Le programme couvre la période 2025–2028. Outre le Kenya, il touche dix pays d’Afrique subsaharienne que sont le Bénin, le Botswana, le Burundi, la Côte d'Ivoire, l’Éthiopie, le Malawi, le Nigeria, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe.
Le Kenya a lancé, le lundi 25 août, le système de cartographie du haut débit Africa Broadband Mapping Systems (Africa BB-Maps), financé à hauteur de 15 millions d’euros par l’Union européenne (UE). Également soutenu par l’Union internationale des télécommunications (UIT), le projet vise à fournir des données harmonisées sur l’infrastructure, la couverture, la qualité de service et l’abordabilité de l’Internet.
Dans un communiqué, l’Autorité des communications (CA) explique que l’Africa BB-Maps doit permettre de mieux orienter les investissements et les politiques publiques en matière de connectivité. « La capacité de lier la cartographie du haut débit à la planification socio-économique nous permettra de prioriser la connectivité pour les zones économiques, les établissements de santé, les pôles agricoles et les centres communautaires, améliorant directement les résultats en matière d’éducation, de santé, de commerce et de gouvernance », a déclaré David Mugonyi, directeur général du régulateur télécoms.
M. Mugonyi a ajouté que la cartographie viendra compléter les réformes en cours visant à accélérer l’attribution du spectre, promouvoir le partage d’infrastructures et réduire le coût de la connectivité. Le gouvernement kényan multiplie déjà les efforts pour généraliser l’accès à Internet dans le cadre de ses ambitions de transformation numérique.
L’exécutif prévoit notamment la pose de plus de 100 000 kilomètres de câbles en fibre optique, la création de 25 000 points d’accès Wi-Fi publics et la mise en place de villages numériques dans chacun des 1 450 districts du pays. En avril 2023, la Banque mondiale s’est engagée à financer la mise en œuvre de la première phase du projet d’accélération de l’économie numérique du Kenya à hauteur de 390 millions USD.
Selon les données de la CA, le Kenya comptait 57,1 millions d’abonnements aux services Internet mobiles à fin mars 2025, dont 44,4 millions en haut débit, ainsi que 1,8 million d’abonnements à l’Internet fixe pour une population estimée à 56,43 millions d’habitants. Toutefois, ces chiffres sont probablement surestimés, car une même personne peut utiliser plusieurs cartes SIM, chacune étant comptabilisée comme un abonnement. La GSMA estime qu’en réalité, environ 35 millions de Kényans restent privés d’accès à l’Internet mobile.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le continent africain mise sur les solutions technologiques pour moderniser ses infrastructures et anticiper les crises climatiques. Les drones émergent comme un outil stratégique, capable de transformer la maintenance des routes, la gestion des catastrophes et le suivi agricole.
La Banque africaine de développement (BAD) et Aerosense Inc., entreprise japonaise spécialisée dans les drones, ont signé le jeudi 21 août une lettre d’intention pour promouvoir l’usage de cette technologie dans la gestion des infrastructures en Afrique. L’accord a été conclu en marge de la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD9), à Yokohama au Japon.
« Ce programme est une réponse audacieuse aux défis croissants de l’Afrique en matière d’infrastructures. En partenariat avec Aerosense, nous ne favoriserons pas seulement une gestion efficace des routes, mais nous envisagerons également de promouvoir d’autres solutions uniques telles que la gestion des catastrophes, le contrôle des rivières et des inondations, la détection agricole et la livraison d’équipements médicaux », a déclaré Solomon Quaynor (photo, à gauche), vice-président de la BAD chargé du secteur privé, des infrastructures et de l’industrialisation.
Concrètement, la BAD se chargera de coordonner les relations avec les gouvernements africains, de faciliter le financement des projets et de renforcer les capacités locales. De son côté, Aerosense mènera des études de faisabilité et adaptera ses drones aux conditions géographiques et logistiques locales. Déjà retenue en juin 2025 dans le cadre du programme de maintenance routière durable pour l’Afrique (SRMPA), la technologie permettra de collecter des données précises sur l’état des routes, facilitant une maintenance prédictive plus efficace et moins coûteuse.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte de déficit chronique en infrastructures sur le continent. Selon le rapport « State of Africa’s Infrastructure 2024 » de l’Africa Finance Corporation, la majorité des routes asphaltées se concentre dans les régions nord et sud du continent, avec près de 40 % du total en Afrique du Sud et en Algérie. Chaque année, l’Afrique perd jusqu’à 2 % de croissance économique à cause de la mauvaise qualité de ses infrastructures. Le changement climatique accentue encore cette vulnérabilité. En 2022, les inondations au Nigeria ont détruit plus de 100 000 hectares de terres agricoles et endommagé plusieurs axes routiers stratégiques.
Le recours aux drones dans les services publics africains a déjà montré son efficacité. Au Rwanda, Zipline a acheminé plus de 500 000 poches de sang dans des zones reculées, tandis qu’au Ghana et en Afrique du Sud, les drones sont utilisés pour la distribution de vaccins et la surveillance agricole. L’accord BAD – Aerosense vise à étendre ces usages, en particulier dans la maintenance des routes, un secteur stratégique pour le commerce intra-africain souvent ralenti par des goulets d’étranglement logistiques.
