Le Cap-Vert est décidé à faire du numérique un pilier du développement socio-économique national. Les autorités capverdiennes ambitionnent d’augmenter au cours des prochaines années la part du numérique dans le PIB, actuellement estimée à environ 5 %.
Le gouvernement du Cap-Vert poursuit son engagement pour accélérer le développement de l’écosystème start-up. L’exécutif a lancé, le lundi 28 juillet, le programme BOOST.CV, qui vise à accompagner 150 jeunes entrepreneurs dans le secteur numérique en leur offrant formation, mentorat et incubation de projets innovants.
« Il ne s’agit pas seulement d’un outil technologique, mais d’un instrument de politique publique conçu pour générer un impact réel. Nous croyons fermement que le talent capverdien, tant sur les îles qu’au sein de la diaspora, est notre plus grande ressource. Et c’est notre responsabilité, en tant qu’État, de créer les conditions pour que ce talent puisse s’épanouir et innover », a déclaré Olavo Correia, vice-Premier ministre, ministre des Finances et ministre de l’Économie numérique, dans un communiqué du gouvernement publié le 29 juillet.
Cette initiative vient s’ajouter à des mesures déjà mises en œuvre. Dans une interview accordée à l’Agence Ecofin en mai, Pedro Lopes, secrétaire d’État à l’Économie numérique, expliquait : « le programme Cape Verde Digital est notre vitrine. À travers digital.cv, vous pouvez explorer notre écosystème. Nous soutenons 200 jeunes chaque année via une bourse (Cabo Digital Scholarship) et finançons une centaine de start-up avec l’équivalent de six salaires minimum pour deux cofondateurs, ainsi qu’un soutien logistique et marketing. Le programme Go Global nous permet de financer la participation de nos start-up à des événements tech internationaux ».
D’autres initiatives comprennent « Reinvent Cape Verde », où les institutions publiques et privées soumettent leurs défis à des start-up qui proposent des solutions via des hackathons, ainsi que le Fonds Morabeza, un fonds de 24 millions de dollars visant à favoriser la croissance de start-ups technologiques dirigées par des jeunes et des femmes.
M. Lopes a souligné les progrès dans la mise en place d’un cadre réglementaire favorable aux start-up, incluant une loi dédiée avec avantages fiscaux, la création d’une zone économique spéciale technologique, et des lois modernes sur la protection des données et les transactions numériques. Le gouvernement a aussi simplifié l’enregistrement des entreprises, instauré des visas pour nomades digitaux, et inauguré un parc technologique.
Actuellement, l’écosystème start-up du Cap-Vert est classé à la 75ᵉ place mondiale et à la deuxième place en Afrique de l’Ouest selon le rapport « Global Startup Ecosystem Index 2025 » de StartupBlink. Ce dernier explique cependant que les start-up sont principalement confrontées au manque actuel d’infrastructures physiques dans le pays et à un climat d’investissement peu développé. Un défi supplémentaire signalé dans le rapport est la préférence marquée de la population pour la stabilité du secteur public, au détriment de l’entrepreneuriat, perçu comme risqué.
Isaac K. Kassouwi
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Comme beaucoup de pays africains, le Gabon compte sur la coopération internationale pour accélérer sa transformation numérique. En juin, le président Oligui Nguema a échangé avec son homologue botswanais, dont le pays est cité en exemple.
Le gouvernement gabonais souhaite renforcer sa coopération avec la Turquie dans le domaine du numérique. Ce sujet a été au cœur des échanges le mardi 29 juillet, lors d’une audience accordée par Mark Alexandre Doumba, ministre de l’Économie numérique, à Can İncesu, ambassadeur de la République de Turquie au Gabon.
Au cours de la rencontre, M. Doumba a présenté les missions et priorités de son département, axées notamment sur la modernisation de l’administration publique par le numérique, le développement des infrastructures numériques nationales, la gouvernance des données et la souveraineté technologique, ainsi que la formation des jeunes talents numériques.
En réponse, l’ambassadeur de Turquie a exprimé l’intérêt de son pays à accompagner le Gabon dans cette dynamique, notamment à travers le partage d’expertise en matière de gouvernement électronique, l’appui à l’introduction de la signature électronique dans les échanges officiels, le développement de solutions de paiement à distance pour les services publics, et l’installation d’infrastructures télécoms dans les zones moins desservies.
