Déjà bien ancrés dans les usages, les services de mobile money ont transformé le paysage financier malgache. Avec l’e-Ariary, monnaie numérique à cours légal, le pays espère renforcer l’inclusion financière, réduire les coûts liés au cash et franchir un cap dans la modernisation des paiements. 

La Banque centrale de Madagascar a lancé, le vendredi 23 mai, une phase expérimentale de dix mois pour tester l’e-Ariary, la première version numérique officielle de la monnaie nationale. L’objectif est de réduire la dépendance au cash, de limiter les coûts de transaction, d’améliorer la traçabilité des flux financiers et de favoriser l’inclusion financière, en particulier en milieu rural. 

« Nous espérons qu’à l’issue du processus, l’usage des billets sera réduit, car leur gestion coûte très cher à la Banque centrale. Le billet de 100 Ariary (0,022 $), par exemple, ne vaut pas le coût de son impression. De plus, les billets de banque ne durent que six mois, et il faut renouveler chaque fois l'impression de ces billets, et Madagascar n'en imprime pas », a précisé Aivo Andrianarivelo, gouverneur de la Banque centrale de Madagascar. 

L’e-Ariary sera accessible via smartphones, téléphones basiques et supports hors ligne (QR codes, cartes à puce, terminaux). Il pourra être utilisé pour des dépenses du quotidien : paiements marchands, transports, salaires ou transferts sociaux. Son utilisation devrait rester abordable pour tous. 

Ce projet s’inscrit dans une logique de complémentarité avec les instruments existants, comme le mobile money, qui restera actif. En 2023, le pays comptait plus de 10 millions de comptes d’argent mobile, contre environ 3 millions de comptes bancaires. Cette adoption massive a généré près de 342 millions de transactions, pour une valeur totale de 38 161 milliards d’ariary (environ 8,5 milliards USD), confirmant l’essor du digital dans les services financiers. 

La phase pilote permettra de tester la robustesse des infrastructures techniques, la sécurité des transactions, les cas d’usage prioritaires et l’impact socio-économique du dispositif. Plusieurs acteurs sont impliqués : banques commerciales, institutions de microfinance, opérateurs publics comme la Jirama, commerçants de marché, Trésor public et administration fiscale. La sensibilisation des usagers sera une priorité, car elle conditionne l’adoption de l’e-Ariary. 

À terme, l’e-Ariary pourrait ouvrir une nouvelle ère pour les paiements numériques à Madagascar, en jetant les bases d’un écosystème plus inclusif, transparent et interopérable, tout en soutenant les efforts de formalisation de l’économie. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On mercredi, 28 mai 2025 07:28 Written by

L’exécutif a commencé en février le déploiement de centres de formation gratuits aux compétences numériques. Ces centres sont déjà disponibles dans les wilayas d’Annaba, Sétif, Oran et Chlef. 

Le gouvernement algérien prépare le lancement du programme « Chabab Tech », visant à former les jeunes aux technologies numériques comme le cloud computing, la cybersécurité, l’intelligence artificielle et l’Internet des objets. Il s’agit de la plus récente mesure gouvernementale visant à renforcer les compétences numériques des jeunes. 

Une convention-cadre a été signée entre Sid Ali Zerrouki (photo, à gauche), ministre de la Poste et des Télécommunications, et Mostapha Hidaoui (photo, à droite), ministre de la Jeunesse, chargé du Conseil supérieur de la jeunesse. La cérémonie de signature s’est tenue le samedi 24 mai. 

« À travers cette initiative, l’ambition est de former une génération "d’ambassadeurs de la transformation numérique", exemplaires en matière d’innovation et de responsabilité, et capables de contribuer activement à la promotion de la culture numérique et à la construction d’une société algérienne plus compétente et préparée aux défis de demain », explique le ministère des Postes et Télécommunications dans un communiqué. 

