La protection des données personnelles est un enjeu majeur pour les nations africaines. Dans cette optique, des autorités de régulation misent sur des coopérations pour mutualiser leurs efforts, renforcer la coopération et harmoniser leurs actions face aux défis croissants de la souveraineté numérique.
L’Autorité de protection des données à caractère personnel (APDP) du Bénin a annoncé, le mardi 15 avril, la signature d’un protocole de coopération avec son homologue malienne. L’initiative vise à renforcer les liens entre les deux institutions dans un contexte où les enjeux liés à la souveraineté numérique prennent de l’ampleur en Afrique de l’Ouest.
Concrètement, l’accord prévoit des échanges réguliers de bonnes pratiques, la mutualisation d’outils de travail, ainsi que la possibilité de traiter conjointement certaines plaintes ou opérations de vérification de conformité. Il inclut également l’élaboration de règles communes via des comités techniques ad hoc, l'organisation des commissions mixtes tous les deux ans ainsi que des sessions de formation partagées pour renforcer les capacités des équipes respectives.
Cette collaboration s’inscrit dans une dynamique continentale menée par le Réseau africain des autorités de protection des données personnelles (RAPDP), qui plaide pour l’harmonisation des normes de régulation numérique. Elle intervient alors que la protection des données personnelles devient une priorité stratégique pour les pays africains. D’après Africa Cybersecurity Magazine, 37 pays sur 54 disposent désormais d’une loi nationale en la matière, dont le Bénin et le Mali. Mais l’application concrète de ces législations reste un défi dans plusieurs États.
Avec cet accord, les deux pays entendent passer à une logique d’action conjointe face aux défis croissants de la régulation numérique. Dans un environnement marqué par la circulation transfrontalière des données, l’interopérabilité des cadres juridiques devient essentielle. Ce partenariat pourrait ainsi permettre une réponse plus harmonisée face aux menaces potentielles et participer à la construction d’un socle de confiance numérique robuste en Afrique de l’Ouest.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le commerce en ligne est en pleine croissance en Afrique. Les autorités mauriciennes ont ainsi décidé de mettre en place un cadre réglementaire pour protéger tous les acteurs intervenant dans le secteur.
Les vendeurs en ligne en République de Maurice devront bientôt se faire enregistrer, selon les premières orientations ressortant d’une récente réunion entre le ministre du Commerce, Michaël Sik Yuen et des associations de consommateurs. Cette mesure vise à mieux encadrer l’e-commerce et à lutter contre la multiplication des arnaques numériques, en assurant une traçabilité des vendeurs et une meilleure protection des acheteurs.
Le projet verra notamment l’établissement d’un registre officiel des vendeurs en ligne opérant à Maurice. Chaque commerçant en ligne devra obtenir une licence pour exercer légalement, et se conformer à un ensemble de normes définies. Ces obligations permettront de mieux encadrer l’activité et de distinguer les vendeurs conformes des acteurs illégaux.
Selon Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’Île Maurice (ACIM), « il suffit qu’une personne poste un produit [sur les réseaux sociaux, Ndlr], demande un paiement via un compte bancaire ou une application mobile, et le client ne reçoit jamais sa commande. Nous avons vu des cas aussi bien au niveau local qu’international ».
La première ébauche du registre sera produite dans quelques semaines, selon les propos attribués au ministre par les médias locaux. La mise en place d’un dispositif inclusif, souple et progressif facilitera la réussite du processus, et empêcher qu’une partie de l’économie numérique replonge dans l’informel.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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La fracture numérique reste particulièrement marquée à Madagascar. Selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT), à peine 20 % de la population a accès à Internet.
Le gouvernement malgache a lancé la semaine dernière une initiative visant à distribuer des appareils numériques comme des smartphones à la population dans le cadre du Projet de connectivité numérique et énergétique pour l'inclusion à Madagascar (DECIM). Doté d'une enveloppe de 24 millions de dollars, ce dispositif devrait favoriser l'adoption d'Internet et des services numériques à travers le pays.
En effet, l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) estime que l’incapacité à acquérir un téléphone compatible avec Internet constitue l’un des principaux freins à l’adoption de cette technologie dans les zones déjà couvertes par le réseau. L’organisation explique que bien que de nombreux appareils soient désormais proposés à moins de 100 dollars, ce coût demeure inaccessible pour une large partie de la population.
À Madagascar, un smartphone coûtant 100 $ représente près de 20 % du revenu national brut (RNB) annuel par habitant, estimé à 510 $ selon les données les plus récentes de la Banque mondiale (2023). Même si l’on considère qu’un téléphone a une durée de vie moyenne de trois ans, son acquisition représente un coût important, surtout dans un contexte où les besoins essentiels restent nombreux et prioritaires.
