La transformation numérique a bouleversé l’ensemble des secteurs, y compris le marché du travail. D’ici 2030, plus de 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques.
Le gouvernement togolais prévoit de former 15 000 étudiants des universités publiques à la programmation informatique et à l’intelligence artificielle cette année. L’initiative s’inscrit dans le cadre d’un programme lancé plus tôt ce mois-ci, en partenariat avec la start-up américaine Kira Learning, avec pour objectif final de former 50 000 étudiants chaque année. Ce programme vise à améliorer l’employabilité des jeunes.
Outre l’apprentissage de la programmation Python et de l’IA, le programme inclut également des compétences pratiques en anglais appliqué au numérique. Entièrement gratuit et accessible en ligne, il combine des cours interactifs, des vidéos explicatives et des exercices pratiques. Il est appuyé par un tuteur virtuel basé sur l’IA, capable d’offrir un accompagnement personnalisé aux apprenants.
« La formation ouvre la voie à des opportunités professionnelles concrètes, y compris pour les étudiants non issus de filières scientifiques. En trois mois, un étudiant en lettres ou en sciences humaines pourra prétendre à des postes comme technicien support informatique, assistant de projet digital, webmaster débutant, modérateur de contenus ou annotateur de données pour l’IA », a expliqué le ministère de l’Économie numérique et de la Transformation digitale, dans un communiqué.
Cette initiative intervient dans un contexte de transformation numérique où les compétences numériques deviennent une nécessité sur le marché du travail. Par exemple, la Société financière internationale estime que plus de 230 millions de métiers en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030.
Au Togo, l’on dénombre environ 100 000 étudiants inscrits dans les universités publiques de Lomé et Kara. Le pays compte une population jeune : selon la Banque mondiale, 60 % de ses 8 millions d’habitants ont moins de 25 ans. L’institution de Bretton Woods estime que le taux de chômage officiel dans le pays n’est que de 1,7 %, mais la proportion élevée de travailleurs sous-employés contribue au manque de stabilité financière des ménages. Elle ajoute que le sous-emploi visible, à savoir des emplois de moins de 35 heures par semaine, touche 60 % de la population active.
Cependant, certaines limites doivent être soulignées. Le fait que le programme cible uniquement les universités publiques exclut de fait des milliers d’étudiants issus des établissements privés. De plus, malgré sa gratuité, l’accessibilité à la formation peut être entravée par des contraintes telles que le coût de la connexion Internet ou l’absence d’équipements adéquats — ordinateurs, tablettes, smartphones.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En quinze ans, les avancées technologiques ont remodelé de marché des télécoms et du numérique en Afrique, créant à la fois des opportunités et des défis. Cependant, l’inadaptation des régulations freine un essor harmonieux, limitant le plein potentiel du secteur et son impact économique.
En 2024, dix pays africains ont atteint le plus haut niveau de maturité réglementaire dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) et de la gouvernance numérique. Parmi eux, le Burkina Faso et le Sénégal ont rejoint la catégorie G3, aux côtés de plusieurs pays d’Europe, d’Amérique et d’Asie. Ce niveau correspond à un écosystème réglementaire propice aux investissements, à l’innovation et à l’accès universel. Sur sa plateforme https://app.gen5.digital/ consultée le 3 juin 2024, l'Union internationale des télécommunications (UIT) révèle qu'ils ne sont désormais qu’à quelques points du niveau G4, le plus élevé, qui caractérise une régulation intégrée, alignée sur des objectifs de développement économique et social.
Top10 des pays africains avec le meilleur écosystème de réglementation des TIC
N° |
Pays |
points 2024 |
Niveau 2024 |
points 2023 |
Niveau 2023 |
1 |
Kenya |
93 |
G4 |
71,91 |
G3 |
2 |
Nigeria |
92 |
G4 |
64,81 |
G2 |
3 |
Af. du Sud |
88 |
G4 |
69,29 |
G2 |
4 |
Malawi |
87,50 |
G4 |
59,57 |
G2 |
5 |
Egypte |
87 |
G4 |
69,29 |
G2 |
6 |
Rwanda |
85,67 |
G4 |
63,58 |
G2 |
7 |
Maroc |
85,50 |
G4 |
58,49 |
G2 |
8 |
Ouganda |
85 |
G4 |
55,56 |
G2 |
9 |
Burkina F. |
84 |
G3 |
48,77 |
G2 |
10 |
Sénégal |
82,67 |
G3 |
50 |
G2 |
Source : UIT
Dans son référentiel G5, l’UIT, classe 193 pays selon quatre niveaux de maturité réglementaire, évalués à travers 70 indicateurs regroupés en quatre piliers : gouvernance collaborative nationale ; principes de conception des politiques ; instruments de développement numérique ; agenda politique de l’économie numérique. L’indice, noté sur 100 points, distingue quatre niveaux de maturité réglementaire. G1 (limité) : 0-40 points – Marchés monopolistiques, approche autoritaire ; G2 (intermédiaire) : 40-70 points – Libéralisation partielle et privatisation ; G3 (avancé) : 70-85 points – Cadre favorable à l’innovation et à la concurrence ; G4 (leader) : 85-100 points – Régulation harmonieuse, moteur de transformation numérique.
