Les Nations unies considèrent l’Internet comme un service de base essentiel au même titre que l’électricité et l’eau potable. Conscient de son impact sur le développement économique et social de l’Afrique, un appel à la mobilisation générale a été lancée pour accentuer l’investissement.
La pénétration d’Internet en Afrique connaît une croissance remarquable, deux fois plus rapide que la moyenne mondiale, selon les dernières données publiées par l’Union internationale des télécommunications (UIT). Depuis 2005, le taux moyen de croissance annuel s’élève à 16,7 %, contre 8 % à l’échelle mondiale. Même si la cadence a ralenti au cours de la dernière décennie – atteignant une moyenne de 10,7 % par an contre 6,1 % dans le reste du monde, le continent continue de progresser à un rythme soutenu. Cette croissance rapide souligne une volonté d’intégration numérique qui se heurte toutefois encore à de profondes fractures, en comparaison avec le reste du monde.
Source : UIT
En 2024, seulement 38 % de la population africaine était connectée à Internet, contre une moyenne mondiale de 68 %. L’Afrique demeure ainsi la région la moins connectée de la planète. Cette situation met en lumière les défis structurels et économiques que doivent encore surmonter de nombreux pays africains pour garantir un accès équitable et généralisé aux technologies numériques.
Genre
L’une des inégalités les plus marquantes observées dans la région est la fracture numérique de genre. En 2024, 43 % d'hommes utilisaient Internet contre seulement 31 % de femmes en Afrique. Ce déséquilibre se traduit par un indice de parité entre les sexes (Gender Parity Score – GPS) de 0,72, bien en deçà de la moyenne mondiale qui s’établit à 0,94.
Source : UIT
Toutefois, des signes d’amélioration se font jour : le GPS a progressé au cours des cinq dernières années, passant de 0,69 à 0,72. Cette évolution reste encourageante, même si elle demeure insuffisante à court terme pour inverser la tendance structurelle de sous-représentation des femmes dans l’espace numérique.
Âge
La fracture numérique en Afrique ne se limite pas aux disparités de genre. Elle touche aussi les générations. En 2024, 53 % des jeunes Africains âgés de 15 à 24 ans étaient connectés à Internet, contre 34 % pour le reste de la population.
Source : UIT
Ce fossé générationnel est plus prononcé que la moyenne mondiale, bien qu’il tende à se réduire lentement au fil du temps. Selon l’UIT, l’engouement des jeunes pour les outils numériques est un atout majeur pour la transformation digitale du continent, mais il souligne également l’urgence d’élargir l’accès aux populations plus âgées et marginalisées pour assurer une inclusion numérique véritablement universelle.
Géographie
La répartition géographique des connexions constitue un autre facteur de fragmentation numérique majeur. En 2024, 57 % des habitants des zones urbaines en Afrique utilisaient Internet, contre seulement 23 % dans les zones rurales. Cet écart de 34 points de pourcentage est comparable à la moyenne mondiale, qui s’établit autour de 35 points entre les milieux urbain (83 %) et rural (48 %).
Source : UIT
Dans plusieurs pays africains pour lesquels les données sont disponibles selon le lieu de résidence, une tendance claire émerge : plus le taux global de pénétration est élevé, plus l’écart entre zones rurales et urbaines tend à se réduire. Cela montre que les progrès en matière d’infrastructures et de politiques publiques peuvent atténuer les inégalités géographiques, à condition d’être ciblés et soutenus.
Un appel à l’action
Face à cette mosaïque de disparités, il devient évident que l’Afrique ne pourra combler son retard numérique sans une mobilisation collective et coordonnée. Les investissements dans les infrastructures, notamment en zones rurales et isolées, sont essentiels pour garantir un accès plus équitable aux outils numériques. De même, des politiques publiques inclusives, qui tiennent compte des dimensions de genre, d’âge et de localisation, doivent être mises en œuvre de manière systématique pour bâtir une société numérique plus juste.