La Turquie est classée 27ᵉ sur 193 à l’Indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) des Nations unies, avec un score de 0,8913 sur 1, bien au-dessus de la moyenne mondiale de 0,6382. Dans le sous-indice des services en ligne, elle atteint 0,9225, 0,9192 dans le capital humain, et 0,8322 pour les infrastructures télécoms. Par ailleurs, en 2024, la Turquie affichait un taux de pénétration d’Internet de 87,3 %, contre 96 % pour la téléphonie mobile, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT). Selon l’indice de développement des TIC 2025, elle a obtenu un score de 88,5 sur 100.
De son côté, le Gabon se classe 121ᵉ au niveau mondial à l’EGDI avec un score de 0,5741 sur 1. Le pays obtient un score de 0,8263 dans le sous-indice des infrastructures télécoms, mais ses résultats sont plus faibles dans les services en ligne (0,3188) et le capital humain (0,5772). Malgré ces défis, le gouvernement entend faire du numérique un pilier central du développement socio-économique national et réduire la dépendance aux ressources extractives. L’exécutif vise une contribution du secteur numérique de 10 à 12 % du PIB d’ici la fin 2025, contre environ 5 % actuellement.
Malgré la volonté clairement affichée par les deux parties, la collaboration reste encore à un stade embryonnaire. Elles ont convenu de poursuivre les échanges techniques afin d’identifier des projets communs susceptibles d’avoir un fort impact pour les citoyens gabonais. Cependant, aucun accord concret n’a encore été signé ni officiellement annoncé. Le chemin vers un partenariat opérationnel reste donc à construire, et il faudra attendre les prochaines étapes pour mesurer la portée réelle de cette coopération.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Dans le cadre de sa transformation numérique, le Liberia franchit une nouvelle étape avec l’appui de partenaires stratégiques du secteur privé. Cette alliance vise à rendre l’administration fiscale plus efficace et plus transparente.
La Liberia Revenue Authority (LRA), instance nationale en charge des impôts, a acté le mercredi 23 juillet un accord avec Orange Money Liberia et Ecobank, pour un système numérique permettant aux citoyens de s’acquitter de leurs impôts et frais publics directement via leur téléphone mobile.
« En quelques clics sur leur téléphone portable, les citoyens peuvent désormais remplir leurs obligations civiques, ce qui leur permet d'économiser du temps, de l'argent et des efforts. [...] Nous sommes ravis de nous associer à la LRA et à Ecobank pour contribuer à la modernisation du système fiscal libérien » a indiqué Maxwell Dodd, PDG d'Orange Money Liberia.
Concrètement, les contribuables peuvent désormais effectuer leurs paiements fiscaux à partir du code USSD *144#, sans besoin de connexion internet. En saisissant leur numéro d’identification fiscale (TIN), le montant dû et la nature du paiement, ils reçoivent instantanément une confirmation par SMS. Le service couvre déjà 18 ministères et agences gouvernementales, et une formation des agents publics a été organisée pour en assurer le déploiement effectif.
L’initiative vise à faciliter le paiement des taxes, notamment pour les populations éloignées des centres urbains, à accroître la transparence et la traçabilité des recettes publiques. Il faut souligner qu’elle favorise l’inclusion financière, car accessible à toute personne disposant d’un téléphone mobile.
À moyen terme, cette plateforme pourrait contribuer à élargir l’assiette fiscale, accroître les recettes de l’État et améliorer l'efficacité administrative. Le Liberia s’inscrit ainsi dans une dynamique régionale où la finance mobile devient un levier de transformation des services publics. À plus long terme, ce modèle de partenariat public-privé pourrait inspirer d’autres pays d’Afrique de l’Ouest dans leur transition vers une gouvernance plus numérique, inclusive et connectée aux réalités du terrain.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Avec l’accélération de la transformation numérique sur le continent, la demande en compétences numériques connaît également une forte croissance. Face à cet enjeu, les acteurs publics et privés multiplient les initiatives pour former les talents et répondre aux besoins du marché.
Le gouvernement gabonais veut dynamiser le fonctionnement de l’Institut africain d’informatique (IAI), basé à Libreville. L’exécutif entend redonner à cette institution panafricaine fondée en 1971 son statut de fer de lance de la formation d’ingénieurs informaticiens de haut niveau sur le continent.
Mark Alexandre Doumba (photo, à droite), ministre de l'Économie numérique, de la Digitalisation et de l'Innovation, a reçu ce mardi 22 juillet la direction de l’IAI pour faire un point complet sur la situation actuelle. Il a réaffirmé sa volonté de poursuivre, dans la continuité de l'engagement pris par son prédécesseur, une refonte en profondeur de l’Institut.
