L’intelligence artificielle s’impose progressivement comme un levier de modernisation dans de nombreux secteurs, allant de la santé aux transports.
Les autorités algériennes veulent intégrer l’intelligence artificielle (IA) dans les services de l’aéroport international d’Alger à partir du mois de décembre prochain. Cette initiative de modernisation vise à hisser la qualité des services au niveau des standards internationaux des grands aéroports.
Elle a été annoncée le dimanche 14 septembre par Mokhtar Mediouni, PDG de la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires d’Alger (SGSIA), lors d’une conférence de presse, rapportée par l’agence Algérie Presse Service (APS). Les nouveautés comprennent la reconnaissance faciale, les scanners corporels, le voyage sans contact et les portiques intelligents. Selon M. Mediouni, ces technologies permettront une exploitation optimale des espaces de l’aéroport (hall, parkings, zones d’embarquement) et faciliteront les procédures d’entrée et de sortie des passagers.
La numérisation s’inscrit dans une volonté de transformer l’aéroport international d’Alger en « un hub régional grâce à ses atouts, notamment au regard de la position stratégique de l'Algérie proche de l'Europe, en faisant un point de transit majeur pour le transport des voyageurs et des marchandises dans le monde ». L’ambition est également de hisser la plateforme au rang de hub africain de premier plan, en tant que passerelle reliant les voyageurs du continent à l’Asie, l’Amérique et l’Europe, tout en leur offrant des prestations modernes.
Pour rappel, l’aéroport international d’Alger est le principal aéroport du pays. Les autorités avaient anticipé un trafic d’environ 10 millions de passagers en 2024, après avoir enregistré 7,3 millions en 2023 et 6,5 millions en 2022. Il occupe également une place centrale dans la stratégie d’expansion africaine et mondiale de la compagnie aérienne nationale Air Algérie.
En avril 2025, l’entreprise publique a annoncé le lancement, à partir de l’hiver prochain, de nouvelles lignes directes vers six destinations en Afrique et en Asie, notamment Guangzhou (Chine), Kuala Lumpur (Malaisie), N’Djamena (Tchad), Zanzibar (Tanzanie), Libreville (Gabon) et Addis-Abeba (Éthiopie). Fin 2024, Air Algérie desservait déjà 25 destinations africaines, avec un flux de 179 000 passagers.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Face aux défis de gouvernance et de proximité avec les citoyens, les communes et villes camerounaises explorent le numérique comme levier de modernisation. La numérisation apparaît ainsi comme un outil clé pour améliorer transparence, efficacité et attractivité locale.
L’Association des communes et villes unies du Cameroun (CVUC) a présenté, le jeudi 11 septembre à Yaoundé, son « Programme de digitalisation des communes et villes » (PDCV). Cette initiative vise à moderniser la gestion locale en dotant les collectivités d’outils numériques communs et de services en ligne accessibles aux citoyens.
Le PDCV s’articule autour de quatre axes : une plateforme numérique mutualisée pour les communes et la CVUC, la mise en place d’une offre de services numériques intégrés, le renforcement des compétences numériques des personnels municipaux, ainsi que la coordination du programme et le suivi de sa mise en œuvre. L’objectif affiché est de rendre les municipalités plus transparentes, plus efficaces et mieux connectées avec leurs administrés.
Ce projet s’inscrit dans la stratégie plus large de transformation numérique du Cameroun, qui inclut la dématérialisation progressive des procédures administratives et l’interconnexion des services publics. Dans ce cadre, 374 sites internet communaux ont déjà été développés. Toutefois, pour qu’ils deviennent pleinement opérationnels, un protocole d’entente doit être signé par chaque commune avec la CVUC. À ce jour, 240 municipalités ont franchi cette étape, tandis que 134 n’ont pas encore signé, selon l’association.
