Chaque week-end, la rédaction de We Are Tech Africa vous rappelle les principales informations de la semaine dans le domaine du numérique en Afrique, ainsi que leurs implications.
Le Sénégal pose les bases de sa première constellation de satellites
Le Sénégal lance sa première constellation de nanosatellites dans le cadre d’un accord entre l’État-major des Armées et l’Agence spatiale nationale. Le but est de renforcer la souveraineté technologique, améliorer la sécurité, surveiller le territoire et soutenir le développement. Le projet, soutenu par Prométhée Earth Intelligence, s’inscrit dans le programme spatial « SenSAT ».
Global Digital Forum : le Congo plaide pour une coopération numérique russo-africaine
Lors du Global Digital Forum 2025 en Russie, le ministre congolais Léon Juste Ibombo a appelé à une coopération numérique renforcée entre l’Afrique et la Russie. Il a proposé six axes de collaboration, incluant intelligence artificielle, cybersécurité et gouvernance des données. Ce partenariat vise à promouvoir une souveraineté numérique partagée et durable, en alternative aux modèles occidentaux.
Orange MEA facilite l’implantation des start-up africaines en France avec risingSUD
Orange Afrique et Moyen-Orient s’associent à risingSUD pour faciliter l’implantation de start-up africaines en France, via un accompagnement sur mesure dans la région PACA. Ce partenariat de trois ans vise à renforcer les synergies entre écosystèmes d’innovation et à promouvoir l’entrepreneuriat africain à l’international, dans le cadre du réseau des Orange Digital Centers.
Le Mali dévoile deux nouvelles solutions pour renforcer l’e-gouvernement
Le Mali va lancer deux plateformes numériques pour moderniser son administration : une pour la gestion de l’état civil, l’autre pour les ressources humaines des agents publics. Ces outils visent à améliorer l’efficacité, la transparence et l’accessibilité des services. Ils s’inscrivent dans une stratégie nationale de transformation numérique portée par les plus hautes autorités.
Le Togo veut former 15 000 étudiants aux compétences numériques en 2025
Le Togo lance un programme de formation gratuit en programmation et intelligence artificielle pour 15 000 étudiants des universités publiques, avec l’objectif d’en former 50 000 par an. Portée par un partenariat avec Kira Learning, l’initiative vise à renforcer l’employabilité des jeunes, malgré des défis d’accessibilité liés au numérique et l’exclusion des établissements privés.
La transformation numérique a bouleversé l’ensemble des secteurs, y compris le marché du travail. D’ici 2030, plus de 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques.
Le gouvernement togolais prévoit de former 15 000 étudiants des universités publiques à la programmation informatique et à l’intelligence artificielle cette année. L’initiative s’inscrit dans le cadre d’un programme lancé plus tôt ce mois-ci, en partenariat avec la start-up américaine Kira Learning, avec pour objectif final de former 50 000 étudiants chaque année. Ce programme vise à améliorer l’employabilité des jeunes.
Outre l’apprentissage de la programmation Python et de l’IA, le programme inclut également des compétences pratiques en anglais appliqué au numérique. Entièrement gratuit et accessible en ligne, il combine des cours interactifs, des vidéos explicatives et des exercices pratiques. Il est appuyé par un tuteur virtuel basé sur l’IA, capable d’offrir un accompagnement personnalisé aux apprenants.
« La formation ouvre la voie à des opportunités professionnelles concrètes, y compris pour les étudiants non issus de filières scientifiques. En trois mois, un étudiant en lettres ou en sciences humaines pourra prétendre à des postes comme technicien support informatique, assistant de projet digital, webmaster débutant, modérateur de contenus ou annotateur de données pour l’IA », a expliqué le ministère de l’Économie numérique et de la Transformation digitale, dans un communiqué.
Cette initiative intervient dans un contexte de transformation numérique où les compétences numériques deviennent une nécessité sur le marché du travail. Par exemple, la Société financière internationale estime que plus de 230 millions de métiers en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030.
Au Togo, l’on dénombre environ 100 000 étudiants inscrits dans les universités publiques de Lomé et Kara. Le pays compte une population jeune : selon la Banque mondiale, 60 % de ses 8 millions d’habitants ont moins de 25 ans. L’institution de Bretton Woods estime que le taux de chômage officiel dans le pays n’est que de 1,7 %, mais la proportion élevée de travailleurs sous-employés contribue au manque de stabilité financière des ménages. Elle ajoute que le sous-emploi visible, à savoir des emplois de moins de 35 heures par semaine, touche 60 % de la population active.
