Les autorités ghanéennes ont récemment lancé un programme visant à former un million de codeurs. L’accès au programme pourrait être limité par un manque d’accès à Internet.
Samuel Nartey George (photo, au centre), ministre ghanéen de la Communication, de la Technologie numérique et de l’Innovation, envisage une collaboration avec l’entreprise technologique locale TECHAiDE. Le ministre estime que le dispositif sans fil « Asanka », un système local de gestion de l’apprentissage (LMS) fonctionnant hors ligne, présenté le jeudi 29 mai, pourrait jouer un rôle clé dans la mise en œuvre du programme gouvernemental de formation d’un million de codeurs sur quatre ans.
« Ce partenariat devrait avoir un impact significatif sur le secteur éducatif au Ghana ainsi que sur le programme "Un million de codeurs", qu’il contribuera à rendre plus accessible, efficace et économique », a indiqué le ministère de la Communication, de la Technologie numérique et de l’Innovation dans un communiqué publié sur sa page Facebook. Le partenariat prévoit également la construction de laboratoires informatiques équipés du dispositif, permettant aux élèves d’y accéder.
Selon le site web de l’entreprise, le dispositif ne nécessite pas d’accès à Internet. Les utilisateurs s’y connectent via le Wi-Fi. Portable, il fonctionne avec seulement 5 watts et peut être alimenté par un chargeur USB, une batterie externe ou un panneau solaire. Il donne accès à des contenus variés : programmes scolaires ghanéens, sujets BECE (Basic Education Certificate Examination), sites éducatifs, vidéos, livres numériques, ressources éducatives de l’UNESCO et jeux interactifs.
L’adoption de ce dispositif pourrait simplifier l’accès à la formation en codage pour les bénéficiaires. Par exemple, ils n’auront plus à acheter des forfaits Internet, dans un contexte où les consommateurs se plaignent de la cherté croissante des services Internet. Le ministre a même convoqué les opérateurs télécoms sur la question pour ce 30 mai.
Pour l’instant, la collaboration n’en est qu’à une phase exploratoire. Si le ministre a manifesté son intérêt, aucun accord n’a encore été signé ni annoncé officiellement. TECHAiDE prévoit même de lancer un projet pilote pour tester et perfectionner sa solution, en vue d’une adoption à plus grande échelle et d’une intégration dans les programmes scolaires. Par ailleurs, l’utilisation du dispositif Asanka nécessite un terminal (ordinateur, tablette ou smartphone). L’accès à ces équipements, notamment en milieu rural, reste un obstacle potentiel qui pourrait freiner la diffusion et l’usage de la solution.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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À l’heure où la sécurisation des données personnelles devient un enjeu crucial en Afrique, la RDC franchit une étape décisive avec le lancement de son passeport biométrique. Ce document apporte une réponse concrète aux défis croissants liés à la fraude et à la cybersécurité.
La République démocratique du Congo a lancé, le mardi 27 mai, son nouveau passeport biométrique conforme aux standards internationaux. Ce document, fruit d’une réforme portée par le gouvernement, s’inscrit dans une volonté plus large de sécuriser l’identité des citoyens tout en renforçant la souveraineté numérique du pays.
Disponible à partir du 5 juin, ce passeport intègre une puce électronique RFID sans contact contenant les données biométriques du titulaire. Il comprend également une page en polycarbonate ultra-résistante, ainsi que des éléments de sécurité visuelle tels que des hologrammes, des encres UV et des filigranes, rendant la falsification quasiment impossible. Le passeport passe de 32 à 38 pages, offrant une capacité accrue aux voyageurs fréquents.
Un outil contre la fraude et pour la souveraineté numérique
Selon la ministre d’État aux Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, ce document est conforme à la norme 39794 de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), garantissant à la fois la libre circulation des citoyens congolais et la sécurité de leurs données personnelles.
En intégrant des technologies biométriques avancées, le nouveau passeport permet une identification fiable et immédiate. Il représente une barrière efficace contre la falsification de documents, le trafic d’identités et l’usurpation, dans un contexte régional où les menaces cyber se multiplient.
Une porte d’entrée vers la numérisation des services consulaires
Le lancement de ce passeport s’inscrit dans le Programme d’action du gouvernement 2024–2028, qui prévoit la numérisation progressive des services publics et l’intégration de technologies avancées dans les documents officiels. Les citoyens congolais pourront désormais déposer leur demande en ligne via le portail www.passeport.gouv.cd, avec paiement électronique ou auprès de la banque Equity BCDC. Des centres de capture biométrique sont en cours d’installation dans les chefs-lieux de province.
Cette transition vers un système numérisé vise à simplifier les démarches, à réduire les délais d’obtention et à fiabiliser les bases de données d’état civil, alors que près de 70 % des procédures liées aux documents de voyage sont encore réalisées hors ligne en RDC.
Vers une administration connectée et un écosystème de services numériques
À terme, ce passeport biométrique pourrait faciliter l’intégration numérique en donnant accès à des services gouvernementaux sécurisés, tels que les e-visas et l’obtention en ligne des documents d’état civil. Il permettrait également d’alimenter une base de données nationale interopérable, utile pour la planification sociale, la politique migratoire, ou encore l’amélioration des services frontaliers.
