Face aux enjeux croissants de souveraineté numérique dans les relations internationales, le Congo appelle à une coopération renforcée entre l’Afrique et la Russie. Léon Juste Ibombo défend une approche partenariale fondée sur l’échange de compétences, les technologies souveraines et la formation. 

Le ministre congolais des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, Léon Juste Ibombo (photo), a appelé à bâtir une coopération pragmatique entre l’Afrique et la Russie, plaçant la souveraineté numérique au cœur des enjeux futurs. Il s'exprimait lors de la session « Russie-Afrique : souveraineté numérique partagée et durable » du Global Digital Forum 2025, tenu les jeudi 5 et vendredi 6 juin à Nijni Novgorod, en Russie. 

Dans son allocution, M. Ibombo a défini six axes de collaboration prioritaire. Il a préconisé le transfert de compétences en intelligence artificielle, cybersécurité et big data ; le développement de centres de calcul partagés pour la gouvernance souveraine des données ; la co‑conception de solutions open source adaptées aux réalités africaines ; des échanges sur la fiscalité numérique et la traçabilité industrielle ; l’organisation de formations conjointes ; et enfin l’alignement des positions des pays africains et russes dans les instances internationales régulant le numérique. 

L’appel du Congo s’inscrit dans un contexte où plusieurs pays africains ont déjà entamé une coopération numérique avec la Russie. Le Zimbabwe, par exemple, a mis en œuvre un programme d’e‑gouvernance en coopération avec Moscou pour améliorer l’efficacité de l’administration publique et réduire la corruption. L’Angola, quant à lui, a noué un accord digital autour de réseaux de fibre optique, de satellites de télécommunications (dont le projet AngoSat‑2) et de cybersécurité en lien avec la Russie. De plus, l’expansion du logiciel souverain russe MyOffice dans plusieurs pays africains, dont le Cameroun, la RDC ou la Guinée, témoigne d’une volonté affirmée d’atteindre une indépendance numérique. 

La Russie dispose d’un solide atout sur le plan technologique, avec des compétences établies en cybersécurité, en développement de logiciels souverains et en infrastructures de données sensibles. Par ses partenariats numériques existants, elle propose à l’Afrique des solutions alternatives au modèle des grandes plateformes occidentales, tout en ambitionnant de former les opérateurs africains aux meilleures pratiques. 

Ce partenariat pourrait rapprocher l’Afrique d’un modèle numérique plus autonome, reposant sur des infrastructures dédiées, des compétences locales renforcées et une souveraineté accrue dans les négociations internationales. En diversifiant ses partenariats technologiques, le continent se donne les moyens de bâtir des bases numériques solides, durables et politiquement indépendantes. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On mardi, 10 juin 2025 08:45 Written by

Avec le lancement de son nanosatellite Gaindesat-1A, le Sénégal a marqué une avancée majeure dans sa stratégie spatiale. Le pays affiche désormais l’ambition de faire de l’espace un levier stratégique au service du développement et de la souveraineté. 

L’État-major général des Armées (EMGA) et l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES) ont annoncé, le jeudi 5 juin, la signature d’un mémorandum d’accord de cinq ans pour créer la première constellation de satellites nationaux. Ce projet stratégique a pour objectif de renforcer la souveraineté technologique et les capacités de défense du pays. 

« En créant l’ASES, l’État du Sénégal affiche une ambition claire, faire du secteur spatial un levier transversal pour impacter tous les domaines, et en priorité la sécurité », a déclaré Maram Kaïré (photo, à droite), directeur général de l’ASES, saluant l’approche visionnaire de l’État. 

Le projet prévoit le déploiement d’une constellation de nanosatellites, c’est-à-dire un ensemble de petits satellites placés en orbite et coordonnés pour fonctionner de manière complémentaire. Ce système offrira une couverture étendue et quasi continue du territoire, avec des applications essentielles en observation de la Terre. 

L’initiative bénéficie de l’accompagnement technique de Prométhée Earth Intelligence, société européenne spécialisée dans les technologies spatiales et l’analyse de données issues de l’observation de la Terre. Prométhée contribuera à la co-construction d’une capacité spatiale souveraine, durable et inclusive, en étroite collaboration avec les autorités sénégalaises. 

