Portée par l’essor fulgurant de la téléphonie mobile, l’Afrique a transformé le téléphone en véritable outil bancaire. Des millions de personnes auparavant exclues du système financier accèdent désormais à des services de transfert, d’épargne et de paiement. Une mutation profonde et discrète qui redessine les économies et bouscule les modèles traditionnels de la finance.
Depuis une quinzaine d’années, l’Afrique est au cœur d’une révolution financière déterminante : celle du Mobile Money. Ce système, qui permet d’envoyer, recevoir et stocker de l’argent à partir d’un simple téléphone portable, a radicalement transformé les usages financiers sur le continent. Alors que 57 % des Africains ne possédaient toujours aucun compte bancaire en 2021 selon le rapport « Digital Banking In Sub-Saharan Africa » de BPC et Fincog, le nombre de comptes Mobile Money a continué de prendre de l’ampleur.
Lancé au Kenya en 2007, le service comptait un peu plus de 57 millions d’abonnés en Afrique subsaharienne en 2012. Neuf ans plus tard, en 2021, ce chiffre avait grimpé à 621 millions d’utilisateurs. En 2024, l’Afrique a atteint 1,1 milliard de comptes Mobile Money enregistrés (53% du nombre mondial), représentant 81 milliards de transactions financières d’une valeur de 1,1 trillion de dollars (66% de la valeur mondiale), d’après les données de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA).
En Afrique, le Mobile Money est devenu bien plus qu’un simple outil de transfert. Il est devenu une industrie à part entière génératrice de croissance, d’inclusion financière et d’opportunités socio-économiques. De Nairobi à Dakar, en passant par Abidjan et Lagos, le téléphone portable a transformé la manière dont des millions d’Africains accèdent aux services financiers, créant un impact mesurable sur le produit intérieur brut (PIB) et sur la vie quotidienne.
Un poids croissant dans le PIB africain
Le secteur de l’argent mobile ne se contente plus d’inclure les populations exclues du système bancaire traditionnel : il contribue massivement à l’économie. Selon les données de 2023, le PIB total des pays disposant de services de Mobile Money était supérieur de 720 milliards de dollars à ce qu’il aurait été sans cette innovation. En Afrique subsaharienne, berceau et épicentre de cette révolution, la contribution est passée de 150 milliards de dollars en 2022 à 190 milliards en 2023. Les écarts sont toutefois notables selon les zones.
Source: GSMA
« Le Mobile Money a eu un impact plus important sur le PIB des pays d'Afrique de l'Ouest que partout ailleurs sur le continent. Cela apparaît clairement lorsque l'on compare les pays d'Afrique subsaharienne. Au Bénin, en Côte d'Ivoire, au Ghana, en Guinée, en Guinée-Bissau, au Sénégal et au Liberia, le Mobile Money a contribué à plus de 5 % du PIB. En Afrique de l'Est, le Mobile Money a contribué à plus de 5 % du PIB du Kenya, du Rwanda, de l'Ouganda et de la Tanzanie. Ailleurs en Afrique subsaharienne, la contribution du Mobile Money au PIB a été mitigée. En Afrique centrale, le Cameroun, le Congo et le Gabon ont chacun enregistré une contribution comprise entre 5 % et 8 %. En Afrique australe, où le Mobile Money est moins répandu, les contributions au PIB restent généralement inférieures à 5 %. À mesure que l'utilisation du Mobile Money se développe en Afrique subsaharienne, son impact sur le PIB national pourrait également augmenter ».
Des impacts socio-économiques tangibles
Au-delà des chiffres macroéconomiques, l’argent mobile a des répercussions directes sur la vie des populations. Au Mali, la start-up OKO, en partenariat avec Orange Money, a permis à plus de 41 000 agriculteurs de souscrire à une assurance indicielle contre les aléas climatiques. En Éthiopie, l’alliance entre Lersha, Telebirr et M-PESA propose prêts groupés et couvertures agricoles, renforçant la sécurité alimentaire. Le modèle pay-as-you-go (PAYG), qui permet d’acheter des kits solaires en payant par mobile, explose en Afrique de l’Est. Des pays comme le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie illustrent comment Mobile Money et énergies renouvelables forment un tandem pour l’électrification rurale. Selon la GSMA, le Mobile Money contribue à 15 des 17 Objectifs de Développement Durable, notamment la lutte contre la pauvreté, l’égalité des genres et l’accès à l’éducation.
Le Mobile Money permet aujourd’hui : d’épargner directement depuis son téléphone, d’accéder à du crédit, de souscrire à des assurances, de régler des factures, des frais scolaires ou des paiements marchands. Cette diversification transforme les téléphones en banques de poche, adaptées aux besoins d’une population souvent éloignée des agences bancaires. En 2024, toutes les régions africaines ont enregistré une progression de l’usage du Mobile Money.