Pour concrétiser cette ambition, la RDC devra cependant s’appuyer sur un cadre juridique solide en matière de protection des données et mettre en place une infrastructure d’identification numérique fiable, interconnectée et respectueuse des droits des citoyens à l’ère de la transformation numérique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le Cyber Africa Forum (CAF) tiendra sa cinquième édition les 24 et 25 juin 2025 à Cotonou, au Bénin. Organisé cette année avec le soutien du Ministère de l’Économie et des Finances ainsi que du Ministère du Numérique et de la Digitalisation du Bénin, cet événement ayant rassemblé plus de 6000 participants ces 4 dernières années a dévoilé un programme ambitieux lors d’une conférence de presse tenue le vendredi 23 mai à Abidjan.
Placée sous le thème central « Résilience des écosystèmes numériques : de la nécessité de changer de paradigme », sa 5e édition rassemblera plus de 4 ministres africains en charge du numérique, plus de trente dirigeants, une dizaine de startups du continent, ainsi que de nombreux acteurs clés de l’écosystème numérique africain.
La conférence de presse organisée le 23 mai à Abidjan a permis de présenter les grandes orientations de la 5ᵉ édition du Cyber Africa Forum (CAF), qui s’inscrit dans une dynamique de convergence régionale autour des enjeux stratégiques de la transformation numérique et de la cybersécurité sur le continent.
Placée sous le thème « Résilience des écosystèmes numériques : de la nécessité de changer de paradigme », cette édition mettra l’accent sur les solutions concrètes à déployer pour accélérer le développement du secteur numérique en Afrique. Elle soulignera également l’urgence de repenser les mécanismes de coopération entre acteurs publics et privés afin de bâtir une nouvelle dynamique continentale. Le programme s’annonce riche en temps forts, avec des conférences, des tables rondes, des rencontres d’affaires Business to Business (BtoB) et Business to Government (BtoG), ainsi que des sessions de networking ciblé.
À cette occasion, plusieurs acteurs ivoiriens prendront part à l’événement, dont L'Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d'Information (ANSSI), le Village des Technologies de l'Information et de la Biotechnologie (VITIB) et une délégation du Ministère de la Transition Numérique et de la Digitalisation, conduite par le ministre Kalil Konaté.
Karen Diallo, Directrice de la Transformation Digitale au sein du ministère, a déclaré : « Nous voulons faire de la Côte d’Ivoire un champion de l’intelligence artificielle dans la région, et nous porterons cette ambition très haut au Bénin lors du CAF. »
La conférence de presse a également mis en avant le rôle central des startups dans la transformation numérique en Afrique. Huit startups membres du Ci20 – le collège d’entreprises de l’innovation en Côte d’Ivoire – participeront à l’édition 2025 du CAF afin de présenter leurs solutions et renforcer leur visibilité à l’échelle régionale dont la startup Djamo qui a récemment levé 17 millions de dollars.
Joseph Biley, co-fondateur du Ci20 et CEO de la startup JooL International, a déclaré : “L’ouverture régionale est essentielle pour structurer un marché numérique africain intégré. La participation du Ci20 au CAF 2025 à Cotonou a pour vocation de connecter nos startups à des réseaux d’affaires, des financeurs et des décideurs stratégiques. Le CAF est la définition même d’avancer ensemble. Nous nous associons au CAF pour voir ce qui se fait de meilleur au Bénin et pour montrer ce que nous avons d’excellent en Côte d’Ivoire”
La conférence de presse a mis en évidence les thématiques clés qui structurent cette 5ᵉ édition du Forum, notamment :
Enfin, L’Advisory Board du Cyber Africa Forum remettra 4 distinctions :
Face à une croissance et une sophistication des cybermenaces, Franck Kié, Commissaire Général du CAF, a insisté sur la nécessité d’un sursaut continental : « Certains pays ne perçoivent pas qu’ils sont encore des cibles des cybercriminels, ce qui entraîne un faible investissement dans la cybersécurité ».
« Il est temps de passer du plaidoyer à l’action », a-t-il ajouté.
En complément du programme officiel, plusieurs activités parallèles sont prévues : visites d’affaires au Bénin, masterclass thématiques et rencontres de networking, afin d’offrir aux participants les meilleures opportunités de collaboration et de visibilité.
Avec plus de 1 000 décideurs attendus, issus de l’ensemble du continent africain et d’ailleurs, le Cyber Africa Forum 2025 à Cotonou s’annonce comme un rendez-vous stratégique pour comprendre les enjeux de la révolution numérique en cours, nouer des alliances durables, et contribuer à l’émergence d’une Afrique numérique résiliente, innovante et souveraine.