« Si l’IAI a longtemps incarné l’excellence et l’innovation dans le domaine du numérique en Afrique, les difficultés structurelles et organisationnelles rencontrées ces dernières années ont ralenti son développement et son rayonnement », a déclaré le ministère dans un communiqué publié sur Facebook.
Parmi les priorités évoquées figurent la modernisation de l’offre de formation, la mise en place d’une nouvelle dynamique pédagogique et managériale, la réorganisation de la gouvernance ainsi que l’élaboration d’un plan de redressement structurant. Le ministre a également annoncé la convocation prochaine d’un conseil d’administration extraordinaire avec les États membres pour acter une relance concertée.
Cette volonté du gouvernement intervient dans un contexte de transformation numérique marqué par une demande croissante en compétences. Selon la Banque mondiale, 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030, avec une forte concentration dans les services numériques. Ces opportunités exigeront des profils dotés de compétences intermédiaires ou avancées.
Pourtant, selon une étude de Talentum, une fintech spécialisée dans les ressources humaines, la plupart des pays africains forment encore moins de 5000 ingénieurs informaticiens par an, alors que la demande est souvent dix fois plus élevée. Cette pénurie de compétences techniques freine considérablement la progression de la transformation numérique sur le continent.
Il convient toutefois de rappeler que la relance de l’IAI reste pour l’instant une volonté politique forte, mais encore à concrétiser. Des interrogations subsistent quant à la pérennité du financement des réformes, à la capacité de l’institution à suivre le rythme rapide des évolutions technologiques, ainsi qu’à l’engagement effectif de l’ensemble des États membres. Il s’agit du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, de la Centrafrique, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Niger, du Sénégal, du Tchad, du Togo et du Congo.
Isaac K. Kassouwi
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Le Malawi cherche à généraliser l’usage du numérique alors que 82 % des Malawites n’utilisent pas encore Internet. Parmi les facteurs à prendre en compte figure la disponibilité de contenus en ligne utiles et pertinents pour les populations locales.
Le Fonds du service universel (USF) du Malawi a attribué des subventions d’une valeur totale de 63,4 millions de kwachas malawites (36 700 $) à cinq créateurs de contenus numériques. L’initiative vise, selon les autorités, à encourager la création et la croissance de contenus locaux afin de refléter les réalités malawites et valoriser le développement du pays.
« L’USF identifie les lacunes dans le secteur des communications, et l’une des plus critiques est l’absence de contenus locaux riches, pertinents et engageants. C’est pour cela que nous avons lancé l’Initiative de développement de contenus numériques locaux, afin de permettre aux Malawites de créer et d’accéder à des contenus qui reflètent leur histoire et leur culture », a déclaré Daud Suleman, directeur général de l’Autorité de régulation des communications du Malawi (MACRA).
Au-delà de la valorisation culturelle, cette initiative a de quoi stimuler l’adoption d’Internet dans le pays. Selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA), les taux d’adoption d’Internet mobile sont généralement plus élevés dans les marchés où l’écosystème numérique est dynamique et propose des contenus et services en ligne localisés, adaptés aux besoins des utilisateurs.
Parfois, la simple disponibilité d’un service dans la langue locale suffit à favoriser son utilisation. Dans d’autres cas, la demande se concentre sur des contenus répondant à des besoins spécifiques, comme les transferts d’argent, l’agriculture ou encore la santé. Par exemple, la plateforme « Mobile Connectivity Index » de la GSMA a donné un score 25 sur 100 au Malawi en ce qui concerne la pertinence des contenus produits par rapport à la population.
Pour rappel, le taux de pénétration d’Internet au Malawi était de 18 % en 2023, selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT). Toutefois, la disponibilité de contenus locaux, bien qu’essentielle, ne saurait à elle seule suffire à connecter les 82 % de la population encore exclus du monde numérique. D’autres facteurs d’adoption entrent en jeu, notamment l’accessibilité financière des appareils compatibles, le coût des forfaits Internet, les compétences numériques de base, ainsi que la couverture et la qualité du réseau.
Isaac K. Kassouwi
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Comme de nombreux pays africains, la Somalie mise sur la coopération internationale pour réaliser ses ambitions de transformation numérique. Récemment, le pays s’est rapproché de l’Union internationale des télécommunications (UIT), entre autres.