Des progrès, mais pas assez
Entre 2023 et 2024, les pays africains ont accomplis des progrès significatifs dans leur régulation des TIC. La pandémie de Covid-19 a agi comme un catalyseur, révélant dès 2020 l’urgence de transformation numérique mais également les lacunes réglementaires à combler, notamment dans la révision de gestion du spectre et la fiscalité des services numériques.
Le résultat est visible aujourd’hui. La majorité des pays africains classés G1 et G2 en 2023 ont progressé vers le niveau G3. Seuls trois pays affichent encore un très faible niveau de maturité réglementaire, signe d’une dynamique positive.
Bien que cette évolution soit louable, elle est tout même encore en dessous des objectifs fixés par l’UIT : l’atteinte du niveau G4 par la majorité, pour une économie numérique au service du développement socioéconomique du continent. Pour y parvenir, il est impératif d’investir dans les capacités institutionnelles, de renforcer la coopération régionale, et d’adopter des politiques inclusives pour que le numérique profite à tous.
Muriel EDJO
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Classement des pays africains
N° |
Pays |
Point 2024 |
Niveau 2024 |
Point 2023 |
Niveau 2023 |
11 |
Libéria |
82,33 |
G3 |
41,82 |
G2 |
12 |
Botswana |
82 |
G3 |
55,09 |
G2 |
13 |
Tanzanie |
81,67 |
G3 |
55,25 |
G2 |
14 |
Ghana |
81 |
G3 |
64,20 |
G2 |
15 |
Maurice |
80,50 |
G3 |
62,81 |
G2 |
16 |
Seychelles |
79,50 |
G3 |
20.37 |
G1 |
17 |
Eswatini |
79 |
G3 |
48,92 |
G2 |
18 |
Zambie |
78,33 |
G3 |
49.07 |
G2 |
19 |
Guinée |
76,33 |
G3 |
33,80 |
G1 |
20 |
Tunisie |
75,83 |
G3 |
39,35 |
G1 |
21 |
Angola |
75,67 |
G3 |
28,55 |
G1 |
22 |
Cameroun |
75,67 |
G3 |
38,27 |
G1 |
23 |
Soudan |
75,50 |
G3 |
59.10 |
G2 |
24 |
Comores |
74,17 |
G3 |
30,56 |
G1 |
25 |
Cap-Vert |
74 |
G3 |
50 |
G2 |
26 |
Côte d'Iv. |
74 |
G3 |
50 |
G2 |
27 |
Gambie |
72,67 |
G3 |
41,36 |
G2 |
28 |
Sao Tomé-et-Principe |
72,67 |
G3 |
27,62 |
G1 |
29 |
Togo |
71,67 |
G3 |
43,83 |
G2 |
30 |
Lesotho |
70,50 |
G3 |
28,86 |
G1 |
31 |
Mozambique |
70,50 |
G3 |
22.22 |
G1 |
32 |
Zimbabwe |
70,33 |
G3 |
56,94 |
G2 |
33 |
Bénin |
70 |
G3 |
67,59 |
G2 |
34 |
RD Congo |
70 |
G3 |
41,82 |
G2 |
35 |
Namibie |
68,67 |
G2 |
34,88 |
G1 |
36 |
Niger |
68 |
G2 |
40,59 |
G2 |
37 |
Mali |
67 |
G2 |
44,91 |
G2 |
38 |
Algérie |
66 |
G2 |
50,93 |
G2 |
39 |
Mauritanie |
66 |
G2 |
44,29 |
G2 |
40 |
Gabon |
64 |
G2 |
29,78 |
G1 |
41 |
Sierra Leone |
61,17 |
G2 |
38,27 |
G1 |
42 |
Burundi |
60,67 |
G2 |
26,70 |
G1 |
43 |
Tchad |
58,67 |
G2 |
41,36 |
G2 |
44 |
RCA |
53,50 |
G2 |
26,54 |
G1 |
45 |
Soudan du Sud |
53,17 |
G2 |
||
46 |
Ethiopie |
52 |
G2 |
50,62 |
G2 |
47 |
Somalie |
50,50 |
G2 |
22.22 |
G1 |
48 |
Guinée-B. |
50,33 |
G2 |
26,85 |
G1 |
49 |
Guinée Eq. |
50 |
G2 |
17,59 |
G1 |
50 |
Érythrée |
14 |
G1 |
8.33 |
G1 |
51 |
Libye |
12,67 |
G1 |
3,70 |
G1 |
52 |
Djibouti |
4,50 |
G1 |
23.15 |
G1 |
Source : UIT
G1 ou limité : 0 à 40 points
G2 ou intermédiaire : 40 à 70 points
G3 ou avancé : 70 à 85 points
G3 ou leader : 85 à 100 points
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Les autorités égyptiennes ambitionnent d’accélérer le développement du pays à l’horizon 2030 en généralisant l’usage des TIC. Cette transformation touche l’ensemble des secteurs économiques, y compris l’éducation.