Le rôle des gouvernements, des opérateurs télécoms, des ONG et des partenaires au développement est fondamental pour combler les multiples fractures numériques du continent. Si l’Afrique continue d’afficher une croissance supérieure à la moyenne mondiale en matière d’accès à Internet, cette dynamique doit être accompagnée de mesures structurelles pour garantir qu’elle profite à tous les segments de la population, sans exception. Dans un monde de plus en plus numérisé, l’exclusion numérique équivaut à une forme de marginalisation sociale. Pour que l’Afrique puisse tirer pleinement profit des opportunités offertes par la transformation digitale, il est donc impératif d’accélérer les efforts d’inclusion numérique à tous les niveaux.
Muriel EDJO
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En quinze ans, les avancées technologiques ont remodelé de marché des télécoms et du numérique en Afrique, créant à la fois des opportunités et des défis. Cependant, l’inadaptation des régulations freine un essor harmonieux, limitant le plein potentiel du secteur et son impact économique.
En 2024, dix pays africains ont atteint le plus haut niveau de maturité réglementaire dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) et de la gouvernance numérique. Parmi eux, le Burkina Faso et le Sénégal ont rejoint la catégorie G3, aux côtés de plusieurs pays d’Europe, d’Amérique et d’Asie. Ce niveau correspond à un écosystème réglementaire propice aux investissements, à l’innovation et à l’accès universel. Sur sa plateforme https://app.gen5.digital/ consultée le 3 juin 2024, l'Union internationale des télécommunications (UIT) révèle qu'ils ne sont désormais qu’à quelques points du niveau G4, le plus élevé, qui caractérise une régulation intégrée, alignée sur des objectifs de développement économique et social.
Top10 des pays africains avec le meilleur écosystème de réglementation des TIC
N° |
Pays |
points 2024 |
Niveau 2024 |
points 2023 |
Niveau 2023 |
1 |
Kenya |
93 |
G4 |
71,91 |
G3 |
2 |
Nigeria |
92 |
G4 |
64,81 |
G2 |
3 |
Af. du Sud |
88 |
G4 |
69,29 |
G2 |
4 |
Malawi |
87,50 |
G4 |
59,57 |
G2 |
5 |
Egypte |
87 |
G4 |
69,29 |
G2 |
6 |
Rwanda |
85,67 |
G4 |
63,58 |
G2 |
7 |
Maroc |
85,50 |
G4 |
58,49 |
G2 |
8 |
Ouganda |
85 |
G4 |
55,56 |
G2 |
9 |
Burkina F. |
84 |
G3 |
48,77 |
G2 |
10 |
Sénégal |
82,67 |
G3 |
50 |
G2 |
Source : UIT
Dans son référentiel G5, l’UIT, classe 193 pays selon quatre niveaux de maturité réglementaire, évalués à travers 70 indicateurs regroupés en quatre piliers : gouvernance collaborative nationale ; principes de conception des politiques ; instruments de développement numérique ; agenda politique de l’économie numérique. L’indice, noté sur 100 points, distingue quatre niveaux de maturité réglementaire. G1 (limité) : 0-40 points – Marchés monopolistiques, approche autoritaire ; G2 (intermédiaire) : 40-70 points – Libéralisation partielle et privatisation ; G3 (avancé) : 70-85 points – Cadre favorable à l’innovation et à la concurrence ; G4 (leader) : 85-100 points – Régulation harmonieuse, moteur de transformation numérique.
Des progrès, mais pas assez
Entre 2023 et 2024, les pays africains ont accomplis des progrès significatifs dans leur régulation des TIC. La pandémie de Covid-19 a agi comme un catalyseur, révélant dès 2020 l’urgence de transformation numérique mais également les lacunes réglementaires à combler, notamment dans la révision de gestion du spectre et la fiscalité des services numériques.
Le résultat est visible aujourd’hui. La majorité des pays africains classés G1 et G2 en 2023 ont progressé vers le niveau G3. Seuls trois pays affichent encore un très faible niveau de maturité réglementaire, signe d’une dynamique positive.
Bien que cette évolution soit louable, elle est tout même encore en dessous des objectifs fixés par l’UIT : l’atteinte du niveau G4 par la majorité, pour une économie numérique au service du développement socioéconomique du continent. Pour y parvenir, il est impératif d’investir dans les capacités institutionnelles, de renforcer la coopération régionale, et d’adopter des politiques inclusives pour que le numérique profite à tous.
