En Guinée, le secteur du jeu vidéo commence à susciter un intérêt stratégique. Des initiatives émergent pour structurer ce domaine et en exploiter les retombées économiques.

La première édition du tournoi national « FIFA Champions Guinée 2025 » se tiendra les 27 et 28 juin, au Chapiteau By Issa, à Conakry. L’événement, consacré au jeu vidéo EA Sports FC 25, réunira 32 joueurs issus de toutes les régions du pays. À travers cette compétition, les organisateurs entendent favoriser l’accès à l’e-sport et accompagner l’essor du numérique en Guinée.

La Guinée s’intéresse au gaming, notamment parce qu’il constitue un vecteur d’insertion professionnelle et de valorisation des talents numériques. Les organisateurs ambitionnent de structurer l’écosystème du jeu vidéo, de créer une base de données des meilleurs joueurs, de les former et de les accompagner vers des carrières numériques, mais aussi de connecter la jeunesse guinéenne à un marché mondial en pleine croissance.

Selon un rapport de l’éditeur africain de jeux vidéo Carry1st et du cabinet d’étude de marché spécialisé Newzoo, le marché du jeu vidéo sur le continent africain a atteint 1,8 milliard de dollars en 2024, enregistrant une hausse de 12,4 % par rapport à l’année précédente. À l’échelle mondiale, la progression a été plus modérée, avec une croissance de 2,1 % sur la même période. Ces données montrent le potentiel du secteur en Afrique, ouvrant de réelles opportunités pour la jeunesse, notamment en Guinée.

Cependant, la Guinée doit relever plusieurs défis pour garantir le succès de cette opportunité. Le gaming professionnel repose sur l’Internet fixe à haut débit pour ses performances, sa stabilité et sa capacité à supporter de gros volumes de données, essentiels pour une expérience fluide et compétitive. Or, l’accès à Internet fixe reste limité et coûteux en Guinée.

D’après les données de l’Union internationale des télécommunications, le coût de l’Internet fixe représentait en 2024 près de 7,29 % du revenu national brut mensuel par habitant, un taux bien supérieur au seuil d’abordabilité de 2 % recommandé au niveau international. Ce niveau de tarification freine l’adoption du haut débit et limite les usages liés au numérique avancé.

Pour tenter de répondre à ces contraintes, les autorités guinéennes ont, en décembre 2024, quadruplé la capacité du backbone national de fibre optique, passant de 50 à 200 gigaoctets. Cependant, cette amélioration technique devra être suivie d’une baisse effective des coûts et d’une extension de la couverture sur l’ensemble du territoire pour permettre à la jeunesse guinéenne de pleinement saisir les opportunités du gaming et du numérique.

Melchior Koba

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Le Congo organise, du 1er au 4 juillet à Brazzaville, un CyberDrill régional en partenariat avec l’Union internationale des télécommunications (UIT), Interpol, l’ANSSI, le CARIA. L’événement rassemblera plus de 30 pays africains autour d’exercices de simulation, de tests de coordination et de scénarios de cyberattaques. L'objectif est de renforcer la sécurité numérique sur le continent, améliorer les réponses aux menaces et bâtir une cyberrésilience collective.

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En raison de son retard technologique, l’Afrique fait face à de multiples menaces pesant sur sa sécurité, son économie et son développement. Dépendant fortement de l’innovation étrangère, le continent subit aussi ses effets pervers, faute d’investissements conséquents dans la réglementation, la recherche, l’innovation et la formation des compétences.

Depuis 2020, l’Afrique observe de manière active l’accélération des innovations en matière d’intelligence artificielle. Après les modèles générateurs de texte qui ont marqué les esprits, sont venus les générateurs d’images, puis ceux de vidéos. Lors du Google I/O 2025, tenu les 20 et 21 mai en Californie, Google a dévoilé Veo 3, son dernier outil d’IA capable de produire des vidéos haute définition avec un son naturel et réaliste. Une nette amélioration par rapport à son prédécesseur, Veo 2.

« Nous entrons dans une nouvelle ère de créativité », a déclaré Josh Woodward, vice-président de Google Labs et Gemini, lors de la présentation de Veo 3, mettant en avant la possibilité de générer des vidéos « ultra-réalistes ».

