La Nigeria Fintech Week revient du 7 au 9 octobre 2025 avec un format inédit, réparti sur plusieurs villes dont Abuja, Delta, Enugu et Lagos. Cet événement majeur devrait rassembler plus de 20 000 participants pour impulser l’innovation et l’inclusion financière en Afrique. Organisée par la Fintech Association of Nigeria, la semaine vise à créer des partenariats forts et à élargir l’accès aux technologies numériques à tous les secteurs.

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La troisième édition d’Africa Money & DeFi Summit West Africa aura lieu à Accra les 24 et 25 septembre, réunissant plus de 500 acteurs fintech, Web3 et DeFi. Cet événement favorise les échanges, les investissements et la collaboration pour accélérer l’adoption des solutions financières innovantes en Afrique de l’Ouest, avec un focus sur les stablecoins, l’inclusion financière et les start-up prêtes à lever des fonds.

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En moins de dix ans, la 5G est passée du statut de privilège technologique à celui de réalité concrète dans près de 30 pays africains. Une avancée significative qui confirme l’ancrage du continent dans l’économie numérique mondiale, malgré des défis persistants.

La 5G accélère sa progression en Afrique, portée par une dynamique continentale de plus en plus marquée. Selon l’Union africaine des télécommunications (UAT), l’Afrique enregistrait déjà 79 opérateurs télécoms engagés dans des investissements pour la 5G en 2024, répartis dans 41 pays. Parmi eux, 35 opérateurs avaient déjà activé des réseaux commerciaux dans 21 pays. En juin 2021, la région comptait sept réseaux 5G commerciaux actifs sur cinq marchés, selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA). Vodacom Lesotho a été le premier opérateur télécoms à lancer la 5G sur le continent en 2018.

En 2024, la technologie représentait 25% de la couverture du réseau mobile en zone urbaine, contre 73% pour la 4G, d’après l’Union internationale des télécommunications. En matière d’abonnés, la 5G comptabilisait déjà plus de 26 millions de consommateurs pour environ 600 millions d’abonnés mobiles uniques dans la région Afrique subsaharienne en 2024.

En intégrant l’Afrique du Nord, notamment la Tunisie et l’Egypte où la 5G commerciale est déjà proposée aux clients depuis février et juin 2025, ces chiffres seraient certainement plus importants à l’échelle de l’Afrique où 48 opérateurs télécoms ont déjà activé la 5G dans 28 pays selon les données de juin 2025 de l’Agence Ecofin.

L’état de la 5G en Afrique

1 TableauSource : Agence Ecofin

Au regard du nombre important d’opérateurs télécoms qui s’intéressent à la 5G, notamment en Algérie, en République démocratique du Congo, au Maroc, en Côte d’Ivoire, au Cap-Vert, de nouveaux lancements commerciaux de la technologie devraient survenir d’ici la fin de l’année. Cependant, de nombreux obstacles freinent encore l’adoption rapide de la 5G par tous les pays du continent.

Défis et opportunités

Les principales entraves à l’appropriation de la 5G dans toute l’Afrique persistent dans cinq domaines : les appareils mobiles, les services, l’infrastructure, le spectre, la politique/réglementation. L’UAT explique que la cherté des téléphones compatibles 5G empêche l'adoption massive des services 5G. « Bien qu'il soit possible d'acquérir des téléphones compatibles pour la 5G à partir de 150 USD auprès des vendeurs, de larges segments de la population des pays africains ne sont pas en mesure de s'offrir des smartphones aux prix actuels. Il sera donc nécessaire d'envisager des interventions au niveau gouvernemental, réglementaire et des opérateurs pour rendre les appareils plus abordables et favoriser un environnement propice à la croissance continue de la 4G et à l'adoption de la 5G […] », suggère l’UAT.

Le faible développement des cas d’utilisation pratique de la 5G, aussi bien dans le cadre personnel qu’industriel intégrant de nouvelles technologies telles que l'intelligence artificielle, le big data et l'Internet des objets (villes intelligentes, ports intelligents, apprentissage à distance immersif, systèmes de surveillance de la santé, réseaux électriques intelligents et surveillance, chaîne de production automatisée, etc.) contribue aussi à retarder l’appropriation de la technologie en Afrique. En l’absence d’applications concrètes, l’UAT déplore que la 5G serve surtout à améliorer le débit internet et craint que la persistance d’une telle situation contribue à la conserver comme un produit de luxe réservé aux entreprises et aux classes aisées.

Enfin, le coût élevé du déploiement de la technologie télécoms, la non-disponibilité du spectre de fréquences indispensables à la 5G, « le manque de capacité et de disponibilité de la fibre optique, le manque d'incitations à la collaboration interindustrielle et l'absence de normes ou de lignes directrices relatives à la gestion des échanges de données transfrontaliers » sont les autres défis qui freinent encore la généralisation des réseaux 5G en Afrique, selon la branche africaine de l’UIT qui souligne qu’apporter une réponse appropriée à tous ces problèmes fera de la 5G un levier de croissance pour les économies africaines.

D'ici 2030, la GSMA estime que la 5G devrait à elle seule contribuer à hauteur de 10 milliards de dollars à l'économie régionale, soit 6 % de l'impact économique total du secteur mobile.

Muriel Edjo

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Le Centre africain de recherche en intelligence artificielle (CARIA) et le ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique (MPTEN) organisent un atelier national sur l’identité numérique, du mercredi 16 au vendredi 18 juillet à l’hôtel Hilton de Brazzaville. Ce rendez-vous stratégique réunira experts, décideurs et partenaires techniques pour définir les fondements d’un système d’identification numérique sécurisé et inclusif, essentiel à la transformation digitale du pays.