Muriel EDJO
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Classement des pays africains
N° |
Pays |
Point 2024 |
Niveau 2024 |
Point 2023 |
Niveau 2023 |
11 |
Libéria |
82,33 |
G3 |
41,82 |
G2 |
12 |
Botswana |
82 |
G3 |
55,09 |
G2 |
13 |
Tanzanie |
81,67 |
G3 |
55,25 |
G2 |
14 |
Ghana |
81 |
G3 |
64,20 |
G2 |
15 |
Maurice |
80,50 |
G3 |
62,81 |
G2 |
16 |
Seychelles |
79,50 |
G3 |
20.37 |
G1 |
17 |
Eswatini |
79 |
G3 |
48,92 |
G2 |
18 |
Zambie |
78,33 |
G3 |
49.07 |
G2 |
19 |
Guinée |
76,33 |
G3 |
33,80 |
G1 |
20 |
Tunisie |
75,83 |
G3 |
39,35 |
G1 |
21 |
Angola |
75,67 |
G3 |
28,55 |
G1 |
22 |
Cameroun |
75,67 |
G3 |
38,27 |
G1 |
23 |
Soudan |
75,50 |
G3 |
59.10 |
G2 |
24 |
Comores |
74,17 |
G3 |
30,56 |
G1 |
25 |
Cap-Vert |
74 |
G3 |
50 |
G2 |
26 |
Côte d'Iv. |
74 |
G3 |
50 |
G2 |
27 |
Gambie |
72,67 |
G3 |
41,36 |
G2 |
28 |
Sao Tomé-et-Principe |
72,67 |
G3 |
27,62 |
G1 |
29 |
Togo |
71,67 |
G3 |
43,83 |
G2 |
30 |
Lesotho |
70,50 |
G3 |
28,86 |
G1 |
31 |
Mozambique |
70,50 |
G3 |
22.22 |
G1 |
32 |
Zimbabwe |
70,33 |
G3 |
56,94 |
G2 |
33 |
Bénin |
70 |
G3 |
67,59 |
G2 |
34 |
RD Congo |
70 |
G3 |
41,82 |
G2 |
35 |
Namibie |
68,67 |
G2 |
34,88 |
G1 |
36 |
Niger |
68 |
G2 |
40,59 |
G2 |
37 |
Mali |
67 |
G2 |
44,91 |
G2 |
38 |
Algérie |
66 |
G2 |
50,93 |
G2 |
39 |
Mauritanie |
66 |
G2 |
44,29 |
G2 |
40 |
Gabon |
64 |
G2 |
29,78 |
G1 |
41 |
Sierra Leone |
61,17 |
G2 |
38,27 |
G1 |
42 |
Burundi |
60,67 |
G2 |
26,70 |
G1 |
43 |
Tchad |
58,67 |
G2 |
41,36 |
G2 |
44 |
RCA |
53,50 |
G2 |
26,54 |
G1 |
45 |
Soudan du Sud |
53,17 |
G2 |
||
46 |
Ethiopie |
52 |
G2 |
50,62 |
G2 |
47 |
Somalie |
50,50 |
G2 |
22.22 |
G1 |
48 |
Guinée-B. |
50,33 |
G2 |
26,85 |
G1 |
49 |
Guinée Eq. |
50 |
G2 |
17,59 |
G1 |
50 |
Érythrée |
14 |
G1 |
8.33 |
G1 |
51 |
Libye |
12,67 |
G1 |
3,70 |
G1 |
52 |
Djibouti |
4,50 |
G1 |
23.15 |
G1 |
Source : UIT
G1 ou limité : 0 à 40 points
G2 ou intermédiaire : 40 à 70 points
G3 ou avancé : 70 à 85 points
G3 ou leader : 85 à 100 points
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La Côte d’Ivoire prévoit d'organiser, du 9 au 11 juillet, la première édition de son forum dédié aux technologies : l’Ivoire Tech Forum. Placé sous le thème « Le numérique au service de tous », l’événement rassemblera décideurs publics et privés, start-up, partenaires internationaux, investisseurs et jeunes talents, avec pour objectif de mettre en valeur les avancées numériques du pays.