Cependant, certaines limites doivent être soulignées. Le fait que le programme cible uniquement les universités publiques exclut de fait des milliers d’étudiants issus des établissements privés. De plus, malgré sa gratuité, l’accessibilité à la formation peut être entravée par des contraintes telles que le coût de la connexion Internet ou l’absence d’équipements adéquats — ordinateurs, tablettes, smartphones.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le Mali lance un accélérateur pour dynamiser l’écosystème numérique
La transformation numérique est un levier stratégique pour moderniser l’administration malienne. En repensant ses services publics, le gouvernement entend renforcer la performance de l’État et faciliter l’accès des citoyens aux prestations essentielles.
Le Mali s’apprête à déployer deux nouvelles plateformes numériques pour moderniser son administration publique : un logiciel de gestion de l’état civil et un système intégré de gestion des ressources humaines. Les solutions ont été présentées le mardi 10 juin au comité de pilotage de la digitalisation de l’administration, dans le cadre du processus de transformation numérique impulsé par les plus hautes autorités du pays.
Le logiciel de gestion de l’état civil, développé par l’Agence nationale de sécurisation des actes d’état civil en collaboration avec le Centre de traitement des données de l’état civil, vise à faciliter l’enregistrement, la vérification et l’authentification des actes de naissance, de mariage et de décès. Accessible sur ordinateur et mobile, l’outil va permettre aux citoyens de consulter leurs documents à distance, allégeant ainsi les démarches administratives souvent longues et complexes.
Quant au système intégré de gestion des ressources humaines, il a pour objectif de centraliser les données des agents publics des services de l’État et des collectivités territoriales, afin de renforcer la maîtrise des effectifs, la transparence dans la gestion des carrières et la planification des ressources humaines.
Ces deux plateformes s’inscrivent dans une dynamique plus large portée par le président de la Transition, le général Assimi Goïta, pour rendre l’administration plus efficace et accessible. Elles viennent compléter une série d’outils déjà lancés ou en cours d’expérimentation, tels que le système intégré de gestion des opérations du commerce extérieur, le mécanisme de refinancement des systèmes financiers décentralisés baptisé « N’GNA SÔRÔ ! », ou encore la plateforme de gestion des certificats de jaugeage des camions-citernes conçue pour l’Agence malienne de métrologie.
À travers cette transformation numérique progressive, le Mali ambitionne non seulement de simplifier les interactions entre l’administration et les citoyens, mais aussi de renforcer la gouvernance, de lutter contre la fraude documentaire et de mieux piloter ses politiques publiques. Selon l’édition 2024 de l’indice des Nations unies sur le développement de l’e-gouvernement, le pays se positionne désormais à la 141e place sur 193, affichant des progrès notables par rapport aux années précédentes. Ces initiatives traduisent ainsi une volonté politique affirmée de combler le retard accumulé et de repositionner le pays parmi les administrations africaines les plus connectées.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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LeMalilance un accélérateur pour dynamiser l’écosystème numérique
LeMalilancedeuxplateformesnumériquespourlespaiements et le foncier
Avec l’innovation technologique, l’Égypte cherche à renforcer son attractivité, améliorer l’accueil des voyageurs et soutenir ses ambitions économiques d’ici 2030.
L’Égypte va entamer à la mi-juin une phase pilote de son nouveau système de visa numérique à l’arrivée à l’aéroport international du Caire. Ce dispositif constitue une avancée majeure dans la stratégie du pays, qui mise sur les technologies numériques pour moderniser les procédures d’immigration et renforcer son attractivité touristique.
Conçu pour fluidifier l’arrivée des voyageurs internationaux, le système repose sur l’installation de bornes en libre-service au sein des terminaux et sur une application mobile dédiée. Les visiteurs pourront obtenir un visa d’urgence en quelques minutes, via un processus dématérialisé utilisant des QR codes et des paiements électroniques. Ce nouveau service permet de réduire les files d’attente, d’éliminer la paperasse et d’accélérer le passage aux frontières.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale du tourisme durable à l’horizon 2030, qui vise à accueillir 30 millions de touristes par an d’ici 2028. L’aéroport du Caire, principal point d’entrée du pays, servira de laboratoire pour ce programme, qui pourrait être étendu à d’autres plateformes comme Sharm el-Sheikh, Hurghada ou Louxor si les résultats sont jugés concluants.
