Les TIC sont au cœur de la transformation numérique, devenue une priorité majeure pour de nombreux gouvernements africains. Afin de réaliser leurs objectifs plus rapidement, les Etats misent sur des partenariats et collaborations mutuelles.
La Côte d'Ivoire et la Guinée unissent leurs forces pour accélérer leur transformation numérique respective. Le vendredi 11 octobre à Conakry, deux protocoles d'accord ont été signés entre le ministre ivoirien de la Transition numérique et de la Digitalisation, Kalil Konaté (photo, à gauche), et la ministre guinéenne des Postes, Télécommunications et de l'Economie numérique, Rose Pola Pricemou (photo, à droite).
« Cet accord, résultat de négociations approfondies, a pour objectif de renforcer la coopération et de mutualiser les expertises dans plusieurs secteurs stratégiques du numérique, notamment l'interconnexion par fibre optique, la collaboration dans les services postaux et le partage de compétences en matière de télécommunications et de technologies numériques », a déclaré la Guinée dans un communiqué officiel.
Outre l'interconnexion physique des infrastructures, l'accord prévoit le développement de services numériques innovants, le renforcement de la cybersécurité et la promotion de l'inclusion numérique. Des projets pilotes sont prévus dans les domaines de l'agriculture intelligente, de la santé numérique et de l’éducation en ligne.
Cette initiative s'inscrit dans un contexte régional marqué par la volonté d’approfondir l'intégration numérique en Afrique de l'Ouest, avec pour ambition la création d'un marché numérique unique. Elle accompagne les efforts de modernisation des deux pays dans tous les secteurs d'activité, tout en favorisant la construction d'infrastructures de télécommunications performantes et l'amélioration des services numériques.
Cette coopération devrait permettre d’améliorer la qualité et la couverture des services de connectivité dans les deux pays. Selon les dernières données officielles, la Guinée compte 13,4 millions d’abonnés à la téléphonie mobile et 7,7 millions d’abonnés à Internet pour une population d'environ 15 millions d’habitants. En Côte d'Ivoire, le taux de pénétration de la téléphonie mobile s'élève à 172,2 %, tandis que celui d'Internet atteint 93,7 %, selon l’Autorité de régulation des télécommunications (ARTCI).
Samira Njoya
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Comme la plupart des pays du continent, le Ghana suit sa feuille de route pour assurer sa transformation numérique. Divers projets sous-tendent l’atteinte de cet objectif.
Les autorités ghanéennes comptent lancer un fonds de 5 millions $ pour soutenir l’innovation technologique dans le pays. C’est ce qu’a déclaré le mardi 8 octobre le ministre des Finances, Mohammed Amin Adam, lors de la visite du chantier de construction du centre numérique de l’université du Ghana.
« Nous créons également un fonds de dotation de 5 millions $ pour soutenir la gestion de ce centre. Ainsi, tout ce qui est nécessaire pour en faire un village numérique complet dans la fourniture de compétences à la jeunesse ghanéenne sera fait. [...] Nous voulons former un million de jeunes aux compétences numériques et ce n'est pas une tâche irréalisable », a-t-il indiqué.
Cette initiative intervient alors que les pays africains ont besoin d’une main-d’œuvre qualifiée pour faire face à la transition numérique amorcée depuis quelques années. Selon les résultats d’une étude relayés dans le rapport « Digital Skills in Sub-Saharan Africa Spotlight on Ghana », la Société financière internationale estime qu’environ 20 % des entreprises ghanéennes interrogées ne recrutent qu'à l'étranger pour les compétences numériques, principalement parce qu'elles ne trouvent pas de talents locaux qualifiés.
Cependant, la même source évalue à 4 milliards $ le montant nécessaire à la formation de la population locale aux compétences numériques à l’horizon 2030. Le gouvernement s’est donc fixé pour objectif de former 1 million de jeunes aux compétences numériques. Le projet de construction de quatre centres numériques s’inscrit dans ce cadre. Outre l’université du Ghana, ils seront également bâtis à l’université des sciences et technologies Kwame Nkrumah de Kumasi, à l'université de Cape Coast (UCC) et à l'université des études de développement (UDS) de Tamale.