Le gouvernement somalien souhaite renforcer sa coopération avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) afin d’accélérer sa transformation numérique. Un protocole d’accord a été signé en ce sens entre les deux parties, le mercredi 16 juillet à Mogadiscio.
Selon Lionel Laurens, représentant résident du PNUD en Somalie, cet accord servira de base au développement de la gouvernance numérique, de l’innovation, de la formation du capital humain et des infrastructures des services publics électroniques.
Ce rapprochement avec le PNUD s’inscrit dans une dynamique plus large de coopération engagée par le gouvernement pour « favoriser le progrès technologique et l’inclusion numérique » dans le cadre de son développement socio-économique. Début juillet, les autorités somaliennes avaient déjà réaffirmé leur volonté de collaborer avec la communauté internationale lors d’un événement tenu en Suisse. Des échanges ont notamment eu lieu avec des représentants de l’Union internationale des télécommunications, de la Malaisie, de l’Arabie saoudite et de Djibouti.
Les discussions avaient porté sur plusieurs axes : inclusion numérique, renforcement des compétences numériques des jeunes et des fonctionnaires, gouvernance numérique, développement des télécommunications, investissement dans les technologies avancées et cybersécurité.
Pour l’instant, la Somalie reste l’un des pays les moins avancés dans le domaine du numérique. Elle occupe la 191ᵉ place sur 193, au classement 2024 de l’indice de développement de l’e-gouvernement des Nations unies, avec un score de 0,1468 sur 1, contre une moyenne de 0,4247 pour l’Afrique et de 0,6382 au niveau mondial. Le pays est également classé au niveau 4 sur 5 dans l’édition 2024 du Global Cybersecurity Index de l’UIT, avec un score global de 37,38 sur 100, signalant d’importants besoins en matière de capacités techniques, juridiques et humaines.
M. Laurens a réaffirmé l’engagement du PNUD à soutenir activement le gouvernement fédéral, et en particulier le ministère des Télécommunications, qualifié d’acteur clé de la transition numérique dans le pays. Mais il ne s’agit pour l’heure que d’un protocole d’accord. Les prochaines étapes permettront d’évaluer concrètement les retombées de cette coopération.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’intelligence artificielle s’impose comme l’une des technologies phares de la révolution technologique en cours. En Tunisie, les autorités y ont eu recours pour mettre en place le programme de développement national.
En Tunisie, le président de la Commission des plans de développement, Mohamed El Kou, a annoncé le mercredi 9 juillet que l’intelligence artificielle a été utilisée pour élaborer le plan national de développement 2026 - 2030. Ce plan fixe les priorités économiques et sociales du pays pour les cinq prochaines années.
Selon lui, les outils IA ont permis d’analyser une large base de données et d’indicateurs sectoriels afin d’identifier de manière objective les axes stratégiques à privilégier. Le plan en met l’accent sur la transformation numérique, les réformes législatives, le soutien aux PME, l’équité territoriale, la santé et les énergies renouvelables. L’objectif est d’éviter les choix politiques arbitraires et de baser les décisions sur les besoins réels.
« Le recours à l’intelligence artificielle dans la planification est désormais une nécessité. Ceux qui ne s’adaptent pas risquent la marginalisation. [...] Dans un monde en mutation rapide, la Tunisie ne peut rester en retrait. Elle doit accompagner sérieusement le virage numérique et s’y engager pleinement » poursuit Mohamed El Kou, qui précise toutefois que l’IA ne remplace pas l’intelligence humaine, mais la complète, dans le cadre d’une vision d’« État intelligent ».
Cette initiative reflète une volonté de moderniser l’action publique, de gagner en transparence, et de préparer l’économie à la compétition numérique mondiale. Elle survient dans un contexte où l’IA est au cœur des débats. Selon la Banque mondiale, quand cet outil est associé à la gestion et à la prise de décision humaines, il peut être utilisé par les gouvernements pour relever les défis de développement.
« Les technologies de rupture telles que l'intelligence artificielle (IA) ont le potentiel de transformer les gouvernements. L'IA peut être utilisée comme un outil permettant d'offrir une expérience de prestation de services personnalisée, d'améliorer l'efficacité des processus de gestion, de renforcer le respect des politiques et de contribuer à l'identification des fraudes ».
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Par cette démarche inédite, le pays tend la main aux Afro-descendants, réaffirmant son rôle de terre de mémoire, de réconciliation et d’avenir partagé.
