Alors que les paiements instantanés gagnent du terrain en Afrique, sa région occidentale prend un tournant décisif vers des transactions numériques plus rapides, inclusives et interopérables.
La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest a annoncé vendredi le lancement officiel dès fin septembre, de sa Plateforme Interopérable de Système de Paiement Instantané (PI-SPI), une infrastructure régionale conçue pour faciliter les transferts d’argent en temps réel dans l’espace UEMOA.
Elle permettra aux clients de banques, institutions de microfinance et opérateurs de transactions monétaires électroniques d’effectuer des transferts instantanées, sécurisées, et interopérables quel que soit le type de compte ou de canal utilisé. Des tests pilotes sont en cours depuis le 5 juin auprès d’un échantillon de clients sélectionnés, afin d’évaluer les performances du dispositif en conditions réelles.
La mise en place de ce système de paiement unifié répond à une demande croissante de services financiers plus rapides, sûrs et accessibles en Afrique de l’Ouest. Entre 2022 et 2023, le nombre de comptes de monnaie électronique actifs est passé de 157 à 209 millions dans l’espace UEMOA, soit une hausse de 32,74% selon un rapport de la BCEAO. Ces services contribuent désormais à 56% du taux global d’inclusion financière, estimé à 72,3% fin 2023.
Avec la PI-SPI, la banque centrale amorce ainsi une nouvelle phase de son plan de modernisation des systèmes de paiement, en facilitant l’interconnexion des différents acteurs financiers de la région. L’objectif est de bâtir un écosystème plus intégré, apte à soutenir l’essor des fintechs, à fluidifier les flux électroniques et à réduire la dépendance au cash.
À terme, le système pourrait favoriser une adoption plus large des moyens de paiement numériques dans les usages quotidiens, et élargir l’accès aux services financiers dans les zones encore peu desservies par les réseaux traditionnels. En rapprochant les acteurs du secteur financier, cette initiative ouvre la voie à une interconnexion sans précédent dans la région.
Samira Njoya
Edité par : Feriol Bewa
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Dans un contexte où les start-up africaines peinent toujours à lever des fonds d’amorçage, de nouveaux modèles hybrides émergent, combinant investissement et accompagnement. Le lancement de F6 Group illustre cette tendance, avec l’ambition de stimuler l’innovation sur les marchés émergents.
Le groupe Flat6Labs, actif depuis plus d’une décennie dans l’accompagnement de start-up au Moyen-Orient et en Afrique, a annoncé le mardi 5 août sa réorganisation en une nouvelle structure baptisée F6 Group. Cette entité regroupe désormais Flat6Labs, son accélérateur historique, et F6 Ventures, une nouvelle firme de capital-risque dédiée aux investissements en amorçage. Un remodelage stratégique qui vise à offrir un soutien plus ciblé et structuré aux jeunes pousses sur les marchés émergents.
« F6 Ventures marque le début d’une nouvelle ère dans notre parcours, en apportant un capital ciblé et une exécution plus affûtée pour soutenir les fondateurs les plus audacieux de la région. Nous renforçons notre engagement envers les start-up en phase de démarrage afin de les accompagner dans leur passage de l’idée à l’impact » a déclaré Dina el-Shenoufy, cofondatrice et General Partner de F6 Ventures.
Selon le communiqué, F6 Ventures, spécialisée dans le financement en amorçage, gère actuellement plus de 90 millions USD d’actifs et un portefeuille de plus de 300 start-up. De son côté, Flat6Labs poursuit son activité en tant que plateforme d’accélération de référence. Le groupe prévoit de lancer plusieurs fonds régionaux afin de porter ses actifs sous gestion à 200 millions USD, et d’investir dans plus de 200 entreprises au cours des cinq prochaines années.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte de dynamisme croissant des écosystèmes entrepreneuriaux en Afrique et dans le monde arabe, où les besoins en financement précoce restent encore largement insatisfaits. Dans un environnement marqué par des taux d’intérêt élevés au cours des deux dernières années, le financement en capital-risque dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) a fortement ralenti. Après un pic de 3,6 milliards USD mobilisés en 2022, les levées de fonds ont chuté à 1,9 milliard en 2024, reflétant l’impact des politiques monétaires internationales sur l’accès au capital.
En réunissant capital et accompagnement sous une même bannière, F6 Group entend combler ce déficit. L’objectif est de créer une plateforme capable de catalyser l’innovation grâce à un soutien intégré, allant du pré-amorçage à l’expansion régionale. Pour les écosystèmes émergents, les enjeux sont majeurs, notamment favoriser l’essor d’acteurs technologiques compétitifs, stimuler la création d’emplois qualifiés et renforcer la souveraineté numérique des régions concernées.
