Déjà bien ancrés dans les usages, les services de mobile money ont transformé le paysage financier malgache. Avec l’e-Ariary, monnaie numérique à cours légal, le pays espère renforcer l’inclusion financière, réduire les coûts liés au cash et franchir un cap dans la modernisation des paiements.
La Banque centrale de Madagascar a lancé, le vendredi 23 mai, une phase expérimentale de dix mois pour tester l’e-Ariary, la première version numérique officielle de la monnaie nationale. L’objectif est de réduire la dépendance au cash, de limiter les coûts de transaction, d’améliorer la traçabilité des flux financiers et de favoriser l’inclusion financière, en particulier en milieu rural.
« Nous espérons qu’à l’issue du processus, l’usage des billets sera réduit, car leur gestion coûte très cher à la Banque centrale. Le billet de 100 Ariary (0,022 $), par exemple, ne vaut pas le coût de son impression. De plus, les billets de banque ne durent que six mois, et il faut renouveler chaque fois l'impression de ces billets, et Madagascar n'en imprime pas », a précisé Aivo Andrianarivelo, gouverneur de la Banque centrale de Madagascar.
L’e-Ariary sera accessible via smartphones, téléphones basiques et supports hors ligne (QR codes, cartes à puce, terminaux). Il pourra être utilisé pour des dépenses du quotidien : paiements marchands, transports, salaires ou transferts sociaux. Son utilisation devrait rester abordable pour tous.
Ce projet s’inscrit dans une logique de complémentarité avec les instruments existants, comme le mobile money, qui restera actif. En 2023, le pays comptait plus de 10 millions de comptes d’argent mobile, contre environ 3 millions de comptes bancaires. Cette adoption massive a généré près de 342 millions de transactions, pour une valeur totale de 38 161 milliards d’ariary (environ 8,5 milliards USD), confirmant l’essor du digital dans les services financiers.
La phase pilote permettra de tester la robustesse des infrastructures techniques, la sécurité des transactions, les cas d’usage prioritaires et l’impact socio-économique du dispositif. Plusieurs acteurs sont impliqués : banques commerciales, institutions de microfinance, opérateurs publics comme la Jirama, commerçants de marché, Trésor public et administration fiscale. La sensibilisation des usagers sera une priorité, car elle conditionne l’adoption de l’e-Ariary.
À terme, l’e-Ariary pourrait ouvrir une nouvelle ère pour les paiements numériques à Madagascar, en jetant les bases d’un écosystème plus inclusif, transparent et interopérable, tout en soutenant les efforts de formalisation de l’économie.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’exécutif a commencé en février le déploiement de centres de formation gratuits aux compétences numériques. Ces centres sont déjà disponibles dans les wilayas d’Annaba, Sétif, Oran et Chlef.
Le gouvernement algérien prépare le lancement du programme « Chabab Tech », visant à former les jeunes aux technologies numériques comme le cloud computing, la cybersécurité, l’intelligence artificielle et l’Internet des objets. Il s’agit de la plus récente mesure gouvernementale visant à renforcer les compétences numériques des jeunes.
Une convention-cadre a été signée entre Sid Ali Zerrouki (photo, à gauche), ministre de la Poste et des Télécommunications, et Mostapha Hidaoui (photo, à droite), ministre de la Jeunesse, chargé du Conseil supérieur de la jeunesse. La cérémonie de signature s’est tenue le samedi 24 mai.
« À travers cette initiative, l’ambition est de former une génération "d’ambassadeurs de la transformation numérique", exemplaires en matière d’innovation et de responsabilité, et capables de contribuer activement à la promotion de la culture numérique et à la construction d’une société algérienne plus compétente et préparée aux défis de demain », explique le ministère des Postes et Télécommunications dans un communiqué.
Avant « Chabab Tech », le gouvernement algérien avait déjà commencé en février dernier le déploiement de « Skills Centers » destinés à former gratuitement les jeunes aux compétences numériques. Ces centres sont déjà disponibles dans les wilayas d’Annaba, Sétif, Oran et Chlef. L’exécutif débutera la mise en œuvre du programme à travers ces centres avant de l’étendre à d’autres wilayas, afin d’assurer une couverture nationale équitable et équilibrée.
Ces efforts s’intègrent dans la stratégie « Algérie Numérique 2030 », qui place le renforcement des compétences parmi ses cinq piliers majeurs. La stratégie traduit la vision du gouvernement de développer la société de l’information en généralisant l’utilisation des TIC dans tous les secteurs de l’économie. L’exécutif veut donc préparer une nouvelle génération de talents capables de conduire la transformation numérique du pays. La Banque mondiale estime que près de 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques en Afrique subsaharienne d’ici 2030. Si l’Algérie ne fait pas partie de cette région du continent, cela illustre l’importance de la formation des citoyens au numérique pour la transformation numérique des pays africains.