À terme, le déploiement des drones pourrait transformer la gestion des infrastructures et la prévention des risques climatiques sur le continent. Une surveillance aérienne régulière permettrait non seulement de réduire les coûts de maintenance, mais aussi de renforcer la résilience face aux catastrophes, tout en favorisant le développement économique et la fluidité du commerce régional.
Samira Njoya
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Le visa électronique transforme progressivement la mobilité en Afrique, simplifiant l’accès aux pays pour les voyageurs tout en modernisant la gestion des frontières. Cette transition numérique promet de stimuler le tourisme, le commerce, tout en posant de nouveaux défis en cybersécurité et inclusion numérique.
L’Afrique avance à petits pas vers la facilitation de la mobilité sur son territoire. Longtemps perçues comme un frein aux échanges, les lourdeurs administratives liées à l’obtention de visas cèdent progressivement la place à des solutions numériques. L’e-visa, désormais adopté par un nombre croissant de pays, s’impose comme un outil de modernisation et de compétitivité pour les économies africaines.
Concrètement, l’e-visa permet aux voyageurs de soumettre leur demande en ligne et de recevoir l’autorisation de séjour sans passer par une ambassade ni déposer leur passeport. Pour les États, il offre une gestion centralisée des flux, un meilleur contrôle des données et une réduction des risques de fraude. Pour les usagers, il représente un gain de temps et une simplification qui encouragent la mobilité, qu’elle soit touristique, professionnelle ou commerciale.
Au cours de la dernière décennie, près de 30 pays africains ont adopté l’e-visa, parmi lesquels le Cameroun, le Rwanda, le Kenya, l’Éthiopie, l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Égypte, la Tanzanie ou encore le Nigéria. Certains, tels que le Bénin ou la Gambie, vont plus loin avec une politique d’accès simplifié, voire sans visa pour les citoyens africains, favorisant ainsi les échanges régionaux.
Le marché mondial de l’e-visa est en plein essor. Selon la société d'études de marchés Spherical Insights, la valeur du visa électronique devrait atteindre 2 633,5 millions de dollars d’ici 2033, avec une croissance annuelle moyenne de 10,9 %. Ces chiffres traduisent l’importance croissante des systèmes numériques de délivrance de visas dans un monde de plus en plus connecté.
En Afrique, les données restent limitées, mais les résultats observés sont encourageants. Le Cameroun, par exemple, a enregistré 29 milliards FCFA (51,7 millions de dollars) de recettes grâce à son système d’e-visa entre avril 2023 et octobre 2024. Un succès qui attire l’attention de nombreux pays voisins, désireux de bénéficier à leur tour des effets multiplicateurs d’un tel dispositif sur le tourisme et les revenus consulaires.
L’e-visa centralise une quantité importante de données personnelles sensibles, ce qui en fait une cible privilégiée pour les cyberattaques. Des incidents, tels que l’attaque ayant conduit à la suspension temporaire du système d’e-visa au Kenya en 2023, illustrent les risques potentiels. La mise en place de mesures de cybersécurité robustes est essentielle pour préserver la confiance des utilisateurs et assurer la fiabilité du système.
À cela s’ajoutent des obstacles opérationnels et d’accès. Dans plusieurs régions, l’absence ou la faible qualité d’Internet limite l’usage de l’e-visa, tandis que des difficultés de paiement en ligne, des erreurs de traitement ou des pannes temporaires peuvent retarder l’obtention du visa et compliquer la mobilité des voyageurs, affectant à la fois les administrations et les utilisateurs.
Si l’e-visa marque une avancée indéniable, son efficacité dépendra aussi de la capacité des pays africains à harmoniser leurs systèmes. Contrairement à l’Union européenne et son espace Schengen, l’Afrique fonctionne encore par initiatives nationales dispersées, souvent incompatibles entre elles. Une approche régionale ou continentale, portée par l’Union africaine ou dans le cadre de la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine), permettrait non seulement de fluidifier davantage les échanges, mais aussi de mutualiser les investissements technologiques et de renforcer la cybersécurité.
L’enjeu dépasse ainsi la simple logique de recettes consulaires. L’e-visa pourrait devenir un véritable outil diplomatique et stratégique au service de la libre circulation, du commerce intra-africain et du développement touristique. Bien intégré dans les politiques nationales et régionales, il pourrait constituer l’un des piliers d’une Afrique plus connectée et mieux intégrée dans l’économie mondiale.
Samira Njoya
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La transformation numérique de l’éducation figure parmi les priorités du gouvernement sénégalais. En début d’année, il a présenté une stratégie quinquennale, dotée d’une enveloppe d’environ 232 millions de dollars, destinée à moderniser le système éducatif.
Le gouvernement sénégalais veut renforcer sa coopération avec l’opérateur télécoms Sonatel (Orange) et la société technologique chinoise Huawei dans le domaine de l’éducation numérique. Un protocole d’accord a été conclu entre les trois parties la semaine dernière, en marge de la Conférence mondiale sur l’éducation intelligente 2025, organisée à Pékin du lundi 18 au mercredi 20 août.
