Face à la hausse de la criminalité organisée et des menaces numériques transnationales, renforcer les compétences en analyse des empreintes électroniques devient urgent. Cette discipline exploite les traces sur supports numériques pour identifier et relier les auteurs d’infractions.
Le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Badaoui, et le ministre d’État britannique chargé de la Sécurité des frontières et de l’asile, Alex Norris, ont signé, le mercredi 12 novembre, un mémorandum d’entente. L’accord vise à renforcer le partenariat opérationnel entre les deux pays et à développer les compétences de la police algérienne dans l’analyse avancée des empreintes électroniques.
Selon le responsable algérien, ce partenariat permettra d’améliorer les capacités nationales en matière de reconnaissance et de vérification d’identité, un enjeu devenu stratégique face à la montée de la criminalité organisée et des menaces transnationales.
Concrètement, l’accord prévoit la formation de cadres et de techniciens algériens aux technologies biométriques de pointe utilisées au Royaume-Uni, ainsi que l’échange d’expertises autour de l’analyse avancée des empreintes électroniques — un procédé consistant à exploiter l’empreinte numérique laissée par les individus (historique de connexion, traces sur appareils électroniques, métadonnées, identifiants techniques) afin d’établir l’identité, de reconstituer des activités en ligne ou de relier plusieurs infractions entre elles.
Cette coopération intervient dans un contexte où l’Algérie accélère la modernisation de ses outils de police scientifique face à la hausse des affaires liées aux trafics transfrontaliers, aux réseaux criminels structurés et à la cybercriminalité. Le phénomène n’est pas isolé. D’après le rapport « Africa Cyberthreat Assessment 2025 d’INTERPOL », 90 % des pays africains estiment qu’ils doivent renforcer de manière significative leurs capacités d’enquête et de poursuite en matière de criminalité numérique.
La mise en œuvre de ce partenariat devrait permettre à l’Algérie de combler certaines lacunes dans ses capacités biométriques. Le Royaume-Uni dispose en effet d'une expertise très avancée. Selon le rapport officiel « Forensic Information Databases 2023‑2024 », sa base d’empreintes digitales IDENT1 recense plus de 28,3 millions de formulaires d'empreintes digitales issus d’enquêtes policières. De plus, la Police Digital Service britannique a développé une « Digital Fingerprint Capability », une plateforme cloud qui permet d’envoyer des images d’empreintes depuis les scènes de crime vers les laboratoires, d’analyser les empreintes en temps réel et d’accélérer les correspondances grâce à la base IDENT1.
Grâce à cet accord, l’Algérie pourrait accéder à des méthodes et protocoles numériques avancés (capture, comparaison, identification), déjà utilisés au Royaume‑Uni pour identifier des suspects plus rapidement, tout en améliorant la qualité des preuves disponibles pour les enquêtes criminelles.
Samira Njoya
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