La future constellation devrait faciliter une surveillance permanente du territoire national, répondant aux besoins en matière de sécurité, de gestion des ressources naturelles, de protection de la biodiversité, de prévention des risques, tout en soutenant le développement économique à travers la satellisation de l’agriculture et l’aménagement du territoire. 

Sur un continent où moins de cinquante États disposent de satellites nationaux, ce partenariat marque une avancée significative pour la souveraineté technologique du Sénégal. Il s’inscrit dans le cadre du programme spatial national sénégalais dénommé « SenSAT », qui ambitionne de doter le pays de capacités spatiales autonomes. Au-delà des enjeux de sécurité, ce projet est aussi porteur d’innovation, d’emplois à haute valeur ajoutée et d’une plus grande autonomie dans la gestion des données géospatiales. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On mardi, 10 juin 2025 06:29 Written by

L’écosystème des start-up sénégalaises est en pleine expansion, porté par des initiatives gouvernementales et privées. L’innovation technologique y est perçue comme un levier stratégique pour stimuler l’économie et répondre aux défis du développement. 

Le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique (MCTN) et la multinationale américaine Meta ont annoncé, le jeudi 5 juin, le lancement du programme d’accélération Llama Impact. L’initiative vise à accompagner les jeunes pousses sénégalaises qui utilisent l’intelligence artificielle open-source dans des domaines à fort impact. 

Destiné aux start-up en phase de démarrage, le programme cible particulièrement les innovateurs actifs dans la santé (télémédecine, outils de diagnostic, conseil médical IA), l’agriculture (analyse des sols, suivi des cultures, accès au marché) et l’éducation (plateformes EdTech, formation numérique). Une catégorie « Carte blanche » est également prévue pour les projets à fort potentiel hors des catégories classiques. 

Les start-up sélectionnées bénéficieront de six semaines de formation pratique, de mentorat technique et de sessions de développement intensives. Une journée de démonstration est prévue à l’issue du programme, leur offrant l’opportunité de présenter leurs solutions devant des investisseurs et de concourir pour un financement allant jusqu’à 25 000 USD, sans cession de parts. Un accompagnement de six mois est également prévu après le programme pour consolider les acquis et faciliter l’accès à d’autres opportunités. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 27 juin. 

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du New Deal Technologique, la stratégie numérique du pays lancée en février dernier. Parmi ses objectifs, labelliser 500 start-up innovantes, former 100 000 diplômés du numérique par an et générer 150 000 emplois directs dans le secteur d’ici 2034. Le plan vise également à positionner le Sénégal comme un hub de l’innovation en Afrique francophone. 

En favorisant l’adoption de l’IA open-source par des start-up locales, le programme entend réduire la dépendance aux technologies étrangères, stimuler l’innovation endogène et renforcer la souveraineté numérique du pays. Des défis restent à relever, notamment en matière d’accès au financement, d’encadrement technique et de mise à l’échelle des solutions développées. 

Lien de candidature : https://events.atmeta.com/llamaacceleratorprogramsenegal

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On lundi, 09 juin 2025 07:42 Written by

Chaque week-end, la rédaction de We Are Tech Africa vous rappelle les principales informations de la semaine dans le domaine du numérique en Afrique, ainsi que leurs implications.

Tunisie : les entreprises sommées d’adopter la facturation électronique d’ici juillet

À partir du 1ᵉʳ juillet 2025, toutes les entreprises tunisiennes seront tenues d'adopter la facturation électronique. Cette obligation, inscrite dans la loi de finances 2025, prévoit des amendes allant jusqu'à 50 000 dinars pour les contrevenants. L'objectif est de renforcer la traçabilité des transactions et de moderniser le système fiscal.

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Maroc : Technopark s’associe à Plug and Play pour accélérer les start-up innovantes

Technopark Maroc a signé un partenariat avec Plug and Play, plateforme mondiale d’innovation, pour lancer un programme d’accélération destiné à plus de 60 start-up marocaines sur deux ans. Ce programme, soutenu par le gouvernement, vise à renforcer l’écosystème technologique national et à connecter les jeunes entreprises aux marchés internationaux.