En plus d’améliorer l’expérience des voyageurs, l’initiative vise à positionner l’Égypte au même niveau que d’autres destinations qui misent sur la transformation numérique pour dynamiser leur secteur touristique. Le gouvernement compte aussi sur ce dispositif pour attirer plus de devises étrangères et renforcer un secteur qui représente environ 12 % du PIB national.
À noter que le système devrait dans un premier temps cibler les voyageurs issus des pays déjà éligibles au visa électronique, notamment en Europe, en Amérique du Nord et au Moyen-Orient.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Portées par une dynamique d’innovation, les jeunes start-up africaines cherchent à s’implanter au-delà du continent. En France, la région Sud s’affirme comme un hub stratégique, qui peut offrir aux start-up africaines un cadre favorable à leur expansion et à leur rayonnement international.
Orange Afrique et Moyen-Orient (OMEA) a annoncé, mercredi 11 juin en marge du salon Viva Technology à Paris, la signature d’un partenariat stratégique avec risingSUD, l’agence d’attractivité de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). L’initiative vise à accompagner l’implantation de start-up africaines en France.
« Ce partenariat avec risingSUD marque une étape clé dans notre ambition de faire rayonner l’innovation africaine à l’échelle internationale. En facilitant leur implantation et leur accélération en France, notamment dans la région Sud, nous donnons aux jeunes entreprises africaines les moyens d’accélérer leur croissance », a déclaré Jérôme Hénique, directeur général d’Orange Afrique et Moyen-Orient.
Ce partenariat de trois ans vise à renforcer les synergies entre les écosystèmes d’innovation d’Afrique, du Moyen-Orient et du sud de la France. Les start-up issues du réseau des Orange Digital Centers (ODC) bénéficieront d’un accompagnement personnalisé pour développer leurs activités en France, notamment à travers un appui dans le montage de projet, l’accès aux financements et la mise en réseau avec des partenaires économiques locaux.
Déjà forte de plus de 500 000 entreprises, la région PACA souhaite ainsi renforcer son rôle de passerelle naturelle entre l’Europe et l’Afrique. En 2024, risingSUD a déjà facilité l’implantation de 14 entreprises africaines dans le sud de la France, dont Guépard, une start-up tunisienne incubée par l’ODC de Tunis, désormais présente à Marseille.
Ce partenariat s’inscrit dans la continuité des initiatives d’OMEA en faveur de l’entrepreneuriat numérique africain. Présent dans 17 pays en Afrique et au Moyen-Orient, le réseau des ODC propose un accès gratuit à des services allant de la formation numérique à l’incubation, en passant par l’accélération et le financement de projets innovants.
À terme, cette collaboration devrait contribuer aussi à renforcer les liens économiques et technologiques entre les deux rives de la Méditerranée, tout en dynamisant la compétitivité des écosystèmes d’innovation africains à l’échelle mondiale.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le gouvernement djiboutien ambitionne de faire du pays un hub régional d’innovation en IA dans les prochaines années. Dans ce cadre, un appel à candidatures est lancé pour recruter un expert national chargé d’élaborer la future stratégie nationale de l’intelligence artificielle.
Le ministère de l’Économie numérique et de l’Innovation de Djibouti (MDENI), en partenariat avec la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO/UNESCWA), a annoncé le dimanche 8 juin l’ouverture des candidatures pour le poste d’expert national en intelligence artificielle. Ce recrutement s’intègre dans le processus de définition de la stratégie nationale de l’IA.
📢 #Annonce_officielle–Une opportunité nationale unique pour contribuer à l’avenir de l’AI à Djibouti
— MDENI (@MENIDjib) June 8, 2025
Le @MENIDjib,en collaboration avec @UNESCWA,annonce l’ouverture des candidatures pour le poste d’expert national,dans le cadre de l’élaboration de la Stratégie nationale de l’AI pic.twitter.com/1khYz2317v
L’expert recruté sera chargé de contribuer à la conception de la stratégie en fournissant une expertise technique et analytique. Ses missions incluent notamment l’évaluation de l’état actuel des capacités en IA à Djibouti, l’identification des secteurs prioritaires pour son application, la conduite de consultations avec les parties prenantes locales, ainsi que la formulation de recommandations alignées sur les bonnes pratiques internationales.
