Le secteur de la fintech connaît une croissance fulgurante à travers l’Afrique, ouvrant de nouvelles opportunités économiques et technologiques. Le Rwanda entend capitaliser sur cette dynamique pour positionner son économie comme un centre névralgique de l’innovation financière sur le continent.
Le Rwanda a dévoilé, le jeudi 28 novembre, une stratégie nationale de fintech pour une période de cinq ans. Cette feuille de route vise à développer un écosystème propice à l’innovation financière et à positionner le pays comme un centre financier régional.
« Cette stratégie ne représente pas seulement un document politique, mais aussi l’engagement de notre pays à positionner le Rwanda comme un centre de technologie financière de premier plan en Afrique. En 2014, nous n’avions que 3 entreprises fintech enregistrées ; aujourd’hui, nous comptons plus de 75 acteurs fintech actifs, au service de plus de 3 millions d’utilisateurs à travers le pays », a déclaré Paula Ingabire (photo), ministre des TIC et de l’Innovation.
En effet, depuis plusieurs années, le Rwanda investit massivement dans les TIC pour moderniser son économie et renforcer l’accès aux services financiers. Cette nouvelle stratégie s’inscrit donc dans la continuité de ces efforts, avec des résultats probants. Selon les sources officielles, le taux d’inclusion financière est passé de 93 % en 2020 à 96 % en 2023. Ces avancées témoignent d’une volonté affirmée de transformer le pays en un modèle d’économie numérique sur le continent.
Avec l’objectif d’accueillir 300 acteurs fintech d’ici 2029, de créer 7500 emplois directs et d’attirer 200 millions de dollars d’investissements, cette stratégie pourrait redéfinir l’économie rwandaise. Le gouvernement ambitionne ainsi d’atteindre un taux d’adoption de 80 % des services fintech, de se hisser parmi les 30 premiers pays de l’indice mondial de fintech et de devenir le principal hub technologique et financier en Afrique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le Nigeria cible un taux de pénétration du haut débit de l’ordre de 70 % d’ici 2025. Au 31 octobre, ce taux était de 42,27 %, d’après le régulateur télécoms.
Galaxy Backbone (GBB), société publique nigériane spécialisée dans la fourniture de solutions et produits TIC, a annoncé le lundi 2 décembre la signature d’un accord de partenariat avec le fournisseur d’infrastructures numériques panafricain WIOCC. Les deux parties entendent combiner leurs atouts en matière d’infrastructures pour étendre l’accès au haut débit au Nigeria, où le taux de pénétration est de 42,27 %, selon les données officielles.
Press Release: GBB & WIOCC sign MOU to Boost Internet Connectivity Across Nigeria.#connectingorganisations #connectingpeople #fibreconnectivity #Digitalinfrastructure @WIOCC_ @FMCIDENigeria @Galaxybackbone @IbrahimAdeyanju pic.twitter.com/lw4r4ZrPxi
— Galaxy Backbone (@Galaxybackbone) December 2, 2024
Des statistiques de la Nigerian Communications Commission (NCC) datant de fin octobre 2024 montrent que le pays compte 91,57 millions d’utilisateurs du haut débit. De plus, le nombre d’abonnés aux services Internet s’élève à 134,78 millions sur une population estimée à 216 millions. L’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) estime dans son « The State of Mobile Internet Connectivity Report 2024 » que 120 millions de Nigérians n’utilisent pas du tout l’Internet.
« Ce partenariat améliorera la capacité d'adaptation, l'efficacité et la qualité des services pour les entreprises et les institutions gouvernementales. Il vise également à réduire la fracture numérique en étendant l'accès au haut débit dans les régions mal desservies et en favorisant des partenariats avec les opérateurs de réseaux mobiles (MNO) pour stimuler l'économie numérique du Nigeria », a déclaré GBB dans un communiqué.
Le partenariat entre Galaxy Backbone et WIOCC devrait contribuer à étendre la couverture du réseau haut débit au Nigeria. La plateforme « DataHub » de l’Union internationale des télécommunications (UIT) indique que les réseaux 3G, 4G et 5G couvrent respectivement 89,4 %, 84,2 % et 11,8 % de la population nigériane.
Cependant, il est important de rappeler que l'extension du réseau ne signifie pas automatiquement une adoption accrue des services. Plusieurs obstacles peuvent freiner les populations, d’après la GSMA. Il s'agit notamment du manque de sensibilisation à l’Internet mobile, du coût élevé des appareils et des données, du faible niveau d’alphabétisation et de compétences numériques, de la pertinence perçue des services, des préoccupations liées à la sécurité, des normes sociales ainsi que de l’expérience utilisateur offerte par la connectivité.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le gouvernement ghanéen a fait de la transformation numérique un des piliers du développement socioéconomique du pays. L’exécutif multiplie donc les initiatives pour introduire les TIC dans tous les secteurs d'activité, dont l’éducation.