Il convient toutefois de souligner que les efforts du gouvernement en matière de renforcement des capacités numériques de la jeunesse n’en sont qu’à leurs débuts. À titre d’exemple, le déploiement des « Skills Centers » ne concerne pour l’instant que quatre wilayas sur les 58 que compte le pays. Par ailleurs, le calendrier de mise en œuvre effective du programme « Chabab Tech » reste encore flou. Les autorités ont indiqué que les modalités d’inscription et de participation seront communiquées ultérieurement.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’Afrique s’engage progressivement dans la transformation numérique. Si la plupart des pays du continent peinent à créer un environnement propice à une innovation technologique de pointe capable de s’imposer à l’échelle mondiale, les exceptions se multiplient.
Treize pays africains figurent dans le Top 100 mondial des meilleurs écosystèmes de start-up, selon un rapport publié le mercredi 21 mai par le cabinet StartupBlink.
Pour établir ce classement, le cabinet de recherche spécialisé dans l'analyse des écosystèmes des start-up dans le monde se base sur 33 indicateurs répartis sur trois grandes catégories : la quantité (nombre de start-up, espaces de coworking, accélérateurs, nombre de rencontres dédiées aux start-up, etc.) ; la qualité (total des investissements dans les jeunes pousses, nombre et taille des licornes, présence de centres de recherche & développement implantés par de grandes entreprises technologiques internationales, présence de filiales des multinationales, nombre de start-up soutenues par des accélérateurs de renommée mondiale, nombre total d’employés dans les start-up, etc.) ; et l’environnement des affaires (vitesse de la connexion à Internet, coût de la connexion à Internet, dépenses en recherche & développement, libertés d’Internet, taux de taxation appliqué aux jeunes pousses, disponibilité de divers services technologiques comme le paiement électronique et les cryptomonnaies, niveau de corruption, etc.).
Intitulé « Global Startup Ecosystem Index 2025 », ce classement révèle que l’Afrique du Sud (52e position à l’échelle mondiale) a conservé son rang de pays africain qui dispose du meilleur système de start-up à l’échelle africaine.
Le Kenya (58e rang mondial) arrive en 2e position en Afrique, grâce à un gain de 5 places par rapport à l’édition 2024 du classement. Viennent ensuite l’Egypte (65e rang mondial), le Nigeria (66e), le Cap-Vert (75e), le Ghana (81e), la Tunisie (82e), la Namibie (85e), le Maroc (88e). Le Sénégal (92e rang mondial) ferme le Top 10 africain et devance l’Ouganda (94e), le Rwanda (96e) et la Somalie (100e).
Au total, dix pays du continent sont parvenus à améliorer leur rang par rapport à l’édition précédente, tandis que deux ont régressé (le Sénégal et le Nigeria) et un seul a conservé sa position (l’Afrique du Sud). Les plus fortes progressions ont été enregistrées par la Tunisie (+8 rangs), le Ghana (+7), le Kenya (+5) et le Maroc (+4).
StartupBlink a par ailleurs classé les écosystèmes de start-up dans 1000 villes à travers le monde. Seules les villes de Lagos (76e rang mondial) et le Caire (90e rang mondial) sont présentes dans le Top 100, grâce à leurs écosystèmes dynamiques qui comptent plusieurs licornes (start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars), un nombre élevé de jeunes pousses florissantes ainsi que d’importants incubateurs et accélérateurs.
Walid Kéfi
Etat des écosystèmes de start-up africains dans le Top 100 mondial entre 2024 et 2025
Pays |
Rang 2025 |
Rang 2024 |
Évolution |
Afrique du Sud |
52 |
52 |
→ Stable |
Kenya |
58 |
63 |
▲ +5 |
Égypte |
65 |
66 |
▲ +1 |
Nigéria |
66 |
64 |
▼ -2 |
Cap-Vert |
75 |
78 |
▲ +3 |
Ghana |
81 |
88 |
▲ +7 |
Tunisie |
82 |
90 |
▲ +8 |
Namibie |
85 |
87 |
▲ +2 |
Maroc |
88 |
92 |
▲ +4 |
Sénégal |
92 |
86 |
▼ -6 |
Ouganda |
94 |
95 |
▲ +1 |
Rwanda |
96 |
98 |
▲ +2 |
Somalie |
100 |
NC |
Nouvelle entrée |
Maurice |
Hors Top 100 |
59 |
▼ Sortie |
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Avec un taux de bancarisation encore faible, l’Éthiopie mise sur le portefeuille numérique Fayda pour promouvoir l’inclusion financière et proposer des solutions innovantes pour élargir l’accès aux services essentiels.
