Les compétences numériques sont l’une des priorités des autorités zimbabwéennes. Au cours des derniers mois, elles se sont rapprochées de partenaires comme LinkedIn et les Émirats arabes unis.
Le gouvernement zimbabwéen souhaite approfondir sa coopération avec Huawei afin de développer les talents dans le numérique. C’était l’un des principaux points à l’ordre du jour lors des échanges le lundi 1er septembre, entre le président Emmerson Mnangagwa et des hauts responsables de la société technologique chinoise, dans le cadre d’une visite officielle en Chine.
Il est notamment prévu d’élargir les investissements dans les talents TIC et de mettre en place un centre de formation numérique. Cette initiative s’inscrit dans la stratégie nationale de transformation digitale à l’horizon 2030, dont l’un des trois piliers concerne le développement des compétences et le renforcement des capacités numériques. L’exécutif avait d’ailleurs identifié comme défis majeurs à la transformation digitale du pays le manque de compétences en TIC et le faible niveau de maîtrise du numérique.
Dans ce contexte, le Zimbabwe a multiplié les partenariats. En août 2024, le gouvernement a noué un accord exploratoire avec LinkedIn pour développer les compétences numériques des fonctionnaires et des jeunes via la plateforme « LinkedIn Learning ». En avril 2025, un programme visant à former 1,5 million de citoyens à la programmation et à l’intelligence artificielle a été lancé avec le soutien des Émirats arabes unis, dans le cadre du « Zimbabwe Digital Skills Program ».
Lors du lancement de ce programme, les autorités avaient affirmé vouloir poser « les bases d'une main-d’œuvre tournée vers l’avenir et maîtrisant les technologies de pointe ». La Banque mondiale estime que 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030. Le Zimbabwe, pour sa part, fait face à un taux élevé de chômage et de sous-emploi, particulièrement parmi les jeunes, avec un taux de chômage estimé à 35 % en 2021.
Si Huawei affirme « rester déterminé à jouer un rôle central dans l’agenda de numérisation » du Zimbabwe, il convient toutefois de souligner qu’aucun nouvel accord formel n’a, pour l’instant, été signé ni même annoncé.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités nigérianes ont fait du numérique l’un des piliers du développement socio-économique des prochaines années. Dans l’administration publique, il est notamment prévu de digitaliser l’ensemble des services.
Le gouvernement nigérian a organisé la semaine dernière une séance de formation destinée à 438 fonctionnaires issus de différents ministères, départements et agences. L’initiative, menée en partenariat avec l’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA), vise à soutenir la transformation numérique du pays, selon la presse locale.
William Scheffers, directeur chez TG Consulting, intervenant sur le thème « Stratégies de formation en technologies de l’information dans la transformation numérique gouvernementale », a affirmé que les technologies de l’information et de la communication (TIC) étaient indispensables pour les responsables publics.
« Les gouvernements sont sous pression pour numériser les services et améliorer l’expérience des citoyens. La formation en TIC garantit que le personnel puisse exploiter, maintenir et innover avec de nouveaux systèmes. Les lacunes en compétences entraînent des inefficacités, des risques liés aux données et des investissements informatiques gaspillés. Des responsables formés s’adaptent plus facilement aux nouvelles politiques et aux besoins des citoyens », a-t-il expliqué.
L’initiative s’inscrit dans le cadre du programme mensuel « DevsInGovernment », lancé en janvier 2024 pour accélérer l’économie numérique et renforcer l’inclusion numérique dans la prestation des services publics. Dès 2022, le gouvernement avait déjà annoncé un projet visant à former 500 000 fonctionnaires aux compétences numériques. Certains États mènent également leurs propres initiatives, à l’image du Benue, qui prévoit de former 40 000 agents publics.
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime qu’il est devenu nécessaire d’investir dans le développement des compétences des fonctionnaires, car les technologies numériques ont le potentiel de transformer l’administration, en facilitant la mise en œuvre de services plus accessibles et efficaces.
« La réalisation d’un gouvernement numérique, où la technologie est appliquée à la conception des processus, des politiques et des services répondant aux besoins des usagers, nécessite l’adoption de nouvelles méthodes de travail et de nouvelles compétences au sein de l’administration publique. Les gouvernements doivent promouvoir les aptitudes, les attitudes et les connaissances permettant aux fonctionnaires d’évoluer dans un environnement numérique, en intégrant les technologies numériques pour créer de la valeur publique », peut-on lire dans le rapport « Developing skills for digital government: A review of good practices across OECD governments », publié en février 2024.
Isaac K. Kassouwi
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Le Sénégal a lancé en février le « New Deal Technologique », sa nouvelle stratégie nationale de transformation numérique. Cela comprend notamment la numérisation des services publics pour en améliorer l’efficacité.
Le gouvernement sénégalais, en partenariat avec l’Assemblée nationale et l’ONUDC, a tenu ces 5 derniers jours un atelier de formation numérique à l’intention des députés. L’initiative entre dans le cadre des actions engagées pour accélérer la transformation digitale de l’institution parlementaire.