Le ministère de l’Éducation du Ghana a entamé une révision de sa politique des TIC dans l’éducation afin de l’actualiser et de répondre de manière adéquate aux nouveaux défis du secteur. L’initiative est soutenue par des partenaires stratégiques tels que le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’ONG World Vision International.
Plus spécifiquement, la politique actualisée vise à améliorer les infrastructures TIC dans les écoles, renforcer les compétences numériques des enseignants et exploiter les TIC pour améliorer la gestion de l'éducation.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre des réformes stratégiques lancées par le ministère de l'Éducation pour transformer l'enseignement et l'apprentissage, et améliorer les résultats scolaires, conformément au plan stratégique pour l'éducation (ESP 2018-2030). En ce qui concerne les TIC, l’exécutif cherche à encourager chez les enfants l'intérêt et les compétences nécessaires pour utiliser ces technologies. Accra veut également doter les apprenants du niveau préuniversitaire de compétences numériques, intégrer les TIC dans la gestion du système éducatif et transformer la formation des enseignants ainsi que l’enseignement supérieur à travers des dispositifs de formation technologique.
« Notre objectif est d'améliorer l'intégration des TIC dans le programme scolaire, l'enseignement et l'évaluation, afin de former des apprenants du 21e siècle dotés de compétences numériques dans notre système éducatif », a déclaré Peter Tettey, responsable de la politique des TIC dans l’éducation.
Le gouvernement ghanéen s’attend à ce que la mise en œuvre de la politique actualisée améliore significativement la prestation et la gestion de l'éducation au Ghana. Pour ce dernier volet, l’UNESCO estime que l’introduction des TIC « permet d’élargir l’éventail des données collectées sur les écoles et les élèves, et de les relier afin de produire des analyses précises des trajectoires d’apprentissage et des facteurs qui les influencent ». L’organisation ajoute que ces données peuvent être utilisées pour personnaliser l’apprentissage, suivre les enfants marginalisés et prévenir le désengagement ainsi que l’abandon scolaire précoce.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’intégration des technologies numériques transforme progressivement la gestion du trafic routier, offrant des solutions innovantes pour fluidifier la circulation et renforcer la sécurité. En Afrique, ces initiatives prennent de l’ampleur, illustrant la volonté des pays de moderniser leurs infrastructures de transport.
Le ministre sénégalais des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye (photo, à droite), a reçu, le vendredi 29 novembre, Terry HE (photo, à gauche), le président de Huawei Northern Africa (Afrique du Nord, de l’Ouest et Centrale). Les discussions ont porté sur la mise en œuvre d'un projet de numérisation du trafic routier, conçu pour fluidifier la circulation et renforcer la sécurité sur les routes du pays.
Le Ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, Monsieur Malick Ndiaye, a reçu, ce vendredi 29 novembre, deux importantes délégations : le Président de Huawei Afrique, Monsieur Hetao He, et le Directeur régional Afrique de l’Ouest de la Banque africaine de pic.twitter.com/nzVpE7Tn4C
— Ministère des Infrastructures et des Transports (@MITTA_SN) November 29, 2024
Lors de la rencontre, plusieurs ajustements ont été validés pour maximiser l’impact du projet. Un maillage intégral de la région de Dakar a été décidé, avec une répartition optimisée des dispositifs numériques pour une couverture efficace. Par ailleurs, le nombre de radars sera doublé, en ciblant particulièrement les zones interurbaines identifiées comme étant à haut risque d’accidents. Le projet inclut également la formation et l’immersion de 10 ingénieurs sénégalais, qui auront pour mission d'assurer la gestion autonome des plateformes et infrastructures numériques mises en place dans le cadre du projet.
Cette visite intervient un mois après la présentation, par Huawei, aux membres du gouvernement sénégalais, du système de transport intelligent et connecté conçu pour la ville de Dakar. Ce projet s’inscrit pleinement dans la stratégie de transformation numérique en cours au Sénégal, visant à moderniser les infrastructures tout en intégrant des solutions technologiques innovantes pour relever les défis liés à la mobilité urbaine et nationale.