Samira Njoya
Edité par : Feriol Bewa
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Face à un déficit budgétaire estimé à 14% du PIB et une dette publique à 119% en 2024, le Sénégal explore de nouveaux leviers économiques, en s’appuyant entre autres sur le potentiel fiscal du secteur du numérique.
Dans un contexte macroéconomique difficile, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko (photo), a dévoilé en début de mois Jubbanti-Koom, le Plan de redressement économique et social du pays, pierre angulaire de la Vision 2050. Objectif : restaurer la soutenabilité budgétaire tout en finançant un développement plus inclusif. Pour ce faire, l’exécutif mise résolument sur le numérique, identifié comme un levier stratégique à la fois pour la croissance et pour l’optimisation des recettes publiques.
Le plan s’articule autour de plusieurs mesures fiscales ciblant des segments en forte croissance : jeux en ligne, mobile money, publicité numérique, vidéos à la demande ou encore revenus des influenceurs. Le gouvernement entend ainsi exploiter les niches fiscales du digital souvent sous-régulées, pour dégager de nouvelles marges de manœuvre budgétaires.
Encadrer et taxer les paris en ligne : 400 milliards FCFA de revenus attendus par an
Parmi les mesures phares figure la taxation du Produit Brut des Jeux (PBJ) issus des paris sportifs et jeux de hasard en ligne, majoritairement opérés par des sociétés étrangères. Une fiscalité sur les gains des joueurs est également prévue. Cette réforme vise non seulement à générer environ 400 milliards FCFA de recettes fiscales annuelles, mais aussi à protéger les consommateurs sénégalais, notamment les plus jeunes, des dérives potentielles d’un cadre insuffisamment réglementé.
Numérisation de la commande publique, mobile money et fiscalité de l’audiovisuel
La réforme prévoit par ailleurs une numérisation renforcée de la commande publique, outil qui aura le double effet de rationnaliser les dépenses publiques et d’améliorer la traçabilité des flux financiers. La publicité en ligne, les vidéos à la demande et les revenus tirés des contenus numériques seront eux aussi désormais intégrés dans l’assiette fiscale. Autre axe stratégique, l’optimisation de la fiscalité sur le mobile money, devenu un canal privilégié de transfert d’argent pour des millions de Sénégalais.
Une transformation structurelle du cadre fiscal numérique
Au-delà des mesures immédiates, le plan prévoit un volet technique visant à préparer l’économie à l’émergence de nouveaux services digitaux. Cela passe notamment par l’accélération de l’identification numérique, indispensable à l’efficacité des réformes, et par le déploiement d’infrastructures tech viables, comme spécifié dans le New Deal Technologique.
Dans un pays où le numérique pèse désormais lourd dans l’économie informelle, ces mesures devraient permettre de réduire l’évasion fiscale, de mieux encadrer les acteurs du digital et de structurer un écosystème plus formel et productif. À terme, le Sénégal espère transformer ce secteur en un véritable moteur de croissance et d’équité fiscale.
Samira Njoya
Edité par : Feriol Bewa
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A un an de la fin du programme Force-N, lancé en 2022 pour une durée de cinq ans, les objectifs sont encore loin d’être atteints. Les autorités sénégalaises en accélèrent donc la mise en œuvre et le suivi.
Le ministre sénégalais de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le Dr Abdourahmane Diouf, a présidé le mardi 29 juillet à Diamniadio le premier Comité de pilotage du programme Force-N, développé par l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (UNCHK) en partenariat avec la Fondation Mastercard.
1/3📢 𝐏𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞𝐫 𝐂𝐨𝐦𝐢𝐭𝐞́ 𝐝𝐞 𝐏𝐢𝐥𝐨𝐭𝐚𝐠𝐞 (𝐂𝐎𝐏𝐈𝐋) 𝐝𝐮 𝐩𝐫𝐨𝐠𝐫𝐚𝐦𝐦𝐞 𝐅𝐎𝐑𝐂𝐄-𝐍
— Force-N Sénégal (@forcensenegal) July 31, 2025
Ce mardi s’est tenu à Diamniadio le 1er COPIL de @forcensenegal, présidé par le MESRI , Dr @drelhadjiAdiouf, en présence du Recteur de l’UNCHK, Pr Samuel Ouya.#forcen pic.twitter.com/aWGY1c019l
Ce comité regroupe les principaux acteurs institutionnels impliqués (Présidence, Primature, ministères, partenaires publics et privés). Il a permis de faire le point sur l’avancement du programme, d’en préciser les orientations stratégiques et de renforcer sa gouvernance ainsi que son déploiement à l’échelle nationale.
Lancé en 2022 pour une durée de cinq ans, Force-N ambitionne de faire employer 70 000 jeunes, d’accompagner 10 000 entrepreneurs et de créer 1 000 start-up, le tout dans les métiers du numérique. Le programme s’articule autour de cinq axes majeurs : la formation, l’insertion professionnelle, l’entrepreneuriat, la digitalisation de l’administration et la promotion de l’intelligence artificielle.