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L’Afrique s’engage progressivement dans la transformation numérique. Si la plupart des pays du continent peinent à créer un environnement propice à une innovation technologique de pointe capable de s’imposer à l’échelle mondiale, les exceptions se multiplient.
Treize pays africains figurent dans le Top 100 mondial des meilleurs écosystèmes de start-up, selon un rapport publié le mercredi 21 mai par le cabinet StartupBlink.
Pour établir ce classement, le cabinet de recherche spécialisé dans l'analyse des écosystèmes des start-up dans le monde se base sur 33 indicateurs répartis sur trois grandes catégories : la quantité (nombre de start-up, espaces de coworking, accélérateurs, nombre de rencontres dédiées aux start-up, etc.) ; la qualité (total des investissements dans les jeunes pousses, nombre et taille des licornes, présence de centres de recherche & développement implantés par de grandes entreprises technologiques internationales, présence de filiales des multinationales, nombre de start-up soutenues par des accélérateurs de renommée mondiale, nombre total d’employés dans les start-up, etc.) ; et l’environnement des affaires (vitesse de la connexion à Internet, coût de la connexion à Internet, dépenses en recherche & développement, libertés d’Internet, taux de taxation appliqué aux jeunes pousses, disponibilité de divers services technologiques comme le paiement électronique et les cryptomonnaies, niveau de corruption, etc.).
Intitulé « Global Startup Ecosystem Index 2025 », ce classement révèle que l’Afrique du Sud (52e position à l’échelle mondiale) a conservé son rang de pays africain qui dispose du meilleur système de start-up à l’échelle africaine.
Le Kenya (58e rang mondial) arrive en 2e position en Afrique, grâce à un gain de 5 places par rapport à l’édition 2024 du classement. Viennent ensuite l’Egypte (65e rang mondial), le Nigeria (66e), le Cap-Vert (75e), le Ghana (81e), la Tunisie (82e), la Namibie (85e), le Maroc (88e). Le Sénégal (92e rang mondial) ferme le Top 10 africain et devance l’Ouganda (94e), le Rwanda (96e) et la Somalie (100e).
Au total, dix pays du continent sont parvenus à améliorer leur rang par rapport à l’édition précédente, tandis que deux ont régressé (le Sénégal et le Nigeria) et un seul a conservé sa position (l’Afrique du Sud). Les plus fortes progressions ont été enregistrées par la Tunisie (+8 rangs), le Ghana (+7), le Kenya (+5) et le Maroc (+4).
StartupBlink a par ailleurs classé les écosystèmes de start-up dans 1000 villes à travers le monde. Seules les villes de Lagos (76e rang mondial) et le Caire (90e rang mondial) sont présentes dans le Top 100, grâce à leurs écosystèmes dynamiques qui comptent plusieurs licornes (start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars), un nombre élevé de jeunes pousses florissantes ainsi que d’importants incubateurs et accélérateurs.
Walid Kéfi
Etat des écosystèmes de start-up africains dans le Top 100 mondial entre 2024 et 2025
Pays |
Rang 2025 |
Rang 2024 |
Évolution |
Afrique du Sud |
52 |
52 |
→ Stable |
Kenya |
58 |
63 |
▲ +5 |
Égypte |
65 |
66 |
▲ +1 |
Nigéria |
66 |
64 |
▼ -2 |
Cap-Vert |
75 |
78 |
▲ +3 |
Ghana |
81 |
88 |
▲ +7 |
Tunisie |
82 |
90 |
▲ +8 |
Namibie |
85 |
87 |
▲ +2 |
Maroc |
88 |
92 |
▲ +4 |
Sénégal |
92 |
86 |
▼ -6 |
Ouganda |
94 |
95 |
▲ +1 |
Rwanda |
96 |
98 |
▲ +2 |
Somalie |
100 |
NC |
Nouvelle entrée |
Maurice |
Hors Top 100 |
59 |
▼ Sortie |
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Avec une croissance annuelle de 40 % enregistrée ces dernières années, le marché africain de l’e-commerce connaît une véritable envolée. C’est dans ce contexte que se tiendra, les 27 et 28 juin prochain, la première édition de l’E-Business International Summit (EBIS) au Grand Théâtre National de Dakar. L’événement réunira les acteurs du numérique autour des enjeux du commerce en ligne, de l’entrepreneuriat digital et du marketing numérique en Afrique.