Ainsi, le gouvernement malgache prévoit la distribution de 664 000 terminaux numériques connectés, parmi lesquels 400 000 seront prioritairement attribués aux femmes et aux filles. Cette initiative vise à réduire les inégalités d’accès aux technologies et à renforcer l’inclusion numérique et économique. Un guichet dédié à la « Vente de terminaux numériques avec accès à Internet » sera prochainement mis en place, avec des subventions ciblées, une ligne de crédit destinée aux distributeurs et aux institutions financières, une attention particulière portée aux zones enclavées, ainsi que la promotion du mobile money comme levier d’inclusion financière.
Cette initiative du gouvernement peut s’inscrire dans le cadre des ambitions de transformation numérique présentées notamment dans le Plan stratégique quinquennal du numérique (PSN) 2023-2028. L’exécutif cherche à faire du pays un acteur majeur de l’économie numérique en Afrique notamment par le développement des télécommunications, l’e-gouvernement et l’inclusion numérique. Par exemple, les autorités tablent sur une contribution du secteur numérique de 6 % au PIB d’ici 2028, contre 1,5 % en 2019.
Toutefois, l’accès à un smartphone ne garantit pas une utilisation réelle de l’Internet et des services numériques même quand on suppose une couverture réseau préalable. « Parmi les utilisateurs actuels d'internet mobile, nombreux sont ceux qui souhaitent l'utiliser davantage, mais se heurtent à divers obstacles pour accroître leur usage. Les principaux freins incluent les préoccupations en matière de sécurité, l'accessibilité financière et l'expérience de connectivité. Le manque de pertinence perçue joue également un rôle », indique la GSMA dans son « The State of Mobile Internet Connectivity Report 2024 » publié en octobre 2024.
Il convient également de rappeler que le gouvernement malgache n’a pas annoncé de phases ultérieures pour ce programme, qui reste limité par rapport à une population estimée à 31,2 millions d’habitants. D’ailleurs, environ 80 % des Malgaches n’utilisent pas Internet, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT).
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Depuis des années, le Gabon accorde une place de choix au numérique. Le nouveau chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, souhaite poursuivre cette dynamique et hisser le pays au rang des leaders technologiques d’Afrique grâce à des réformes ambitieuses et des investissements ciblés.
Brice Clotaire Oligui Nguema (photo) a été élu président de la République gabonaise, le dimanche 13 avril, après avoir dirigé le pays en tant que président de la Transition depuis le coup d’État militaire d’août 2023. Dans son programme politique articulé autour de six grands piliers, le triptyque « logements, infrastructures de transport et numériques » constitue le troisième axe prioritaire, soulignant l’importance accordée au numérique dans la construction d’un Gabon moderne et prospère.
Conscient du rôle structurant du numérique dans le développement économique et social, le nouveau président en fait un levier de transformation. Il ambitionne de moderniser les infrastructures, de garantir un accès équitable à Internet et de positionner le Gabon comme un hub technologique en Afrique centrale.
L’un des axes majeurs de cette vision est l’accélération du déploiement de la fibre optique à travers le pays. L’objectif affiché est de généraliser la couverture haut débit, notamment dans les zones rurales encore mal desservies, afin de réduire la fracture numérique. La connectivité est perçue comme un droit fondamental : chaque Gabonais devra pouvoir accéder à une connexion rapide, fiable et à coût abordable, qu’il soit un citoyen, une administration ou une entreprise.
Selon les données de DataReportal, le Gabon comptait 1,84 million d’internautes au début de l’année 2025, soit un taux de pénétration de 71,9 %. Le gouvernement ambitionne de porter ce taux à 100 %, en renforçant les infrastructures et en assurant l’accessibilité des services numériques dans tout le pays.
Par ailleurs, la construction de datacenters nationaux figure parmi les priorités du gouvernement pour garantir la souveraineté numérique. Ces infrastructures stratégiques permettront de stocker localement les données sensibles de l’État et de soutenir le développement d’un écosystème numérique dynamique. La construction du premier centre de données a été confiée en 2023 à l’entreprise indienne Shapoorji-Pallonji.
Le soutien à l’entrepreneuriat numérique et à l’innovation locale constitue un autre chantier d’envergure. Le programme présidentiel prévoit la création de pôles d’innovation et d’incubateurs technologiques, à l’image du Centre Gabonais de l’Innovation, pour accompagner les start-up dans leur croissance. L’accès au financement, aux marchés publics et aux opportunités d’affaires sera facilité, tout comme la création d’espaces de coworking modernes, afin de stimuler l’innovation et les synergies entre acteurs de l’écosystème tech.