Avant « Chabab Tech », le gouvernement algérien avait déjà commencé en février dernier le déploiement de « Skills Centers » destinés à former gratuitement les jeunes aux compétences numériques. Ces centres sont déjà disponibles dans les wilayas d’Annaba, Sétif, Oran et Chlef. L’exécutif débutera la mise en œuvre du programme à travers ces centres avant de l’étendre à d’autres wilayas, afin d’assurer une couverture nationale équitable et équilibrée. 

Ces efforts s’intègrent dans la stratégie « Algérie Numérique 2030 », qui place le renforcement des compétences parmi ses cinq piliers majeurs. La stratégie traduit la vision du gouvernement de développer la société de l’information en généralisant l’utilisation des TIC dans tous les secteurs de l’économie. L’exécutif veut donc préparer une nouvelle génération de talents capables de conduire la transformation numérique du pays. La Banque mondiale estime que près de 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques en Afrique subsaharienne d’ici 2030. Si l’Algérie ne fait pas partie de cette région du continent, cela illustre l’importance de la formation des citoyens au numérique pour la transformation numérique des pays africains. 

Il convient toutefois de souligner que les efforts du gouvernement en matière de renforcement des capacités numériques de la jeunesse n’en sont qu’à leurs débuts. À titre d’exemple, le déploiement des « Skills Centers » ne concerne pour l’instant que quatre wilayas sur les 58 que compte le pays. Par ailleurs, le calendrier de mise en œuvre effective du programme « Chabab Tech » reste encore flou. Les autorités ont indiqué que les modalités d’inscription et de participation seront communiquées ultérieurement. 

Isaac K. Kassouwi

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On mardi, 27 mai 2025 10:49 Written by

L’Afrique s’engage progressivement dans la transformation numérique. Si la plupart des pays du continent peinent à créer un environnement propice à une innovation technologique de pointe capable de s’imposer à l’échelle mondiale, les exceptions se multiplient.

Treize pays africains figurent dans le Top 100 mondial des meilleurs écosystèmes de start-up, selon un rapport publié le mercredi 21 mai par le cabinet StartupBlink.

Pour établir ce classement, le cabinet de recherche spécialisé dans l'analyse des écosystèmes des start-up dans le monde se base sur 33 indicateurs répartis sur trois grandes catégories : la quantité (nombre de start-up, espaces de coworking, accélérateurs, nombre de rencontres dédiées aux start-up, etc.) ; la qualité (total des investissements dans les jeunes pousses, nombre et taille des licornes, présence de centres de recherche & développement implantés par de grandes entreprises technologiques internationales, présence de filiales des multinationales, nombre de start-up soutenues par des accélérateurs de renommée mondiale, nombre total d’employés dans les start-up, etc.) ; et l’environnement des affaires (vitesse de la connexion à Internet, coût de la connexion à Internet, dépenses en recherche & développement, libertés d’Internet, taux de taxation appliqué aux jeunes pousses, disponibilité de divers services technologiques comme le paiement électronique et les cryptomonnaies, niveau de corruption, etc.).

Intitulé « Global Startup Ecosystem Index 2025 », ce classement révèle que l’Afrique du Sud (52e position à l’échelle mondiale) a conservé son rang de pays africain qui dispose du meilleur système de start-up à l’échelle africaine.

Le Kenya (58e rang mondial) arrive en 2e position en Afrique, grâce à un gain de 5 places par rapport à l’édition 2024 du classement. Viennent ensuite l’Egypte (65e rang mondial), le Nigeria (66e), le Cap-Vert (75e), le Ghana (81e), la Tunisie (82e), la Namibie (85e), le Maroc (88e). Le Sénégal (92e rang mondial) ferme le Top 10 africain et devance l’Ouganda (94e), le Rwanda (96e) et la Somalie (100e).

Au total, dix pays du continent sont parvenus à améliorer leur rang par rapport à l’édition précédente, tandis que deux ont régressé (le Sénégal et le Nigeria) et un seul a conservé sa position (l’Afrique du Sud). Les plus fortes progressions ont été enregistrées par la Tunisie (+8 rangs), le Ghana (+7), le Kenya (+5) et le Maroc (+4).

