La transformation numérique implique la dématérialisation des services publics à travers le déploiement de plateformes dédiées. Sa réussite dépend de la capacité des fonctionnaires à les utiliser efficacement.
Smart Zambia, l’agence publique chargée de la transformation numérique en Zambie, a annoncé avoir lancé un programme décentralisé de formation aux compétences numériques au sein des institutions gouvernementales. Annoncée mercredi 17 décembre, l’initiative vise à accélérer la mise en œuvre des ambitions numériques des autorités.
Le programme a débuté par une session d’orientation réunissant une dizaine d’agents instructeurs issus du ministère de la Défense, du ministère de la Justice, du Centre national de recherche et de développement, du ministère des Finances et de la Planification nationale, du ministère des Mines et du Développement minier, du ministère du Développement des petites et moyennes entreprises, ainsi que de l’Université de Zambie.
Les participants ont été formés aux modalités d’inscription et d’accompagnement des apprenants sur la plateforme Cisco Networking Academy, dans le cadre de leurs missions d’instructeurs. L’objectif est d’élargir l’accès à des formations gratuites en littératie numérique et en compétences numériques appliquées au sein de la fonction publique.
« En permettant aux ministères et aux institutions de gérer directement l’inscription et l’administration de base des cours, l’initiative entend accroître la portée du programme, encourager l’appropriation institutionnelle et garantir la durabilité à long terme du développement des compétences numériques à l’échelle du gouvernement », explique Smart Zambia dans son communiqué.
Le développement des compétences numériques constitue un pilier de l’agenda de transformation numérique de la Zambie pour améliorer l’efficacité, la sécurité et l’orientation citoyenne des services publics. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) souligne d’ailleurs la nécessité d’investir dans les capacités des fonctionnaires, les technologies numériques offrant un potentiel de modernisation significatif de l’administration.
Pour rappel, l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA) estime que la poursuite de cette transformation pourrait générer une valeur ajoutée de 28,64 milliards de kwachas zambiens (≈1,26 milliard USD) d’ici 2028 dans l’agriculture, le commerce, la manufacture, le transport et les services publics.
Isaac K. Kassouwi
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La dispersion des outils de formation freine encore de nombreuses organisations. Il apporte une solution technologique qui redonne de la cohérence et une lisibilité aux parcours d’apprentissage internes.
Mohammed Benchaa (photo) est un entrepreneur algérien diplômé de l’Université Kasdi Merbah d’Ouargla. Il est cofondateur et directeur général de Somu Raqami, une solution en ligne dédiée à la modernisation et à la centralisation de la formation interne des organisations. La plateforme permet de suivre les apprentissages, de développer les compétences et d’améliorer la performance des équipes de manière structurée.
Fondée en 2022, Somu Raqami propose un système unifié pour gérer et suivre l’ensemble des activités de formation au sein d’une institution, qu’il s’agisse de l’intégration des nouveaux collaborateurs, de la mise à jour des procédures ou du développement continu des compétences. La solution vise à automatiser de nombreuses tâches liées à la formation, afin de faire gagner du temps aux équipes et de rendre les parcours plus efficaces et plus professionnels.
La plateforme est conçue pour s’adapter à chaque organisation, sur les plans visuel et fonctionnel, pour rester cohérente avec son identité et ses besoins spécifiques. Elle regroupe, dans un espace unique, toutes les catégories de formation de l’entreprise, évitant ainsi la dispersion des contenus et des outils.
Somu Raqami facilite également le suivi des apprenants grâce à des données et des rapports détaillés qui permettent d’analyser la progression, le niveau d’engagement et les résultats individuels. Ces informations aident les responsables à évaluer l’efficacité des programmes, à ajuster les contenus et à piloter la formation comme un véritable levier de performance.
Par ailleurs, Mohammed Benchaa est spécialiste indépendant en marketing numérique. Il occupe aussi le poste de responsable marketing chez Somu Academy, une plateforme éducative créée en 2024, qui propose des formations en ligne enregistrées dans les domaines du travail indépendant, notamment le marketing, le design et la programmation.
Melchior Koba
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Le numérique est vu comme un levier d’emploi des jeunes qui constituent la majeure partie de la population du continent. Selon la Banque mondiale, 230 millions de métiers en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030.