Cet atelier stratégique vise à renforcer les compétences des parlementaires sur des thématiques clés telles que la transformation numérique, l’intelligence artificielle, la protection des données personnelles et la lutte contre la cybercriminalité. L’objectif est de leur fournir les connaissances nécessaires pour accompagner le pays dans sa marche vers la souveraineté numérique, conformément au New Deal Technologique, en élaborant des politiques publiques et des lois adaptées aux défis actuels.
En décembre 2024, l’Assemblée nationale avait déjà franchi une étape importante en adoptant un système de vote électronique reposant sur une plateforme capable d’enregistrer les suffrages en temps réel. Le président El Malick Ndiaye fait de la numérisation des services parlementaires une priorité. Le plan de modernisation prévoit notamment la création d’un site institutionnel interactif destiné aux députés et aux citoyens, ainsi que le lancement d’une chaîne de télévision parlementaire. Une équipe projet a été constituée pour piloter cette transformation.
Dans cette dynamique, M. Ndiaye a également reçu en mai dernier une délégation comprenant notamment les dirigeants de la société technologique Airudi, afin d’explorer des pistes de coopération dans les domaines de l’IA, de la transformation numérique et de la formation professionnelle. Ces efforts s’inscrivent dans un contexte où le paysage technologique des parlements connaît une mutation profonde, stimulée par la nécessité d’une plus grande efficacité, de plus de transparence et d’une meilleure participation citoyenne, selon le Rapport mondial 2024 sur l’e-Parlement de l’Union interparlementaire (UIP).
« Les systèmes classiques cloisonnés cèdent la place à des solutions plus intégrées et intelligentes, basées sur le cloud. L’IA, l’apprentissage automatique et le traitement du langage naturel révolutionnent tout, de la gestion documentaire à la cybersécurité. Ces technologies permettent aux parlements d’automatiser les tâches routinières, de mieux analyser les données et d’offrir des services plus réactifs aux parlementaires, au personnel et aux citoyens » souligne le rapport publié en octobre 2024.
Il faut toutefois rappeler que le processus de transformation numérique du Parlement sénégalais demeure encore embryonnaire. D’après l’UIP, les pays africains les plus avancés dans ce domaine sont l’Afrique du Sud, le Zimbabwe, le Burundi, le Maroc et la République mauricienne, suivis de la Tunisie et du Malawi. Le rapport indique que l’Afrique subsaharienne reste largement sous-représentée parmi les parlements les plus performants, avec 50% de ses institutions classées parmi les 30 les moins avancées en matière de maturité numérique.
Cette situation est notamment liée à un manque d’initiatives de modernisation, à l’insuffisance des investissements dans les systèmes numériques et à l’absence de programmes ambitieux de transformation digitale.
Isaac K. Kassouwi
Edité par : Feriol Bewa
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En mai 2025, les autorités mauriciennes ont présenté la stratégie nationale de transformation numérique. Plusieurs actions sont en train d’être mises en œuvre dans ce cadre.
Le gouvernement mauricien a mis en place un comité interministériel chargé de coordonner la mise en œuvre de sa stratégie nationale du numérique. La première réunion de ce nouvel organe s’est tenue le 26 août à Ébène, sous la houlette du ministère des Technologies de l’information, de la Communication et de l’Innovation (MITCI).
Le comité fait office de point de contact unique pour assurer la cohérence entre les différents ministères impliqués. Les discussions ont porté sur plusieurs chantiers prioritaires, dont la numérisation des écoles, la mise en place d’un système national d’alerte publique, le développement d’une plateforme de gestion des prestations sociales et la réduction des retards dans les prestations de services publics. Les autorités ont aussi souligné la nécessité de protéger les populations vulnérables contre les abus en ligne.
Cette initiative vise à accélérer la modernisation de l’administration mauricienne et à renforcer la capacité de l’État à offrir des services plus efficaces et inclusifs. Elle survient alors que les pays africains multiplient les programmes d’e-gouvernance pour améliorer la qualité de leurs services publics et soutenir leur transformation numérique.
En 2024, la République mauricienne s’est classée 76ᵉ mondial pour le développement de son administration en ligne, se plaçant en tête de l'Afrique de l'Est selon le département des affaires sociales des Nations unies. Elle occupe la 69ᵉ place mondiale et la 2e en Afrique pour sa préparation à l’IA, devant l'Afrique du Sud et le Maroc, d’après le cabinet britannique Oxford Insights. Sur le plan du développement des infrastructures numériques, l’Union internationale des télécommunications positionne le pays au 3ᵉ rang africain.
Si les projets avancent comme prévu, le pays insulaire pourrait renforcer sa position en matière de gouvernance numérique. Cette dynamique devrait aussi renforcer la confiance des citoyens dans l’administration numérique.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Maurice et l’Inde renforcent leur collaboration dans les TIC et l’innovation
A la croisée de l’Afrique et de l’océan Indien, Maurice façonne son avenir numérique. Vision stratégique, innovation et ouverture internationale en font aujourd’hui un laboratoire de transformation digitale à suivre de près.