Signé par Moustapha Mamba Guirassy, ministre de l’Éducation nationale, l’accord porte sur le déploiement d’équipements pédagogiques numériques, le développement d’infrastructures numériques et la formation des talents. Selon un communiqué de Huawei publié le 22 août, cette initiative doit « accélérer la transformation numérique de l’éducation nationale sénégalaise et promouvoir l’éducation inclusive ».
Elle s’inscrit dans un contexte où Dakar multiplie les initiatives pour intégrer les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans son système éducatif. En janvier, le gouvernement a présenté une stratégie numérique pour l’éducation 2025–2029, dotée d’un budget de 130 milliards de francs CFA (environ 232 millions de dollars), visant à moderniser l’école grâce à l’intelligence artificielle et à répondre à la demande croissante de compétences numériques sur le marché du travail.
Toujours en janvier, une convention a été signée avec Télé-École, chaîne éducative sénégalaise, pour développer des contenus numériques adaptés et mettre à disposition des outils en ligne jusque dans les zones reculées.
En mars, le ministère de l’Éducation nationale et celui de l’Enseignement supérieur ont lancé un vaste programme de formation au numérique et à l’intelligence artificielle destiné à 105 000 enseignants et personnels administratifs. L’objectif est de permettre aux bénéficiaires d’adapter les pratiques pédagogiques aux évolutions technologiques, d’intégrer les ressources numériques dans l’apprentissage, de sensibiliser les élèves aux enjeux du numérique et de renforcer les compétences en cybersécurité dans les établissements scolaires.
Ces efforts s’inscrivent dans une dynamique internationale. L’UNESCO promeut en effet l’intégration des TIC dans l’éducation, soulignant leur potentiel pour améliorer l’accès, renforcer les acquis d’apprentissage et développer les compétences du XXIᵉ siècle. Au Sénégal, le système éducatif reste toutefois confronté à de nombreux défis, selon les autorités. Il s’agit notamment de programmes souvent en décalage avec les réalités nationales et les besoins de l’économie, du retard dans l’adaptation aux enjeux du numérique, de la déperdition scolaire élevée, du déficit d’enseignants et du manque d’infrastructures face à des effectifs d’élèves en constante augmentation.
Il convient toutefois de rappeler que la collaboration n’en est, pour l’instant, qu’au stade de protocole d’accord. Si elle traduit une volonté de coopération, rien ne garantit encore sa concrétisation. Aucun détail n’a été communiqué quant au calendrier de signature d’un accord formel. Il faudra donc attendre les développements ultérieurs pour en mesurer les retombées potentielles.
Isaac K. Kassouwi
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Les fraudes numériques se professionnalisent et génèrent des centaines de millions de dollars de pertes chaque année. Pour contrer cette menace, Interpol coordonne des actions internationales qui ciblent directement les réseaux criminels les plus actifs.
L’organisation internationale de police criminelle (Interpol) a annoncé le vendredi 22 août la récupération de 97,4 millions de dollars et l’identification de près de 88 000 victimes lors d’une vaste opération de lutte contre la cybercriminalité menée dans 18 pays africains entre juin et août 2025. Baptisée « Serengeti 2.0 », cette opération a également permis le démantèlement de 11 432 infrastructures criminelles et conduit à 1209 arrestations.
« Chaque opération coordonnée par Interpol s'appuie sur la précédente, en approfondissant la coopération, en augmentant le partage d'informations et en développant les compétences en matière d'enquête dans les pays membres. Avec davantage de contributions et une expertise partagée, les résultats ne cessent d'augmenter en ampleur et en impact », a déclaré Valdecy Urquiza, Secrétaire général de l’organisation.
En Angola, les autorités ont découvert 25 fermes illégales de minage de cryptomonnaies, gérées par 60 ressortissants chinois, soutenues par 45 minicentrales électriques clandestines. Le préjudice est estimé à 37 millions de dollars, tandis que le matériel saisi sera réaffecté pour améliorer l’accès à l’électricité dans les zones vulnérables.
En Zambie, les enquêteurs ont mis au jour une escroquerie à l’investissement en ligne d’une ampleur sans précédent, ayant fait près de 65 000 victimes et généré des pertes estimées à 300 millions de dollars. Quinze suspects ont été interpellés, tandis que des preuves numériques ont été saisies. Les investigations se poursuivent afin de retracer les flux financiers et de démanteler les éventuelles ramifications internationales du réseau.
En Côte d’Ivoire, une escroquerie transnationale à l’héritage opérant depuis l’Allemagne a été neutralisée. Le principal suspect a été arrêté, avec la saisie de biens de valeur : bijoux, véhicules et liquidités pour un montant estimé à 1,6 million de dollars.
Soutenue par le Royaume-Uni dans le cadre de l’Opération conjointe africaine contre la cybercriminalité (AFJOC), l’initiative a mobilisé des experts du secteur privé, notamment pour le traçage des cryptomonnaies, l’analyse des ransomwares et l’usage du renseignement open source. Interpol a par ailleurs travaillé avec l’International Cyber Offender Prevention Network (InterCOP), un consortium de 36 pays chargé d’anticiper et de neutraliser les menaces numériques avant qu’elles ne se concrétisent.
