L’e‑gouvernement est au cœur de nombreuses stratégies numériques en Afrique de l’Ouest. Les pays de la CEDEAO cherchent désormais à coordonner leurs efforts afin de créer un cadre régional commun pour des services publics plus efficaces et accessibles à tous.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) travaille actuellement à l’élaboration de sa première stratégie régionale d’e‑gouvernement. La semaine dernière, responsables gouvernementaux, experts des TIC et partenaires techniques se sont réunis à Abuja afin d’examiner et de valider les grandes orientations de ce futur cadre commun.
La stratégie en préparation ambitionne de doter la région d’une infrastructure numérique publique interopérable, d’encadrer la gouvernance des données et de soutenir les États membres dans le développement de services administratifs modernisés. Elle prévoit également la mise en place de mécanismes communs de cybersécurité, ainsi que la coordination de politiques nationales jusque‑là fragmentées, dans le but d’offrir des services publics plus efficaces, transparents et accessibles.
Ce travail s’inscrit dans le cadre des initiatives de transformation numérique déjà engagées par la CEDEAO à travers des programmes régionaux comme le WARDIP, conçu pour accélérer l’intégration numérique en Afrique de l’Ouest. Il fait aussi écho aux objectifs définis dans la Vision 2050 de l’organisation, qui appelle à un espace communautaire connecté, résilient et fondé sur des institutions modernisées.
Il intervient surtout dans un contexte où les États de la CEDEAO multiplient les réformes numériques, avec l’e‑gouvernement comme priorité. Plusieurs pays se sont déjà dotés de stratégies nationales. Le Ghana a lancé des plateformes d’identification numérique de référence ; le Cap‑Vert poursuit la consolidation de son administration électronique, considérée comme l’une des plus avancées de la région ; la Côte d’Ivoire mise sur des services administratifs en ligne centralisés ; le Sénégal développe progressivement un écosystème d’e‑services, soutenu par l’identifiant unique et l’interopérabilité. L’élaboration d’une stratégie régionale apparaît ainsi comme une étape naturelle pour coordonner et amplifier ces efforts.
Si elle est adoptée, cette stratégie pourrait améliorer considérablement l’efficacité des administrations publiques, favoriser la circulation sécurisée des données, renforcer la transparence et soutenir l’intégration régionale en permettant aux citoyens comme aux entreprises d’accéder plus facilement aux services publics, même au‑delà des frontières nationales.
Selon le dernier rapport E‑Government Development Index 2024 publié par l’UN DESA, plusieurs pays membres de la CEDEAO figurent parmi les plus avancés du continent ouest‑africain en matière d’e‑gouvernement. Le Ghana se classe à la 108ᵉ place mondiale, suivi du Cap‑Vert (109ᵉ), de la Côte d’Ivoire (124ᵉ) et du Sénégal (135ᵉ). Ces performances témoignent d’une dynamique réelle au sein de la région et montrent que, malgré des niveaux d’avancement variables, les fondations nécessaires à une stratégie régionale commune sont déjà en place.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’Algérie lance une plateforme numérique pour faciliter le signalement des pratiques de corruption dans le secteur social, renforcer la transparence et améliorer la confiance des citoyens.
L’Algérie reste confrontée à une corruption structurelle qui affecte durablement le fonctionnement des services publics et la confiance des citoyens. Face à ces défis persistants, les autorités cherchent à renforcer la transparence et à moderniser les mécanismes de gouvernance.
Le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition féminine a lancé, le lundi 1er décembre, une plateforme numérique nationale dédiée au signalement de la corruption dans le secteur social. Ce nouvel outil, accessible à la fois sur mobile et sur ordinateur, permet aux citoyens comme aux agents publics de signaler des pratiques suspectes, de joindre des preuves numériques et de suivre l’évolution de leurs déclarations.
S’exprimant lors du lancement, la ministre Soraya Mouloudji (photo) a souligné que cette plateforme « s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption et de renforcement de l’intégrité, laquelle repose sur l’éthique de la vie publique, la promotion d’une culture de l’intégrité au sein des institutions et l’amélioration de la transparence dans la gestion des deniers publics ».
Techniquement, la plateforme réunit en un seul espace les outils nécessaires au traitement efficace des signalements : un formulaire structuré pour décrire les faits, un espace pour téléverser des pièces justificatives, la possibilité de déposer une alerte de manière anonyme et un tableau de suivi pour informer l’utilisateur de l’avancement du dossier. L’objectif affiché est d’améliorer la réactivité de l’administration, de raccourcir les délais de traitement et de garantir une traçabilité rigoureuse des signalements.
Le lancement intervient alors que l’Algérie reste confrontée à des défis importants en matière de gouvernance et de transparence. Selon Transparency International, l’Algérie figure à la 107ᵉ place du Corruption Perceptions Index 2024, avec un score de 34 sur 100, ce qui illustre une perception persistante de la corruption au sein du secteur public.
Selon le ministère, près de 9 500 agents ont déjà bénéficié de sessions de sensibilisation et de formation afin de maîtriser l’usage de l’outil et d’adopter une culture de transparence au sein des services publics. Cette montée en compétence est présentée comme une condition essentielle pour assurer la fiabilité du dispositif et garantir la crédibilité des suites données aux signalements.
Si cette plateforme a le potentiel de démocratiser le signalement, d’améliorer la qualité des preuves recueillies et de renforcer la pression publique en faveur d’une action plus efficace contre la corruption, son succès dépendra toutefois de plusieurs facteurs clés : enquêtes sérieuses, protection effective des lanceurs d’alerte et visibilité des résultats des procédures.
Samira Njoya
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L’écosystème des start-up sierra-léonais est en pleine émergence. Il compte des jeunes pousses telles que Easy Solar, Rising Academy, Farmerline Group, Mosabi, MiKashBoks…
Le gouvernement sierra-léonais a annoncé le lundi 1er décembre la signature d’un accord-cadre avec Redsalt Angel Investment Network GmbH (RAIN), un investisseur axé sur l’impact, dédié au soutien des start-up en phase de démarrage et des entreprises sociales dans les pays à faible revenu. Les deux parties entendent cofinancer et accompagner les start-up en phase initiale dans le cadre des défis nationaux d’innovation et des programmes associés.