Le gouvernement égyptien souhaite accélérer l’intégration des technologies dans le système éducatif préuniversitaire. Mohamed Abdel Latif, ministre de l’Éducation et de l’Enseignement technique, a discuté de cette question le vendredi 30 mai lors d’une réunion avec des représentants de Google et du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF).
Les échanges ont notamment porté sur le renforcement de la coopération en vue de déployer des modèles efficaces d’intégration technologique dans l’éducation. Il a également été question de réduire la charge de travail des enseignants et de gagner du temps grâce à une utilisation optimale de l’intelligence artificielle (IA).
Cette initiative s’inscrit dans l’ambition de transformation numérique portée par le gouvernement égyptien à travers la stratégie « Digital Egypt 2030 ». L’exécutif entend faire du numérique un levier central du développement socio-économique, en misant sur le renforcement des TIC et la modernisation de l’infrastructure télécoms nationale. Dans ce sens, le pays vise une refonte complète de son système éducatif d’ici 2030, avec un passage à un modèle d’apprentissage centré sur les compétences et une expansion significative de l’enseignement numérique.
Le recours au numérique pour l’éducation est validé par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Elle estime que la technologie offre deux grands types de possibilités. « Premièrement, elle peut améliorer l’enseignement en comblant les lacunes en matière de qualité, en multipliant les occasions de s’exercer, en augmentant le temps disponible et en personnalisant l’enseignement. Deuxièmement, elle peut engager les apprenants en variant la façon dont le contenu est représenté, en stimulant l’interaction et en incitant à la collaboration », peut-on lire dans le « Global Education Monitoring Report 2023 ».
Il convient de rappeler que si le gouvernement égyptien travaille déjà avec l’UNICEF et Google, les nouvelles pistes de collaboration évoquées en sont encore au stade des discussions. Aucun accord n’a été signé, ni même officiellement annoncé à ce jour. Par ailleurs, l’intégration des TIC dans le secteur éducatif pourrait se heurter à plusieurs obstacles. La réussite du processus dépend notamment de la disponibilité d’une connectivité fiable et de qualité dans les établissements scolaires. D’autres défis incluent les équipements des écoles, les compétences numériques des enseignants, la cybersécurité…
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Officiellement estimé à 9,7 %, le chômage en Algérie touche particulièrement les jeunes. Pour y remédier, les autorités misent sur le numérique pour rapprocher formation et emploi grâce à l’échange de données.
L’Algérie renforce sa stratégie de transformation numérique en misant sur l’intégration des systèmes d’information publics. Le jeudi 29 mai, les ministères du Travail et de la Formation professionnelle ont signé une convention-cadre visant à interconnecter leurs plateformes numériques, afin d’aligner les politiques de formation et d’emploi.
Concrètement, la convention prévoit l’instauration d’un système intégré facilitant l’échange instantané et sécurisé de données entre les plateformes numériques des deux ministères. L’objectif est de développer des outils de planification et de prospective, et de renforcer la coordination entre la formation professionnelle et l’emploi, afin de répondre aux besoins du marché et de construire une économie moderne basée sur les compétences et des données précises.
Le ministre du Travail, Fayçal Bentaleb (photo, au centre), a souligné que cet accord s’inscrit dans les directives du président Abdelmadjid Tebboune, qui prône une approche intégrée pour former des compétences adaptées aux besoins du marché du travail. Il a précisé que plus de 516 000 bénéficiaires de l’allocation chômage ont été orientés vers des formations courtes, dont 263 000 ont obtenu une certification professionnelle.
Ce partenariat s’inscrit également dans le cadre de la stratégie nationale de transformation numérique, « Algérie Numérique 2030 », qui repose sur cinq axes fondamentaux : le développement des infrastructures numériques de base, la formation et le renforcement des compétences, et la gouvernance numérique. Le volet capital humain est au cœur de cette stratégie, visant à former et insérer les jeunes dans les métiers du numérique et des nouvelles technologies.
Une fois opérationnel, le partenariat devrait permettre une meilleure adéquation entre les formations proposées et les compétences recherchées sur le marché du travail. L’échange automatisé des données permettra d’orienter plus efficacement les jeunes vers des filières porteuses, tandis que les décideurs disposeront d’outils précis pour anticiper les besoins en main-d’œuvre qualifiée. À terme, cette interconnexion devrait contribuer à moderniser la gestion publique de l’emploi, à fluidifier l’insertion professionnelle et à accélérer la transition vers une économie fondée sur la connaissance.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités ghanéennes ont récemment lancé un programme visant à former un million de codeurs. L’accès au programme pourrait être limité par un manque d’accès à Internet.