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Le phénomène des nomades numériques, en pleine expansion depuis l’essor du télétravail, ouvre de nouvelles perspectives pour les pays africains. Entre attractivité croissante, infrastructures en développement et politiques encore balbutiantes, le continent pourrait bien devenir un acteur clé de cette nouvelle géographie du travail.

Depuis 2020, le monde du travail connaît une révolution silencieuse, mais profonde. En quelques années, le nomadisme numérique est passé d’un phénomène marginal à une dynamique mondiale, portée par la digitalisation des métiers, l’essor du travail à distance et les aspirations à une vie plus flexible. Si cette tendance a d’abord conquis les grandes capitales occidentales, elle s'étend désormais à l’Afrique qui pourrait capter une manne financière estimée à plusieurs milliards de dollars dans les prochaines années. À condition de s’en donner les moyens.

Un phénomène mondial aux retombées locales

Le nomade numérique, c’est ce travailleur qui, grâce à un ordinateur et une connexion Internet, peut exercer son activité depuis n’importe quelle partie du monde : un freelance en marketing basé à Nairobi pendant six mois, une développeuse sénégalaise qui vit entre Dakar et Bali, ou encore un designer américain installé à Zanzibar, le temps d'un été.

Selon les statistiques 2025 collectées par Nomads.com, la plateforme de la communauté mondiale des nomades numériques, il y a plus de 80 millions de nomades numériques dans le monde. Un chiffre en hausse constante. Leur impact économique est loin d’être négligeable : en moyenne, un nomade numérique gagne 124 000 dollars par an. Il dépense entre 1 000 et 3 000 dollars par mois dans le pays qui l'accueille — hébergement, restauration, loisirs, coworking, transports, etc. Pour les pays hôtes, cela représente une source de revenus directe pour les économies locales, sans les contraintes classiques du tourisme de masse. Les Américains représentent la plus forte communauté de nomades numériques, avec 46 millions d’individus à travers le monde. Près de 88% des nomades numériques à l’échelle mondiale sont originaires de pays situés en dehors de l'Afrique.

Profil type du nomade numérique selon Nomads.com :

Catégorie

Sous-catégorie

Valeur

Âge

 

53 % ont entre 31 et 39 ans

Genre

Hommes

91 %

 

Femmes

7 %

 

Autres genres

2 %

Éducation

 

90 % niveau supérieur

Durée de séjour moyen

Par ville

63 jours

Par pays

167 jours

Revenu annuel moyen

 

124 304 $

Statut professionnel

Salariés à plein temps

38 %

Fondateurs de start-up

18 %

Freelances

18 %

Secteurs dominants (Hommes)

Développement logiciel

35 %

Développement web

28 %

Fondateurs de start-up

28 %

Marketing

16 %

Secteurs dominants (Femmes)

Marketing

16 %

Industrie créative

15 %

Start-up

12 %

Développement logiciel

10 %

Motivations

 

Cadre de travail + escapades en Afrique

 Source : Nomads.com

L’Afrique, une nouvelle frontière

Longtemps ignorée, l’Afrique commence à apparaître sur la carte du nomadisme numérique mondial. Le Cap, Johannesburg, Marrakech, Accra, Dakar, Abuja, ou encore Luanda, Libreville, Cotonou figurent parmi les destinations qui suscitent un intérêt croissant sur le continent. Ces villes attirent une nouvelle génération de télétravailleurs en quête d’authenticité, de coûts de la vie plus accessibles et de connexions humaines fortes. Ces villes proposent une connectivité à haut débit stable, de l’électricité, des cadres de travail et d’hébergement selon des standards adaptés, des services de restauration, de transport et sanitaires. En somme un cadre propice à une expérience alliant efficacité professionnelle et découverte touristique.

Cette dynamique ne concerne pas seulement les étrangers. Une partie croissante de la jeunesse africaine, notamment dans les secteurs du digital (développement web, design, community management, rédaction, etc.), s’éveille, elle aussi, à un mode de vie itinérant, souvent à l’intérieur du continent. Ce nomadisme intra-africain est soutenu par des destinations qui appliquent une exemption totale ou partielle de visa comme le Sénégal, le Bénin, le Kenya, le Ghana ou encore le Rwanda. Des incitations qui redessinent les cartes de la mobilité professionnelle à l’heure de la transformation numérique.

Des milliards de dollars à capter

Selon Newland Chase, fournisseur mondial de services d'immigration et de visas, 35 millions de nomades numériques recensés dans le monde en 2021 ont contribué à une valeur économique globale de 787 milliards de dollars. Faute d’études détaillées sur les perspectives économiques du nomadisme numérique en Afrique, une estimation basée sur une hypothèse modérée de 500 000 nomades numériques étrangers en Afrique dépensant chacun 1000 $ par mois laisse entrevoir que le continent pourrait générer 6 milliards de dollars de retombées économiques par an. En ciblant seulement 2 % du nombre de nomades numériques identifiés dans le monde par Nomads.com en 2025 (environ 80 millions), soit environ 1,6 million de travailleurs, l'Afrique pourrait capter près de 20 milliards de dollars annuellement, via les dépenses directes de ces professionnels. Mais au-delà de cette consommation immédiate, le nomadisme numérique constitue un levier de croissance pour de nombreux secteurs économiques comme l’immobilier locatif de court terme, la restauration et l’hôtellerie, les services Internet, les transports locaux, l’économie des loisirs (randonnées et autres activités sportives ou touristiques). Un potentiel qui pourrait profiter à des milliers de petites entreprises locales, notamment dans les zones urbaines.