L'opération survient à peine quelques mois après l’opération « Red Card » (Carton Rouge), qui avait conduit à l’arrestation de 306 personnes et à la saisie de près de 2000 appareils électroniques dans sept pays africains : Afrique du Sud, Côte d'Ivoire, Ghana, Kenya, Nigeria, Tanzanie et Ouganda.
La cybercriminalité représente aujourd’hui un enjeu critique pour les économies africaines, déjà fragilisées par des infrastructures numériques inégalement développées. Selon l’Union africaine, elle coûterait chaque année près de 4 milliards de dollars au continent. Selon une étude de Cybersecurity Ventures, la montée en puissance de l’intelligence artificielle devrait encore aggraver la situation, avec une hausse estimée de 11 % des pertes mondiales, atteignant 10,5 milliards de dollars en 2025.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le mobile money est devenu un incontournable pour l’épargne pour des millions d’Africains. Cependant, son adoption dans le domaine du crédit reste limitée, principalement à cause de la prédominance des mécanismes informels, malgré les progrès réalisés grâce à certaines innovations.
La part d’adultes africains possédant un compte de mobile money est passée de 27% à 40% entre 2021 et 2024, soit le taux le plus élevé au monde. C’est ce que révèle le rapport « The Global Findex Database 2025 : Connectivity and Financial Inclusion in the Digital Economy » publié en juillet 2025 par la Banque mondiale.
Le rapport révèle que 23% des adultes africains ont épargné via leur compte mobile en 2024 (contre 13% en 2021), tandis que 35% ont déclaré avoir épargné sous forme digitale ou via des institutions traditionnelles. Des pays comme le Ghana, le Kenya, le Sénégal ou l’Ouganda affichent même des taux d’utilisation de la monnaie mobile pour l’épargne dépassant les 50% chez les adultes, signe d’une appropriation massive du service.
Plus accessible que les réseaux bancaires, le mobile money facilite l’épargne par petites sommes, la flexibilité des dépôts et retraits chez des agents locaux, et une adoption plus inclusive, surtout pour les milieux ruraux et informels.
Epargne oui, mais crédit limité
Malgré ce succès pour l’épargne, l’accès au crédit via le mobile money demeure très modeste. En 2024, seulement 7% des adultes africains ont emprunté via leur compte mobile, un chiffre stable par rapport à 2021, alors que près de 59% ont eu recours au crédit (mais essentiellement sous forme informelle : famille, tontine).
Dans les grandes économies de mobile money (Kenya, Ghana, Ouganda), 22 à 32% des adultes ont emprunté via un opérateur mobile, mais ce crédit reste de très faible montant, à court terme, et souvent associé à des taux d’intérêt élevés, limitant l’effet d’entraînement économique global.
Pourquoi ce décalage ?
Plusieurs facteurs le justifient. Selon la Banque mondiale, la réglementation reste prudente, les autorités craignant le surendettement ou la fraude. L’organisation dénonce aussi des modèles économiques privilégiant le dépôt et le paiement, moins risqués que le crédit.
De plus, le rapport révèle que les clients eux-mêmes hésitent à s’endetter via des plateformes peu connues pour le prêt (méfiance, faible culture financière, simulateurs d’éligibilité trop stricts).
Des innovations, mais des limites à surmonter
Si quelques fintech et plateformes mobiles spécialisées élargissent progressivement l’offre (score de crédit alternatif, nano-crédit pour micro-entrepreneurs), le passage à une offre massive de crédit digital inclusif reste à faire. Le rapport précise que les pays comme le Kenya ayant une coopération étroite entre opérateurs mobiles, banques et autorités de régulation sont en avance, mais que l’offre avance ailleurs à petits pas.
L’enjeu est désormais de coupler l’accès à l’épargne digitale à des politiques de littératie financière, de protection des usagers (risques d’arnaque, surendettement) et d’innovation réglementaire pour que l’accès au crédit progresse sans fragiliser les populations déjà vulnérables.
Pour la Banque mondiale, le potentiel du mobile money en Afrique ne sera vraiment libéré que lorsqu’il contribuera autant à l’investissement productif qu’à la sécurisation de l’épargne. Cela implique de renforcer la confiance et la capacité d’analyse des clients sur les offres de crédit digitalisées, d’améliorer l’interopérabilité entre services et institutions et d’adapter l’offre de crédit aux réalités économiques locales, tout en minimisant les risques associés.
Melchior Koba
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À quelques semaines du référendum constitutionnel, la Guinée introduit des outils numériques pour favoriser une participation citoyenne plus éclairée. L’objectif est de rapprocher le débat constitutionnel des réalités quotidiennes des populations.
La Guinée prévoit d’organiser le 21 septembre prochain un référendum constitutionnel. Dans cette perspective, une plateforme numérique baptisée « maconstitution.info » a été récemment lancée afin de permettre aux citoyens d’accéder facilement au projet de nouvelle Constitution et d’en saisir les principaux enjeux.
Mené conjointement par le Secrétariat général du Gouvernement, le ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, ainsi que le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large d’inclusion numérique.