Le projet, dont la mise en œuvre est prévue dès l’année prochaine, ambitionne d’améliorer significativement la fluidité de la circulation, de réduire les accidents de manière notable et d’optimiser le contrôle des infractions routières. Par ailleurs, la formation d’ingénieurs sénégalais contribuera au renforcement des capacités technologiques nationales, garantissant la durabilité du projet tout en favorisant le développement de compétences locales dans des secteurs numériques stratégiques.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Il est un leader inspirant, animé par la volonté de promouvoir l’innovation technologique et de stimuler le développement entrepreneurial. Entrepreneur et créateur d’écosystèmes de start-up, il s’investit dans l’utilisation de la technologie comme moteur du développement durable en Afrique.
Ayuk Etta (photo) est un entrepreneur en série camerounais, reconnu pour son expertise dans les domaines de la technologie et du développement durable. Il est cofondateur et président-directeur général de Mountain Hub, un centre d’innovation et de technologie.
Mountain Hub accompagne les entrepreneurs sous-financés en Afrique francophone subsaharienne, en leur proposant des services de création d’entreprise, d’incubation et d’accélération. Sa mission est de favoriser la réussite des start-up grâce à un éventail de programmes et d’événements conçus pour les soutenir dans leur lancement, leur croissance et leur expansion.
En collaborant avec les entrepreneurs, Mountain Hub agit comme un cofondateur, transformant des idées novatrices, des technologies et des modèles d’affaires en entreprises à forte croissance. Le centre offre également un appui dans des domaines clés tels que la levée de fonds, la comptabilité, les aspects juridiques et les ressources humaines.
Ayuk Etta est le président de Mountain Angel Network, une société d’investissement dédiée au soutien de projets technologiques. Il dirige aussi Iknite, une start-up studio. Il est le fondateur du Cameroon International Tech Summit (CITSCM). Ce sommet annuel vise à transformer l’écosystème technologique et d’innovation du Cameroun en réunissant des innovateurs, entrepreneurs, entreprises, universités, gouvernements, organisations de développement et ambassades.
En 2015, Ayuk Etta a fondé Skylabase, une start-up spécialisée dans le développement de logiciels pour la microfinance et la santé, où il a occupé le poste de président-directeur général jusqu’en 2019.
Le Camerounais est diplômé de l’université de Buea où il a obtenu en 2014 un bachelor en génie logiciel informatique. Sa carrière a débuté en 2010 à Diligent Bilingual Foundation, où il a dirigé la mise en place de laboratoires informatiques. En 2013, il est devenu ingénieur logiciel chez ActivSpaces, un centre d’innovation technologique camerounais. Par la suite, en 2017, il a rejoint Kuelap, une fintech, d’abord en tant que partenaire, avant de devenir directeur général pour l’Afrique en 2019.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Fondée en 2013, l’Alliance Smart Africa est une organisation panafricaine visant à faire de l’Afrique un marché numérique unique d’ici 2030. Alors que le numérique s’impose comme un levier clé pour le développement du continent, cette mission prend une importance particulière face aux nombreux défis à relever. Lors des Assises de la Transformation Digitale (ATDA) 2024 à Abidjan, son directeur général, Lacina Koné, a partagé avec l’agence Ecofin les actions menées par l’organisation et sa vision pour l’avenir du numérique en Afrique.
Agence Ecofin : Quels sont les principaux projets de Smart Africa ?
Lacina Koné : Nous menons actuellement 34 initiatives, réparties selon quatre grands piliers : la connectivité, l'innovation, la transformation et l'accélération. Chaque pays membre de l’alliance choisit un projet phare correspondant à ses priorités en technologies émergentes. Nous élaborons ensuite une note conceptuelle, un schéma directeur, et mettons en place un projet pilote. Si ce dernier est concluant, il est confié à des partenaires privés pour un déploiement national ou continental.
Un exemple est le projet One Africa Network, avec le slogan « Roam like at home ». Il vise à supprimer les frais de roaming pour les Africains se déplaçant entre pays, comme cela existe déjà en Europe. Des pilotes ont été lancés en Afrique de l’Est (Rwanda, Kenya, Ouganda, Tanzanie, etc.), puis étendus à l’Afrique de l’Ouest, notamment avec des accords récents entre la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin.
Un autre projet essentiel concerne l’identité numérique. La transformation numérique ne peut se faire sans une identification fiable des citoyens, car les données appartiennent toujours à quelqu’un.
AE : Quels sont les principaux défis freinant l’essor du numérique en Afrique et la réduction de la fracture digitale ?
LK : Le principal défi est le cadre réglementaire. Il s’agit non seulement de concevoir des règles, mais aussi de les harmoniser à l’échelle continentale. L’Afrique, avec ses 1,4 milliard d’habitants, ne peut être vue à travers le prisme d’un seul pays. L’harmonisation des politiques est essentielle pour attirer des financements. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le problème n’est pas l’accès aux fonds, mais plutôt l’environnement réglementaire nécessaire pour les sécuriser.