Cette initiative s’inscrit dans la volonté du gouvernement de doter le pays d’une stratégie claire et structurée en matière d’intelligence artificielle. Elle a pour objectif de structurer le développement et l’usage de cette technologie dans les secteurs clés, en veillant à son application éthique, inclusive et sécurisée. La future stratégie nationale de l’IA devra également tenir compte des enjeux liés à l’éducation, à la recherche, à la gouvernance des données et à l’innovation.
Le poste est ouvert aux spécialistes djiboutiens qualifiés dans les domaines de l’intelligence artificielle, des politiques numériques, de l’innovation technologique ou des technologies de l’information. La date limite de dépôt des candidatures est fixée au lundi 23 juin. Les candidatures sont à soumettre via la plateforme officielle des Nations unies à l’adresse : careers.un.org/jobSearchDescription/259195
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les Nations unies considèrent l’Internet comme un service de base essentiel au même titre que l’électricité et l’eau potable. Conscient de son impact sur le développement économique et social de l’Afrique, un appel à la mobilisation générale a été lancée pour accentuer l’investissement.
La pénétration d’Internet en Afrique connaît une croissance remarquable, deux fois plus rapide que la moyenne mondiale, selon les dernières données publiées par l’Union internationale des télécommunications (UIT). Depuis 2005, le taux moyen de croissance annuel s’élève à 16,7 %, contre 8 % à l’échelle mondiale. Même si la cadence a ralenti au cours de la dernière décennie – atteignant une moyenne de 10,7 % par an contre 6,1 % dans le reste du monde, le continent continue de progresser à un rythme soutenu. Cette croissance rapide souligne une volonté d’intégration numérique qui se heurte toutefois encore à de profondes fractures, en comparaison avec le reste du monde.
Source : UIT
En 2024, seulement 38 % de la population africaine était connectée à Internet, contre une moyenne mondiale de 68 %. L’Afrique demeure ainsi la région la moins connectée de la planète. Cette situation met en lumière les défis structurels et économiques que doivent encore surmonter de nombreux pays africains pour garantir un accès équitable et généralisé aux technologies numériques.
Genre
L’une des inégalités les plus marquantes observées dans la région est la fracture numérique de genre. En 2024, 43 % d'hommes utilisaient Internet contre seulement 31 % de femmes en Afrique. Ce déséquilibre se traduit par un indice de parité entre les sexes (Gender Parity Score – GPS) de 0,72, bien en deçà de la moyenne mondiale qui s’établit à 0,94.
Source : UIT
Toutefois, des signes d’amélioration se font jour : le GPS a progressé au cours des cinq dernières années, passant de 0,69 à 0,72. Cette évolution reste encourageante, même si elle demeure insuffisante à court terme pour inverser la tendance structurelle de sous-représentation des femmes dans l’espace numérique.
Âge
La fracture numérique en Afrique ne se limite pas aux disparités de genre. Elle touche aussi les générations. En 2024, 53 % des jeunes Africains âgés de 15 à 24 ans étaient connectés à Internet, contre 34 % pour le reste de la population.
Source : UIT
Ce fossé générationnel est plus prononcé que la moyenne mondiale, bien qu’il tende à se réduire lentement au fil du temps. Selon l’UIT, l’engouement des jeunes pour les outils numériques est un atout majeur pour la transformation digitale du continent, mais il souligne également l’urgence d’élargir l’accès aux populations plus âgées et marginalisées pour assurer une inclusion numérique véritablement universelle.
Géographie
La répartition géographique des connexions constitue un autre facteur de fragmentation numérique majeur. En 2024, 57 % des habitants des zones urbaines en Afrique utilisaient Internet, contre seulement 23 % dans les zones rurales. Cet écart de 34 points de pourcentage est comparable à la moyenne mondiale, qui s’établit autour de 35 points entre les milieux urbain (83 %) et rural (48 %).
Source : UIT
Dans plusieurs pays africains pour lesquels les données sont disponibles selon le lieu de résidence, une tendance claire émerge : plus le taux global de pénétration est élevé, plus l’écart entre zones rurales et urbaines tend à se réduire. Cela montre que les progrès en matière d’infrastructures et de politiques publiques peuvent atténuer les inégalités géographiques, à condition d’être ciblés et soutenus.