Adoni Conrad Quenum
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L'intégration des TIC dans les systèmes éducatifs des pays africains connaît une dynamique croissante marquée par des initiatives novatrices visant à moderniser l'apprentissage. Malgré cette avancée prometteuse, divers défis subsistent, notamment l'accès inégal aux infrastructures numériques.
Le Gabon ambitionne de connecter tous ses établissements scolaires à Internet pour accélérer la modernisation de son système éducatif. Dans ce cadre, le mercredi 9 octobre, la ministre de l’Education nationale, Camelia Ntoutoume Leclercq, et le ministre de l’Economie numérique, le général Bonjean Frédérik Mbanza, ont signé une convention de partenariat.
Selon les ministres concernés, l'initiative vise à déployer des infrastructures numériques dans les lycées et collèges du pays, y compris dans les zones blanches, afin d'améliorer l'accès à l'enseignement numérique pour tous les élèves.
Le partenariat s’inscrit dans la stratégie du gouvernement de transition, qui entend utiliser la numérisation des secteurs, notamment celui de l’éducation, comme moteur de croissance économique et sociale. Il complète les initiatives en cours, comme le projet ambitieux mené avec l'UNICEF, qui vise à connecter 95 % des écoles publiques et confessionnelles du Gabon d'ici 2027. A ce jour, 27 écoles à travers les neuf provinces du pays sont déjà connectées, permettant à 6700 élèves de se familiariser avec l’apprentissage numérique.
En connectant ses écoles à Internet, le Gabon se positionne comme un précurseur en Afrique centrale dans l’intégration du numérique dans l’éducation. Cette démarche permettra non seulement de combler le fossé numérique, mais aussi de préparer les jeunes générations aux défis d’une économie mondiale de plus en plus numérisée. Le pays espère ainsi former une main-d’œuvre qualifiée, capable de contribuer activement à la transformation économique du Gabon à moyen et long terme.
Samira Njoya
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L'exécutif congolais s'est engagé à faire du numérique un catalyseur pour l'intégration, la bonne gouvernance et la croissance économique d'ici 2025. La création d'infrastructures appropriées constitue l'un des piliers essentiels de cette ambition.
Silikin Village, un hub technologique et entrepreneurial situé à Kinshasa, a été officiellement inauguré le jeudi 10 octobre par le président Félix Tshisekedi (photo, au centre). Ce centre — qui a pour objectif de créer un écosystème d’entrepreneuriat numérique comprenant des offres de soutien pour les membres (entrepreneurs) en collaboration avec des partenaires locaux et internationaux — a été initié par Texaf Digital, la filiale digitale de de la holding Texaf.
Lors de la cérémonie d’ouverture, le président Tshisekedi était accompagné de plusieurs personnalités, dont le ministre des Postes, Télécommunications et Numérique, Augustin Kibassa Maliba, ainsi que du représentant de la Banque mondiale, Albert Zeufack.
« Le président Tshisekedi a un rêve : voir émerger des millionnaires congolais. Ce rêve est à portée de main. Nous avons aujourd’hui, dans cet espace, des personnes capables de le réaliser », a déclaré le directeur général de Silikin Village, Gérald Croonenberghs. « Ce que nous inaugurons aujourd’hui marque le début d’une nouvelle ère », a-t-il ajouté.
« Ce hub est le fruit de la rencontre entre trois partenaires en pleine mutation : le gouvernement congolais, avec une volonté de faire du numérique un des piliers essentiels de son programme de développement, la Banque mondiale, qui fait du digital une de ses priorités pour la RDC, et Texaf, qui a compris très tôt que le futur, c’est le numérique », a indiqué Albert Zeufack.
Cette troisième phase de Silikin Village, couvrant 6000 m², comprend des bureaux meublés, des espaces de coworking, des salles de réunion partagées et un auditorium. Livrée au début du second semestre, elle vise à créer un environnement propice à la formalisation de l’entrepreneuriat, afin de permettre aux porteurs de start-up de se lancer avec efficacité.