Samuel Nartey George (photo, au centre), ministre ghanéen de la Communication, de la Technologie numérique et de l’Innovation, envisage une collaboration avec l’entreprise technologique locale TECHAiDE. Le ministre estime que le dispositif sans fil « Asanka », un système local de gestion de l’apprentissage (LMS) fonctionnant hors ligne, présenté le jeudi 29 mai, pourrait jouer un rôle clé dans la mise en œuvre du programme gouvernemental de formation d’un million de codeurs sur quatre ans.
« Ce partenariat devrait avoir un impact significatif sur le secteur éducatif au Ghana ainsi que sur le programme "Un million de codeurs", qu’il contribuera à rendre plus accessible, efficace et économique », a indiqué le ministère de la Communication, de la Technologie numérique et de l’Innovation dans un communiqué publié sur sa page Facebook. Le partenariat prévoit également la construction de laboratoires informatiques équipés du dispositif, permettant aux élèves d’y accéder.
Selon le site web de l’entreprise, le dispositif ne nécessite pas d’accès à Internet. Les utilisateurs s’y connectent via le Wi-Fi. Portable, il fonctionne avec seulement 5 watts et peut être alimenté par un chargeur USB, une batterie externe ou un panneau solaire. Il donne accès à des contenus variés : programmes scolaires ghanéens, sujets BECE (Basic Education Certificate Examination), sites éducatifs, vidéos, livres numériques, ressources éducatives de l’UNESCO et jeux interactifs.
L’adoption de ce dispositif pourrait simplifier l’accès à la formation en codage pour les bénéficiaires. Par exemple, ils n’auront plus à acheter des forfaits Internet, dans un contexte où les consommateurs se plaignent de la cherté croissante des services Internet. Le ministre a même convoqué les opérateurs télécoms sur la question pour ce 30 mai.
Pour l’instant, la collaboration n’en est qu’à une phase exploratoire. Si le ministre a manifesté son intérêt, aucun accord n’a encore été signé ni annoncé officiellement. TECHAiDE prévoit même de lancer un projet pilote pour tester et perfectionner sa solution, en vue d’une adoption à plus grande échelle et d’une intégration dans les programmes scolaires. Par ailleurs, l’utilisation du dispositif Asanka nécessite un terminal (ordinateur, tablette ou smartphone). L’accès à ces équipements, notamment en milieu rural, reste un obstacle potentiel qui pourrait freiner la diffusion et l’usage de la solution.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le royaume a officiellement dévoilé sa stratégie de développement du numérique au service de l’économie en septembre 2024. Les autorités tablent sur une contribution du secteur du numérique à hauteur de 10 milliards $ en 2030.
Le gouvernement marocain a placé l’intelligence artificielle (IA) au cœur de sa stratégie de transformation numérique qui vise à utiliser le numérique pour accélérer le développement social et économique. C’est ce qu’a révélé en début de semaine Amal El Fellah Seghrouchni (photo), ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, devant le Parlement.
Selon la ministre, il est prévu plusieurs initiatives à cet effet. Il s’agit notamment de la création d’une direction spécialisée en IA, du lancement d’un pôle numérique régional arabo-africain en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et de la mise en place d’un réseau de centres d’excellence baptisés « Jazari Institute » dans les douze régions du royaume. Deux programmes nationaux de formation aux compétences numériques et en IA, destinés aux jeunes de 8 à 18 ans, sont également prévus. Enfin, des assises nationales sur l’IA se tiendront les 1er et 2 juillet à Rabat afin de coordonner les efforts des parties prenantes autour d’une vision commune et responsable du développement de l’IA.
Ces initiatives s’inscrivent dans la vision portée par le gouvernement à travers sa stratégie « Digital 2030 », qui vise à exploiter le potentiel de l’IA pour accélérer la digitalisation des services publics et privés, tout en soutenant et en renforçant un écosystème propice à l’essor de l’économie numérique. L’exécutif entend ainsi accompagner les projets de consolidation des référentiels et registres de données, déployer des cas d’usage pour améliorer les services aux citoyens et aux entreprises, attirer de nouveaux acteurs internationaux spécialisés en IA, appuyer les entreprises et startups actives dans les secteurs à forte valeur ajoutée, développer les compétences et les infrastructures nécessaires à une exploitation responsable de l’IA, instaurer des mécanismes d’évaluation appropriés et engager une réflexion pluridisciplinaire sur les impacts sociétaux, juridiques et économiques du développement de l’IA.