Ces dernières années, l’île Maurice s’est affirmée comme un véritable modèle africain en matière de transformation numérique. Grâce à une combinaison efficace d’une stratégie cohérente, d’investissements massifs dans les infrastructures et d’un soutien constant à l’innovation, la nation insulaire s’est hissée parmi les pays africains les mieux préparés à la transition numérique.
Cette dynamique se reflète dans plusieurs classements internationaux, qui mettent en évidence la maturité numérique de Maurice et son avance sur le continent. Dans son rapport 2024 sur l’E-Government Development Index, l’ONU place le pays au 76ᵉ rang mondial avec un score de 0,7506, confirmant son statut de leader en Afrique de l’Est. De son côté, l’AI Readiness Index 2024, qui évalue la capacité des gouvernements à exploiter le potentiel de l’intelligence artificielle à travers trois dimensions — gouvernance, capacités technologiques et données disponibles — attribue à Maurice un score de 53,94. Le pays se classe ainsi 69ᵉ au niveau mondial, deuxième en Afrique et premier en Afrique subsaharienne, devançant des économies majeures de la région telles que l’Afrique du Sud, le Rwanda, le Maroc et le Sénégal.
Enfin, l’ICT Development Index 2025 de l’Union internationale des télécommunications (UIT) positionne Maurice au 3ᵉ rang africain avec un score de 86,3 sur 100, preuve de la solidité de ses infrastructures numériques et de la vitalité de son écosystème technologique.
Ces performances découlent entre autres du plan national Digital Mauritius 2030, qui ambitionne de faire du pays une économie numérique inclusive et durable. Cette feuille de route repose sur cinq piliers : la gouvernance numérique, le développement des infrastructures TIC, l’innovation, la gestion des talents et la cybersécurité.
Dans ce cadre, Maurice a investi dans un réseau national de fibre optique, généralisé la couverture 4G LTE et amorcé le déploiement de la 5G, tout en s’équipant de centres de données de niveau Tier-4. Le lancement prochain de la 5G Advanced, qui a entamé la phase de test, devrait encore renforcer la capacité du pays à accueillir l’Internet des objets (IoT) et les services numériques de nouvelle génération.
Parallèlement, des mesures inclusives telles que la gratuité d’Internet mobile pour les jeunes Mauriciens âgés de 18 à 25 ans et les programmes de formation aux compétences numériques viennent consolider l’axe lié à la gestion des talents. Selon les chiffres de DataReportal, Maurice comptait 1,01 million d’utilisateurs d’Internet au début de l’année 2025, représentant un taux de pénétration de 79,5 %, contre 982 500 utilisateurs (75,5 %) en janvier 2024.
L’île Maurice s’appuie également sur de solides partenariats internationaux. Ses collaborations avec l’Inde, l’Union européenne ou encore le PNUD ont permis de développer des programmes d’alphabétisation numérique, de soutenir les start-up locales et de favoriser le transfert de technologies. Ces partenariats se traduisent aussi par un meilleur accès aux financements et aux innovations de pointe, renforçant l’écosystème numérique local et accélérant la mise en œuvre de la vision 2030.
En combinant une stratégie nationale ambitieuse, des infrastructures solides et une ouverture à la coopération internationale, Maurice s’impose comme une référence africaine en matière de transformation numérique. L’île ne se contente toutefois pas de ce leadership régional : elle ambitionne de rivaliser avec les économies numériques émergentes à l’échelle mondiale, tout en construisant un modèle inclusif et durable susceptible d’inspirer de nombreuses nations africaines.
Samira Njoya
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Comme de nombreux pays africains, le Maroc mise sur la coopération internationale pour concrétiser ses ambitions de transformation numérique. Ces derniers mois, le royaume s’est rapproché d’une dizaine de pays, dont l’Estonie, 2ᵉ au classement mondial de l’indice de développement de l’e-gouvernement.
Le Maroc entend renforcer sa coopération avec l’Inde dans le domaine de la transformation numérique. La question a été évoquée le mercredi 27 août à Rabat, lors d’une rencontre entre Amal El Fallah Seghrouchni (photo, à gauche), ministre de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, et l’ambassadeur indien Sanjay Rana (photo, à droite). Cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts des autorités marocaines pour atteindre les objectifs fixés dans le « Digital Maroc 2030 ».
Dans un communiqué diffusé sur sa page Facebook, le ministère a indiqué que les échanges ont mis en lumière la volonté des deux pays d’approfondir leur partenariat dans les secteurs des technologies et de la transition digitale, en vue d’attirer davantage d’investissements.
Les autorités ambitionnent « de faire du Maroc un hub numérique pour accélérer le développement social et économique » et porter la contribution du secteur du numérique à l’économie à 100 milliards de dirhams (11 milliards USD). Depuis le lancement de la stratégie en septembre 2024, le pays explore des partenariats internationaux pour sa mise en œuvre. Au cours des derniers mois, le royaume s’est notamment rapproché d’entités et pays comme le PNUD, la CEMAC, le Japon, la Banque mondiale, l’Estonie, les États-Unis, l’Union européenne, la Finlande, la Chine, l’Arabie saoudite, le Brésil, Nokia, Onepoint et le Portugal.