RAIN a indiqué que ce partenariat permettra de libérer des capitaux, de renforcer les structures de gouvernance et d’accélérer le développement d’entreprises sierra-léonaises à fort potentiel de croissance. L’entreprise dispose par ailleurs d’un partenariat avec l’Orange Digital Center (ODC) via la Fondation Orange. Cette collaboration offrira aux start-up issues de l’ODC un parcours structuré, incluant mentorat, accompagnement vers l’investissement et financement d’amorçage par RAIN.
« Construire un écosystème d’innovation solide nécessite des partenariats alignés, un capital patient et un investissement délibéré dans nos jeunes entrepreneurs. Avec des politiques gouvernementales favorables et des efforts continus de transformation numérique, la Sierra Leone crée les conditions nécessaires pour que l’innovation croisse, que les industries se modernisent et que les entrepreneurs puissent passer à l’échelle », a déclaré Salima Bah (photo, à gauche), ministre de la Communication, de la Technologie et de l’Innovation.
Dans le cadre de sa stratégie nationale de transformation numérique, la Sierra Leone mise sur les jeunes pousses pour développer des solutions répondant aux besoins de la société. « Les idées, prototypes et démonstrations doivent être incubés et accélérés afin de promouvoir la culture des start-up et de soutenir le développement de l’industrie technologique locale. Dans les universités, les espaces gouvernementaux et les institutions privées, une série d’initiatives sera renforcée pour encourager l’innovation chez les jeunes, soutenir les petites et moyennes entreprises et transformer les idées en solutions concrètes », précise le document stratégique.
Parmi ces initiatives figurent les défis d’innovation soutenus par l’État, les concours de présentation d’idées et de projets, les bacs à sable d'innovation (innovation sandboxes) et d’autres dispositifs similaires. Des données, financements et autres formes de soutien seront offerts aux participants comme incitation, avec des ressources provenant principalement du gouvernement et de ses partenaires.
Selon un rapport publié en juin 2025 par Invest Salone, l’écosystème start-up de Sierra Leone doit relever plusieurs défis : un marché restreint et des revenus faibles, une littératie numérique limitée et des infrastructures insuffisantes, surtout en dehors de Freetown, un soutien aux start-up fragmenté et une réglementation incertaine, en particulier pour les services financiers numériques et la blockchain.
Le rapport souligne également que la Sierra Leone ne dispose pas encore d’une loi définissant clairement le statut de start-up, la distinguant d’une PME traditionnelle et fournissant un cadre politique ciblé pour soutenir l’innovation, attirer les investissements et réduire l’incertitude réglementaire. Il ajoute qu’une telle législation permettrait d’aligner les incitations, de simplifier la conformité et de montrer un engagement national fort en faveur d’une économie moderne et technologique.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Favorisée par l’absence d’infrastructures électriques adéquates, l’Afrique devient le terrain de jeu des innovations les plus agiles. L’adoption de solutions solaires transforme actuellement des millions de vies. Mais cette mutation reste fragile, au regard de diverses contraintes qui persistent.
L’Afrique demeure l’épicentre de la pauvreté énergétique mondiale. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), sur les 730 millions de personnes qui n’avaient toujours pas accès à l’électricité dans le monde, la grande majorité se trouvait en Afrique subsaharienne. Le groupe de la Banque africaine de développement (BAD) évoque plus de 600 millions d’Africains, soit environ la moitié de la population du continent. « Pour ces personnes, la vie quotidienne est un combat éclairé par la faible lueur des lampes à pétrole ou le ronronnement intermittent des groupes électrogènes au diesel. Ces solutions palliatives sont non seulement coûteuses, mais aussi polluantes, perpétuant un cycle de pauvreté et de dégradation de l’environnement. Au rythme actuel de l’électrification et avec la croissance démographique rapide de l’Afrique, le nombre de personnes privées d’électricité restera largement inchangé si nous ne prenons pas des mesures audacieuses et immédiates », déplore la BAD. Compte tenu des enjeux de productivité, d’éducation et de santé sur le continent, l’électrification décentralisée par le solaire est devenue plus stratégique que jamais, d’après l’AIE.
Bien que le Groupe de la Banque mondiale et la Banque africaine de développement se soient associés pour favoriser l’accès de 300 millions de personnes à l’électricité en Afrique d’ici 2030 dans le cadre de l’initiative « Mission 300 », la Banque mondiale reconnaît que l’énergie solaire hors réseau est le moyen le plus rapide et le plus rentable d’alimenter 41 % des personnes dans le monde vivant sans accès à l’énergie d’ici 2030. Cette solution a desservi 561 millions de personnes en 2023 et assuré 55 % des nouveaux raccordements en Afrique subsaharienne entre 2020 et 2022. Par rapport au raccordement au réseau ou au mini-réseau, le solaire hors réseau est une solution moins coûteuse, qui peut être mise en œuvre plus rapidement pour répondre aux niveaux de demande actuels, soutient la Banque mondiale.
Le solaire transforme des vies
Aujourd’hui, face aux défis que rencontrent les réseaux électriques nationaux (faible couverture, capacités limitées, vétusté des équipements, cherté des tarifs), les solutions solaires hors réseau créent une valeur économique mesurable. Dans son rapport « Off-Grid Solar Market Trends Report 2024 », la Banque mondiale estime que les générateurs fournissent près de 9 % de l’électricité en Afrique subsaharienne, ce qui coûte aux ménages entre 28 et 50 milliards de dollars par an en carburant, auxquels s’ajoutent 10 à 20 % supplémentaires en frais d’entretien. Les kits et appareils solaires réduisent les coûts énergétiques des ménages, prolongent les heures d’activité des commerces, sécurisent la chaîne du froid et augmentent les revenus des petites entreprises. L’électricité change la vie : elle offre de la lumière pour étudier, de la ventilation et de la réfrigération pour la santé et l’alimentation, l’information via la radio ou la télévision éducative, et une sécurité accrue la nuit. Les pompes solaires renforcent la résilience face aux sécheresses et soutiennent la productivité agricole, tandis que la réfrigération réduit les pertes post-récolte et permet une meilleure conservation des vaccins et médicaments dans les centres de santé. Le Programme d’aide à la gestion du secteur énergétique (ESMAP) indique que ses analyses montrent que ces « usages productifs » se diffusent rapidement dans les chaînes de valeur locales (agroalimentaire, artisanat, services).