Cette innovation place Google en concurrence directe avec d’autres acteurs du secteur, comme Synthesia (création de vidéos avec avatars réalistes), HeyGen (doublage multilingue avec avatars personnalisés), Runway (outils créatifs avancés) ou encore Kling AI (génération de vidéos haute qualité).

Ces outils séduisent les créateurs de contenu, les cinéastes et les professionnels des médias en Afrique. Mais ils révèlent surtout le degré de sophistication inquiétante qu'atteindront les deepfakes, dont la qualité ne cesse de croître. L’Afrique n’est plus épargnée par cette menace, ces hypertrucages étant désormais utilisés à des fins variées, souvent malveillantes.

Dans un monde où il est possible de manipuler voix, gestes et visages avec une précision déconcertante, la question n’est plus de savoir si les sociétés africaines seront touchées par cette révolution numérique, mais si elles peuvent y faire face.

Une nouvelle ère de l’illusion

Les deepfakes  contraction de deep learning et fake  sont des contenus vidéo, audio ou images modifiés ou générés par intelligence artificielle, conçus pour paraître authentiques. Grâce aux progrès de l’IA générative, il est désormais possible de faire dire ou faire n’importe quoi à n’importe qui, avec un réalisme déconcertant. Si ces technologies offrent des perspectives créatives (cinéma, éducation, jeux vidéo), elles constituent aussi un puissant outil de désinformation, particulièrement redoutable dans des contextes de fragilité institutionnelle et de littératie numérique inégale.

Dans une tribune, Raphael Nkolwoudou Afane, docteur en droit et juriste spécialisé en droit du numérique, souligne que la prolifération des deepfakes pourrait avoir des conséquences déstabilisatrices en Afrique. Le continent présente en effet un mélange de vulnérabilités propice à la diffusion et à l’impact des contenus manipulés.

« Les deepfakes tirent leur efficacité de notre tendance à accorder une crédibilité instinctive à ce qui est visible ou audible. Cette confiance dans l’image, héritée de siècles où la représentation visuelle équivalait à une preuve d’authenticité, est aujourd’hui ébranlée par des technologies capables de fabriquer des réalités convaincantes. Le cerveau humain, peu entraîné à distinguer une supercherie numérique d’un contenu authentique, devient une cible facile pour ces illusions sophistiquées », explique-t-il.

Il soutient que les deepfakes pourraient perturber des secteurs clés : « Prenons l’exemple de la finance : une vidéo truquée montrant un PDG tenant des propos compromettants pourrait faire s’effondrer les cours boursiers ou déclencher des paniques bancaires. En Afrique, où les marchés sont parfois plus sensibles aux rumeurs, l’impact serait dévastateur. Dans un contexte où la confiance envers les institutions est fragile et où les réseaux sociaux dominent la diffusion de l’information, les deepfakes menacent directement la stabilité démocratique. Une désinformation ciblée, exploitant les clivages existants, pourrait ébranler des nations entières. »

Les deepfakes risquent ainsi de provoquer une crise de confiance majeure envers les représentants de l’autorité publique, les leaders d’opinion et les institutions elles-mêmes.

Les sociétés africaines particulièrement exposées

En Afrique, les réseaux sociaux tels que Facebook, TikTok, Messenger et Instagram figurent aujourd’hui parmi les principaux canaux d’information. Ces plateformes facilitent la diffusion massive de contenus, souvent bien au-delà de leur zone d’origine, et amplifient la viralité de certaines informations, parfois sans vérification préalable.

Sous la présidence de Donald Trump, les mécanismes de vérification en place sur X (anciennement Twitter) et Facebook ont été affaiblis, au nom de la liberté d’expression, ce qui s'est traduit par un assouplissement des politiques de modération.

En l’absence d’une régulation claire des réseaux sociaux dans les pays africains sans pour autant entraver la liberté d’expression –, le risque de prolifération des deepfakes s’accroît. Certains États ont pris des mesures pour y remédier : en 2022, l’Ouganda a ainsi révisé sa loi sur l’utilisation abusive des ordinateurs, initialement adoptée en 2011. La nouvelle version pénalise la diffusion de fausses informations, notamment les deepfakes, tout en interdisant l’accès non autorisé aux données et le partage d’informations sensibles concernant les enfants.