Un appel à l’action
Face à cette mosaïque de disparités, il devient évident que l’Afrique ne pourra combler son retard numérique sans une mobilisation collective et coordonnée. Les investissements dans les infrastructures, notamment en zones rurales et isolées, sont essentiels pour garantir un accès plus équitable aux outils numériques. De même, des politiques publiques inclusives, qui tiennent compte des dimensions de genre, d’âge et de localisation, doivent être mises en œuvre de manière systématique pour bâtir une société numérique plus juste.
Le rôle des gouvernements, des opérateurs télécoms, des ONG et des partenaires au développement est fondamental pour combler les multiples fractures numériques du continent. Si l’Afrique continue d’afficher une croissance supérieure à la moyenne mondiale en matière d’accès à Internet, cette dynamique doit être accompagnée de mesures structurelles pour garantir qu’elle profite à tous les segments de la population, sans exception. Dans un monde de plus en plus numérisé, l’exclusion numérique équivaut à une forme de marginalisation sociale. Pour que l’Afrique puisse tirer pleinement profit des opportunités offertes par la transformation digitale, il est donc impératif d’accélérer les efforts d’inclusion numérique à tous les niveaux.
Muriel EDJO
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Face aux enjeux croissants de souveraineté numérique dans les relations internationales, le Congo appelle à une coopération renforcée entre l’Afrique et la Russie. Léon Juste Ibombo défend une approche partenariale fondée sur l’échange de compétences, les technologies souveraines et la formation.
Le ministre congolais des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, Léon Juste Ibombo (photo), a appelé à bâtir une coopération pragmatique entre l’Afrique et la Russie, plaçant la souveraineté numérique au cœur des enjeux futurs. Il s'exprimait lors de la session « Russie-Afrique : souveraineté numérique partagée et durable » du Global Digital Forum 2025, tenu les jeudi 5 et vendredi 6 juin à Nijni Novgorod, en Russie.
Dans son allocution, M. Ibombo a défini six axes de collaboration prioritaire. Il a préconisé le transfert de compétences en intelligence artificielle, cybersécurité et big data ; le développement de centres de calcul partagés pour la gouvernance souveraine des données ; la co‑conception de solutions open source adaptées aux réalités africaines ; des échanges sur la fiscalité numérique et la traçabilité industrielle ; l’organisation de formations conjointes ; et enfin l’alignement des positions des pays africains et russes dans les instances internationales régulant le numérique.
L’appel du Congo s’inscrit dans un contexte où plusieurs pays africains ont déjà entamé une coopération numérique avec la Russie. Le Zimbabwe, par exemple, a mis en œuvre un programme d’e‑gouvernance en coopération avec Moscou pour améliorer l’efficacité de l’administration publique et réduire la corruption. L’Angola, quant à lui, a noué un accord digital autour de réseaux de fibre optique, de satellites de télécommunications (dont le projet AngoSat‑2) et de cybersécurité en lien avec la Russie. De plus, l’expansion du logiciel souverain russe MyOffice dans plusieurs pays africains, dont le Cameroun, la RDC ou la Guinée, témoigne d’une volonté affirmée d’atteindre une indépendance numérique.
La Russie dispose d’un solide atout sur le plan technologique, avec des compétences établies en cybersécurité, en développement de logiciels souverains et en infrastructures de données sensibles. Par ses partenariats numériques existants, elle propose à l’Afrique des solutions alternatives au modèle des grandes plateformes occidentales, tout en ambitionnant de former les opérateurs africains aux meilleures pratiques.
Ce partenariat pourrait rapprocher l’Afrique d’un modèle numérique plus autonome, reposant sur des infrastructures dédiées, des compétences locales renforcées et une souveraineté accrue dans les négociations internationales. En diversifiant ses partenariats technologiques, le continent se donne les moyens de bâtir des bases numériques solides, durables et politiquement indépendantes.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Avec le lancement de son nanosatellite Gaindesat-1A, le Sénégal a marqué une avancée majeure dans sa stratégie spatiale. Le pays affiche désormais l’ambition de faire de l’espace un levier stratégique au service du développement et de la souveraineté.
L’État-major général des Armées (EMGA) et l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES) ont annoncé, le jeudi 5 juin, la signature d’un mémorandum d’accord de cinq ans pour créer la première constellation de satellites nationaux. Ce projet stratégique a pour objectif de renforcer la souveraineté technologique et les capacités de défense du pays.
« En créant l’ASES, l’État du Sénégal affiche une ambition claire, faire du secteur spatial un levier transversal pour impacter tous les domaines, et en priorité la sécurité », a déclaré Maram Kaïré (photo, à droite), directeur général de l’ASES, saluant l’approche visionnaire de l’État.