Aperçu régional de la Croissance en Afrique (2024)
Région |
Services actifs |
Comptes enregistrés |
Comptes actifs 30j |
Transactions |
Valeur des transactions |
Afrique subsaharienne |
N/A |
1,1 milliard (+19%) |
286 millions (+12%) |
81 milliards (+22%) |
1,1 trillion USD (+15%) |
Afrique de l'Ouest |
74 |
485 millions (+21%) |
97 millions (+13%) |
22 milliards (+15%) |
357 milliards USD (+5%) |
Afrique de l'Est |
57 |
459 millions (+15%) |
149 millions (+12%) |
52 milliards (+25%) |
649 milliards USD (+23%) |
Afrique australe |
15 |
27 millions (+19%) |
4 millions (-20%) |
543 millions (-9%) |
6 milliards USD (+4%) |
Afrique centrale |
19 |
104 millions (+24%) |
32 millions (+13%) |
7 milliards (+22%) |
83 milliards USD (+7%) |
Afrique du Nord |
13 |
25 millions (+24%) |
3 millions (+44%) |
262 millions (+63%) |
10 milliards USD (+53%) |
Source : Agence Ecofin
Les leaders du marché
Le succès enregistré par le Mobile Money au fil des années en Afrique a suscité un investissement croissant des opérateurs télécoms dans le service. Aujourd’hui, quelques leaders se démarquent clairement sur le marché.
Orange
Depuis son lancement en 2008 en Côte d'Ivoire, Orange Money a évolué pour devenir un acteur majeur de l’inclusion financière, atteignant 40 millions d’utilisateurs actifs et 164 milliards € de transactions en 2024. Le service qui est disponible dans les 16 marchés africains du groupe télécoms français revendique 25 millions de transactions par jour. Lors d’un atelier organisé le 15 avril 2025, dans le cadre du GITEX au Maroc, Jérôme Hénique, alors directeur général d’Orange Afrique et Moyen-Orient (OMEA), déclarait qu’Orange Money a vu sa valeur de transactions plus que doubler entre 2021 et 2024. Elle est passée de 46 milliards € à 164 milliards €. Le service enregistre jusqu’à 700 millions € transférés chaque mois, et des services financiers tels que le crédit et l’épargne avec Orange Bank Africa qui compte 1,7 million de clients en 2024 et en partenariat avec d’autres banques dans les pays où Orange Bank Africa n’est pas présent.
MTN
En 2024, le groupe MTN a revendiqué plus de 63 millions d'utilisateurs actifs mensuels de son service MTN MoMo dans 14 de ses 16 marchés. Ceux-ci ont effectué plus de 20 milliards de transactions pour une valeur totale supérieure à 320 milliards de dollars américains, révèle l’entreprise télécoms. Comme son concurrent Orange Money, MTN MoMo permet notamment aux utilisateurs d'accéder à des services de paiement, de commerce électronique, d'assurance, de prêt et de transfert d'argent.
Airtel Africa
La branche du groupe de télécommunications indien Bharti Airtel revendiquait 38 millions de clients Airtel Money (+20,7 %) sur les 14 marchés africains en 2024. La solution qui propose des services d’envoi et retrait d’argent, de paiement par portefeuille électronique, des microcrédits, des services d'épargne et des transferts d'argent internationaux a généré un chiffre d'affaires de 837 millions de dollars en 2024. Soit une croissance de 32,8 % à taux de change constant par rapport aux 692 millions de dollars enregistrés en 2023.
Vodacom Group
La société a déclaré 87,7 millions de clients pour ses services financiers mobiles, y compris Safaricom, pour l’exercice financier 2024 clos en mars 2025. Les solutions VodaCash et M-Pesa, opérationnels à travers huit marchés africains, ont traité plus de 450,8 milliards de dollars de transactions sur l'année, soit une hausse de 18,3 %. Le chiffre d'affaires des services financiers a progressé de 17,6 % sur une base normalisée, représentant 11,6 % du chiffre d'affaires des services du Groupe. Safaricom a également enregistré un chiffre d'affaires de 22,6 milliards de rands dans le secteur des services financiers. Pour le M-Pesa en particulier, proposé par Safaricom au Kenya et en Ethiopie, le service a généré 161,1 milliards shillings kényans (1,2 milliard $) pour 37,1 millions d’utilisateurs.
Les obstacles à surmonter
Malgré l’impact considérable du Mobile Money sur l’économie africaine et les conditions de vie de millions de personnes, plusieurs défis freinent la pleine expression du potentiel transformateur du service.
L’écart persistant dans la possession de téléphones mobiles, prérequis pour l’utilisation des services financiers, avec 8% de femmes en moins que d’hommes propriétaires dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Cet écart varie selon les pays : l’Éthiopie affiche par exemple un niveau particulièrement bas (plus d’un tiers des femmes sans mobile).
La fracture de genre persiste aussi en matière de possession d’un compte Mobile Money dans plusieurs pays. GSMA révèle que la plupart des pays étudiés en 2023 n'ont constaté aucune amélioration du taux de détention de comptes bancaires par les femmes ni de leur écart de genre respectif en 2024. Pour certains, l'écart de genre stagne pour la troisième année consécutive. C'est le cas du Sénégal où la détention d'un compte bancaire est désormais quasi universelle pour les hommes, mais plus d'un quart des femmes n'en possèdent toujours pas. Une amélioration a été constatée au Nigeria, où l'écart entre les sexes est passé de 46 % à 41 %. En 2024, le taux de détention de comptes bancaires a augmenté tant chez les hommes que chez les femmes.
La faible littératie financière numérique fait que beaucoup d’utilisateurs maîtrisent mal les fonctionnalités avancées en Afrique. En 2024, des écarts entre les sexes existaient pour les transactions de base, telles que les dépôts, les retraits et les virements P2P, ainsi que pour les transactions liées à l'écosystème et les services financiers connexes, déplore GSMA.