« Les systèmes solaires hors réseau permettent aux ménages, aux entreprises et aux agriculteurs d’utiliser l’électricité de manière productive et de générer des revenus. Dans une enquête menée auprès de plus de 79 000 clients hors réseau dans 31 pays, 86 % des utilisateurs de pompes à eau solaires ont vu leur productivité augmenter et 60 % ont étendu leurs surfaces cultivées, ce qui a entraîné une augmentation des revenus pour 88 % d’entre eux. De même, 88 % des réfrigérateurs ont été utilisés à des fins productives, 81 % des utilisateurs déclarant une amélioration de leur qualité de vie. En 2023, plus de 3 millions de personnes utilisaient leur système solaire domestique pour gérer une entreprise », explique l’ESMAP. Le modèle de financement Pay-as-you-go (PAYGo), ou paiement à l’usage, a fortement contribué à l’expansion du secteur de l’énergie solaire hors réseau (OGS), notamment en Afrique subsaharienne. Le client verse un acompte initial, entre en possession de l’équipement solaire, puis continue à verser des paiements réguliers sur une période donnée jusqu’au solde total. Les paiements sont généralement effectués via Mobile Money (argent mobile), un canal largement disponible en Afrique subsaharienne, bien que d’autres méthodes incluent les cartes à gratter, du crédit de communication et le paiement en espèces.
Au cœur de cette nouvelle manière d’apporter de l’électricité à un prix abordable à des millions d’Africains, on trouve une diversité d’acteurs de terrain qui ont vu le potentiel transformateur du solaire en Afrique et se mobilisent.
Un secteur privé engagé
Entre 2018 et 2024, les start-up spécialisées dans le solaire hors réseau se sont renforcées en Afrique, consolidant l’accès du continent à l’électricité. Bien que le financement capté par ces entreprises soit passé de 194 millions de dollars à 192 millions de dollars en 2024, après avoir atteint 425 millions de dollars en 2023, le dynamisme du secteur ne s’est toutefois pas émoussé. Sun King fait partie des nombreuses start-up qui s’illustrent en Afrique au cours des dernières années. La société, qui revendique la fourniture d’énergie solaire à 30 % des ménages kenyans grâce à ses produits, a signé en juillet 2024 un accord de titrisation de 156 millions de dollars avec ABSA, Citi, The Co-operative Bank of Kenya, KCB Bank et Stanbic Bank Kenya. Cet accord s’ajoute à celui de 130 millions de dollars effectué en 2023 pour permettre la fourniture de 3,7 millions de produits solaires au Kenya. De son côté, Bboxx s’est consolidé au fil des cinq dernières années. En acquérant PEG en 2022, la société a étendu son empreinte en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Mali. Sa présence dans une dizaine de pays lui permet de fournir ses produits solaires à plus de 2,5 millions de personnes.
Même le groupe télécoms Orange a fait de l’énergie solaire hors réseau une priorité stratégique. Il faut dire qu’en favorisant l’accès à l’énergie, la société soutient aussi l’accès à ses offres Internet mobile et Mobile Money. À travers Orange Energies, l’opérateur revendiquait plus de 600 000 foyers connectés en 2024, soit près de 4 millions de personnes avec accès à l’énergie dans 13 pays. Avec un positionnement de partenaire de tous les producteurs d’énergie, Orange Energies a développé une plateforme IoT, Orange Smart Energies, qui permet le PAYGo et le smart metering. Ainsi, Orange peut collaborer avec l’ensemble des producteurs d’énergie, qu’ils soient vendeurs de kits solaires, opérateurs nationaux d’électricité (utilities) ou constructeurs de mini-réseaux. En ajoutant la brique digitale, Orange Energies offre la possibilité à tous les ménages de prépayer leur énergie à leur rythme, en fonction de leurs revenus. En collaboration avec ses partenaires comme Koolboks, Biolite, Sun King, Solar Run, Orange Energies propose une diversité de produits tels que des panneaux solaires, des batteries intelligentes pour stocker l’électricité et optimiser la consommation, des lampes LED, des prises USB et des accessoires adaptés aux besoins des ménages ruraux, avec un catalogue de matériels variés allant du ventilateur au congélateur, en passant par la télévision et la radio.
L’expertise d’Orange Energies dans l’électrification solaire va plus loin et lui a valu la reconnaissance d’organisations internationales et locales. En juin 2024, la société a remporté un appel d’offres de l’AFD de 150 000 euros pour accélérer l’électrification rurale de plus de 400 localités en Côte d’Ivoire, dans le cadre du projet MAX, financé par l’Union européenne et mis en œuvre par Expertise France. En septembre 2024, la Banque mondiale et la GIZ lui ont confié un contrat de 360 000 dollars pour équiper 8000 foyers hors réseau en solutions solaires autonomes au plus tard en juin 2025, dans des zones prioritaires identifiées par la Banque mondiale au Liberia. Orange Energies a également signé un partenariat public-privé avec l’État guinéen (Agence Guinéenne d’Électrification Rurale – AGER) et le développeur de mini-réseaux IPT PowerTech pour la construction d’un mini-réseau ABC qui va alimenter six localités en électricité : Kalenko, Siguiri, Yèndè Milimou, Nongoa, Ouendé Kènèma et Fangamandou, avec un modèle de prépaiement connecté pour les clients.
En clair : le solaire hors réseau en Afrique n’est plus une expérimentation. C’est un secteur industriel, financier et social, qui électrifie, crée des revenus et redessine le quotidien. Pour que cette promesse dure, plusieurs défis doivent être traités de front.