L’Éthiopie a officiellement lancé Fayda Wallet, un portefeuille numérique adossé à l’identité biométrique nationale, conçu pour simplifier l’accès aux services financiers et administratifs. Présenté lors de la conférence ID4Africa 2025, qui s’est achevée le vendredi 23 mai à Addis-Abeba, ce portefeuille a été développé par le National ID Program (NIDP) en partenariat avec TECH5 et Visa.
We are delighted to share the news about today’s launch of Fayda Wallet in Ethiopia! This wallet, co-developed by leveraging expertise and product support from TECH5 and Visa, streamlines obtaining a digital copy of the Fayda credential: https://t.co/Cotn7pnshF#digitalidentity pic.twitter.com/ZQCrbAXAX5
— TECH5 (@Tech5ai) May 21, 2025
« Nous sommes ravis de soutenir le lancement du Fayda Wallet, une initiative novatrice qui renforcera considérablement l’inclusion financière et rationalisera les transactions numériques en Éthiopie. Cette collaboration souligne l’engagement de Visa à responsabiliser les communautés grâce à des solutions de paiement numérique innovantes », a déclaré Yared Endale, directeur général de Visa pour l’Afrique de l’Est.
Le lancement de Fayda Wallet s’inscrit dans le cadre de la stratégie numérique 2025 de l’Éthiopie, qui prévoit d’attribuer une identité numérique à 70 millions de personnes d’ici 2028. Grâce à cette application, les utilisateurs peuvent générer un certificat d’identité numérique sécurisé (VC) à partir du système Fayda ID. Ce certificat, conforme aux principes de l’identité souveraine (SSI), permet une vérification sécurisée, aussi bien en ligne que hors ligne, pour accéder à divers services : paiements, services publics, ouverture de comptes, etc.
Le portefeuille repose sur des technologies avancées, notamment T5-AirSnap et T5-OmniMatch de TECH5 pour la capture biométrique sans contact et l’appariement, ainsi que KeyShare Wallet pour la gestion sécurisée des identités numériques. Il permet également à ses utilisateurs de bénéficier de services bancaires instantanés, comme l’ouverture de compte via eKYC biométrique et l’obtention d’une carte Visa virtuelle. La Banque coopérative d’Oromia (Coopbank) est la première à avoir intégré cette solution.
Pour garantir une inclusion numérique élargie, Fayda Wallet propose aussi des portefeuilles accessibles via des agents accrédités, permettant aux citoyens dépourvus de smartphones d’accéder aux services numériques à l’aide de leurs données biométriques, en conformité avec les normes W3C et les cadres eIDAS de l’Union européenne.
Dans un pays où moins de 47 % des adultes possédaient un compte bancaire en 2022, selon la Banque mondiale, le lancement de Fayda Wallet pourrait transformer l’accès aux services essentiels et renforcer la confiance dans les interactions numériques.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Comme la plupart des pays africains, la RDC reste confrontée à une fracture numérique importante. De nouvelles initiatives émergent, à l’image du projet de village intelligent, qui devrait jouer un rôle clé dans la réduction des inégalités numériques et l’accès aux services essentiels.
La République démocratique du Congo a signé, le vendredi 23 mai, un partenariat avec la multinationale technologique chinoise Huawei pour le lancement d’un village intelligent pilote. Ce projet vise à améliorer les conditions de vie des populations rurales grâce à des technologies numériques intégrées dans un écosystème de services et d’objets connectés.
Heureux d’avoir représenté la Première Ministre Judith Suminwa à la signature du protocole de partenariat avec Huawei pour l’équipement d’un village intelligent pilote.
— Mickael LUKOKI NSIMBA (@Kivuvu_Kieto) May 23, 2025
Un pas décisif vers une connectivité inclusive en RDC, la promotion et le développement des talents en TIC… pic.twitter.com/GgzwSkecha
« Ce projet traduit notre engagement à offrir aux populations rurales un accès égal aux opportunités numériques, tout en construisant les bases d’un État moderne, transparent et connecté », a déclaré Mickael Lukoki Nsimba (photo, à gauche), directeur de cabinet de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, lors de la cérémonie de signature.