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Le Sénégal lance SenTrésor, une plateforme numérique pour les paiements publics

Le Sénégal a lancé SenTrésor, une plateforme numérique centralisant les paiements publics (salaires, aides, bourses) via le mobile money. Depuis sa phase pilote en mars, plus de 44 000 bénéficiaires ont été servis pour un montant de 4 milliards FCFA. Cette initiative vise à moderniser l'administration et renforcer l'inclusion financière.

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Numérisation des paiements : Trésor Pay s’impose dans l’administration camerounaise

Le Cameroun a lancé la plateforme numérique Trésor Pay pour digitaliser les paiements des services publics non fiscaux, tels que les frais administratifs et les amendes. Accessible via www.tresorpublic.cm, elle permet aux usagers de régler en ligne, réduisant ainsi les files d'attente et les risques de corruption. Cette initiative vise à sécuriser et optimiser la collecte des recettes non fiscales, estimées à 800 milliards FCFA.

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Orange Egypt obtient un prêt de 85 millions $ de la BERD pour déployer la 5G

Orange Egypt a obtenu un prêt de 85 millions de dollars de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et de la Banque Misr pour financer l'acquisition d'une licence 5G et le déploiement de cette technologie à l'échelle nationale. Ce projet s'inscrit dans la stratégie « Digital Egypt 2030 » visant à moderniser les infrastructures numériques du pays.

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Posted On dimanche, 08 juin 2025 13:52 Written by

Depuis le mois dernier, la plateforme X est la cible de cyberattaques visant des institutions tanzaniennes, entraînant la diffusion de contenus inappropriés. Le blocage temporaire ou définitif du réseau social est présenté comme une mesure visant à protéger la sécurité et les valeurs nationales. 

La Tanzanie a officiellement confirmé, le mercredi 4 juin, le blocage de la plateforme X, invoquant la diffusion de contenus pornographiques contraires aux lois et aux valeurs culturelles du pays. Cette décision intervient dans un contexte de tensions politiques croissantes à l'approche des élections générales prévues en octobre. 

Selon le ministre de l'Information, Jerry Silaa (photo), la politique de X autorisant la diffusion de contenus sexuels explicites, y compris des contenus homosexuels, viole les lois et les traditions tanzaniennes. Il a déclaré à une chaîne de télévision locale que cela contredit les réglementations du pays et que la décision du gouvernement vise à protéger les consommateurs et à garantir que toutes les plateformes en ligne respectent les lois nationales. 

Le blocage de X fait suite à une série de cyberattaques survenues le 20 mai, au cours desquelles des comptes officiels du gouvernement, notamment celui de la police tanzanienne et de l'Autorité fiscale, ont été piratés. Les pirates ont publié des images pornographiques et annoncé à tort la mort de la présidente Samia Suluhu Hassan. Bien que les autorités aient minimisé ces incidents, ils ont ravivé les inquiétudes sur la sécurité numérique et la liberté d’expression en Tanzanie. 

Avec environ 621 100 utilisateurs en 2024, la plateforme X occupe une place majeure en Tanzanie pour l’accès à l’information, la liberté d’expression et le développement économique. Sa fermeture risque de freiner la communication entre citoyens, médias, institutions et petites entreprises qui s’appuient sur ce réseau pour informer, mobiliser ou vendre leurs services. 

Cette coupure intervient à l’approche des élections générales d’octobre, menaçant le débat démocratique. Sur le plan économique, elle s’inscrit dans un contexte de restrictions numériques plus larges, qui ont coûté 1,56 milliard de dollars à l’Afrique subsaharienne en 2024, selon Top10VPN, soulignant l’impact négatif de telles mesures sur la croissance digitale et la réputation internationale de la Tanzanie. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On jeudi, 05 juin 2025 15:12 Written by

Le Cameroun enregistre d’importantes pertes liées à la gestion manuelle des recettes non fiscales. Dans ce contexte, les autorités accélèrent la numérisation des paiements publics, une initiative qui devrait renforcer la transparence et l’efficacité. 

