétiser ses projets. Les États-Unis, acteur clé de la tech mondiale, représentent un partenaire stratégique pour faire du pays un hub numérique en Afrique.

En marge du mini-sommet économique organisé à la Maison-Blanche par le président américain, Donald Trump (photo, à gauche), le chef de l'État sénégalais, Bassirou Diomaye Faye (photo, à droite), a rencontré, le mercredi 9 juillet, son homologue américain, en compagnie de plusieurs dirigeants africains et d’investisseurs américains. À cette occasion, il a présenté une série de projets stratégiques nécessitant des investissements structurants, dont un projet phare : la création d’une ville numérique en bord de mer à Dakar.

Prévue sur un site de 40 hectares en bord de mer, la ville numérique que souhaite développer le Sénégal ambitionne de transformer Dakar en un hub technologique majeur en Afrique, à l’image d’une Silicon Valley africaine, ouverte à l’innovation mondiale. L'objectif est d'attirer les plus grandes entreprises américaines du secteur, notamment dans l’intelligence artificielle, la cybersécurité, les fintech et le cloud computing.

Ce projet s’inscrit dans la vision portée par le New Deal Technologique, lancé par les autorités sénégalaises, qui prévoit de faire du numérique un pilier du développement économique. Avec une enveloppe de plus de 1105 milliards FCFA (environ 2 milliards de dollars), cette stratégie vise à moderniser les infrastructures numériques, soutenir les start-up et étendre la connectivité sur l’ensemble du territoire.

En présentant ce projet à la Maison-Blanche, le président Faye cherche à créer un effet d’entraînement auprès des investisseurs américains, en positionnant le Sénégal comme une porte d’entrée stable, innovante et dynamique vers l’Afrique numérique. Si les financements sont mobilisés et les partenariats conclus, cette future ville pourrait devenir un levier de transformation pour l’écosystème technologique ouest-africain, tout en contribuant à la création d’emplois qualifiés et à l’insertion du pays dans l’économie mondiale de demain.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On vendredi, 11 juillet 2025 12:57 Written by

Les innovations numériques transforment les systèmes éducatifs à travers le monde. Ces avancées technologiques ouvrent de nouvelles opportunités d’apprentissage, notamment dans les zones isolées, et renforcent la qualité de l’éducation.

Le ministère ghanéen de l’Éducation et l’initiative eLearning Africa ont signé, le mardi 8 juillet, un mémorandum d’accord visant à étendre l’accès aux plateformes d’apprentissage numérique à l’échelle nationale. Ce partenariat concrétise la volonté du gouvernement d’investir dans les infrastructures et l’innovation pédagogique pour améliorer la qualité de l’éducation. « Aujourd’hui marque un peu plus qu’un accord formel, il témoigne de l’engagement du Ghana à être à l’avant-garde de la transformation numérique éducative en Afrique. Depuis 2005, eLearning Africa est la première plateforme continentale d’innovation éducative », a déclaré le vice-ministre de l’Éducation, Clement Apaak.

Concrètement, l’accord prévoit le déploiement d’outils numériques modernes dans les établissements scolaires, en particulier dans les zones mal desservies, ainsi que le renforcement des compétences fondamentales des élèves. Il s’appuie sur l’expertise de la plateforme eLearning Africa, active depuis deux décennies en collaboration avec les gouvernements africains, pour fournir des contenus adaptés aux contextes locaux.

En parallèle, le Ghana s’est engagé à accueillir la 18ᵉ édition de la conférence eLearning Africa, du 3 au 5 juin 2026 à Accra. L’événement mettra en lumière les avancées du programme national et la stratégie éducative du pays à l’horizon 2030.

Cet accord intervient dans un contexte d’accélération de la transformation numérique de l’éducation au Ghana, mais reste freiné par des inégalités d’accès. Bien que le taux de pénétration de l’internet atteigne 69,9 %, plus de 30 % des Ghanéens restent hors ligne, et les établissements ruraux demeurent souvent sous-équipés.