Le Bénin a lancé, le vendredi 4 juillet 2025, la plateforme numérique My Afro Origins, destinée à accueillir les demandes de reconnaissance de la nationalité béninoise par les Afro-descendants.
Ce portail s’inscrit dans la mise en œuvre de la loi n°2024-31 du 2 septembre 2024 qui consacre, pour la première fois, le droit au retour et à la citoyenneté pour les descendants d’Africains subsahariens déportés durant la traite négrière et le commerce triangulaire.
« Nos frères et sœurs de la diaspora, déracinés de force lors des heures sombres de la traite transatlantique, doivent retrouver leur place au sein de la communauté africaine. Il est temps de guérir ces blessures, de recréer ce lien sacré avec ceux qui, bien que physiquement éloignés, portent l’Afrique dans leur cœur », a déclaré Olushegun Adjadi Bakari, ministre des Affaires étrangères du Bénin.
🇧🇯 #MyAfroOrigins | Le Bénin franchit une étape historique en lançant https://t.co/xECNhS3QvZ, la plateforme dédiée à la reconnaissance de la nationalité béninoise pour nos frères et sœurs afro-descendants.
— Olushegun ADJADI BAKARI (@shegunbakari) July 7, 2025
Ce faisant, le @gouvbenin réaffirme leur droit au retour. L’Afrique est… pic.twitter.com/MLpcTjWU97
Cette information s’inscrit dans un contexte où les Afro-descendants, en particulier les Afro-américains et les Afro-caribéens, cherchent à revenir en Afrique, renouer les liens et contribuer au développement du continent. Elle intervient également dans le cadre de la décennie internationale des personnes d’ascendance africaine 2015-2024 proclamée par l’ONU pour promouvoir les droits humains, la justice et le développement pour les personnes d’origine africaine vivant hors du continent.
Le Bénin a lancé plusieurs initiatives pour favoriser le retour des Afro-descendants et renforcer les liens avec sa diaspora mondiale. Les Vodun Days sont devenus un rendez-vous essentiel pour la diaspora africaine. De nombreux Afro-descendants, venus d’Haïti, des États-Unis ou du Brésil, y voient une opportunité de renouer avec leurs racines. De plus, le Bénin a vu émerger, ces dernières années, de nombreux Guadeloupéens animés par le désir de retrouver leurs racines africaines.
Cette initiative est également portée par plusieurs pays, dont le Ghana avec son programme « Year of Return » en 2019, et la Guinée-Bissau, qui a récemment accordé la citoyenneté et délivré des passeports nationaux à un premier groupe de personnes d’origine africaine.
Au-delà de la reconnaissance de la nationalité béninoise aux Afro-descendants, cette initiative pourrait créer de réelles opportunités de développement économique, culturel et éducatif.
Notons que la plateforme My Afro Origins permet, entre autres, de s’informer, de constituer son dossier et d’effectuer le paiement des frais de traitement de 100 $.
Lydie Mobio
Edité par M.F. Vahid Codjia
La Somalie mise sur la coopération internationale pour atteindre ses ambitions de transformation numérique. En mai dernier, le pays avait signé un protocole d’accord avec la Malaisie dans le domaine de la cybersécurité, entre autres.
Les autorités somaliennes souhaitent renforcer leur collaboration avec la communauté internationale dans le domaine du numérique. En marge d’une rencontre organisée à Genève (Suisse) du 7 au 11 juillet pour faire le point sur vingt ans de mise en œuvre des résolutions du Sommet mondial sur la société de l’information (WSIS+20), elles ont échangé avec plusieurs hauts responsables d’organisations internationales et de gouvernements.
Mohamed Adan Macallin (photo, à droite), ministre des Télécommunications et des Technologies, s’est notamment entretenu avec Doreen Bogdan-Martin (photo, à gauche), secrétaire générale de l’UIT, ainsi que Cosmas Luckyson Zavazava, directeur du Bureau de développement des télécommunications de l’UIT. Il a également discuté avec Fahmi Fadzil et Ridwaan Abdulaahi Bahdoon, ses homologues de la Malaisie et de Djibouti, respectivement. Globalement, les échanges ont porté sur l’inclusion numérique, la formation des jeunes et des fonctionnaires aux compétences numériques, ainsi que sur la gouvernance numérique et la cybersécurité.