Le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute (photo), a donné un délai de trois mois à plusieurs administrations pour se connecter à Trésor Pay, la plateforme numérique de recouvrement des recettes non fiscales, et l’utiliser de manière exclusive. Cette mesure, évoquée dans un arrêté signé le mercredi 28 mai, vise à renforcer la transparence, la traçabilité et la sécurisation des flux financiers au sein de l’administration publique. 

Développée par le ministère des Finances, Trésor Pay permet aux citoyens de régler leurs paiements non fiscaux en ligne via mobile money, carte bancaire ou guichet Campost. Elle remplace progressivement les procédures manuelles, souvent à l’origine de fraudes, de lenteurs administratives et de pertes pour le Trésor. La plateforme garantit également une authentification des quittances et offre un système de suivi en temps réel, facilitant le contrôle et la communication entre l’administration et les usagers. 

Cette décision intervient dans un contexte de faible performance en matière de mobilisation des recettes non fiscales. Pour 2025, le Cameroun vise une collecte de 361 milliards FCFA (628 millions USD), alors que le potentiel réel est estimé à près de 600 milliards FCFA. Ce déficit s’explique notamment par la fragmentation des circuits de paiement, la prédominance de procédures manuelles propices aux irrégularités, l’absence de traçabilité des transactions et une coordination insuffisante entre les administrations concernées. Ces failles limitent l’efficacité du système et entravent la mobilisation optimale des ressources non fiscales. 

L’enjeu est donc crucial pour les finances publiques. En instaurant Trésor Pay comme outil obligatoire, le gouvernement entend améliorer la gouvernance, maximiser les ressources internes et s’inscrire pleinement dans sa stratégie de transformation numérique. À terme, cette réforme pourrait renforcer la capacité de l’État à financer ses politiques publiques tout en modernisant le service aux citoyens. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On jeudi, 05 juin 2025 09:56 Written by

Depuis le lancement de sa stratégie numérique, le Sénégal multiplie les initiatives pour moderniser son administration, renforcer la transparence et rapprocher les services publics des citoyens grâce aux outils numériques. 

Le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba (photo), a présidé le lundi 2 juin à Dakar le lancement officiel de SenTrésor, une nouvelle plateforme numérique dédiée au paiement des prestations publiques. Le projet, développé par la Direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor, vise à moderniser et simplifier les flux financiers entre l’État et les citoyens. 

« Au-delà de la simple numérisation des paiements, SenTrésor inaugure un nouveau modèle de relation entre l’État et les citoyens fondé sur la simplification des démarches administratives. SenTrésor est une réponse à la problématique des paiements de masse qui mobilisent d’importants effectifs et génèrent de nombreuses contraintes », a déclaré Cheikh Diba. 

Concrètement, la plateforme centralise les paiements publics (salaires, aides sociales, bourses, secours exceptionnels) via les services de mobile money. Un réseau « d’investigateurs » déployés sur le territoire, notamment en zone rurale, identifie les bénéficiaires, collecte les données, vérifie leur éligibilité et procède à leur enrôlement dans une base sécurisée. Les paiements sont ensuite effectués automatiquement et sans déplacement du bénéficiaire. 

Depuis le démarrage de la phase pilote le 28 mars 2025, plus de 44 000 personnes ont été servies, pour un montant global supérieur à 4 milliards FCFA (environ 6,9 millions de dollars), avec un haut niveau de fiabilité et de traçabilité. 

Le lancement de SenTrésor s’inscrit dans une dynamique plus large de numérisation des services publics, en cohérence avec la Vision Sénégal 2050 et le New Deal Technologique. Elle vient compléter d'autres initiatives numériques récemment mises en œuvre par le gouvernement sénégalais, telles que e-solde, Tabax et Jubbanti. Toutes visent à renforcer l’efficacité de l’administration, améliorer l’accès aux services publics et accélérer l’inclusion numérique. 