La numérisation de l’administration publique fait également partie des réformes prioritaires. En modernisant des institutions clés comme la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), le gouvernement entend renforcer l’efficacité des services, la transparence dans la gestion des fonds publics et la satisfaction des usagers. Une plateforme numérique dédiée aux services publics devrait être lancée dès le premier semestre 2025, avec pour objectif de dématérialiser les démarches administratives et de lutter contre les lenteurs et la corruption.
Cette stratégie numérique s’inscrit dans une ambition plus large de refondation de l’État. Elle repose sur la mise en place d’outils de traçabilité des dépenses publiques, la rigueur dans la planification et l’exécution des projets, ainsi qu’une professionnalisation accrue de la fonction publique. Depuis près de cinq ans, le secteur numérique contribue à environ 5 % du PIB gabonais. Le gouvernement espère doubler cette part à moyen terme, en stimulant les investissements, l’innovation et la création d’emplois dans le secteur.
À l’échelle régionale, le Gabon fait figure de bon élève. En 2024, il affichait un indice d’adoption des TIC de 74,7 sur 100, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), se classant au 10e rang continental. En matière d’e-gouvernement, il occupe la 15e place africaine, avec un indice de développement de l’administration numérique de 0,5741, d’après les Nations unies.
À travers cette approche intégrée, Brice Clotaire Oligui Nguema souhaite faire du numérique un pilier du renouveau gabonais. Son ambition est de bâtir un écosystème technologique souverain, innovant et inclusif, capable de générer une croissance durable, de créer des opportunités pour la jeunesse et de renforcer la transparence dans la gouvernance publique.
Samira Njoya
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Starlink s’apprête à pénétrer un marché somalien de l’Internet encore largement sous-exploité. À ce jour, ce marché est principalement desservi par des opérateurs télécoms locaux tels que Hormuud, Somtel, Amtel, SomLink, Golis et TeleSom.
L’Autorité nationale des communications de Somalie (NCA) a annoncé, le dimanche 13 avril, avoir attribué une licence d’exploitation au fournisseur d’accès à Internet par satellite Starlink. Les autorités somaliennes estiment que l’arrivée de la filiale de la société américaine SpaceX du milliardaire Elon Musk contribuera à renforcer la couverture Internet dans le pays, notamment dans les zones rurales où l’accès reste très limité.
On April 13, 2025, the National Communications Authority of Somalia (@SomaliaNCA) officially granted operational license approval to @Starlink for launching its services in Somalia. 1/5#Somalia #DigitalSomalia #Connectivity pic.twitter.com/sGDcIJBCzC
— NCA Somalia (@SomaliaNCA) April 13, 2025
« L’arrivée de Starlink en Somalie marque une étape importante dans nos efforts pour réduire la fracture numérique dans notre pays. Ce partenariat bénéficiera particulièrement aux populations et aux institutions des zones rurales, où l’accès à Internet est très limité », a déclaré Mustafa Yasin Sheikh (photo, à droite), directeur général de la NCA, lors de la cérémonie de signature de la licence.
Starlink s’appuie sur une constellation de satellites en orbite basse pour fournir ses services Internet. Cette technologie répond aux recommandations de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) pour une couverture universelle en Afrique subsaharienne. L'organisation rappelle que la région présente certains des terrains les plus complexes pour les réseaux terrestres, notamment des forêts tropicales, des déserts et des chaînes de montagnes. « Même dans les zones rurales et faiblement peuplées, le coût et la complexité du déploiement de réseaux mobiles ou filaires classiques renforcent la nécessité de solutions alternatives de connectivité », a ajouté la GSMA.
En 2023, près de la moitié des quelque 18,4 millions d’habitants de la Somalie n’étaient toujours pas couverts par un réseau 4G, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT). Les technologies 3G et 2G atteignaient respectivement 80 % et 90 % de la population. Malgré cela, le taux de pénétration d’Internet dans le pays était de seulement 27,6 %.
Malgré tout le potentiel que représente Starlink, sa contribution à la réduction de la fracture numérique en Somalie dépendra largement de l’accessibilité financière du service pour les populations. Si les tarifs spécifiques à la Somalie n’ont pas encore été communiqués, l’exemple du Kenya voisin donne un aperçu des coûts possibles : l’abonnement mensuel standard y est fixé à 6500 shillings kényans (environ 50 dollars), auxquels s’ajoute un kit de connexion vendu à 49 900 shillings.