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Expert en marketing, il met ses compétences au service des entreprises. Passionné de musique et de technologie, il a également créé une plateforme qui aide les artistes à se faire connaître à l’international.
Spécialiste congolais du marketing et formateur reconnu, Gracy Omokoso (photo) est le président-directeur général de Streameex, une plateforme de streaming dédiée à la diffusion en direct de concerts et d’événements en Afrique.
Lancée en 2021, Streameex vise à rapprocher les artistes africains de leur public grâce à une expérience de streaming de haute qualité. La plateforme offre également aux organisateurs d’événements des outils performants pour atteindre leurs objectifs, renforcer leur impact et proposer des moments inoubliables au public.
Streameex est une initiative de Go Freelance, une agence de conseil en communication et marketing digital cofondée par Gracy Omokoso. Cette plateforme est née de la volonté de permettre aux artistes de faire rayonner leur art à l’échelle mondiale, tout en offrant aux mélomanes une expérience immersive et engageante.
Gracy Omokoso est diplômé de l’Université Pédagogique Nationale de la République Démocratique du Congo, où il a obtenu une licence en marketing en 2015. La même année, il débute sa carrière professionnelle chez AG Partners, une agence de communication, en tant que chef de publicité et responsable digital. Entre 2021 et 2024, il intervient comme coach en marketing digital à la Kadea Academy. Depuis 2024, il exerce comme consultant indépendant dans ce domaine.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Professionnel aguerri dans les domaines de la finance et de l’assurance, Kingsley Kordie est aussi un entrepreneur engagé. Grâce à sa solution numérique, il propose aux touristes une approche innovante pour découvrir le Ghana.
Kingsley Kordie (photo) est un professionnel de la finance et un entrepreneur technologique originaire du Ghana. Il est cofondateur et directeur d’Akwaaba App, une plateforme qui utilise l’intelligence artificielle (IA) pour créer des plans de voyage personnalisés à destination de l’Afrique.
Créée en 2012, Akwaaba App a pour mission d’aider les petites entreprises locales à se développer en facilitant leur mise en relation avec les clients et en élargissant leur visibilité. L’application sert de guide de voyage personnalisé pour découvrir le Ghana. Elle permet notamment de trouver des salles de sport locales, des événements, des activités pour enfants, ainsi que des entreprises vérifiées.
Akwaaba App met aussi à disposition des outils permettant aux organisateurs d’événements et aux promoteurs de lieux de vendre des billets, gérer les réservations et optimiser leur visibilité grâce à des services de marketing. Un programme de récompenses est également proposé. Il permet aux entreprises partenaires de promouvoir leurs offres spéciales et aux utilisateurs de gagner des récompenses en partageant l’application ou en parrainant de nouveaux membres.
Le programme est conçu pour susciter davantage d’engagements et générer des revenus pour les entreprises locales, les aidant ainsi à prospérer sur un marché de plus en plus concurrentiel, explique Kingsley Kordie.
Par ailleurs, Kingsley Kordie dirige Kingkos Group, une société spécialisée dans le développement de logiciels et d’applications mobiles sur mesure. Diplômé de l’université Colgate aux États-Unis, il commence sa carrière en 2006 chez Northwestern Mutual, une société de services financiers et d’assurance, où il exerce comme conseiller financier.
En 2009, il rejoint le groupe Bloomberg comme analyste en recherche sur les actions. L’année suivante, il devient analyste en capital-investissement chez Grant Thornton, un cabinet américain spécialisé en audit, fiscalité et conseil.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En février 2023, Orange Group a présenté son nouveau plan stratégique « Lead the Future », construit sur un nouveau modèle d’entreprise et guidé par la responsabilité et l’efficacité. La poursuite de cette vision en Afrique change de mains, mais reste toutefois entre celles d’un expert.