Ces défis soulignent la nécessité d’un investissement accru dans les infrastructures numériques, la formation des enseignants et la dotation en équipements, conditions indispensables pour tirer pleinement parti des technologies éducatives, y compris de l’intelligence artificielle. À terme, cet accord pourrait favoriser une plus grande inclusion scolaire dans les zones reculées et consolider l’ambition du Ghana de se positionner comme un pôle d’innovation éducative numérique sur le continent africain, en capitalisant sur les opportunités offertes par l’EdTech pour réduire les inégalités, renforcer les apprentissages et préparer les jeunes aux métiers de demain.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On jeudi, 10 juillet 2025 13:13 Written by

Les start-up occupent une place croissante dans les stratégies de développement économique, portées par leur capacité d’innovation et leur agilité. En misant sur ces jeunes entreprises, l’Algérie entend accélérer la modernisation de ses secteurs clés, dont celui des infrastructures.

L’Algérie mise sur ses jeunes entreprises innovantes pour moderniser ses infrastructures. Une commission conjointe a été mise en place le mercredi 9 juillet entre le ministère des Travaux publics et des Infrastructures de base et celui de l’Économie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, afin d’impliquer les start-up dans la conception et la réalisation des projets d’infrastructure.

L’objectif affiché est de structurer un cadre de coopération entre les deux secteurs pour exploiter le potentiel technologique des start-up dans les projets ferroviaires, les transports guidés ou encore la gestion intelligente des chantiers. Le recours à des outils numériques, à la recherche appliquée et à la gestion des connaissances est au cœur de cette approche.

Dans cette optique, des plateformes d’échange et des ateliers de co-développement seront mis en place pour connecter les start-up aux différents acteurs du secteur. L’idée est de leur permettre d’intervenir dès les premières étapes des projets, depuis les phases d’étude et de suivi jusqu’à l’exécution, en intégrant des solutions locales, agiles et économiquement viables.

Cette initiative s’inscrit dans la politique de soutien à l’économie de la connaissance engagée depuis 2020. Le pays s’est doté d’un ministère dédié aux start-up, a mis en place le label « Start-up », le Fonds algérien des start-up (ASF), ainsi que plusieurs incubateurs et dispositifs d’accompagnement. Le pays compte aujourd’hui entre 5 000 et 8 000 start-up, dont plus de 1 200 ont obtenu le label officiel « Start-up » délivré par la Commission nationale de labellisation.

En mobilisant cet écosystème sur les chantiers stratégiques, le gouvernement entend stimuler l’innovation locale, réduire la dépendance technologique et renforcer les capacités internes. À terme, cette orientation pourrait dynamiser l’emploi qualifié et consolider un tissu entrepreneurial tourné vers les besoins du marché national.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On jeudi, 10 juillet 2025 12:05 Written by

Selon McKinsey, l’intelligence artificielle (IA) pourrait injecter jusqu’à 1200 milliards de dollars dans l’économie africaine d’ici 2030. Pour tirer parti de ce potentiel, la formation des talents s’impose comme un levier stratégique majeur. Le Cameroun s’engage résolument sur cette voie.

Le Cameroun ambitionne de former 60 000 spécialistes en intelligence artificielle d’ici 2040, dont 40 % de femmes, dans le cadre de sa Stratégie nationale pour l’IA (SNIA), dévoilée récemment par la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng. Cette initiative s’inscrit dans une vision plus large visant à faire du pays un hub africain de l’intelligence artificielle.

Parmi les principaux objectifs de cette stratégie figurent également la création de 12 000 emplois directs, la mise au point de 12 solutions souveraines à fort impact socio-économique, et une contribution attendue de l’IA au PIB national estimée entre 0,8 % et 1,2 %. Une attention particulière est accordée à la diversité linguistique, avec le développement de modèles d’IA capables d’intégrer les langues nationales, un levier clé pour l’inclusion numérique et la valorisation des patrimoines culturels locaux.

Cependant, pour concrétiser ces ambitions, le Cameroun doit combler plusieurs lacunes majeures. Le pays souffre encore d’un retard significatif en matière d’infrastructures numériques, notamment en ce qui concerne le déploiement de centres de données modernes, le développement de plateformes cloud sécurisées, ainsi qu’une connectivité haut débit inégale, en particulier dans les zones rurales.