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Des initiatives rares, mais prometteuses

Quelques pays africains ont commencé à structurer leur offre pour les travailleurs nomades. En 2020, l’île Maurice a lancé son visa Premium. Les ressortissants de 114 pays y sont éligibles. Le visa est gratuit et valide pour un an renouvelable. Pour l'obtenir, le demandeur doit impérativement prouver que son activité principale et/ou la source de ses revenus se situent en dehors de l'île, afin de ne pas intégrer le marché du travail local. Il doit justifier d’un revenu mensuel d’au moins 1500 dollars.

Pour le Cap-Vert qui a fait du numérique et du tourisme des leviers de croissance économique, le visa pour nomade numérique a été lancé en 2020. Il est valide pour une période de six mois renouvelable. Il est payant. Les nomades numériques au Cap-Vert sont exonérés de l'impôt sur le revenu et de toute autre taxe locale. Le pays n’impose pas de salaire minimum, mais le demandeur de visa doit justifier d’un revenu. Il doit présenter un solde bancaire moyen minimum de 1500 € au cours des six derniers mois précédant la demande de visa.

En 2024, l’Afrique du Sud a adopté le visa de nomade numérique. Il permet à son titulaire de résider sur le territoire pour une durée allant de trois mois à trois ans. Le demandeur doit apporter la preuve sous la forme de relevés bancaires de trois mois qu’il gagne un salaire brut annuel d'au moins 650 796 rands (36 782 dollars).

D’autres pays comme la Namibie ou le Kenya ont également adopté le visa de nomade numérique en 2024 pour attirer des talents internationaux et stimuler l’économie locale. Mais l’Afrique reste à la traîne par rapport à d’autres régions comme l’Amérique latine ou l’Asie du Sud-Est, qui ont compris l’intérêt de proposer des visas pour nomades numériques, des hubs technologiques, des exonérations fiscales, ou des services spécialisés.

Défis à relever

L’Afrique a du potentiel pour capitaliser sur le nomadisme numérique. Le continent affiche un taux de couverture haut débit élevé. Il est de 71% pour la 4G selon l’Union internationale des télécommunications (UIT) et de 86% pour la 3G. La 5G ne représente encore que 11% de la couverture réseau du continent. Dans la zone urbaine, le taux de couverture 4G est de 73% pour la 4G et de 2% pour la 3G. La 5G couvre déjà 25% de la zone urbaine africaine. Elle est disponible dans les capitales des pays comme l’Afrique du Sud, Sénégal, Maurice, Nigeria, Botswana, Ethiopie ou encore Seychelles, Tunisie, Lesotho. En zone rurale, la couverture de la 4G atteint 49% contre 26% pour la 3G et 14% pour la 2G. Si les grandes villes disposent généralement d’un accès Internet fiable, ce n’est pas encore le cas dans de nombreuses régions secondaires.

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Pour ce qui est du prix du forfait Internet mobile le plus accessible du marché (2GB), il représente 3,9% du revenu national brut mensuel (RNB) par habitant contre 13,4% du RNB pour l’internet fixe (5GB). Ces tarifs sont jugés élevés, car ils dépassent le seuil des 2% du RNB recommandé par la Commission du haut débit pour le développement durable des Nations unies. A l’échelle mondiale, le prix moyen du forfait Internet mobile le plus accessible du marché représente près de 1% du RNB contre près de 2,3% du RNB pour l’Internet fixe.

A ces défis, s’ajoutent des questions de stabilité politique et de sécurité. Les risques d’instabilité dans certaines zones freinent les visiteurs, même si celles-ci sont minoritaires à l’échelle du continent. L’absence de statut clair pour les travailleurs nomades réduit également l’attrait des destinations africaines. Les visas touristiques ne sont pas adaptés à des séjours de longue durée et n’offrent pas les mêmes incitations. Cela suppose qu’il faut intégrer le nomadisme numérique dans les politiques publiques du tourisme, de l’entrepreneuriat et de l’emploi des jeunes et adopter les politiques à cet effet.

Le nomadisme numérique n’est pas qu’un phénomène de mode ou réservé à une élite occidentale. C’est une mutation profonde du travail mondial, dans laquelle l’Afrique peut jouer un rôle de premier plan, à condition d’anticiper, d’investir et d’innover.

Muriel Edjo

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En 2023, le groupe Orange a lancé Lead the future, un nouveau modèle d’entreprise guidé par la responsabilité et l’efficacité. Une dynamique qui redéfinit les frontières entre performance économique et impact social, et dont les retombées visibles se multiplient au fil des ans dans ses différents marchés, notamment en Afrique.

Le 5 juin 2025, Orange Afrique et Moyen-Orient (OMEA) a célébré le premier anniversaire d’Orange Engage for Change, son programme d’initiatives sociales et environnementales visant à valoriser les actions à impact positif d’OMEA tout en donnant l’opportunité à ses salariés de s’engager concrètement et d’avoir un impact positif direct au bénéfice des populations et des territoires. Ce programme innovant, qui valorise les initiatives d’OMEA via la Fondation Orange, les Orange Digital Centers, les Villages Orange et d’autres projets, a été déployé simultanément dans ses 17 marchés. Une première sur le continent. L’initiative pionnière qui mobilise chaque salarié autour des enjeux sociétaux et environnementaux majeurs des territoires dans lesquels le groupe est implanté, a ainsi vu la participation de 5676 salariés depuis son lancement en 2024 soit près d’un tiers de son effectif total. Ils ont pris part à des actions du groupe sur le terrain en partageant leurs expériences, compétences et soutien dans les domaines de l’éducation, du numérique, de l’environnement et de la solidarité sociale. Chaque collaborateur d’OMEA a consacré trois jours de travail par an, octroyés par son entité, à des missions solidaires regroupées dans plus de 280 opportunités d’engagement, recensées sur la plateforme https://engageforchange.orange.com/fr, dédiée au programme.