Parmi tous les adultes ayant déjà utilisé l'argent mobile, les femmes de presque tous les pays étudiés étaient moins susceptibles d'avoir utilisé le Mobile Money. Au Sénégal, 5 % des femmes, contre 16 % des hommes, ont indiqué recevoir des salaires ou des rémunérations. Au Nigeria, un quart des femmes interrogées contre 41 % des hommes ont affirmé recevoir des paiements d'un client. Au Kenya, la moitié des femmes kenyanes interrogées avaient effectué un paiement marchand, contre deux tiers des hommes.
Source : GSMA
À mesure que l'écosystème financier mondial devient de plus en plus interconnecté, le risque de fraude s'est accru. Dans plusieurs pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, l'usurpation d'identité, la fraude interne, la cyberfraude et la fraude par des agents ont eu un impact sur l'argent mobile. GSMA explique que chaque catégorie de menace peut être subdivisée en typologies plus précises, telles que l'ingénierie sociale, l'attaque de type « man-in-the-middle » et les logiciels malveillants, entre autres. La GSMA considère que de nombreux régulateurs soutiennent modérément la lutte contre la fraude liée à l'argent mobile. Elle affirme que plus de 70 % des fournisseurs de Mobile Money estiment que les autorités chargées de l’application de la loi sont inefficaces, faute de compétences techniques, de moyens suffisants et en raison de la corruption.
Une industrie appelée à peser davantage
L’argent mobile est désormais reconnu comme un moteur structurel du développement africain. Il ne s’agit plus seulement d’un outil d’inclusion, mais d’une industrie intégrée, capable de générer des revenus, d’accroître la résilience des ménages et de soutenir des secteurs stratégiques comme l’agriculture et l’énergie.
Avec plus d’un trillion de dollars de transactions enregistrées en 2024, le Mobile Money est devenu un pilier de l’économie numérique africaine. Son avenir reposera sur deux leviers clés : généraliser l’interopérabilité internationale, afin de fluidifier les transferts transfrontaliers directement entre opérateurs télécoms de régions différentes, et le renforcement de la confiance par la régulation et la lutte contre la fraude.
Muriel Edjo
Lire aussi:
Mobile money : l’épargne progresse, mais le crédit stagne toujours en Afrique (Banque mondiale)
Human Marketing Consulting, cabinet de conseil en stratégie et transformation digitale, organise le samedi 20 septembre à l’Hôtel Ibis Rabat Agdal, l’IA Café Round 1. L’événement réunira dirigeants et experts autour de la thématique « Humain et IA : l’alliance qui redéfinit la valeur », avec au programme keynote, ateliers et démonstrations d’agents IA autonomes.
Lire aussi:
Le Maroc étend l’empreinte internationale de l’UM6P avec un hub aux États-Unis
La 7ᵉ édition du Transform Africa Summit (TAS2025), un forum africain consacré à la transformation numérique, se tiendra du 12 au 14 novembre au Radisson Blu Hotel de Conakry, en Guinée. Organisé par Smart Africa et accueilli par le gouvernement guinéen, cet événement réunira des dirigeants, des entreprises et des organisations internationales pour explorer les voies d’accélération de l’innovation numérique et de l’intelligence artificielle sur le continent. L'événement est placé sous le thème : « L’IA pour l’Afrique : Innover localement, impacter globalement ».
Lire aussi:
SmartAfrica et la JICA s’allient pour booster la transformation digitale en Afrique
La Nigeria Fintech Week revient du 7 au 9 octobre 2025 avec un format inédit, réparti sur plusieurs villes dont Abuja, Delta, Enugu et Lagos. Cet événement majeur devrait rassembler plus de 20 000 participants pour impulser l’innovation et l’inclusion financière en Afrique. Organisée par la Fintech Association of Nigeria, la semaine vise à créer des partenariats forts et à élargir l’accès aux technologies numériques à tous les secteurs.
Lire aussi:
MoneyBadger lève 400 000 $ pour démocratiser le paiement Bitcoin en Afrique du Sud
La troisième édition d’Africa Money & DeFi Summit West Africa aura lieu à Accra les 24 et 25 septembre, réunissant plus de 500 acteurs fintech, Web3 et DeFi. Cet événement favorise les échanges, les investissements et la collaboration pour accélérer l’adoption des solutions financières innovantes en Afrique de l’Ouest, avec un focus sur les stablecoins, l’inclusion financière et les start-up prêtes à lever des fonds.
Lire aussi:
En moins de dix ans, la 5G est passée du statut de privilège technologique à celui de réalité concrète dans près de 30 pays africains. Une avancée significative qui confirme l’ancrage du continent dans l’économie numérique mondiale, malgré des défis persistants.
La 5G accélère sa progression en Afrique, portée par une dynamique continentale de plus en plus marquée. Selon l’Union africaine des télécommunications (UAT), l’Afrique enregistrait déjà 79 opérateurs télécoms engagés dans des investissements pour la 5G en 2024, répartis dans 41 pays. Parmi eux, 35 opérateurs avaient déjà activé des réseaux commerciaux dans 21 pays. En juin 2021, la région comptait sept réseaux 5G commerciaux actifs sur cinq marchés, selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA). Vodacom Lesotho a été le premier opérateur télécoms à lancer la 5G sur le continent en 2018.