Par ailleurs, les États africains ont souvent été formatés pour réguler sans nécessairement promouvoir l’innovation. Or, dans la plupart des pays du monde, le secteur privé mène l’innovation, et l’État suit pour s’adapter, à l’exception de quelques cas comme l’Estonie.
AE : Smart Africa investit-elle dans le renforcement des compétences des jeunes Africains ?
LK : Absolument. La transformation commence par l’information. Nous avons remarqué que même les décideurs manquent parfois de compréhension sur certains sujets. Pour y remédier, nous avons lancé l’Académie numérique de Smart Africa (SADA) il y a quatre ans. Aujourd’hui, elle fonctionne de manière autonome grâce à un financement de 20 millions de dollars sur cinq ans.
SADA cible plusieurs groupes : les décideurs politiques, les fonctionnaires avancés en technologies, les entrepreneurs technologiques, ainsi que le grand public. Elle met l'accent sur les STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques), avec une approche d’apprentissage par la pratique plutôt que par la mémorisation.
Cependant, ces efforts doivent être accompagnés par des réformes éducatives nationales. La réalité est que les grandes entreprises technologiques mondiales ne recrutent plus sur la base des diplômes, mais sur les talents. Nous devons préparer notre jeunesse en tenant compte de ce changement.
AE : Smart Africa joue-t-elle un rôle de conseil auprès des États pour des politiques numériques adaptées ?
LK : Oui, c’est une de nos missions clés. Nous travaillons avec des partenaires comme l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) et la Commission économique pour l’Afrique (CEA) sur des questions comme la taxation des technologies émergentes. Chaque pays africain a ses propres défis financiers et de souveraineté.
Cependant, il est important de comprendre que l’économie numérique est un levier clé pour le développement, bien plus que l’agriculture, souvent perçue comme centrale. Par exemple, le numérique permet de fournir des services bancaires sans banque, de la télémédecine sans hôpital, et de l’éducation en ligne sans université. C’est un secteur crucial pour accélérer le développement socio-économique. Et nous travaillons pour que les décideurs politiques prennent conscience de ce fait et changent de mindset. C’est vrai que les pressions de trésorerie obligent parfois les gouvernants à taxer le numérique, mais nous travaillons à ce qu’ils voient les possibilités qui existent au-delà de cela - notamment en ce qui concerne la formalisation du secteur informel qui représente jusqu’à 70% de l’économie du continent- grâce au numérique.
AE : Quel rôle le numérique peut-il jouer dans la ZLECAf, notamment pour l’interopérabilité des paiements transfrontaliers ?
LK : L’Afrique compte plus de 30 banques centrales. Les pays avec des banques centrales autonomes collaborent souvent plus facilement sur les paiements transfrontaliers que ceux regroupés dans des zones monétaires comme l’UEMOA ou la CEMAC.
Nous avons réalisé des pilotes en 2023, notamment entre le Ghana (cédi) et le Togo (CFA), ainsi qu’entre le Rwanda et la RDC. Ces initiatives visent à réduire les coûts des transferts grâce à des mécanismes comme le mobile money. Cependant, lorsque les devises doivent passer par l’euro ou le dollar, les coûts augmentent. L’interopérabilité est un enjeu majeur qui nécessite des décisions politiques concertées. Et nous pensons que l’innovation sera l’une des clés pour régler ce problème.
AE : Pouvez-vous expliquer le projet Smart Africa Trust Alliance (SATA) ?
LK : SATA vise à interconnecter les systèmes d’identification numérique des pays africains tout en respectant leur souveraineté. Par exemple, une personne venant du Bénin avec une carte d’identité pourrait obtenir des services en Côte d’Ivoire, comme une carte SIM, sans que l’authenticité de son document soit remise en question.
Ce projet, déjà adopté par 15 pays, renforce la transparence et la confiance entre les États, facilitant ainsi la libre circulation des personnes et des services.
AE : Le secteur numérique a-t-il de beaux jours devant lui en Afrique ?
LK : Oui, et je dirais même que l’avenir de l’Afrique dépend du numérique. L’information, lorsqu’elle est partagée, se multiplie, contrairement aux ressources matérielles qui se divisent.
Le numérique permet à un entrepreneur ivoirien de viser 1,4 milliard de consommateurs africains, avec des habitudes similaires, alors que d’autres secteurs comme l’agriculture restent limités à des marchés locaux. L’Afrique a un potentiel immense, et ce potentiel repose sur le numérique.
Propos recueillis par Moutiou Adjibi Nourou
Le gouvernement ghanéen a fait du numérique un des leviers du développement socioéconomique du pays. Par exemple, l’exécutif prévoit de lancer un fonds de 5 millions $ pour soutenir l’innovation technologique dans le pays.