StartupBlink a par ailleurs classé les écosystèmes de start-up dans 1000 villes à travers le monde. Seules les villes de Lagos (76e rang mondial) et le Caire (90e rang mondial) sont présentes dans le Top 100, grâce à leurs écosystèmes dynamiques qui comptent plusieurs licornes (start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars), un nombre élevé de jeunes pousses florissantes ainsi que d’importants incubateurs et accélérateurs.

Walid Kéfi

Etat des écosystèmes de start-up africains dans le Top 100 mondial entre 2024 et 2025

Pays

Rang 2025

Rang 2024

Évolution

Afrique du Sud

52

52

→ Stable

Kenya

58

63

▲ +5

Égypte

65

66

▲ +1

Nigéria

66

64

▼ -2

Cap-Vert

75

78

▲ +3

Ghana

81

88

▲ +7

Tunisie

82

90

▲ +8

Namibie

85

87

▲ +2

Maroc

88

92

▲ +4

Sénégal

92

86

▼ -6

Ouganda

94

95

▲ +1

Rwanda

96

98

▲ +2

Somalie

100

NC

Nouvelle entrée

Maurice

Hors Top 100

59

▼ Sortie

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Posted On mardi, 27 mai 2025 07:34 Written by

Avec un taux de bancarisation encore faible, l’Éthiopie mise sur le portefeuille numérique Fayda pour promouvoir l’inclusion financière et proposer des solutions innovantes pour élargir l’accès aux services essentiels. 

L’Éthiopie a officiellement lancé Fayda Wallet, un portefeuille numérique adossé à l’identité biométrique nationale, conçu pour simplifier l’accès aux services financiers et administratifs. Présenté lors de la conférence ID4Africa 2025, qui s’est achevée le vendredi 23 mai à Addis-Abeba, ce portefeuille a été développé par le National ID Program (NIDP) en partenariat avec TECH5 et Visa. 

« Nous sommes ravis de soutenir le lancement du Fayda Wallet, une initiative novatrice qui renforcera considérablement l’inclusion financière et rationalisera les transactions numériques en Éthiopie. Cette collaboration souligne l’engagement de Visa à responsabiliser les communautés grâce à des solutions de paiement numérique innovantes », a déclaré Yared Endale, directeur général de Visa pour l’Afrique de l’Est. 

Le lancement de Fayda Wallet s’inscrit dans le cadre de la stratégie numérique 2025 de l’Éthiopie, qui prévoit d’attribuer une identité numérique à 70 millions de personnes d’ici 2028. Grâce à cette application, les utilisateurs peuvent générer un certificat d’identité numérique sécurisé (VC) à partir du système Fayda ID. Ce certificat, conforme aux principes de l’identité souveraine (SSI), permet une vérification sécurisée, aussi bien en ligne que hors ligne, pour accéder à divers services : paiements, services publics, ouverture de comptes, etc. 

Le portefeuille repose sur des technologies avancées, notamment T5-AirSnap et T5-OmniMatch de TECH5 pour la capture biométrique sans contact et l’appariement, ainsi que KeyShare Wallet pour la gestion sécurisée des identités numériques. Il permet également à ses utilisateurs de bénéficier de services bancaires instantanés, comme l’ouverture de compte via eKYC biométrique et l’obtention d’une carte Visa virtuelle. La Banque coopérative d’Oromia (Coopbank) est la première à avoir intégré cette solution. 

Pour garantir une inclusion numérique élargie, Fayda Wallet propose aussi des portefeuilles accessibles via des agents accrédités, permettant aux citoyens dépourvus de smartphones d’accéder aux services numériques à l’aide de leurs données biométriques, en conformité avec les normes W3C et les cadres eIDAS de l’Union européenne. 