En 2024, la technologie représentait 25% de la couverture du réseau mobile en zone urbaine, contre 73% pour la 4G, d’après l’Union internationale des télécommunications. En matière d’abonnés, la 5G comptabilisait déjà plus de 26 millions de consommateurs pour environ 600 millions d’abonnés mobiles uniques dans la région Afrique subsaharienne en 2024.
En intégrant l’Afrique du Nord, notamment la Tunisie et l’Egypte où la 5G commerciale est déjà proposée aux clients depuis février et juin 2025, ces chiffres seraient certainement plus importants à l’échelle de l’Afrique où 48 opérateurs télécoms ont déjà activé la 5G dans 28 pays selon les données de juin 2025 de l’Agence Ecofin.
L’état de la 5G en Afrique
Source : Agence Ecofin
Au regard du nombre important d’opérateurs télécoms qui s’intéressent à la 5G, notamment en Algérie, en République démocratique du Congo, au Maroc, en Côte d’Ivoire, au Cap-Vert, de nouveaux lancements commerciaux de la technologie devraient survenir d’ici la fin de l’année. Cependant, de nombreux obstacles freinent encore l’adoption rapide de la 5G par tous les pays du continent.
Défis et opportunités
Les principales entraves à l’appropriation de la 5G dans toute l’Afrique persistent dans cinq domaines : les appareils mobiles, les services, l’infrastructure, le spectre, la politique/réglementation. L’UAT explique que la cherté des téléphones compatibles 5G empêche l'adoption massive des services 5G. « Bien qu'il soit possible d'acquérir des téléphones compatibles pour la 5G à partir de 150 USD auprès des vendeurs, de larges segments de la population des pays africains ne sont pas en mesure de s'offrir des smartphones aux prix actuels. Il sera donc nécessaire d'envisager des interventions au niveau gouvernemental, réglementaire et des opérateurs pour rendre les appareils plus abordables et favoriser un environnement propice à la croissance continue de la 4G et à l'adoption de la 5G […] », suggère l’UAT.
Le faible développement des cas d’utilisation pratique de la 5G, aussi bien dans le cadre personnel qu’industriel intégrant de nouvelles technologies telles que l'intelligence artificielle, le big data et l'Internet des objets (villes intelligentes, ports intelligents, apprentissage à distance immersif, systèmes de surveillance de la santé, réseaux électriques intelligents et surveillance, chaîne de production automatisée, etc.) contribue aussi à retarder l’appropriation de la technologie en Afrique. En l’absence d’applications concrètes, l’UAT déplore que la 5G serve surtout à améliorer le débit internet et craint que la persistance d’une telle situation contribue à la conserver comme un produit de luxe réservé aux entreprises et aux classes aisées.
Enfin, le coût élevé du déploiement de la technologie télécoms, la non-disponibilité du spectre de fréquences indispensables à la 5G, « le manque de capacité et de disponibilité de la fibre optique, le manque d'incitations à la collaboration interindustrielle et l'absence de normes ou de lignes directrices relatives à la gestion des échanges de données transfrontaliers » sont les autres défis qui freinent encore la généralisation des réseaux 5G en Afrique, selon la branche africaine de l’UIT qui souligne qu’apporter une réponse appropriée à tous ces problèmes fera de la 5G un levier de croissance pour les économies africaines.
D'ici 2030, la GSMA estime que la 5G devrait à elle seule contribuer à hauteur de 10 milliards de dollars à l'économie régionale, soit 6 % de l'impact économique total du secteur mobile.
Muriel Edjo
Lire aussi:
Orange Egypt obtient un prêt de 85 millions $ de la BERD pour déployer la 5G
Tunisie : Orange lance officiellement la 5G avec un routeur WiFi 6
Le Centre africain de recherche en intelligence artificielle (CARIA) et le ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique (MPTEN) organisent un atelier national sur l’identité numérique, du mercredi 16 au vendredi 18 juillet à l’hôtel Hilton de Brazzaville. Ce rendez-vous stratégique réunira experts, décideurs et partenaires techniques pour définir les fondements d’un système d’identification numérique sécurisé et inclusif, essentiel à la transformation digitale du pays.
Lire aussi:
La RDC pose les bases de son futur système d’identification numérique
Le phénomène des nomades numériques, en pleine expansion depuis l’essor du télétravail, ouvre de nouvelles perspectives pour les pays africains. Entre attractivité croissante, infrastructures en développement et politiques encore balbutiantes, le continent pourrait bien devenir un acteur clé de cette nouvelle géographie du travail.
Depuis 2020, le monde du travail connaît une révolution silencieuse, mais profonde. En quelques années, le nomadisme numérique est passé d’un phénomène marginal à une dynamique mondiale, portée par la digitalisation des métiers, l’essor du travail à distance et les aspirations à une vie plus flexible. Si cette tendance a d’abord conquis les grandes capitales occidentales, elle s'étend désormais à l’Afrique qui pourrait capter une manne financière estimée à plusieurs milliards de dollars dans les prochaines années. À condition de s’en donner les moyens.
Un phénomène mondial aux retombées locales
Le nomade numérique, c’est ce travailleur qui, grâce à un ordinateur et une connexion Internet, peut exercer son activité depuis n’importe quelle partie du monde : un freelance en marketing basé à Nairobi pendant six mois, une développeuse sénégalaise qui vit entre Dakar et Bali, ou encore un designer américain installé à Zanzibar, le temps d'un été.