Lors du lancement du programme en 2024, Asma Ennaifer, Directrice Exécutive RSE, ODC et de la Communication d’Orange Middle East and Africa, expliquait qu’Orange Engage for Change est née de la volonté de « fédérer nos équipes autour de valeurs partagées. Chaque initiative, chaque action menée par nos salariés témoigne de notre capacité collective à apporter des changements significatifs ».

Le secteur de l’éducation a été le plus dynamique avec 123 opportunités d’engagements proposées aux collaborateurs dont 54 pour l’acquisition de compétences numériques. Sur l’investissement d’OMEA dans le développement des compétences en particulier, la société télécoms estime que « l’inclusion numérique est l’un des leviers d’action les plus puissants pour réduire les inégalités et renforcer l’autonomie des individus. Chez Orange, nous sommes convaincus que le numérique doit être un facteur d’égalité des chances, pas de fracture. C’est pourquoi nous avons intégré cette priorité au cœur d’Orange Engage for Change, notre programme d’engagement solidaire. Agir pour l’inclusion numérique, c’est agir concrètement pour un progrès partagé et durable, en phase avec notre mission d’opérateur responsable ». Le domaine de l’environnement quant à lui a proposé 53 opportunités d’engagement pour les salariés d’Orange en Afrique et au Moyen-Orient.

Des initiatives locales, un impact global

Le succès que rencontre le programme Orange Engage for Change repose en grande partie sur son ancrage local. Les missions d’Orange proposées sont en lien avec les besoins identifiés par les filiales et les Organisations non gouvernementales (ONG) partenaires, assurant une pertinence maximale. En Côte d’Ivoire, 150 volontaires ont contribué, en collaboration avec un partenaire local, à reboiser 30 hectares dans la forêt d’Azaguié. Au Mali, 350 volontaires ont planté 1000 arbres et contribué à la mise en œuvre d’actions pour créer un parc urbain dédié aux enfants. A Madagascar, 240 volontaires ont contribué à une opération de sensibilisation sur la lutte contre le réchauffement climatique auprès de 1200 élèves dans chacune des 24 zones du pays. Au total, les actions menées couvrent un large éventail de domaines — éducation, culture, inclusion numérique, environnement, santé — reflétant la richesse et la portée des engagements proposés. Cette diversité d’actions s’inscrit dans une vision plus large : faire du numérique un levier d’inclusion, mais aussi promouvoir une responsabilité sociétale à tous les niveaux.

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Des millions de vies touchées

Les actions sociales d’Orange à travers l’Afrique et le Moyen-Orient, sur une année, ont eu un impact direct ou indirect sur la vie de plus de 18 millions de personnes. A travers plusieurs centaines de missions, des milliers d’enfants et de jeunes ont participé à des sessions de codage au sein du réseau Orange Digital Centers, des porteurs de projets ont vu leurs compétences développées lors de sessions de mentorat, des centaines de femmes rurales ont assisté à des ateliers de formations à diverses compétences dans les maisons digitales. Des opérations d’assainissement urbain comme le ramassage d’ordures, curage de caniveau, recyclage de déchets électroniques, construction de toilettes modernes dans des écoles, installation de points d’eau potable dans des communautés, remises de médicaments dans les centres de détention, etc. ont été exécutées.

En République démocratique du Congo par exemple l’hôpital général de référence Kisenso à Kinshasa, s’est vu doter d’équipements de stockage d’eau et d’énergie électrique pour améliorer le cadre de travail des soignants et de prises en charge des malades. En Guinée, au Sénégal, au Burkina Faso ou encore au Cameroun, des kits numériques ont été offerts à diverses écoles de localités rurales ou défavorisées afin d’améliorer l’accès des jeunes apprenants à des ressources pédagogiques plus riches. Au Botswana, à Madagascar ou encore en Guinée- Bissau, plusieurs initiatives ont été menées dans les Maisons Digitales pour développer les compétences des femmes dans l’entrepreneuriat et renforcer leur autonomie.

Hélène Ndogmo, ménagère et membre de l’association des veuves de Douala 5ème, fait partie de celles qui ont découvert l’artisanat numérique grâce aux ateliers organisés par Orange Cameroun. Elle a appris à concevoir des créations via un logiciel de dessin, à les fabriquer avec une machine à découpe laser. « Je suis très fière de cette formation. Avant, quand je voyais les ordinateurs, je me disais que ce n’était que pour les grands étudiants alors que c’étaient aussi pour des mamans âgées comme moi », explique-t-elle.

En République centrafricaine, Noelle Jessica Gandou, élève de terminale G2 au lycée Technique de Bangui, est l’une des bénéficiaires de l'opération d'assainissement menée par une équipe d'Orange Centrafrique. Suite à cette opération qui s’est traduit par le ramassage des déchets papier et plastique abandonnés, le défrichage et l’entretien des espaces verts, l’assainissement des lieux pour lutter contre le paludisme et les insectes nuisibles, l’adolescente a exprimé sa satisfaction de voir « notre terrain de jeu propre et notre aire de rassemblement embellie par des fleurs, qui offriront une vue magnifique dans quelques mois ».