Si les tarifs appliqués en Somalie s’alignent sur ceux pratiqués au Kenya, le service pourrait s’avérer coûteux pour la majorité des Somaliens. En effet, les 50 $ mensuels pour accéder au service dépassent le revenu national brut (RNB) par habitant mensuel du pays, estimé à 49,1 $ selon les données de la Banque mondiale. L’UIT recommande que les dépenses mensuelles en services Internet ne dépassent pas 2 % du RNB par habitant. Actuellement, les Somaliens consacrent en moyenne 5,3 % du RNB par habitant aux services vocaux et Internet mobiles, et jusqu’à 80 % pour l’Internet fixe.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En République démocratique du Congo (RDC), la numérisation des secteurs clés est au cœur du Plan national du numérique, qui arrive à échéance fin 2025. Le secteur électrique, pilier du développement socio-économique, n’échappe pas à cette dynamique de transformation.
La Société nationale d’électricité (SNEL), entreprise publique en charge de la production, de la transmission et de la distribution de l’électricité en RDC, a signé, le jeudi 10 avril à Kinshasa, un protocole d’accord avec la firme technologique chinoise Huawei. Cet accord vise la transformation numérique des services électriques du pays.
#RDC: Un protocole d'accord,a été signé, jeudi,entre la Société nationale d'électricité (SNEL) et la Société technologique chinoise Huawei pour la transformation numérique des services électriques en République démocratique du Congo (RDC), selon un communiqué de l'opérateur… pic.twitter.com/gNZbH4iDHf
— acp.cd (@acprdcongo) April 11, 2025
Selon l'Agence congolaise de presse, le partenariat repose sur quatre axes principaux. Le premier concerne l’extension de la capacité et de la couverture du réseau de fibre optique, afin de garantir une interconnexion plus fluide sur l’ensemble du territoire. Le deuxième axe porte sur la modernisation des infrastructures de distribution électrique, avec l’introduction de compteurs intelligents, de points de vente digitalisés et de systèmes de communication pour les équipes d’intervention sur le terrain.
Le troisième pilier prévoit le développement de centres de données performants et la mise en place d’un système de surveillance des lignes de transport ainsi que des postes de transformation. Enfin, le projet intègre des sous-stations intelligentes et des cabines de distribution innovantes, assorties de services numériques à forte valeur ajoutée.
Ce partenariat s’inscrit dans la vision du président Félix Antoine Tshisekedi de moderniser les infrastructures stratégiques du pays. Il répond également aux objectifs du Plan national du numérique horizon 2025, qui vise à renforcer les capacités techniques et numériques du secteur public congolais. À l’approche de la fin de ce plan, les autorités redoublent d’efforts pour numériser les entreprises publiques, améliorer la qualité des services et renforcer la transparence. Ce partenariat reflète l’intérêt croissant des entreprises technologiques, notamment chinoises, pour le marché congolais, où Huawei renforce progressivement sa présence à travers des projets structurants.
En misant sur l’extension du réseau de fibre optique, l’introduction de compteurs intelligents et le développement d’infrastructures numériques comme les centres de données, l’initiative ouvre la voie à une gestion plus intelligente et plus efficace de l’électricité. Elle pourrait également faciliter la prise de décision en temps réel, améliorer la transparence des services et jeter les bases d’un écosystème énergétique plus connecté.
Samira Njoya
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Chaque week-end, la rédaction de We Are Tech Africa vous rappelle les principales informations de la semaine dans le domaine du numérique en Afrique, ainsi que leurs implications.
Le Bénin numérise la commande publique dans un souci de bonne gouvernance
Le gouvernement béninois a validé la mise en place d’un système dématérialisé pour la commande publique, visant à renforcer la transparence, rationaliser les processus et réduire les risques de pratiques opaques. Cette initiative s'inscrit dans un contexte de transformation numérique, avec plus de 1000 services publics déjà numérisés depuis 2016. Le ministère du Numérique prévoit un budget de 29,03 milliards FCFA pour 2025 afin de soutenir ces efforts.
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Éducation coranique numérique : le Sénégal initie un partenariat avec Alef Education
Le Sénégal a officialisé un partenariat avec Alef Education, entreprise basée à Abou Dhabi, pour numériser l'enseignement dans les daaras, écoles coraniques traditionnelles. Ce projet, nommé « Sénégal Daara Digital Transformation », prévoit dès octobre 2025 le déploiement d'une plateforme d'apprentissage personnalisée, alimentée par l'intelligence artificielle, pour plus de 10 000 apprenants. Les matières concernées incluent l'arabe, les mathématiques et l'instruction islamique. Cette initiative s'inscrit dans la volonté du gouvernement sénégalais de moderniser l'éducation tout en respectant les valeurs culturelles et spirituelles du pays.
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E-gouvernance : le Cameroun renforce son programme de numérisation des archives
Le Cameroun intensifie la numérisation de ses archives publiques pour moderniser la gestion documentaire et améliorer l'accès à l'information. Un groupe de travail interministériel, coordonné par le ministère de la Culture, a été créé pour superviser ce processus, visant à renforcer la souveraineté numérique et l'efficacité des services publics.