À propos du Cyber Africa Forum (CAF)
Fondé en 2020 par Franck Kié, Président de Ciberobs – Make Africa Safe - et Managing Partner de Ciberobs Consulting, le Cyber Africa Forum (CAF) est la plateforme d’influence et d’affaires des leaders et hauts dirigeants du secteur numérique en Afrique. En 4 ans, le CAF a réuni plus de 6 000 participants et plus de 100 partenaires et sponsors. Plus de 50 pays d’Afrique, d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Asie ont été représentés et plus de 500 rendez-vous d’affaires ont été organisés. Pour en savoir plus sur le Cyber Africa Forum, consultez : https://www.cyberafricaforum.com/
Retrouvez les actualités du Cyber Africa Forum (CAF) sur les réseaux sociaux :
Face à la montée des enjeux technologiques, la formation et la cybersécurité deviennent des priorités stratégiques. Une nouvelle dynamique de collaboration se dessine entre institutions éducatives et acteurs de la sécurité numérique pour bâtir un avenir numérique résilient.
L’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) – région Afrique centrale et Grands Lacs – et l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) du Congo envisagent un partenariat renforcé dans le domaine du numérique.
En marge du Salon Osiane de la tech à Brazzaville, André Alain Kiyindou, directeur régional de l’AUF, a rencontré Oboulas Conrad, directeur général de l’ANSSI. Les discussions ont porté sur plusieurs axes de coopération visant à soutenir la transition numérique du pays et à répondre aux nouveaux défis technologiques.
Parmi les priorités abordées figurent l’appropriation de l’intelligence artificielle (IA) par les jeunes générations, la sensibilisation à la cybercriminalité, ainsi que la mise en place de contenus adaptés à la formation professionnelle dans les domaines du numérique. Les deux parties se sont accordées sur l’importance de proposer une offre de formation pertinente, à la fois technique et éthique, pour accompagner les mutations du marché de l’emploi et garantir un usage responsable des technologies.
Cette initiative traduit une volonté commune de construire un écosystème numérique solide, inclusif et sécurisé. Elle répond également à l’ambition du Congo de développer une souveraineté numérique tout en consolidant ses capacités humaines dans les secteurs stratégiques liés aux TIC. Avec une population dont 76 % des habitants ont moins de 35 ans, selon le Recensement Général de la Population et de l'Habitation de 2023, le Congo dispose d’un vivier important pour le développement du secteur numérique.
Cependant, le taux de chômage des jeunes âgés de 18 à 35 ans atteint 41 %, d'après une enquête d'Afrobarometer. Ce partenariat pourrait ainsi contribuer à une offre de formation adaptée, à la fois technique et éthique, afin d’accompagner les mutations du marché de l’emploi et garantir un usage responsable des technologies.
La rencontre entre l’AUF et l’ANSSI pourrait aboutir, dans les mois à venir, à des projets concrets, notamment la création de modules de formation conjoints, l'organisation d'ateliers de sensibilisation et le renforcement des synergies entre le monde académique et les institutions publiques en charge de la cybersécurité.
Samira Njoya
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Dans le cadre de leur stratégie de transformation numérique, les autorités libériennes entendent mettre les TIC au service de tous les secteurs de l’économie.
Le gouvernement libérien entend exploiter les technologies numériques pour élargir l’accès à l’assurance maladie des citoyens vulnérables. Un protocole d’accord a été signé à cet effet le mardi 27 mai entre l’Autorité des télécommunications du Liberia (LTA), en collaboration avec le Registre national d’identification (NIR) et la Compagnie nationale d’assurance (NICOL). Le projet pilote, dont l’enrôlement débutera le 1er juillet, cible 5 000 personnes.
« Le protocole d’accord constitue un projet pilote qui offrira une couverture santé à des groupes souvent défavorisés, notamment les personnes en situation de handicap, les femmes et les jeunes sans emploi, les femmes enceintes sans soutien, ainsi que les enfants impliqués dans le commerce de rue », explique le régulateur télécoms dans un communiqué sur Facebook.
Selon les termes du protocole d’accord, la collaboration reposera sur les systèmes d’identification numérique fournis par le NIR pour assurer une vérification fiable des bénéficiaires et une gestion efficace des données. De son côté, la LTA assurera la supervision technologique afin de garantir la sécurité des communications et la qualité de la prestation des services.
Cette initiative s’inscrit dans l’engagement du président Joseph Nyuma Boakai, exprimé lors de son premier discours sur l’état de la nation, de lancer un régime national d’assurance maladie destiné à permettre aux personnes appartenant aux couches les plus défavorisées de notre société d’accéder à des soins de santé abordables. Abdullah Kamara, président par intérim de la LTA, a déclaré que les études menées dans d’autres pays ont montré que la technologie peut jouer un rôle de catalyseur dans ce domaine. Le pays est également engagé dans un processus de transformation numérique.
Il est important de souligner qu’il s’agit, pour l’instant, d’un projet pilote. S’il s’avère concluant, il permettra d’évaluer l’efficacité des processus d’enrôlement, la qualité des services fournis et les retours des bénéficiaires, afin d’affiner le dispositif et de préparer son éventuelle extension à plus grande échelle.
Cependant, la faible pénétration du numérique, en particulier en milieu rural, pourrait ralentir sa mise en œuvre. Selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT), le taux de pénétration d’Internet au Liberia était de seulement 23,5 % en 2023. L’organisation indique également que 59 % des Libériens possédaient un téléphone mobile, sans préciser combien disposent effectivement d’un smartphone.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Alors que la stratégie nationale de transformation numérique touche à sa fin, le Togo engage la rédaction d’un nouveau plan directeur. L’ambition est de faire du pays un hub régional du numérique, moteur d’innovation et de développement inclusif.