À terme, le PDCV devrait accroître la visibilité des communes, faciliter l’accès des citoyens aux services administratifs en ligne et renforcer l’attractivité des territoires pour les investisseurs. Mais plusieurs défis restent à relever : infrastructures TIC insuffisantes, taux de pénétration Internet limité à 41,9 % selon DataReportal, manque de personnel qualifié, instabilité énergétique et faiblesse des ressources financières communales. La réussite du programme dépendra aussi de l’application effective du Code général des collectivités territoriales décentralisées (CTD), qui prévoit l’affectation de 15 % des recettes de l’État à la décentralisation.
Il faut noter que le Cameroun reste confronté à des défis en matière de gouvernance numérique. Selon le rapport 2024 des Nations Unies sur le développement de l’administration en ligne (E-Government Development Index), le pays se classe 155ᵉ sur 193, avec un indice de 0,4294, bien en dessous de la moyenne mondiale de 0,6382. Ce programme constitue ainsi une opportunité stratégique pour réduire ce retard et inscrire durablement l’administration camerounaise dans l’ère du numérique intelligent.
Samira Njoya
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Doté d’un budget de 150 millions USD, le Projet d’accélération de la transformation digitale reflète la volonté du Burkina Faso de faire des TIC un pilier de son développement, notamment dans le secteur de l’éducation.
Le Burkina Faso poursuit l’intégration du numérique dans son système éducatif. Le Projet d’accélération de la transformation digitale (PACTDIGITAL) piloté par le ministère de l’Économie numérique a présenté le mercredi 10 septembre ses actions d’appui au ministère de l’Enseignement secondaire et de la Formation professionnelle et technique.
Il s’agit notamment de la mise à jour des curricula en télécoms et TIC pour mieux répondre aux besoins du marché de l’emploi, du lancement d’une plateforme d’apprentissage en ligne, du renforcement des compétences locales en production de contenus multimédias pédagogiques, ainsi que de l’équipement numérique des lycées scientifiques de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.
Selon Haoua Ouattara/Dama, coordonnatrice du projet, ces actions visent à digitaliser des processus clés du ministère, moderniser les pratiques pédagogiques et ouvrir la voie à de nouveaux métiers liés au digital. Pour le ministre de l’Enseignement secondaire Boubacar Savadogo, cet appui contribuera à améliorer la qualité de la formation et à accroître les ressources humaines qualifiées dans le numérique.
L’initiative entre dans le cadre des ambitions de transformation digitale du gouvernement burkinabè, qui veut mettre le numérique au service de secteurs clés, dont l’éducation. Par exemple, un projet de développement de 95 applications mobiles éducatives a été annoncé en février 2024. L’UNESCO estime que l'apprentissage numérique a le potentiel d'élargir l'accès à l'éducation, d'améliorer les résultats de l'apprentissage et de doter les apprenants des connaissances et compétences dont ils ont besoin pour relever les défis du 21e siècle.
Toutefois, l’intégration des TIC dans l’éducation burkinabè reste confrontée à plusieurs défis. Un diagnostic réalisé en 2023 par les autorités a mis en évidence des difficultés structurelles et techniques. Parmi elles figurent l’insuffisance de cadres de concertation entre les différents acteurs, la faible vulgarisation des actions, ainsi qu’une connectivité Internet encore limitée et coûteuse.
Le rapport pointait également les défauts de fonctionnement du Cloud, la faible couverture des établissements par la fibre optique, le manque de formation adaptée, ou encore le déficit d’équipements informatiques et de matériel logistique.
Isaac K. Kassouwi
Edité par : Feriol Bewa
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Le Tchad reste parmi les pays les moins avancés en matière de services publics numériques. Cette situation met en évidence l’urgence de renforcer l’accès aux services et d’accélérer la transformation numérique pour plus d’efficacité et d’inclusion.