En facilitant les paiements directs de l’État vers les citoyens, SenTrésor devrait contribuer à réduire les coûts administratifs, lutter contre la fraude et favoriser l’inclusion financière, en particulier pour les populations éloignées des circuits bancaires classiques. 

Toutefois, plusieurs défis pourraient freiner l’adoption massive de cette plateforme, notamment l’accès limité à l’Internet mobile, la couverture inégale du réseau dans certaines zones rurales, la fracture numérique ou encore la confiance des citoyens dans la sécurité des plateformes numériques publiques. Selon les estimations, 11,3 millions de personnes utilisaient Internet au Sénégal au début de 2025, représentant une pénétration en ligne de 60,6 %. 

Pour relever ces défis, les autorités devront accompagner le déploiement de SenTrésor par des campagnes de sensibilisation, des partenariats avec les opérateurs de téléphonie mobile, et un renforcement des infrastructures numériques dans les zones les plus reculées. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On jeudi, 05 juin 2025 06:57 Written by

Alors que quelques pays africains ont déjà lancé la 5G, l’Égypte se prépare à son tour à déployer cette technologie. L’appui de bailleurs internationaux reflète les enjeux stratégiques de cette transition vers une connectivité plus rapide et plus fiable. 

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a annoncé, le mercredi 28 mai, l’octroi d’un prêt syndiqué de 85 millions de dollars à l'opérateur télécoms Orange Egypt, en partenariat avec la Banque Misr. Cette enveloppe vise à soutenir l’acquisition d’une licence mobile 5G auprès de l’Autorité nationale de régulation des télécommunications et à financer le déploiement d’une infrastructure télécom de nouvelle génération à l’échelle nationale. 

Le financement est structuré autour d’une contribution de 44,5 millions de dollars de la BERD et de 40 millions de dollars mobilisés par la succursale de la Banque Misr à Dubaï. « Nous sommes fiers de nous associer à la Banque Misr et à la BERD pour une initiative qui souligne la confiance internationale dans l’économie égyptienne et soutient notre vision de la progression du secteur des télécommunications. Grâce à des technologies telles que la 5G, nous visons à améliorer les services dans les domaines de l’éducation, des soins de santé et des villes intelligentes, en comblant la fracture numérique et en faisant progresser l’économie numérique de l’Égypte », a déclaré Mohamed Sayed, directeur financier d’Orange Egypt. 

Ce projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie « Digital Egypt 2030 », portée par le gouvernement égyptien. En janvier 2024, l’Autorité nationale de régulation des télécommunications a attribué des licences 5G à plusieurs opérateurs dont Orange Egypt, Vodafone Egypt et e& Egypt pour un montant global de 675 millions de dollars. Ces licences couvrent également le renouvellement des autorisations des générations précédentes pour une durée de 15 ans, sans ajout de nouvelles bandes de fréquences. 

Grâce au soutien de la BERD et de la Banque Misr, Orange Egypt entend accélérer la mise en œuvre de la 5G et moderniser son réseau. Cette technologie promet d’améliorer considérablement l’expérience numérique des usagers à travers des vitesses accrues, une latence réduite et une meilleure fiabilité des connexions. Elle ouvre également la voie à des services innovants dans des secteurs clés, favorisant une transition numérique inclusive et contribuant à la réduction de plus de 1,74 million de tonnes d’émissions de CO₂ par an, conformément aux engagements climatiques de l’Égypte. 

L’initiative intervient dans un contexte de forte demande en connectivité à haut débit. Selon le ministère des Technologies de l’information et de la communication, le pays comptait 83,07 millions d’utilisateurs d’Internet en juillet 2024, contre 76,59 millions un an plus tôt, soit une croissance annuelle de 8,46 %. Le nombre d’abonnés à l’Internet fixe atteint 11,23 millions, pour une population totale estimée à 112,71 millions d’habitants. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On mercredi, 04 juin 2025 08:10 Written by

Les start-up technologiques sont au cœur de la stratégie d’innovation du pays. En les connectant aux marchés mondiaux, le Maroc veut s’imposer comme hub digital en Afrique. 