Le gouvernement togolais, à travers le ministère de l’Économie numérique et de la Transformation digitale, a récemment lancé un processus de recrutement pour sélectionner un consultant chargé d’élaborer la prochaine stratégie numérique du pays. Baptisée « Togo Digital 2025-2030 », cette nouvelle feuille de route vise à actualiser le cadre stratégique mis en place en 2020, en intégrant les dernières évolutions technologiques ainsi que les priorités nationales émergentes.
Le futur document stratégique reposera sur une série de programmes et projets prioritaires visant à renforcer la numérisation des services publics, stimuler l’entrepreneuriat numérique, favoriser l’accès aux services digitaux pour les populations marginalisées et appuyer la croissance économique grâce à l’innovation.
Cette initiative traduit l’ambition du Togo de devenir un acteur numérique majeur en Afrique de l’Ouest, capable d’attirer des investissements dans les technologies de l'information et de la communication. En 2022, le secteur numérique représentait environ 4 % du PIB national, un chiffre en progression, mais encore en deçà de l'objectif qui est de 10 % dans les prochaines années.
Malgré les avancées, les défis restent importants. En 2023, selon l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), le taux de pénétration d’Internet atteignait 84,72 %, avec plus de 7,8 millions d’abonnés mobiles sur une population estimée à 8,9 millions d’habitants. Toutefois, l’usage des services numériques reste inégal selon les régions et les catégories sociales.
La stratégie « Togo Digital 2025-2030 » devrait intégrer plusieurs axes majeurs, notamment l’amélioration de la couverture réseau, le développement des compétences numériques locales, le renforcement de la cybersécurité et le soutien à l’écosystème des start-up technologiques.
Elle viendra également consolider les acquis de la précédente stratégie, qui avait permis des avancées notables telles que la mise en service de la plateforme gouvernementale « e-Gouv », la création de centres de services numériques, ou encore l’adoption de textes législatifs structurants sur la cybersécurité et la protection des données personnelles.
À travers cette nouvelle feuille de route, les autorités togolaises ambitionnent de dynamiser l’innovation, renforcer la souveraineté technologique et accélérer la transformation socio-économique du pays.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Soumise à une recrudescence de cyberattaques ces dernières années, l’Algérie s’emploie à renforcer sa résilience numérique. Le pays dispose d’une stratégie nationale dédiée et mise désormais sur des partenariats technologiques pour sécuriser durablement son espace numérique.
L’Entreprise publique économique Proxylan SPA, filiale du Centre de recherche sur l'information scientifique et technique (CERIST), a signé le dimanche 25 mai un protocole d’accord avec l’entreprise russe Positive Technologies, spécialisée dans les solutions de cybersécurité. L’objectif est de renforcer les capacités algériennes en matière de protection des systèmes d’information, alors que le pays intensifie ses efforts de numérisation dans les secteurs public et privé.
« Il s’agit d’un pas extrêmement positif pour le développement des programmes de cybersécurité au profit des entreprises et institutions algériennes dans tous les secteurs du numérique. Un tel partenariat illustre les liens forts entre l’Algérie et la Russie », a déclaré Idris Si-ahmed, directeur général de Proxylan.
Concrètement, l’accord prévoit la mise en place de projets conjoints axés sur la recherche, la conception de solutions de cybersécurité adaptées au contexte algérien, ainsi que le déploiement de programmes de formation destinés à renforcer les compétences locales. La coopération pourrait aussi s’étendre à d’autres domaines technologiques, comme les villes intelligentes, les systèmes gouvernementaux électroniques et les services numériques critiques, notamment bancaires.
Ce partenariat s’inscrit dans le prolongement de l’accord stratégique signé en 2023 entre les présidents Abdelmadjid Tebboune (Algérie) et Vladimir Poutine (Russie), qui vise à intensifier les relations bilatérales dans les secteurs d’avenir.
À travers cette initiative, l’Algérie cherche à se doter d’une infrastructure numérique souveraine, capable de soutenir sa transformation numérique en cours. Dans ce contexte, la cybersécurité devient un pilier stratégique, alors que les attaques informatiques ciblant les institutions et les entreprises se multiplient. Selon les données de Kaspersky, plus de 70 millions de cyberattaques ont visé l’Algérie, en partie alimentées par l’essor du télétravail et la généralisation de la connectivité. Cette situation accentue la nécessité de solutions adaptées et de compétences spécialisées pour protéger les infrastructures sensibles.
Du côté russe, Positive Technologies est considérée comme un leader du secteur. La société fondée en 2002 et cotée à la Bourse de Moscou compte parmi ses clients des entités sensibles en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Le partenariat avec l'Algérie pourrait permettre à Positive Technologies d’étendre sa présence en Afrique du Nord, tout en répondant à une demande croissante pour des solutions de cybersécurité adaptées aux contextes nationaux.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Déjà bien ancrés dans les usages, les services de mobile money ont transformé le paysage financier malgache. Avec l’e-Ariary, monnaie numérique à cours légal, le pays espère renforcer l’inclusion financière, réduire les coûts liés au cash et franchir un cap dans la modernisation des paiements.