Bien qu’antérieur au New Deal technologique, Force-N rejoint ses ambitions et celles de l’Agenda 2050 visant à faire du Sénégal un hub numérique, notamment par la promotion des compétences STEM, l’insertion professionnelle des jeunes et le soutien à l’entrepreneuriat innovant.
À un an de sa clôture prévue en 2026, le programme affiche des résultats encore modestes avec 2548 jeunes formés à l’entrepreneuriat, 13 554 mis en relation pour l’emploi et 7 start-up créées. La tenue de ce premier comité de pilotage devrait permettre d’intensifier les actions, renforcer les synergies entre partenaires, accélérer le déploiement territorial du programme et adopter des mécanismes plus agiles afin d’atteindre les objectifs ambitieux fixés.
Ces mesures visent à maximiser l’impact de Force-N et à consolider la dynamique de la transformation numérique au Sénégal.
Samira Njoya
Edité par : Feriol Bewa
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Chaque week-end, la rédaction de We Are Tech Africa vous rappelle les principales informations de la semaine dans le domaine du numérique en Afrique, ainsi que leurs implications.
Google renforce sa coopération avec le Nigeria autour de l’IA et du cloud
Le Nigeria et Google ont réaffirmé leur partenariat pour faire du pays un leader ouest-africain en intelligence artificielle et cybersécurité. À Abuja, ils ont discuté de transformation numérique, d'infrastructures cloud et de formation. Google a promis un investissement de 37 millions USD pour soutenir l’IA en Afrique, en phase avec les priorités du programme nigérian « 3MTT ».
Numérique : le Gabon se tourne vers la Turquie pour accélérer sa transformation
Le Gabon et la Turquie ont exprimé leur volonté de renforcer leur coopération numérique. Lors d’une rencontre à Libreville, les deux parties ont évoqué la modernisation de l’administration, les télécoms et la formation. Bien qu’aucun accord concret n’ait été signé, des échanges techniques sont prévus pour identifier des projets à fort impact pour le Gabon.
Le Sénégal mise sur Alibaba Cloud pour la numérisation des JOJ Dakar 2026
Le Sénégal a signé un accord avec Alibaba Cloud pour équiper les JOJ 2026 d’une infrastructure cloud souveraine et sécurisée. L’initiative inclut un investissement de 5 millions USD, la formation de 200 ingénieurs, et la création d’un centre technologique. Elle s’inscrit dans la stratégie de souveraineté numérique du pays et vise à stimuler l’innovation locale.
Start-up : le Cap-Vert accélère le développement de son écosystème numérique
Le Cap-Vert a lancé le programme BOOST.CV pour soutenir 150 jeunes entrepreneurs du numérique via formation, mentorat et incubation. Cette initiative s’ajoute à une série de mesures en faveur des start-up, incluant financements, hackathons, lois favorables et un fonds de 24 millions $. Malgré des avancées, l’écosystème souffre d’un manque d’infrastructures et d’un faible appétit pour le risque.
Le Tchad se rapproche du Burkina Faso pour former ses cadres au numérique
Le Tchad a conclu un accord avec l’Institut 2iE du Burkina Faso pour former ses cadres aux métiers du numérique et aux technologies émergentes. Le partenariat prévoit formations, échanges académiques et projets de recherche conjoints. Il vise à renforcer les compétences locales pour accompagner la digitalisation de l’administration et répondre aux défis de l’économie numérique.
Freinées par des recettes locales difficilement mobilisables, les collectivités misent sur la numérisation des services municipaux pour mieux tracer les paiements et renforcer la transparence budgétaire.
Dans une volonté de moderniser la gestion financière municipale, la mairie de Libreville a lancé, mardi 29 juillet 2025, un projet pilote de numérisation du recouvrement des recettes locales. L’initiative, portée par le délégué spécial Adrien Nguema Mba et développée par la société GTI Gabon, vise à sécuriser les paiements, limiter les erreurs liées à la saisie manuelle et garantir une meilleure traçabilité des transactions fiscales.
« Ce dispositif permettra de connaître instantanément l’état des paiements pour chaque taxe et chaque arrondissement, et d’éviter les relances aléatoires. Cet outil de rationalisation va transformer notre manière de collecter et d’analyser les recettes locales », a déclaré Mohamed Ahmed Essgheir, directeur de GTI Gabon.
La plateforme repose sur cinq axes principaux : un référentiel géolocalisé des contribuables pour cibler les notifications ; des déclarations et paiements entièrement en ligne disponibles à tout moment ; un calcul automatique des taxes et pénalités selon la réglementation en vigueur ; un système de relance intelligent basé sur des données en temps réel ; et un tableau de bord dynamique et analytique pour piloter les recettes municipales.