Des risques persistent toutefois
Le marché seul ne suffira pas à électrifier l’Afrique rurale. Pour atteindre les ménages les plus pauvres et les zones les plus difficiles, il faut de l’argent public — subventions directes, garanties, financements concessionnels. Les estimations du secteur indiquent qu’il faudrait environ 3,6 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 pour électrifier, via le solaire hors réseau, les centaines de millions de personnes pour lesquelles c’est la solution la moins coûteuse. Environ 40 % de cette somme devrait être sous forme de subventions ciblées, pour abaisser le prix final dans les zones les plus reculées et les contextes fragiles et touchés par les conflits. Il reste à mobiliser ces fonds.
Le modèle de paiement progressif (PAYGo), bien qu’il permette d’étaler le coût d’un kit solaire, se heurte de plein fouet à l’extrême pauvreté. Seule une minorité de ménages ruraux est en mesure de supporter une mensualité, même modeste. La facture s’alourdit dans les zones reculées ou en proie aux conflits, où les surcoûts logistiques peuvent augmenter le prix final de 57 %. Ainsi, seulement 22 % des ménages non raccordés à l’électricité dans le monde peuvent assumer le remboursement mensuel d’un kit solaire via PAYGo — un taux qui chute à 16 % en Afrique subsaharienne. Confrontés à cette barrière financière, de nombreux foyers se rabattent encore sur des solutions de court terme (bougies, lampes à pétrole, groupes électrogènes partagés), dont le coût à long terme s’avère pourtant plus élevé.
Cette précarité des ménages affecte directement la santé financière des entreprises et met en péril leur pérennité. Le taux de recouvrement des paiements PAYGo stagne autour de 62 %, et un client sur quatre rencontre des difficultés de paiement. Par ailleurs, la plupart des start-up solaires s’endettent en devises étrangères (dollars ou euros) mais sont remboursées en monnaie locale, ce qui les expose à un risque de change important.
À ces défis s’ajoutent l’inflation et l’effondrement de certaines monnaies locales, qui entraînent des hausses de prix. Au Nigeria, par exemple, le coût de lanternes solaires de base a augmenté de 91 % à 300 % en monnaie locale en 2023, annulant les baisses de prix des composants sur les marchés internationaux.
Enfin, la dépendance aux importations et l’absence de filière locale posent un défi structurel. Sans assemblage local, sans réseau de maintenance fiable et sans accès à des pièces détachées abordables, les systèmes tombent fréquemment en panne, et les foyers se retrouvent de nouveau privés d’électricité. La prolifération de produits solaires bas de gamme — représentant près de 70 % des ventes — sape la confiance des consommateurs. Le manque de compétences techniques pour l’installation, la maintenance et le dépannage, en particulier dans les zones isolées, complète cette liste d’obstacles qui entrave le déploiement massif des solutions solaires hors réseau.
Muriel EDJO
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Les start‑up camerounaises peinent à attirer les investissements, freinées par le manque de compétences managériales et la structuration insuffisante de l’écosystème entrepreneurial. Un accompagnement ciblé s’avère indispensable pour soutenir leur croissance et renforcer leur compétitivité.
Enovation Factory, incubateur et accélérateur de start‑up basé au Cameroun, a lancé en partenariat avec le PNUD Cameroun l’initiative Scale 32, un programme national de 14 mois visant à soutenir 32 start‑up technologiques dans leur croissance, en répondant aux principaux défis qu’elles affrontent, notamment l’accès au financement, le renforcement des compétences managériales et la mise en relation avec des investisseurs.
Le programme se déroule en deux phases : la première cohorte bénéficiera d’un accompagnement intensif de six mois, de janvier à juin 2026 ; la seconde, de juin à décembre 2026. Les start‑up sélectionnées seront intégrées à l’un des deux volets d’Enovation Factory : Newbie, pour les projets en phase d’idéation ou émergents, et Cracker, pour ceux déjà opérationnels souhaitant accélérer leur développement. L’accompagnement comprend des formations spécialisées, du mentorat, l’accès à des espaces de travail, ainsi que la mise en relation avec des partenaires institutionnels et des investisseurs.
À l’issue de ces six mois, chaque start‑up rejoindra le programme Alumni d’Enovation Factory, avec un suivi de 12 mois : accès au réseau, à des opportunités de financement et à des événements de l’écosystème, garantissant ainsi la pérennité des acquis.
Cette initiative intervient dans un contexte où le Cameroun cherche à renforcer son écosystème technologique et à stimuler la création d’emplois. Elle complète d’autres efforts de structuration du secteur, en s’attaquant au faible taux de survie des start‑up et à l’insuffisance de la gouvernance des jeunes entreprises.
Cependant, la modestie des montants levés, le nombre limité de start‑up capables d’attirer l’attention des investisseurs, et la faible part de la région dans les flux de capital‑risque soulignent la nécessité d’un travail structurel approfondi. Il s’agit notamment de renforcer la gouvernance des jeunes entreprises, d’améliorer leur attractivité pour les investisseurs, de consolider le soutien institutionnel et de mieux positionner les start‑up camerounaises sur la scène internationale.
Les start‑ups évoluant dans les domaines de la tech, de l’agritech, de la healthtech, de la fintech, de l’edtech, de l’économie verte et autres secteurs innovants sont invitées à postuler avant le 18 décembre via le lien : https://www.enovation-factory.com/postuler.
Samira Njoya
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Le Togo ambitionne de numériser l’ensemble de ses services publics dans les prochaines années afin de simplifier les démarches et d’améliorer l’accès pour tous les citoyens. L’ajout de nouvelles procédures en ligne confirme l’avancée de cette transformation.
Le Togo poursuit la modernisation de son administration en ajoutant trois démarches supplémentaires au portail national service-public.gouv.tg. Les citoyens peuvent désormais effectuer en ligne la renonciation ou réintégration à la nationalité togolaise, ainsi que la modification du patronyme ou du matronyme.