Selon le Digital Report 2025, le nombre total d’utilisateurs des réseaux sociaux s’élevait à 5,31 milliards de personnes en février. L’Afrique représentait 561 millions de ces utilisateurs de réseaux sociaux d’après Statista.

Les réseaux sociaux les plus utilisés en Afrique en 2025.

294,1 millions sur Facebook,

104,5 millions sur Messenger,

189,3 millions sur TikTok,

91,1 millions sur Instagram,

27,8 millions sur X.

Source : Digital Report 2025

Il est à noter qu’une même personne peut être inscrite sur plusieurs plateformes.

Des outils et des lois encore trop timides

En juillet 2024, l’Union africaine (UA) s’est dotée d’une Stratégie continentale sur l’intelligence artificielle pour la période 2025-2030. Son objectif est de mettre l’IA au service du développement et de la prospérité de l’Afrique. Le Dr Amani Abou-Zeid, commissaire à l’Infrastructure et à l’Énergie de l’UA, explique qu’elle « s’aligne sur les aspirations de l’UA en matière de développement inclusif ainsi que sur ses valeurs fondamentales. Guidée par les principes d’éthique, d’inclusion, de diversité, de droits de l’homme, de dignité humaine, de bien-être des populations, de paix et de prospérité, elle priorise le développement et l’adaptation des systèmes d’IA au contexte africain ».

Cette stratégie propose une approche inclusive, centrée sur l’Afrique et axée sur le développement, articulée autour de cinq domaines d’intervention : exploiter pleinement les avantages de l’IA, renforcer les capacités en matière d’IA, minimiser les risques, stimuler les investissements, favoriser la coopération. Elle définit une vision commune et identifie les interventions clés pour permettre au continent de tirer parti du potentiel de l’IA tout en relevant les défis sociétaux, éthiques, sécuritaires et juridiques liés à ses transformations.

Cependant, malgré l’existence de cette politique continentale destinée à inspirer les pays africains et à accélérer leur mobilisation face aux enjeux croissants de l’IA, la réalité sur le terrain reste contrastée. Chaque État, confronté à ses propres défis de développement et maître de ses priorités, avance à son rythme. Ainsi, la préparation du continent face aux risques de l’IA, notamment ses dérives comme les deepfakes, demeure insuffisante.

Selon l’UA, entre 2018 et 2023, six pays – l’Algérie, le Bénin, l’Égypte, Maurice, le Rwanda et le Sénégal – ont élaboré des stratégies nationales dédiées à l’IA. D’autres, comme l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, la Mauritanie, le Maroc, le Nigeria, l’Ouganda, la Tanzanie et la Tunisie, ont pris des mesures significatives pour définir des politiques et créer des institutions dédiées au développement de l’IA. Cependant, l’indice de préparation à l’IA (AIPI) du Fonds monétaire international (FMI) révèle que près de 80 % des pays africains restent sous-équipés, que ce soit en termes de réglementation, de compétences humaines ou d’innovation.

L’Union européenne est mieux lotie avec son règlement (UE) 2024/1689 du parlement européen et du conseil du 13 juin 2024 établissant des règles harmonisées concernant l’intelligence artificielle. Il régit entre autres la mise sur le marché, la mise en service et l’utilisation de systèmes d’IA dans l’Union et précise certaines pratiques interdites. Il y a aussi le règlement général sur la protection des données (RGPD) qui intègre des sanctions pour tout producteur de deepfake qui a recours à la voix ou encore à l’image des personnes sans leur consentement car ces attributs sont considérés comme des données à caractère personnel. Le RGPD peut s’appliquer même si le contenu relève de la liberté d’expression ou artistique. Dans certains pays, le code pénal a été mis à jour pour adresser les questions d’IA. En France par exemple, le montage réalisé avec les paroles ou l’image d’une personne sans son consentement est sanctionné d’un an de prison et d’une amende 15 000 euros. Cette somme passe à deux ans de prison et 60 000 euros d’amende pour le montage réalisé avec les paroles ou l’image d’une personne sans son consentement.