Dans un pays où moins de 47 % des adultes possédaient un compte bancaire en 2022, selon la Banque mondiale, le lancement de Fayda Wallet pourrait transformer l’accès aux services essentiels et renforcer la confiance dans les interactions numériques. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On lundi, 26 mai 2025 10:11 Written by

Comme la plupart des pays africains, la RDC reste confrontée à une fracture numérique importante. De nouvelles initiatives émergent, à l’image du projet de village intelligent, qui devrait jouer un rôle clé dans la réduction des inégalités numériques et l’accès aux services essentiels. 

La République démocratique du Congo a signé, le vendredi 23 mai, un partenariat avec la multinationale technologique chinoise Huawei pour le lancement d’un village intelligent pilote. Ce projet vise à améliorer les conditions de vie des populations rurales grâce à des technologies numériques intégrées dans un écosystème de services et d’objets connectés. 

« Ce projet traduit notre engagement à offrir aux populations rurales un accès égal aux opportunités numériques, tout en construisant les bases d’un État moderne, transparent et connecté », a déclaré Mickael Lukoki Nsimba (photo, à gauche), directeur de cabinet de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, lors de la cérémonie de signature. 

Le village intelligent, prévu comme projet pilote, entend démontrer la faisabilité de solutions technologiques adaptées aux réalités locales. Il prévoit notamment la mise en place d’un accès à Internet haut débit, la formation des jeunes aux compétences numériques, ainsi que la connexion des services publics locaux, à l’instar de l’état civil, de la santé et de l’éducation. 

Cette initiative s’inscrit dans la stratégie nationale de transformation numérique portée par le gouvernement congolais, qui ambitionne de moderniser l’État et de réduire les inégalités d’accès au numérique. Elle reflète également une tendance observée à l’échelle continentale, soutenue notamment par la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale, qui considèrent la numérisation des territoires ruraux comme un levier de développement durable et d’inclusion. 

En République démocratique du Congo, où la fracture numérique reste marquée, l’initiative apparaît comme une réponse structurelle aux déséquilibres d’accès à la connectivité. Selon l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), seuls 30,79 % des Congolais avaient accès à l’Internet mobile à la mi-2023, et à peine 0,0174 % à l’Internet fixe. Ces chiffres traduisent l’écart considérable entre zones urbaines et rurales. 

Ce déséquilibre est renforcé par le coût élevé des données, le manque d’infrastructures télécoms dans les zones reculées et la faible intégration des services numériques dans les administrations publiques. 

En dotant les zones rurales d’infrastructures numériques, le gouvernement congolais entend stimuler le développement économique local, renforcer l’accès aux services essentiels et favoriser l’inclusion numérique. Ce projet pourrait aussi servir de modèle pour d’autres régions du pays confrontées aux mêmes défis. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On lundi, 26 mai 2025 06:46 Written by

Le royaume a officiellement dévoilé sa stratégie de développement du numérique au service de l’économie en septembre 2024. Les autorités tablent sur une contribution du secteur du numérique à hauteur de 10 milliards $ en 2030. 

Le gouvernement marocain a placé l’intelligence artificielle (IA) au cœur de sa stratégie de transformation numérique qui vise à utiliser le numérique pour accélérer le développement social et économique. C’est ce qu’a révélé en début de semaine Amal El Fellah Seghrouchni (photo), ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, devant le Parlement. 

Selon la ministre, il est prévu plusieurs initiatives à cet effet. Il s’agit notamment de la création d’une direction spécialisée en IA, du lancement d’un pôle numérique régional arabo-africain en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et de la mise en place d’un réseau de centres d’excellence baptisés « Jazari Institute » dans les douze régions du royaume. Deux programmes nationaux de formation aux compétences numériques et en IA, destinés aux jeunes de 8 à 18 ans, sont également prévus. Enfin, des assises nationales sur l’IA se tiendront les 1er et 2 juillet à Rabat afin de coordonner les efforts des parties prenantes autour d’une vision commune et responsable du développement de l’IA. 