Ursula Owusu-Ekuful (photo, au centre), ministre des Communications et de la Numérisation du Ghana, a officiellement lancé la semaine dernière la politique et la stratégie de l’économie numérique. Il s’agit d’une feuille de route visant à exploiter les technologies numériques pour favoriser la croissance économique, améliorer les services publics et garantir un accès équitable aux ressources numériques.
Selon la ministre, la feuille de route est basée sur cinq principaux domaines d’intervention : l’entrepreneuriat, les compétences numériques, le gouvernement numérique, l’accès universel et les technologies émergentes.
La politique viendra renforcer et accélérer les efforts du Ghana en matière de transformation numérique. Selon l'indice de développement de l'e-gouvernement (EGDI) 2024 du Département des affaires économiques et sociales des Nations unies (DAES), le pays se classe au 108e rang mondial avec un score de 0,6316 sur 1.
Bien que le Ghana surpasse la moyenne de l'Afrique de l'Ouest (0,3957) et celle du continent africain (0,4247), il demeure légèrement en deçà de la moyenne mondiale, qui est de 0,6382. En ce qui concerne le développement des TIC, le pays obtient un score de 66,2 sur 100, selon l'Union internationale des télécommunications (UIT). Cependant, cette dernière considère le Ghana comme un modèle mondial en matière de cybersécurité.
« En alignant les efforts numériques avec la création d'emplois et la croissance du PIB, la politique cherche à faire en sorte que la technologie devienne un moteur puissant pour un développement inclusif, réduisant la pauvreté et renforçant la prospérité pour tous les Ghanéens », a déclaré le ministère des Communications et de la Numérisation dans un communiqué.
Pour rappel, une étude conjointe de la Société financière internationale (SFI) et de Google prévoit que l'économie numérique en Afrique atteindra une valeur d'au moins 712 milliards de dollars d'ici 2050, soit environ 8,5 % du PIB continental. D'après les données du Ghana Statistical Service (GSS), le secteur des TIC a contribué à hauteur de 21 milliards de cedis ghanéens (1,36 milliard $) au PIB national en 2022, représentant ainsi environ 4 % de l'économie. À titre de comparaison, cette contribution s'élevait à seulement 4,4 milliards de cédis en 2016.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique dans le secteur de la microfinance en Afrique est devenue un enjeu majeur pour améliorer l’inclusion financière. Elle permet d’offrir un meilleur accès aux services financiers, en particulier pour les populations éloignées des agences traditionnelles.
L’organisation internationale d’aide au développement des zones défavorisées en Afrique, CIDR-Pamiga, poursuit son engagement pour la numérisation des institutions de microfinance (IMF) sur le continent. Dans le cadre de la deuxième phase de son projet de finance digitale, initié en 2015, l’organisation a décidé de soutenir six IMF réparties entre le Bénin (RENACA et ACFB), l’Éthiopie (WASASA), Madagascar (Vola Mahasoa et CECAM) et le Sénégal (CAURIE-MF).
« Le projet prévoit de développer des services digitaux adaptés aux besoins des populations rurales, de renforcer la capacité des IMF à gérer leurs risques liés au digital afin d’assurer leur pérennité et leur croissance, et d’accompagner les IMF dans le développement de leur mission sociale en mettant en place de nouveaux produits et services financiers et non financiers à fort impact », explique l’Agence française de développement (AFD) dans un communiqué publié le lundi 2 décembre.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte où la numérisation joue un rôle de plus en plus crucial dans l’inclusion financière en Afrique subsaharienne. Les zones rurales, souvent peu ou mal desservies par les infrastructures bancaires classiques, profitent particulièrement des innovations comme le mobile banking et les réseaux d’agents tiers, qui facilitent l’accès aux services financiers essentiels. En soutenant la transformation numérique des IMF et en développant des produits à fort impact, CIDR-Pamiga souhaite contribuer activement à réduire le fossé numérique tout en favorisant un développement durable et inclusif.
Pour les bénéficiaires, cette seconde phase promet des avancées majeures telles qu’un accès élargi à des services numériques, une meilleure gestion des transactions, et des produits adaptés à leurs besoins. Parmi les objectifs visés : 30 % des transactions effectuées via mobile banking ou des agents tiers, une couverture numérique pour 50 % des clients des IMF, avec une attention particulière portée aux femmes et aux populations rurales, et le développement de nouveaux produits à fort impact.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le gouvernement djiboutien s’est engagé à faire du numérique un des axes du développement socioéconomique du pays. Pour y parvenir, l’exécutif veut assurer la sécurité de l’écosystème numérique national en pleine croissance.