Investir à la hauteur des enjeux

Sur le plan technologique, les initiatives locales visant à développer des outils de détection des deepfakes ou à renforcer les capacités des institutions en cybersécurité restent rares. La sensibilisation aux contenus manipulés demeure, quant à elle, marginale. Consciente de ces défis, l’Union africaine (UA) formule plusieurs recommandations dans sa stratégie continentale sur l’intelligence artificielle. Au-delà d’une législation sur l’usage éthique de la technologie et de ses dérivés, l’organisation souligne l’urgence d’investir davantage dans la recherche et le développement, de soutenir l’innovation sur le continent et de renforcer les compétences humaines. Ces mesures devraient permettre l’émergence de solutions de détection des deepfakes, mais aussi le développement d’outils d’IA propices à la croissance des divers secteurs économiques africains.

Les perspectives économiques sont significatives : une étude de McKinsey estime que l’IA générative pourrait augmenter la productivité de 40 % et ajouter entre 2200 et 4400 milliards de dollars par an à l’économie mondiale. Si l’Afrique parvient à capter ne serait-ce que 5 % de cette opportunité, cela représenterait un gain annuel de 110 à 220 milliards de dollars pour son PIB. Une utilisation judicieuse de l’IA pourrait également jouer un rôle clé dans l’industrialisation, la création d’emplois, l’amélioration des services publics, de la santé et de l’éducation, ainsi que dans la gestion des crises climatiques. En optimisant la prévention et la réponse aux sécheresses, cyclones et incendies de forêt, cette technologie pourrait sauver des vies et réduire considérablement les coûts liés à ces catastrophes.

L’écosystème africain de l’IA montre déjà des signes de dynamisme : selon l’UA, plus de 2400 organisations travaillent sur l’innovation en matière d’intelligence artificielle sur le continent, dont 41 % sont des start-up actives dans des secteurs tels que la santé, l’agriculture, l’éducation, le droit et l’assurance. La sécurité serait aussi bienvenue.

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Face à la prolifération des deepfakes, l’Afrique ne peut se contenter d’un rôle passif. La bataille pour la vérité numérique est indissociable des enjeux de souveraineté, de stabilité démocratique et de confiance citoyenne. Il ne s’agit pas de rejeter les progrès de l’IA, mais d’en encadrer les usages et d’en prévenir les risques.

Muriel Edjo

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Les Nations unies considèrent l’Internet comme un service de base essentiel au même titre que l’électricité et l’eau potable. Conscient de son impact sur le développement économique et social de l’Afrique, un appel à la mobilisation générale a été lancée pour accentuer l’investissement.

La pénétration d’Internet en Afrique connaît une croissance remarquable, deux fois plus rapide que la moyenne mondiale, selon les dernières données publiées par l’Union internationale des télécommunications (UIT).  Depuis 2005, le taux moyen de croissance annuel s’élève à 16,7 %, contre 8 % à l’échelle mondiale. Même si la cadence a ralenti au cours de la dernière décennie – atteignant une moyenne de 10,7 % par an contre 6,1 % dans le reste du monde, le continent continue de progresser à un rythme soutenu. Cette croissance rapide souligne une volonté d’intégration numérique qui se heurte toutefois encore à de profondes fractures, en comparaison avec le reste du monde.

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Source : UIT

En 2024, seulement 38 % de la population africaine était connectée à Internet, contre une moyenne mondiale de 68 %. L’Afrique demeure ainsi la région la moins connectée de la planète. Cette situation met en lumière les défis structurels et économiques que doivent encore surmonter de nombreux pays africains pour garantir un accès équitable et généralisé aux technologies numériques.

Genre

L’une des inégalités les plus marquantes observées dans la région est la fracture numérique de genre. En 2024, 43 % d'hommes utilisaient Internet contre seulement 31 % de femmes en Afrique. Ce déséquilibre se traduit par un indice de parité entre les sexes (Gender Parity Score – GPS) de 0,72, bien en deçà de la moyenne mondiale qui s’établit à 0,94.

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Source : UIT

Toutefois, des signes d’amélioration se font jour : le GPS a progressé au cours des cinq dernières années, passant de 0,69 à 0,72. Cette évolution reste encourageante, même si elle demeure insuffisante à court terme pour inverser la tendance structurelle de sous-représentation des femmes dans l’espace numérique.