Ce potentiel de l’IA à soutenir la transformation numérique d’un pays est reconnu par les Nations unies. Dans son rapport « E-Government Survey 2024 », le Département des affaires sociales et économiques (DAES) déclare : « il est largement admis que les technologies d'IA peuvent améliorer les opérations du secteur public en remplaçant les tâches administratives par des processus automatisés, en augmentant l'efficacité et en éliminant les arriérés et les redondances ». Elle ajoute également que l’IA peut aider à atteindre les objectifs de développement durable.
Il est important de noter que la plupart des initiatives en sont encore au stade de projet. Leur impact dépendra de la mise en œuvre effective. Par ailleurs, le DAES met en garde contre plusieurs risques potentiels liés à l’intelligence artificielle, notamment les biais algorithmiques susceptibles de fausser la représentation de certains groupes, ainsi que des préoccupations d’ordre éthique, sécuritaire et social. L’institution relève également que la persistance de la fracture numérique constitue un obstacle majeur à l’intégration efficace de ces technologies dans le secteur public.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités mauritaniennes ambitionnent de digitaliser tous les secteurs de l’économie, y compris celui de la justice. Depuis mars 2025, les citoyens peuvent désormais demander et obtenir leur casier judiciaire en ligne.
Le gouvernement mauritanien entend intégrer le numérique dans la réforme de la justice. C’est l’une des orientations majeures issues de la réunion du Comité supérieur chargé de la réforme et du développement de la justice, présidée le mardi 20 mai par le chef de l’État, Mohamed Ould Ghazouani (photo).
Selon le communiqué publié après la réunion, plusieurs mesures sont prévues pour moderniser la justice. Il s’agit notamment de la réalisation d’une étude diagnostique afin d’identifier les besoins en équipements informatiques et en infrastructures numériques, de la mise en place d’un système en ligne pour le traitement des demandes de nationalité, ainsi que du développement de sites Internet dédiés aux tribunaux et aux services judiciaires.
Cette initiative s’inscrit dans l’ambition de transformation numérique du gouvernement mauritanien. L’exécutif cherche à intégrer les outils numériques dans la gestion publique afin de moderniser les services, renforcer la transparence administrative et stimuler le développement économique et social. Plusieurs services ont été numérisés au cours des derniers mois, dont la demande du casier judiciaire.
La numérisation du secteur de la justice est soutenue par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). L’organisme explique que les outils numériques peuvent améliorer l’efficacité, la transparence et l’accès à la justice. « Lorsqu’elle est mise en œuvre de manière stratégique, la justice numérique peut faire progresser l’État de droit et protéger les droits de l’homme, tout en renforçant l’efficacité des systèmes et institutions judiciaires. »
Le PNUD alerte cependant sur les risques liés à la numérisation. Les systèmes numériques peuvent exposer les données personnelles et judiciaires à des abus, notamment des atteintes à la vie privée, du piratage, la vente de données ou l’utilisation de données biaisées dans des outils prédictifs. À cela s’ajoutent des obstacles d’accès liés à la faible couverture Internet, au manque d’équipements compatibles, au coût des services numériques ou encore à l’insuffisance des compétences nécessaires pour les utiliser.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités libériennes veulent faire du numérique un moteur de développement national. Cela nécessite un accès généralisé à Internet.
Le gouvernement libérien prévoit de déployer des points Wi-Fi communautaires à travers le pays afin d’améliorer l’accès à Internet. L’initiative a été lancée la semaine dernière dans les comtés de Bong et Nimba, en partenariat avec le fournisseur d’infrastructures télécoms CSquared Africa et d’autres partenaires. C’était dans le cadre des célébrations de la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information.
« Grâce à l’accès Wi-Fi à faible coût désormais disponible dans les centres de santé, les écoles et les espaces communautaires, nous œuvrons activement à renforcer la littératie numérique et la participation économique dans les communautés mal desservies. Cette initiative témoigne de notre engagement à faire en sorte que chaque Libérien puisse bénéficier de la transformation numérique et y contribuer », a déclaré le ministère des Postes et Télécommunications dans un communiqué publié sur Facebook.
Le taux de pénétration de l’Internet au Liberia était de 23,5 % en 2023 pour une population estimée à 5,6 millions, selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT). L’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) estime que la cherté des services Internet est l’un des principaux obstacles à leur adoption. L’UIT estime qu’en 2024, les dépenses en Internet mobile représentaient 8,2 % du revenu national brut (RNB) mensuel par habitant, contre 153 % pour l’Internet fixe. L’organisation considère qu’un service est abordable lorsque son coût ne dépasse pas 2 % de ce revenu.
Bien que les points Wi-Fi communautaires puissent accélérer l’adoption d’Internet au Liberia, leur déploiement reste limité à certaines zones du pays. À ce jour, le gouvernement n’a pas encore précisé le calendrier d’extension de l’initiative ni les modalités d’accès, notamment en ce qui concerne les éventuels coûts pour les usagers.