Selon les statistiques 2025 collectées par Nomads.com, la plateforme de la communauté mondiale des nomades numériques, il y a plus de 80 millions de nomades numériques dans le monde. Un chiffre en hausse constante. Leur impact économique est loin d’être négligeable : en moyenne, un nomade numérique gagne 124 000 dollars par an. Il dépense entre 1 000 et 3 000 dollars par mois dans le pays qui l'accueille — hébergement, restauration, loisirs, coworking, transports, etc. Pour les pays hôtes, cela représente une source de revenus directe pour les économies locales, sans les contraintes classiques du tourisme de masse. Les Américains représentent la plus forte communauté de nomades numériques, avec 46 millions d’individus à travers le monde. Près de 88% des nomades numériques à l’échelle mondiale sont originaires de pays situés en dehors de l'Afrique.
Profil type du nomade numérique selon Nomads.com :
Catégorie |
Sous-catégorie |
Valeur |
Âge |
53 % ont entre 31 et 39 ans |
|
Genre |
Hommes |
91 % |
Femmes |
7 % |
|
Autres genres |
2 % |
|
Éducation |
90 % niveau supérieur |
|
Durée de séjour moyen |
Par ville |
63 jours |
Par pays |
167 jours |
|
Revenu annuel moyen |
124 304 $ |
|
Statut professionnel |
Salariés à plein temps |
38 % |
Fondateurs de start-up |
18 % |
|
Freelances |
18 % |
|
Secteurs dominants (Hommes) |
Développement logiciel |
35 % |
Développement web |
28 % |
|
Fondateurs de start-up |
28 % |
|
Marketing |
16 % |
|
Secteurs dominants (Femmes) |
Marketing |
16 % |
Industrie créative |
15 % |
|
Start-up |
12 % |
|
Développement logiciel |
10 % |
|
Motivations |
Cadre de travail + escapades en Afrique |
Source : Nomads.com
L’Afrique, une nouvelle frontière
Longtemps ignorée, l’Afrique commence à apparaître sur la carte du nomadisme numérique mondial. Le Cap, Johannesburg, Marrakech, Accra, Dakar, Abuja, ou encore Luanda, Libreville, Cotonou figurent parmi les destinations qui suscitent un intérêt croissant sur le continent. Ces villes attirent une nouvelle génération de télétravailleurs en quête d’authenticité, de coûts de la vie plus accessibles et de connexions humaines fortes. Ces villes proposent une connectivité à haut débit stable, de l’électricité, des cadres de travail et d’hébergement selon des standards adaptés, des services de restauration, de transport et sanitaires. En somme un cadre propice à une expérience alliant efficacité professionnelle et découverte touristique.
Cette dynamique ne concerne pas seulement les étrangers. Une partie croissante de la jeunesse africaine, notamment dans les secteurs du digital (développement web, design, community management, rédaction, etc.), s’éveille, elle aussi, à un mode de vie itinérant, souvent à l’intérieur du continent. Ce nomadisme intra-africain est soutenu par des destinations qui appliquent une exemption totale ou partielle de visa comme le Sénégal, le Bénin, le Kenya, le Ghana ou encore le Rwanda. Des incitations qui redessinent les cartes de la mobilité professionnelle à l’heure de la transformation numérique.
Des milliards de dollars à capter
Selon Newland Chase, fournisseur mondial de services d'immigration et de visas, 35 millions de nomades numériques recensés dans le monde en 2021 ont contribué à une valeur économique globale de 787 milliards de dollars. Faute d’études détaillées sur les perspectives économiques du nomadisme numérique en Afrique, une estimation basée sur une hypothèse modérée de 500 000 nomades numériques étrangers en Afrique dépensant chacun 1000 $ par mois laisse entrevoir que le continent pourrait générer 6 milliards de dollars de retombées économiques par an. En ciblant seulement 2 % du nombre de nomades numériques identifiés dans le monde par Nomads.com en 2025 (environ 80 millions), soit environ 1,6 million de travailleurs, l'Afrique pourrait capter près de 20 milliards de dollars annuellement, via les dépenses directes de ces professionnels. Mais au-delà de cette consommation immédiate, le nomadisme numérique constitue un levier de croissance pour de nombreux secteurs économiques comme l’immobilier locatif de court terme, la restauration et l’hôtellerie, les services Internet, les transports locaux, l’économie des loisirs (randonnées et autres activités sportives ou touristiques). Un potentiel qui pourrait profiter à des milliers de petites entreprises locales, notamment dans les zones urbaines.
Des initiatives rares, mais prometteuses
Quelques pays africains ont commencé à structurer leur offre pour les travailleurs nomades. En 2020, l’île Maurice a lancé son visa Premium. Les ressortissants de 114 pays y sont éligibles. Le visa est gratuit et valide pour un an renouvelable. Pour l'obtenir, le demandeur doit impérativement prouver que son activité principale et/ou la source de ses revenus se situent en dehors de l'île, afin de ne pas intégrer le marché du travail local. Il doit justifier d’un revenu mensuel d’au moins 1500 dollars.