Le village intelligent, prévu comme projet pilote, entend démontrer la faisabilité de solutions technologiques adaptées aux réalités locales. Il prévoit notamment la mise en place d’un accès à Internet haut débit, la formation des jeunes aux compétences numériques, ainsi que la connexion des services publics locaux, à l’instar de l’état civil, de la santé et de l’éducation.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie nationale de transformation numérique portée par le gouvernement congolais, qui ambitionne de moderniser l’État et de réduire les inégalités d’accès au numérique. Elle reflète également une tendance observée à l’échelle continentale, soutenue notamment par la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale, qui considèrent la numérisation des territoires ruraux comme un levier de développement durable et d’inclusion.
En République démocratique du Congo, où la fracture numérique reste marquée, l’initiative apparaît comme une réponse structurelle aux déséquilibres d’accès à la connectivité. Selon l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), seuls 30,79 % des Congolais avaient accès à l’Internet mobile à la mi-2023, et à peine 0,0174 % à l’Internet fixe. Ces chiffres traduisent l’écart considérable entre zones urbaines et rurales.
Ce déséquilibre est renforcé par le coût élevé des données, le manque d’infrastructures télécoms dans les zones reculées et la faible intégration des services numériques dans les administrations publiques.
En dotant les zones rurales d’infrastructures numériques, le gouvernement congolais entend stimuler le développement économique local, renforcer l’accès aux services essentiels et favoriser l’inclusion numérique. Ce projet pourrait aussi servir de modèle pour d’autres régions du pays confrontées aux mêmes défis.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le royaume a officiellement dévoilé sa stratégie de développement du numérique au service de l’économie en septembre 2024. Les autorités tablent sur une contribution du secteur du numérique à hauteur de 10 milliards $ en 2030.
Le gouvernement marocain a placé l’intelligence artificielle (IA) au cœur de sa stratégie de transformation numérique qui vise à utiliser le numérique pour accélérer le développement social et économique. C’est ce qu’a révélé en début de semaine Amal El Fellah Seghrouchni (photo), ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, devant le Parlement.
Selon la ministre, il est prévu plusieurs initiatives à cet effet. Il s’agit notamment de la création d’une direction spécialisée en IA, du lancement d’un pôle numérique régional arabo-africain en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et de la mise en place d’un réseau de centres d’excellence baptisés « Jazari Institute » dans les douze régions du royaume. Deux programmes nationaux de formation aux compétences numériques et en IA, destinés aux jeunes de 8 à 18 ans, sont également prévus. Enfin, des assises nationales sur l’IA se tiendront les 1er et 2 juillet à Rabat afin de coordonner les efforts des parties prenantes autour d’une vision commune et responsable du développement de l’IA.
Ces initiatives s’inscrivent dans la vision portée par le gouvernement à travers sa stratégie « Digital 2030 », qui vise à exploiter le potentiel de l’IA pour accélérer la digitalisation des services publics et privés, tout en soutenant et en renforçant un écosystème propice à l’essor de l’économie numérique. L’exécutif entend ainsi accompagner les projets de consolidation des référentiels et registres de données, déployer des cas d’usage pour améliorer les services aux citoyens et aux entreprises, attirer de nouveaux acteurs internationaux spécialisés en IA, appuyer les entreprises et startups actives dans les secteurs à forte valeur ajoutée, développer les compétences et les infrastructures nécessaires à une exploitation responsable de l’IA, instaurer des mécanismes d’évaluation appropriés et engager une réflexion pluridisciplinaire sur les impacts sociétaux, juridiques et économiques du développement de l’IA.
Ce potentiel de l’IA à soutenir la transformation numérique d’un pays est reconnu par les Nations unies. Dans son rapport « E-Government Survey 2024 », le Département des affaires sociales et économiques (DAES) déclare : « il est largement admis que les technologies d'IA peuvent améliorer les opérations du secteur public en remplaçant les tâches administratives par des processus automatisés, en augmentant l'efficacité et en éliminant les arriérés et les redondances ». Elle ajoute également que l’IA peut aider à atteindre les objectifs de développement durable.
Il est important de noter que la plupart des initiatives en sont encore au stade de projet. Leur impact dépendra de la mise en œuvre effective. Par ailleurs, le DAES met en garde contre plusieurs risques potentiels liés à l’intelligence artificielle, notamment les biais algorithmiques susceptibles de fausser la représentation de certains groupes, ainsi que des préoccupations d’ordre éthique, sécuritaire et social. L’institution relève également que la persistance de la fracture numérique constitue un obstacle majeur à l’intégration efficace de ces technologies dans le secteur public.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’administration des douanes béninoises a entrepris de nombreuses réformes pour sécuriser les recettes de l’État. La numérisation apparaît comme un levier de cette stratégie, en permettant d’automatiser les procédures, de renforcer la traçabilité des opérations et de lutter contre la fraude.