Ce que l’Inde peut apporter au Maroc
Dans ce contexte, l’Inde se classe 39ᵉ à l’indice mondial de l’innovation 2024 sur 133 pays, première en Asie du Sud-Est et parmi les pays de la classe moyenne inférieure, alors que le Maroc pointe à la 66ᵉ place mondiale. L’Inde est également l’un des exemples à suivre à l’échelle mondiale en matière de cybersécurité selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), de même que le Maroc, même si ce dernier doit encore faire des efforts en matière de mesures techniques et de développement des capacités.
À l’indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) des Nations unies, le Maroc devance l’Inde de six places, se classant 90ᵉ en 2024 avec un score de 0,6841 sur 1, contre 0,6678 pour l’Inde. Toutefois, le pays asiatique reste l’un des leaders mondiaux dans le sous-indice des services en ligne (OSI) avec un score de 0,8144 sur 1, contre 0,5754 pour le Maroc, qui est en dessous de la moyenne mondiale. Le pays du Maghreb veut intégrer le top 50 mondial dans cette catégorie d’ici 2030, alors qu’il était 113ᵉ en 2022.
Le Maroc devance légèrement en matière de capital humain, même si aucune des deux nations n’atteint la moyenne mondiale. En revanche, le Maroc domine en matière d’infrastructure télécoms avec un score de 0,8827, contre 0,5700 pour l’Inde, même si ce dernier compte 806 millions d’abonnés à Internet selon DataReportal.
Par ailleurs, l’Inde dispose du plus grand système d’identification biométrique au monde, Aadhaar, largement salué par les institutions internationales. Dans son « E-Government Survey 2024 », l’ONU rappelle que le programme est volontaire, mais que la majorité des 1,33 milliard d’Indiens y ont adhéré depuis plus de dix ans. Chaque citoyen peut obtenir un numéro unique à 12 chiffres donnant accès à environ 700 services publics. Le gouvernement estime que le dispositif a déjà généré plus de 1,2 milliard USD d’économies, notamment grâce aux versements directs d’allocations. Il a également inspiré des innovations comme DigiLocker, une application permettant de stocker en ligne des documents officiels, utilisée par plus de 100 millions de personnes et abritant plus de cinq milliards de fichiers.
Maroc : quelles opportunités pour les entreprises indiennes ?
Les efforts du Maroc pour accélérer le développement de son écosystème numérique ouvrent de multiples perspectives pour les entreprises technologiques internationales, y compris indiennes.
Le pays fait du haut débit une priorité : l’accès à la 4G est en cours de généralisation, tandis que la couverture en fibre optique doit passer de 1,5 million de foyers en 2022 à 5,6 millions en 2030. Le lancement de la 5G est également prévu, avec des licences déjà attribuées aux opérateurs et un objectif de 70 % de couverture nationale d’ici 2030, soutenu par un investissement estimé à 9 milliards USD. Ces chantiers représentent des opportunités pour les fournisseurs de services, les équipementiers et les opérateurs satellites, dans un contexte où des zones blanches subsistent malgré un taux de pénétration déjà de 91 %, selon l’UIT.
Le royaume accorde également une importance à la formation aux compétences numériques afin d’assurer la disponibilité des talents en numérique, en quantité et en compétences, adaptées aux besoins du marché, en activant tous les leviers de production et d’attraction. Ainsi, le pays veut initier 20 000 talents à partir de 2026 avant de passer à 45 000 à partir de 2030. Pour la reconversion, c’est 26 000 à partir de 2026 et 50 000 à partir de 2030. Le pays veut également attirer de nouveaux talents étrangers : 4 000 par an à partir de 2026 et 6 000 dès 2030.
Le Maroc ambitionne de renforcer son attractivité pour les grands acteurs internationaux du numérique. Le pays veut accueillir des hyperscalers spécialisés dans le cloud et les centres de données, et mise sur le développement de l’intelligence artificielle pour accélérer la digitalisation des services publics et privés. L’objectif affiché est d’attirer de nouveaux investisseurs spécialisés en IA et d’ancrer durablement le Maroc comme un hub régional de l’innovation.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La mise en place de la plateforme est soutenue par l’Union européenne. Elle s’inscrit dans le cadre d’une enveloppe de 820 millions d’euros destinée à soutenir la transformation numérique au Nigeria.
Le gouvernement nigérian prépare le lancement de la Nigerian Data Exchange Platform (NGDX), une infrastructure numérique visant à centraliser et sécuriser le partage de données entre administrations et entreprises. La plateforme devrait être opérationnelle d’ici fin 2025.
As part of our top priority initiatives — from Project Bridge to 3MTT and Rural Connectivity — we are also delivering the Nigerian Data Exchange Platform (NGDX).