Pour le Cap-Vert qui a fait du numérique et du tourisme des leviers de croissance économique, le visa pour nomade numérique a été lancé en 2020. Il est valide pour une période de six mois renouvelable. Il est payant. Les nomades numériques au Cap-Vert sont exonérés de l'impôt sur le revenu et de toute autre taxe locale. Le pays n’impose pas de salaire minimum, mais le demandeur de visa doit justifier d’un revenu. Il doit présenter un solde bancaire moyen minimum de 1500 € au cours des six derniers mois précédant la demande de visa.
En 2024, l’Afrique du Sud a adopté le visa de nomade numérique. Il permet à son titulaire de résider sur le territoire pour une durée allant de trois mois à trois ans. Le demandeur doit apporter la preuve sous la forme de relevés bancaires de trois mois qu’il gagne un salaire brut annuel d'au moins 650 796 rands (36 782 dollars).
D’autres pays comme la Namibie ou le Kenya ont également adopté le visa de nomade numérique en 2024 pour attirer des talents internationaux et stimuler l’économie locale. Mais l’Afrique reste à la traîne par rapport à d’autres régions comme l’Amérique latine ou l’Asie du Sud-Est, qui ont compris l’intérêt de proposer des visas pour nomades numériques, des hubs technologiques, des exonérations fiscales, ou des services spécialisés.
Défis à relever
L’Afrique a du potentiel pour capitaliser sur le nomadisme numérique. Le continent affiche un taux de couverture haut débit élevé. Il est de 71% pour la 4G selon l’Union internationale des télécommunications (UIT) et de 86% pour la 3G. La 5G ne représente encore que 11% de la couverture réseau du continent. Dans la zone urbaine, le taux de couverture 4G est de 73% pour la 4G et de 2% pour la 3G. La 5G couvre déjà 25% de la zone urbaine africaine. Elle est disponible dans les capitales des pays comme l’Afrique du Sud, Sénégal, Maurice, Nigeria, Botswana, Ethiopie ou encore Seychelles, Tunisie, Lesotho. En zone rurale, la couverture de la 4G atteint 49% contre 26% pour la 3G et 14% pour la 2G. Si les grandes villes disposent généralement d’un accès Internet fiable, ce n’est pas encore le cas dans de nombreuses régions secondaires.
Pour ce qui est du prix du forfait Internet mobile le plus accessible du marché (2GB), il représente 3,9% du revenu national brut mensuel (RNB) par habitant contre 13,4% du RNB pour l’internet fixe (5GB). Ces tarifs sont jugés élevés, car ils dépassent le seuil des 2% du RNB recommandé par la Commission du haut débit pour le développement durable des Nations unies. A l’échelle mondiale, le prix moyen du forfait Internet mobile le plus accessible du marché représente près de 1% du RNB contre près de 2,3% du RNB pour l’Internet fixe.
A ces défis, s’ajoutent des questions de stabilité politique et de sécurité. Les risques d’instabilité dans certaines zones freinent les visiteurs, même si celles-ci sont minoritaires à l’échelle du continent. L’absence de statut clair pour les travailleurs nomades réduit également l’attrait des destinations africaines. Les visas touristiques ne sont pas adaptés à des séjours de longue durée et n’offrent pas les mêmes incitations. Cela suppose qu’il faut intégrer le nomadisme numérique dans les politiques publiques du tourisme, de l’entrepreneuriat et de l’emploi des jeunes et adopter les politiques à cet effet.
Le nomadisme numérique n’est pas qu’un phénomène de mode ou réservé à une élite occidentale. C’est une mutation profonde du travail mondial, dans laquelle l’Afrique peut jouer un rôle de premier plan, à condition d’anticiper, d’investir et d’innover.
Muriel Edjo
Lire aussi:
Le Kenya ouvre ses portes aux nomades numériques avec un permis de travail dédié
La Namibie a lancé un visa pour nomades numériques comme l'île Maurice
En 2023, le groupe Orange a lancé Lead the future, un nouveau modèle d’entreprise guidé par la responsabilité et l’efficacité. Une dynamique qui redéfinit les frontières entre performance économique et impact social, et dont les retombées visibles se multiplient au fil des ans dans ses différents marchés, notamment en Afrique.
Le 5 juin 2025, Orange Afrique et Moyen-Orient (OMEA) a célébré le premier anniversaire d’Orange Engage for Change, son programme d’initiatives sociales et environnementales visant à valoriser les actions à impact positif d’OMEA tout en donnant l’opportunité à ses salariés de s’engager concrètement et d’avoir un impact positif direct au bénéfice des populations et des territoires. Ce programme innovant, qui valorise les initiatives d’OMEA via la Fondation Orange, les Orange Digital Centers, les Villages Orange et d’autres projets, a été déployé simultanément dans ses 17 marchés. Une première sur le continent. L’initiative pionnière qui mobilise chaque salarié autour des enjeux sociétaux et environnementaux majeurs des territoires dans lesquels le groupe est implanté, a ainsi vu la participation de 5676 salariés depuis son lancement en 2024 soit près d’un tiers de son effectif total. Ils ont pris part à des actions du groupe sur le terrain en partageant leurs expériences, compétences et soutien dans les domaines de l’éducation, du numérique, de l’environnement et de la solidarité sociale. Chaque collaborateur d’OMEA a consacré trois jours de travail par an, octroyés par son entité, à des missions solidaires regroupées dans plus de 280 opportunités d’engagement, recensées sur la plateforme https://engageforchange.orange.com/fr, dédiée au programme.