La Banque centrale de Madagascar a lancé, le vendredi 23 mai, une phase expérimentale de dix mois pour tester l’e-Ariary, la première version numérique officielle de la monnaie nationale. L’objectif est de réduire la dépendance au cash, de limiter les coûts de transaction, d’améliorer la traçabilité des flux financiers et de favoriser l’inclusion financière, en particulier en milieu rural.
« Nous espérons qu’à l’issue du processus, l’usage des billets sera réduit, car leur gestion coûte très cher à la Banque centrale. Le billet de 100 Ariary (0,022 $), par exemple, ne vaut pas le coût de son impression. De plus, les billets de banque ne durent que six mois, et il faut renouveler chaque fois l'impression de ces billets, et Madagascar n'en imprime pas », a précisé Aivo Andrianarivelo, gouverneur de la Banque centrale de Madagascar.
L’e-Ariary sera accessible via smartphones, téléphones basiques et supports hors ligne (QR codes, cartes à puce, terminaux). Il pourra être utilisé pour des dépenses du quotidien : paiements marchands, transports, salaires ou transferts sociaux. Son utilisation devrait rester abordable pour tous.
Ce projet s’inscrit dans une logique de complémentarité avec les instruments existants, comme le mobile money, qui restera actif. En 2023, le pays comptait plus de 10 millions de comptes d’argent mobile, contre environ 3 millions de comptes bancaires. Cette adoption massive a généré près de 342 millions de transactions, pour une valeur totale de 38 161 milliards d’ariary (environ 8,5 milliards USD), confirmant l’essor du digital dans les services financiers.
La phase pilote permettra de tester la robustesse des infrastructures techniques, la sécurité des transactions, les cas d’usage prioritaires et l’impact socio-économique du dispositif. Plusieurs acteurs sont impliqués : banques commerciales, institutions de microfinance, opérateurs publics comme la Jirama, commerçants de marché, Trésor public et administration fiscale. La sensibilisation des usagers sera une priorité, car elle conditionne l’adoption de l’e-Ariary.
À terme, l’e-Ariary pourrait ouvrir une nouvelle ère pour les paiements numériques à Madagascar, en jetant les bases d’un écosystème plus inclusif, transparent et interopérable, tout en soutenant les efforts de formalisation de l’économie.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’exécutif a commencé en février le déploiement de centres de formation gratuits aux compétences numériques. Ces centres sont déjà disponibles dans les wilayas d’Annaba, Sétif, Oran et Chlef.
Le gouvernement algérien prépare le lancement du programme « Chabab Tech », visant à former les jeunes aux technologies numériques comme le cloud computing, la cybersécurité, l’intelligence artificielle et l’Internet des objets. Il s’agit de la plus récente mesure gouvernementale visant à renforcer les compétences numériques des jeunes.
Une convention-cadre a été signée entre Sid Ali Zerrouki (photo, à gauche), ministre de la Poste et des Télécommunications, et Mostapha Hidaoui (photo, à droite), ministre de la Jeunesse, chargé du Conseil supérieur de la jeunesse. La cérémonie de signature s’est tenue le samedi 24 mai.
« À travers cette initiative, l’ambition est de former une génération "d’ambassadeurs de la transformation numérique", exemplaires en matière d’innovation et de responsabilité, et capables de contribuer activement à la promotion de la culture numérique et à la construction d’une société algérienne plus compétente et préparée aux défis de demain », explique le ministère des Postes et Télécommunications dans un communiqué.
Avant « Chabab Tech », le gouvernement algérien avait déjà commencé en février dernier le déploiement de « Skills Centers » destinés à former gratuitement les jeunes aux compétences numériques. Ces centres sont déjà disponibles dans les wilayas d’Annaba, Sétif, Oran et Chlef. L’exécutif débutera la mise en œuvre du programme à travers ces centres avant de l’étendre à d’autres wilayas, afin d’assurer une couverture nationale équitable et équilibrée.
Ces efforts s’intègrent dans la stratégie « Algérie Numérique 2030 », qui place le renforcement des compétences parmi ses cinq piliers majeurs. La stratégie traduit la vision du gouvernement de développer la société de l’information en généralisant l’utilisation des TIC dans tous les secteurs de l’économie. L’exécutif veut donc préparer une nouvelle génération de talents capables de conduire la transformation numérique du pays. La Banque mondiale estime que près de 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques en Afrique subsaharienne d’ici 2030. Si l’Algérie ne fait pas partie de cette région du continent, cela illustre l’importance de la formation des citoyens au numérique pour la transformation numérique des pays africains.