Le projet prévoit le déploiement d’une constellation de nanosatellites, c’est-à-dire un ensemble de petits satellites placés en orbite et coordonnés pour fonctionner de manière complémentaire. Ce système offrira une couverture étendue et quasi continue du territoire, avec des applications essentielles en observation de la Terre.
L’initiative bénéficie de l’accompagnement technique de Prométhée Earth Intelligence, société européenne spécialisée dans les technologies spatiales et l’analyse de données issues de l’observation de la Terre. Prométhée contribuera à la co-construction d’une capacité spatiale souveraine, durable et inclusive, en étroite collaboration avec les autorités sénégalaises.
La future constellation devrait faciliter une surveillance permanente du territoire national, répondant aux besoins en matière de sécurité, de gestion des ressources naturelles, de protection de la biodiversité, de prévention des risques, tout en soutenant le développement économique à travers la satellisation de l’agriculture et l’aménagement du territoire.
Sur un continent où moins de cinquante États disposent de satellites nationaux, ce partenariat marque une avancée significative pour la souveraineté technologique du Sénégal. Il s’inscrit dans le cadre du programme spatial national sénégalais dénommé « SenSAT », qui ambitionne de doter le pays de capacités spatiales autonomes. Au-delà des enjeux de sécurité, ce projet est aussi porteur d’innovation, d’emplois à haute valeur ajoutée et d’une plus grande autonomie dans la gestion des données géospatiales.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’écosystème des start-up sénégalaises est en pleine expansion, porté par des initiatives gouvernementales et privées. L’innovation technologique y est perçue comme un levier stratégique pour stimuler l’économie et répondre aux défis du développement.
Le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique (MCTN) et la multinationale américaine Meta ont annoncé, le jeudi 5 juin, le lancement du programme d’accélération Llama Impact. L’initiative vise à accompagner les jeunes pousses sénégalaises qui utilisent l’intelligence artificielle open-source dans des domaines à fort impact.
Destiné aux start-up en phase de démarrage, le programme cible particulièrement les innovateurs actifs dans la santé (télémédecine, outils de diagnostic, conseil médical IA), l’agriculture (analyse des sols, suivi des cultures, accès au marché) et l’éducation (plateformes EdTech, formation numérique). Une catégorie « Carte blanche » est également prévue pour les projets à fort potentiel hors des catégories classiques.
Les start-up sélectionnées bénéficieront de six semaines de formation pratique, de mentorat technique et de sessions de développement intensives. Une journée de démonstration est prévue à l’issue du programme, leur offrant l’opportunité de présenter leurs solutions devant des investisseurs et de concourir pour un financement allant jusqu’à 25 000 USD, sans cession de parts. Un accompagnement de six mois est également prévu après le programme pour consolider les acquis et faciliter l’accès à d’autres opportunités. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 27 juin.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du New Deal Technologique, la stratégie numérique du pays lancée en février dernier. Parmi ses objectifs, labelliser 500 start-up innovantes, former 100 000 diplômés du numérique par an et générer 150 000 emplois directs dans le secteur d’ici 2034. Le plan vise également à positionner le Sénégal comme un hub de l’innovation en Afrique francophone.
En favorisant l’adoption de l’IA open-source par des start-up locales, le programme entend réduire la dépendance aux technologies étrangères, stimuler l’innovation endogène et renforcer la souveraineté numérique du pays. Des défis restent à relever, notamment en matière d’accès au financement, d’encadrement technique et de mise à l’échelle des solutions développées.
Lien de candidature : https://events.atmeta.com/llamaacceleratorprogramsenegal
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Tunisie : les entreprises sommées d’adopter la facturation électronique d’ici juillet
À partir du 1ᵉʳ juillet 2025, toutes les entreprises tunisiennes seront tenues d'adopter la facturation électronique. Cette obligation, inscrite dans la loi de finances 2025, prévoit des amendes allant jusqu'à 50 000 dinars pour les contrevenants. L'objectif est de renforcer la traçabilité des transactions et de moderniser le système fiscal.
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Maroc : Technopark s’associe à Plug and Play pour accélérer les start-up innovantes
Technopark Maroc a signé un partenariat avec Plug and Play, plateforme mondiale d’innovation, pour lancer un programme d’accélération destiné à plus de 60 start-up marocaines sur deux ans. Ce programme, soutenu par le gouvernement, vise à renforcer l’écosystème technologique national et à connecter les jeunes entreprises aux marchés internationaux.