— Dr. 'Bosun Tijani (@bosuntijani) August 26, 2025
NGDX will:
1. Enable secure, seamless data sharing across government and business.
2. Unlock innovation,… pic.twitter.com/GbhwrGgIpf
L’initiative a été discutée le lundi 25 août à Abuja, lors d’un atelier réunissant les parties prenantes et des partenaires internationaux, dont l’Union européenne, la Finlande et l’Estonie. Dans un post publié sur X, le ministre de l’Économie numérique, Bosun Tijani (photo, au centre), a expliqué que la NGDX facilitera un partage sécurisé des données entre administration et secteur privé, stimulera l’innovation et la croissance inclusive, et offrira aux citoyens des services plus rapides et fiables, tout en garantissant la protection de la vie privée et la sécurité des données.
Cette plateforme s’inscrit dans le cadre des efforts de transformation numérique du gouvernement nigérian, qui vise à simplifier les démarches administratives, réduire les inefficiences et stimuler l’innovation dans des secteurs comme la santé, l’agriculture, la fintech ou l’éducation. Par exemple, une fois opérationnelle, elle permettra aux citoyens de ne plus avoir à saisir à plusieurs reprises les mêmes informations personnelles pour différentes démarches administratives.
« Nous avons vu comment l’interopérabilité a transformé les services financiers grâce à la NIBSS. La NGDX étendra cette puissance à l’ensemble de notre économie », a déclaré M. Tijani. D’ailleurs, les autorités nigérianes visent une contribution de 22 % des technologies de l’information et de la communication (TIC) au PIB d'ici 2027.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le programme couvre la période 2025–2028. Outre le Kenya, il touche dix pays d’Afrique subsaharienne que sont le Bénin, le Botswana, le Burundi, la Côte d'Ivoire, l’Éthiopie, le Malawi, le Nigeria, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe.
Le Kenya a lancé, le lundi 25 août, le système de cartographie du haut débit Africa Broadband Mapping Systems (Africa BB-Maps), financé à hauteur de 15 millions d’euros par l’Union européenne (UE). Également soutenu par l’Union internationale des télécommunications (UIT), le projet vise à fournir des données harmonisées sur l’infrastructure, la couverture, la qualité de service et l’abordabilité de l’Internet.
Dans un communiqué, l’Autorité des communications (CA) explique que l’Africa BB-Maps doit permettre de mieux orienter les investissements et les politiques publiques en matière de connectivité. « La capacité de lier la cartographie du haut débit à la planification socio-économique nous permettra de prioriser la connectivité pour les zones économiques, les établissements de santé, les pôles agricoles et les centres communautaires, améliorant directement les résultats en matière d’éducation, de santé, de commerce et de gouvernance », a déclaré David Mugonyi, directeur général du régulateur télécoms.
M. Mugonyi a ajouté que la cartographie viendra compléter les réformes en cours visant à accélérer l’attribution du spectre, promouvoir le partage d’infrastructures et réduire le coût de la connectivité. Le gouvernement kényan multiplie déjà les efforts pour généraliser l’accès à Internet dans le cadre de ses ambitions de transformation numérique.
L’exécutif prévoit notamment la pose de plus de 100 000 kilomètres de câbles en fibre optique, la création de 25 000 points d’accès Wi-Fi publics et la mise en place de villages numériques dans chacun des 1 450 districts du pays. En avril 2023, la Banque mondiale s’est engagée à financer la mise en œuvre de la première phase du projet d’accélération de l’économie numérique du Kenya à hauteur de 390 millions USD.
Selon les données de la CA, le Kenya comptait 57,1 millions d’abonnements aux services Internet mobiles à fin mars 2025, dont 44,4 millions en haut débit, ainsi que 1,8 million d’abonnements à l’Internet fixe pour une population estimée à 56,43 millions d’habitants. Toutefois, ces chiffres sont probablement surestimés, car une même personne peut utiliser plusieurs cartes SIM, chacune étant comptabilisée comme un abonnement. La GSMA estime qu’en réalité, environ 35 millions de Kényans restent privés d’accès à l’Internet mobile.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique de l’éducation figure parmi les priorités du gouvernement sénégalais. En début d’année, il a présenté une stratégie quinquennale, dotée d’une enveloppe d’environ 232 millions de dollars, destinée à moderniser le système éducatif.
Le gouvernement sénégalais veut renforcer sa coopération avec l’opérateur télécoms Sonatel (Orange) et la société technologique chinoise Huawei dans le domaine de l’éducation numérique. Un protocole d’accord a été conclu entre les trois parties la semaine dernière, en marge de la Conférence mondiale sur l’éducation intelligente 2025, organisée à Pékin du lundi 18 au mercredi 20 août.
Signé par Moustapha Mamba Guirassy, ministre de l’Éducation nationale, l’accord porte sur le déploiement d’équipements pédagogiques numériques, le développement d’infrastructures numériques et la formation des talents. Selon un communiqué de Huawei publié le 22 août, cette initiative doit « accélérer la transformation numérique de l’éducation nationale sénégalaise et promouvoir l’éducation inclusive ».