La République du Bénin dispose désormais d’un système national intelligent de gestion douanière, développé par Webb Fontaine, une société spécialisée dans les technologies de facilitation du commerce. Dans un communiqué publié le mercredi 21 mai, l’entreprise a annoncé la mise en service officielle de Customs Webb, son nouveau système de gestion douanière, qui remplace désormais l’ancien logiciel ASYCUDA (SYDONIA) dans l’ensemble des bureaux de douane du pays, y compris les ports, les aéroports et les postes frontaliers terrestres.
« Customs Webb est conçu pour offrir un environnement plus efficace, moins contraignant, transparent et intelligent pour les opérations douanières. Le Bénin bénéficie ainsi pleinement de cette avancée technologique », a déclaré Anicet Houngbo (photo), directeur général de Webb Fontaine Bénin.
Fruit d’un déploiement accéléré en 14 mois, sans interruption des opérations douanières, cette plateforme introduit des outils d’intelligence artificielle destinés à améliorer la transparence, l’efficacité et la fluidité des échanges. Plus de 100 000 déclarations douanières ont déjà été traitées via le nouveau système, qui a également enregistré plus de 200 000 paiements, 100 000 laissez-passer de véhicules émis, 800 utilisateurs actifs et 95 organisations connectées.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie numérique du gouvernement béninois, qui ambitionne depuis 2016 de faire du pays un hub régional des services numériques en Afrique de l’Ouest. Ce processus a notamment permis le déploiement du Guichet unique du commerce extérieur entre 2018 et 2024, en partenariat avec Webb Fontaine, et l’intégration progressive d’outils tels que le Système communautaire portuaire et la solution de suivi électronique des cargaisons.
Avec ce système, le Bénin renforce l’interconnexion de ses principales plateformes commerciales, désormais capables de partager automatiquement les données entre les douanes, les ports, les transporteurs et les banques. Cette interconnexion vise à accélérer le traitement des marchandises, à réduire les risques de fraude et à optimiser la collecte des recettes fiscales. Elle devrait également contribuer à améliorer l’attractivité du pays pour les investisseurs en offrant un environnement commercial plus transparent, rapide et sécurisé.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités mauritaniennes ambitionnent de digitaliser tous les secteurs de l’économie, y compris celui de la justice. Depuis mars 2025, les citoyens peuvent désormais demander et obtenir leur casier judiciaire en ligne.
Le gouvernement mauritanien entend intégrer le numérique dans la réforme de la justice. C’est l’une des orientations majeures issues de la réunion du Comité supérieur chargé de la réforme et du développement de la justice, présidée le mardi 20 mai par le chef de l’État, Mohamed Ould Ghazouani (photo).
Selon le communiqué publié après la réunion, plusieurs mesures sont prévues pour moderniser la justice. Il s’agit notamment de la réalisation d’une étude diagnostique afin d’identifier les besoins en équipements informatiques et en infrastructures numériques, de la mise en place d’un système en ligne pour le traitement des demandes de nationalité, ainsi que du développement de sites Internet dédiés aux tribunaux et aux services judiciaires.
Cette initiative s’inscrit dans l’ambition de transformation numérique du gouvernement mauritanien. L’exécutif cherche à intégrer les outils numériques dans la gestion publique afin de moderniser les services, renforcer la transparence administrative et stimuler le développement économique et social. Plusieurs services ont été numérisés au cours des derniers mois, dont la demande du casier judiciaire.
La numérisation du secteur de la justice est soutenue par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). L’organisme explique que les outils numériques peuvent améliorer l’efficacité, la transparence et l’accès à la justice. « Lorsqu’elle est mise en œuvre de manière stratégique, la justice numérique peut faire progresser l’État de droit et protéger les droits de l’homme, tout en renforçant l’efficacité des systèmes et institutions judiciaires. »
Le PNUD alerte cependant sur les risques liés à la numérisation. Les systèmes numériques peuvent exposer les données personnelles et judiciaires à des abus, notamment des atteintes à la vie privée, du piratage, la vente de données ou l’utilisation de données biaisées dans des outils prédictifs. À cela s’ajoutent des obstacles d’accès liés à la faible couverture Internet, au manque d’équipements compatibles, au coût des services numériques ou encore à l’insuffisance des compétences nécessaires pour les utiliser.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Pour réussir leur transition numérique, les pays d’Afrique subsaharienne ont tout intérêt à nouer des partenariats internationaux. La Zambie, consciente de cet enjeu, multiplie les collaborations avec des pays technologiquement plus avancés.