Le gouvernement sierra‑léonais a lancé, mercredi 17 décembre, le programme « Learn2Earn », une initiative visant à améliorer l’employabilité des jeunes à travers le freelancing numérique. Mis en œuvre en partenariat avec l’UNICEF, le programme ambitionne de préparer les jeunes à la génération de revenus en ligne, dans un contexte marqué par la rareté des emplois traditionnels.
La cohorte pilote rassemble 30 participants engagés dans un programme d’un mois combinant sessions d’orientation en présentiel, mentorat virtuel et candidatures à des missions réelles de freelance. « Le programme a été conçu pour accompagner les participants de l’apprentissage à la génération de revenus, à travers le mentorat, la pratique concrète et la responsabilisation, avec l’appui de freelances expérimentés opérant sur des plateformes telles qu’Upwork et Bounty », a expliqué Jesse Kamara, responsable de l’innovation au ministère de la Communication, de la Technologie et de l’Innovation (MoCTI).
Selon le ministère, « Learn2Earn » propose une voie alternative d’insertion professionnelle au sein de l’économie mondiale des petits boulots (gig economy). Il vise à répondre au fossé croissant entre le nombre de jeunes entrant sur le marché du travail et la disponibilité limitée des emplois classiques. Le programme s’inscrit également dans l’objectif du MoCTI de contribuer à la création de 65 000 emplois dans les secteurs de la technologie et de l’innovation, alors que la Banque mondiale estime que 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030.
Cette initiative intervient dans un contexte socioéconomique tendu. La Banque africaine de développement (BAD) estime que le taux de chômage des jeunes en Sierra Leone s’élevait à 10 % en 2022, tandis que le sous‑emploi demeure nettement plus élevé. Par ailleurs, une enquête d’Afrobarometer, publiée en septembre, révèle que 57 % des Sierra‑Léonais ont déjà envisagé de quitter le pays, dont 55 % à la recherche de meilleures opportunités d’emploi.
Au‑delà des compétences requises, le développement du freelance soulève plusieurs interrogations structurelles. Il pose notamment la question de l’accès effectif des jeunes aux équipements numériques comme les ordinateurs, les smartphones adaptés ou les logiciels. À cela s’ajoute une connectivité Internet fiable, de qualité et financièrement abordable. À titre d’illustration, selon DataReportal, la Sierra Leone comptait 1,8 million d’utilisateurs d’Internet au début de l’année 2025, soit un taux de pénétration de seulement 20,7 %.
Isaac K. Kassouwi
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Avec sa solution numérique, il s’attaque à une difficulté centrale du monde professionnel : la capacité à se présenter de manière claire et structurée face aux opportunités.
Kim Chulu Amina (photo) est un entrepreneur et designer sud‑africain. Il est le fondateur de MindCiti, une start‑up dont l’ambition est d’aider chacun à construire une image professionnelle claire, cohérente et maîtrisée.
Fondée en 2022, MindCiti a développé une plateforme en ligne qui accompagne les utilisateurs dans la structuration de leur avenir professionnel. Elle réunit, au sein d’un même espace, des outils conçus pour mieux se connaître, valoriser son parcours et se préparer aux opportunités de carrière. Baptisée MindCiti Builder, la plateforme s’adresse aussi bien aux étudiants qu’aux professionnels, ainsi qu’aux organisations désireuses de soutenir le développement des compétences de leurs talents.
MindCiti Builder propose un environnement dédié à la création de contenus professionnels, tels que le CV ou le portfolio. L’utilisateur est accompagné pas à pas pour présenter ses expériences, ses réalisations et ses compétences de manière structurée et lisible, facilitant ainsi les candidatures et les démarches auprès des employeurs ou des institutions.
La plateforme accorde une place centrale aux compétences humaines, communément appelées « soft skills », notamment la communication, le travail en équipe, la résolution de problèmes ou encore l’intelligence émotionnelle. Elle s’appuie sur des activités ludiques et engageantes qui stimulent la réflexion, le sens critique et la prise d’initiative. Des mini‑jeux et des expériences interactives viennent renforcer l’apprentissage, le rendant plus dynamique et propice à l’adoption de comportements durables.