Djibouti dispose désormais d’une stratégie nationale de cybersécurité pour la période 2024-2030. Ce référentiel en matière de cybersécurité vise à renforcer la sécurité numérique du pays, en alignement avec son ambition de devenir un hub numérique régional fiable. Il a été élaboré par l’Autorité nationale de Cybersécurité (ANCS) et publié officiellement le jeudi 28 novembre.
Ce matin, la stratégie nationale de cybersécurité 2024-2030 a été officiellement lancée, accompagnée de la remise des prix aux 4 gagnants du hackathon ! 🏆 P(1/2) pic.twitter.com/Ft81PE8Dmz
— MDENI (@MENIDjib) November 28, 2024
Le document repose sur cinq piliers principaux, à savoir : le renforcement des institutions et du cadre de gouvernance, la protection des infrastructures critiques, l’intensification de la lutte contre la cybercriminalité, la formation des citoyens et des experts en cybersécurité, ainsi que la coopération nationale et internationale.
Le lancement de cette stratégie coïncide avec la première édition de la compétition Hackathon Cybersécurité - Djibouti 2024, un événement qui vise à mobiliser les talents locaux pour relever des défis technologiques liés à la cybersécurité. Ce projet s’inscrit également dans la vision « Djibouti Vision 2035 », le plan de développement national qui place la transformation numérique et la résilience face à la cybercriminalité au cœur des priorités.
Selon le rapport Global Cybersecurity Index 2024 publié par l’Union internationale des télécommunications (UIT) en septembre, Djibouti a montré un engagement notable dans le domaine de la cybersécurité, bien que des améliorations restent nécessaires. Le pays se classe dans le Tier 4 avec un score de 31,47 sur 100, ce qui souligne la nécessité de renforcer ses capacités dans ce domaine.
Avec cette nouvelle stratégie, Djibouti espère non seulement améliorer son classement, mais également bâtir un écosystème numérique résilient et sécurisé, essentiel pour stimuler une économie numérique florissante. Ces efforts visent à positionner Djibouti comme un acteur clé de la cybersécurité en Afrique de l’Est, à attirer davantage d’investissements et à renforcer sa compétitivité sur la scène régionale et internationale.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique représente aujourd'hui une priorité stratégique pour les pays africains qui aspirent à un développement inclusif et durable. Avec le soutien d'initiatives internationales, des projets innovants sont en cours afin d’élargir l'accès aux technologies.
Le gouvernement italien en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) au Sénégal et le ministère sénégalais de la Communication, des Télécommunications et du Numérique (MCTN) a lancé le jeudi 28 novembre une initiative majeure visant à réduire la fracture numérique et à promouvoir une croissance inclusive en Afrique. Ce projet phare, qui s’inscrit dans le cadre du Plan Mattei Italie–Afrique, cible quatre pays : le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Mozambique.
🇮🇹 @ItalyinSenegal et le PNUD au Sénégal, en collaboration avec le @mctngouvsn, lancent aujourd'hui une initiative numérique majeure pour combler la fracture numérique en Afrique.
— PNUD Sénégal (@PNUDSenegal) November 28, 2024
👉Pour en savoir plus consultez notre communiqué: https://t.co/tvVP8ADeI5#AfriqueOuestNumérique pic.twitter.com/axW5K716TE
« Le PNUD est honoré de soutenir le gouvernement italien dans la mise en place d’investissements stratégiques pour faire avancer le développement numérique en Afrique. Cette initiative met en lumière le rôle crucial de la collaboration internationale pour réduire le déficit de financement de l’Afrique et accélérer les progrès vers les ODD grâce à l’innovation numérique », a déclaré Catherine Phuong, représentante résidente adjointe du PNUD au Sénégal.
Cette initiative intervient alors que l’Afrique fait face à un déficit de financement, estimé à 1600 milliards de dollars, pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030, selon un rapport conjoint de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et de l’Union africaine (UA), intitulé « Dynamiques du développement en Afrique 2023 ». En exploitant les technologies numériques, l'initiative vise à dynamiser des secteurs clés comme la santé, l’éducation, l’agriculture et la gouvernance, tout en améliorant les services publics.
Pour le Sénégal, ce projet répond à des ambitions nationales claires définies dans la stratégie numérique du pays, en cours d’élaboration. Ces priorités incluent la modernisation des infrastructures, l’élargissement de l’accès aux outils numériques et la création d’un écosystème numérique inclusif.