Elle s’inscrit dans un contexte où Dakar multiplie les initiatives pour intégrer les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans son système éducatif. En janvier, le gouvernement a présenté une stratégie numérique pour l’éducation 2025–2029, dotée d’un budget de 130 milliards de francs CFA (environ 232 millions de dollars), visant à moderniser l’école grâce à l’intelligence artificielle et à répondre à la demande croissante de compétences numériques sur le marché du travail.
Toujours en janvier, une convention a été signée avec Télé-École, chaîne éducative sénégalaise, pour développer des contenus numériques adaptés et mettre à disposition des outils en ligne jusque dans les zones reculées.
En mars, le ministère de l’Éducation nationale et celui de l’Enseignement supérieur ont lancé un vaste programme de formation au numérique et à l’intelligence artificielle destiné à 105 000 enseignants et personnels administratifs. L’objectif est de permettre aux bénéficiaires d’adapter les pratiques pédagogiques aux évolutions technologiques, d’intégrer les ressources numériques dans l’apprentissage, de sensibiliser les élèves aux enjeux du numérique et de renforcer les compétences en cybersécurité dans les établissements scolaires.
Ces efforts s’inscrivent dans une dynamique internationale. L’UNESCO promeut en effet l’intégration des TIC dans l’éducation, soulignant leur potentiel pour améliorer l’accès, renforcer les acquis d’apprentissage et développer les compétences du XXIᵉ siècle. Au Sénégal, le système éducatif reste toutefois confronté à de nombreux défis, selon les autorités. Il s’agit notamment de programmes souvent en décalage avec les réalités nationales et les besoins de l’économie, du retard dans l’adaptation aux enjeux du numérique, de la déperdition scolaire élevée, du déficit d’enseignants et du manque d’infrastructures face à des effectifs d’élèves en constante augmentation.
Il convient toutefois de rappeler que la collaboration n’en est, pour l’instant, qu’au stade de protocole d’accord. Si elle traduit une volonté de coopération, rien ne garantit encore sa concrétisation. Aucun détail n’a été communiqué quant au calendrier de signature d’un accord formel. Il faudra donc attendre les développements ultérieurs pour en mesurer les retombées potentielles.
Isaac K. Kassouwi
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Le Cap-Vert est décidé à faire du numérique un pilier du développement socio-économique national. Les autorités capverdiennes ambitionnent d’augmenter au cours des prochaines années la part du numérique dans le PIB, actuellement estimée à environ 5 %.
Le gouvernement du Cap-Vert poursuit son engagement pour accélérer le développement de l’écosystème start-up. L’exécutif a lancé, le lundi 28 juillet, le programme BOOST.CV, qui vise à accompagner 150 jeunes entrepreneurs dans le secteur numérique en leur offrant formation, mentorat et incubation de projets innovants.
« Il ne s’agit pas seulement d’un outil technologique, mais d’un instrument de politique publique conçu pour générer un impact réel. Nous croyons fermement que le talent capverdien, tant sur les îles qu’au sein de la diaspora, est notre plus grande ressource. Et c’est notre responsabilité, en tant qu’État, de créer les conditions pour que ce talent puisse s’épanouir et innover », a déclaré Olavo Correia, vice-Premier ministre, ministre des Finances et ministre de l’Économie numérique, dans un communiqué du gouvernement publié le 29 juillet.
Cette initiative vient s’ajouter à des mesures déjà mises en œuvre. Dans une interview accordée à l’Agence Ecofin en mai, Pedro Lopes, secrétaire d’État à l’Économie numérique, expliquait : « le programme Cape Verde Digital est notre vitrine. À travers digital.cv, vous pouvez explorer notre écosystème. Nous soutenons 200 jeunes chaque année via une bourse (Cabo Digital Scholarship) et finançons une centaine de start-up avec l’équivalent de six salaires minimum pour deux cofondateurs, ainsi qu’un soutien logistique et marketing. Le programme Go Global nous permet de financer la participation de nos start-up à des événements tech internationaux ».
D’autres initiatives comprennent « Reinvent Cape Verde », où les institutions publiques et privées soumettent leurs défis à des start-up qui proposent des solutions via des hackathons, ainsi que le Fonds Morabeza, un fonds de 24 millions de dollars visant à favoriser la croissance de start-ups technologiques dirigées par des jeunes et des femmes.
M. Lopes a souligné les progrès dans la mise en place d’un cadre réglementaire favorable aux start-up, incluant une loi dédiée avec avantages fiscaux, la création d’une zone économique spéciale technologique, et des lois modernes sur la protection des données et les transactions numériques. Le gouvernement a aussi simplifié l’enregistrement des entreprises, instauré des visas pour nomades digitaux, et inauguré un parc technologique.
Actuellement, l’écosystème start-up du Cap-Vert est classé à la 75ᵉ place mondiale et à la deuxième place en Afrique de l’Ouest selon le rapport « Global Startup Ecosystem Index 2025 » de StartupBlink. Ce dernier explique cependant que les start-up sont principalement confrontées au manque actuel d’infrastructures physiques dans le pays et à un climat d’investissement peu développé. Un défi supplémentaire signalé dans le rapport est la préférence marquée de la population pour la stabilité du secteur public, au détriment de l’entrepreneuriat, perçu comme risqué.