Âge

La fracture numérique en Afrique ne se limite pas aux disparités de genre. Elle touche aussi les générations. En 2024, 53 % des jeunes Africains âgés de 15 à 24 ans étaient connectés à Internet, contre 34 % pour le reste de la population.

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Source : UIT

Ce fossé générationnel est plus prononcé que la moyenne mondiale, bien qu’il tende à se réduire lentement au fil du temps. Selon l’UIT, l’engouement des jeunes pour les outils numériques est un atout majeur pour la transformation digitale du continent, mais il souligne également l’urgence d’élargir l’accès aux populations plus âgées et marginalisées pour assurer une inclusion numérique véritablement universelle.

Géographie

La répartition géographique des connexions constitue un autre facteur de fragmentation numérique majeur. En 2024, 57 % des habitants des zones urbaines en Afrique utilisaient Internet, contre seulement 23 % dans les zones rurales. Cet écart de 34 points de pourcentage est comparable à la moyenne mondiale, qui s’établit autour de 35 points entre les milieux urbain (83 %) et rural (48 %).

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Source : UIT

Dans plusieurs pays africains pour lesquels les données sont disponibles selon le lieu de résidence, une tendance claire émerge : plus le taux global de pénétration est élevé, plus l’écart entre zones rurales et urbaines tend à se réduire. Cela montre que les progrès en matière d’infrastructures et de politiques publiques peuvent atténuer les inégalités géographiques, à condition d’être ciblés et soutenus.

Un appel à l’action

Face à cette mosaïque de disparités, il devient évident que l’Afrique ne pourra combler son retard numérique sans une mobilisation collective et coordonnée. Les investissements dans les infrastructures, notamment en zones rurales et isolées, sont essentiels pour garantir un accès plus équitable aux outils numériques. De même, des politiques publiques inclusives, qui tiennent compte des dimensions de genre, d’âge et de localisation, doivent être mises en œuvre de manière systématique pour bâtir une société numérique plus juste.

Le rôle des gouvernements, des opérateurs télécoms, des ONG et des partenaires au développement est fondamental pour combler les multiples fractures numériques du continent. Si l’Afrique continue d’afficher une croissance supérieure à la moyenne mondiale en matière d’accès à Internet, cette dynamique doit être accompagnée de mesures structurelles pour garantir qu’elle profite à tous les segments de la population, sans exception. Dans un monde de plus en plus numérisé, l’exclusion numérique équivaut à une forme de marginalisation sociale. Pour que l’Afrique puisse tirer pleinement profit des opportunités offertes par la transformation digitale, il est donc impératif d’accélérer les efforts d’inclusion numérique à tous les niveaux.

Muriel EDJO

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En quinze ans, les avancées technologiques ont remodelé de marché des télécoms et du numérique en Afrique, créant à la fois des opportunités et des défis. Cependant, l’inadaptation des régulations freine un essor harmonieux, limitant le plein potentiel du secteur et son impact économique.

En 2024, dix pays africains ont atteint le plus haut niveau de maturité réglementaire dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) et de la gouvernance numérique. Parmi eux, le Burkina Faso et le Sénégal ont rejoint la catégorie G3, aux côtés de plusieurs pays d’Europe, d’Amérique et d’Asie. Ce niveau correspond à un écosystème réglementaire propice aux investissements, à l’innovation et à l’accès universel. Sur sa plateforme https://app.gen5.digital/ consultée le 3 juin 2024, l'Union internationale des télécommunications (UIT) révèle qu'ils ne sont désormais qu’à quelques points du niveau G4, le plus élevé, qui caractérise une régulation intégrée, alignée sur des objectifs de développement économique et social.

Top10 des pays africains avec le meilleur écosystème de réglementation des TIC

Pays

points 2024

Niveau 2024

points 2023

Niveau 2023

1

Kenya

93

G4

71,91

G3

2

Nigeria

92

G4

64,81

G2

3

Af. du Sud

88

G4

69,29

G2

4

Malawi

87,50

G4

59,57

G2

5

Egypte

87

G4

69,29

G2

6

Rwanda

85,67

G4

63,58

G2

7

Maroc

85,50

G4

58,49

G2

8

Ouganda

85

G4

55,56

G2

9

Burkina F.