« Nous franchissons un cap : celui de marier technologie et valeurs démocratiques pour offrir à chaque Guinéen un accès clair et direct au projet de nouvelle Constitution. Cette plateforme découle de notre engagement à respecter l’article 18 de la loi L/012 du 25 avril 2025. Elle met à disposition de tous un outil simple et transparent », a déclaré Tamba Benoît Kamano, le ministre secrétaire général du gouvernement.
Disponible sur mobile, tablette et ordinateur, la plateforme propose une consultation intégrale du projet constitutionnel et un espace interactif permettant aux utilisateurs de poser des questions. Ces dernières sont traitées par des juristes du Secrétariat général, avec un engagement de réponse sous 48 heures.
Pour garantir une participation la plus large possible, la plateforme décline ses contenus en plusieurs langues nationales, ce qui permet de toucher les citoyens ne maîtrisant pas le français et de réduire les barrières linguistiques dans l’accès à l’information. Si cette démarche s’avère concluante, elle pourrait devenir une référence pour d’autres processus de consultation publique en Guinée, voire inspirer des initiatives similaires dans la sous-région
Selon les données de DataReportal, la Guinée comptait au début de l’année 2025 près de 3,96 millions d’internautes, soit un taux de pénétration de 26,5 %. Un chiffre en progression, mais qui souligne encore les défis liés à l’accès équitable au numérique, notamment dans les zones rurales. C’est dans ce contexte que « maconstitution.info » s’inscrit comme une innovation visant à élargir la participation citoyenne, malgré les limites actuelles d’infrastructure et de connectivité.
Adoni Conrad Quenum
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L’exécutif ivoirien a lancé depuis quelques années la numérisation des institutions publiques, avec pour objectif de renforcer la transparence et de stimuler l’activité économique. Les partenariats internationaux jouent ici un rôle clé pour accélérer cette transformation.
Le conseil d’administration de l’Export-Import Bank of the United States (EXIM), l’agence américaine de crédit à l’exportation, a approuvé le vendredi 15 août un financement de 47 millions de dollars pour la numérisation du ministère ivoirien du Commerce et de l’Industrie. Le projet sera mis en œuvre par le Cybastion Institute of Technology, basé à Washington, en partenariat avec des géants technologiques tels que Cisco, Amazon Web Services (AWS), Motorola Solutions et Microsoft.
« Soutenir la numérisation du ministère renforce l’engagement d’EXIM à contrer l’influence croissante de la République populaire de Chine. En approuvant cette transaction, nous soutenons une centaine d’emplois aux États-Unis tout en sécurisant nos chaînes d’approvisionnement », a déclaré James Cruse, président par intérim d’EXIM.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du China and Transformational Exports Program (CTEP), un dispositif lancé par EXIM pour appuyer les exportations technologiques américaines stratégiques, en particulier face à la concurrence chinoise. Pour la Côte d’Ivoire, ce projet vient soutenir son ambition de modernisation numérique de l’administration.
Ce projet, sur le point de démarrer, vise à moderniser les systèmes d’information du ministère, à renforcer la cybersécurité, à intégrer des solutions cloud et à améliorer l’efficacité administrative. L’objectif est de renforcer la transparence et la réactivité des services publics, de faciliter les démarches pour les entreprises et d’accroître l’attractivité du pays auprès des investisseurs. Il constitue également une étape importante vers la mise en place d’un environnement industriel et commercial plus compétitif et mieux aligné sur les standards internationaux.
Samira Njoya
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Les super applications s’imposent en Afrique comme de véritables plateformes tout-en-un. Du paiement au transport, elles simplifient la vie quotidienne, favorisent l’inclusion financière et incarnent la nouvelle ère numérique du continent.
Entre innovation et inclusion, l’Afrique voit émerger une nouvelle génération d’applications capables de tout gérer depuis un smartphone. Inspirées du modèle asiatique de WeChat ou Grab, ces « super apps » intègrent messagerie, paiements, transport, commerce et même santé, offrant un accès centralisé à de multiples services. Sur un continent où le mobile constitue souvent le premier point d’entrée vers le numérique, elles se positionnent comme un levier stratégique pour accélérer la transformation numérique.
Pour l’Afrique, ce modèle est particulièrement prometteur. Selon la GSMA, le continent comptera plus de 1,1 milliard d’abonnés mobiles d’ici 2028, malgré des infrastructures physiques et bancaires encore limitées. En centralisant de multiples services dans une seule application, ces outils répondent à des besoins concrets, que ce soit pour les citadins ou les populations rurales, tout en favorisant l’inclusion financière.
Les leaders du marché en Afrique
Plusieurs acteurs se disputent déjà ce marché. M-Pesa, lancé par Safaricom au Kenya, en est la figure de proue. Initialement conçu pour le transfert d’argent, il s’est mué en une plateforme multifonctions intégrant paiements marchands, microcrédit et assurance. En Afrique de l’Ouest, Gozem, surnommé le « Gojek africain », combine transport, livraison, mobile money et services financiers, avec une implantation déjà forte au Togo et au Bénin. En Afrique de l’Est, SafeBoda propose un modèle similaire, allant de la réservation de moto-taxis aux paiements numériques. Enfin, des opérateurs télécoms développent aussi leurs propres écosystèmes, à l’image d’Orange avec son application Max It proposant du paiement mobile avec son service Orange Money, de l’achat de crédit téléphonique mais aussi de la télévision en streaming ou du shopping en ligne.