Les services proposés incluent des formations, des programmes d’incubation, ainsi que l’accueil de start-up et d’entreprises internationales souhaitant s’implanter en RDC. Le projet a bénéficié d’un financement bancaire de 5,5 millions de dollars, à un taux d’intérêt fixe de 7 %, remboursable sur une période de six ans. Un plan d’expansion est en cours, visant à porter la superficie à près de 9000 m² d’espaces de travail d’ici fin 2024.
Georges Auréole Bamba
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Selon l’UIT, les Seychelles figurent parmi les pays africains les plus avancés en développement des TIC. Toutefois, l’institution souligne que des progrès sont encore nécessaires sur la question de la cybersécurité.
Les Seychelles vont rejoindre la Convention de Budapest sur la cybercriminalité. Le gouvernement a approuvé les démarches nécessaires lors de sa réunion du mercredi 9 octobre. Il a également été recommandé d’apporter des modifications mineures à la loi seychelloise sur la criminalité informatique (CRCA) afin d’affiner les définitions, d’améliorer les lois de procédure et de développer la coopération internationale.
« La Convention de Budapest est considérée comme la convention la plus moderne qui aide tous les pays à lutter contre la cybercriminalité. En faisant partie de la Convention de Budapest, cela nous donnera accès à des niveaux plus élevés de coopération internationale, ce qui nous mettra, en tant que pays, au même niveau, conformément aux normes internationales », a déclaré Ahmed Afif, vice-président des Seychelles.
Cette initiative vise à aligner le cadre juridique seychellois en matière de cybersécurité sur les normes mondiales, conformément à la Stratégie nationale de cybersécurité 2019-2024. A travers le document, le gouvernement veut rendre les Seychelles « résilientes face aux cybermenaces afin de continuer à tirer parti des TIC pour contribuer au développement économique et social du pays ».
Pour rappel, les Seychelles sont le troisième pays africain en matière de développement des TIC selon le rapport « Measuring digital development – ICT Development Index 2024 » de l’Union internationale des télécommunications (UIT) publié fin juin 2024. Le pays a enregistré un score de 84,7 points sur 100, à 3,4 points du premier (Maroc). Le score moyen en Afrique (47 pays) s’est établi à 50,3 points.
En matière de cybersécurité, les Seychelles sont classées dans la catégorie « Evolutif » aux côtés de 20 autres pays africains, selon le « Global Cybersecurity Index 2024 (GCI) » de l’UIT publié en septembre 2024. Le pays se distingue par ses points forts en mesures juridiques et en coopération, mais présente des lacunes dans les mesures techniques, organisationnelles et le développement des capacités.
Isaac K. Kassouwi
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Comme de nombreux pays africains, la Mauritanie et l’Algérie ont placé le numérique au cœur de leur développement économique. Pour réussir la transformation numérique, ces pays doivent renforcer leur cybersécurité.
Le mardi 8 octobre, l’Autorité nationale de protection des données à caractère personnel d’Algérie (ANPDP) et son homologue mauritanienne ont conclu un accord de partenariat. Cet accord vise à renforcer leur coopération à travers l’échange d’expériences et d’expertises en matière de protection des données personnelles.
« Cet accord est de nature à garantir un cadre idoine de coopération dans le domaine de la protection des données personnelles et à l’issue duquel, des décisions et des recommandations importantes seront prises », a déclaré Samir Bourehil (photo, à droite), président de l’ANPDP.
Ce partenariat sur la protection des données personnelles devrait permettre de renforcer la cybersécurité de la Mauritanie et de l’Algérie alors que les deux pays placent la transformation numérique au cœur de leur développement économique. De plus, cet accord intervient dans un contexte d’essor du commerce numérique, où les flux de données ne sont pas limités aux territoires nationaux, selon la Banque mondiale.
« Les transferts de fonds ou le commerce électronique transfrontaliers nécessitent des règles cohérentes entre les pays afin d’assurer un niveau similaire de protection des consommateurs. Il est nécessaire de parvenir à un consensus régional sur les normes de protection des données pour garantir la compatibilité et éviter la fragmentation », a déclaré l’institution de Bretton Woods dans le rapport « Regulating Digital Data in Africa » publié en mai 2024.
Isaac K. Kassouwi
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En septembre dernier, le Maroc a lancé son programme « Digital Morocco 2030 ». Depuis, diverses actions s'enchaînent dans le but d’atteindre les objectifs fixés dans le document de stratégie.
