Face à un chômage des jeunes qui avoisine 60 %, le pays mise sur la transformation digitale de l’enseignement technique pour moderniser les formations et aligner davantage les compétences des apprenants sur les besoins réels du marché du travail.
La Guinée a procédé, mardi 25 novembre, à la validation de sa Stratégie nationale de transformation digitale de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (ETFP), lors d’un atelier organisé à Conakry par le ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle. Estimée à 300 milliards GNF (34,5 millions USD), cette stratégie vise à moderniser en profondeur le système national de formation technique et professionnelle.
Elle s’appuie sur les Objectifs de développement durable, notamment l’ODD 4 consacré à l’éducation de qualité, et ambitionne de faire de l’ETFP un pilier de l’employabilité et de l’entrepreneuriat. Ses priorités portent sur la modernisation des formations, l’adaptation des curricula aux besoins réels du marché du travail, le renforcement des infrastructures numériques, l’amélioration de la connectivité et la réduction du déficit de compétences chez les enseignants.
Selon le ministère, les 300 milliards GNF serviront à développer les infrastructures numériques, équiper les établissements, former les enseignants et déployer des plateformes d’apprentissage en ligne. Le plan s’inscrit dans une vision à l’horizon 2035, axée sur la construction d’un écosystème numérique robuste capable de soutenir durablement l’enseignement technique. Sur le plan régional, la Guinée participe à l’initiative panafricaine de digitalisation de l’ETFP, visant à harmoniser les approches et à mutualiser financements et expertises entre États et partenaires.
Cette validation intervient alors que le marché du travail africain connaît une transformation rapide sous l’effet de la numérisation. Les études internationales montrent une forte croissance des métiers liés au numérique dont la demande devrait augmenter d’ici 2030. Le rapport « Foresight Africa 2025–2030 » du think tank américain Brookings Institution estime qu’à cet horizon, 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques en Afrique subsaharienne. Il anticipe également jusqu’à 650 millions d’opportunités de formation, représentant un marché potentiel de 130 milliards USD.
La mise en œuvre effective de la stratégie dépendra toutefois de plusieurs facteurs, notamment la mobilisation des financements nécessaires, la qualité de la gouvernance, la capacité à former des enseignants aux outils numériques, ainsi que la disponibilité d’infrastructures essentielles (électricité fiable et internet haut débit), en particulier dans les zones rurales.
Si elle est pleinement réalisée, la stratégie permettra d’améliorer l’accès aux formations qualifiantes, de moderniser les filières techniques, d’accroître l’employabilité des jeunes et de renforcer la compétitivité du pays dans une économie où les compétences numériques sont devenues indispensables. Un enjeu crucial en Guinée, où le chômage des jeunes reste particulièrement élevé, estimé à près de 60 % selon des données nationales consolidées.
Samira Njoya
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