Le royaume a officiellement dévoilé sa stratégie de développement du numérique au service de l’économie en septembre 2024. Les autorités tablent sur une contribution du secteur du numérique à hauteur de 10 milliards $ en 2030.
Le gouvernement marocain a placé l’intelligence artificielle (IA) au cœur de sa stratégie de transformation numérique qui vise à utiliser le numérique pour accélérer le développement social et économique. C’est ce qu’a révélé en début de semaine Amal El Fellah Seghrouchni (photo), ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, devant le Parlement.
Selon la ministre, il est prévu plusieurs initiatives à cet effet. Il s’agit notamment de la création d’une direction spécialisée en IA, du lancement d’un pôle numérique régional arabo-africain en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et de la mise en place d’un réseau de centres d’excellence baptisés « Jazari Institute » dans les douze régions du royaume. Deux programmes nationaux de formation aux compétences numériques et en IA, destinés aux jeunes de 8 à 18 ans, sont également prévus. Enfin, des assises nationales sur l’IA se tiendront les 1er et 2 juillet à Rabat afin de coordonner les efforts des parties prenantes autour d’une vision commune et responsable du développement de l’IA.
Ces initiatives s’inscrivent dans la vision portée par le gouvernement à travers sa stratégie « Digital 2030 », qui vise à exploiter le potentiel de l’IA pour accélérer la digitalisation des services publics et privés, tout en soutenant et en renforçant un écosystème propice à l’essor de l’économie numérique. L’exécutif entend ainsi accompagner les projets de consolidation des référentiels et registres de données, déployer des cas d’usage pour améliorer les services aux citoyens et aux entreprises, attirer de nouveaux acteurs internationaux spécialisés en IA, appuyer les entreprises et startups actives dans les secteurs à forte valeur ajoutée, développer les compétences et les infrastructures nécessaires à une exploitation responsable de l’IA, instaurer des mécanismes d’évaluation appropriés et engager une réflexion pluridisciplinaire sur les impacts sociétaux, juridiques et économiques du développement de l’IA.
Ce potentiel de l’IA à soutenir la transformation numérique d’un pays est reconnu par les Nations unies. Dans son rapport « E-Government Survey 2024 », le Département des affaires sociales et économiques (DAES) déclare : « il est largement admis que les technologies d'IA peuvent améliorer les opérations du secteur public en remplaçant les tâches administratives par des processus automatisés, en augmentant l'efficacité et en éliminant les arriérés et les redondances ». Elle ajoute également que l’IA peut aider à atteindre les objectifs de développement durable.
Il est important de noter que la plupart des initiatives en sont encore au stade de projet. Leur impact dépendra de la mise en œuvre effective. Par ailleurs, le DAES met en garde contre plusieurs risques potentiels liés à l’intelligence artificielle, notamment les biais algorithmiques susceptibles de fausser la représentation de certains groupes, ainsi que des préoccupations d’ordre éthique, sécuritaire et social. L’institution relève également que la persistance de la fracture numérique constitue un obstacle majeur à l’intégration efficace de ces technologies dans le secteur public.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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