Le pays entend moderniser ses services administratifs liés aux transports grâce à un système numérique intégré. La question a été au cœur des échanges lors d’une réunion présidée le mardi 9 septembre par la ministre des Transports, de l’Aviation civile et de la Météorologie nationale, Fatima Goukouni Weddeye (photo), consacrée à la numérisation des prestations financières relevant de son département.
Le projet vise à centraliser l’ensemble des services offerts par le ministère en un point unique. Seront notamment concernés : la délivrance des cartes grises, des permis de conduire, des fiches techniques, des licences et agréments de transport, ainsi que la Lettre de Voiture Obligatoire (LVO). L’objectif est de faciliter l’accès aux services, assurer la traçabilité des opérations et réduire les délais et coûts pour les usagers et les entreprises.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique nationale plus large de modernisation de l’administration publique et de digitalisation des services publics. Le Tchad a déjà engagé plusieurs projets dans ce cadre, notamment la dématérialisation partielle des procédures administratives et la mise en place de plateformes numériques pour le suivi des documents officiels.
Malgré ces efforts, le pays reste en retard en matière de services numériques. Selon l’ONU, le Tchad affiche un E-Government Development Index (EGDI) de 0,1785 sur 1 en 2024, le classant 189ᵉ sur 193 pays. Cette faible performance souligne l’urgence d’accélérer la transformation numérique pour rendre les services publics plus accessibles, efficaces et fiables.
Le déploiement d’un système numérique intégré pourrait répondre à plusieurs enjeux majeurs pour le pays. Il permettrait de réduire les coûts et la complexité des démarches administratives, de limiter la fraude et les pertes de documents, et de renforcer l’efficacité du secteur des transports. À terme, cette transition numérique contribuerait à renforcer la compétitivité des acteurs économiques et à faciliter l’accès aux services pour les citoyens, tout en consolidant la transparence et la fiabilité des opérations publiques.
Samira Njoya
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En 2024, les réseaux 3G et 4G couvraient respectivement 98,3 % et 93,7 % de la population ivoirienne, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT). La 5G, elle, n’a pas encore été déployée commercialement dans le pays.
Le ministère ivoirien de la Transition numérique et de la Digitalisation pilote jusqu’au jeudi 25 septembre 2025 la 2ᵉ phase du Programme national de connectivité rurale (PNCR), avec l’appui de l’Autorité de régulation des télécommunications/TIC de Côte d’Ivoire (ARTCI). Cette étape qui vise à connecter 30 nouvelles localités à l’Internet haut débit, a démarré dans la région du Worodougou où les villages de Yanfissa, Kangana, Kognimansso et Dougbe sont déjà pourvus.
Les régions du Kabadougou, des Grands-Ponts, de la Nawa, du Sud-Comoé, du Nzi, du Guémon, du Cavally, du Poro et du Tchologo sont les prochaines ciblées. L’objectif est de réduire la fracture numérique entre zones urbaines et rurales et de faciliter dans ces dernières l’accès à l’éducation, la santé, le commerce, ainsi que l’inclusion sociale et financière.
« La connectivité rurale est fondamentale dans la vision de la transformation sociale et numérique de la Côte d'Ivoire du Président de la République, Alassane Ouattara : Il voit les technologies et l'innovation comme l'outil par excellence pour accélérer le développement économique et social. C'est porteur de ce projet social du gouvernement que le ministère met en place ce programme national pour assurer que tout citoyen sans considération de la zone où il vit, ait un accès aisé à l'Internet haut débit et aux services du numérique » a indiqué le ministre Kalil Konaté.
Le PNCR s’inscrit aussi dans un plan plus large des autorités ivoiriennes pour faire du pays un hub numérique régional. Selon la plateforme DataHub de l’Union internationale des télécommunications (UIT), le taux de pénétration d’Internet s'y élève à 52,7% en milieu urbain, contre seulement 24,6% dans les zones rurales. Cette disparité se reflète également dans l'accès des ménages à Internet à domicile, avec 85,7% pour les ménages urbains contre 57,7% à la campagne.