Il convient toutefois de souligner que les efforts du gouvernement en matière de renforcement des capacités numériques de la jeunesse n’en sont qu’à leurs débuts. À titre d’exemple, le déploiement des « Skills Centers » ne concerne pour l’instant que quatre wilayas sur les 58 que compte le pays. Par ailleurs, le calendrier de mise en œuvre effective du programme « Chabab Tech » reste encore flou. Les autorités ont indiqué que les modalités d’inscription et de participation seront communiquées ultérieurement.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’Afrique s’engage progressivement dans la transformation numérique. Si la plupart des pays du continent peinent à créer un environnement propice à une innovation technologique de pointe capable de s’imposer à l’échelle mondiale, les exceptions se multiplient.
Treize pays africains figurent dans le Top 100 mondial des meilleurs écosystèmes de start-up, selon un rapport publié le mercredi 21 mai par le cabinet StartupBlink.
Pour établir ce classement, le cabinet de recherche spécialisé dans l'analyse des écosystèmes des start-up dans le monde se base sur 33 indicateurs répartis sur trois grandes catégories : la quantité (nombre de start-up, espaces de coworking, accélérateurs, nombre de rencontres dédiées aux start-up, etc.) ; la qualité (total des investissements dans les jeunes pousses, nombre et taille des licornes, présence de centres de recherche & développement implantés par de grandes entreprises technologiques internationales, présence de filiales des multinationales, nombre de start-up soutenues par des accélérateurs de renommée mondiale, nombre total d’employés dans les start-up, etc.) ; et l’environnement des affaires (vitesse de la connexion à Internet, coût de la connexion à Internet, dépenses en recherche & développement, libertés d’Internet, taux de taxation appliqué aux jeunes pousses, disponibilité de divers services technologiques comme le paiement électronique et les cryptomonnaies, niveau de corruption, etc.).
Intitulé « Global Startup Ecosystem Index 2025 », ce classement révèle que l’Afrique du Sud (52e position à l’échelle mondiale) a conservé son rang de pays africain qui dispose du meilleur système de start-up à l’échelle africaine.
Le Kenya (58e rang mondial) arrive en 2e position en Afrique, grâce à un gain de 5 places par rapport à l’édition 2024 du classement. Viennent ensuite l’Egypte (65e rang mondial), le Nigeria (66e), le Cap-Vert (75e), le Ghana (81e), la Tunisie (82e), la Namibie (85e), le Maroc (88e). Le Sénégal (92e rang mondial) ferme le Top 10 africain et devance l’Ouganda (94e), le Rwanda (96e) et la Somalie (100e).
Au total, dix pays du continent sont parvenus à améliorer leur rang par rapport à l’édition précédente, tandis que deux ont régressé (le Sénégal et le Nigeria) et un seul a conservé sa position (l’Afrique du Sud). Les plus fortes progressions ont été enregistrées par la Tunisie (+8 rangs), le Ghana (+7), le Kenya (+5) et le Maroc (+4).
StartupBlink a par ailleurs classé les écosystèmes de start-up dans 1000 villes à travers le monde. Seules les villes de Lagos (76e rang mondial) et le Caire (90e rang mondial) sont présentes dans le Top 100, grâce à leurs écosystèmes dynamiques qui comptent plusieurs licornes (start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars), un nombre élevé de jeunes pousses florissantes ainsi que d’importants incubateurs et accélérateurs.
Walid Kéfi
Etat des écosystèmes de start-up africains dans le Top 100 mondial entre 2024 et 2025
Pays |
Rang 2025 |
Rang 2024 |
Évolution |
Afrique du Sud |
52 |
52 |
→ Stable |
Kenya |
58 |
63 |
▲ +5 |
Égypte |
65 |
66 |
▲ +1 |
Nigéria |
66 |
64 |
▼ -2 |
Cap-Vert |
75 |
78 |
▲ +3 |
Ghana |
81 |
88 |
▲ +7 |
Tunisie |
82 |
90 |
▲ +8 |
Namibie |
85 |
87 |
▲ +2 |
Maroc |
88 |
92 |
▲ +4 |
Sénégal |
92 |
86 |
▼ -6 |
Ouganda |
94 |
95 |
▲ +1 |
Rwanda |
96 |
98 |
▲ +2 |
Somalie |
100 |
NC |
Nouvelle entrée |
Maurice |
Hors Top 100 |
59 |
▼ Sortie |
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Avec un taux de bancarisation encore faible, l’Éthiopie mise sur le portefeuille numérique Fayda pour promouvoir l’inclusion financière et proposer des solutions innovantes pour élargir l’accès aux services essentiels.
L’Éthiopie a officiellement lancé Fayda Wallet, un portefeuille numérique adossé à l’identité biométrique nationale, conçu pour simplifier l’accès aux services financiers et administratifs. Présenté lors de la conférence ID4Africa 2025, qui s’est achevée le vendredi 23 mai à Addis-Abeba, ce portefeuille a été développé par le National ID Program (NIDP) en partenariat avec TECH5 et Visa.
We are delighted to share the news about today’s launch of Fayda Wallet in Ethiopia! This wallet, co-developed by leveraging expertise and product support from TECH5 and Visa, streamlines obtaining a digital copy of the Fayda credential: https://t.co/Cotn7pnshF#digitalidentity pic.twitter.com/ZQCrbAXAX5
— TECH5 (@Tech5ai) May 21, 2025
« Nous sommes ravis de soutenir le lancement du Fayda Wallet, une initiative novatrice qui renforcera considérablement l’inclusion financière et rationalisera les transactions numériques en Éthiopie. Cette collaboration souligne l’engagement de Visa à responsabiliser les communautés grâce à des solutions de paiement numérique innovantes », a déclaré Yared Endale, directeur général de Visa pour l’Afrique de l’Est.