Une fois mis en œuvre, le projet devrait permettre au Sénégal d’accélérer sa transformation numérique, de renforcer sa compétitivité économique et de favoriser une croissance durable. En améliorant la qualité de vie des citoyens, il devrait contribuer également à positionner le pays comme un modèle de transformation numérique en Afrique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Durant l’année 2024 qui s’achève, la Côte d’Ivoire a réussi à concrétiser plusieurs projets destinés à améliorer l’inclusion numérique des populations. Cependant, des défis demeurent.
Le ministère de la Transition numérique et de la Digitalisation a annoncé, le lundi 25 novembre, l'approbation de son budget par la Commission des affaires économiques et financières de l’Assemblée nationale. D’un montant de 60,78 milliards FCFA (environ 96,8 millions $), il permettra, entre autres, d’améliorer la connectivité, d’offrir un accès équitable aux technologies, de promouvoir les compétences numériques et de soutenir les jeunes et les femmes dans le numérique.
Pour l’année 2025, le ministère alloue 8,1 milliards FCFA aux investissements et 5,7 milliards FCFA aux dépenses du personnel. Le budget est réparti en quatre programmes dont 1,9 milliards FCFA pour l’administration générale, 19,9 milliards FCFA pour l’économie numérique et la poste, 35,5 milliards FCFA pour la taxe pour le développement des nouvelles technologies dans les zones rurales et 4,6 milliards FCFA pour soutenir l’activité du secteur des communications électroniques.
Pour mener à bien ces programmes, le ministère les a répartis en plusieurs activités pour atteindre les résultats escomptés. La poursuite de mise en œuvre du Projet d'appui au renforcement de l'administration électronique (PARAE), la formation de 265 spécialistes dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, l’organisation du forum Ivoiretech ou encore le renforcement des capacités des agents de l'Etat à l'utilisation des outils informatiques sont, entre autres, des activités à mener pour le compte de l’année 2025.
La promotion d’un écosystème numérique innovant, la réduction de la fracture numérique grâce à des investissements dans les zones rurales et le renforcement de la régulation des TIC pour un développement sécurisé sont des objectifs à atteindre pour le ministre de la Transition numérique et de la Digitalisation, Kalil Konaté (photo). Pour rappel, la Côte d’Ivoire affiche en 2024 un indice de développement des TIC de 65,3 sur 100, selon l’Union internationale des télécommunications. Quant à l’indice de développement de l’administration en ligne, le score de la nation éburnéenne s’est établi à 0,5587 sur 1 en 2024, mieux qu’en 2022 où il était 0,5467.
Adoni Conrad Quenum
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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A partir de 2016, les autorités guinéennes ont accéléré les efforts pour prendre le contrôle du nom de domaine national. Cette ressource était alors gérée par le registre PSGNet basé aux Etats-Unis.
Le gouvernement guinéen a finalisé le rapatriement de la gestion du domaine national de premier niveau .GN « après plus de 20 ans d’efforts et de détermination ». Le ministère des Postes, Télécommunications et de l'Economie numérique a annoncé le mercredi 27 novembre que le lancement officiel est prévu pour le 4 décembre.
Le gouvernement guinéen a engagé en 2016 les discussions sur le rapatriement de la gestion du nom de domaine alors géré par le registre PSGNet basé aux Etats-Unis. C’est en 2017 qu’un décret signé par l’ex-président de la République, Alpha Condé, a finalement fixé les règles de gestion technique et administrative du domaine Internet national. En janvier 2022, Aminata Kaba, alors ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique, s’est vu confier la mission de reprendre la gestion du domaine national de premier niveau.
La reprise du contrôle du nom de domaine national représente des enjeux pour la souveraineté numérique de la Guinée qui a fait du numérique un des piliers de son développement socioéconomique. Cela peut également contribuer à renforcer la sécurité du cyberespace national dans ce contexte de transformation numérique accéléré. Dans son « Global Cybersecurity Index 2024 », l’Union internationale des télécommunications (UIT) a classé la Guinée dans la catégorie Tier 3 regroupant des pays « ayant obtenu un score global d'au moins 55/100 en démontrant un engagement de base en matière de cybersécurité ».
« Le monde dans lequel nous évoluons est profondément transformé par la technologie, et l'avenir de notre indépendance repose en grande partie sur notre capacité à maîtriser nos infrastructures numériques. La Guinée se doit, plus que jamais, de tracer sa propre voie en matière de développement technologique, en assurant la sécurité de ses données, en favorisant l'innovation locale, et en offrant à chaque citoyen un accès équitable à l'information et aux services numériques », a déclaré Rose Pola Pricemou, ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique, dans le Bulletin numérique du ministère pour le mois d’octobre.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Sans sécurité garantie, la transformation numérique en Afrique est vouée à l’échec. Au Congo, où les TIC sont en plein essor grâce à d’importants investissements, l’accent est mis entre autres sur la protection des systèmes numériques et des utilisateurs en ligne.