Ces téléprocédures, portées par le ministère de la Justice et des Droits humains, s’inscrivent dans un mouvement méthodique de modernisation. La plateforme permet désormais de réaliser tout le parcours à distance : dépôt de dossier, suivi en temps réel du traitement et réception des décisions. Cette évolution est rendue possible par la consolidation du guichet unique numérique, conçu pour centraliser les services administratifs et améliorer l’accessibilité pour l’ensemble des citoyens.
Ce déploiement intervient dans un contexte où le Togo accélère la digitalisation de ses démarches administratives. Ces derniers mois, le portail national a ajouté plusieurs services majeurs, dont la demande de certificat de nationalité, le renouvellement de passeport, la carte de séjour, le casier judiciaire, le permis de construire ou encore diverses formalités. Avec ces ajouts successifs, la plateforme consolide désormais 101 services désormais accessibles en ligne.
L’intégration de ces trois nouvelles démarches répond à des enjeux clés : réduire les déplacements des usagers, renforcer la transparence des procédures, raccourcir les délais d’instruction et améliorer l’efficacité du service public. Elle participe aussi à une plus grande inclusion administrative en permettant aux citoyens, y compris ceux éloignés des centres urbains, d’accéder aux démarches essentielles sans contrainte géographique.
Cette accélération de la transformation numérique intervient dans un contexte où le pays s’emploie à combler un important déficit en matière de digitalisation des services publics. Le rapport 2024 de l’ONU sur l’E-Government Development Index (EGDI) attribuait au Togo un score de 0,3920, le positionnant à la 161ᵉ place sur 193. Un classement qui met en lumière l’ampleur des défis à relever. Les avancées enregistrées ces derniers mois témoignent ainsi de la détermination des autorités à moderniser l’action publique, à renforcer l’accessibilité des démarches et à inscrire durablement l’administration togolaise dans l’ère du numérique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En Afrique de l’Ouest, les PME peinent à accéder efficacement aux marchés régionaux. Le numérique s’impose comme une solution pour simplifier la logistique, renforcer la traçabilité et l’intégration commerciale.
La Côte d’Ivoire a lancé, lundi 1er décembre à Abidjan, le projet Tradepost, un dispositif destiné à moderniser la logistique postale et à faciliter le commerce transfrontalier dans l’espace CEDEAO. Portée conjointement par l’Union postale universelle (UPU), la Poste de Côte d’Ivoire et la Conférence des postes des États de l’Afrique de l’Ouest (CPEAO), l’initiative marque une nouvelle étape dans l’intégration économique régionale et dans la digitalisation des services postaux.
Représentant le ministre de la Transition numérique et de la Digitalisation, le directeur de cabinet Assoua Raymond a souligné que Tradepost permettra « d’accélérer les procédures douanières grâce à la dématérialisation, de réduire les coûts logistiques et les délais de livraison, tout en offrant une traçabilité complète des envois ». Selon lui, ce dispositif constitue « un instrument stratégique pour connecter les PME ivoiriennes aux marchés africains et internationaux ».
En pratique, Tradepost entend digitaliser et harmoniser les processus liés aux échanges commerciaux : déclaration et traitement des colis, suivi, formalités douanières, ainsi que connexion à des plateformes d’e‑commerce régionales ou internationales. Cette modernisation vise à lever plusieurs obstacles qui freinent encore le commerce transfrontalier en Afrique de l’Ouest, parmi lesquels la fragmentation réglementaire, les coûts logistiques élevés, la lenteur des procédures et la faible intégration des écosystèmes numériques.
Ce lancement s’inscrit dans un contexte où les échanges numériques progressent rapidement en Afrique de l’Ouest, soutenus par une hausse de la connectivité, la digitalisation croissante des services publics et la montée en puissance des plateformes de commerce en ligne. La Côte d’Ivoire se distingue particulièrement dans la progression du commerce en ligne. Avec une croissance annuelle composée de 11,3 % attendue d’ici 2027, le marché, déjà valorisé à plus de 280 milliards FCFA (495,5 millions USD) en 2023 selon les acteurs du commerce électronique ivoirien.
En renforçant la traçabilité des colis et en harmonisant les procédures, le projet devrait réduire les obstacles au commerce transfrontalier, améliorer l’accès aux marchés pour les artisans, agriculteurs et jeunes entrepreneurs, et favoriser un écosystème e‑commerce plus transparent et performant dans l’espace CEDEAO. Cette approche fondée sur les données permettra également d’identifier les goulots d’étranglement, d’orienter les investissements et de soutenir durablement l’intégration économique et numérique régionale.
Samira Njoya
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Leader du marché télécoms sierra-léonais, Orange multiplie les investissements pour améliorer son infrastructure. L’entreprise a récemment annoncé avoir investi 50 millions USD pour moderniser son réseau.
Orange Sierra Leone a procédé le samedi 29 novembre à l’inauguration d’un centre de données dans la ville de Bo, au sud du pays. L’infrastructure, dont la construction a coûté 23 millions d’euros (26,7 millions USD), est une réplique exacte du principal datacenter de l’entreprise dans la capitale, Freetown. Elle servira de site de secours en cas de sinistre afin que les urgences, les pannes ou les catastrophes naturelles ne perturbent pas les services numériques à l’échelle nationale.
« Stratégiquement situé dans le sud du pays, le nouveau centre contribue à étendre l’infrastructure numérique aux communautés rurales et régionales, en particulier dans les corridors sud et est, notamment vers Makeni, Kono et Kenema. Il permettra une meilleure répartition du trafic réseau et améliorera la connectivité dans les zones mal desservies », a précisé l’opérateur dans un communiqué publié sur sa page Facebook le dimanche 30 novembre.
La construction de ce centre de données de secours intervient dans un contexte où la capitale Freetown reste exposée aux risques de glissements de terrain, comme celui survenu en 2017, et où le pays est régulièrement confronté à des inondations.
Le lancement de cette infrastructure s’inscrit dans le cadre de la transformation numérique, dans un pays où les services télécoms sont devenus omniprésents pour les entreprises, les particuliers et l’administration publique. « L’Internet est devenu un outil indispensable dans notre vie quotidienne. Si la connexion venait à être interrompue, chacun réaliserait combien nous en dépendons », avait déclaré Salima Bah, ministre des Communications, de la Technologie et de l’Innovation, après une brève interruption des services en août 2024. Elle avait ajouté que le gouvernement et les entreprises avaient engagé d’importants investissements pour éviter que cela ne se reproduise.