En parallèle, Kim Chulu Amina est le fondateur de Kimard Studio, une start‑up lancée en 2012 et spécialisée dans les solutions numériques interactives intégrant la gamification. Il occupe également le poste de responsable technologique chez Ambani Africa, une plateforme éducative destinée aux élèves africains du cycle élémentaire, qui leur permet d’apprendre et de renforcer la maîtrise de leur langue maternelle.
Il est aussi à l’origine de plusieurs autres projets entrepreneuriaux, dont la plateforme d’actualités Voonja, le magazine en ligne Afrinterest et la marque de sacs artisanaux EN Afrik. Il est titulaire d’un diplôme en multimédia, conception graphique et communication visuelle obtenu en 2013 à la Tshwane University of Technology, en Afrique du Sud.
Entre 2014 et 2023, il a travaillé en tant que designer UX/UI indépendant. Parallèlement, de 2018 à 2024, il a occupé le poste de responsable de l’expérience utilisateur chez Gradesmatch, une entreprise de technologies éducatives spécialisée dans l’orientation professionnelle, la préparation à l’université et l’accompagnement à la réussite scolaire des étudiants africains.
Melchior Koba
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À travers ses solutions numériques, Joseph Wanjau s’attaque à des problématiques de gestion longtemps négligées par de nombreuses organisations africaines. Son approche technologique vise à structurer les opérations, améliorer l’efficacité et accompagner la modernisation des usages sur le continent.
Joseph Wanjau (photo) est un informaticien et entrepreneur kényan. Il est le fondateur et directeur général d’Africa Cloud Space, une entreprise spécialisée dans le développement de solutions SaaS et d’outils d’intelligence artificielle destinés aux écoles et aux associations en Afrique.
Fondée en 2015, Africa Cloud Space conçoit des solutions numériques prêtes à l’emploi visant à simplifier et automatiser la gestion des organisations africaines. L’entreprise s’adresse aussi bien aux établissements scolaires qu’aux entreprises, associations, hôpitaux et à toute structure ayant besoin d’outils efficaces pour la communication, le suivi des activités et l’organisation interne.
Parmi ses produits, Cloud School s’adresse aux établissements scolaires souhaitant moderniser et centraliser leurs opérations. La plateforme permet de gérer l’ensemble des activités d’une école à partir d’un seul espace accessible depuis tout type d’appareil, facilitant ainsi le travail de l’administration et des équipes pédagogiques.
Africa Cloud Space a également développé Ikomali, une solution de point de vente multicanal destinée aux entreprises orientées vers la vente aux particuliers. Elle permet aux commerçants et aux détaillants de suivre leurs ventes et leurs opérations en magasin, tout en structurant la gestion de la relation client.
L’entreprise propose aussi Majicloud, un système de gestion des connaissances conçu pour centraliser les informations relatives aux membres d’une organisation. De son côté, Shiriki 365 automatise l’ensemble des opérations liées à la gestion des membres. Elle s’adresse notamment aux associations, clubs et organisations communautaires.
En parallèle de ses activités entrepreneuriales, Joseph Wanjau est consultant en technologies de l’information et de la communication à l’Institut pour le droit et la gouvernance environnementale au Kenya. Diplômé de la Jomo Kenyatta University of Agriculture and Technology, il y a obtenu en 2013 une licence en informatique (bachelor). Entre 2013 et 2014, il a exercé en tant qu’ingénieur logiciel chez Craft Silicon, une entreprise kényane spécialisée dans le développement de logiciels.
Melchior Koba
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Dans un contexte de transformation numérique rapide, elle développe un écosystème dédié à la montée en compétences des femmes africaines. Son action cible les écarts d’accès aux outils et aux usages qui conditionnent aujourd’hui l’entrepreneuriat et le leadership.
Marie Chantal Kouacou (photo) est une experte en finance et une entrepreneure ivoirienne engagée dans la promotion de la blockchain et du Web3. Elle est fondatrice et directrice générale d’African Women Innovation 3.0 (AWI 3.0).
Fondée en 2023, AWI 3.0 accompagne les femmes africaines dans l’acquisition des compétences technologiques les plus demandées, notamment l’intelligence artificielle, la blockchain, le Web 3.0, la productivité digitale et l’innovation. L’organisation propose une plateforme d’apprentissage en ligne qui centralise tous ses modules. Sa mission est de donner aux femmes les moyens de devenir autonomes, compétentes et visibles dans le monde numérique.