Un levier d’inclusion et de croissance
Les super apps représentent bien plus qu’une innovation technique. Elles participent à l’inclusion numérique et financière en réduisant la dépendance au cash, en démocratisant l’accès à des services autrefois réservés aux bancarisés et en offrant une vitrine digitale aux petites entreprises. Artisans, commerçants et entrepreneurs informels peuvent toucher de nouveaux clients, encaisser des paiements électroniques et solliciter des microcrédits. Elles pourraient également devenir un relais de croissance en intégrant progressivement des services liés à l’éducation, la santé ou l’agriculture.
Des défis persistants
Le potentiel est immense, mais les obstacles restent nombreux. Le développement d’une super app exige des investissements massifs en infrastructures numériques et en cybersécurité. Les cadres réglementaires, encore fragiles sur la gestion des données personnelles et la protection des consommateurs, constituent un autre frein. À cela s’ajoute le manque de compétences spécialisées, qui ralentit la conception et la maintenance de ces écosystèmes complexes. Enfin, la confiance des utilisateurs, encore marquée par une certaine méfiance vis-à-vis des services numériques, demeure un enjeu déterminant.
L’Afrique n’est pas condamnée à copier le modèle asiatique. Elle peut inventer ses propres solutions, adaptées à ses réalités économiques et sociales. Les super apps pourraient intégrer, par exemple, des paiements transfrontaliers pour accompagner la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), ou encore recourir à l’intelligence artificielle pour optimiser les services agricoles et élargir l’accès à la santé et à l’éducation via le mobile.
Si les défis sont relevés, les super applications pourraient devenir l’un des piliers de la compétitivité économique du continent, en alliant innovation technologique, inclusion financière et développement durable.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’Afrique voit sa population urbaine croître à grande vitesse, mettant à rude épreuve ses infrastructures et services. Les villes intelligentes apparaissent comme une réponse innovante pour mieux gérer l’énergie, la mobilité et l’environnement, tout en favorisant l’inclusion.
L’Afrique connaît l’un des taux d’urbanisation les plus rapides au monde. Selon les Nations unies, près de 60 % de la population africaine vivra en zone urbaine d’ici 2050, contre environ 43 % aujourd’hui. Cette croissance démographique accélérée transforme profondément les paysages urbains et exerce une pression considérable sur les infrastructures, la mobilité, la gestion des ressources et les services publics.
Pour répondre à ces enjeux, le concept de ville intelligente s’impose comme une solution stratégique et innovante. Il ne s’agit pas seulement d’ériger des gratte-ciel futuristes ou de déployer la fibre optique, mais bien d’intégrer des technologies avancées telles que l’Internet des objets (IoT), l’intelligence artificielle, les plateformes de données et les systèmes d’information géographique (SIG) pour optimiser la gestion des services publics, fluidifier la mobilité, surveiller l’environnement et favoriser l’inclusion sociale. Une ville intelligente combine ainsi innovation technologique, développement durable et participation citoyenne pour offrir un cadre de vie plus efficace, attractif et résilient.
Des projets concrets à travers le continent
Plusieurs pays africains se positionnent sur ce créneau avec des projets concrets. Le Kenya développe Konza Technopolis, un hub technologique et urbain intégrant entreprises, universités et pôles d’innovation. Le Sénégal, avec Diamniadio, vise à désengorger Dakar tout en créant une ville moderne associant zones administratives, industrielles et résidentielles. Le Maroc mise sur la gestion intelligente des réseaux d’eau, de l’éclairage public et de la circulation dans plusieurs villes. En Tunisie, un projet ambitieux envisage la création de la première ville intelligente automobile du continent, un projet susceptible de générer jusqu’à 100 000 emplois, en alliant production industrielle, innovation technologique et urbanisme durable.
Ces initiatives s’inscrivent dans une dynamique mondiale de croissance rapide. D’après Fortune Business Insights, le marché mondial des villes intelligentes, évalué à 623,9 milliards USD en 2023, devrait atteindre 4 647,63 milliards USD d’ici 2032, avec un taux de croissance annuel composé de 25,2 %. Si l’Amérique du Nord domine aujourd’hui ce marché avec 40,87 % de parts, l’Afrique dispose d’un potentiel immense de rattrapage, grâce notamment à sa démographie favorable et aux marges d’amélioration importantes de ses infrastructures.
Défis et perspectives pour le développement des villes intelligentes en Afrique
Toutefois, la concrétisation de villes intelligentes sur le continent reste confrontée à de nombreux défis. Les coûts élevés de conception, construction et maintenance pèsent lourdement, d’autant plus que les financements adaptés se font encore rares. Le cadre réglementaire, notamment en matière de protection des données et de cybersécurité, est souvent insuffisant ou lent à se mettre en place, freinant le développement des projets. Par ailleurs, la pénurie de compétences limite la capacité des pays à concevoir et gérer ces systèmes complexes. L’acceptabilité sociale est également un facteur clé, car l’implication des citoyens dans la gouvernance des projets est indispensable à leur succès. Enfin, l’Afrique doit veiller à ne pas creuser davantage la fracture numérique, en évitant que les technologies profitent uniquement aux quartiers aisés, au détriment des zones défavorisées.