En plus de ce datacenter, Orange Sierra Leone exploite 616 sites télécoms dans le pays, dont 40 récemment déployés et 70 % alimentés par des sources d’énergie verte. La société a également investi 50 millions USD pour moderniser l’ensemble de son réseau, désormais entièrement compatible 4G et 5G.
Ces efforts d’amélioration de la qualité et de la disponibilité du service devraient conférer des avantages concurrentiels à l’opérateur, selon la GSMA. L’organisation souligne « qu'une bonne qualité de service peut améliorer l’expérience numérique et créer de nouvelles opportunités pour les individus et la communauté au sens large ». Fin décembre 2024, Orange Sierra Leone déclarait 3,04 millions d’abonnés à la téléphonie mobile, pour une part de marché de 51 %, dans un pays où elle concurrence Africell et QCell.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Au Lesotho, près de la moitié des jeunes restent sans emploi, un défi majeur pour l’insertion socio-professionnelle. Le gouvernement mise sur le numérique pour favoriser l’accès aux compétences, développer l’employabilité et créer de nouvelles opportunités économiques pour la jeunesse.
Le ministère du Genre, de la Jeunesse et du Développement social du Lesotho a lancé, mercredi 26 novembre à Maseru, la plateforme Youth Agency Marketplace (YOMA) en partenariat avec l’UNICEF. Cette initiative vise à réduire les obstacles qui freinent l’insertion professionnelle des jeunes, notamment l’accès limité à la formation, aux compétences numériques et aux opportunités de marché.
YOMA est une plateforme numérique panafricaine qui permet aux jeunes d’acquérir des compétences, de bénéficier de mentorat et d’accéder à des opportunités économiques. Elle propose des parcours allant de la formation de base à la mise en relation avec des entreprises, des ONG ou des institutions. Les utilisateurs peuvent également réaliser des « missions à impact » social ou environnemental, récompensées par des jetons numériques, échangeables contre des biens ou services comme des crédits téléphoniques ou des cours supplémentaires.
Toutes les activités réalisées sur la plateforme sont enregistrées dans un CV numérique vérifiable, destiné à renforcer la visibilité et la crédibilité des jeunes auprès de potentiels employeurs. Alignée sur les standards internationaux de développement des compétences, YOMA adopte une approche individualisée : les opportunités proposées sont adaptées au profil, aux objectifs et au potentiel de chaque utilisateur, en lien avec les besoins du marché.
Selon les autorités, le lancement de YOMA s’inscrit dans la volonté du gouvernement d’autonomiser la jeunesse à travers des solutions numériques accessibles. L’enjeu est de taille dans un pays où les jeunes représentent une proportion importante des chômeurs. Les données officielles estiment le taux de chômage des 15–35 ans à près de 50 %, l’un des plus élevés d’Afrique australe.
Au Lesotho, YOMA devrait permettre d’améliorer l’employabilité, de stimuler l’auto-entrepreneuriat, de faciliter l’accès à des formations certifiantes, et d’ouvrir des opportunités de revenus via les missions rémunérées. La plateforme vise aussi à renforcer les compétences numériques dans un pays où les jeunes manquent encore d’outils pour s’insérer dans une économie de plus en plus digitalisée.
Cependant, plusieurs défis pourraient freiner l’adoption du dispositif. Selon DataReportal, seulement 48 % de la population du Lesotho utilisaient Internet au début de 2025, et le coût de la data reste élevé par rapport au revenu moyen. En zones rurales, la couverture mobile reste instable, ce qui limite l’accès régulier à une plateforme entièrement numérique. La réussite de YOMA dépendra donc de l’amélioration de la connectivité, de la réduction des coûts d’accès et d’efforts accrus de sensibilisation pour encourager les jeunes à s’approprier l’outil.
Avec son lancement au Lesotho, YOMA s’ajoute aux déploiements déjà engagés depuis 2020 dans plusieurs pays africains, notamment le Bénin, le Burundi, la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Nigeria et l’Afrique du Sud. Ce partenariat avec l’UNICEF permet au pays de s’appuyer sur un modèle éprouvé pour élargir l’accès des jeunes à la formation, aux opportunités économiques et à l’entrepreneuriat.
Samira Njoya
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L’Algérie se tourne résolument vers le numérique avec l’ambition d’augmenter sa contribution au PIB et de moderniser ses services publics d’ici 2030. La mise en place de nouvelles plateformes électroniques représente un axe central de cette stratégie.
Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, Saïd Sayoud (photo, à gauche), a officiellement lancé, jeudi 27 novembre à Alger, la plateforme électronique nationale de déclaration de perte de documents. Présentée comme un pilier de la transformation numérique de l’administration, cette innovation vise à moderniser les procédures, alléger les formalités pour les citoyens et renforcer l’efficacité des services de sécurité publique.
Développée par les ingénieurs de la DGSN, la plateforme permet à tout citoyen de déclarer en ligne la perte, le vol ou la destruction d’un document officiel (carte d’identité, passeport, permis de conduire, etc.) et d’obtenir immédiatement une attestation électronique certifiée. Accessible 24h/24 via le site de la police, elle prend en charge la saisie et le suivi des demandes, intègre des mécanismes automatiques de vérification pour limiter les abus et constitue une base de données centralisée permettant d’identifier les déclarations multiples. Le dispositif est également conçu pour faciliter l’accès des personnes à besoins spécifiques et des habitants des zones éloignées.
Selon la DGSN, cette plateforme répond à un besoin réel. En 2024, 1,3 million de déclarations de perte ont été enregistrées, auxquelles s’ajoutent 1,5 million supplémentaires depuis le début de l’année 2025. Ce volume croissant justifie la bascule vers un système numérique capable de fluidifier les procédures, réduire les délais de traitement et alléger la charge administrative des services de police.