Lors du lancement du programme en 2024, Asma Ennaifer, Directrice Exécutive RSE, ODC et de la Communication d’Orange Middle East and Africa, expliquait qu’Orange Engage for Change est née de la volonté de « fédérer nos équipes autour de valeurs partagées. Chaque initiative, chaque action menée par nos salariés témoigne de notre capacité collective à apporter des changements significatifs ».
Le secteur de l’éducation a été le plus dynamique avec 123 opportunités d’engagements proposées aux collaborateurs dont 54 pour l’acquisition de compétences numériques. Sur l’investissement d’OMEA dans le développement des compétences en particulier, la société télécoms estime que « l’inclusion numérique est l’un des leviers d’action les plus puissants pour réduire les inégalités et renforcer l’autonomie des individus. Chez Orange, nous sommes convaincus que le numérique doit être un facteur d’égalité des chances, pas de fracture. C’est pourquoi nous avons intégré cette priorité au cœur d’Orange Engage for Change, notre programme d’engagement solidaire. Agir pour l’inclusion numérique, c’est agir concrètement pour un progrès partagé et durable, en phase avec notre mission d’opérateur responsable ». Le domaine de l’environnement quant à lui a proposé 53 opportunités d’engagement pour les salariés d’Orange en Afrique et au Moyen-Orient.
Des initiatives locales, un impact global
Le succès que rencontre le programme Orange Engage for Change repose en grande partie sur son ancrage local. Les missions d’Orange proposées sont en lien avec les besoins identifiés par les filiales et les Organisations non gouvernementales (ONG) partenaires, assurant une pertinence maximale. En Côte d’Ivoire, 150 volontaires ont contribué, en collaboration avec un partenaire local, à reboiser 30 hectares dans la forêt d’Azaguié. Au Mali, 350 volontaires ont planté 1000 arbres et contribué à la mise en œuvre d’actions pour créer un parc urbain dédié aux enfants. A Madagascar, 240 volontaires ont contribué à une opération de sensibilisation sur la lutte contre le réchauffement climatique auprès de 1200 élèves dans chacune des 24 zones du pays. Au total, les actions menées couvrent un large éventail de domaines — éducation, culture, inclusion numérique, environnement, santé — reflétant la richesse et la portée des engagements proposés. Cette diversité d’actions s’inscrit dans une vision plus large : faire du numérique un levier d’inclusion, mais aussi promouvoir une responsabilité sociétale à tous les niveaux.
Des millions de vies touchées
Les actions sociales d’Orange à travers l’Afrique et le Moyen-Orient, sur une année, ont eu un impact direct ou indirect sur la vie de plus de 18 millions de personnes. A travers plusieurs centaines de missions, des milliers d’enfants et de jeunes ont participé à des sessions de codage au sein du réseau Orange Digital Centers, des porteurs de projets ont vu leurs compétences développées lors de sessions de mentorat, des centaines de femmes rurales ont assisté à des ateliers de formations à diverses compétences dans les maisons digitales. Des opérations d’assainissement urbain comme le ramassage d’ordures, curage de caniveau, recyclage de déchets électroniques, construction de toilettes modernes dans des écoles, installation de points d’eau potable dans des communautés, remises de médicaments dans les centres de détention, etc. ont été exécutées.
En République démocratique du Congo par exemple l’hôpital général de référence Kisenso à Kinshasa, s’est vu doter d’équipements de stockage d’eau et d’énergie électrique pour améliorer le cadre de travail des soignants et de prises en charge des malades. En Guinée, au Sénégal, au Burkina Faso ou encore au Cameroun, des kits numériques ont été offerts à diverses écoles de localités rurales ou défavorisées afin d’améliorer l’accès des jeunes apprenants à des ressources pédagogiques plus riches. Au Botswana, à Madagascar ou encore en Guinée- Bissau, plusieurs initiatives ont été menées dans les Maisons Digitales pour développer les compétences des femmes dans l’entrepreneuriat et renforcer leur autonomie.
Hélène Ndogmo, ménagère et membre de l’association des veuves de Douala 5ème, fait partie de celles qui ont découvert l’artisanat numérique grâce aux ateliers organisés par Orange Cameroun. Elle a appris à concevoir des créations via un logiciel de dessin, à les fabriquer avec une machine à découpe laser. « Je suis très fière de cette formation. Avant, quand je voyais les ordinateurs, je me disais que ce n’était que pour les grands étudiants alors que c’étaient aussi pour des mamans âgées comme moi », explique-t-elle.
En République centrafricaine, Noelle Jessica Gandou, élève de terminale G2 au lycée Technique de Bangui, est l’une des bénéficiaires de l'opération d'assainissement menée par une équipe d'Orange Centrafrique. Suite à cette opération qui s’est traduit par le ramassage des déchets papier et plastique abandonnés, le défrichage et l’entretien des espaces verts, l’assainissement des lieux pour lutter contre le paludisme et les insectes nuisibles, l’adolescente a exprimé sa satisfaction de voir « notre terrain de jeu propre et notre aire de rassemblement embellie par des fleurs, qui offriront une vue magnifique dans quelques mois ».