Le lancement de Fayda Wallet s’inscrit dans le cadre de la stratégie numérique 2025 de l’Éthiopie, qui prévoit d’attribuer une identité numérique à 70 millions de personnes d’ici 2028. Grâce à cette application, les utilisateurs peuvent générer un certificat d’identité numérique sécurisé (VC) à partir du système Fayda ID. Ce certificat, conforme aux principes de l’identité souveraine (SSI), permet une vérification sécurisée, aussi bien en ligne que hors ligne, pour accéder à divers services : paiements, services publics, ouverture de comptes, etc.
Le portefeuille repose sur des technologies avancées, notamment T5-AirSnap et T5-OmniMatch de TECH5 pour la capture biométrique sans contact et l’appariement, ainsi que KeyShare Wallet pour la gestion sécurisée des identités numériques. Il permet également à ses utilisateurs de bénéficier de services bancaires instantanés, comme l’ouverture de compte via eKYC biométrique et l’obtention d’une carte Visa virtuelle. La Banque coopérative d’Oromia (Coopbank) est la première à avoir intégré cette solution.
Pour garantir une inclusion numérique élargie, Fayda Wallet propose aussi des portefeuilles accessibles via des agents accrédités, permettant aux citoyens dépourvus de smartphones d’accéder aux services numériques à l’aide de leurs données biométriques, en conformité avec les normes W3C et les cadres eIDAS de l’Union européenne.
Dans un pays où moins de 47 % des adultes possédaient un compte bancaire en 2022, selon la Banque mondiale, le lancement de Fayda Wallet pourrait transformer l’accès aux services essentiels et renforcer la confiance dans les interactions numériques.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Comme la plupart des pays africains, la RDC reste confrontée à une fracture numérique importante. De nouvelles initiatives émergent, à l’image du projet de village intelligent, qui devrait jouer un rôle clé dans la réduction des inégalités numériques et l’accès aux services essentiels.
La République démocratique du Congo a signé, le vendredi 23 mai, un partenariat avec la multinationale technologique chinoise Huawei pour le lancement d’un village intelligent pilote. Ce projet vise à améliorer les conditions de vie des populations rurales grâce à des technologies numériques intégrées dans un écosystème de services et d’objets connectés.
Heureux d’avoir représenté la Première Ministre Judith Suminwa à la signature du protocole de partenariat avec Huawei pour l’équipement d’un village intelligent pilote.
— Mickael LUKOKI NSIMBA (@Kivuvu_Kieto) May 23, 2025
Un pas décisif vers une connectivité inclusive en RDC, la promotion et le développement des talents en TIC… pic.twitter.com/GgzwSkecha
« Ce projet traduit notre engagement à offrir aux populations rurales un accès égal aux opportunités numériques, tout en construisant les bases d’un État moderne, transparent et connecté », a déclaré Mickael Lukoki Nsimba (photo, à gauche), directeur de cabinet de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, lors de la cérémonie de signature.
Le village intelligent, prévu comme projet pilote, entend démontrer la faisabilité de solutions technologiques adaptées aux réalités locales. Il prévoit notamment la mise en place d’un accès à Internet haut débit, la formation des jeunes aux compétences numériques, ainsi que la connexion des services publics locaux, à l’instar de l’état civil, de la santé et de l’éducation.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie nationale de transformation numérique portée par le gouvernement congolais, qui ambitionne de moderniser l’État et de réduire les inégalités d’accès au numérique. Elle reflète également une tendance observée à l’échelle continentale, soutenue notamment par la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale, qui considèrent la numérisation des territoires ruraux comme un levier de développement durable et d’inclusion.
En République démocratique du Congo, où la fracture numérique reste marquée, l’initiative apparaît comme une réponse structurelle aux déséquilibres d’accès à la connectivité. Selon l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), seuls 30,79 % des Congolais avaient accès à l’Internet mobile à la mi-2023, et à peine 0,0174 % à l’Internet fixe. Ces chiffres traduisent l’écart considérable entre zones urbaines et rurales.
Ce déséquilibre est renforcé par le coût élevé des données, le manque d’infrastructures télécoms dans les zones reculées et la faible intégration des services numériques dans les administrations publiques.
En dotant les zones rurales d’infrastructures numériques, le gouvernement congolais entend stimuler le développement économique local, renforcer l’accès aux services essentiels et favoriser l’inclusion numérique. Ce projet pourrait aussi servir de modèle pour d’autres régions du pays confrontées aux mêmes défis.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le royaume a officiellement dévoilé sa stratégie de développement du numérique au service de l’économie en septembre 2024. Les autorités tablent sur une contribution du secteur du numérique à hauteur de 10 milliards $ en 2030.