À terme, le programme devrait réduire le gap entre les milieux ruraux et urbains en matière de connectivité, renforcer l’inclusion digitale et favoriser le développement économique local dans des zones jusque-là numériquement isolées. Il pourrait aussi stimuler l’entrepreneuriat, améliorer l’accès aux services publics en ligne et préparer les populations rurales à mieux s’intégrer à l’économie numérique nationale.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Le numérique est perçu comme l’un des principaux leviers de croissance économique de l’Afrique. Selon une étude conjointe de l’IFC et de Google, l’économie numérique continentale pourrait atteindre 712 milliards USD en 2050, soit 8,5 % du PIB continental.
Le Ghana pourrait générer plus de 40 milliards GHS (3,4 milliards USD) et près de 500 000 emplois d’ici 2029 grâce à la numérisation de son économie, selon le rapport « Driven Digital Transformation of the Economy in Ghana » présenté le 3 septembre à Accra par la GSMA. Le document identifie cinq secteurs stratégiques – agriculture, industrie, commerce, transports et administration publique – comme leviers essentiels pour stimuler la croissance et accroître les recettes fiscales.
L’agriculture apparaît comme le secteur le plus porteur, avec un potentiel estimé à 10,5 milliards GHS et 190 000 emplois grâce à l’agriculture de précision et aux services mobiles de vulgarisation. L’industrie présente également un fort potentiel : l’adoption du cloud, de l’intelligence artificielle et de l’automatisation pourrait générer 15 milliards GHS, créer 110 000 emplois et rapporter 2,6 milliards GHS de recettes fiscales supplémentaires.
La modernisation de l’administration, notamment dans le recouvrement fiscal, pourrait augmenter les recettes de 5,8 milliards GHS, en limitant les pertes fiscales et en améliorant l’efficacité des services publics. Le commerce électronique et les plateformes numériques devraient contribuer à hauteur de 5,1 milliards GHS et 60 000 emplois, tandis que la numérisation des transports et de la logistique offrirait un apport de 4,3 milliards GHS et 80 000 postes.
Cette dynamique s’inscrit dans un effort plus large déjà amorcé par les autorités. Le Ghana a lancé cette année le programme RESET, un cadre national visant à créer une « économie numériquement inclusive et fondée sur les données ». Parmi les mesures concrètes : l’abrogation de la taxe sur les transferts électroniques, le lancement du programme One Million Coders pour former de jeunes développeurs, et l’élaboration d’une stratégie numérique globale. Une stratégie nationale d’intelligence artificielle est annoncée pour les prochains jours.
L’industrie mobile, déjà un moteur majeur de l’économie, représente 8 % du PIB, soit 94 milliards GHS. Malgré une couverture 4G de 99 %, 62 % des capacités restent sous-exploitées. Cette dynamique montre que le Ghana dispose d’infrastructures solides sur lesquelles il peut s’appuyer pour accélérer sa transformation numérique, notamment grâce au mobile money et à l’expansion de l’accès à Internet, dont le coût reste accessible, à hauteur de 1,5 % du revenu par habitant.
Cependant, des défis subsistent. La concentration du marché mobile, dominé par MTN, qui concentre plus de 75 % des abonnés, limite la concurrence et freine l’innovation. L’expansion des infrastructures dans les zones rurales, la modernisation du spectre et du Fonds de service universel, ainsi que la clarification des cadres réglementaires, sont nécessaires pour attirer des investissements privés durables. La réussite du plan GSMA et l’atteinte des 40 milliards GHS dépendent de la capacité du Ghana à équilibrer l’accès aux technologies, à stimuler la concurrence et à intégrer pleinement les secteurs stratégiques dans l’économie numérique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En Algérie, la jeunesse est appelée à jouer un rôle central dans la transformation numérique du pays. Les programmes en cours visent à renforcer leurs compétences et à stimuler l’innovation et la créativité dans le secteur digital.