Le budget primitif 2025 de la commune s’élève à 25,12 milliards FCFA (44,3 millions USD), en recul par rapport à l’année précédente, principalement en raison de la baisse des recettes propres (de 8,1 à 7,5 milliards FCFA) et de la diminution des ristournes versées par l’État. Dans ce contexte, la digitalisation des processus apparaît comme une stratégie essentielle pour optimiser les ressources disponibles.
Au-delà des aspects techniques, le projet ambitionne de redéfinir la relation entre la municipalité et les contribuables. En apportant plus de clarté, de prévisibilité et de simplicité dans les démarches fiscales, la mairie de Libreville souhaite renforcer la confiance des opérateurs économiques, améliorer la mobilisation des recettes et réduire les tensions générées par une fiscalité locale trop opaque.
Selon les autorités, si les résultats du pilote s’avèrent positifs, le projet pourra être étendu à d’autres communes. Dans un contexte de décentralisation progressive et de recherche d’autonomie financière des collectivités locales, cette expérimentation pourrait enclencher une véritable réforme structurelle de la gestion des ressources locales au Gabon.
Samira Njoya
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Le secteur des télécommunications fait partie des plus gros consommateurs d’énergie, majoritairement issue de sources fossiles. Face à cette réalité, les opérateurs cherchent activement des alternatives plus durables afin de réduire leur impact environnemental.
Orange Moyen-Orient et Afrique (OMEA) a solarisé plus de 12 000 sites en 2024, soit une hausse de plus de 50 % par rapport à 2023, selon son rapport de responsabilité sociétale « Cultiver l’impact ». Désormais, 25 % des installations de l’entreprise dans la zone sont alimentées par l’énergie solaire. L'opérateur se positionne ainsi pour atteindre son objectif Net Zéro Carbone d’ici 2040, grâce à des investissements massifs dans les énergies renouvelables et l’économie circulaire.
« Chez OMEA, nous nous engageons à développer un numérique responsable, inclusif et durable, en utilisant pour la satisfaction de nos besoins un maximum d’énergies renouvelables et en incitant nos fournisseurs à en faire de même », déclare la société dans son rapport.
Cette stratégie de solarisation a permis à l’entreprise d’économiser plus de 35 millions de litres de carburant et d’éviter l’émission de plus de 80 000 tonnes de CO₂ équivalent (CO₂éq.) Par ailleurs, la part d’énergie renouvelable dans la consommation globale d’OMEA atteint désormais 35,6 %, soit une progression de plus de 4 points par rapport à 2023.
Dans le cadre de son objectif climatique, Orange s’est engagé à réduire de 90 % ses émissions de CO₂éq. sur l’ensemble de ses activités. Cela inclut les émissions directes, liées à l’usage d’énergies fossiles, et les émissions indirectes, issues de la consommation d’électricité et de l’ensemble de la chaîne de valeur, fournisseurs comme clients. Les 10 % d’émissions résiduelles seront compensés par des projets de séquestration via des puits de carbone naturels, notamment par la restauration et la protection d’écosystèmes.
Mais au-delà des impacts environnementaux, la solarisation du réseau présente aussi des enjeux économiques et opérationnels majeurs, sur un continent où les opérateurs télécoms sont particulièrement exposés aux défis énergétiques. Ces défis incluent des coupures de courant fréquentes, un accès limité au réseau électrique, des coûts énergétiques élevés et des obstacles logistiques à l’adoption des énergies renouvelables. À cela s’ajoute une forte dépendance au diesel, qui entraîne des coûts importants et des inconvénients opérationnels pour les opérateurs.
Étant une source d’énergie renouvelable, le solaire offre une solution adaptée pour compenser le manque d’accès à une électricité fiable, en fournissant une énergie propre, disponible localement et renouvelable. Cela garantit la disponibilité du réseau de l’opérateur même dans des zones où le réseau électrique est limité ou indisponible.
Orange MEA comptait 161 millions de clients dans 17 pays fin décembre 2024. La société a enregistré un chiffre d’affaires de 770 millions d’euros (soit 895,45 millions de dollars américains), en hausse de 11 % par rapport à 2023. Elle a investi 1,4 milliard de dollars pour développer ses infrastructures et ses technologies.
En accélérant la solarisation de son réseau, Orange MEA illustre sa volonté de conjuguer performance opérationnelle, responsabilité environnementale et résilience énergétique sur l’ensemble du continent.
Isaac K. Kassouwi
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Sur le continent africain, l’absence d’un adressage numérique fiable freine l’accès aux services essentiels et au développement économique. Plusieurs pays multiplient les initiatives pour cartographier leurs territoires et bâtir une gouvernance plus connectée et inclusive.
Dans de nombreux pays africains, l’attribution d’adresses numériques précises et standardisées aux habitations, entreprises et infrastructures reste un défi structurel, alors même que l’économie numérique et les services en ligne se développent rapidement. Cette absence de systèmes d’adressage cohérents freine l’accès à des services essentiels tels que la livraison de colis, les soins de santé, la gestion des urgences et les démarches administratives.