Le Technopark Maroc, incubateur d'entreprises technologiques, et Plug and Play, plateforme mondiale d’innovation, ont signé, le lundi 2 juin à Casablanca, une convention de partenariat pour le lancement d’un programme d’accélération de start-up marocaines. L’accord a été paraphé en présence de la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration, Amal El Fallah Seghrouchni, et bénéficie du soutien stratégique du ministère de l’Économie et des Finances. 

Ce partenariat prévoit l’installation d’un accélérateur au sein du Technopark Casablanca, destiné à accompagner plus de 60 start-up marocaines à fort potentiel sur une période de deux ans. Le programme proposera un accompagnement intensif sur trois mois, axé sur la montée en compétences, l’accès à l’investissement, la connexion aux marchés internationaux et la préparation à l’internationalisation. 

Le projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie numérique du pays, Maroc Digital 2030. La feuille de route prévoit la création de 3000 start-up d’ici 2030, dont 1000 d’ici 2026, ainsi que la réalisation de levées de fonds à hauteur de 7 milliards de dirhams (761 millions de dollars), en s’appuyant sur un écosystème dynamique et une synergie public-privé renforcée. 

Selon le rapport Partech 2024, le Maroc occupe la 6ᵉ position en Afrique en termes de levées de fonds technologiques, avec 82 millions de dollars mobilisés, représentant 75 % des financements en Afrique du Nord et 36 % en Afrique francophone. Le programme Plug and Play vise à consolider cette dynamique en favorisant l’investissement, l’innovation locale et l’insertion des jeunes entreprises dans les réseaux technologiques mondiaux. 

En installant un accélérateur de renommée mondiale au cœur du Technopark, ce projet devrait structurer l’accompagnement des jeunes entreprises innovantes, attirer les investissements étrangers et renforcer l’attractivité du pays pour les talents. 

Présent dans plus de 60 pays, Plug and Play offre aux start-up marocaines un réseau international de plus de 550 partenaires corporates et technologiques, consolidant ainsi l’ambition du Royaume de devenir un acteur majeur de l’innovation sur le continent africain. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On mardi, 03 juin 2025 11:59 Written by

En quinze ans, les avancées technologiques ont remodelé de marché des télécoms et du numérique en Afrique, créant à la fois des opportunités et des défis. Cependant, l’inadaptation des régulations freine un essor harmonieux, limitant le plein potentiel du secteur et son impact économique.

En 2024, dix pays africains ont atteint le plus haut niveau de maturité réglementaire dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) et de la gouvernance numérique. Parmi eux, le Burkina Faso et le Sénégal ont rejoint la catégorie G3, aux côtés de plusieurs pays d’Europe, d’Amérique et d’Asie. Ce niveau correspond à un écosystème réglementaire propice aux investissements, à l’innovation et à l’accès universel. Sur sa plateforme https://app.gen5.digital/ consultée le 3 juin 2024, l'Union internationale des télécommunications (UIT) révèle qu'ils ne sont désormais qu’à quelques points du niveau G4, le plus élevé, qui caractérise une régulation intégrée, alignée sur des objectifs de développement économique et social.

Top10 des pays africains avec le meilleur écosystème de réglementation des TIC

Pays

points 2024

Niveau 2024

points 2023

Niveau 2023

1

Kenya

93

G4

71,91

G3

2

Nigeria

92

G4

64,81

G2

3

Af. du Sud

88

G4

69,29

G2

4

Malawi

87,50

G4

59,57

G2

5

Egypte

87

G4

69,29

G2

6

Rwanda

85,67

G4

63,58

G2

7

Maroc

85,50

G4

58,49

G2

8

Ouganda

85

G4

55,56

G2

9

Burkina F.

84

G3

48,77

G2

10

Sénégal

82,67

G3

50

G2

Source : UIT

Dans son référentiel G5, l’UIT, classe 193 pays selon quatre niveaux de maturité réglementaire, évalués à travers 70 indicateurs regroupés en quatre piliers : gouvernance collaborative nationale ; principes de conception des politiques ; instruments de développement numérique ; agenda politique de l’économie numérique. L’indice, noté sur 100 points, distingue quatre niveaux de maturité réglementaire. G1 (limité) : 0-40 points – Marchés monopolistiques, approche autoritaire ; G2 (intermédiaire) : 40-70 points – Libéralisation partielle et privatisation ; G3 (avancé) : 70-85 points – Cadre favorable à l’innovation et à la concurrence ; G4 (leader) : 85-100 points – Régulation harmonieuse, moteur de transformation numérique.