L'université Hassan II de Casablanca a conclu, le lundi 7 octobre, des conventions avec plusieurs entreprises technologiques. L'objectif est de proposer aux étudiants des formations adaptées, alignées sur les nouvelles exigences du marché de l'emploi dans le secteur des technologies.
Selon Fatima Zahra Alami (photo, à gauche), vice-présidente de l'université en charge des affaires académiques des étudiants, ce partenariat vise à offrir aux étudiants des compétences numériques en complément de leur formation académique. L'objectif est d'adapter cette formation aux exigences croissantes du marché du travail, où la transformation digitale occupe une place de plus en plus importante.
L’initiative s’inscrit dans le cadre du Plan national d’accélération de la transformation du système d’enseignement supérieur, de recherche scientifique et d’innovation lancé en février 2022. Elle s’aligne sur le programme Digital Morocco 2030, dont le but est de faire former 20 000 talents technologiques en 2026, 45 000 en 2030. Le document prévoit également la reconversion de quelque 50 000 personnes aux métiers du numérique à l’horizon 2030.
Dans cette optique, le renforcement des capacités des institutions de formations à former davantage de talents dans le numérique et la mise à l’échelle de différents mécanismes de reconversion (bootcamps, écoles de codages et programmes de certification) sont, entre autres, des mesures clés prises par les autorités marocaines.
Parmi les signataires de cette convention figurent les entreprises technologiques américaines Oracle, Cisco, DXC, et Fortinet, ainsi que le chinois Huawei et l'entreprise marocaine NearSecure.
Adoni Conrad Quenum
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Le développement de l’e-santé en Afrique devrait faciliter l'accès aux soins pour des millions de personnes, même dans les zones reculées. Bien que le continent soit en retard, il met tout en œuvre pour combler ce fossé technologique et améliorer ses systèmes de santé.
Le Togo franchit une nouvelle étape dans sa transformation numérique avec le lancement des travaux de construction d’un Centre national de santé digitale (CNSD) à Lomé. Ce projet, financé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) au Togo, vise à améliorer l’accessibilité des soins de santé grâce à l’utilisation des nouvelles technologies.
Le @TogoOfficiel franchit une nouvelle étape dans l'amélioration de la santé des populations.
— Pnud Togo (@PnudTogo) October 9, 2024
Pose demain 10/10/2024 de la première pierre des travaux de construction du Centre National de #SantéDigitale (CNSD) avec le financement du @PnudTogo
1/2 pic.twitter.com/aZs9xWm5eh
« Le Centre national de santé digitale va assurer la gouvernance opérationnelle des activités de santé numérique à travers la mise en place de fondamentaux, comme l’interopérabilité et la conformité des projets, ainsi que la collecte des données sanitaires pour participer à la surveillance épidémiologique », a déclaré Aristide Afèignindou Gnassingbé, ministre conseiller de la Santé, mission permanente du Togo auprès de l’ONU à Genève, et coordinateur national de la santé digitale au Togo.
Le lancement du CNSD s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale Togo Digital 2025. Ce projet, annoncé à la suite de la pandémie de Covid-19, a révélé l'importance d'intégrer les TIC dans le secteur de la santé. Parmi les innovations prévues, la télémédecine, une branche clé de la santé numérique devenue un outil incontournable. Elle permettra de faciliter la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance et la télé-échographie.
Ce centre devrait également servir de plateforme pour le développement de solutions numériques en santé, en renforçant la capacité de réponse aux crises sanitaires à travers des systèmes de surveillance automatisés et une gestion optimisée des ressources médicales. En outre, il permettra d’accélérer la numérisation des infrastructures de santé à travers le pays, notamment en intégrant des dossiers médicaux électroniques et en favorisant la formation des professionnels de la santé aux nouvelles technologies.
Samira Njoya
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Le secteur des télécommunications en RDC est en pleine modernisation. Pour assurer son développement global, le pays peut compter sur des partenaires stratégiques tels que la Banque mondiale, qui joue un rôle clé dans l'accompagnement de cette transformation.