Un potentiel à exploiter
Si ces obstacles sont levés, les bénéfices pour le continent pourraient être majeurs : modernisation accélérée des infrastructures, gestion urbaine optimisée, coûts opérationnels réduits pour les collectivités, création d’emplois qualifiés à grande échelle et amélioration notable de la qualité de vie. Les villes intelligentes pourraient alors devenir de véritables moteurs de compétitivité régionale tout en contribuant aux Objectifs de développement durable (ODD), offrant à l’Afrique un levier essentiel pour son avenir urbain et économique.
Samira Njoya
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Pour réussir sa transformation numérique, le Sénégal doit mobiliser des ressources financières conséquentes afin de concrétiser pleinement les ambitions de sa stratégie phare, le New Deal Technologique.
Le ministre sénégalais de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Alioune Sall (photo) a reçu le jeudi 7 août une délégation de la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD). L’initiative avait pour but de discuter d’une coopération entre les deux parties, avec pour ambition de renforcer la souveraineté numérique du Sénégal et d’améliorer l’efficacité des services publics.
Dans le cadre de la mise en œuvre du #NewDealTechnologique, le Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique a rencontré une délégation de la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD).
— Ministère Communication - Télécoms et Numérique (@mctngouvsn) August 8, 2025
Cette rencontre s’inscrit également dans une dynamique de… pic.twitter.com/BEgoSMqZJl
Au cœur des échanges, la présentation du Fonds de Transformation Digitale (FTD), un mécanisme de financement innovant soutenu conjointement par la BOAD et la banque allemande KfW. Ce fonds vise à accompagner des projets numériques structurants et à fort impact, capables de catalyser la modernisation des systèmes d’information et des services publics.
Les discussions ont permis d’identifier des synergies entre les projets prioritaires du New Deal Technologique, la stratégie numérique nationale et les lignes de financement proposées par la BOAD. L’institution a réaffirmé son engagement à accompagner l’État du Sénégal dans sa transformation numérique et à renforcer l’administration à travers des partenariats stratégiques.
Si cette collaboration se concrétise, la BOAD pourrait jouer un rôle déterminant en mobilisant des financements pour les infrastructures critiques, en soutenant les projets de numérisation de l’administration et en favorisant l’émergence d’un écosystème numérique dynamique. Cet appui permettrait au Sénégal d’accélérer la réalisation des objectifs du New Deal Technologique tout en renforçant sa souveraineté et sa compétitivité dans l’économie numérique.
Lors de son lancement, le New Deal Technologique disposait d’un budget global de 1105 milliards FCFA (1,7 milliard $). Sur ce montant, 950 milliards avaient déjà été identifiés, dont 150 milliards provenant de financements privés. Les 800 milliards restants figurent dans l’Agenda de transformation « Vision 2050 », laissant un déficit de 155 milliards FCFA à mobiliser pour atteindre pleinement les objectifs fixés.
Samira Njoya
Édité par : Ubrick Quenum
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Le secteur minier, qui contribue à environ 23% au PIB de la Mauritanie, constitue un pilier essentiel de l’économie nationale. Sa modernisation progressive reflète la volonté des autorités d’en améliorer la gouvernance et de mieux en encadrer le développement.
Le ministère des Mines et de l’Industrie de la Mauritanie a annoncé le lancement d’une nouvelle plateforme numérique dédiée au contrôle et au suivi des permis d’exploitation minière et de carrières. L’initiative vise à renforcer la transparence, fiabiliser les données et simplifier les démarches administratives liées à l’octroi et au contrôle des licences.
Accessible via un identifiant personnel et sécurisé, la plateforme permettra aux titulaires de permis de fournir leurs données techniques et de production (BTR/BTE), les documents relatifs aux dépenses engagées, de mettre à jour les éléments liés à leur responsabilité sociale d’entreprise (RSE) et de soumettre diverses demandes administratives, dont l’envoi d’échantillons et les demandes d’approbation.
La confidentialité des données fournies est garantie par l’article 59 de la loi minière en matière de déclaration des activités, de contrôle environnemental, administratif et financier, ainsi que de transfert d’informations obligatoires. Le ministère invite les détenteurs de licences à contacter ses équipes régionales ou à écrire à l’adresse Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. pour obtenir leurs identifiants et le guide d’utilisation.
Cette plateforme survient dans un contexte d’e-gouvernance encore embryonnaire en Mauritanie. Le pays se classe 174ᵉ sur 193 au Global E-Government Development Index des Nations unies, avec un score de 0,3491. Ce classement reflète un déficit notable en matière d’infrastructures numériques, d’accès aux services publics en ligne et d’usage des technologies au sein de l’administration.