Le ministre de la Poste et des Télécommunications, Sid Ali Zerrouki (photo, à droite), et le ministre de la Jeunesse, Mustapha Hidaoui (photo, à gauche), ont tenu, le mercredi 10 septembre, une rencontre axée sur le renforcement de la coopération entre leurs deux départements. Cette initiative reflète la volonté des autorités de placer la jeunesse au cœur de la stratégie numérique nationale.
Les discussions ont porté sur la mise en place de programmes capables de renforcer les compétences des jeunes, tout en stimulant leur créativité et leur innovation. Les deux responsables ont insisté sur l’importance de projets concrets mobilisant l’expertise numérique et technologique du secteur des télécommunications, en synergie avec les dynamiques portées par les établissements de jeunesse.
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la Stratégie nationale de transformation numérique 2030 (SNTN-2030), qui place le capital humain et l’inclusion numérique au cœur de ses priorités. Dans ce contexte, le gouvernement a déjà multiplié les initiatives pour accompagner les jeunes entrepreneurs, à travers des incubateurs, des formations et le développement de start-up. Les autorités souhaitent désormais étendre cette dynamique aux structures de jeunesse afin d’en faire des vecteurs d’inclusion et d’innovation.
À l’issue de la réunion, il a été annoncé qu’une convention-cadre sera bientôt signée. Sa mise en œuvre devrait se traduire par la création de nouveaux espaces numériques dédiés aux jeunes, un meilleur accompagnement dans la transition numérique et une participation renforcée de cette catégorie de la population au processus de modernisation du pays. Elle permettra également de stimuler l’innovation, d’encourager l’entrepreneuriat et de renforcer le rôle des jeunes comme acteurs clés du développement numérique national.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Malgré un contexte politique et économique difficile, la Palestine cherche à relancer son secteur numérique. Avec la Tunisie, déjà bien avancée dans les TIC, elle envisage une coopération qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives de modernisation et d’innovation.
La Tunisie et la Palestine souhaitent intensifier leur coopération dans les technologies de l’information et de la communication (TIC) ainsi que dans le secteur postal. Cette volonté a été réaffirmée lors d’une rencontre, le mardi 9 septembre à Tunis, entre Sofiene Hemissi, ministre tunisien des Technologies de la communication, et Houda Wahidi, vice-ministre palestinienne des Télécommunications et de l’Économie numérique, en présence de l’ambassadeur de Palestine, Rami Qaddoumi.
Les discussions ont porté sur le développement de la coopération bilatérale, avec un accent particulier mis sur les échanges de compétences, la formation et le partage d’expertise technique. Les deux parties ont également exprimé leur intérêt pour une collaboration entre start-up tunisiennes et palestiniennes, afin de dynamiser l’innovation et renforcer la compétitivité de leurs écosystèmes numériques.
Ce rapprochement s’inscrit dans la vision des deux pays de consolider leurs secteurs numériques et d’en tirer parti pour diversifier leurs économies. Déjà bien positionnée, la Tunisie figure parmi les pays les mieux classés du continent. Selon le dernier rapport de l’Union internationale des télécommunications (UIT), publié en juillet 2025, elle occupe la 9ᵉ place africaine avec un indice de développement des TIC de 79,6 sur 100. La Palestine, freinée par des contraintes structurelles, affiche néanmoins un indice de 69,1, révélant un potentiel de convergence.
Un partenariat effectif entre les deux pays pourrait générer plusieurs retombées. Pour la Palestine, il s’agirait d’améliorer l’accès aux services numériques dans les écoles, les administrations et les zones rurales, contribuant à réduire la fracture numérique. Pour la Tunisie, cette coopération représente une opportunité d’exporter son savoir-faire technologique, d’élargir ses débouchés vers le Moyen-Orient et de consolider son écosystème de start-up en les confrontant à des contextes nouveaux et exigeants.