La Société financière internationale (SFI), une branche de la Banque mondiale dédiée à l'aide au développement dans le secteur privé, a annoncé son soutien à la République démocratique du Congo (RDC) pour renforcer son secteur des télécommunications. Cette décision a été communiquée lors d’une audience, le mardi 8 septembre, entre le ministre des Postes, Télécommunications et du Numérique, Augustin Kibassa Maliba (photo, à gauche), et Mary Porter Peschka (photo, à droite), directrice régionale de la SFI pour l'Afrique de l’Est.
J'ai rencontré SE Augustin Kibassa Maliba, Ministre des Postes, Télécommunications et Numérique de #RDC afin d'exprimer notre soutien au secteur des télécom pour améliorer le climat d'investissement & attirer ➕d'investissements dans l'infra numérique, dont la connectivité rurale pic.twitter.com/JdoEgVLTMf
— Mary Porter Peschka (@MPPeschka) October 8, 2024
« Nous avons échangé avec son excellence monsieur le ministre sur la volonté de notre groupe, la Société financière internationale, d'accompagner le gouvernement congolais dans l'essor du secteur des télécommunications. Le secteur des télécommunications est d'une importance capitale aussi bien pour la RDC que pour notre groupe », a déclaré Mary Porter Peschka.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre du Plan national du numérique de la RDC lancé en 2019, où le développement du secteur des télécommunications est une priorité. Le pays a déjà commencé à ressentir les effets positifs de cette dynamique, avec une augmentation de 6,4 millions d'abonnés à la téléphonie mobile, passant de 49,8 millions en 2022 à 56,2 millions en décembre 2023, d’après l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo. En parallèle, les revenus du marché de la téléphonie mobile en RDC ont atteint 11,898 milliards FCFA (19,9 millions $) en juillet 2023, marquant une hausse de 9,7 % par rapport à l’année précédente.
L’appui de la SFI en RDC se concentrera sur plusieurs axes stratégiques, notamment dans le renforcement des compétences numériques, le développement et la modernisation des infrastructures numériques entre autres. L’objectif global est de créer un environnement propice à l’innovation et à l'investissement, en attirant de nouveaux acteurs du secteur privé tout en stimulant la compétitivité des entreprises locales.
Samira Njoya
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Au premier semestre de l’année 2024, les jeunes pousses marocaines ont capté 14 millions $, selon Africa : The Big Deal. L’Etat a décidé de les soutenir également à travers sa stratégie nationale du numérique.
Ghita Mezzour (photo), ministre chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration, a annoncé un investissement de 240 millions de dirhams (environ 24,5 millions $) pour stimuler l’innovation et soutenir les start-up locales. Elle a effectué cette sortie le mardi 8 octobre en marge de l'ouverture de la 6e édition de l'African Digital Summit à Casablanca.
« Nous avons alloué un budget de 240 MDH pour stimuler la demande nationale de services innovants, en privilégiant les achats auprès des start-up locales et en leur ouvrant les portes de l'outsourcing, afin qu'elles puissent exporter leurs solutions au-delà de nos frontières », a indiqué Ghita Mezzour.
Cette initiative intervient alors que les start-up africaines ont de plus en plus de mal à attirer des capitaux. Elle s’inscrit dans le cadre de la stratégie « Digital Morocco 2030 » dont l’un des objectifs est de dynamiser l’écosystème technologique local. D’après les données de Partech Africa, les start-up marocaines ont capté 33 millions $ en 2021, 26 millions $ en 2022 et 93 millions $ en 2023.
Le soutien étatique favorisera un renforcement du tissu entrepreneurial technologique, stimulera la création d’emplois, attirera les investisseurs étrangers et renforcera le royaume chérifien comme un hub technologique régional.
Adoni Conrad Quenum
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Depuis plusieurs années, le Kenya fournit des efforts pour amorcer son développement économique. Il a identifié quelques maux dans son appareil étatique qui ralentissent l’atteinte de son objectif.
Margaret Ndung'u (photo, au centre), ministre de l'Information, de la Communication et de l'Economie numérique, a reçu la semaine dernière une délégation des Nations unies, conduite Stephen Jackson, coordinateur résident de l’institution au Kenya. Les discussions ont porté sur l'importance d'un partenariat pour utiliser la technologie numérique pour retracer les flux financiers illicites et identifier les cybercrimes.