Des collaborateurs transformés

L’un des effets attendus de ce programme réside dans la transformation observée chez les collaborateurs eux-mêmes. Participer à des missions de terrain leur a permis de développer un nouveau regard sur leur rôle au sein de l’entreprise et de renforcer leur sentiment d’utilité sociale.

Jacqueline Diomandé, acheteuse chez Orange Côte d’Ivoire, juge le programme Orange Engage for Change nécessaire. « C’est une très belle initiative. Ce n’est pas évident pour nous qui sommes au bureau cinq jours sur sept de trouver le temps de sortir et de rendre service à l’humanité que nous-mêmes nous contribuons à détruire à travers nos usages quotidiens », explique-t-elle.

A Madagascar où 563 collaborateurs se sont engagés, Domoina Randriamananoro, Chargé PMO logistique Technique, s’est mobilisée avec d’autres collègues dans la préparation et la remise de paniers aux enfants dans les hôpitaux. Son action, elle l’a justifiée par son envie de se « faire plaisir en aidant et en étant solidaire en même temps. Le plaisir de donner et de recevoir une satisfaction en retour. Les actions humanitaires menées par notre entreprise sont diverses et variées. Je suis fière de pouvoir apporter ma petite contribution en rendant service et de m’associer avec des personnes qui partagent les mêmes valeurs ». 

Prisca Mihanta Randrianarisoa, chef de publicité, également à Orange Madagascar, a participé à une initiation à une éducation numérique pour les élèves de l’école publique d'Ambohidratrimo. « Je leur ai appris à utiliser des tablettes, ce qui est bénéfique pour leurs études et les prépare pour leur futur », s’est-elle réjoui.   

 « Participer à la reforestation a été une expérience unique. Cela renforce le lien entre collègues et notre engagement envers l’environnement. », a déclaré quant à lui Omar Al-Majali, d’Orange Jordanie

Vers une montée en puissance du programme

Fort du succès de cette deuxième édition, Orange prévoit de renforcer et d'élargir le programme. L'objectif est de mobiliser un salarié sur deux dans Orange Engage for Change, pour une implication accrue de l’ensemble des équipes dans des actions à fort impact sociétal. Avec son nouveau programme d’action sociale, OMEA ne se limite plus à soutenir des causes : il implique activement ses collaborateurs dans une démarche de transformation sociale. Ce modèle repose sur la conviction que les grandes entreprises ont un rôle essentiel à jouer dans la construction de sociétés plus justes et résilientes. Cependant, l’un des grands défis de ce déploiement d’envergure d’OMEA sera de garantir que les projets soutenus continuent à porter leurs fruits après l’intervention de ses collaborateurs.

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En Guinée, le secteur du jeu vidéo commence à susciter un intérêt stratégique. Des initiatives émergent pour structurer ce domaine et en exploiter les retombées économiques.

La première édition du tournoi national « FIFA Champions Guinée 2025 » se tiendra les 27 et 28 juin, au Chapiteau By Issa, à Conakry. L’événement, consacré au jeu vidéo EA Sports FC 25, réunira 32 joueurs issus de toutes les régions du pays. À travers cette compétition, les organisateurs entendent favoriser l’accès à l’e-sport et accompagner l’essor du numérique en Guinée.

La Guinée s’intéresse au gaming, notamment parce qu’il constitue un vecteur d’insertion professionnelle et de valorisation des talents numériques. Les organisateurs ambitionnent de structurer l’écosystème du jeu vidéo, de créer une base de données des meilleurs joueurs, de les former et de les accompagner vers des carrières numériques, mais aussi de connecter la jeunesse guinéenne à un marché mondial en pleine croissance.

Selon un rapport de l’éditeur africain de jeux vidéo Carry1st et du cabinet d’étude de marché spécialisé Newzoo, le marché du jeu vidéo sur le continent africain a atteint 1,8 milliard de dollars en 2024, enregistrant une hausse de 12,4 % par rapport à l’année précédente. À l’échelle mondiale, la progression a été plus modérée, avec une croissance de 2,1 % sur la même période. Ces données montrent le potentiel du secteur en Afrique, ouvrant de réelles opportunités pour la jeunesse, notamment en Guinée.

Cependant, la Guinée doit relever plusieurs défis pour garantir le succès de cette opportunité. Le gaming professionnel repose sur l’Internet fixe à haut débit pour ses performances, sa stabilité et sa capacité à supporter de gros volumes de données, essentiels pour une expérience fluide et compétitive. Or, l’accès à Internet fixe reste limité et coûteux en Guinée.

D’après les données de l’Union internationale des télécommunications, le coût de l’Internet fixe représentait en 2024 près de 7,29 % du revenu national brut mensuel par habitant, un taux bien supérieur au seuil d’abordabilité de 2 % recommandé au niveau international. Ce niveau de tarification freine l’adoption du haut débit et limite les usages liés au numérique avancé.

Pour tenter de répondre à ces contraintes, les autorités guinéennes ont, en décembre 2024, quadruplé la capacité du backbone national de fibre optique, passant de 50 à 200 gigaoctets. Cependant, cette amélioration technique devra être suivie d’une baisse effective des coûts et d’une extension de la couverture sur l’ensemble du territoire pour permettre à la jeunesse guinéenne de pleinement saisir les opportunités du gaming et du numérique.