En outre, le coût du service n’est pas le seul obstacle à l’adoption de l’Internet. La GSMA souligne également la faible accessibilité aux appareils compatibles avec Internet tels que les smartphones, les tablettes ou les ordinateurs. Selon l’UIT, seuls 59 % des Libériens possédaient un téléphone en 2023, sans préciser la proportion de smartphones. À cela s’ajoutent d’autres barrières, comme le manque de compétences numériques, une expérience utilisateur limitée ou encore les préoccupations liées à la sécurité en ligne.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le gouvernement ghanéen mise sur la coopération internationale pour réaliser ses ambitions de transformation numérique. Récemment, les autorités se sont rapprochées de l’Allemagne, de l’Italie, du Danemark, entre autres.
Le gouvernement ghanéen envisage de renforcer sa coopération avec l’Inde dans le secteur technologique. La question a été au centre des échanges lors d’une rencontre tenue le jeudi 15 mai entre le ministre ghanéen de la Communication, des Technologies numériques et de l’Innovation, Samuel Nartey George (photo, au centre), et l’ambassadeur de l’Inde au Ghana, Shri Manish Gupta (photo, à gauche).
Au cours des échanges, les deux parties ont exploré les opportunités de partenariats dans les domaines des paiements numériques, de la banque mobile et de l’inclusion financière. Elles ont également abordé le développement de l’écosystème technologique ghanéen, avec l’ambition de faire du pays un pôle de codage en Afrique. Enfin, les discussions ont porté sur le renforcement des infrastructures numériques afin de mieux soutenir l’innovation et l’entrepreneuriat.
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des efforts de coopération internationale du gouvernement ghanéen en faveur de la transformation numérique, considérée comme un levier du développement socioéconomique. Au cours des dernières semaines, le pays s’est notamment rapproché de l’Allemagne, de l’Italie, de la Turquie, d’Israël et du Danemark. À cela s’ajoutent des entités et entreprises comme la société de fibre CSquared, Deloitte, l’Organisation régionale africaine de communication par satellite (RASCOM), l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et Meta.
Pour le moment, le Ghana s’est classé à la 108e place mondiale sur 193 à l’indice de développement de l’e-gouvernement des Nations unies avec un score de 0,6317. Il est bien au-dessus de la moyenne africaine (0,4247) mais légèrement en dessous de la moyenne mondiale (0,6382). L’Inde, quant à elle, a été classée 97e avec un score de 0,6678.
Il convient de rappeler que les échanges entre le Ghana et l’Inde restent à une étape embryonnaire. Les deux parties se sont engagées à approfondir les pistes de coopération et à identifier des projets concrets à mettre en œuvre. Toutefois, aucun accord n’a été signé ou même annoncé pour le moment. Il faudrait donc attendre des développements ultérieurs pour s’avancer davantage sur les perspectives et l’impact potentiel.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique figure parmi les priorités de nombreux pays africains. Pour qu’elle soit pleinement réussie, elle doit s’accompagner de garanties solides en matière de cybersécurité et de protection des données, tant pour les citoyens que pour les institutions.
La Zambie et le Zimbabwe cherchent à s’inspirer du Nigeria en matière de protection des données personnelles. À cet effet, des délégations distinctes des deux pays d’Afrique australe ont effectué cette semaine une visite de travail au siège de la Commission nigériane de protection des données (NDPC). La rencontre s’est tenue en marge de l’Assemblée générale du Réseau africain des autorités de protection des données personnelles (RAPDP), organisée à Abuja, au Nigeria.
« L’objectif de cette visite était pour les délégations d’étudier le fonctionnement quotidien de la NDPC, en vue de reproduire les meilleures pratiques dans leurs pays respectifs », a déclaré l’organisation dans un communiqué publié le mercredi 14 mai.
Vincent Olatunji, commissaire national de la NDPC, a présenté aux visiteurs un aperçu de l’évolution de la protection des données au Nigeria, soulignant que la Commission a élaboré une feuille de route stratégique qui lui sert de guide depuis la signature de la loi nigériane sur la protection des données de 2023. Il a précisé que le modèle de partenariat public-privé mis en place constitue l’un des principaux leviers du succès de l’institution. Les échanges ont également porté sur d’autres aspects clés tels que le développement du capital humain, la sensibilisation du public, l’élaboration de politiques adaptées et les stratégies de collaboration.
Cette visite de benchmarking intervient dans un contexte de transformation numérique accélérée marquée par une généralisation de l’adoption des services de communications électroniques. « Alors que les entreprises, les gouvernements et les particuliers dépendent de plus en plus des plateformes numériques, la question de la sécurité des données personnelles n’a jamais été aussi cruciale », a indiqué la plateforme d’échange de cryptomonnaies Yellow Card dans l’édition 2025 de son rapport « The State of Data Protection Laws in Africa ».