Sur le plan continental, cette réalité est illustrée par le dernier classement de l’Union internationale des télécommunications (UIT), dans lequel le Cameroun obtient un score de 46,3 sur 100, se classant à la 30ᵉ position sur 42 pays africains. Un résultat en dessous de la moyenne continentale, estimée à 56 points, qui témoigne de la nécessité pour le pays d’accélérer ses efforts.

La formation de talents qualifiés demeure l’un des défis majeurs. Le manque d’ingénieurs, de chercheurs et de spécialistes en IA freine le développement du secteur. Pour y remédier, le Cameroun devra investir massivement dans la création de centres d’excellence, établir des écoles et instituts spécialisés dans les technologies avancées, et intégrer des programmes de formation à l’IA dans les cursus secondaires et universitaires. Des partenariats structurants entre universités, entreprises technologiques et institutions publiques seront indispensables pour adapter les contenus pédagogiques aux réalités du marché.

Par ailleurs, il sera crucial de mettre en œuvre des programmes de formation continue et de reconversion professionnelle, afin de doter un large public des compétences numériques nécessaires à l’économie de demain. L’élargissement de l’accès à Internet haut débit, notamment dans les zones reculées, devra également accompagner cette dynamique, tout comme la stimulation d’un écosystème entrepreneurial innovant, apte à attirer les investisseurs et à favoriser l’émergence de solutions locales.

L’objectif de former 40 % de femmes est ambitieux et louable, mais il implique des mesures proactives : campagnes de sensibilisation, mentorat, soutien aux carrières féminines dans la tech, et lutte contre les stéréotypes de genre dans les filières scientifiques.

Malgré ces défis, des signaux encourageants émergent. La récente adoption d’une loi sur la protection des données personnelles ainsi que les premières concertations nationales sur l’IA témoignent d’une volonté politique affirmée de créer un cadre réglementaire solide, condition essentielle à la structuration du secteur et à la confiance des acteurs.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On jeudi, 10 juillet 2025 02:05 Written by

Confrontée à une crise structurelle majeure, l’Afrique peut s’appuyer sur l’intelligence artificielle pour repenser son système éducatif. De la personnalisation de l’apprentissage à l’optimisation de la gestion, l’IA ouvre des perspectives durables, malgré de nombreux défis.

L’intelligence artificielle (IA), au cœur des transformations globales, pourrait jouer un rôle décisif dans la refondation du système éducatif africain. Marqué par des effectifs en forte croissance, une pénurie d’enseignants et des infrastructures limitées, le continent fait face à une crise structurelle. En 2024, selon l’UNESCO, 58 % des adolescents de 15 à 17 ans en Afrique subsaharienne n’étaient pas scolarisés, et 98 millions d’enfants restaient totalement hors du système. L’accès à l’électricité, à Internet et aux ressources pédagogiques reste marginal dans de nombreuses régions.

Un outil d’adaptation face à la pénurie d’enseignants

L’un des problèmes les plus urgents auxquels l’éducation africaine est confrontée est la pénurie chronique d’enseignants qualifiés. Selon l’UNESCO, plus de 16,5 millions d’enseignants devront être recrutés d’ici 2030 pour répondre à la croissance démographique en Afrique subsaharienne. Sans remplacer le personnel éducatif, l’IA peut jouer un rôle clé en soutenant les enseignants surchargés à travers la correction automatisée des devoirs, la génération de supports pédagogiques personnalisés, ou encore l’assistance à la planification des cours. Au Kenya, certains enseignants testent l’assistant Kalasik, un chatbot qui génère des plans de cours et automatise les tâches répétitives.

Une pédagogie personnalisée et inclusive

L’IA permet aussi de créer des parcours éducatifs adaptés au niveau de chaque élève, en s’appuyant sur ses progrès et difficultés. Dans des classes souvent surchargées, cette approche individualisée est quasi impossible sans outils numériques. Grâce à des systèmes intelligents, les élèves peuvent accéder à des exercices interactifs, à des tutoriels ou à des retours personnalisés, notamment en dehors du temps scolaire. Cette personnalisation contribue à réduire le décrochage scolaire et à maintenir l’intérêt des apprenants, notamment dans les zones rurales ou marginalisées.