84

G3

48,77

G2

10

Sénégal

82,67

G3

50

G2

Source : UIT

Dans son référentiel G5, l’UIT, classe 193 pays selon quatre niveaux de maturité réglementaire, évalués à travers 70 indicateurs regroupés en quatre piliers : gouvernance collaborative nationale ; principes de conception des politiques ; instruments de développement numérique ; agenda politique de l’économie numérique. L’indice, noté sur 100 points, distingue quatre niveaux de maturité réglementaire. G1 (limité) : 0-40 points – Marchés monopolistiques, approche autoritaire ; G2 (intermédiaire) : 40-70 points – Libéralisation partielle et privatisation ; G3 (avancé) : 70-85 points – Cadre favorable à l’innovation et à la concurrence ; G4 (leader) : 85-100 points – Régulation harmonieuse, moteur de transformation numérique.

Des progrès, mais pas assez

Entre 2023 et 2024, les pays africains ont accomplis des progrès significatifs dans leur régulation des TIC. La pandémie de Covid-19 a agi comme un catalyseur, révélant dès 2020 l’urgence de transformation numérique mais également les lacunes réglementaires à combler, notamment dans la révision de gestion du spectre et la fiscalité des services numériques.

Le résultat est visible aujourd’hui. La majorité des pays africains classés G1 et G2 en 2023 ont progressé vers le niveau G3. Seuls trois pays affichent encore un très faible niveau de maturité réglementaire, signe d’une dynamique positive.  

Bien que cette évolution soit louable, elle est tout même encore en dessous des objectifs fixés par l’UIT : l’atteinte du niveau G4 par la majorité, pour une économie numérique au service du développement socioéconomique du continent. Pour y parvenir, il est impératif d’investir dans les capacités institutionnelles, de renforcer la coopération régionale, et d’adopter des politiques inclusives pour que le numérique profite à tous.

Muriel EDJO

Edité par Sèna D. B. de Sodji

Classement des pays africains

Pays

Point 2024

Niveau 2024

Point  2023

Niveau 2023

11

Libéria

82,33

G3

41,82

G2

12

Botswana

82

G3

55,09

G2

13

Tanzanie

81,67

G3

55,25

G2

14

Ghana

81

G3

64,20

G2

15

Maurice

80,50

G3

62,81

G2

16

Seychelles

79,50

G3

20.37

G1

17

Eswatini

79

G3

48,92

G2

18

Zambie

78,33

G3

49.07

G2

19

Guinée

76,33

G3

33,80

G1

20

Tunisie

75,83

G3

39,35

G1

21

Angola

75,67

G3

28,55

G1

22

Cameroun

75,67

G3

38,27

G1

23

Soudan

75,50

G3

59.10

G2

24

Comores

74,17

G3

30,56

G1

25

Cap-Vert

74

G3

50

G2

26

Côte d'Iv.

74

G3

50

G2

27

Gambie

72,67

G3

41,36

G2

28

Sao Tomé-et-Principe

72,67

G3

27,62

G1

29

Togo

71,67

G3

43,83

G2

30

Lesotho

70,50

G3

28,86

G1

31

Mozambique

70,50

G3

22.22

G1

32

Zimbabwe

70,33

G3

56,94

G2

33

Bénin

70

G3

67,59

G2

34

RD Congo

70

G3

41,82

G2

35

Namibie

68,67

G2

34,88

G1

36

Niger

68

G2

40,59

G2

37

Mali

67

G2

44,91

G2

38

Algérie

66

G2

50,93

G2

39

Mauritanie

66

G2

44,29

G2

40

Gabon

64

G2

29,78

G1

41

Sierra Leone

61,17

G2

38,27

G1

42

Burundi

60,67

G2

26,70

G1

43

Tchad

58,67

G2

41,36

G2

44

RCA

53,50

G2

26,54

G1

45

Soudan du Sud

53,17

G2

   

46

Ethiopie

52

G2

50,62

G2

47

Somalie

50,50

G2

22.22

G1

48

Guinée-B.

50,33

G2

26,85

G1

49

Guinée Eq.