Plusieurs pays souffrent d’un manque d’adresses officielles, ce qui constitue un obstacle de taille à l’inclusion sociale et économique. Dans de nombreuses zones rurales, mais aussi dans des quartiers urbains en pleine expansion, les habitants vivent souvent sans adresses formelles, ce qui complique considérablement la logistique, la planification territoriale et la prestation de services de base.
Conscients de ces enjeux, plusieurs États africains ont engagé des réformes ambitieuses pour se doter de systèmes d’adressage numérique fiables. Le Nigeria, par exemple, a lancé un vaste programme national pour moderniser son système d’adresses en s’appuyant sur les technologies GPS, les applications mobiles et les bases de données numériques centralisées. Cette dynamique permet de faciliter l’identification des lieux, d’améliorer la prestation des services publics et de soutenir la croissance de l’économie numérique.
D’autres pays comme le Kenya, l’Afrique du Sud, le Rwanda ou encore le Sénégal suivent la même voie, multipliant les partenariats entre acteurs publics et privés pour numériser leur territoire. Au Cameroun et en Guinée, les autorités collaborent avec la start-up FindMe pour déployer des solutions d’adressage numérique dans certaines zones pilotes, dans une perspective de modernisation des services postaux et d’amélioration de la connectivité territoriale.
Cette mobilisation croissante s’inscrit dans un cadre international plus large. En 2009, l’Union postale universelle (UPU) a adopté une résolution invitant tous ses pays membres à mettre en place un système d’adressage national. Cet appel a servi de catalyseur pour plusieurs pays africains, qui voient désormais l’adressage numérique comme un levier essentiel pour accompagner leur transition numérique et renforcer l’efficacité des politiques publiques.
La généralisation de l’adressage numérique sur le continent pourrait transformer profondément les économies africaines. En offrant une visibilité géographique plus fine, ces systèmes facilitent l’émergence de services innovants dans le e-commerce, la fintech, la mobilité ou encore la santé.
Dans le domaine du commerce en ligne par exemple, la fiabilité des adresses est un facteur clé de succès. Or, le marché africain du e-commerce connaît une croissance rapide, avec des projections estimant un chiffre d’affaires dépassant les 45 milliards de dollars d’ici 2028, selon un rapport publié par la fintech lituanienne Nikulipe. L’absence d’adresses précises ralentit cette dynamique, en rendant les livraisons plus complexes, plus coûteuses et moins fiables.
Un outil pour renforcer la gouvernance et l’inclusion
Au-delà de la sphère économique, l’adressage numérique constitue un pilier pour une gouvernance territoriale plus efficace. Les municipalités peuvent planifier avec plus de précision les infrastructures, assurer la gestion des services publics (collecte des déchets, recensement, secours d’urgence), et renforcer leur capacité d’intervention face aux crises sanitaires ou environnementales.
Cette structuration spatiale améliore aussi l’accès des citoyens aux services sociaux et financiers. Une adresse formelle peut faciliter l’ouverture d’un compte bancaire, l’enregistrement d’une entreprise ou la réception d’aides publiques, contribuant ainsi à une inclusion sociale et économique plus large.
En modernisant les systèmes d’adressage, les pays africains posent les fondations d’une transformation numérique durable. L’enjeu dépasse la simple localisation. Il s’agit d’un outil stratégique pour organiser le territoire, structurer les services et accompagner la transition vers une économie numérique inclusive.
L’adressage numérique, à travers ses multiples retombées, représente donc bien plus qu’un projet technique. C’est une étape-clé vers une Afrique mieux gouvernée, plus intégrée, et résolument tournée vers l’avenir.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Alors que la transformation numérique s’accélère au Tchad, la formation des cadres publics devient un enjeu stratégique pour accompagner la modernisation de l’administration et garantir des services efficaces et adaptés aux citoyens.
L’Agence de développement des technologies de l’information et de la communication (ADETIC) du Tchad a conclu un partenariat avec l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE), un centre privé de formation basé à Ouagadougou, au Burkina Faso. L’initiative vise à former les ressources humaines tchadiennes aux métiers du numérique et aux technologies avancées et émergentes.
L’accord-cadre repose sur trois axes principaux, à savoir : la formation de cadres tchadiens dans les domaines de l’intelligence artificielle et des technologies émergentes ; l’accueil de stagiaires burkinabè au sein de l’ADETIC ; et le développement de projets conjoints de recherche appliquée axés sur la gouvernance numérique, l’innovation locale et le développement durable. Un protocole de collaboration distinct a également été signé entre l’École nationale supérieure des TIC (ENASTIC) du Tchad et 2iE, ouvrant la voie à des échanges académiques et à la co-construction de programmes.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la visite officielle du ministre tchadien des Télécommunications, de l’Économie numérique et de la Digitalisation de l’administration, Boukar Michel, à Ouagadougou. L’accord traduit une volonté de construire un capital humain apte à accompagner la modernisation de l’administration et à répondre aux exigences de l’économie numérique. En s’alliant à 2iE, le Tchad entend accélérer la professionnalisation de ses talents, souvent limitée par l’insuffisance d’infrastructures de formation spécialisée sur le territoire national.