Isaac K. Kassouwi
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Comme beaucoup de pays africains, le Gabon compte sur la coopération internationale pour accélérer sa transformation numérique. En juin, le président Oligui Nguema a échangé avec son homologue botswanais, dont le pays est cité en exemple.
Le gouvernement gabonais souhaite renforcer sa coopération avec la Turquie dans le domaine du numérique. Ce sujet a été au cœur des échanges le mardi 29 juillet, lors d’une audience accordée par Mark Alexandre Doumba, ministre de l’Économie numérique, à Can İncesu, ambassadeur de la République de Turquie au Gabon.
Au cours de la rencontre, M. Doumba a présenté les missions et priorités de son département, axées notamment sur la modernisation de l’administration publique par le numérique, le développement des infrastructures numériques nationales, la gouvernance des données et la souveraineté technologique, ainsi que la formation des jeunes talents numériques.
En réponse, l’ambassadeur de Turquie a exprimé l’intérêt de son pays à accompagner le Gabon dans cette dynamique, notamment à travers le partage d’expertise en matière de gouvernement électronique, l’appui à l’introduction de la signature électronique dans les échanges officiels, le développement de solutions de paiement à distance pour les services publics, et l’installation d’infrastructures télécoms dans les zones moins desservies.
La Turquie est classée 27ᵉ sur 193 à l’Indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) des Nations unies, avec un score de 0,8913 sur 1, bien au-dessus de la moyenne mondiale de 0,6382. Dans le sous-indice des services en ligne, elle atteint 0,9225, 0,9192 dans le capital humain, et 0,8322 pour les infrastructures télécoms. Par ailleurs, en 2024, la Turquie affichait un taux de pénétration d’Internet de 87,3 %, contre 96 % pour la téléphonie mobile, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT). Selon l’indice de développement des TIC 2025, elle a obtenu un score de 88,5 sur 100.
De son côté, le Gabon se classe 121ᵉ au niveau mondial à l’EGDI avec un score de 0,5741 sur 1. Le pays obtient un score de 0,8263 dans le sous-indice des infrastructures télécoms, mais ses résultats sont plus faibles dans les services en ligne (0,3188) et le capital humain (0,5772). Malgré ces défis, le gouvernement entend faire du numérique un pilier central du développement socio-économique national et réduire la dépendance aux ressources extractives. L’exécutif vise une contribution du secteur numérique de 10 à 12 % du PIB d’ici la fin 2025, contre environ 5 % actuellement.
Malgré la volonté clairement affichée par les deux parties, la collaboration reste encore à un stade embryonnaire. Elles ont convenu de poursuivre les échanges techniques afin d’identifier des projets communs susceptibles d’avoir un fort impact pour les citoyens gabonais. Cependant, aucun accord concret n’a encore été signé ni officiellement annoncé. Le chemin vers un partenariat opérationnel reste donc à construire, et il faudra attendre les prochaines étapes pour mesurer la portée réelle de cette coopération.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Dans le cadre de sa transformation numérique, le Liberia franchit une nouvelle étape avec l’appui de partenaires stratégiques du secteur privé. Cette alliance vise à rendre l’administration fiscale plus efficace et plus transparente.
La Liberia Revenue Authority (LRA), instance nationale en charge des impôts, a acté le mercredi 23 juillet un accord avec Orange Money Liberia et Ecobank, pour un système numérique permettant aux citoyens de s’acquitter de leurs impôts et frais publics directement via leur téléphone mobile.
« En quelques clics sur leur téléphone portable, les citoyens peuvent désormais remplir leurs obligations civiques, ce qui leur permet d'économiser du temps, de l'argent et des efforts. [...] Nous sommes ravis de nous associer à la LRA et à Ecobank pour contribuer à la modernisation du système fiscal libérien » a indiqué Maxwell Dodd, PDG d'Orange Money Liberia.
Concrètement, les contribuables peuvent désormais effectuer leurs paiements fiscaux à partir du code USSD *144#, sans besoin de connexion internet. En saisissant leur numéro d’identification fiscale (TIN), le montant dû et la nature du paiement, ils reçoivent instantanément une confirmation par SMS. Le service couvre déjà 18 ministères et agences gouvernementales, et une formation des agents publics a été organisée pour en assurer le déploiement effectif.
L’initiative vise à faciliter le paiement des taxes, notamment pour les populations éloignées des centres urbains, à accroître la transparence et la traçabilité des recettes publiques. Il faut souligner qu’elle favorise l’inclusion financière, car accessible à toute personne disposant d’un téléphone mobile.
À moyen terme, cette plateforme pourrait contribuer à élargir l’assiette fiscale, accroître les recettes de l’État et améliorer l'efficacité administrative. Le Liberia s’inscrit ainsi dans une dynamique régionale où la finance mobile devient un levier de transformation des services publics. À plus long terme, ce modèle de partenariat public-privé pourrait inspirer d’autres pays d’Afrique de l’Ouest dans leur transition vers une gouvernance plus numérique, inclusive et connectée aux réalités du terrain.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Avec l’accélération de la transformation numérique sur le continent, la demande en compétences numériques connaît également une forte croissance. Face à cet enjeu, les acteurs publics et privés multiplient les initiatives pour former les talents et répondre aux besoins du marché.