En milieu informel, l’assistant Kwame for Science, déployé dans 11 pays d’Afrique de l’Ouest, offre un tutorat adapté aux élèves de sciences. Son taux de précision parmi les trois premières réponses est de 87 %, avec 750 utilisateurs sur plusieurs mois.

Des données pour piloter les politiques éducatives

Au-delà de la salle de classe, l’IA peut transformer la gouvernance du système éducatif en fournissant des données précises et en temps réel. Les ministères de l’Éducation peuvent ainsi mieux comprendre les zones de sous-scolarisation, anticiper les besoins en infrastructures ou en enseignants, et orienter les ressources là où elles sont le plus nécessaires. L’analyse prédictive, nourrie par les données démographiques, scolaires et territoriales, permet de passer d’une logique réactive à une planification proactive.

1 AI

Des stratégies nationales en phase avec l’éducation

Plusieurs États africains ont déjà franchi le pas en intégrant l’éducation dans leurs stratégies nationales d’IA. Le Kenya, par exemple, a récemment lancé une stratégie nationale sur les technologies émergentes et l’IA (2025–2030), co-construite avec l’UNESCO, mettant l’accent sur l’intégration de l’IA en éducation via des curriculums basés sur les compétences numériques.

La Zambie et la Côte d’Ivoire ont également lancé des stratégies nationales d’IA, identifiant l’éducation comme l’un de leurs secteurs prioritaires, avec des mesures visant à intégrer l’analyse des données scolaires et l’apprentissage personnalisé. Le Nigeria adopte une approche combinée : développement des compétences en IA et intégration de l’IA dans l’éducation, notamment via des partenariats avec les universités et les acteurs privés. D’autres pays, comme le Sénégal, le Burkina Faso et le Congo, ont aussi inscrit l’IA dans l’éducation comme composante de leurs stratégies numériques.

Défis à relever pour une adoption à grande échelle

Pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA, l’Afrique doit surmonter plusieurs obstacles : infrastructures numériques insuffisantes, manque de formation des enseignants, enjeux éthiques liés à la gestion des données, et surtout financement des technologies éducatives (EdTech). Le développement et le déploiement des solutions IA exigent des investissements conséquents, ainsi qu’un modèle économique viable pour assurer leur pérennité.

Il est aussi crucial de protéger les données sensibles des élèves via des cadres éthiques robustes. Les solutions doivent être adaptées aux langues locales et aux contextes culturels. Enfin, un engagement durable des États, des partenaires techniques, des investisseurs et du secteur privé est nécessaire pour financer un écosystème éducatif pérenne au-delà des projets pilotes.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On mercredi, 09 juillet 2025 09:19 Written by

Le phénomène des nomades numériques, en pleine expansion depuis l’essor du télétravail, ouvre de nouvelles perspectives pour les pays africains. Entre attractivité croissante, infrastructures en développement et politiques encore balbutiantes, le continent pourrait bien devenir un acteur clé de cette nouvelle géographie du travail.

Depuis 2020, le monde du travail connaît une révolution silencieuse, mais profonde. En quelques années, le nomadisme numérique est passé d’un phénomène marginal à une dynamique mondiale, portée par la digitalisation des métiers, l’essor du travail à distance et les aspirations à une vie plus flexible. Si cette tendance a d’abord conquis les grandes capitales occidentales, elle s'étend désormais à l’Afrique qui pourrait capter une manne financière estimée à plusieurs milliards de dollars dans les prochaines années. À condition de s’en donner les moyens.

Un phénomène mondial aux retombées locales

Le nomade numérique, c’est ce travailleur qui, grâce à un ordinateur et une connexion Internet, peut exercer son activité depuis n’importe quelle partie du monde : un freelance en marketing basé à Nairobi pendant six mois, une développeuse sénégalaise qui vit entre Dakar et Bali, ou encore un designer américain installé à Zanzibar, le temps d'un été.