La Zambie et la République tchèque ont décidé de renforcer leur partenariat pour accélérer la transformation numérique du pays d’Afrique australe. Cette annonce fait suite à une rencontre tenue à Lusaka, la semaine dernière, entre le vice-Premier ministre tchèque, Marian Jurečka (photo, à droite), et le ministre zambien de la Technologie et des Sciences, Felix Mutati (photo, à gauche).
« Nous nous félicitons de cette coopération entre les deux pays, qui vise à trouver des solutions pour protéger notre population dans le cyberespace, ce qui constitue une priorité essentielle pour la Zambie. Pour bâtir une nation véritablement numérique, nous devons également numériser les documents gouvernementaux, un autre domaine dans lequel nous pensons pouvoir collaborer », a déclaré Felix Mutati.
Au-delà de la cybersécurité, la coopération prévoit des échanges de bonnes pratiques dans la gestion et le traitement des données, tant pour l’administration centrale que pour la sécurisation des infrastructures publiques, notamment en zones rurales.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité de la stratégie numérique nationale lancée en 2022 et vient consolider les relations bilatérales entre les deux pays. Ces dernières se sont récemment intensifiées autour de projets communs dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’agriculture. La République tchèque soutient également la formation de talents zambiens à travers l’octroi de bourses dans des domaines clés comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité et les technologies de l'information.
Le renforcement de cette coopération devrait permettre à la Zambie de mieux protéger son cyberespace et d’accélérer sa transformation numérique. À la suite de l’adoption, en avril dernier, de la loi sur la cybersécurité et la cybercriminalité par le Parlement zambien, le gouvernement souhaite renforcer ses capacités de protection de la population dans l’espace numérique à travers des outils technologiques adaptés.
Selon les données de DataReportal, le pays comptait 3,70 millions d’utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux en janvier 2025, soit 17,1 % de la population. Cette adoption du numérique s’accompagne d’une recrudescence des cybermenaces, incitant les autorités à faire de la confiance numérique une priorité.
Par ailleurs, la République tchèque offre un exemple concret des gains d'efficacité liés à la numérisation. Entre 2019 et 2023, le pays a réduit de 10 % les effectifs de sa fonction publique grâce à l’adoption de solutions numériques et à l’usage de l’IA, tout en améliorant la qualité des services. Un modèle que la Zambie envisage d’adopter pour moderniser son administration et faciliter l’accès aux services publics numériques.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La Côte d’Ivoire a lancé en mars 2025 sa stratégie nationale dédiée à l’intelligence artificielle. Pour assurer son succès, les partenariats public-privé se développent afin d’exploiter pleinement le potentiel de cette technologie dans les secteurs clés.
Le ministère ivoirien de la Transition numérique et de la Digitalisation a conclu, le lundi 19 mai, trois protocoles d’accord avec des entreprises du secteur technologique, à l’occasion de la première Conférence nationale sur l’intelligence artificielle (IA) organisée à Abidjan. Ces accords visent à stimuler l’innovation locale, renforcer les compétences et accompagner l’implémentation de la Stratégie nationale de l’intelligence artificielle (SNIA).
Le premier accord, signé avec le Centre d’Excellence Digital et Technologies (CEDITECH), prévoit la mise en place de programmes de formation adaptés aux besoins du marché ivoirien et le soutien à l’entrepreneuriat numérique. Avec Amini Corp, une start-up spécialisée dans les données environnementales issues de l’IA, la collaboration porte sur le renforcement de la souveraineté numérique de la Côte d’Ivoire et la promotion d’une innovation technologique inclusive. Enfin, le partenariat avec TBI, acteur local de la distribution d’équipements informatiques, prévoit la formation des agents de l’administration aux usages de l’IA.
Ces engagements s’inscrivent dans la mise en œuvre de la SNIA, adoptée en mars dernier, et visent à structurer un écosystème propice à l’innovation, à l’inclusion numérique et à la montée en compétences des jeunes. Ils interviennent dans un contexte marqué par le potentiel significatif de l’IA en Afrique. Selon une étude de McKinsey, l’IA pourrait ajouter jusqu’à 1200 milliards de dollars au PIB africain d’ici 2030, représentant une augmentation de 5,6 % du PIB du continent.