Cette avancée s’inscrit dans la stratégie de transformation numérique portée au plus haut niveau de l’État. L’Algérie ambitionne de porter la contribution du secteur numérique à 20 % de son PIB, un objectif qui repose sur la généralisation des services publics en ligne, la modernisation des infrastructures techniques et le soutien à l’innovation locale. Le lancement de cette plateforme renforce une dynamique déjà illustrée par l’introduction du permis biométrique, de la carte grise électronique et de nouveaux services sécurisés de la DGSN.
Au-delà de l’efficacité, le dispositif pourrait améliorer l’accessibilité administrative, notamment pour les populations éloignées ou vulnérables, en permettant d’effectuer les démarches à distance, de réduire les déplacements et d’amoindrir les coûts liés à l’impression des documents. Cependant, pour que la réforme tienne toutes ses promesses, plusieurs défis demeurent : garantir la sécurité des données personnelles, assurer la fiabilité des vérifications pour éviter fraudes et abus, sensibiliser les citoyens à l’usage de l’outil numérique, et maintenir un accompagnement technique et institutionnel durable.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Avec l’essor du numérique chez les jeunes, la Zambie mise sur une stratégie nationale pour prévenir les risques en ligne. Le pays entend désormais garantir aux enfants un accès plus sûr et responsable à Internet.
Le gouvernement zambien a lancé, lundi 24 novembre, la Stratégie nationale de protection de l’enfance en ligne (2025–2029). Ce document constitue une feuille de route visant à renforcer la sécurité numérique des enfants à travers le pays et à créer un environnement en ligne plus sûr pour les jeunes utilisateurs.
Dotée d’un budget de 1,8 million USD, la stratégie repose sur plusieurs axes, à savoir : le renforcement de la coordination nationale des politiques, le développement des compétences numériques, la sensibilisation des enfants et des parents, et la promotion d’une collaboration structurée entre les acteurs publics, privés et les organisations de la société civile.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte où l’accès à Internet progresse rapidement en Afrique, en particulier chez les plus jeunes. Selon l’UNICEF, les enfants africains comptent parmi les populations dont l’accès au numérique augmente le plus rapidement au monde, les exposant à des risques croissants tels que la cyberintimidation, la désinformation, l’exploitation en ligne et les contenus préjudiciables.
Ces enjeux ont conduit l’UNICEF et la GSMA à créer, en octobre 2025, l’Africa Taskforce on Child Online Protection (COP), une plateforme panafricaine destinée à harmoniser les efforts de protection, à renforcer la coopération entre États et à promouvoir des normes communes de sécurité numérique à l’échelle du continent. En Zambie, bien que les données nationales les plus récentes sur l’usage d’Internet par les enfants restent limitées, les autorités reconnaissent une hausse continue de la connectivité chez les jeunes, ce qui rend urgent le déploiement de mécanismes de prévention, d’accompagnement et de régulation.
Avec cette stratégie, la Zambie rejoint d’autres pays africains ayant déjà engagé des politiques nationales structurées dans ce domaine, tels que le Nigeria et le Ghana, qui ont adopté ces dernières années des cadres juridiques et des programmes gouvernementaux dédiés à la cybersécurité des enfants.
Si elle est pleinement mise en œuvre, la stratégie devrait réduire les risques liés à l’exposition des mineurs aux dangers numériques et renforcer la confiance des familles et des établissements scolaires dans l’usage d’Internet. Toutefois, elle devra également être accompagnée d’un cadre législatif adapté pour garantir un environnement numérique sûr, inclusif et protecteur pour les jeunes.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Face à un chômage des jeunes qui avoisine 60 %, le pays mise sur la transformation digitale de l’enseignement technique pour moderniser les formations et aligner davantage les compétences des apprenants sur les besoins réels du marché du travail.
La Guinée a procédé, mardi 25 novembre, à la validation de sa Stratégie nationale de transformation digitale de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (ETFP), lors d’un atelier organisé à Conakry par le ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle. Estimée à 300 milliards GNF (34,5 millions USD), cette stratégie vise à moderniser en profondeur le système national de formation technique et professionnelle.
Elle s’appuie sur les Objectifs de développement durable, notamment l’ODD 4 consacré à l’éducation de qualité, et ambitionne de faire de l’ETFP un pilier de l’employabilité et de l’entrepreneuriat. Ses priorités portent sur la modernisation des formations, l’adaptation des curricula aux besoins réels du marché du travail, le renforcement des infrastructures numériques, l’amélioration de la connectivité et la réduction du déficit de compétences chez les enseignants.
Selon le ministère, les 300 milliards GNF serviront à développer les infrastructures numériques, équiper les établissements, former les enseignants et déployer des plateformes d’apprentissage en ligne. Le plan s’inscrit dans une vision à l’horizon 2035, axée sur la construction d’un écosystème numérique robuste capable de soutenir durablement l’enseignement technique. Sur le plan régional, la Guinée participe à l’initiative panafricaine de digitalisation de l’ETFP, visant à harmoniser les approches et à mutualiser financements et expertises entre États et partenaires.
Cette validation intervient alors que le marché du travail africain connaît une transformation rapide sous l’effet de la numérisation. Les études internationales montrent une forte croissance des métiers liés au numérique dont la demande devrait augmenter d’ici 2030. Le rapport « Foresight Africa 2025–2030 » du think tank américain Brookings Institution estime qu’à cet horizon, 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques en Afrique subsaharienne. Il anticipe également jusqu’à 650 millions d’opportunités de formation, représentant un marché potentiel de 130 milliards USD.
La mise en œuvre effective de la stratégie dépendra toutefois de plusieurs facteurs, notamment la mobilisation des financements nécessaires, la qualité de la gouvernance, la capacité à former des enseignants aux outils numériques, ainsi que la disponibilité d’infrastructures essentielles (électricité fiable et internet haut débit), en particulier dans les zones rurales.
Si elle est pleinement réalisée, la stratégie permettra d’améliorer l’accès aux formations qualifiantes, de moderniser les filières techniques, d’accroître l’employabilité des jeunes et de renforcer la compétitivité du pays dans une économie où les compétences numériques sont devenues indispensables. Un enjeu crucial en Guinée, où le chômage des jeunes reste particulièrement élevé, estimé à près de 60 % selon des données nationales consolidées.