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L’Afrique crée un Conseil pour une IA éthique et structurée
Lors de la 20ᵉ session du comité de pilotage de Smart Africa à Kigali, l'alliance regroupant 40 pays africains a annoncé la création du Conseil africain de l'intelligence artificielle. Ce nouvel organe vise à coordonner le développement de l'IA sur le continent en établissant des cadres de gouvernance, en facilitant les collaborations public-privé et en veillant à une adoption éthique et inclusive. Il ambitionne également de renforcer les infrastructures numériques, de développer les compétences locales et de stimuler les investissements dans des secteurs clés tels que l'agriculture, la santé et l'éducation. Cette initiative intervient alors que l'IA pourrait ajouter jusqu'à 2900 milliards USD au PIB africain d'ici 2030, selon la GSMA.
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Gestion foncière : le Ghana mise sur le numérique
Le Ghana a annoncé un projet de numérisation de sa gestion foncière, estimé à 165 millions USD. Actuellement, 90% des opérations de la Commission des terres sont effectuées manuellement, ce qui entraîne lenteur et inefficacité. Cette initiative vise à accélérer les processus d'arpentage et de cartographie, à faciliter la localisation des terrains, à réduire la paperasse et à améliorer la mobilisation des recettes de l'État. Soutenue par la FAO, cette transformation numérique devrait également renforcer la transparence et l'égalité entre les acteurs, tout en stimulant la croissance économique. Cependant, des défis financiers subsistent pour mobiliser les fonds nécessaires.
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Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
Samsung, un des leaders mondiaux du smartphone, a déployé un nouveau service de financement au Maroc pour renforcer sa croissance sur ce marché stratégique.
La filiale marocaine de Samsung Electronics a annoncé le lancement d’une solution de crédit à la consommation pour faciliter l’accès à ses produits dans le pays, notamment les smartphones. Baptisée « Samsung Finance+ », elle a été développée en partenariat avec Sofac, une entité spécialisée.
Dans le détail, Samsung souhaite rendre ses produits plus accessibles aux consommateurs marocains en proposant des paiements échelonnés, avec des mensualités à partir de 110 dirhams (environ 12 $) et des durées de financement pouvant aller jusqu'à 36 mois. Le service est disponible directement en magasin, via une application dédiée. En moins de 30 minutes, avec l’assistance d’un conseiller, le client peut demander un financement à Sofac. Si la requête est approuvée, il peut repartir avec le smartphone Samsung de son choix.
« Nous sommes heureux de lancer Samsung Finance+ au Maroc, en partenariat avec Sofac. [...] Ce service va permettre à un plus grand nombre de consommateurs marocains d’accéder à nos produits innovants. Il s’agit d’une étape importante pour rendre la technologie Samsung plus accessible » a déclaré Hyun Joong Kim, président de Samsung Electronics Maghreb Arab (Semag).
Ce lancement s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus large visant à renforcer la présence de Samsung sur le marché marocain, tout en s’adaptant au pouvoir d’achat des consommateurs. Le recours à un acteur local comme Sofac permet également de s’appuyer sur une expertise nationale en matière de crédit à la consommation.
Le marché africain des smartphones montre des signes de repli. Selon le cabinet Canalys, les exportations de smartphones Samsung vers le continent ont reculé de 17% au quatrième trimestre 2024 par rapport à l’année précédente, pour s’établir à 3,5 millions d’unités. Avec ses 17% de parts de marché sur cette période, derrière les 49% de la firme chinoise Transsion, Samsung cherche à préserver sa compétitivité dans un contexte de contraction de la demande.
Cette initiative pourrait à terme, se répéter sur d’autres marchés africains où Samsung cherche à soutenir sa croissance. Le Maroc servirait alors de terrain d’expérimentation pour ce modèle de distribution, dans un contexte où le paiement comptant reste un obstacle majeur.
Toutefois, l’accès au crédit reste conditionné à l’évaluation du profil financier du client par Sofac, ce qui exclut une partie des consommateurs, notamment ceux évoluant dans l’informel ou sans historique bancaire. Un filtre qui pourrait freiner l’ambition d’inclusion portée par ce type de solution.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Face à l’urbanisation rapide des villes africaines, le transport durable devient une priorité. La mobilité verte, portée par l'innovation numérique, est un levier clé pour répondre aux défis environnementaux et sociaux du continent.
La Poste de Côte d'Ivoire, opérateur national des services postaux, et la société chinoise Caftrade, spécialisée dans les solutions logistiques numériques, ont signé, le mardi 8 avril, un partenariat autour de GO'POST, une solution intégrée de mobilité et de logistique verte. Présentée lors d’une cérémonie présidée par le ministre de la Transition numérique et de la Digitalisation, Kalil Ibrahim Konaté (photo, au centre), cette initiative combine VTC électriques, livraison express écologique et services numériques pour moderniser le transport urbain tout en répondant aux défis environnementaux.