Melchior Koba

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Le Congo organise, du 1er au 4 juillet à Brazzaville, un CyberDrill régional en partenariat avec l’Union internationale des télécommunications (UIT), Interpol, l’ANSSI, le CARIA. L’événement rassemblera plus de 30 pays africains autour d’exercices de simulation, de tests de coordination et de scénarios de cyberattaques. L'objectif est de renforcer la sécurité numérique sur le continent, améliorer les réponses aux menaces et bâtir une cyberrésilience collective.

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En raison de son retard technologique, l’Afrique fait face à de multiples menaces pesant sur sa sécurité, son économie et son développement. Dépendant fortement de l’innovation étrangère, le continent subit aussi ses effets pervers, faute d’investissements conséquents dans la réglementation, la recherche, l’innovation et la formation des compétences.

Depuis 2020, l’Afrique observe de manière active l’accélération des innovations en matière d’intelligence artificielle. Après les modèles générateurs de texte qui ont marqué les esprits, sont venus les générateurs d’images, puis ceux de vidéos. Lors du Google I/O 2025, tenu les 20 et 21 mai en Californie, Google a dévoilé Veo 3, son dernier outil d’IA capable de produire des vidéos haute définition avec un son naturel et réaliste. Une nette amélioration par rapport à son prédécesseur, Veo 2.

« Nous entrons dans une nouvelle ère de créativité », a déclaré Josh Woodward, vice-président de Google Labs et Gemini, lors de la présentation de Veo 3, mettant en avant la possibilité de générer des vidéos « ultra-réalistes ».

Cette innovation place Google en concurrence directe avec d’autres acteurs du secteur, comme Synthesia (création de vidéos avec avatars réalistes), HeyGen (doublage multilingue avec avatars personnalisés), Runway (outils créatifs avancés) ou encore Kling AI (génération de vidéos haute qualité).

Ces outils séduisent les créateurs de contenu, les cinéastes et les professionnels des médias en Afrique. Mais ils révèlent surtout le degré de sophistication inquiétante qu'atteindront les deepfakes, dont la qualité ne cesse de croître. L’Afrique n’est plus épargnée par cette menace, ces hypertrucages étant désormais utilisés à des fins variées, souvent malveillantes.

Dans un monde où il est possible de manipuler voix, gestes et visages avec une précision déconcertante, la question n’est plus de savoir si les sociétés africaines seront touchées par cette révolution numérique, mais si elles peuvent y faire face.

Une nouvelle ère de l’illusion

Les deepfakes  contraction de deep learning et fake  sont des contenus vidéo, audio ou images modifiés ou générés par intelligence artificielle, conçus pour paraître authentiques. Grâce aux progrès de l’IA générative, il est désormais possible de faire dire ou faire n’importe quoi à n’importe qui, avec un réalisme déconcertant. Si ces technologies offrent des perspectives créatives (cinéma, éducation, jeux vidéo), elles constituent aussi un puissant outil de désinformation, particulièrement redoutable dans des contextes de fragilité institutionnelle et de littératie numérique inégale.

Dans une tribune, Raphael Nkolwoudou Afane, docteur en droit et juriste spécialisé en droit du numérique, souligne que la prolifération des deepfakes pourrait avoir des conséquences déstabilisatrices en Afrique. Le continent présente en effet un mélange de vulnérabilités propice à la diffusion et à l’impact des contenus manipulés.

« Les deepfakes tirent leur efficacité de notre tendance à accorder une crédibilité instinctive à ce qui est visible ou audible. Cette confiance dans l’image, héritée de siècles où la représentation visuelle équivalait à une preuve d’authenticité, est aujourd’hui ébranlée par des technologies capables de fabriquer des réalités convaincantes. Le cerveau humain, peu entraîné à distinguer une supercherie numérique d’un contenu authentique, devient une cible facile pour ces illusions sophistiquées », explique-t-il.

Il soutient que les deepfakes pourraient perturber des secteurs clés : « Prenons l’exemple de la finance : une vidéo truquée montrant un PDG tenant des propos compromettants pourrait faire s’effondrer les cours boursiers ou déclencher des paniques bancaires. En Afrique, où les marchés sont parfois plus sensibles aux rumeurs, l’impact serait dévastateur. Dans un contexte où la confiance envers les institutions est fragile et où les réseaux sociaux dominent la diffusion de l’information, les deepfakes menacent directement la stabilité démocratique. Une désinformation ciblée, exploitant les clivages existants, pourrait ébranler des nations entières. »

Les deepfakes risquent ainsi de provoquer une crise de confiance majeure envers les représentants de l’autorité publique, les leaders d’opinion et les institutions elles-mêmes.

Les sociétés africaines particulièrement exposées

En Afrique, les réseaux sociaux tels que Facebook, TikTok, Messenger et Instagram figurent aujourd’hui parmi les principaux canaux d’information. Ces plateformes facilitent la diffusion massive de contenus, souvent bien au-delà de leur zone d’origine, et amplifient la viralité de certaines informations, parfois sans vérification préalable.

Sous la présidence de Donald Trump, les mécanismes de vérification en place sur X (anciennement Twitter) et Facebook ont été affaiblis, au nom de la liberté d’expression, ce qui s'est traduit par un assouplissement des politiques de modération.

En l’absence d’une régulation claire des réseaux sociaux dans les pays africains sans pour autant entraver la liberté d’expression –, le risque de prolifération des deepfakes s’accroît. Certains États ont pris des mesures pour y remédier : en 2022, l’Ouganda a ainsi révisé sa loi sur l’utilisation abusive des ordinateurs, initialement adoptée en 2011. La nouvelle version pénalise la diffusion de fausses informations, notamment les deepfakes, tout en interdisant l’accès non autorisé aux données et le partage d’informations sensibles concernant les enfants.