Ces initiatives interviennent alors que le gouvernement cherche à « favoriser le progrès technologique et l’inclusion numérique » pour le développement socio-économique du pays. Toutefois, la Somalie est classée 191ᵉ sur 193 selon l’indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) 2024 des Nations unies. Elle a enregistré un score de 0,1468 sur 1, bien en deçà des moyennes africaine (0,4247) et mondiale (0,6382).
Par ailleurs, la Somalie a été classée dans la catégorie 4 sur 5 dans le « Global Cybersecurity Index 2024 » de l’UIT, ce qui témoigne d’un engagement de base en matière de cybersécurité. Le pays doit toutefois intensifier ses efforts, notamment en matière de mesures techniques, légales et de développement des capacités. Il a enregistré un score global de 37,38 sur 100.
Il convient de souligner que ces échanges restent, pour l’heure, au stade de discussions. Aucun accord formel n’a encore été signé ni annoncé. Toutefois, la Somalie avait déjà franchi une première étape en mai dernier, en signant un protocole d’accord avec l’agence nationale de cybersécurité de la Malaisie, considérée comme un exemple à suivre dans ce domaine.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités capverdiennes ambitionnent d’augmenter la part du numérique dans le PIB, actuellement estimée à environ 5 %. Pour atteindre cet objectif, elles multiplient les initiatives de coopération internationale. En juin dernier, le pays a discuté de coopération renforcée avec le Portugal.
Le gouvernement capverdien explore un partenariat avec la Corée du Sud dans le domaine de la transformation numérique. À cet effet, une délégation conduite par la Direction générale des télécommunications et de l’économie numérique a récemment effectué une mission technique dans le pays asiatique.
Dans un communiqué publié le lundi 7 juillet, le ministère de l’Économie numérique a expliqué que les discussions entre les deux parties ont notamment porté sur « comment la gouvernance intégrée des données, la numérisation des services publics et la cybersécurité peuvent renforcer la confiance des citoyens, stimuler l’économie numérique et améliorer l’efficacité de l’État ».
Cette initiative s’inscrit dans la volonté des autorités capverdiennes de faire du numérique un pilier du développement socio-économique au cours des prochaines années. Dans une récente interview avec l'Agence Ecofin, Pedro Lopes, Secrétaire d’État à l’Économie numérique, expliquait par exemple que le numérique peut accélérer la transformation de l’économie malgré les ressources naturelles limitées. « Nous modernisons aussi le tourisme, l’économie bleue et l’agriculture via des solutions numériques, et nous soutenons nos jeunes pour qu’ils créent des start-up compétitives à l’échelle mondiale », avait-il déclaré.
La Corée du Sud apparaît comme un allié pour atteindre ces objectifs. En effet, le pays est considéré par l’Union internationale des télécommunications (UIT) comme un des modèles à suivre au plan mondial en matière de cybersécurité. En ce qui concerne la transformation numérique, le pays est classé quatrième mondial par les Nations unies en 2024 à l’indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI), avec un score de 0,9679 sur 1.
À l’EGDI, le Cap-Vert occupe la 111e place mondiale, avec un score de 0,6238 sur 1. Ce résultat est supérieur à la moyenne de l’Afrique de l’Ouest, mais reste légèrement en dessous de la moyenne mondiale, qui s’établit à 0,6382. En matière de cybersécurité, le pays figure dans la quatrième catégorie sur cinq, selon le « Global Cybersecurity Index » de l’UIT. Il affiche de bons résultats sur le plan réglementaire, mais doit encore renforcer ses dispositifs techniques et organisationnels, améliorer la coopération internationale et investir dans le développement des compétences humaines.
Il convient toutefois de rappeler que les discussions entre la Corée du Sud et le Cap-Vert n’en sont qu’à leur début. Si les autorités capverdiennes affirment avoir identifié des opportunités concrètes de collaboration future, aucun accord formel n’a encore été signé ni annoncé. Il faudra donc attendre de futurs développements pour évaluer si ce rapprochement débouchera sur un véritable partenariat et mesurer l’impact potentiel.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités burkinabè considèrent les technologies de l’information et de la communication comme un levier essentiel du développement socio-économique. À l’instar de nombreux autres pays africains, elles misent sur la coopération internationale pour atteindre leurs objectifs.
Le gouvernement burkinabè explore des pistes de coopération renforcée avec les États-Unis d’Amérique dans le secteur du numérique. La question était au cœur des discussions la semaine dernière lors d’une rencontre entre Aminata Zerbo/Sabane (photo, à drote), ministre de la Transition digitale, et Joann Lockard (photo, à gauche), ambassadrice des USA au Burkina Faso.