Ces initiatives s’inscrivent dans la vision portée par le gouvernement à travers sa stratégie « Digital 2030 », qui vise à exploiter le potentiel de l’IA pour accélérer la digitalisation des services publics et privés, tout en soutenant et en renforçant un écosystème propice à l’essor de l’économie numérique. L’exécutif entend ainsi accompagner les projets de consolidation des référentiels et registres de données, déployer des cas d’usage pour améliorer les services aux citoyens et aux entreprises, attirer de nouveaux acteurs internationaux spécialisés en IA, appuyer les entreprises et startups actives dans les secteurs à forte valeur ajoutée, développer les compétences et les infrastructures nécessaires à une exploitation responsable de l’IA, instaurer des mécanismes d’évaluation appropriés et engager une réflexion pluridisciplinaire sur les impacts sociétaux, juridiques et économiques du développement de l’IA. 

Ce potentiel de l’IA à soutenir la transformation numérique d’un pays est reconnu par les Nations unies. Dans son rapport « E-Government Survey 2024 », le Département des affaires sociales et économiques (DAES) déclare : « il est largement admis que les technologies d'IA peuvent améliorer les opérations du secteur public en remplaçant les tâches administratives par des processus automatisés, en augmentant l'efficacité et en éliminant les arriérés et les redondances ». Elle ajoute également que l’IA peut aider à atteindre les objectifs de développement durable. 

Il est important de noter que la plupart des initiatives en sont encore au stade de projet. Leur impact dépendra de la mise en œuvre effective. Par ailleurs, le DAES met en garde contre plusieurs risques potentiels liés à l’intelligence artificielle, notamment les biais algorithmiques susceptibles de fausser la représentation de certains groupes, ainsi que des préoccupations d’ordre éthique, sécuritaire et social. L’institution relève également que la persistance de la fracture numérique constitue un obstacle majeur à l’intégration efficace de ces technologies dans le secteur public. 

Isaac K. Kassouwi

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On vendredi, 23 mai 2025 11:21 Written by

L’administration des douanes béninoises a entrepris de nombreuses réformes pour sécuriser les recettes de l’État. La numérisation apparaît comme un levier de cette stratégie, en permettant d’automatiser les procédures, de renforcer la traçabilité des opérations et de lutter contre la fraude. 

La République du Bénin dispose désormais d’un système national intelligent de gestion douanière, développé par Webb Fontaine, une société spécialisée dans les technologies de facilitation du commerce. Dans un communiqué publié le mercredi 21 mai, l’entreprise a annoncé la mise en service officielle de Customs Webb, son nouveau système de gestion douanière, qui remplace désormais l’ancien logiciel ASYCUDA (SYDONIA) dans l’ensemble des bureaux de douane du pays, y compris les ports, les aéroports et les postes frontaliers terrestres. 

« Customs Webb est conçu pour offrir un environnement plus efficace, moins contraignant, transparent et intelligent pour les opérations douanières. Le Bénin bénéficie ainsi pleinement de cette avancée technologique », a déclaré Anicet Houngbo (photo), directeur général de Webb Fontaine Bénin. 

Fruit d’un déploiement accéléré en 14 mois, sans interruption des opérations douanières, cette plateforme introduit des outils d’intelligence artificielle destinés à améliorer la transparence, l’efficacité et la fluidité des échanges. Plus de 100 000 déclarations douanières ont déjà été traitées via le nouveau système, qui a également enregistré plus de 200 000 paiements, 100 000 laissez-passer de véhicules émis, 800 utilisateurs actifs et 95 organisations connectées. 

Cette initiative s’inscrit dans la stratégie numérique du gouvernement béninois, qui ambitionne depuis 2016 de faire du pays un hub régional des services numériques en Afrique de l’Ouest. Ce processus a notamment permis le déploiement du Guichet unique du commerce extérieur entre 2018 et 2024, en partenariat avec Webb Fontaine, et l’intégration progressive d’outils tels que le Système communautaire portuaire et la solution de suivi électronique des cargaisons. 