L’offre d’AWI 3.0 s’articule autour de plusieurs axes complémentaires : formations de base, programmes d’entrepreneuriat et de leadership, développement de l’image de marque personnelle, réseautage et maîtrise des outils numériques. Chaque parcours est conçu pour permettre l’acquisition de compétences opérationnelles telles que la gestion d’équipe, le positionnement stratégique, la création de relations professionnelles pertinentes et l’exploitation du numérique comme levier de croissance.
Parallèlement à ses activités au sein d’AWI 3.0, Marie Chantal Kouacou est partenaire commerciale chez GUILD4AI, un réseau mondial dédié à l’intelligence artificielle réunissant entreprises innovantes, conférenciers, experts et enseignants. Elle occupe également le poste de directrice administrative et financière de l’OIA Anacarde Côte d’Ivoire, une plateforme qui fédère l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur de la filière anacarde.
Elle est titulaire d’un diplôme en comptabilité et finance obtenu à l’Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro. Elle est aussi diplômée de TECH Global University, université numérique au sein de laquelle elle a obtenu, en 2024, un master en business intelligence.
Sa carrière professionnelle débute en 2003 à la Société Générale, où elle exerce en tant qu’assistante administrative. En 2004, Marie Chantal Kouacou rejoint le Centre national de recherche agronomique de Côte d’Ivoire. Elle y occupe successivement les fonctions de comptable, de cheffe du service administratif et financier, puis de responsable du service de contrôle de gestion, avant de quitter l’institution en 2023.
Melchior Koba
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L’essor de l’intelligence artificielle redéfinit les priorités éducatives dans la région. Face à une jeunesse nombreuse et à une économie en mutation, l’Afrique de l’Est cherche à structurer sa montée en compétences pour rester compétitive dans la transformation numérique mondiale.
MindHYVE.ai, Inc., entreprise américaine spécialisée dans l’intelligence artificielle agentique, et l’Inter‑University Council for East Africa (IUCEA), l’organisme régional chargé de l’intégration et de l’harmonisation de l’enseignement supérieur en Afrique de l’Est, ont signé le mardi 9 décembre à Kampala un partenariat destiné à faire de la région un futur pôle de compétences en IA. L’accord vise à doter les universités membres de l’IUCEA d’outils d’apprentissage avancés et de programmes certifiants de niveau international.
« Ce partenariat marque un moment déterminant pour l’Afrique de l’Est. Équiper nos universités, nos éducateurs et nos étudiants avec une connaissance de l’IA et une maîtrise éthique est essentiel pour l’avancement de notre région », a déclaré le professeur Idris A. Rai (photo), secrétaire exécutif par intérim de l’IUCEA, soulignant la volonté de renforcer la compétitivité de la région dans l’économie numérique mondiale.
Dans sa première phase, l’accord permettra aux plus de 170 universités membres d’accéder à ArthurAI, la plateforme d’apprentissage agentique de MindHYVE.ai, qui sera déployée dans le cadre d’un projet pilote régional. S’y ajoutent 50 cours certifiés du programme « The Dawn Directive », des certifications en littératie et maîtrise de l’IA codélivrées avec le California Institute of Artificial Intelligence, ainsi que des sessions de formation destinées aux enseignants et responsables académiques. Le protocole prévoit une mise en œuvre sur deux ans, supervisée par un comité conjoint chargé de l’évaluation et du passage à l’échelle.
Cette collaboration intervient dans un contexte où la demande en compétences numériques explose. L’Afrique de l’Est, qui concentre l’une des populations les plus jeunes du continent, peine encore à répondre aux besoins en formation avancée dans les technologies émergentes. Selon la Banque mondiale, d’ici 2030, l’Afrique subsaharienne pourrait créer près de 230 millions d’emplois nécessitant des compétences numériques, alors même que les déficits de qualification demeurent l’un des principaux freins à cette transition. Les gouvernements de la région multiplient par ailleurs les stratégies nationales d’IA, d’innovation et de transformation de l’enseignement supérieur, offrant un terrain favorable à ce type d’initiative régionale.