Le gouvernement marocain a placé l’intelligence artificielle (IA) au cœur de sa stratégie de transformation numérique qui vise à utiliser le numérique pour accélérer le développement social et économique. C’est ce qu’a révélé en début de semaine Amal El Fellah Seghrouchni (photo), ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, devant le Parlement.
Selon la ministre, il est prévu plusieurs initiatives à cet effet. Il s’agit notamment de la création d’une direction spécialisée en IA, du lancement d’un pôle numérique régional arabo-africain en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et de la mise en place d’un réseau de centres d’excellence baptisés « Jazari Institute » dans les douze régions du royaume. Deux programmes nationaux de formation aux compétences numériques et en IA, destinés aux jeunes de 8 à 18 ans, sont également prévus. Enfin, des assises nationales sur l’IA se tiendront les 1er et 2 juillet à Rabat afin de coordonner les efforts des parties prenantes autour d’une vision commune et responsable du développement de l’IA.
Ces initiatives s’inscrivent dans la vision portée par le gouvernement à travers sa stratégie « Digital 2030 », qui vise à exploiter le potentiel de l’IA pour accélérer la digitalisation des services publics et privés, tout en soutenant et en renforçant un écosystème propice à l’essor de l’économie numérique. L’exécutif entend ainsi accompagner les projets de consolidation des référentiels et registres de données, déployer des cas d’usage pour améliorer les services aux citoyens et aux entreprises, attirer de nouveaux acteurs internationaux spécialisés en IA, appuyer les entreprises et startups actives dans les secteurs à forte valeur ajoutée, développer les compétences et les infrastructures nécessaires à une exploitation responsable de l’IA, instaurer des mécanismes d’évaluation appropriés et engager une réflexion pluridisciplinaire sur les impacts sociétaux, juridiques et économiques du développement de l’IA.
Ce potentiel de l’IA à soutenir la transformation numérique d’un pays est reconnu par les Nations unies. Dans son rapport « E-Government Survey 2024 », le Département des affaires sociales et économiques (DAES) déclare : « il est largement admis que les technologies d'IA peuvent améliorer les opérations du secteur public en remplaçant les tâches administratives par des processus automatisés, en augmentant l'efficacité et en éliminant les arriérés et les redondances ». Elle ajoute également que l’IA peut aider à atteindre les objectifs de développement durable.
Il est important de noter que la plupart des initiatives en sont encore au stade de projet. Leur impact dépendra de la mise en œuvre effective. Par ailleurs, le DAES met en garde contre plusieurs risques potentiels liés à l’intelligence artificielle, notamment les biais algorithmiques susceptibles de fausser la représentation de certains groupes, ainsi que des préoccupations d’ordre éthique, sécuritaire et social. L’institution relève également que la persistance de la fracture numérique constitue un obstacle majeur à l’intégration efficace de ces technologies dans le secteur public.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’administration des douanes béninoises a entrepris de nombreuses réformes pour sécuriser les recettes de l’État. La numérisation apparaît comme un levier de cette stratégie, en permettant d’automatiser les procédures, de renforcer la traçabilité des opérations et de lutter contre la fraude.
La République du Bénin dispose désormais d’un système national intelligent de gestion douanière, développé par Webb Fontaine, une société spécialisée dans les technologies de facilitation du commerce. Dans un communiqué publié le mercredi 21 mai, l’entreprise a annoncé la mise en service officielle de Customs Webb, son nouveau système de gestion douanière, qui remplace désormais l’ancien logiciel ASYCUDA (SYDONIA) dans l’ensemble des bureaux de douane du pays, y compris les ports, les aéroports et les postes frontaliers terrestres.
« Customs Webb est conçu pour offrir un environnement plus efficace, moins contraignant, transparent et intelligent pour les opérations douanières. Le Bénin bénéficie ainsi pleinement de cette avancée technologique », a déclaré Anicet Houngbo (photo), directeur général de Webb Fontaine Bénin.
Fruit d’un déploiement accéléré en 14 mois, sans interruption des opérations douanières, cette plateforme introduit des outils d’intelligence artificielle destinés à améliorer la transparence, l’efficacité et la fluidité des échanges. Plus de 100 000 déclarations douanières ont déjà été traitées via le nouveau système, qui a également enregistré plus de 200 000 paiements, 100 000 laissez-passer de véhicules émis, 800 utilisateurs actifs et 95 organisations connectées.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie numérique du gouvernement béninois, qui ambitionne depuis 2016 de faire du pays un hub régional des services numériques en Afrique de l’Ouest. Ce processus a notamment permis le déploiement du Guichet unique du commerce extérieur entre 2018 et 2024, en partenariat avec Webb Fontaine, et l’intégration progressive d’outils tels que le Système communautaire portuaire et la solution de suivi électronique des cargaisons.
Avec ce système, le Bénin renforce l’interconnexion de ses principales plateformes commerciales, désormais capables de partager automatiquement les données entre les douanes, les ports, les transporteurs et les banques. Cette interconnexion vise à accélérer le traitement des marchandises, à réduire les risques de fraude et à optimiser la collecte des recettes fiscales. Elle devrait également contribuer à améliorer l’attractivité du pays pour les investisseurs en offrant un environnement commercial plus transparent, rapide et sécurisé.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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