Avec ce système, le Bénin renforce l’interconnexion de ses principales plateformes commerciales, désormais capables de partager automatiquement les données entre les douanes, les ports, les transporteurs et les banques. Cette interconnexion vise à accélérer le traitement des marchandises, à réduire les risques de fraude et à optimiser la collecte des recettes fiscales. Elle devrait également contribuer à améliorer l’attractivité du pays pour les investisseurs en offrant un environnement commercial plus transparent, rapide et sécurisé. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On jeudi, 22 mai 2025 06:17 Written by

Les autorités mauritaniennes ambitionnent de digitaliser tous les secteurs de l’économie, y compris celui de la justice. Depuis mars 2025, les citoyens peuvent désormais demander et obtenir leur casier judiciaire en ligne. 

Le gouvernement mauritanien entend intégrer le numérique dans la réforme de la justice. C’est l’une des orientations majeures issues de la réunion du Comité supérieur chargé de la réforme et du développement de la justice, présidée le mardi 20 mai par le chef de l’État, Mohamed Ould Ghazouani (photo). 

Selon le communiqué publié après la réunion, plusieurs mesures sont prévues pour moderniser la justice. Il s’agit notamment de la réalisation d’une étude diagnostique afin d’identifier les besoins en équipements informatiques et en infrastructures numériques, de la mise en place d’un système en ligne pour le traitement des demandes de nationalité, ainsi que du développement de sites Internet dédiés aux tribunaux et aux services judiciaires. 

Cette initiative s’inscrit dans l’ambition de transformation numérique du gouvernement mauritanien. L’exécutif cherche à intégrer les outils numériques dans la gestion publique afin de moderniser les services, renforcer la transparence administrative et stimuler le développement économique et social. Plusieurs services ont été numérisés au cours des derniers mois, dont la demande du casier judiciaire. 

La numérisation du secteur de la justice est soutenue par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). L’organisme explique que les outils numériques peuvent améliorer l’efficacité, la transparence et l’accès à la justice. « Lorsqu’elle est mise en œuvre de manière stratégique, la justice numérique peut faire progresser l’État de droit et protéger les droits de l’homme, tout en renforçant l’efficacité des systèmes et institutions judiciaires. » 

Le PNUD alerte cependant sur les risques liés à la numérisation. Les systèmes numériques peuvent exposer les données personnelles et judiciaires à des abus, notamment des atteintes à la vie privée, du piratage, la vente de données ou l’utilisation de données biaisées dans des outils prédictifs. À cela s’ajoutent des obstacles d’accès liés à la faible couverture Internet, au manque d’équipements compatibles, au coût des services numériques ou encore à l’insuffisance des compétences nécessaires pour les utiliser. 

Isaac K. Kassouwi

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On mercredi, 21 mai 2025 13:39 Written by

Pour réussir leur transition numérique, les pays d’Afrique subsaharienne ont tout intérêt à nouer des partenariats internationaux. La Zambie, consciente de cet enjeu, multiplie les collaborations avec des pays technologiquement plus avancés. 

La Zambie et la République tchèque ont décidé de renforcer leur partenariat pour accélérer la transformation numérique du pays d’Afrique australe. Cette annonce fait suite à une rencontre tenue à Lusaka, la semaine dernière, entre le vice-Premier ministre tchèque, Marian Jurečka (photo, à droite), et le ministre zambien de la Technologie et des Sciences, Felix Mutati (photo, à gauche). 

« Nous nous félicitons de cette coopération entre les deux pays, qui vise à trouver des solutions pour protéger notre population dans le cyberespace, ce qui constitue une priorité essentielle pour la Zambie. Pour bâtir une nation véritablement numérique, nous devons également numériser les documents gouvernementaux, un autre domaine dans lequel nous pensons pouvoir collaborer », a déclaré Felix Mutati. 

Au-delà de la cybersécurité, la coopération prévoit des échanges de bonnes pratiques dans la gestion et le traitement des données, tant pour l’administration centrale que pour la sécurisation des infrastructures publiques, notamment en zones rurales. 