Le groupe télécoms français Orange annonce ce lundi 5 mai un changement majeur à la tête de sa branche Moyen-Orient et Afrique (Orange MEA). Yasser Shaker (photo), actuel président-directeur général d’Orange Egypt, en est désormais le patron. Il prendra officiellement fonction le 1er juillet 2025. Il remplacera Jérôme Hénique, nommé directeur exécutif et président-directeur général d’Orange France. Il rejoindra également le Conseil d’administration d’Orange MEA lors de sa prise de fonction officielle le 1er juin prochain.
Ingénieur en télécommunications diplômé de la Faculté d’ingénierie de l’université du Caire, également titulaire d’un MBA de l’École supérieure de commerce de Rennes, Yasser Shaker rejoindra le comité exécutif du groupe Orange. Christel Heydemann, la présidente-directrice générale de l’entreprise, croit fermement en ses compétences pour ses nouvelles fonctions. Elle a d’ailleurs affirmé que « sa vaste expérience et sa connaissance approfondie de la région seront essentielles pour poursuivre notre dynamique de croissance ».
Yasser Shaker poursuivra la mission héritée de son prédécesseur, faire d’Orange MEA un opérateur multi-service de haute facture. Aujourd’hui actif dans plusieurs segments à valeur ajoutée, notamment la data mobile, la finance mobile, la cybersécurité, l’accompagnement à l’innovation technologique et l’énergie, OMEA a été le principal contributeur de la croissance économique du groupe pour l’année 2024. OMEA, composée de 16 filiales africaines et de la Jordanie, a enregistré un chiffre d’affaires de 7683 millions d’euros, soit une hausse de 11,1% par rapport à 2023.
PDG d’Orange Egypte depuis le 1er mai 2018, Yasser Shaker a débuté sa carrière dans le domaine des satellites. Depuis plus de 25 ans, il joue un rôle clé dans le secteur des technologies. Sous sa direction, le groupe Orange affirme que sa filiale égyptienne « a atteint des niveaux records de croissance et de profitabilité, et ce malgré un contexte macroéconomique difficile ». Avant de rejoindre Orange Egypte, Yasser Shaker occupait le poste de directeur de l’innovation technologique d’OMEA.
Muriel EDJO
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Les habitudes de consommation Internet ont évolué en Afrique au cours des cinq dernières années, avec l’essor de nouveaux services. L’exigence d’un service Internet de qualité est également de plus en plus fort. L’investissement dans les réseaux qui garantissent une expérience consommateur optimale devient indispensable.
Le gouvernement algérien prévoit d’éliminer progressivement le réseau cuivre d’ici fin 2027, au profit de la fibre optique, jugée plus performante. Cette ambition a été annoncée le mardi 29 avril par le ministre de la Poste et des Télécommunications, Sid Ali Zerrouki (photo), à l’occasion des cérémonies célébrant le franchissement du cap des 2 millions de foyers raccordés à la fibre optique jusqu’au domicile (FTTH) en Algérie.
Cette décision intervient alors que le réseau cuivre, conçu à l’origine pour la téléphonie, ne répond plus aux exigences actuelles. Il est lent pour Internet et sensible aux pannes. La fibre optique, elle, transmet les données à la vitesse de la lumière, sans perte de qualité.
« Parmi ses bénéfices, la fibre optique offre des débits (montants et descendants) très supérieurs à ceux pouvant être proposés sur le réseau cuivre, de 100 Mbits/s à plusieurs Gbits/s, et permet une meilleure qualité de service que le réseau cuivre. Le télétravail, les visioconférences, l’e-éducation, la télémédecine et bien d’autres usages ont récemment accru la demande en débit », explique l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) de la France, où le réseau cuivre est en train d’être abandonné.
M. Zerrouki estime d’ailleurs que la généralisation de la fibre s’inscrit dans une approche visant à permettre aux start-up de développer des solutions numériques avancées, à accélérer la numérisation de l’administration et des services publics, à encourager l’innovation dans les domaines de l’intelligence artificielle, de l’Internet des objets et des big data, tout en renforçant l’inclusion financière grâce à la généralisation du paiement électronique et au développement de l’économie numérique.