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Le Sénégal lance SenTrésor, une plateforme numérique pour les paiements publics
Le Sénégal a lancé SenTrésor, une plateforme numérique centralisant les paiements publics (salaires, aides, bourses) via le mobile money. Depuis sa phase pilote en mars, plus de 44 000 bénéficiaires ont été servis pour un montant de 4 milliards FCFA. Cette initiative vise à moderniser l'administration et renforcer l'inclusion financière.
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Numérisation des paiements : Trésor Pay s’impose dans l’administration camerounaise
Le Cameroun a lancé la plateforme numérique Trésor Pay pour digitaliser les paiements des services publics non fiscaux, tels que les frais administratifs et les amendes. Accessible via www.tresorpublic.cm, elle permet aux usagers de régler en ligne, réduisant ainsi les files d'attente et les risques de corruption. Cette initiative vise à sécuriser et optimiser la collecte des recettes non fiscales, estimées à 800 milliards FCFA.
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Orange Egypt obtient un prêt de 85 millions $ de la BERD pour déployer la 5G
Orange Egypt a obtenu un prêt de 85 millions de dollars de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et de la Banque Misr pour financer l'acquisition d'une licence 5G et le déploiement de cette technologie à l'échelle nationale. Ce projet s'inscrit dans la stratégie « Digital Egypt 2030 » visant à moderniser les infrastructures numériques du pays.
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Depuis le mois dernier, la plateforme X est la cible de cyberattaques visant des institutions tanzaniennes, entraînant la diffusion de contenus inappropriés. Le blocage temporaire ou définitif du réseau social est présenté comme une mesure visant à protéger la sécurité et les valeurs nationales.
La Tanzanie a officiellement confirmé, le mercredi 4 juin, le blocage de la plateforme X, invoquant la diffusion de contenus pornographiques contraires aux lois et aux valeurs culturelles du pays. Cette décision intervient dans un contexte de tensions politiques croissantes à l'approche des élections générales prévues en octobre.
Selon le ministre de l'Information, Jerry Silaa (photo), la politique de X autorisant la diffusion de contenus sexuels explicites, y compris des contenus homosexuels, viole les lois et les traditions tanzaniennes. Il a déclaré à une chaîne de télévision locale que cela contredit les réglementations du pays et que la décision du gouvernement vise à protéger les consommateurs et à garantir que toutes les plateformes en ligne respectent les lois nationales.
Le blocage de X fait suite à une série de cyberattaques survenues le 20 mai, au cours desquelles des comptes officiels du gouvernement, notamment celui de la police tanzanienne et de l'Autorité fiscale, ont été piratés. Les pirates ont publié des images pornographiques et annoncé à tort la mort de la présidente Samia Suluhu Hassan. Bien que les autorités aient minimisé ces incidents, ils ont ravivé les inquiétudes sur la sécurité numérique et la liberté d’expression en Tanzanie.
Avec environ 621 100 utilisateurs en 2024, la plateforme X occupe une place majeure en Tanzanie pour l’accès à l’information, la liberté d’expression et le développement économique. Sa fermeture risque de freiner la communication entre citoyens, médias, institutions et petites entreprises qui s’appuient sur ce réseau pour informer, mobiliser ou vendre leurs services.
Cette coupure intervient à l’approche des élections générales d’octobre, menaçant le débat démocratique. Sur le plan économique, elle s’inscrit dans un contexte de restrictions numériques plus larges, qui ont coûté 1,56 milliard de dollars à l’Afrique subsaharienne en 2024, selon Top10VPN, soulignant l’impact négatif de telles mesures sur la croissance digitale et la réputation internationale de la Tanzanie.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le Cameroun enregistre d’importantes pertes liées à la gestion manuelle des recettes non fiscales. Dans ce contexte, les autorités accélèrent la numérisation des paiements publics, une initiative qui devrait renforcer la transparence et l’efficacité.
Le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute (photo), a donné un délai de trois mois à plusieurs administrations pour se connecter à Trésor Pay, la plateforme numérique de recouvrement des recettes non fiscales, et l’utiliser de manière exclusive. Cette mesure, évoquée dans un arrêté signé le mercredi 28 mai, vise à renforcer la transparence, la traçabilité et la sécurisation des flux financiers au sein de l’administration publique.