Ce rapprochement intervient alors que de nombreux pays africains s’engagent dans des politiques de digitalisation des services publics. La réussite de ces réformes dépend en grande partie de la disponibilité de compétences techniques locales. Investir dans la formation de cadres qualifiés devient ainsi un enjeu stratégique pour des États comme le Tchad, confrontés à la fois à un déficit de ressources humaines spécialisées et à des besoins croissants en matière d’administration électronique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le Cap-Vert est décidé à faire du numérique un pilier du développement socio-économique national. Les autorités capverdiennes ambitionnent d’augmenter au cours des prochaines années la part du numérique dans le PIB, actuellement estimée à environ 5 %.
Le gouvernement du Cap-Vert poursuit son engagement pour accélérer le développement de l’écosystème start-up. L’exécutif a lancé, le lundi 28 juillet, le programme BOOST.CV, qui vise à accompagner 150 jeunes entrepreneurs dans le secteur numérique en leur offrant formation, mentorat et incubation de projets innovants.
« Il ne s’agit pas seulement d’un outil technologique, mais d’un instrument de politique publique conçu pour générer un impact réel. Nous croyons fermement que le talent capverdien, tant sur les îles qu’au sein de la diaspora, est notre plus grande ressource. Et c’est notre responsabilité, en tant qu’État, de créer les conditions pour que ce talent puisse s’épanouir et innover », a déclaré Olavo Correia, vice-Premier ministre, ministre des Finances et ministre de l’Économie numérique, dans un communiqué du gouvernement publié le 29 juillet.
Cette initiative vient s’ajouter à des mesures déjà mises en œuvre. Dans une interview accordée à l’Agence Ecofin en mai, Pedro Lopes, secrétaire d’État à l’Économie numérique, expliquait : « le programme Cape Verde Digital est notre vitrine. À travers digital.cv, vous pouvez explorer notre écosystème. Nous soutenons 200 jeunes chaque année via une bourse (Cabo Digital Scholarship) et finançons une centaine de start-up avec l’équivalent de six salaires minimum pour deux cofondateurs, ainsi qu’un soutien logistique et marketing. Le programme Go Global nous permet de financer la participation de nos start-up à des événements tech internationaux ».
D’autres initiatives comprennent « Reinvent Cape Verde », où les institutions publiques et privées soumettent leurs défis à des start-up qui proposent des solutions via des hackathons, ainsi que le Fonds Morabeza, un fonds de 24 millions de dollars visant à favoriser la croissance de start-ups technologiques dirigées par des jeunes et des femmes.
M. Lopes a souligné les progrès dans la mise en place d’un cadre réglementaire favorable aux start-up, incluant une loi dédiée avec avantages fiscaux, la création d’une zone économique spéciale technologique, et des lois modernes sur la protection des données et les transactions numériques. Le gouvernement a aussi simplifié l’enregistrement des entreprises, instauré des visas pour nomades digitaux, et inauguré un parc technologique.
Actuellement, l’écosystème start-up du Cap-Vert est classé à la 75ᵉ place mondiale et à la deuxième place en Afrique de l’Ouest selon le rapport « Global Startup Ecosystem Index 2025 » de StartupBlink. Ce dernier explique cependant que les start-up sont principalement confrontées au manque actuel d’infrastructures physiques dans le pays et à un climat d’investissement peu développé. Un défi supplémentaire signalé dans le rapport est la préférence marquée de la population pour la stabilité du secteur public, au détriment de l’entrepreneuriat, perçu comme risqué.
Isaac K. Kassouwi
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Dans un contexte où les financements destinés aux start-up africaines peinent à retrouver leur niveau d’avant-crise, la société sud-africaine HAVAÍC poursuit ses investissements en capital-risque pour dynamiser l’innovation technologique sur le continent.
La société sud-africaine de capital-risque HAVAÍC a annoncé le mardi 29 juillet la deuxième clôture de son Fonds africain d’innovation, qui atteint désormais 50 millions $. Cette nouvelle phase a permis de lever 25 millions $ supplémentaires, apportés par Sanlam Multi-Manager ainsi que par des investisseurs déjà engagés tels que Fireball Capital et le SA SME Fund.
« Ces soutiens témoignent de notre capacité à générer des rendements attractifs tout en créant un impact social et économique tangible. Ensemble, nous pouvons continuer à faire grandir le capital-risque africain et soutenir l’écosystème technologique du continent », a déclaré Ian Lessem (photo, à gauche), associé directeur à HAVAÍC.