Léon Juste Ibombo (photo), ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique, a prononcé, lundi 25 novembre, le discours inaugural de la deuxième édition du Forum Brazza Cybersecurity. Il a mis en avant l’importance de la sécurité numérique face à la montée exponentielle des menaces cybernétiques dans tous les secteurs de la vie, et a soutenu qu’elle est au cœur du développement stratégique du Congo.
« La cybersécurité n'est plus un choix, mais une nécessité impérieuse dans un monde de plus en plus connecté », ajoute Léon Juste Ibombo.
Depuis quelques mois, le pays multiplie les partenariats stratégiques dans le cadre de la stratégie nationale de transformation numérique « Congo Digital 2025 ». Bien que la cybersécurité figure parmi les objectifs prioritaires de cette initiative, le pays accuse un certain retard dans ce domaine. D’après le rapport « Global Cybersecurity Index 2024 » publié par l’Union internationale des télécommunications (UIT), le Congo est classé dans la catégorie Tier 4, avec un score de 27,61 sur 100 à l’indice mondial de cybersécurité. Ce classement révèle des lacunes significatives en matière de protection numérique et souligne la nécessité pour le pays d’accélérer ses efforts sur ce segment.
« Les pays en évolution sont ceux qui ont obtenu une note globale d'au moins 20/100 en faisant preuve d'un engagement fondamental en matière de cybersécurité dans le cadre d'actions menées par les pouvoirs publics, qui englobent l'évaluation, l'établissement ou la mise en œuvre de certaines mesures de cybersécurité généralement acceptées dans au moins un pilier, ou plusieurs indicateurs et/ou sous-indicateurs », explique l’UIT dans son rapport.
Il convient de signifier que le Congo est à la traîne dans quatre des cinq piliers qui composent cet indice. Outre les mesures juridiques où il a affiché un score de 14,12 sur 20, le pays a obtenu les scores de 0 sur 20 pour les mesures techniques, de 0,72 sur 20 pour le renforcement des capacités, de 3,9 pour les mesures organisationnelles et de 8,87 pour la coopération avec les autres pays de la sous-région, du continent et du monde.
Pour atteindre leur objectif de hub technologique, les autorités congolaises devront, entre autres, mettre en place des infrastructures techniques comme les centres de réponse aux incidents de sécurité informatique (CERT/CSIRT) et des mesures de protection contre les cybermenaces, investir dans la formation, la sensibilisation et la recherche pour développer les compétences en cybersécurité, se tourner vers les partenariats internationaux et régionaux pour lutter contre les cybermenaces, incluant la participation à des accords et initiatives de collaboration, etc.
Adoni Conrad Quenum
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L’Intelligence Artificielle se répand dans presque tous les secteurs d'activité. Elle offre de nombreux avantages pour l’Afrique, mais l’intégration limitée des langues du continent freine son adoption complète.
Orange s’engage à améliorer la représentation des langues africaines dans les systèmes d’Intelligence Artificielle (IA). Le groupe télécoms français a annoncé, mercredi 27 novembre, la signature d’un partenariat à cet effet avec OpenAI et Meta. Le lancement du projet, prévu pour le premier semestre 2025, vise à développer des intelligences artificielles capables de reconnaître et d’interagir avec les langues africaines.
Les langues d’Afrique de l’Ouest, telles que le wolof et le pulaar, seront les premières à être intégrées dans le projet. Elles seront incorporées dans les technologies Whisper d’OpenAI et Llama de Meta, deux modèles d’IA spécialisés dans la reconnaissance et la traduction linguistique.
Les modèles d’IA actuels sont majoritairement formés avec des données en anglais, ce qui limite la prise en charge des langues africaines. En raison de la rareté des données disponibles, ces langues sont sous-représentées dans les bases de données utilisées pour entraîner les IA. Pour y remédier, Orange fournira les données de ses applications locales, notamment dans les services clients, afin d’améliorer le traitement des langues africaines par les IA.
L’un des objectifs est de permettre aux utilisateurs d’Orange d’interagir avec le service client dans leur langue maternelle, rendant ainsi l’expérience utilisateur plus fluide et accessible. Les progrès réalisés durant la collaboration ne bénéficieront pas seulement aux services d’Orange, puisque les modèles développés seront également mis à disposition pour des projets non commerciaux, notamment dans les secteurs de la santé publique et de l’éducation.
En parallèle, Orange a signé un accord avec OpenAI pour accéder directement aux derniers modèles d’intelligence artificielle du groupe, disposant d'un traitement et d'un hébergement des données en Europe.
Servan Ahougnon
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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