### 🚀 La Poste de Côte d’Ivoire et CafTrade lancent GO’POST : une révolution verte dans la mobilité et la logistique !
— La Poste de Côte d'Ivoire (@posteciv) April 9, 2025
Ce mardi 8 avril 2025, sous l’impulsion du Ministre de la Transition Numérique et de la Digitalisation, Ibrahim Kalil Konaté, La Poste de Côte d’Ivoire a… pic.twitter.com/BNmXmAh7EC
« Le lancement de GO'POST illustre la volonté du gouvernement de faire du numérique un levier de modernisation de l’administration, d’inclusion économique et sociale, mais aussi un moteur de croissance pour les jeunes entrepreneures. Nous mettons en œuvre les directives du président de la République concernant la modernisation de la Poste, afin de proposer des services qui contribuent à l’inclusion numérique, comme en témoigne cette initiative », a déclaré Kalil Ibrahim Konaté.
Le projet s'articule autour de trois axes principaux : un service de transport de passagers via des VTC électriques, une offre de livraison express écologique à destination des particuliers et des professionnels, ainsi qu’une solution de paiement mobile interopérable. La phase pilote prévoit le déploiement de 100 voitures et 200 motos électriques, en prélude à une extension nationale.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte de transition énergétique et numérique croissantes sur le continent. En Afrique, le marché des véhicules électriques est en pleine expansion. Selon une étude de Mordor Intelligence, il est estimé à 15,8 milliards USD en 2024 et pourrait atteindre 25,4 milliards USD d’ici 2029, avec un taux de croissance annuel moyen de 10,2 %. Ce dynamisme reflète une prise de conscience accrue des enjeux environnementaux, mais aussi une volonté d’investir dans des solutions durables et intelligentes, notamment en matière de transport urbain et de services connectés.
Le lancement de GO'POST pourrait avoir un impact significatif sur le paysage économique et social ivoirien. En plus de contribuer à la réduction des émissions polluantes, le projet devrait générer de nouveaux emplois dits « verts », favoriser l’essor de l’entrepreneuriat numérique, et renforcer l’inclusion financière grâce à des solutions de paiement mobile accessibles. En intégrant des outils technologiques à la mobilité, cette initiative ouvre la voie à un écosystème plus résilient, durable et inclusif.
Samira Njoya
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Les autorités zimbabwéennes veulent combler le déficit en compétences TIC dans un contexte de transformation numérique accélérée. En 2024, elles s’étaient déjà rapprochées de LinkedIn.
Le gouvernement zimbabwéen a lancé, le jeudi 10 avril, un programme visant à former 1,5 million de citoyens à la programmation, avec le soutien des Émirats arabes unis. L’exécutif veut ainsi poser « les bases d'une main-d’œuvre zimbabwéenne tournée vers l’avenir et maîtrisant les technologies de pointe ».
Les participants au « Zimbabwe Digital Skills Program » acquerront des compétences clés, notamment en science des données, programmation, développement Android en Kotlin et intelligence artificielle.
Cette initiative intervient alors que le gouvernement zimbabwéen a fait du développement des compétences et du renforcement des capacités numériques un des trois piliers de sa stratégie de transformation numérique à l’horizon 2030. Dans le cadre de l’élaboration du plan, l’exécutif avait identifié, parmi les défis du secteur des technologies de l’information et de la communication, les compétences TIC insuffisantes et le faible niveau de maîtrise du numérique.
« Le Zimbabwe affiche un haut niveau d'alphabétisation et devrait tirer parti de cet atout pour devenir un pôle de développement de logiciels et de matériel informatique. Le gouvernement zimbabwéen entend stimuler l’innovation en encourageant le développement d’applications axées sur les contenus locaux, le patrimoine et la culture », peut-on lire dans le document du plan directeur.
Dans ce contexte, le gouvernement zimbabwéen a pris l'initiative, en août 2024, de nouer des liens avec le réseau social professionnel LinkedIn. Les axes de collaboration envisagés portent principalement sur l'acquisition de compétences numériques pour les fonctionnaires et les jeunes, notamment par le biais de la plateforme « LinkedIn Learning ».
Ces différentes initiatives devraient contribuer à lutter contre le chômage des jeunes, qui constitue un enjeu majeur pour le pays. Selon la Banque mondiale, le Zimbabwe est une nation jeune, avec environ 61 % de sa population âgée de moins de 25 ans. Toutefois, le pays fait face à un taux élevé de chômage et de sous-emploi, particulièrement parmi les jeunes, dont le taux de chômage s'élevait à 35 % en 2021. L’institution de Bretton Woods estime d’ailleurs que près de 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques en Afrique subsaharienne d’ici 2030.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La modernisation des secteurs d'activité clés est au cœur du New Deal Technologique, la stratégie numérique du Sénégal. L’ouverture aux données géospatiales s’inscrit dans cette dynamique, visant à renforcer la gestion des ressources, l’innovation et l’efficacité des politiques publiques.