La numérisation du contrôle minier représente ainsi une étape clé pour un secteur qui contribue à environ 23% au PIB national. Elle pourrait non seulement améliorer la transparence des acteurs, mais aussi renforcer l’attractivité du pays auprès des investisseurs. En centralisant les données et en fluidifiant les échanges entre l’administration et les opérateurs, cette plateforme offre un outil stratégique pour un encadrement plus rigoureux et plus moderne de l’activité extractive en Mauritanie.
Samira Njoya
Edité par : Feriol Bewa
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Alors que les paiements instantanés gagnent du terrain en Afrique, sa région occidentale prend un tournant décisif vers des transactions numériques plus rapides, inclusives et interopérables.
La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest a annoncé vendredi le lancement officiel dès fin septembre, de sa Plateforme Interopérable de Système de Paiement Instantané (PI-SPI), une infrastructure régionale conçue pour faciliter les transferts d’argent en temps réel dans l’espace UEMOA.
Elle permettra aux clients de banques, institutions de microfinance et opérateurs de transactions monétaires électroniques d’effectuer des transferts instantanées, sécurisées, et interopérables quel que soit le type de compte ou de canal utilisé. Des tests pilotes sont en cours depuis le 5 juin auprès d’un échantillon de clients sélectionnés, afin d’évaluer les performances du dispositif en conditions réelles.
La mise en place de ce système de paiement unifié répond à une demande croissante de services financiers plus rapides, sûrs et accessibles en Afrique de l’Ouest. Entre 2022 et 2023, le nombre de comptes de monnaie électronique actifs est passé de 157 à 209 millions dans l’espace UEMOA, soit une hausse de 32,74% selon un rapport de la BCEAO. Ces services contribuent désormais à 56% du taux global d’inclusion financière, estimé à 72,3% fin 2023.
Avec la PI-SPI, la banque centrale amorce ainsi une nouvelle phase de son plan de modernisation des systèmes de paiement, en facilitant l’interconnexion des différents acteurs financiers de la région. L’objectif est de bâtir un écosystème plus intégré, apte à soutenir l’essor des fintechs, à fluidifier les flux électroniques et à réduire la dépendance au cash.
À terme, le système pourrait favoriser une adoption plus large des moyens de paiement numériques dans les usages quotidiens, et élargir l’accès aux services financiers dans les zones encore peu desservies par les réseaux traditionnels. En rapprochant les acteurs du secteur financier, cette initiative ouvre la voie à une interconnexion sans précédent dans la région.
Samira Njoya
Edité par : Feriol Bewa
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Dans un contexte où les start-up africaines peinent toujours à lever des fonds d’amorçage, de nouveaux modèles hybrides émergent, combinant investissement et accompagnement. Le lancement de F6 Group illustre cette tendance, avec l’ambition de stimuler l’innovation sur les marchés émergents.
Le groupe Flat6Labs, actif depuis plus d’une décennie dans l’accompagnement de start-up au Moyen-Orient et en Afrique, a annoncé le mardi 5 août sa réorganisation en une nouvelle structure baptisée F6 Group. Cette entité regroupe désormais Flat6Labs, son accélérateur historique, et F6 Ventures, une nouvelle firme de capital-risque dédiée aux investissements en amorçage. Un remodelage stratégique qui vise à offrir un soutien plus ciblé et structuré aux jeunes pousses sur les marchés émergents.
« F6 Ventures marque le début d’une nouvelle ère dans notre parcours, en apportant un capital ciblé et une exécution plus affûtée pour soutenir les fondateurs les plus audacieux de la région. Nous renforçons notre engagement envers les start-up en phase de démarrage afin de les accompagner dans leur passage de l’idée à l’impact » a déclaré Dina el-Shenoufy, cofondatrice et General Partner de F6 Ventures.
Selon le communiqué, F6 Ventures, spécialisée dans le financement en amorçage, gère actuellement plus de 90 millions USD d’actifs et un portefeuille de plus de 300 start-up. De son côté, Flat6Labs poursuit son activité en tant que plateforme d’accélération de référence. Le groupe prévoit de lancer plusieurs fonds régionaux afin de porter ses actifs sous gestion à 200 millions USD, et d’investir dans plus de 200 entreprises au cours des cinq prochaines années.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte de dynamisme croissant des écosystèmes entrepreneuriaux en Afrique et dans le monde arabe, où les besoins en financement précoce restent encore largement insatisfaits. Dans un environnement marqué par des taux d’intérêt élevés au cours des deux dernières années, le financement en capital-risque dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) a fortement ralenti. Après un pic de 3,6 milliards USD mobilisés en 2022, les levées de fonds ont chuté à 1,9 milliard en 2024, reflétant l’impact des politiques monétaires internationales sur l’accès au capital.
En réunissant capital et accompagnement sous une même bannière, F6 Group entend combler ce déficit. L’objectif est de créer une plateforme capable de catalyser l’innovation grâce à un soutien intégré, allant du pré-amorçage à l’expansion régionale. Pour les écosystèmes émergents, les enjeux sont majeurs, notamment favoriser l’essor d’acteurs technologiques compétitifs, stimuler la création d’emplois qualifiés et renforcer la souveraineté numérique des régions concernées.
Samira Njoya
Edité par : Feriol Bewa
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