Selon les statistiques 2025 collectées par Nomads.com, la plateforme de la communauté mondiale des nomades numériques, il y a plus de 80 millions de nomades numériques dans le monde. Un chiffre en hausse constante. Leur impact économique est loin d’être négligeable : en moyenne, un nomade numérique gagne 124 000 dollars par an. Il dépense entre 1 000 et 3 000 dollars par mois dans le pays qui l'accueille — hébergement, restauration, loisirs, coworking, transports, etc. Pour les pays hôtes, cela représente une source de revenus directe pour les économies locales, sans les contraintes classiques du tourisme de masse. Les Américains représentent la plus forte communauté de nomades numériques, avec 46 millions d’individus à travers le monde. Près de 88% des nomades numériques à l’échelle mondiale sont originaires de pays situés en dehors de l'Afrique.

Profil type du nomade numérique selon Nomads.com :

Catégorie

Sous-catégorie

Valeur

Âge

 

53 % ont entre 31 et 39 ans

Genre

Hommes

91 %

 

Femmes

7 %

 

Autres genres

2 %

Éducation

 

90 % niveau supérieur

Durée de séjour moyen

Par ville

63 jours

Par pays

167 jours

Revenu annuel moyen

 

124 304 $

Statut professionnel

Salariés à plein temps

38 %

Fondateurs de start-up

18 %

Freelances

18 %

Secteurs dominants (Hommes)

Développement logiciel

35 %

Développement web

28 %

Fondateurs de start-up

28 %

Marketing

16 %

Secteurs dominants (Femmes)

Marketing

16 %

Industrie créative

15 %

Start-up

12 %

Développement logiciel

10 %

Motivations

 

Cadre de travail + escapades en Afrique

 Source : Nomads.com

L’Afrique, une nouvelle frontière

Longtemps ignorée, l’Afrique commence à apparaître sur la carte du nomadisme numérique mondial. Le Cap, Johannesburg, Marrakech, Accra, Dakar, Abuja, ou encore Luanda, Libreville, Cotonou figurent parmi les destinations qui suscitent un intérêt croissant sur le continent. Ces villes attirent une nouvelle génération de télétravailleurs en quête d’authenticité, de coûts de la vie plus accessibles et de connexions humaines fortes. Ces villes proposent une connectivité à haut débit stable, de l’électricité, des cadres de travail et d’hébergement selon des standards adaptés, des services de restauration, de transport et sanitaires. En somme un cadre propice à une expérience alliant efficacité professionnelle et découverte touristique.

Cette dynamique ne concerne pas seulement les étrangers. Une partie croissante de la jeunesse africaine, notamment dans les secteurs du digital (développement web, design, community management, rédaction, etc.), s’éveille, elle aussi, à un mode de vie itinérant, souvent à l’intérieur du continent. Ce nomadisme intra-africain est soutenu par des destinations qui appliquent une exemption totale ou partielle de visa comme le Sénégal, le Bénin, le Kenya, le Ghana ou encore le Rwanda. Des incitations qui redessinent les cartes de la mobilité professionnelle à l’heure de la transformation numérique.

Des milliards de dollars à capter

Selon Newland Chase, fournisseur mondial de services d'immigration et de visas, 35 millions de nomades numériques recensés dans le monde en 2021 ont contribué à une valeur économique globale de 787 milliards de dollars. Faute d’études détaillées sur les perspectives économiques du nomadisme numérique en Afrique, une estimation basée sur une hypothèse modérée de 500 000 nomades numériques étrangers en Afrique dépensant chacun 1000 $ par mois laisse entrevoir que le continent pourrait générer 6 milliards de dollars de retombées économiques par an. En ciblant seulement 2 % du nombre de nomades numériques identifiés dans le monde par Nomads.com en 2025 (environ 80 millions), soit environ 1,6 million de travailleurs, l'Afrique pourrait capter près de 20 milliards de dollars annuellement, via les dépenses directes de ces professionnels. Mais au-delà de cette consommation immédiate, le nomadisme numérique constitue un levier de croissance pour de nombreux secteurs économiques comme l’immobilier locatif de court terme, la restauration et l’hôtellerie, les services Internet, les transports locaux, l’économie des loisirs (randonnées et autres activités sportives ou touristiques). Un potentiel qui pourrait profiter à des milliers de petites entreprises locales, notamment dans les zones urbaines.