Il convient toutefois de rappeler que, pour réussir la migration vers la fibre, le gouvernement algérien devra intensifier les investissements dans la couverture du réseau. Les deux millions de foyers connectés à la fibre optique ne représentent que 27 % des 7,4 millions de ménages recensés dans le pays. De plus, au 30 septembre 2024, l’Algérie comptait 2,6 millions d’abonnés ADSL (cuivre), représentant environ 44 % des 5,9 millions d’abonnés à l’Internet fixe recensés.
Par ailleurs, malgré ses nombreux avantages, l’adoption de la fibre optique peut être freinée par son coût. À titre d’exemple, Algérie Telecom propose trois offres ADSL : 10 mégabits par seconde (Mbps) à 1600 dinars (12,06 dollars) par mois, 15 Mbps à 2000 dinars, et 20 Mbps à 2150 dinars. En comparaison, l’offre de base en fibre optique démarre à 30 Mbps pour 2200 dinars par mois. L’opérateur propose également des débits plus élevés avec des forfaits à 60 Mbps pour 2400 dinars, 120 Mbps pour 2600 dinars, 240 Mbps pour 2800 dinars, et jusqu’à 1,2 Gbps pour 4200 dinars.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’indice de développement des TIC de l’Union internationale des télécommunications (UIT) place l’Afrique parmi les régions du monde avec le plus faible niveau de préparation technique et humain à l’économie numérique. Cette faiblesse entrave grandement la capacité du continent à saisir les opportunités des nouvelles technologies de rupture.
Alors que l’Intelligence artificielle redéfinit les économies à l’échelle mondiale, son adoption dans les pays en développement, particulièrement en Afrique, soulève des enjeux cruciaux. Elle peut accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), en favorisant l'agriculture intelligente et les réseaux énergétiques, en optimisant les chaînes de production et d'approvisionnement, en améliorant la gestion de l'eau et l'urbanisme, et bien plus encore. Des études de cas montrent que l'IA stimule la productivité et améliore les conditions de vie, si elle est soutenue par des politiques et des compétences adaptées. La CNUCED, dans son indice de préparation aux technologies frontières, évalue la capacité des nations à intégrer l’IA. Trois points critiques émergent pour l'adoption et le développement efficace de l'IA. Le diagnostic pour l’Afrique autour de ces indicateurs révèle des disparités frappantes avec le reste du monde, mettant aussi en lumière les investissements cruciaux à réaliser pour une transformation 4.0 entière et réussie.
Infrastructures
Cet indicateur désigne la connectivité numérique et la puissance de calcul, ainsi que les réseaux, l'architecture et les ressources associées nécessaires pour créer, former et utiliser des solutions d'IA au sein d'une communauté ou d'un pays.
Pays aux infrastructures les mieux préparées pour l’IA
Source : CNUCED
De nombreux pays en Afrique font partie des moins bien préparés à l'IA dans le monde. La grande majorité d’Afrique en fait. Le continent accuse un retard considérable en ce qui concerne la pénétration d'Internet et des investissements dans les services de télécommunications. En 2024, seuls 38% d’Africains avaient accès à Internet contre une moyenne mondiale de 68%, selon l’Union Internationale des télécommunications (UIT). Selon Africa Analysis, l'inventaire total des réseaux terrestres de fibre optique opérationnels en Afrique était d’environ 1 337 158 km, avec 112 373 km en construction. Cependant, certains pays d'Afrique du Nord, comme l'Égypte et le Maroc, dépassent les moyennes mondiales en matière de pénétration d'Internet et d'investissements dans les télécommunications, en partie grâce aux câbles sous-marins. L'Égypte, grâce à sa position géographique et ses liens avec de nombreux opérateurs de câbles sous-marins, pourrait devenir une plaque tournante connectant trois continents. Le pays à lui seul est connecté à plus d’une quinzaine de câbles sous-marins de fibre optique. Il affiche près de 90 % de pénétration d’Intranet.
Nombre d'infrastructures de services Cloud, mi-2024.