50

G2

17,59

G1

50

Érythrée

14

G1

8.33

G1

51

Libye

12,67

G1

3,70

G1

52

Djibouti

4,50

G1

23.15

G1

Source : UIT

G1 ou limité : 0 à 40 points

G2 ou intermédiaire : 40 à 70 points

G3 ou avancé : 70 à 85 points

G3 ou leader : 85 à 100 points

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La Côte d’Ivoire prévoit d'organiser, du 9 au 11 juillet, la première édition de son forum dédié aux technologies : l’Ivoire Tech Forum. Placé sous le thème « Le numérique au service de tous », l’événement rassemblera décideurs publics et privés, start-up, partenaires internationaux, investisseurs et jeunes talents, avec pour objectif de mettre en valeur les avancées numériques du pays.

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L’Afrique s’engage progressivement dans la transformation numérique. Si la plupart des pays du continent peinent à créer un environnement propice à une innovation technologique de pointe capable de s’imposer à l’échelle mondiale, les exceptions se multiplient.

Treize pays africains figurent dans le Top 100 mondial des meilleurs écosystèmes de start-up, selon un rapport publié le mercredi 21 mai par le cabinet StartupBlink.

Pour établir ce classement, le cabinet de recherche spécialisé dans l'analyse des écosystèmes des start-up dans le monde se base sur 33 indicateurs répartis sur trois grandes catégories : la quantité (nombre de start-up, espaces de coworking, accélérateurs, nombre de rencontres dédiées aux start-up, etc.) ; la qualité (total des investissements dans les jeunes pousses, nombre et taille des licornes, présence de centres de recherche & développement implantés par de grandes entreprises technologiques internationales, présence de filiales des multinationales, nombre de start-up soutenues par des accélérateurs de renommée mondiale, nombre total d’employés dans les start-up, etc.) ; et l’environnement des affaires (vitesse de la connexion à Internet, coût de la connexion à Internet, dépenses en recherche & développement, libertés d’Internet, taux de taxation appliqué aux jeunes pousses, disponibilité de divers services technologiques comme le paiement électronique et les cryptomonnaies, niveau de corruption, etc.).

Intitulé « Global Startup Ecosystem Index 2025 », ce classement révèle que l’Afrique du Sud (52e position à l’échelle mondiale) a conservé son rang de pays africain qui dispose du meilleur système de start-up à l’échelle africaine.

Le Kenya (58e rang mondial) arrive en 2e position en Afrique, grâce à un gain de 5 places par rapport à l’édition 2024 du classement. Viennent ensuite l’Egypte (65e rang mondial), le Nigeria (66e), le Cap-Vert (75e), le Ghana (81e), la Tunisie (82e), la Namibie (85e), le Maroc (88e). Le Sénégal (92e rang mondial) ferme le Top 10 africain et devance l’Ouganda (94e), le Rwanda (96e) et la Somalie (100e).

Au total, dix pays du continent sont parvenus à améliorer leur rang par rapport à l’édition précédente, tandis que deux ont régressé (le Sénégal et le Nigeria) et un seul a conservé sa position (l’Afrique du Sud). Les plus fortes progressions ont été enregistrées par la Tunisie (+8 rangs), le Ghana (+7), le Kenya (+5) et le Maroc (+4).

StartupBlink a par ailleurs classé les écosystèmes de start-up dans 1000 villes à travers le monde. Seules les villes de Lagos (76e rang mondial) et le Caire (90e rang mondial) sont présentes dans le Top 100, grâce à leurs écosystèmes dynamiques qui comptent plusieurs licornes (start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars), un nombre élevé de jeunes pousses florissantes ainsi que d’importants incubateurs et accélérateurs.

