Le numérique est au cœur du développement du Burkina Faso. Le pays a lancé une vaste transformation de l’administration et des services publics, visant à moderniser ses infrastructures, renforcer les compétences locales et élargir l’accès aux technologies pour tous.
Le Burkina Faso veut accélérer sa transition numérique pour répondre aux défis de gouvernance et de développement économique. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement a présenté le lundi 25 août, douze chantiers structurants qui dessinent la feuille de route du pays. C’était à l’occasion d’un séminaire gouvernemental consacré à la transformation numérique, placé sous le thème « En route pour 2030 ».
Le premier vise à éliminer les zones blanches afin de garantir une couverture nationale en matière de connectivité. Ce chantier s’accompagne d’une volonté affirmée de rapatrier et sécuriser les données, à travers le principe du « zéro donnée à l’extérieur », afin que toutes les informations sensibles soient hébergées localement. Dans la même dynamique, l’exécutif souhaite connecter l’ensemble des bâtiments publics, en instaurant le « zéro bâtiment non connecté », et mettre fin à la dépendance au papier dans l’administration avec l’objectif « zéro papier ».
La numérisation des transactions financières constitue également un pilier central, avec la mise en place du « zéro cash » pour les paiements publics. En parallèle, la cybersécurité est érigée en priorité nationale, via le chantier « zéro infrastructure critique non protégée », destiné à prémunir le pays contre les cybermenaces. Pour renforcer l’efficacité de ces réformes, le gouvernement projette de doter chaque citoyen d’une identité numérique unique, véritable sésame pour accéder aux services publics et financiers.
L’inclusivité figure également parmi les axes majeurs. Le pays veut garantir un accès équitable aux services publics numériques, même dans les zones rurales, tout en développant une masse critique de talents IT à travers la formation de jeunes et de professionnels qualifiés. Cette ambition s’accompagne d’une amélioration de la qualité et de l’accessibilité des services de télécommunications, condition indispensable pour stimuler l’innovation.
Le recours à l’intelligence artificielle est aussi inscrit à l’agenda, avec l’objectif de mettre cette technologie au service des secteurs clés comme l’éducation, la santé et la sécurité. Enfin, la stratégie prévoit une alphabétisation numérique de la population, afin de favoriser l’appropriation des outils numériques et de préparer les Burkinabè à participer pleinement à la nouvelle économie.
Ces douze chantiers s’inscrivent dans la continuité de la Stratégie nationale de développement de l’économie numérique (SN@DEN), visant à faire du numérique un levier de modernisation. Selon l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), le nombre de cartes SIM actives sur l’ensemble des trois réseaux de téléphonie mobile a atteint 27,36 millions au deuxième trimestre 2024. Dans le même temps, 18,94 millions d’abonnés étaient connectés à Internet via les technologies mobiles, confirmant le rôle central de la connectivité dans la transformation numérique du pays.
Si ces chiffres témoignent des progrès déjà accomplis, la réussite de la transformation numérique du Burkina Faso dépendra désormais de la capacité du gouvernement à déployer pleinement les douze chantiers définis, de manière coordonnée et inclusive. Cette approche devrait permettre au pays de tirer pleinement parti du numérique comme moteur de développement économique, d’efficacité administrative et d’inclusion sociale.
Samira Njoya
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