Cela pourrait permettre aux autorités de protection des données de la Zambie et du Zimbabwe de renforcer leur capacité à assumer pleinement leur rôle, qui consiste, selon Yellow Card, à faire respecter la législation, enquêter sur les violations et accompagner entreprises et citoyens dans l’adoption de bonnes pratiques. À titre d’exemple, une enquête conjointe de 38 mois menée par la Commission fédérale de la concurrence et de la protection des consommateurs (FCCPC) et la NDPC a révélé que WhatsApp avait enfreint les lois nigérianes sur la protection des données et la concurrence. En conséquence, une amende de 220 millions de dollars a été infligée à sa maison mère, Meta, en juillet 2024.
Il convient toutefois de rappeler que répliquer le modèle nigérian en Zambie et au Zimbabwe peut être compliqué étant donné que les contextes sont différents. D’ailleurs, Yellow Card souligne que l’efficacité des autorités de protection des données est inégale selon les pays du continent, en raison de disparités en matière de ressources, d’expertise et de volonté politique.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Du 2 au 12 décembre 2024, le ministère béninois du Numérique a lancé un appel à candidatures à l’intention des MPME béninoises désireuses d’obtenir le « label start-up ». Les résultats ont récemment été annoncés.
Les autorités béninoises ont dévoilé le vendredi 9 mai la liste des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) qui ont obtenu le « label start-up » pour les trois prochaines années. Au nombre de 15, elles ont été sélectionnées parmi quatre-vingt-quinze (95) MPME opérant dans des secteurs tels que la santé, le tourisme ou encore la technologie.
« Après une vérification de l'éligibilité et de la complétude des dossiers par le secrétariat permanent du comité technique de labellisation, vingt (20) dossiers ont été retenus et engagés dans un processus d'évaluation mené par ledit comité […]. A l'issue du processus d'évaluation des candidatures, quinze (15) micro, petites et moyennes entreprises se sont vu octroyer le label start-up pour les trois (03) prochaines années », peut-on lire dans le communiqué publié par le ministère béninois du Numérique et de la Digitalisation.
Cette sélection fait suite à un appel à candidatures lancé du 2 au 12 décembre 2024 à l’intention des MPME béninoises souhaitant obtenir le « label start-up ». L’attribution de ce label s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du décret n°2023-095 du 22 mars 2023. Les autorités prévoient un traitement spécifique pour les entreprises labellisées, afin de favoriser leur développement dans un environnement adapté.
Selon le code général des impôts en vigueur au Bénin, elles « bénéficient de l’exonération de l’impôt sur les sociétés et du versement patronal sur les salaires pendant les deux (2) premières années d’activités et d’une réduction de 50% des mêmes impôts au titre de la troisième année ». Le but est de stimuler l’innovation, la création d’emplois et d’inciter les investisseurs à miser sur les jeunes pousses béninoises.
D’après le rapport « Africa 2023 Investment Report Crisis or Adjustment » de Briter Bridge, les start-up africaines ont attiré plus de 22 milliards $ entre 2013 et 2023. En 2024, elles ont capté 3,2 milliards $, selon les données de Partech Africa. A moyen terme, la mise en place du « label start-up » pourrait stimuler l’émergence d’un vivier de start-up compétitives sur le plan régional, voire continental, et renforcer l’attractivité du Bénin en tant que hub de l’innovation en Afrique de l’Ouest. Pour rappel, des pays comme le Sénégal, le Rwanda ou encore la Tunisie ont mis en place des dispositifs similaires pour faire émerger leur écosystème start-up.
Adoni Conrad Quenum
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Les autorités mauritaniennes ambitionnent de numériser l’ensemble des secteurs de l’économie nationale, y compris l’éducation. Dans ce cadre, une feuille de route pour la transformation numérique du système éducatif est en cours d’élaboration depuis janvier dernier.
Le gouvernement mauritanien envisage de mettre en place une plateforme numérique pour la formation continue des enseignants de l’enseignement fondamental, équivalent au primaire. Une convention de coopération a été signée le lundi 12 mai entre le ministère de la Transformation numérique et de la Modernisation de l’administration et le ministère de l’Éducation et de la Réforme du système éducatif.
La plateforme numérique sera gratuite et accessible à tout enseignant via les réseaux de tous les fournisseurs d’accès à Internet en Mauritanie. La mise en place de 63 salles informatiques est également prévue, soit une par département. Chacune sera dotée d’un serveur facilitant l’accès à la plateforme sans besoin de connexion directe à Internet.
« La convention comprend aussi un programme de formation des formateurs et des techniciens relevant du ministère, pour leur permettre de gérer la plateforme et d’en développer les contenus, garantissant ainsi sa durabilité et son efficacité », indique le ministère de la Transformation numérique.