Le gouvernement sénégalais a officiellement lancé, le mardi 8 avril à Dakar, le Géoportail national. La nouvelle plateforme vise à rendre les données géospatiales accessibles à tous dans le but d’assurer une meilleure gouvernance des territoires, favoriser la transparence, l’innovation et l’inclusivité dans la gestion des données publiques.
« La transformation numérique n’est plus un choix, c’est une exigence. Les données géospatiales doivent désormais être accessibles en temps réel, non seulement aux communautés d’experts, mais aussi aux citoyens et aux entrepreneurs dans leurs activités quotidiennes. En intégrant pleinement les données géospatiales à la dynamique numérique, l’État bâtit une administration plus agile, plus efficace et résolument tournée vers les citoyens », a déclaré Isidore Diouf, directeur général de Sénégal Numérique SA.
La plateforme, accessible via www.geosenegal.gouv.sn, a été conçue dans le cadre du Plan National de Géomatique (PNG) et du projet SEN Spatial. Elle bénéficie du soutien de partenaires techniques, dont l’Ambassade de France. Le portail met à disposition des données géospatiales sur plusieurs secteurs clés, tels que l’agriculture et la sécurité alimentaire, l’économie bleue, les services sociaux de base, l’environnement et la biodiversité, ainsi que les infrastructures et l’aménagement du territoire. Il propose également des informations sur les activités et formations dans le domaine de la géomatique.
L’initiative s’inscrit dans le cadre du New Deal Technologique, la stratégie numérique qui place la modernisation du système d’information public au cœur de ses priorités. Dans ce cadre, Sénégal Numérique SA, en tant qu’acteur principal dans la mise en œuvre de la politique numérique nationale, a mobilisé son infrastructure technique pour assurer la résilience, la disponibilité et la sécurisation des données de la plateforme GéoSénégal.
À travers cette démarche, le Sénégal entend poser les bases d’une gouvernance numérique intégrée, où les données territoriales jouent un rôle structurant aux côtés d’autres référentiels stratégiques comme l’identité numérique. Cette initiative fait écho au lancement récent du tout premier satellite sénégalais, GAINDESAT-1A, dont la mission est d'observer la Terre et d'enrichir les capacités de gestion territoriale du pays. L’objectif global est de renforcer la coordination interinstitutionnelle et d’accélérer la numérisation des services publics.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le gouvernement ghanéen cherche à accélérer la transformation numérique de tous les secteurs de l’économie. En décembre 2024, l’exécutif a entamé une révision de sa politique des TIC dans l’éducation afin de l’actualiser et de répondre aux nouveaux défis du secteur.
La numérisation de la gestion des ressources foncières est essentielle pour plus d’efficacité. C’est ce qu’a déclaré Emmanuel Armah-Kofi Buah (photo), ministre des Terres et des Ressources naturelles, le mardi 8 avril, lors d’une visite à la Commission des terres. Le processus, estimé à 165 millions $, vise à transformer un système jugé trop lent, complexe et vulnérable.
« Lors de mes échanges […] avec la direction de la Commission, j’ai appris que 90 % des activités de la Commission sont encore réalisées manuellement. Le système actuel est trop lent, complexe et vulnérable. Je suis convaincu que la numérisation accélérera les processus d’arpentage et de cartographie, facilitera la localisation des terrains, réduira la paperasse et, au final, favorisera la mobilisation des recettes de l’État », a déclaré le ministre.
Cette démarche est appuyée par l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui estime que la transformation numérique des systèmes d’administration foncière peut apporter des avantages considérables lorsqu’elle est menée de manière responsable. Elle pourrait dynamiser les marchés fonciers, améliorer les recettes gouvernementales liées aux terrains et stimuler la croissance économique grâce à l’innovation. Elle renforcerait également la transparence et l’égalité entre les acteurs, limitant ainsi les risques de corruption.
La numérisation des ressources foncières fait partie des ambitions du gouvernement ghanéen, qui cherche à exploiter les technologies numériques pour soutenir la croissance économique, moderniser les services publics et garantir un accès équitable aux outils numériques. Des projets de numérisation, notamment dans le secteur éducatif, sont également en cours.