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Des initiatives rares, mais prometteuses

Quelques pays africains ont commencé à structurer leur offre pour les travailleurs nomades. En 2020, l’île Maurice a lancé son visa Premium. Les ressortissants de 114 pays y sont éligibles. Le visa est gratuit et valide pour un an renouvelable. Pour l'obtenir, le demandeur doit impérativement prouver que son activité principale et/ou la source de ses revenus se situent en dehors de l'île, afin de ne pas intégrer le marché du travail local. Il doit justifier d’un revenu mensuel d’au moins 1500 dollars.

Pour le Cap-Vert qui a fait du numérique et du tourisme des leviers de croissance économique, le visa pour nomade numérique a été lancé en 2020. Il est valide pour une période de six mois renouvelable. Il est payant. Les nomades numériques au Cap-Vert sont exonérés de l'impôt sur le revenu et de toute autre taxe locale. Le pays n’impose pas de salaire minimum, mais le demandeur de visa doit justifier d’un revenu. Il doit présenter un solde bancaire moyen minimum de 1500 € au cours des six derniers mois précédant la demande de visa.

En 2024, l’Afrique du Sud a adopté le visa de nomade numérique. Il permet à son titulaire de résider sur le territoire pour une durée allant de trois mois à trois ans. Le demandeur doit apporter la preuve sous la forme de relevés bancaires de trois mois qu’il gagne un salaire brut annuel d'au moins 650 796 rands (36 782 dollars).

D’autres pays comme la Namibie ou le Kenya ont également adopté le visa de nomade numérique en 2024 pour attirer des talents internationaux et stimuler l’économie locale. Mais l’Afrique reste à la traîne par rapport à d’autres régions comme l’Amérique latine ou l’Asie du Sud-Est, qui ont compris l’intérêt de proposer des visas pour nomades numériques, des hubs technologiques, des exonérations fiscales, ou des services spécialisés.

Défis à relever

L’Afrique a du potentiel pour capitaliser sur le nomadisme numérique. Le continent affiche un taux de couverture haut débit élevé. Il est de 71% pour la 4G selon l’Union internationale des télécommunications (UIT) et de 86% pour la 3G. La 5G ne représente encore que 11% de la couverture réseau du continent. Dans la zone urbaine, le taux de couverture 4G est de 73% pour la 4G et de 2% pour la 3G. La 5G couvre déjà 25% de la zone urbaine africaine. Elle est disponible dans les capitales des pays comme l’Afrique du Sud, Sénégal, Maurice, Nigeria, Botswana, Ethiopie ou encore Seychelles, Tunisie, Lesotho. En zone rurale, la couverture de la 4G atteint 49% contre 26% pour la 3G et 14% pour la 2G. Si les grandes villes disposent généralement d’un accès Internet fiable, ce n’est pas encore le cas dans de nombreuses régions secondaires.

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Pour ce qui est du prix du forfait Internet mobile le plus accessible du marché (2GB), il représente 3,9% du revenu national brut mensuel (RNB) par habitant contre 13,4% du RNB pour l’internet fixe (5GB). Ces tarifs sont jugés élevés, car ils dépassent le seuil des 2% du RNB recommandé par la Commission du haut débit pour le développement durable des Nations unies. A l’échelle mondiale, le prix moyen du forfait Internet mobile le plus accessible du marché représente près de 1% du RNB contre près de 2,3% du RNB pour l’Internet fixe.

A ces défis, s’ajoutent des questions de stabilité politique et de sécurité. Les risques d’instabilité dans certaines zones freinent les visiteurs, même si celles-ci sont minoritaires à l’échelle du continent. L’absence de statut clair pour les travailleurs nomades réduit également l’attrait des destinations africaines. Les visas touristiques ne sont pas adaptés à des séjours de longue durée et n’offrent pas les mêmes incitations. Cela suppose qu’il faut intégrer le nomadisme numérique dans les politiques publiques du tourisme, de l’entrepreneuriat et de l’emploi des jeunes et adopter les politiques à cet effet.

Le nomadisme numérique n’est pas qu’un phénomène de mode ou réservé à une élite occidentale. C’est une mutation profonde du travail mondial, dans laquelle l’Afrique peut jouer un rôle de premier plan, à condition d’anticiper, d’investir et d’innover.

Muriel Edjo

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Posted On mercredi, 09 juillet 2025 02:28 Written by
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