« Le gouvernement du Burkina Faso mène beaucoup d’actions pour soutenir la transition digitale. L'expérience américaine peut être d’un grand apport pour réussir cette transition, notamment dans les domaines de la cybersécurité et du contrôle des données pour protéger les citoyens », a déclaré la diplomate américaine. Elle s’est dite convaincue du potentiel des entreprises américaines dans le secteur du numérique et de leur capacité à accompagner les autorités burkinabè dans leurs projets.
Parmi les projets phares annoncés pour 2025 figurent la finalisation des travaux des data centers, dont l’avancement atteint déjà 70 %, ainsi que l’extension de la couverture des zones blanches à au moins 500 localités supplémentaires. Le ministère prévoit également de renforcer la dématérialisation des services administratifs, de mener un enrôlement massif des populations dans le cadre de l’identification unique électronique et de lancer les travaux du Projet d’accélération de la transformation numérique, dont le budget est estimé à 150 millions de dollars.
Si aucune entreprise spécifique n’a encore été citée dans le cadre de ce rapprochement, ces projets pourraient offrir des opportunités concrètes à plusieurs acteurs américains déjà présents sur le continent. Dans le domaine de l’extension de la couverture réseau, on peut notamment citer American Tower, fournisseur d’infrastructures télécoms, ou encore Starlink pour l’accès Internet par satellite. D’autres entreprises spécialisées dans la transformation numérique, telles que Microsoft, Oracle, Amazon Web Services (AWS), Cybastion ou Cisco, pourraient également s’inscrire dans cette dynamique.
Par ailleurs, les États-Unis figurent parmi les pays les plus avancés en matière de gouvernance numérique. Selon les Nations unies, ils occupent le 19e rang mondial à l’indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) avec un score de 0,9195 sur 1. En matière de cybersécurité, le pays est classé parmi les exemples à suivre par l’Union internationale des télécommunications (UIT), dans son Global Cybersecurity Index 2024. Sur l’indice de développement des TIC en 2025, les États-Unis affichent un score de 97,4 sur 100.
À titre de comparaison, le Burkina Faso se classe 175e mondial à l’EGDI avec un score de 0,2895, bien en dessous de la moyenne mondiale (0,6382). Sur le plan de la cybersécurité, le pays se situe dans la troisième catégorie sur cinq, avec des efforts à poursuivre, notamment pour renforcer les capacités techniques et développer le capital humain.
Il convient toutefois de rappeler que les échanges entre les deux parties n’en sont, pour l’instant, qu’au stade des discussions. Aucun accord n’a encore été signé ni même annoncé officiellement. Il conviendra donc de suivre l’évolution des pourparlers pour évaluer les perspectives concrètes de partenariat et l’engagement effectif des entreprises américaines dans la transformation numérique du Burkina Faso.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’accélération de la transformation numérique s’accompagne d’une augmentation significative des risques. À titre d’exemple, l’Algérie a enregistré plus de 70 millions de cyberattaques en 2024, selon le rapport de Kaspersky.
L’Algérie doit moderniser son cadre réglementaire afin de l'adapter aux évolutions technologiques et d'assurer la répression de la cybercriminalité, notamment. C’est ce qu’a déclaré Brahim Boughali (photo), président de l'Assemblée populaire nationale (APN), le lundi 30 juin lors d’une journée parlementaire consacrée à la responsabilité juridique dans la cybercriminalité et l’intelligence artificielle.
Selon M. Boughali, l’évolution rapide du cyberespace impose une révision sérieuse des mécanismes législatifs pour mieux faire face aux nouvelles menaces numériques. Il a souligné l’importance d’un équilibre entre la protection des droits et libertés des citoyens et la nécessité de lutter efficacement contre la cybercriminalité. Il a également insisté sur la nécessité d’un cadre juridique flexible, capable d’anticiper les défis futurs liés à l’IA, tout en respectant les principes constitutionnels et les standards internationaux en matière de protection des données et de souveraineté numérique.
Ce besoin d’adapter les textes législatifs va de pair avec les efforts de l’exécutif pour renforcer la sécurité du cyberespace national. L’Algérie souhaite notamment renforcer sa coopération avec la Corée du Sud, reconnue comme un modèle en cybersécurité selon les critères de l’Union internationale des télécommunications (UIT). Le pays s’est aussi rapproché de la Russie pour avancer dans ce domaine. Par ailleurs, l’Algérie élabore une stratégie nationale de cybersécurité. Une école dédiée à la cybersécurité a été créée en 2024, et cette thématique est désormais intégrée aux formations en TIC destinées aux jeunes, notamment à travers les « Skills Centers » déployés à travers le pays.