La mise en place de cette plateforme s’inscrit dans les efforts du gouvernement mauritanien pour numériser le système éducatif national. Les acteurs du secteur ont engagé en début d’année l’élaboration d’une feuille de route pour la transformation numérique du secteur. Les autorités travaillent également sur un dispositif innovant pour numériser les diplômes, dans le but de moderniser leur délivrance et d’en renforcer l’authenticité.
Le gouvernement mauritanien mise sur le renforcement des compétences des enseignants via la plateforme numérique afin d’améliorer la qualité de l’enseignement et ses résultats. Toutefois, aucun calendrier de conception ni de mise en service de l’outil n’a encore été communiqué par les parties prenantes. Par ailleurs, la question de son adoption effective par les enseignants reste posée. Au-delà des salles informatiques prévues dans chaque département, l’efficacité du dispositif dépendra aussi de l’accès individuel aux équipements numériques, tels que les smartphones ou les ordinateurs.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le pays multiplie les échanges avec Huawei. En mars dernier, les deux parties avaient déjà discuté d’un projet de datacenter national et de solutions d’e-gouvernement.
Le gouvernement guinéen veut renforcer sa coopération avec la société technologique chinoise Huawei pour accélérer sa transformation numérique. La question était au cœur des discussions le mercredi 7 mai lorsque Rose Pola Pricemou (photo, à gauche), ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, a reçu en audience une délégation de Huawei Guinée.
Les échanges entre les deux parties ont notamment porté sur le développement d’un cloud souverain pour la Guinée, la numérisation de l’administration publique, le renforcement de la cybersécurité nationale, ainsi que la mise en place de programmes de formation et de transfert de compétences au profit de la jeunesse guinéenne.
Le gouvernement guinéen continue de renforcer sa coopération avec Huawei. En mars 2025, en marge du Mobile World Congress de Barcelone, la ministre Pricemou avait déjà échangé avec les représentants de l’entreprise autour du projet de datacenter national et des solutions d’e-gouvernement. Une rencontre antérieure, en décembre 2024, avait permis d’aborder d’autres priorités, notamment le déploiement de la 5G, l’extension du réseau national de fibre optique, le développement de services numériques dans des secteurs stratégiques, ainsi que la formation et le transfert de compétences au profit des acteurs locaux.
Cette intensification des échanges avec Huawei s’inscrit dans la volonté du gouvernement guinéen de développer le partenariat public-privé pour atteindre ses objectifs de transformation numérique. Les autorités estiment que cette approche permet de mitiger les investissements colossaux qu’exigent ces projets. L’exécutif « veut collaborer avec des partenaires innovants pour accélérer l’inclusion numérique et faire du digital un levier de développement économique et social ».
Le partenariat avec Huawei, l’un des leaders mondiaux des technologies, pourrait jouer un rôle déterminant dans l’accélération de la transformation numérique en Guinée. D’après le rapport des Nations unies intitulé « E-Government Survey 2024: Accelerating Digital Transformation for Sustainable Development », la Guinée affiche un score de 0,4006 sur 1 à l’indice de développement de l’administration en ligne (EGDI), se classant ainsi au 29e rang en Afrique. En 2022, ce score était de 0,2955.
Il convient toutefois de préciser qu’aucun accord officiel n’a été signé ni annoncé pour le moment entre les deux parties. Il faudra donc suivre les développements à venir pour mieux apprécier la portée réelle de cette collaboration et son impact potentiel.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Alors que la digitalisation s’accélère, les États nigérians multiplient les initiatives pour renforcer les compétences numériques de leurs citoyens. Par exemple, l’État de Benue s’est engagé en mars dernier à former 40 000 fonctionnaires au numérique.
Le gouvernement de l’État de Zamfara, au Nigeria, a signé un accord avec la société Oracle pour développer les compétences numériques des jeunes et des professionnels. Ce partenariat s’inscrit dans la stratégie de transformation numérique de l’État.
Le partenariat sera mis en œuvre par l’Agence de développement des technologies de l’information de Zamfara (ZITDA), en collaboration avec Oracle Academy et Oracle University. Il prévoit un accès gratuit à des cours en ligne, des certifications professionnelles et plus de 200 heures de formation dans des domaines clés comme le cloud, l’intelligence artificielle, la science des données et le développement APEX.
« Ce que nous faisons aujourd’hui dépasse la simple technologie : il s’agit de redonner espoir, de créer des opportunités et d’ouvrir les portes de l’avenir. En investissant dans l’éducation numérique et l’innovation, nous offrons de véritables alternatives à la pauvreté, au chômage et au désespoir », a déclaré Dauda Lawal, gouverneur de l’État de Zamfara.
En mettant l’accent sur la formation, le gouvernement de Zamfara espère non seulement permettre aux citoyens de participer à l’économie numérique, mais également développer une main-d’œuvre qualifiée. Par exemple, la Banque mondiale estime que près de 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques en Afrique subsaharienne d’ici 2030.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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