Lancé en août 2024, ce troisième fonds cible des start-up africaines post-revenus, combinant fort potentiel de croissance et impact mesurable. Il a récemment investi 1 million USD dans SAPay, une fintech sud-africaine qui dématérialise les paiements dans le secteur des taxis minibus, et renforcé sa participation dans Sportable, une jeune pousse développant des technologies de tracking sportif en temps réel.
Un rebond du capital-risque africain qui reste fragile
L’année 2023 a marqué un coup d’arrêt brutal dans le financement des start-up africaines, avec un recul de 36 % selon Africa: The Big Deal, et moins de 3,2 milliards USD levés au total, contre plus de 6 milliards USD en 2022. En 2024, les montants levés restaient encore modestes, avec 2,2 milliards USD, selon les mêmes sources.
Avec un portefeuille de 22 start-up actives dans 183 pays, et six sorties notables dont la vente de RapidDeploy à Motorola Solutions en février 2025 et la fusion entre hearX et la société américaine Eargo, HAVAÍC affiche une stratégie centrée sur la structuration de champions technologiques africains à portée globale.
Au-delà de l’accès au financement, les fonds levés par HAVAÍC devraient contribuer à consolider l’écosystème tech africain, en soutenant la scalabilité des entreprises innovantes dans des secteurs clés notamment fintech, agritech, healthtech ou edtech. Pour les investisseurs institutionnels comme Sanlam, cette incursion vise à capter le potentiel de long terme d’un marché en construction, en s’appuyant sur des partenaires locaux expérimentés.
Le défi reste toutefois immense. Selon l’African Private Capital Association (ex-AVCA), le continent ne capte encore qu’une fraction du capital-risque mondial (moins de 1 %). Des initiatives comme le Fonds II de HAVAÍC constituent donc autant de leviers pour attirer des capitaux locaux et internationaux vers les entreprises les plus prometteuses du continent.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Active dans le crédit financier mobile en Afrique depuis quelques années, Orange franchit une nouvelle étape sur ce segment. L’opérateur se tourne vers une fintech africaine pour mieux servir ses 40 millions d’utilisateurs actifs sur le continent.
Orange a annoncé le lundi 28 juillet un partenariat entre sa division mobile money et la fintech sud-africaine Jumo. Grâce à la technologie de cette dernière, en l’occurrence les outils d’intelligence artificielle et d’analyse des données, l’opérateur télécoms pourra désormais affiner le scoring client, réduire les délais de traitement, automatiser les décisions et adapter les montants proposés au profil de chaque utilisateur.
La technologie de Jumo devrait également permettre d’élargir l’offre de services financiers au-delà des prêts simples, vers des produits plus ciblés pour les petits entrepreneurs, les marchands ou les travailleurs informels. Avec un taux de défaut inférieur à 4%, la fintech sud-africaine assure une gestion du risque maîtrisée tout en améliorant l’expérience utilisateur.
« Cette alliance stratégique permettra le déploiement de divers produits de crédit sur plusieurs marchés en s'appuyant sur différents bailleurs de fonds, créant ainsi un nouveau marché de la microfinance pour les personnes non bancarisées dans les marchés émergents, avec un accent initial sur l'Afrique francophone » peut-on lire dans le communiqué.
Selon l’édition 2024 du rapport de responsabilité sociétale de l’opérateur, 340 000 personnes ont eu recours à ses prêts Tik Tak et plus de 160 milliards d'euros de transactions ont été réalisées via Orange Money. Cette nouvelle initiative vise à renforcer l’impact économique du crédit mobile en favorisant l’accès à des financements utiles, adaptés et responsables. Le service sera d’abord déployé dans plusieurs pays francophones, avant une extension progressive.
« Cette collaboration basée sur les plateformes de paiements mobiles et de transfert d'argent d'Orange Money, offrira aux clients une gamme plus importante de services financiers et permettra à nos partenaires bancaires de se développer sur de nouveaux marchés » a ajouté Andrew Watkins-Ball, le fondateur de Jumo.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Comme beaucoup de pays africains, le Gabon compte sur la coopération internationale pour accélérer sa transformation numérique. En juin, le président Oligui Nguema a échangé avec son homologue botswanais, dont le pays est cité en exemple.
Le gouvernement gabonais souhaite renforcer sa coopération avec la Turquie dans le domaine du numérique. Ce sujet a été au cœur des échanges le mardi 29 juillet, lors d’une audience accordée par Mark Alexandre Doumba, ministre de l’Économie numérique, à Can İncesu, ambassadeur de la République de Turquie au Gabon.