Cette initiative s’inscrit dans la continuité de la stratégie numérique nationale lancée en 2022 et vient consolider les relations bilatérales entre les deux pays. Ces dernières se sont récemment intensifiées autour de projets communs dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’agriculture. La République tchèque soutient également la formation de talents zambiens à travers l’octroi de bourses dans des domaines clés comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité et les technologies de l'information. 

Le renforcement de cette coopération devrait permettre à la Zambie de mieux protéger son cyberespace et d’accélérer sa transformation numérique. À la suite de l’adoption, en avril dernier, de la loi sur la cybersécurité et la cybercriminalité par le Parlement zambien, le gouvernement souhaite renforcer ses capacités de protection de la population dans l’espace numérique à travers des outils technologiques adaptés. 

Selon les données de DataReportal, le pays comptait 3,70 millions d’utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux en janvier 2025, soit 17,1 % de la population. Cette adoption du numérique s’accompagne d’une recrudescence des cybermenaces, incitant les autorités à faire de la confiance numérique une priorité. 

Par ailleurs, la République tchèque offre un exemple concret des gains d'efficacité liés à la numérisation. Entre 2019 et 2023, le pays a réduit de 10 % les effectifs de sa fonction publique grâce à l’adoption de solutions numériques et à l’usage de l’IA, tout en améliorant la qualité des services. Un modèle que la Zambie envisage d’adopter pour moderniser son administration et faciliter l’accès aux services publics numériques. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On mercredi, 21 mai 2025 12:46 Written by

La Côte d’Ivoire a lancé en mars 2025 sa stratégie nationale dédiée à l’intelligence artificielle. Pour assurer son succès, les partenariats public-privé se développent afin d’exploiter pleinement le potentiel de cette technologie dans les secteurs clés. 

Le ministère ivoirien de la Transition numérique et de la Digitalisation a conclu, le lundi 19 mai, trois protocoles d’accord avec des entreprises du secteur technologique, à l’occasion de la première Conférence nationale sur l’intelligence artificielle (IA) organisée à Abidjan. Ces accords visent à stimuler l’innovation locale, renforcer les compétences et accompagner l’implémentation de la Stratégie nationale de l’intelligence artificielle (SNIA). 

Le premier accord, signé avec le Centre d’Excellence Digital et Technologies (CEDITECH), prévoit la mise en place de programmes de formation adaptés aux besoins du marché ivoirien et le soutien à l’entrepreneuriat numérique. Avec Amini Corp, une start-up spécialisée dans les données environnementales issues de l’IA, la collaboration porte sur le renforcement de la souveraineté numérique de la Côte d’Ivoire et la promotion d’une innovation technologique inclusive. Enfin, le partenariat avec TBI, acteur local de la distribution d’équipements informatiques, prévoit la formation des agents de l’administration aux usages de l’IA. 

Ces engagements s’inscrivent dans la mise en œuvre de la SNIA, adoptée en mars dernier, et visent à structurer un écosystème propice à l’innovation, à l’inclusion numérique et à la montée en compétences des jeunes. Ils interviennent dans un contexte marqué par le potentiel significatif de l’IA en Afrique. Selon une étude de McKinsey, l’IA pourrait ajouter jusqu’à 1200 milliards de dollars au PIB africain d’ici 2030, représentant une augmentation de 5,6 % du PIB du continent. 

En favorisant le développement de l’IA, le gouvernement ambitionne non seulement de moderniser l’administration publique, mais aussi de créer des opportunités d’emploi qualifié pour les jeunes, qui représentent plus de 70 % de la population. Il s’agit également de positionner la Côte d’Ivoire comme un pôle technologique en Afrique de l’Ouest, à l’heure où les usages de l’IA se multiplient dans des secteurs clés comme l’agriculture, la santé, l’éducation ou les services financiers. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Posted On mercredi, 21 mai 2025 07:09 Written by
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