La mise en œuvre de ce partenariat devrait permettre à l’Afrique de l’Est de former un plus grand nombre d’étudiants et de professionnels aux compétences essentielles dans une économie de plus en plus numérique. Elle offre également aux universités une base commune pour renforcer la qualité de leurs programmes, améliorer la mobilité académique et structurer des formations alignées sur les besoins technologiques croissants de la région. L’initiative pourrait enfin soutenir les efforts engagés par les États membres pour moderniser l’enseignement supérieur et intégrer davantage les technologies émergentes dans les cursus.
Samira Njoya
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Face aux défis d’accès au crédit formel et aux faibles niveaux d’éducation financière, Stokvel Academy se positionne comme une initiative innovante pour démocratiser l’épargne collective et la gestion financière.
Stokvel Academy est une plateforme d’e-learning développée par une start-up éponyme. Elle offre des cours en ligne, des ressources pédagogiques et des outils pratiques pour aider les individus et les communautés à créer ou rejoindre des « stokvels », ces associations d’épargne collective traditionnelles répandues en Afrique du Sud, et à gérer convenablement leurs finances.
La start-up, basée à Soweto, a été lancée en 2017 par Busisiwe Skenjana. « En formant des jeunes agents, nous ne nous attaquons pas seulement au chômage, mais nous donnons également aux stokvels les moyens de devenir plus forts et plus résilients », a indiqué Mme. Skenjana.
Grâce à un catalogue de modules structurés, Stokvel Academy couvre des sujets variés : principes de base de l’épargne, planification financière, gestion de trésorerie, gouvernance des groupes d’épargne, évaluation des risques, et stratégie d’investissement. Accessible depuis un navigateur web, la plateforme permet à ses utilisateurs d’apprendre à leur rythme, quel que soit leur niveau de départ. Elle entend rendre l’éducation financière inclusive, en abaissant les barrières d’entrée à la connaissance des mécanismes d’épargne collective.
En combinant tradition et technologie, Stokvel Academy modernise un modèle communautaire bien implanté. Pour les groupes existants, la formation peut renforcer la gouvernance interne, éviter les conflits, et améliorer la pérennité du stokvel. Pour les nouveaux membres, elle représente une porte d’entrée vers des méthodes d’épargne structurée.
Dans un contexte où l’accès aux services bancaires reste limité pour une part de la population, Stokvel Academy apparaît comme une alternative pertinente qui combine inclusion financière, renforcement des capacités et « empowerment » des communautés. En formant des épargnants responsables et informés, la plateforme contribue à renforcer la résilience financière des ménages, stimuler l’investissement local, et encourager des dynamiques d’économie solidaire adaptées aux réalités africaines.
Adoni Conrad Quenum
Edité par M.F. Vahid Codjia
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Encore étudiant, il fait du numérique un terrain d’expérimentation et d’apprentissage continu. Son engagement envers l’IA et le cloud illustre l’intérêt des jeunes Africains pour les nouvelles technologies.
Le Camerounais Awahnji Jean Awah (photo) développe des solutions numériques et s’oriente vers les technologies cloud et l’intelligence artificielle. Il poursuit un Master en Data Science et Intelligence Artificielle à l’Institut universitaire de la Côte, où il acquiert les bases scientifiques et pratiques de ces domaines.
Parallèlement à son cursus, il se forme sur le terrain par le développement web, des projets d’analyse de données et la création de sites pour des clients. Ce travail en autonomie lui permet de confronter ses compétences aux besoins concrets d’utilisateurs et d’entreprises.
Avec l’objectif de devenir « un ingénieur IA full‑stack capable de concevoir des solutions numériques à fort impact », Awahnji Jean Awah rejoint l’Orange Digital Center (ODC), centre de formation de l’opérateur Orange. Il y suit plusieurs programmes issus d’un partenariat conclu en avril 2024 entre ODC et Coursera, qu’il a découvert via les réseaux sociaux.
Il valide des certifications IBM (DevOps, Software Engineering, Machine Learning, AI Developer), Meta (Back End et Front End Developer), Google (UX, Data Analytics, Project Management), AWS Cloud Architect, Azure Developer, Red Hat Kubernetes/OpenShift, Microsoft Project Management, Cloud Support, Scrum Master, ainsi que d’autres modules techniques.