En favorisant le développement de l’IA, le gouvernement ambitionne non seulement de moderniser l’administration publique, mais aussi de créer des opportunités d’emploi qualifié pour les jeunes, qui représentent plus de 70 % de la population. Il s’agit également de positionner la Côte d’Ivoire comme un pôle technologique en Afrique de l’Ouest, à l’heure où les usages de l’IA se multiplient dans des secteurs clés comme l’agriculture, la santé, l’éducation ou les services financiers.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Orange Liberia affiche une volonté d’intensifier ses investissements sur un marché où la couverture réseau des zones rurales est encore largement perfectible. L’opérateur a lancé en avril un partenariat en ce sens avec le géant chinois ZTE.
Orange Liberia a annoncé un plan d’investissement de 200 millions USD sur les six prochaines années pour soutenir sa croissance dans le pays. Le but est d’améliorer la couverture réseau et la qualité des services, notamment dans les zones rurales encore mal desservies.
Cette annonce faite par le DG Jean Marius Yao en marge de l’inauguration du nouveau siège d’Orange baptisé « Icon 16 » la semaine dernière, marque une étape stratégique pour l’opérateur. « Il s'agit de bien plus qu'une simple installation d'entreprise. [...] Il s'agit d'un engagement audacieux en faveur de la vision numérique du Liberia et d'un symbole de foi en notre avenir » a aussi indiqué Abdullah Kamara, président de l'autorité des télécommunications du Liberia.
L’investissement survient à un moment où les revenus issus de la voix pour les opérateurs télécoms stagnent, voire baissent en Afrique. Orange cherche donc à stimuler la croissance via les services data et le mobile money, devenus des relais essentiels pour la rentabilité. Un réseau plus robuste permettra non seulement d’améliorer l’expérience client, mais aussi d'attirer de nouveaux abonnés et de favoriser l’adoption de services à forte valeur ajoutée.
Il fait également suite à l’initiative lancée en collaboration avec le chinois ZTE pour connecter les zones rurales du pays. Depuis l'acquisition de Cellcom en 2016, Orange Liberia s'est imposé comme un des principaux acteurs du secteur des télécommunications dans le pays avec Lonestar Cell MTN. Le pays comptait 1,84 million d’utilisateurs d’Internet au début de l’année 2025 pour un taux de pénétration de l’Internet de 32,4%, selon les données de DataReportal.
À terme, cette stratégie pourrait permettre à Orange de consolider ses positions face à la concurrence et de capter une part plus importante du marché libérien en pleine mutation numérique.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Les autorités libériennes veulent faire du numérique un moteur de développement national. Cela nécessite un accès généralisé à Internet.
Le gouvernement libérien prévoit de déployer des points Wi-Fi communautaires à travers le pays afin d’améliorer l’accès à Internet. L’initiative a été lancée la semaine dernière dans les comtés de Bong et Nimba, en partenariat avec le fournisseur d’infrastructures télécoms CSquared Africa et d’autres partenaires. C’était dans le cadre des célébrations de la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information.
« Grâce à l’accès Wi-Fi à faible coût désormais disponible dans les centres de santé, les écoles et les espaces communautaires, nous œuvrons activement à renforcer la littératie numérique et la participation économique dans les communautés mal desservies. Cette initiative témoigne de notre engagement à faire en sorte que chaque Libérien puisse bénéficier de la transformation numérique et y contribuer », a déclaré le ministère des Postes et Télécommunications dans un communiqué publié sur Facebook.
Le taux de pénétration de l’Internet au Liberia était de 23,5 % en 2023 pour une population estimée à 5,6 millions, selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT). L’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) estime que la cherté des services Internet est l’un des principaux obstacles à leur adoption. L’UIT estime qu’en 2024, les dépenses en Internet mobile représentaient 8,2 % du revenu national brut (RNB) mensuel par habitant, contre 153 % pour l’Internet fixe. L’organisation considère qu’un service est abordable lorsque son coût ne dépasse pas 2 % de ce revenu.
Bien que les points Wi-Fi communautaires puissent accélérer l’adoption d’Internet au Liberia, leur déploiement reste limité à certaines zones du pays. À ce jour, le gouvernement n’a pas encore précisé le calendrier d’extension de l’initiative ni les modalités d’accès, notamment en ce qui concerne les éventuels coûts pour les usagers.
En outre, le coût du service n’est pas le seul obstacle à l’adoption de l’Internet. La GSMA souligne également la faible accessibilité aux appareils compatibles avec Internet tels que les smartphones, les tablettes ou les ordinateurs. Selon l’UIT, seuls 59 % des Libériens possédaient un téléphone en 2023, sans préciser la proportion de smartphones. À cela s’ajoutent d’autres barrières, comme le manque de compétences numériques, une expérience utilisateur limitée ou encore les préoccupations liées à la sécurité en ligne.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités kényanes souhaitent numériser l’ensemble des services publics. Pour que cette transition soit un succès, il est essentiel que les agents chargés de les délivrer maîtrisent l’utilisation des plateformes numériques mises en place à cet effet.