Source : CNUCED
L'Afrique est également en retard en ce qui concerne le trafic et l'adhésion aux points d'échange Internet (IXP) par rapport aux autres continents. Malgré ses 53 points d’échange localisés dans 36 pays, selon Internet Society, seuls trois pays ont atteint l’objectif fixé en 2010 de localiser 80% de l’intégralité du trafic Internet en local à l’horizon 2020, avec seulement 20% passant par les lignes internationales afin de réduire la latence et les coûts.
En matière de services d'infrastructure cloud, l'Afrique est également en retard par rapport aux autres régions. L’Afrique du Sud, le Kenya et le Nigeria abritent aujourd’hui le plus grand nombre de centres de données sur le continent. Soit plus de 10 centres. Néanmoins, certains pays accélèrent la numérisation, suscitant l’intérêt croissant des investisseurs du secteur du stockage et de l’hébergement des données.
Données
Les données sont nécessaires pour former les modèles d'IA, avec des données dédiées pour appliquer les modèles à différents cas d'utilisation. Les données ne sont pas seulement un intrant, elles sont également générées par les systèmes d'IA. La plupart des pays d'Afrique sont considérés comme des « retardataires » en matière de préparation des données pour l'IA, avec un faible potentiel d'adoption et de développement. La faible numérisation de la majorité des pays d’Afrique prive le continent de données à exploiter pour nourrir les modèles d’intelligence artificielle indispensables à l’analyse d’informations. Selon l’indice 2024 de développement du gouvernement électronique, seuls deux pays africains affichent un score très élevé : l’Afrique du Sud et l’île Maurice. Dix-sept pays affichent un score élevé. Le reste des trente-cinq pays du continent affichent des scores en dessous de la moyenne mondiale.
Pays à l’accessibilité Internet favorable pour l’IA
Source : CNUCED
En ce qui concerne le trafic de données à haut débit fixe, indispensable pour le flux de données, les pays les moins avancés (PMA), dont beaucoup sont africains, sont en retard par rapport aux pays en développement. Dans son « Mobility Report » de novembre 2024, la société Ericsson indique que le trafic de données mobile ne connaîtra qu’une hausse de 21% entre 2024 et 2028. Soit de 5,4 à 17 Gigabits par mois. Un volume bien en dessous des autres régions et même de la moyenne mondiale qui passera de 19 à 40 Gigabits par mois.
Trafic des points d'échange Internet et nombre de membres, mi-2024
Source : CNUCED
Le retard en matière de points d’échange Internet et de transformation de ces derniers pèse également sur la consommation d’Internet et la production de données.
Compétences
En moyenne, les PMA, dont une grande partie se trouve en Afrique, enregistrent des scores nettement inférieurs à ceux des pays en développement et développés dans toutes les dimensions de l'indice de préparation aux technologies frontières, et l'écart est particulièrement important pour l’indice des compétences.
Les pays africains obtiennent des scores relativement faibles en matière de développeurs par rapport à la population en âge de travailler et de part de la population en âge de travailler ayant fait des études supérieures, note la CNUCED.
Pays aux compétences en matière d'IA (Image préparation IA.4)
Source : CNUCED
Cependant, des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Ghana et le Kenya ont connu une croissance rapide du nombre de développeurs, devenant des pôles prometteurs pour les entreprises technologiques et des semis précieux pour l’innovation tech. L'Éthiopie, l’Egypte connaissent également une croissance rapide du nombre de personnes avec des compétences numériques de niveau intermédiaire et élevé grâce à une multiplication des collaborations internationales. Des initiatives privées comme Andela et bien d’autres portées par de grands groupes à l’instar de Microsoft, Google ou encore Huawei laissent également entrevoir des lendemains meilleurs pour la future main-d’œuvre africaine.
Le rapport de la CNUCED dresse un constat clair : l’Afrique est aujourd’hui mal préparée à la révolution de l’IA. Pourtant, des signaux forts montrent que le continent peut rattraper son retard en accélérant les investissements dans l’infrastructure numérique, en libérant le potentiel des données et en formant massivement aux compétences tech. Des pays comme l’Egypte, le Kenya et le Nigeria montrent la voie. Si ces efforts se généralisent, l’Afrique pourrait non seulement adopter l’IA, mais aussi en devenir un acteur majeur, créant des solutions adaptées à ses défis uniques.
Muriel EDJO
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