Selon le Digital Report 2025, le nombre total d’utilisateurs des réseaux sociaux s’élevait à 5,31 milliards de personnes en février. L’Afrique représentait 561 millions de ces utilisateurs de réseaux sociaux d’après Statista.

Les réseaux sociaux les plus utilisés en Afrique en 2025.

294,1 millions sur Facebook,

104,5 millions sur Messenger,

189,3 millions sur TikTok,

91,1 millions sur Instagram,

27,8 millions sur X.

Source : Digital Report 2025

Il est à noter qu’une même personne peut être inscrite sur plusieurs plateformes.

Des outils et des lois encore trop timides

En juillet 2024, l’Union africaine (UA) s’est dotée d’une Stratégie continentale sur l’intelligence artificielle pour la période 2025-2030. Son objectif est de mettre l’IA au service du développement et de la prospérité de l’Afrique. Le Dr Amani Abou-Zeid, commissaire à l’Infrastructure et à l’Énergie de l’UA, explique qu’elle « s’aligne sur les aspirations de l’UA en matière de développement inclusif ainsi que sur ses valeurs fondamentales. Guidée par les principes d’éthique, d’inclusion, de diversité, de droits de l’homme, de dignité humaine, de bien-être des populations, de paix et de prospérité, elle priorise le développement et l’adaptation des systèmes d’IA au contexte africain ».

Cette stratégie propose une approche inclusive, centrée sur l’Afrique et axée sur le développement, articulée autour de cinq domaines d’intervention : exploiter pleinement les avantages de l’IA, renforcer les capacités en matière d’IA, minimiser les risques, stimuler les investissements, favoriser la coopération. Elle définit une vision commune et identifie les interventions clés pour permettre au continent de tirer parti du potentiel de l’IA tout en relevant les défis sociétaux, éthiques, sécuritaires et juridiques liés à ses transformations.

Cependant, malgré l’existence de cette politique continentale destinée à inspirer les pays africains et à accélérer leur mobilisation face aux enjeux croissants de l’IA, la réalité sur le terrain reste contrastée. Chaque État, confronté à ses propres défis de développement et maître de ses priorités, avance à son rythme. Ainsi, la préparation du continent face aux risques de l’IA, notamment ses dérives comme les deepfakes, demeure insuffisante.

Selon l’UA, entre 2018 et 2023, six pays – l’Algérie, le Bénin, l’Égypte, Maurice, le Rwanda et le Sénégal – ont élaboré des stratégies nationales dédiées à l’IA. D’autres, comme l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, la Mauritanie, le Maroc, le Nigeria, l’Ouganda, la Tanzanie et la Tunisie, ont pris des mesures significatives pour définir des politiques et créer des institutions dédiées au développement de l’IA. Cependant, l’indice de préparation à l’IA (AIPI) du Fonds monétaire international (FMI) révèle que près de 80 % des pays africains restent sous-équipés, que ce soit en termes de réglementation, de compétences humaines ou d’innovation.

L’Union européenne est mieux lotie avec son règlement (UE) 2024/1689 du parlement européen et du conseil du 13 juin 2024 établissant des règles harmonisées concernant l’intelligence artificielle. Il régit entre autres la mise sur le marché, la mise en service et l’utilisation de systèmes d’IA dans l’Union et précise certaines pratiques interdites. Il y a aussi le règlement général sur la protection des données (RGPD) qui intègre des sanctions pour tout producteur de deepfake qui a recours à la voix ou encore à l’image des personnes sans leur consentement car ces attributs sont considérés comme des données à caractère personnel. Le RGPD peut s’appliquer même si le contenu relève de la liberté d’expression ou artistique. Dans certains pays, le code pénal a été mis à jour pour adresser les questions d’IA. En France par exemple, le montage réalisé avec les paroles ou l’image d’une personne sans son consentement est sanctionné d’un an de prison et d’une amende 15 000 euros. Cette somme passe à deux ans de prison et 60 000 euros d’amende pour le montage réalisé avec les paroles ou l’image d’une personne sans son consentement.

Investir à la hauteur des enjeux

Sur le plan technologique, les initiatives locales visant à développer des outils de détection des deepfakes ou à renforcer les capacités des institutions en cybersécurité restent rares. La sensibilisation aux contenus manipulés demeure, quant à elle, marginale. Consciente de ces défis, l’Union africaine (UA) formule plusieurs recommandations dans sa stratégie continentale sur l’intelligence artificielle. Au-delà d’une législation sur l’usage éthique de la technologie et de ses dérivés, l’organisation souligne l’urgence d’investir davantage dans la recherche et le développement, de soutenir l’innovation sur le continent et de renforcer les compétences humaines. Ces mesures devraient permettre l’émergence de solutions de détection des deepfakes, mais aussi le développement d’outils d’IA propices à la croissance des divers secteurs économiques africains.

Les perspectives économiques sont significatives : une étude de McKinsey estime que l’IA générative pourrait augmenter la productivité de 40 % et ajouter entre 2200 et 4400 milliards de dollars par an à l’économie mondiale. Si l’Afrique parvient à capter ne serait-ce que 5 % de cette opportunité, cela représenterait un gain annuel de 110 à 220 milliards de dollars pour son PIB. Une utilisation judicieuse de l’IA pourrait également jouer un rôle clé dans l’industrialisation, la création d’emplois, l’amélioration des services publics, de la santé et de l’éducation, ainsi que dans la gestion des crises climatiques. En optimisant la prévention et la réponse aux sécheresses, cyclones et incendies de forêt, cette technologie pourrait sauver des vies et réduire considérablement les coûts liés à ces catastrophes.