Cependant, la mise en œuvre de cette transformation pourrait être freinée par des défis financiers liés à la mobilisation des 165 millions $ nécessaires. « L’infrastructure peut être largement invisible, considérée comme acquise, ou simplement mal comprise par les décideurs clés. Pour être entretenus sur le long terme, les LAS [systèmes d’administration foncière, Ndlr] nécessitent des plans systématiques et unifiés alignés sur les priorités nationales », souligne le rapport « Funding digital transformation of land administration » publié par la FAO en 2022.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les marchés publics en Afrique sont souvent entachés par l’opacité, les retards et la corruption. Le numérique constitue une solution efficace en automatisant les procédures, en renforçant la transparence et en facilitant l’accès équitable aux appels d’offres.
Réuni en Conseil des ministres le mercredi 9 avril, le gouvernement béninois a validé la mise en place d’un système dématérialisé pour la commande publique. Cette décision vise à simplifier les procédures, accroître l’efficience de la passation des marchés et garantir une meilleure transparence dans l’attribution des contrats publics. Pour ce faire, les textes encadrant les marchés publics ont été révisés, et les ministres concernés sont chargés de veiller à leur application effective.
Selon le Conseil des ministres, « au-delà de l’évolution technologique dont les avantages sont irréfutables, la digitalisation de la commande publique va générer d’importants gains et progrès profitables tant aux soumissionnaires qu’aux autorités contractantes ».
Cette mesure s’inscrit dans un contexte où le Bénin intensifie ses efforts en matière de transformation numérique. Depuis 2016, plus de 1000 services publics ont été numérisés, dont 210 entièrement dématérialisés, permettant aux citoyens d’effectuer diverses démarches administratives en ligne. Par ailleurs, le ministère du Numérique et de la Digitalisation prévoit un budget de 29,03 milliards FCFA (environ 48,6 millions de dollars) pour l’année 2025, soit une augmentation de 19,3 % par rapport à 2024, destiné à soutenir ces initiatives de modernisation. D’autres secteurs devraient être modernisés dans les mois à venir.
La numérisation de la commande publique devrait permettre au Bénin de renforcer la transparence, de rationaliser les processus et de réduire les risques de pratiques opaques. En automatisant les procédures et en centralisant les données, elle facilitera l’accès des soumissionnaires à l’information, améliorera l’égalité de traitement entre les candidats et limitera les marges d’interprétation dans l’analyse des offres. Cette approche pourra également contribuer à raccourcir les délais de passation, à améliorer la traçabilité des décisions et à générer des économies budgétaires. À terme, elle devrait renforcer la redevabilité des autorités contractantes et créer un climat de confiance propice aux investissements et à la compétitivité.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique est au cœur des priorités du nouveau gouvernement sénégalais, qui ambitionne de moderniser l’ensemble des secteurs, y compris le domaine religieux. Les daaras, lieux emblématiques de la transmission du savoir islamique, pourraient bientôt entrer dans l’ère du numérique.
Le Sénégal prévoit de numériser ses daaras, écoles coraniques traditionnelles qui dispensent un enseignement religieux à des milliers d’enfants à travers le pays, avec le soutien des Émirats arabes unis. Dans cette optique, une rencontre s’est tenue le lundi 7 avril à Dakar entre le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Mamba Guirassy, et une délégation d’Alef Education, une entreprise basée à Abou Dhabi et spécialisée dans l’éducation numérique.
« Des discussions fructueuses ont permis de poser les premières bases d’un partenariat solide, avec une phase pilote prévue pour démarrer en octobre 2025. L’objectif est clair : bâtir un modèle éducatif numérique, ancré dans nos valeurs culturelles et spirituelles, et capable d’offrir aux daaras les outils pédagogiques du XXIᵉ siècle », indique le communiqué du ministère de l’Éducation nationale.
Cette initiative fait suite à la visite du président Bassirou Diomaye Faye aux Émirats arabes unis, où il s’était rendu au siège d’Alef Education pour établir les bases de cette collaboration prometteuse. Elle s’inscrit dans le cadre du projet gouvernemental « Sénégal Daara Digital Transformation », qui vise dans sa première phase à déployer une plateforme d’apprentissage personnalisée, alimentée par l’intelligence artificielle, à destination de plus de 10 000 apprenants. Les matières concernées incluent l’arabe, les mathématiques et l’instruction islamique.
Au Sénégal, les daaras représentent une composante essentielle du système éducatif. Selon une cartographie réalisée en 2018 par l’ONG Global Solidarity Initiative (GSI), on en dénombre plus de 2000 à travers le pays. Ce partenariat pourrait ouvrir de nouvelles perspectives éducatives. Reconnue pour son expertise dans les technologies éducatives, Alef Education jouerait un rôle clé dans cette transformation en fournissant aux apprenants des outils numériques modernes tout en respectant les spécificités culturelles et spirituelles des daaras.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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