Des collaborateurs transformés
L’un des effets attendus de ce programme réside dans la transformation observée chez les collaborateurs eux-mêmes. Participer à des missions de terrain leur a permis de développer un nouveau regard sur leur rôle au sein de l’entreprise et de renforcer leur sentiment d’utilité sociale.
Jacqueline Diomandé, acheteuse chez Orange Côte d’Ivoire, juge le programme Orange Engage for Change nécessaire. « C’est une très belle initiative. Ce n’est pas évident pour nous qui sommes au bureau cinq jours sur sept de trouver le temps de sortir et de rendre service à l’humanité que nous-mêmes nous contribuons à détruire à travers nos usages quotidiens », explique-t-elle.
A Madagascar où 563 collaborateurs se sont engagés, Domoina Randriamananoro, Chargé PMO logistique Technique, s’est mobilisée avec d’autres collègues dans la préparation et la remise de paniers aux enfants dans les hôpitaux. Son action, elle l’a justifiée par son envie de se « faire plaisir en aidant et en étant solidaire en même temps. Le plaisir de donner et de recevoir une satisfaction en retour. Les actions humanitaires menées par notre entreprise sont diverses et variées. Je suis fière de pouvoir apporter ma petite contribution en rendant service et de m’associer avec des personnes qui partagent les mêmes valeurs ».
Prisca Mihanta Randrianarisoa, chef de publicité, également à Orange Madagascar, a participé à une initiation à une éducation numérique pour les élèves de l’école publique d'Ambohidratrimo. « Je leur ai appris à utiliser des tablettes, ce qui est bénéfique pour leurs études et les prépare pour leur futur », s’est-elle réjoui.
« Participer à la reforestation a été une expérience unique. Cela renforce le lien entre collègues et notre engagement envers l’environnement. », a déclaré quant à lui Omar Al-Majali, d’Orange Jordanie
Vers une montée en puissance du programme
Fort du succès de cette deuxième édition, Orange prévoit de renforcer et d'élargir le programme. L'objectif est de mobiliser un salarié sur deux dans Orange Engage for Change, pour une implication accrue de l’ensemble des équipes dans des actions à fort impact sociétal. Avec son nouveau programme d’action sociale, OMEA ne se limite plus à soutenir des causes : il implique activement ses collaborateurs dans une démarche de transformation sociale. Ce modèle repose sur la conviction que les grandes entreprises ont un rôle essentiel à jouer dans la construction de sociétés plus justes et résilientes. Cependant, l’un des grands défis de ce déploiement d’envergure d’OMEA sera de garantir que les projets soutenus continuent à porter leurs fruits après l’intervention de ses collaborateurs.
Lire aussi:
Orange dévoile Engage for Change, une action RSE de son personnel en Afrique
En Guinée, le secteur du jeu vidéo commence à susciter un intérêt stratégique. Des initiatives émergent pour structurer ce domaine et en exploiter les retombées économiques.
La première édition du tournoi national « FIFA Champions Guinée 2025 » se tiendra les 27 et 28 juin, au Chapiteau By Issa, à Conakry. L’événement, consacré au jeu vidéo EA Sports FC 25, réunira 32 joueurs issus de toutes les régions du pays. À travers cette compétition, les organisateurs entendent favoriser l’accès à l’e-sport et accompagner l’essor du numérique en Guinée.
La Guinée s’intéresse au gaming, notamment parce qu’il constitue un vecteur d’insertion professionnelle et de valorisation des talents numériques. Les organisateurs ambitionnent de structurer l’écosystème du jeu vidéo, de créer une base de données des meilleurs joueurs, de les former et de les accompagner vers des carrières numériques, mais aussi de connecter la jeunesse guinéenne à un marché mondial en pleine croissance.
Selon un rapport de l’éditeur africain de jeux vidéo Carry1st et du cabinet d’étude de marché spécialisé Newzoo, le marché du jeu vidéo sur le continent africain a atteint 1,8 milliard de dollars en 2024, enregistrant une hausse de 12,4 % par rapport à l’année précédente. À l’échelle mondiale, la progression a été plus modérée, avec une croissance de 2,1 % sur la même période. Ces données montrent le potentiel du secteur en Afrique, ouvrant de réelles opportunités pour la jeunesse, notamment en Guinée.
Cependant, la Guinée doit relever plusieurs défis pour garantir le succès de cette opportunité. Le gaming professionnel repose sur l’Internet fixe à haut débit pour ses performances, sa stabilité et sa capacité à supporter de gros volumes de données, essentiels pour une expérience fluide et compétitive. Or, l’accès à Internet fixe reste limité et coûteux en Guinée.
D’après les données de l’Union internationale des télécommunications, le coût de l’Internet fixe représentait en 2024 près de 7,29 % du revenu national brut mensuel par habitant, un taux bien supérieur au seuil d’abordabilité de 2 % recommandé au niveau international. Ce niveau de tarification freine l’adoption du haut débit et limite les usages liés au numérique avancé.
Pour tenter de répondre à ces contraintes, les autorités guinéennes ont, en décembre 2024, quadruplé la capacité du backbone national de fibre optique, passant de 50 à 200 gigaoctets. Cependant, cette amélioration technique devra être suivie d’une baisse effective des coûts et d’une extension de la couverture sur l’ensemble du territoire pour permettre à la jeunesse guinéenne de pleinement saisir les opportunités du gaming et du numérique.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Lire aussi:
IA en Afrique : des usages innovants face à des défis structurels