L’écosystème africain de l’IA montre déjà des signes de dynamisme : selon l’UA, plus de 2400 organisations travaillent sur l’innovation en matière d’intelligence artificielle sur le continent, dont 41 % sont des start-up actives dans des secteurs tels que la santé, l’agriculture, l’éducation, le droit et l’assurance. La sécurité serait aussi bienvenue.

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Face à la prolifération des deepfakes, l’Afrique ne peut se contenter d’un rôle passif. La bataille pour la vérité numérique est indissociable des enjeux de souveraineté, de stabilité démocratique et de confiance citoyenne. Il ne s’agit pas de rejeter les progrès de l’IA, mais d’en encadrer les usages et d’en prévenir les risques.

Muriel Edjo

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IA en Afrique : des usages innovants face à des défis structurels 

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Les Nations unies considèrent l’Internet comme un service de base essentiel au même titre que l’électricité et l’eau potable. Conscient de son impact sur le développement économique et social de l’Afrique, un appel à la mobilisation générale a été lancée pour accentuer l’investissement.

La pénétration d’Internet en Afrique connaît une croissance remarquable, deux fois plus rapide que la moyenne mondiale, selon les dernières données publiées par l’Union internationale des télécommunications (UIT).  Depuis 2005, le taux moyen de croissance annuel s’élève à 16,7 %, contre 8 % à l’échelle mondiale. Même si la cadence a ralenti au cours de la dernière décennie – atteignant une moyenne de 10,7 % par an contre 6,1 % dans le reste du monde, le continent continue de progresser à un rythme soutenu. Cette croissance rapide souligne une volonté d’intégration numérique qui se heurte toutefois encore à de profondes fractures, en comparaison avec le reste du monde.

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Source : UIT

En 2024, seulement 38 % de la population africaine était connectée à Internet, contre une moyenne mondiale de 68 %. L’Afrique demeure ainsi la région la moins connectée de la planète. Cette situation met en lumière les défis structurels et économiques que doivent encore surmonter de nombreux pays africains pour garantir un accès équitable et généralisé aux technologies numériques.

Genre

L’une des inégalités les plus marquantes observées dans la région est la fracture numérique de genre. En 2024, 43 % d'hommes utilisaient Internet contre seulement 31 % de femmes en Afrique. Ce déséquilibre se traduit par un indice de parité entre les sexes (Gender Parity Score – GPS) de 0,72, bien en deçà de la moyenne mondiale qui s’établit à 0,94.

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Source : UIT

Toutefois, des signes d’amélioration se font jour : le GPS a progressé au cours des cinq dernières années, passant de 0,69 à 0,72. Cette évolution reste encourageante, même si elle demeure insuffisante à court terme pour inverser la tendance structurelle de sous-représentation des femmes dans l’espace numérique.

Âge

La fracture numérique en Afrique ne se limite pas aux disparités de genre. Elle touche aussi les générations. En 2024, 53 % des jeunes Africains âgés de 15 à 24 ans étaient connectés à Internet, contre 34 % pour le reste de la population.

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Source : UIT

Ce fossé générationnel est plus prononcé que la moyenne mondiale, bien qu’il tende à se réduire lentement au fil du temps. Selon l’UIT, l’engouement des jeunes pour les outils numériques est un atout majeur pour la transformation digitale du continent, mais il souligne également l’urgence d’élargir l’accès aux populations plus âgées et marginalisées pour assurer une inclusion numérique véritablement universelle.

Géographie

La répartition géographique des connexions constitue un autre facteur de fragmentation numérique majeur. En 2024, 57 % des habitants des zones urbaines en Afrique utilisaient Internet, contre seulement 23 % dans les zones rurales. Cet écart de 34 points de pourcentage est comparable à la moyenne mondiale, qui s’établit autour de 35 points entre les milieux urbain (83 %) et rural (48 %).

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Source : UIT

Dans plusieurs pays africains pour lesquels les données sont disponibles selon le lieu de résidence, une tendance claire émerge : plus le taux global de pénétration est élevé, plus l’écart entre zones rurales et urbaines tend à se réduire. Cela montre que les progrès en matière d’infrastructures et de politiques publiques peuvent atténuer les inégalités géographiques, à condition d’être ciblés et soutenus.

Un appel à l’action

Face à cette mosaïque de disparités, il devient évident que l’Afrique ne pourra combler son retard numérique sans une mobilisation collective et coordonnée. Les investissements dans les infrastructures, notamment en zones rurales et isolées, sont essentiels pour garantir un accès plus équitable aux outils numériques. De même, des politiques publiques inclusives, qui tiennent compte des dimensions de genre, d’âge et de localisation, doivent être mises en œuvre de manière systématique pour bâtir une société numérique plus juste.

Le rôle des gouvernements, des opérateurs télécoms, des ONG et des partenaires au développement est fondamental pour combler les multiples fractures numériques du continent. Si l’Afrique continue d’afficher une croissance supérieure à la moyenne mondiale en matière d’accès à Internet, cette dynamique doit être accompagnée de mesures structurelles pour garantir qu’elle profite à tous les segments de la population, sans exception. Dans un monde de plus en plus numérisé, l’exclusion numérique équivaut à une forme de marginalisation sociale. Pour que l’Afrique puisse tirer pleinement profit des opportunités offertes par la transformation digitale, il est donc impératif d’accélérer les efforts d’inclusion numérique à tous les niveaux.

Muriel EDJO

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Infrastructures, données, compétences : les obstacles au potentiel de l’IA en l’Afrique

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