Toutefois, les discussions restent à un stade préliminaire. Les orientations générales ont été esquissées, mais les modalités précises de la coopération n’ont pas encore été définies et aucun accord officiel n’a pour l’instant été signé.
Samira Njoya
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L’Égypte et la Corée du Sud sont liées depuis trois décennies par des relations bilatérales. Les deux pays ont récemment décidé d’élargir leur coopération à l’éducation numérique, avec l’ambition de moderniser l’enseignement et de préparer les jeunes aux défis technologiques.
La Corée du Sud a annoncé, lundi 8 septembre au Caire, un projet de 15 millions USD destiné à moderniser l’éducation en Égypte. L’annonce a été faite lors d’une rencontre entre l’ambassadeur coréen en Égypte, Kim Yonghyon (photo, à gauche), et le ministre égyptien de l’Éducation et de l’Enseignement technique, Mohamed Abdel-Latif (photo, à droite).
Prévu pour démarrer officiellement en 2027, ce projet quinquennal couvrira 54 collèges publics répartis dans les 27 gouvernorats du pays. Il prévoit la mise en place de programmes pédagogiques intégrant les TIC, le renforcement des compétences numériques des enseignants, l’amélioration des infrastructures telles que les laboratoires informatiques et la connectivité Internet, ainsi que la mise à niveau des systèmes administratifs et d’évaluation. Des études préparatoires seront menées tout au long de l’année 2026 afin de définir les besoins techniques et pédagogiques.
Ce partenariat s’inscrit dans le prolongement de 30 années de relations diplomatiques entre l’Égypte et la Corée du Sud. Outre l’éducation, les deux pays coopèrent déjà dans les domaines de l’industrie, de l’énergie et des infrastructures.
Au-delà de la coopération bilatérale, cette initiative s’inscrit dans un contexte continental. L’Union africaine a fait de l’éducation numérique une priorité de son Agenda 2063, visant à doter la jeunesse africaine des compétences nécessaires à l’économie mondiale du savoir. L’Égypte, par sa taille démographique et son rôle géopolitique, pourrait devenir un pôle régional de référence. La Corée, reconnue comme pionnière mondiale en matière d’éducation numérique et d’intégration des TIC dans l’enseignement, partage déjà son savoir-faire dans plusieurs pays via les programmes de coopération de la KOICA et des partenariats EdTech.
À l’heure où l’intelligence artificielle et les technologies numériques transforment le marché du travail et les modes de vie, la capacité d’un pays à former sa jeunesse aux compétences numériques devient un facteur déterminant de compétitivité. En s’associant à la Corée, l’Égypte espère doter ses nouvelles générations d’outils pédagogiques modernes, tout en préparant le terrain pour une meilleure intégration du pays dans l’économie mondiale du savoir.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Après avoir ouvert une antenne au Canada il y a un an, l’Université Mohammed VI Polytechnique poursuit son expansion internationale, cherchant à créer de nouvelles opportunités pour le continent africain et sa jeunesse ambitieuse.
L’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) du Maroc a annoncé, lundi 8 septembre, l’inauguration officielle de son Global Hub aux États-Unis, basé à New York et Cambridge. Cette nouvelle antenne vise à connecter les talents africains aux grands écosystèmes internationaux de recherche, d’innovation et d’entrepreneuriat.
« L’objectif de ce nouveau pôle est de répondre directement aux défis urgents du Maroc et de l’Afrique en combinant une recherche scientifique rigoureuse avec des solutions pratiques et évolutives, permettant au Royaume de construire des voies vers la souveraineté technologique », a déclaré Said Hicham El Habti, président de l’UM6P.