Ce parcours, entamé en juillet 2024 et poursuivi tout au long de l’année 2025, repose sur un rythme soutenu qui combine ateliers pratiques, accompagnement pédagogique du personnel de l’ODC et mises en situation professionnelle. Dans un entretien accordé à We Are Tech Africa, il qualifie cette expérience de « riche, pratique, intuitive, bien encadrée par le personnel de l’ODC ».
En parallèle, il travaille comme développeur freelance et praticien en IA, un cadre qui lui sert de terrain d’expérimentation pour ses nouvelles compétences. Selon lui, les certifications obtenues ont « renforcé mon portfolio, amélioré mon autonomie technique, augmenté mes opportunités de missions freelance et accru ma crédibilité professionnelle ».
Elles ont, dit‑il, transformé ses « compétences, renforcé ma confiance et m’ont donné les outils nécessaires pour concrétiser mes idées en solutions réelles et porteuses d’impact ». Cette évolution se traduit par des « missions mieux rémunérées, davantage de responsabilités et une confiance accrue de la part des clients », ajoute‑t‑il.
Pour la suite, Awahnji Jean Awah projette de « devenir ingénieur certifié en IA et cloud, concevoir des outils d’IA impactants, développer des solutions cloud évolutives et, à terme, créer ou rejoindre une start‑up technologique ».
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Face à un chômage des jeunes qui avoisine 60 %, le pays mise sur la transformation digitale de l’enseignement technique pour moderniser les formations et aligner davantage les compétences des apprenants sur les besoins réels du marché du travail.
La Guinée a procédé, mardi 25 novembre, à la validation de sa Stratégie nationale de transformation digitale de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (ETFP), lors d’un atelier organisé à Conakry par le ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle. Estimée à 300 milliards GNF (34,5 millions USD), cette stratégie vise à moderniser en profondeur le système national de formation technique et professionnelle.
Elle s’appuie sur les Objectifs de développement durable, notamment l’ODD 4 consacré à l’éducation de qualité, et ambitionne de faire de l’ETFP un pilier de l’employabilité et de l’entrepreneuriat. Ses priorités portent sur la modernisation des formations, l’adaptation des curricula aux besoins réels du marché du travail, le renforcement des infrastructures numériques, l’amélioration de la connectivité et la réduction du déficit de compétences chez les enseignants.
Selon le ministère, les 300 milliards GNF serviront à développer les infrastructures numériques, équiper les établissements, former les enseignants et déployer des plateformes d’apprentissage en ligne. Le plan s’inscrit dans une vision à l’horizon 2035, axée sur la construction d’un écosystème numérique robuste capable de soutenir durablement l’enseignement technique. Sur le plan régional, la Guinée participe à l’initiative panafricaine de digitalisation de l’ETFP, visant à harmoniser les approches et à mutualiser financements et expertises entre États et partenaires.
Cette validation intervient alors que le marché du travail africain connaît une transformation rapide sous l’effet de la numérisation. Les études internationales montrent une forte croissance des métiers liés au numérique dont la demande devrait augmenter d’ici 2030. Le rapport « Foresight Africa 2025–2030 » du think tank américain Brookings Institution estime qu’à cet horizon, 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques en Afrique subsaharienne. Il anticipe également jusqu’à 650 millions d’opportunités de formation, représentant un marché potentiel de 130 milliards USD.
La mise en œuvre effective de la stratégie dépendra toutefois de plusieurs facteurs, notamment la mobilisation des financements nécessaires, la qualité de la gouvernance, la capacité à former des enseignants aux outils numériques, ainsi que la disponibilité d’infrastructures essentielles (électricité fiable et internet haut débit), en particulier dans les zones rurales.
Si elle est pleinement réalisée, la stratégie permettra d’améliorer l’accès aux formations qualifiantes, de moderniser les filières techniques, d’accroître l’employabilité des jeunes et de renforcer la compétitivité du pays dans une économie où les compétences numériques sont devenues indispensables. Un enjeu crucial en Guinée, où le chômage des jeunes reste particulièrement élevé, estimé à près de 60 % selon des données nationales consolidées.
Samira Njoya
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