Le gouvernement kényan prévoit d’ouvrir un Centre régional de compétence dédié au développement des compétences numériques et à l’intelligence artificielle (IA). Ce centre devrait permettre de renforcer les capacités des fonctionnaires afin d’améliorer la qualité des services publics fournis aux populations.
Le Centre est soutenu par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Il sera affilié à la Kenya School of Government, institution dédiée à la formation continue des cadres et fonctionnaires de l’administration publique kényane. Sa mise en service a fait l’objet de discussions la semaine dernière lors d’une rencontre entre John Tanui (photo, à droite), secrétaire principal à l’Économie numérique et aux TIC, et son homologue en charge de la Fonction publique et du Développement du capital humain, Jane Kere Imbunya (photo, à gauche).
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’ambition de transformation numérique du gouvernement kényan, qui veut mettre la technologie numérique au service du développement socio-économique. Le développement des compétences numériques des fonctionnaires est d’ailleurs l’un des piliers du « Plan directeur du numérique du Kenya 2022-2032 ». L’exécutif s’est fixé pour objectif de former 300 000 fonctionnaires aux services numériques d’ici 2030, ce qui représenterait alors 85 % des agents publics.
Cette approche est soutenue par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Dans son rapport « Developing skills for digital government: A review of good practices across OECD governments », elle estime que pour soutenir le passage à l'administration numérique, les pays doivent absolument investir dans le développement des compétences des fonctionnaires. Cela intervient alors que la Banque mondiale estime que près de 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030.
Il convient toutefois de rappeler que le calendrier de mise en service du centre n’est pas encore connu. Par ailleurs, l’OCDE souligne que l’efficacité des formations destinées aux fonctionnaires dépendra de la manière dont elles sont conçues et mises en œuvre. Elle recommande aux gouvernements d’identifier les compétences numériques clés, d’évaluer les acquis des agents publics, de cibler les lacunes par des formations adaptées, puis d’en mesurer les retombées pour améliorer les dispositifs futurs.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La nouvelle capitale administrative égyptienne incarne l’ambition d’un urbanisme high-tech et durable. À l’horizon 2027, elle promet de désengorger Le Caire et de moderniser l’administration du pays.
L'Égypte investit 59 milliards de dollars dans une ville futuriste intelligente, pièce maîtresse de la stratégie Egypt Vision 2030. Ce projet de mégapole high-tech, en cours de construction à 45 km à l’est du Caire, vise à désengorger la capitale et à positionner l’Égypte comme un pionnier de l’urbanisme numérique en Afrique.
Pensée comme un pôle technologique régional, cette ville intégrera des solutions numériques avancées, notamment l’intelligence artificielle, l’Internet des objets, la gestion automatisée des infrastructures publiques, les réseaux de transport connectés et les systèmes de surveillance intelligents. La première phase, qui a mobilisé à elle seule 8,4 milliards de dollars, est en grande partie achevée à plus de 70 %. Les dernières phases devraient s’étendre jusqu’en 2027, avec des ajustements possibles selon l’évolution économique.
Ce mégaprojet s’inscrit dans une dynamique mondiale en forte croissance. À l’échelle internationale, le marché des villes intelligentes est en pleine expansion. Il est évalué à 1360 milliards de dollars en 2024 et devrait atteindre 3840 milliards de dollars d’ici 2029, avec une croissance annuelle moyenne de 23,21 %, selon Mordor Intelligence.
Si l’Afrique ne représente qu’une faible part de ce marché aujourd’hui, elle se positionne progressivement comme un acteur émergent. L’Égypte, le Maroc, le Rwanda, le Nigeria, le Kenya ou encore l’Afrique du Sud misent sur des initiatives urbaines intelligentes pour répondre à l’explosion démographique urbaine, aux défis de gouvernance, de transport et de durabilité.
Dans le cas égyptien, cette ville intelligente est conçue pour accueillir 6,5 millions d'habitants. Elle abritera le siège du gouvernement, des ministères, des ambassades étrangères, ainsi que des centres d’innovation numérique. Les bâtiments y seront équipés de capteurs intelligents pour l’énergie, l’eau, la sécurité et la mobilité.
Malgré les critiques sur les priorités d’investissement dans un pays frappé par une inflation élevée et une dette publique croissante, les autorités défendent une vision à long terme. Elles misent sur les retombées économiques, la création d’emplois qualifiés et la transformation numérique de l’administration comme moteurs de changement durable.
Samira Njoya
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