Développée par le ministère des Finances, Trésor Pay permet aux citoyens de régler leurs paiements non fiscaux en ligne via mobile money, carte bancaire ou guichet Campost. Elle remplace progressivement les procédures manuelles, souvent à l’origine de fraudes, de lenteurs administratives et de pertes pour le Trésor. La plateforme garantit également une authentification des quittances et offre un système de suivi en temps réel, facilitant le contrôle et la communication entre l’administration et les usagers.
Cette décision intervient dans un contexte de faible performance en matière de mobilisation des recettes non fiscales. Pour 2025, le Cameroun vise une collecte de 361 milliards FCFA (628 millions USD), alors que le potentiel réel est estimé à près de 600 milliards FCFA. Ce déficit s’explique notamment par la fragmentation des circuits de paiement, la prédominance de procédures manuelles propices aux irrégularités, l’absence de traçabilité des transactions et une coordination insuffisante entre les administrations concernées. Ces failles limitent l’efficacité du système et entravent la mobilisation optimale des ressources non fiscales.
L’enjeu est donc crucial pour les finances publiques. En instaurant Trésor Pay comme outil obligatoire, le gouvernement entend améliorer la gouvernance, maximiser les ressources internes et s’inscrire pleinement dans sa stratégie de transformation numérique. À terme, cette réforme pourrait renforcer la capacité de l’État à financer ses politiques publiques tout en modernisant le service aux citoyens.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Depuis le lancement de sa stratégie numérique, le Sénégal multiplie les initiatives pour moderniser son administration, renforcer la transparence et rapprocher les services publics des citoyens grâce aux outils numériques.
Le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba (photo), a présidé le lundi 2 juin à Dakar le lancement officiel de SenTrésor, une nouvelle plateforme numérique dédiée au paiement des prestations publiques. Le projet, développé par la Direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor, vise à moderniser et simplifier les flux financiers entre l’État et les citoyens.
« Au-delà de la simple numérisation des paiements, SenTrésor inaugure un nouveau modèle de relation entre l’État et les citoyens fondé sur la simplification des démarches administratives. SenTrésor est une réponse à la problématique des paiements de masse qui mobilisent d’importants effectifs et génèrent de nombreuses contraintes », a déclaré Cheikh Diba.
Concrètement, la plateforme centralise les paiements publics (salaires, aides sociales, bourses, secours exceptionnels) via les services de mobile money. Un réseau « d’investigateurs » déployés sur le territoire, notamment en zone rurale, identifie les bénéficiaires, collecte les données, vérifie leur éligibilité et procède à leur enrôlement dans une base sécurisée. Les paiements sont ensuite effectués automatiquement et sans déplacement du bénéficiaire.
Depuis le démarrage de la phase pilote le 28 mars 2025, plus de 44 000 personnes ont été servies, pour un montant global supérieur à 4 milliards FCFA (environ 6,9 millions de dollars), avec un haut niveau de fiabilité et de traçabilité.
Le lancement de SenTrésor s’inscrit dans une dynamique plus large de numérisation des services publics, en cohérence avec la Vision Sénégal 2050 et le New Deal Technologique. Elle vient compléter d'autres initiatives numériques récemment mises en œuvre par le gouvernement sénégalais, telles que e-solde, Tabax et Jubbanti. Toutes visent à renforcer l’efficacité de l’administration, améliorer l’accès aux services publics et accélérer l’inclusion numérique.
En facilitant les paiements directs de l’État vers les citoyens, SenTrésor devrait contribuer à réduire les coûts administratifs, lutter contre la fraude et favoriser l’inclusion financière, en particulier pour les populations éloignées des circuits bancaires classiques.
Toutefois, plusieurs défis pourraient freiner l’adoption massive de cette plateforme, notamment l’accès limité à l’Internet mobile, la couverture inégale du réseau dans certaines zones rurales, la fracture numérique ou encore la confiance des citoyens dans la sécurité des plateformes numériques publiques. Selon les estimations, 11,3 millions de personnes utilisaient Internet au Sénégal au début de 2025, représentant une pénétration en ligne de 60,6 %.
Pour relever ces défis, les autorités devront accompagner le déploiement de SenTrésor par des campagnes de sensibilisation, des partenariats avec les opérateurs de téléphonie mobile, et un renforcement des infrastructures numériques dans les zones les plus reculées.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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