Des progrès, mais pas assez

Entre 2023 et 2024, les pays africains ont accomplis des progrès significatifs dans leur régulation des TIC. La pandémie de Covid-19 a agi comme un catalyseur, révélant dès 2020 l’urgence de transformation numérique mais également les lacunes réglementaires à combler, notamment dans la révision de gestion du spectre et la fiscalité des services numériques.

Le résultat est visible aujourd’hui. La majorité des pays africains classés G1 et G2 en 2023 ont progressé vers le niveau G3. Seuls trois pays affichent encore un très faible niveau de maturité réglementaire, signe d’une dynamique positive.  

Bien que cette évolution soit louable, elle est tout même encore en dessous des objectifs fixés par l’UIT : l’atteinte du niveau G4 par la majorité, pour une économie numérique au service du développement socioéconomique du continent. Pour y parvenir, il est impératif d’investir dans les capacités institutionnelles, de renforcer la coopération régionale, et d’adopter des politiques inclusives pour que le numérique profite à tous.

Muriel EDJO

Edité par Sèna D. B. de Sodji

Classement des pays africains

Pays

Point 2024

Niveau 2024

Point  2023

Niveau 2023

11

Libéria

82,33

G3

41,82

G2

12

Botswana

82

G3

55,09

G2

13

Tanzanie

81,67

G3

55,25

G2

14

Ghana

81

G3

64,20

G2

15

Maurice

80,50

G3

62,81

G2

16

Seychelles

79,50

G3

20.37

G1

17

Eswatini

79

G3

48,92

G2

18

Zambie

78,33

G3

49.07

G2

19

Guinée

76,33

G3

33,80

G1

20

Tunisie

75,83

G3

39,35

G1

21

Angola

75,67

G3

28,55

G1

22

Cameroun

75,67

G3

38,27

G1

23

Soudan

75,50

G3

59.10

G2

24

Comores

74,17

G3

30,56

G1

25

Cap-Vert

74

G3

50

G2

26

Côte d'Iv.

74

G3

50

G2

27

Gambie

72,67

G3

41,36

G2

28

Sao Tomé-et-Principe

72,67

G3

27,62

G1

29

Togo

71,67

G3

43,83

G2

30

Lesotho

70,50

G3

28,86

G1

31

Mozambique

70,50

G3

22.22

G1

32

Zimbabwe

70,33

G3

56,94

G2

33

Bénin

70

G3

67,59

G2

34

RD Congo

70

G3

41,82

G2

35

Namibie

68,67

G2

34,88

G1

36

Niger

68

G2

40,59

G2

37

Mali

67

G2

44,91

G2

38

Algérie

66

G2

50,93

G2

39

Mauritanie

66

G2

44,29

G2

40

Gabon

64

G2

29,78

G1

41

Sierra Leone

61,17

G2

38,27

G1

42

Burundi

60,67

G2

26,70

G1

43

Tchad

58,67

G2

41,36

G2

44

RCA

53,50

G2

26,54

G1

45

Soudan du Sud

53,17

G2

   

46

Ethiopie

52

G2

50,62

G2

47

Somalie

50,50

G2

22.22

G1

48

Guinée-B.

50,33

G2

26,85

G1

49

Guinée Eq.

50

G2

17,59

G1

50

Érythrée

14

G1

8.33

G1

51

Libye

12,67

G1

3,70

G1

52

Djibouti

4,50

G1

23.15

G1

Source : UIT

G1 ou limité : 0 à 40 points

G2 ou intermédiaire : 40 à 70 points

G3 ou avancé : 70 à 85 points

G3 ou leader : 85 à 100 points

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Posted On mardi, 03 juin 2025 08:28 Written by
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