Le gouvernement gabonais veut dynamiser le fonctionnement de l’Institut africain d’informatique (IAI), basé à Libreville. L’exécutif entend redonner à cette institution panafricaine fondée en 1971 son statut de fer de lance de la formation d’ingénieurs informaticiens de haut niveau sur le continent.
Mark Alexandre Doumba (photo, à droite), ministre de l'Économie numérique, de la Digitalisation et de l'Innovation, a reçu ce mardi 22 juillet la direction de l’IAI pour faire un point complet sur la situation actuelle. Il a réaffirmé sa volonté de poursuivre, dans la continuité de l'engagement pris par son prédécesseur, une refonte en profondeur de l’Institut.
« Si l’IAI a longtemps incarné l’excellence et l’innovation dans le domaine du numérique en Afrique, les difficultés structurelles et organisationnelles rencontrées ces dernières années ont ralenti son développement et son rayonnement », a déclaré le ministère dans un communiqué publié sur Facebook.
Parmi les priorités évoquées figurent la modernisation de l’offre de formation, la mise en place d’une nouvelle dynamique pédagogique et managériale, la réorganisation de la gouvernance ainsi que l’élaboration d’un plan de redressement structurant. Le ministre a également annoncé la convocation prochaine d’un conseil d’administration extraordinaire avec les États membres pour acter une relance concertée.
Cette volonté du gouvernement intervient dans un contexte de transformation numérique marqué par une demande croissante en compétences. Selon la Banque mondiale, 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030, avec une forte concentration dans les services numériques. Ces opportunités exigeront des profils dotés de compétences intermédiaires ou avancées.
Pourtant, selon une étude de Talentum, une fintech spécialisée dans les ressources humaines, la plupart des pays africains forment encore moins de 5000 ingénieurs informaticiens par an, alors que la demande est souvent dix fois plus élevée. Cette pénurie de compétences techniques freine considérablement la progression de la transformation numérique sur le continent.
Il convient toutefois de rappeler que la relance de l’IAI reste pour l’instant une volonté politique forte, mais encore à concrétiser. Des interrogations subsistent quant à la pérennité du financement des réformes, à la capacité de l’institution à suivre le rythme rapide des évolutions technologiques, ainsi qu’à l’engagement effectif de l’ensemble des États membres. Il s’agit du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, de la Centrafrique, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Niger, du Sénégal, du Tchad, du Togo et du Congo.
Isaac K. Kassouwi
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Le Malawi cherche à généraliser l’usage du numérique alors que 82 % des Malawites n’utilisent pas encore Internet. Parmi les facteurs à prendre en compte figure la disponibilité de contenus en ligne utiles et pertinents pour les populations locales.
Le Fonds du service universel (USF) du Malawi a attribué des subventions d’une valeur totale de 63,4 millions de kwachas malawites (36 700 $) à cinq créateurs de contenus numériques. L’initiative vise, selon les autorités, à encourager la création et la croissance de contenus locaux afin de refléter les réalités malawites et valoriser le développement du pays.
« L’USF identifie les lacunes dans le secteur des communications, et l’une des plus critiques est l’absence de contenus locaux riches, pertinents et engageants. C’est pour cela que nous avons lancé l’Initiative de développement de contenus numériques locaux, afin de permettre aux Malawites de créer et d’accéder à des contenus qui reflètent leur histoire et leur culture », a déclaré Daud Suleman, directeur général de l’Autorité de régulation des communications du Malawi (MACRA).
Au-delà de la valorisation culturelle, cette initiative a de quoi stimuler l’adoption d’Internet dans le pays. Selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA), les taux d’adoption d’Internet mobile sont généralement plus élevés dans les marchés où l’écosystème numérique est dynamique et propose des contenus et services en ligne localisés, adaptés aux besoins des utilisateurs.
Parfois, la simple disponibilité d’un service dans la langue locale suffit à favoriser son utilisation. Dans d’autres cas, la demande se concentre sur des contenus répondant à des besoins spécifiques, comme les transferts d’argent, l’agriculture ou encore la santé. Par exemple, la plateforme « Mobile Connectivity Index » de la GSMA a donné un score 25 sur 100 au Malawi en ce qui concerne la pertinence des contenus produits par rapport à la population.
Pour rappel, le taux de pénétration d’Internet au Malawi était de 18 % en 2023, selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT). Toutefois, la disponibilité de contenus locaux, bien qu’essentielle, ne saurait à elle seule suffire à connecter les 82 % de la population encore exclus du monde numérique. D’autres facteurs d’adoption entrent en jeu, notamment l’accessibilité financière des appareils compatibles, le coût des forfaits Internet, les compétences numériques de base, ainsi que la couverture et la qualité du réseau.
Isaac K. Kassouwi
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