Walid Kéfi

Etat des écosystèmes de start-up africains dans le Top 100 mondial entre 2024 et 2025

Pays

Rang 2025

Rang 2024

Évolution

Afrique du Sud

52

52

→ Stable

Kenya

58

63

▲ +5

Égypte

65

66

▲ +1

Nigéria

66

64

▼ -2

Cap-Vert

75

78

▲ +3

Ghana

81

88

▲ +7

Tunisie

82

90

▲ +8

Namibie

85

87

▲ +2

Maroc

88

92

▲ +4

Sénégal

92

86

▼ -6

Ouganda

94

95

▲ +1

Rwanda

96

98

▲ +2

Somalie

100

NC

Nouvelle entrée

Maurice

Hors Top 100

59

▼ Sortie

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Avec une croissance annuelle de 40 % enregistrée ces dernières années, le marché africain de l’e-commerce connaît une véritable envolée. C’est dans ce contexte que se tiendra, les 27 et 28 juin prochain, la première édition de l’E-Business International Summit (EBIS) au Grand Théâtre National de Dakar. L’événement réunira les acteurs du numérique autour des enjeux du commerce en ligne, de l’entrepreneuriat digital et du marketing numérique en Afrique.

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Expert en marketing, il met ses compétences au service des entreprises. Passionné de musique et de technologie, il a également créé une plateforme qui aide les artistes à se faire connaître à l’international.

Spécialiste congolais du marketing et formateur reconnu, Gracy Omokoso (photo) est le président-directeur général de Streameex, une plateforme de streaming dédiée à la diffusion en direct de concerts et d’événements en Afrique. 

Lancée en 2021, Streameex vise à rapprocher les artistes africains de leur public grâce à une expérience de streaming de haute qualité. La plateforme offre également aux organisateurs d’événements des outils performants pour atteindre leurs objectifs, renforcer leur impact et proposer des moments inoubliables au public. 

Streameex est une initiative de Go Freelance, une agence de conseil en communication et marketing digital cofondée par Gracy Omokoso. Cette plateforme est née de la volonté de permettre aux artistes de faire rayonner leur art à l’échelle mondiale, tout en offrant aux mélomanes une expérience immersive et engageante. 

Gracy Omokoso est diplômé de l’Université Pédagogique Nationale de la République Démocratique du Congo, où il a obtenu une licence en marketing en 2015. La même année, il débute sa carrière professionnelle chez AG Partners, une agence de communication, en tant que chef de publicité et responsable digital. Entre 2021 et 2024, il intervient comme coach en marketing digital à la Kadea Academy. Depuis 2024, il exerce comme consultant indépendant dans ce domaine.

Melchior Koba

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Professionnel aguerri dans les domaines de la finance et de l’assurance, Kingsley Kordie est aussi un entrepreneur engagé. Grâce à sa solution numérique, il propose aux touristes une approche innovante pour découvrir le Ghana. 

Kingsley Kordie (photo) est un professionnel de la finance et un entrepreneur technologique originaire du Ghana. Il est cofondateur et directeur d’Akwaaba App, une plateforme qui utilise l’intelligence artificielle (IA) pour créer des plans de voyage personnalisés à destination de l’Afrique. 

Créée en 2012, Akwaaba App a pour mission d’aider les petites entreprises locales à se développer en facilitant leur mise en relation avec les clients et en élargissant leur visibilité. L’application sert de guide de voyage personnalisé pour découvrir le Ghana. Elle permet notamment de trouver des salles de sport locales, des événements, des activités pour enfants, ainsi que des entreprises vérifiées. 

Akwaaba App met aussi à disposition des outils permettant aux organisateurs d’événements et aux promoteurs de lieux de vendre des billets, gérer les réservations et optimiser leur visibilité grâce à des services de marketing. Un programme de récompenses est également proposé. Il permet aux entreprises partenaires de promouvoir leurs offres spéciales et aux utilisateurs de gagner des récompenses en partageant l’application ou en parrainant de nouveaux membres. 

Le programme est conçu pour susciter davantage d’engagements et générer des revenus pour les entreprises locales, les aidant ainsi à prospérer sur un marché de plus en plus concurrentiel, explique Kingsley Kordie. 

Par ailleurs, Kingsley Kordie dirige Kingkos Group, une société spécialisée dans le développement de logiciels et d’applications mobiles sur mesure. Diplômé de l’université Colgate aux États-Unis, il commence sa carrière en 2006 chez Northwestern Mutual, une société de services financiers et d’assurance, où il exerce comme conseiller financier. 

En 2009, il rejoint le groupe Bloomberg comme analyste en recherche sur les actions. L’année suivante, il devient analyste en capital-investissement chez Grant Thornton, un cabinet américain spécialisé en audit, fiscalité et conseil. 

Melchior Koba

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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