Dans un contexte où les financements destinés aux start-up africaines peinent à retrouver leur niveau d’avant-crise, la société sud-africaine HAVAÍC poursuit ses investissements en capital-risque pour dynamiser l’innovation technologique sur le continent.
La société sud-africaine de capital-risque HAVAÍC a annoncé le mardi 29 juillet la deuxième clôture de son Fonds africain d’innovation, qui atteint désormais 50 millions $. Cette nouvelle phase a permis de lever 25 millions $ supplémentaires, apportés par Sanlam Multi-Manager ainsi que par des investisseurs déjà engagés tels que Fireball Capital et le SA SME Fund.
« Ces soutiens témoignent de notre capacité à générer des rendements attractifs tout en créant un impact social et économique tangible. Ensemble, nous pouvons continuer à faire grandir le capital-risque africain et soutenir l’écosystème technologique du continent », a déclaré Ian Lessem (photo, à gauche), associé directeur à HAVAÍC.
Lancé en août 2024, ce troisième fonds cible des start-up africaines post-revenus, combinant fort potentiel de croissance et impact mesurable. Il a récemment investi 1 million USD dans SAPay, une fintech sud-africaine qui dématérialise les paiements dans le secteur des taxis minibus, et renforcé sa participation dans Sportable, une jeune pousse développant des technologies de tracking sportif en temps réel.
Un rebond du capital-risque africain qui reste fragile
L’année 2023 a marqué un coup d’arrêt brutal dans le financement des start-up africaines, avec un recul de 36 % selon Africa: The Big Deal, et moins de 3,2 milliards USD levés au total, contre plus de 6 milliards USD en 2022. En 2024, les montants levés restaient encore modestes, avec 2,2 milliards USD, selon les mêmes sources.
Avec un portefeuille de 22 start-up actives dans 183 pays, et six sorties notables dont la vente de RapidDeploy à Motorola Solutions en février 2025 et la fusion entre hearX et la société américaine Eargo, HAVAÍC affiche une stratégie centrée sur la structuration de champions technologiques africains à portée globale.
Au-delà de l’accès au financement, les fonds levés par HAVAÍC devraient contribuer à consolider l’écosystème tech africain, en soutenant la scalabilité des entreprises innovantes dans des secteurs clés notamment fintech, agritech, healthtech ou edtech. Pour les investisseurs institutionnels comme Sanlam, cette incursion vise à capter le potentiel de long terme d’un marché en construction, en s’appuyant sur des partenaires locaux expérimentés.
Le défi reste toutefois immense. Selon l’African Private Capital Association (ex-AVCA), le continent ne capte encore qu’une fraction du capital-risque mondial (moins de 1 %). Des initiatives comme le Fonds II de HAVAÍC constituent donc autant de leviers pour attirer des capitaux locaux et internationaux vers les entreprises les plus prometteuses du continent.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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