Selon le ministère, les Nations unies ont également mis en avant l'importance de développer l'infrastructure adéquate, de former les autorités chargées de l'application de la loi pour lutter contre la cybercriminalité, d’élaborer une politique du travail numérique ou encore une stratégie de création d'emplois numériques.
Cette initiative survient après que les dirigeants kényans ont sollicité une mission d'audit du Fonds monétaire international (FMI) afin d'évaluer l'impact de la corruption et de la mauvaise gestion des ressources de l'Etat sur les finances publiques. D'après le dernier indice de perception de la corruption publié par Transparency International, le Kenya se classe 126e sur 180 pays.
En ce qui concerne la cybersécurité, le Kenya fait partie des meilleurs élèves sur le plan mondial. Le pays se positionne dans la catégorie Tier 1 avec un score 98,59 sur 100, selon les données de l’Union internationale des télécommunications publiées dans son rapport « Global Cybersecurity Index 2024 » sorti en septembre dernier. Pourtant, les pertes du Kenya dues à la cybercriminalité pourraient s'élever à 383 millions $, d’après le rapport « Reimagining the African Cybersecurity Landscape » publié en 2023 par Serianu, une firme kényane de conseil en cybersécurité.
Le soutien des Nations unies pourrait ainsi permettre de lutter efficacement contre ces maux et de faire du numérique, un levier de développement social comme le stipule le document de stratégie nationale. Par ailleurs, l’organisation a émis quelques conditions pour accompagner le pays dans le nouveau projet. Entre autres, les autorités devront garantir la liberté des médias, la protection de l'intégrité de l'information, la réglementation des plateformes numériques et la lutte contre la désinformation.
Adoni Conrad Quenum
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Dans le cadre de son ambition de transformation numérique, le gouvernement ghanéen multiplie les initiatives pour numériser les services et en faciliter l’accès aux populations. L’exécutif a lancé en septembre une plateforme numérique dédiée au contrôle des loyers.
Mahamudu Bawumia, vice-président du Ghana, a lancé le lundi 7 octobre une nouvelle plateforme unifiée de services numériques sur mobile. Dénommée CitizenApp, l’application permet aux citoyens ghanéens d’accéder à divers services gouvernementaux, signaler des problèmes et recevoir des mises à jour en temps réel sur les affaires publiques.
« Ce que le Ghana a réalisé, de nombreux pays avancés ne l’ont pas encore fait. Nous nous orientons donc dans une direction qui présente de grandes opportunités... Une fois le système en place, faire des affaires au Ghana sera très facile et fluide, payer ses impôts sera très facile, obtenir son passeport sera très facile, enregistrer une entreprise sera très facile », a déclaré M. Bawumia.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie du gouvernement ghanéen visant à accélérer la numérisation des services publics et à améliorer leur accessibilité pour la population. En septembre, une plateforme numérique dédiée à la régulation des loyers a été mise en place. En juillet, le ministère des Routes et des Autoroutes a lancé une application mobile permettant aux citoyens de signaler les problèmes routiers, contribuant ainsi à renforcer la sécurité et à améliorer les infrastructures. En février, une autre application a vu le jour pour formaliser et harmoniser le secteur informel des transports. Par ailleurs, la numérisation du processus de recensement de la population est également en cours de préparation.
L’ensemble de ses actions a permis au pays de se hisser au rang des leaders dans la mise en œuvre de l’administration électronique. Le rapport « E-Government Survey 2024 : Accelerating Digital Transformation for Sustainable Development », publié en septembre 2024 par le Département des affaires économiques et sociales des Nations unies (DAES), indique que le Ghana occupe la première place en Afrique de l’Ouest et la septième au niveau continental.
Malgré ces avancées, l’adoption de la nouvelle plateforme et l’utilisation des services numériques dépendront de l’accès des Ghanéens aux smartphones et à Internet. Bien que les chiffres spécifiques au Ghana ne soient pas disponibles, l'Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) indique que le taux de pénétration des smartphones dans la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) est de 51 %. De plus, selon l'Union internationale des télécommunications (UIT), 69,8 % des Ghanéens possèdent un téléphone mobile et 68,6 % utilisent Internet.