L’UIT indique pourtant que l’Algérie a un cadre légal bien en place, ayant attribué un score de 19,18 sur 20 au pays dans ce pilier de l’indice global de cybersécurité. Il reste encore des progrès à faire pour renforcer les moyens techniques, structurer les institutions, former les compétences et développer les partenariats nécessaires pour une cybersécurité efficace. Le pays a eu un score global de 65,87 sur 100, ce qui lui a permis d’être classée dans la troisième catégorie sur cinq.
Isaac K. Kassouwi
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La transformation numérique gagne tous les pans de l’économie sénégalaise, y compris l’agriculture, où une expérimentation est en cours sur un segment précis de la chaîne de production.
Dans le cadre de sa stratégie de modernisation de l’agriculture, le Sénégal a lancé dans la ville de Tivaouane la phase pilote d’un projet de numérisation de la distribution des intrants. L’initiative, qui s’étend également à la ville de Nioro, a déjà permis l’enrôlement de 50 000 producteurs sur les 200 000 visés dans cette première phase.
« Pour la phase test de cette année, 10 000 personnes étaient visées, mais aujourd’hui, nous avons 50 000 producteurs enrôlés. [...] Ce processus a permis de sortir du réseau beaucoup de faux producteurs qui profitaient de l’ancien cadre de travail » a indiqué Alpha Ba, Secrétaire d'État aux Coopératives et à l'encadrement paysan.
L’objectif est d’assurer une distribution plus transparente et efficace des engrais et semences subventionnés, en s’appuyant sur des outils digitaux pour, entre autres, identifier les bénéficiaires et éviter les fraudes. Il s’agit aussi de mieux adapter les quantités distribuées aux besoins réels des exploitants. Dans les villes sélectionnées, les autorités locales et les producteurs eux-mêmes ont été sensibilisés à l’importance de cette réforme.
L’initiative survient quelques mois après l’annonce d’une collaboration entre le gouvernement sénégalais et la Société financière internationale (IFC), la filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, pour la numérisation des subventions agricoles. Comme d’autres secteurs de l’économie du pays, l’agriculture se digitalise, dans le cadre du « New deal technologique », la stratégie nationale visant à faire du numérique un moteur de transformation sociale et économique.
Cette phase pilote devrait être suivie d’un déploiement au niveau national, dans le but de renforcer la sécurité alimentaire, d’améliorer les rendements, et de soutenir la transformation digitale du secteur agricole sénégalais.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Cybastion avait déjà signé un protocole d’accord avec les autorités angolaises en mars dernier, en marge du Mobile World Congress 2025 à Barcelone. L’initiative s’inscrit dans le cadre du programme « Digital Fast Track initiative » de la société.
Le gouvernement angolais s’est associé à la société technologique américaine Cybastion pour renforcer ses capacités en cybersécurité. L’entreprise s’est engagée à investir 25 millions de dollars dans ce domaine.
Cette initiative constitue la première phase d’un programme d’investissement plus large, d’un montant total de 170 millions de dollars, annoncé la semaine dernière en partenariat avec l’opérateur public Angola Telecom. Le programme prévoit notamment la création d’une agence nationale de cybersécurité ainsi que la formation d’une nouvelle génération de professionnels, en collaboration avec la Cisco Networking Academy.
Ces efforts s’inscrivent dans la stratégie nationale de transformation numérique, qui ambitionne de faire des technologies de l’information et de la communication (TIC) un levier du développement socio-économique. La cybersécurité est, à ce titre, considérée par l’Union internationale des télécommunications (UIT) comme un facteur clé de succès pour toute transformation numérique durable.
En 2024, l’Angola figurait dans la catégorie « Tier 4 » de l’indice mondial de cybersécurité établi par l’UIT, soit l’avant-dernier niveau sur une échelle de cinq. Ce classement reflète un engagement encore limité, marqué par quelques avancées sur le plan réglementaire et dans la coopération internationale. En revanche, des efforts importants restent nécessaires pour renforcer les capacités techniques (outils de détection, réponse aux incidents), les mécanismes organisationnels, ainsi que la formation et la sensibilisation des différents acteurs.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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