Samira Njoya
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Avec la montée rapide de la connectivité en Afrique, les enfants accèdent de plus en plus tôt au numérique. Mais cette exposition accrue s’accompagne de risques majeurs (cyberintimidation, harcèlement, exploitation) qui imposent de renforcer sans délai leur protection en ligne.
Junior Achievement (JA) Africa, branche régionale de l’une des plus anciennes organisations mondiales dédiées à l’éducation économique et à l’employabilité des jeunes, a annoncé le mercredi 26 novembre le lancement d’un programme d’alphabétisation numérique et de sécurité en ligne au Ghana, au Kenya, au Nigeria et en Afrique du Sud. L’initiative, financée à hauteur de 1,5 million USD par Google.org, le bras philanthropique de Google, vise à former d’ici 2027 250 000 enfants, 6000 enseignants et 8000 parents et soignants afin de renforcer la protection des plus jeunes dans un environnement numérique en rapide expansion.
« Alors que la connectivité numérique devient le fondement de la vie moderne en Afrique, nos enfants doivent être équipés non seulement pour participer, mais aussi pour être protégés », a déclaré Simi Nwogugu, directrice générale de JA Africa. « Grâce au financement de Google.org, nous aidons les jeunes à transformer l’accès en opportunités, en construisant une génération de citoyens numériques intelligents, sûrs et respectueux. »
Le programme repose sur Be Internet Awesome, le dispositif éducatif de Google qui enseigne la sécurité numérique, la protection de la vie privée, la lutte contre la cyberintimidation et la citoyenneté digitale, notamment via la plateforme ludique Interland. Il sera déployé à travers des ateliers scolaires, des formations d’enseignants et des actions communautaires, y compris dans les zones rurales sous-desservies. L’initiative s’inscrit dans les cadres nationaux de protection de l’enfance et d’intégration des TIC dans l’éducation au Ghana, au Nigeria et au Kenya.
Le lancement de ce programme intervient alors que l’exposition des mineurs aux risques numériques augmente avec l’essor de la connectivité sur le continent. Selon la GSMA, 18 % des enfants âgés de 5 à 7 ans en Afrique subsaharienne utilisent déjà l’Internet mobile. De son côté, l’Union internationale des télécommunications (UIT) estime qu’un enfant dans le monde se connecte à Internet toutes les demi-secondes, illustrant la rapidité avec laquelle les jeunes accèdent au numérique. Pourtant, en 2024, seuls 39 pays africains avaient finalisé une stratégie nationale de protection de l’enfance en ligne, tandis que 32 % étaient encore en cours d’élaboration et 41 % n’avaient engagé aucune démarche en ce sens.
À terme, le projet pourrait contribuer à poser les bases de standards communs de protection de l’enfance en ligne sur le continent, grâce à la collaboration annoncée avec les ministères de l’Éducation, des TIC et des Communications. Il sera amplifié par des campagnes de sensibilisation, la production de contenus numériques et des événements phares tels que la Journée de l’Internet plus sûr 2026, afin de toucher un public élargi.
Samira Njoya
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Ce recul s’explique notamment, d’après le gouvernement, par la réduction des financements extérieurs de 12,22 %. Néanmoins, le pays maintient ses ambitions en matière de transformation digitale, en visant un accès élargi aux services numériques et une inclusion renforcée sur l’ensemble du territoire.
La ministre béninoise du Numérique et de la Digitalisation, Aurélie Adam Soulé Zoumarou (photo), a présenté le mardi 25 novembre devant la commission budgétaire de l’Assemblée nationale une enveloppe prévisionnelle de 27,2 milliards FCFA (48 millions de dollars) pour l’exercice 2026. Le montant proposé affiche une baisse de 6,32 % par rapport aux 29,034 milliards FCFA alloués en 2025.
Les prévisions budgétaires pour 2026 comprennent des dépenses de fonctionnement de 9,7 milliards FCFA et des dépenses en capital de 17,4 milliards FCFA. Le budget est réparti sur trois programmes principaux. Le programme Pilotage et soutien bénéficie de 2,1 milliards FCFA pour améliorer la performance des services du ministère et soutenir les secteurs du numérique, de la digitalisation et des médias. Le programme Numérique, doté de 12,3 milliards FCFA, a pour ambition de promouvoir la transformation digitale. Enfin, le programme Médias, avec une enveloppe de 12,6 milliards FCFA, vise à moderniser le paysage audiovisuel et la presse, à faciliter l’accès des citoyens à une information de qualité, à moderniser les médias publics et à poursuivre le projet de Télévision numérique terrestre (TNT).
Plusieurs chantiers stratégiques sont mis en avant dans ces divers programmes, parmi lesquels l’intégration progressive de l’intelligence artificielle dans les administrations et les secteurs prioritaires. La réduction de la fracture numérique reste un axe central, avec la poursuite des initiatives visant à assurer la couverture haut débit sur l’ensemble du territoire. Il est également prévu le renforcement de l’accès aux équipements et le soutien à la montée en compétences des populations.
Le projet inclut par ailleurs la structuration de l’École des métiers du numérique, destinée à former des profils spécialisés tels que développeurs, administrateurs réseau, experts en cybersécurité ou analystes data, afin de soutenir l’émergence d’une main‑d’œuvre qualifiée et compétitive.
Ces projets viendront compléter plusieurs autres réalisés au cours de l’année, notamment le déploiement du haut et très haut débit sur tout le territoire (phase 2), le lancement de l’initiative SMART GOUV pour la digitalisation de l’administration, ainsi que la transformation numérique des collectivités locales. Selon un rapport de la GSMA, l’économie numérique soutenue par la téléphonie mobile et les services digitaux pourrait générer 1200 milliards FCFA additionnels pour le PIB béninois d’ici 2028, créer plus de 300 000 emplois et augmenter les recettes fiscales de 150 milliards FCFA.
Samira Njoya
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