Isaac K. Kassouwi
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Avec un score de 24,4 à l’indice d’adoption des TIC de l’Union internationale des télécommunications, le Burundi cherche des solutions pour suivre la cadence de la transformation numérique en cours sur le continent. Il s'est tourné, entre autres, vers la Zambie en ce qui concerne l’Internet.
Le Burundi et la Zambie vont se connecter par un câble sous-marin de fibre optique. Un protocole d’accord a été signé en marge du sommet Digital Government Africa qui s’est tenu début octobre à Lusaka, en Zambie. L’infrastructure reliera le district de Mpulungu, dans la province du Nord de la Zambie, à la province de Makamba, au sud du Burundi via le lac Tanganyika.
Cette initiative s’inscrit dans la volonté des deux pays d’améliorer la qualité de l’Internet. Depuis 2021, la Zambie a investi 58 millions $ dans les infrastructures numériques pour une faible amélioration du taux de pénétration d’Internet. Selon les données de DataReportal, il est passé de 29,4 % en janvier 2021 à 31,2 % en janvier 2024. Les autorités comptent continuer les investissements dans le but d’atteindre les objectifs fixés dans la « National Digital Transformation Strategy 2023–2027 ».
De son côté, le Burundi suit la cadence de la transformation numérique en cours sur le continent. D’après les données de DataReportal, le taux de pénétration d’Internet dans le pays est de 10,2 % au début de l’année 2023. En septembre dernier, les autorités locales ont lancé un projet visant à combler la fracture numérique d'ici 2028. Baptisé Projet d’appui aux fondations de l’économie numérique (PAFEN), il est financé à hauteur de 92 millions $ par la Banque mondiale.
Par ailleurs, il faut souligner que la connexion du Burundi à la Zambie permettra au Burundi de rejoindre un ensemble de pays déjà interconnectés par fibre optique. Ce sont l'Angola, le Botswana, la République démocratique du Congo, le Malawi, le Mozambique, la Namibie, la Tanzanie et le Zimbabwe.
Adoni Conrad Quenum
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Cet investissement a permis à la société de capital-risque Equator d’atteindre 54 millions $ pour la clôture de son premier fonds. Elle a d’ailleurs déjà investi dans 6 start-up opérant dans les technologies climatiques sur le continent.
La Société financière internationale (SFI), membre du Groupe de la Banque mondiale, a annoncé le jeudi 3 octobre l’investissement d’un montant de 5 millions $ dans Equator Fund Africa I, un fonds de capital-risque qui soutient les start-up d’Afrique subsaharienne opérant dans la technologie climatique. L’objectif est de permettre au continent africain de profiter des solutions durables proposées par ces différentes start-up dans la lutte contre le changement climatique.
« La technologie climatique est un domaine passionnant d'innovation et d'impact en Afrique, où les entreprises aident les économies à croître tout en réduisant les émissions et l'utilisation des ressources. L'investissement de la SFI dans Equator Africa reflète notre engagement à soutenir ces entreprises pour qu'elles apportent des solutions, des énergies renouvelables aux véhicules électriques », a indiqué Farid Fezoua, directeur mondial de la SFI pour les technologies, services et fonds de rupture.
Cet investissement intervient dans un contexte marqué par le besoin en financement du continent pour faire face au changement climatique. Les start-up africaines opérant sur ce secteur attirent de plus en plus de financement. Selon Africa: The Big Deal, elles ont capté 340 millions $ en 2019, 344 millions $ en 2020, 613 millions $ en 2021, 959 millions $ en 2022 et 1,1 milliard $ en 2023. En 2024, entre janvier et mai, les start-up opérant dans les technologies climatiques ont déjà attiré 325 millions $, soit 45 % des montants levés par les jeunes pousses africaines sur la période.
Par ailleurs, il faut souligner que le changement climatique est l’un des problèmes majeurs du continent. Selon Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), « l'Afrique aura besoin de 277 milliards de dollars par an pour faire face au changement climatique, mais elle ne reçoit que 30 milliards de dollars par an ».
Adoni Conrad Quenum
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