Au cours de la rencontre, M. Doumba a présenté les missions et priorités de son département, axées notamment sur la modernisation de l’administration publique par le numérique, le développement des infrastructures numériques nationales, la gouvernance des données et la souveraineté technologique, ainsi que la formation des jeunes talents numériques.
En réponse, l’ambassadeur de Turquie a exprimé l’intérêt de son pays à accompagner le Gabon dans cette dynamique, notamment à travers le partage d’expertise en matière de gouvernement électronique, l’appui à l’introduction de la signature électronique dans les échanges officiels, le développement de solutions de paiement à distance pour les services publics, et l’installation d’infrastructures télécoms dans les zones moins desservies.
La Turquie est classée 27ᵉ sur 193 à l’Indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) des Nations unies, avec un score de 0,8913 sur 1, bien au-dessus de la moyenne mondiale de 0,6382. Dans le sous-indice des services en ligne, elle atteint 0,9225, 0,9192 dans le capital humain, et 0,8322 pour les infrastructures télécoms. Par ailleurs, en 2024, la Turquie affichait un taux de pénétration d’Internet de 87,3 %, contre 96 % pour la téléphonie mobile, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT). Selon l’indice de développement des TIC 2025, elle a obtenu un score de 88,5 sur 100.
De son côté, le Gabon se classe 121ᵉ au niveau mondial à l’EGDI avec un score de 0,5741 sur 1. Le pays obtient un score de 0,8263 dans le sous-indice des infrastructures télécoms, mais ses résultats sont plus faibles dans les services en ligne (0,3188) et le capital humain (0,5772). Malgré ces défis, le gouvernement entend faire du numérique un pilier central du développement socio-économique national et réduire la dépendance aux ressources extractives. L’exécutif vise une contribution du secteur numérique de 10 à 12 % du PIB d’ici la fin 2025, contre environ 5 % actuellement.
Malgré la volonté clairement affichée par les deux parties, la collaboration reste encore à un stade embryonnaire. Elles ont convenu de poursuivre les échanges techniques afin d’identifier des projets communs susceptibles d’avoir un fort impact pour les citoyens gabonais. Cependant, aucun accord concret n’a encore été signé ni officiellement annoncé. Le chemin vers un partenariat opérationnel reste donc à construire, et il faudra attendre les prochaines étapes pour mesurer la portée réelle de cette coopération.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En scellant un partenariat avec Alibaba Cloud, le Sénégal entend ériger les Jeux olympiques de la jeunesse Dakar 2026 en levier d’accélération de sa transformation numérique, alliant souveraineté technologique, innovation locale et formation de talents.
Le gouvernement sénégalais a annoncé, le lundi 28 juillet, la signature d’un protocole d’accord à Hangzhou avec le chinois Alibaba Cloud. L’initiative vise à doter les Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) prévus à Dakar en 2026 d’une infrastructure cloud sécurisée, performante et souveraine, tout en posant les bases d’un écosystème numérique pérenne au Sénégal.
« C’est la première fois que la technologie Cloud de classe mondiale va accompagner un événement olympique en Afrique. À travers notre infrastructure Cloud éprouvée et nos capacités en matière d’intelligence artificielle, notre ambition est de délivrer une expérience digitale efficiente, sécurisée et innovante pour les athlètes, les organisateurs et les spectateurs en général », a affirmé Selina Yuan (photo, au centre), vice-présidente du groupe Alibaba et présidente d'Alibaba Cloud Intelligence International.
Selon les termes de l’accord, un investissement initial de 5 millions USD sera mobilisé pour le déploiement de la solution hybride Apsara Stack d’Alibaba Cloud. Celle-ci permettra l’hébergement local des données dans le respect des normes internationales. Le partenariat prévoit également la formation de 200 ingénieurs cloud, la création d’un centre d’excellence technologique, ainsi que la mise en œuvre de services numériques pour les JOJ, incluant la billetterie, le e-transport et la diffusion en direct. Après l’événement, l’infrastructure devrait évoluer vers un cloud public national destiné à soutenir les services publics et le secteur privé.
Ce partenariat s’inscrit dans la dynamique enclenchée par la visite officielle du Premier ministre Ousmane Sonko en Chine en juin 2025. Il s’intègre pleinement au « New Deal Technologique », la stratégie nationale qui vise à renforcer la souveraineté numérique du Sénégal en misant sur l’innovation, l’infrastructure locale et la formation. L’accord marque aussi une nouvelle étape dans le renforcement des liens technologiques entre Dakar et Pékin.
Avec cette initiative, les autorités sénégalaises ambitionnent non seulement d’ériger les JOJ en tremplin technologique, mais aussi de consolider leur stratégie de souveraineté numérique. La montée en compétence locale, à travers la formation de 1000 jeunes via Alibaba Cloud Academy, et le développement d’une infrastructure solide devraient permettre au Sénégal d’accélérer sa transformation numérique tout en stimulant l’innovation et l’emploi qualifié.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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