Le Global Hub U.S. est conçu comme une plateforme bidirectionnelle. Il entend faciliter les projets de recherche conjoints, les échanges d’étudiants et les collaborations entrepreneuriales transfrontalières. Il ouvre également aux start-up africaines un accès privilégié au capital-risque et aux réseaux technologiques nord-américains, tout en facilitant l’adaptation d’innovations développées aux États-Unis aux réalités locales africaines. Le centre prévoit aussi des programmes d’immersion destinés à renforcer la formation et l’exposition des dirigeants africains à l’innovation internationale.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie d’expansion internationale de l’UM6P, déjà illustrée par l’ouverture récente de campus au Canada et en France. Elle s’inscrit également dans la volonté du Royaume de renforcer son rôle de point d’ancrage africain pour la recherche et l’investissement scientifique.
Depuis sa création en 2017, l’UM6P a accueilli près de 7300 étudiants de 40 nationalités, dont 1000 doctorants. Son écosystème entrepreneurial a déjà soutenu plus de 1000 porteurs de projets et développé plus de 200 partenariats internationaux, notamment avec le MIT, Stanford, la Columbia Business School et l’Université d’État de l’Arizona. L’ouverture du Global Hub U.S. renforce cette mission en intégrant la diaspora africaine comme ressource stratégique pour co-développer des projets innovants entre les deux continents.
Au-delà de la coopération académique, le Global Hub américain de l’UM6P entend répondre à trois faiblesses structurelles de l’écosystème africain de l’innovation : une visibilité encore restreinte sur les circuits mondiaux de recherche, une mobilisation insuffisante de la diaspora comme levier stratégique, et la difficulté à traduire les avancées technologiques internationales en solutions concrètes adaptées aux réalités locales. Le défi sera désormais de convertir cette ambition en résultats tangibles et inclusifs, capables d’apporter une réelle valeur ajoutée aux sociétés africaines.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les États africains se tournent de plus en plus vers des plateformes centralisées pour leurs services numériques. Le Nigeria, par exemple, a annoncé la semaine dernière le lancement de la plateforme 1Gov Cloud, visant à instaurer une administration sans papier d’ici la fin de l’année.
L’Agence d’État des technologies de l’information (SITA) d’Afrique du Sud a annoncé tester une super-application gouvernementale destinée à faciliter l’accès des citoyens aux services publics. Baptisée « Citizen Super-App », l’application a été présentée par Gopal Reddy, directeur général par intérim de la SITA, lors de la 16e édition de la conférence GovTech, qui se tient du lundi 8 au mercredi 10 septembre, selon la presse locale.
M. Reddy explique que la plateforme permettra aux citoyens d’accéder facilement aux services gouvernementaux, de suivre leurs demandes et requêtes, de recevoir des mises à jour et notifications en temps réel, et d’interagir avec les départements via des outils en libre-service. Elle vise également à simplifier la vérification d’identité, à dématérialiser les formulaires administratifs, à intégrer des services de paiement numérique et à faciliter l’échange de données.
Le développement de cette application s’inscrit dans le cadre des ambitions de transformation numérique des autorités sud-africaines, portées notamment par la SITA. Dans son plan stratégique pour 2025–2030, l’agence fait de la modernisation du gouvernement par le numérique un pilier central, visant plus d’efficacité et de transparence.
Selon le document stratégique, « cela inclut des initiatives telles que le déploiement à grande échelle de l’innovation numérique, la création de cas d’usage de l’intelligence artificielle, et le lancement de nouveaux produits et services numériques comme la Citizen Super-App. L’accent est mis sur la modernisation des systèmes gouvernementaux, l’amélioration de la connectivité nationale, l’expansion des capacités cloud et des centres de données, ainsi que le renforcement de la cybersécurité grâce à un Centre de cybersécurité centralisé (CSC) ».
Il convient toutefois de rappeler que la plateforme est encore en phase pilote et que peu d’éléments ont été précisés sur le calendrier de sa mise en œuvre effective. Par ailleurs, l’adoption de la Citizen Super-App dépendra de l’accès des populations à Internet et à des appareils compatibles, notamment dans les zones rurales. Selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT), environ 24 % de la population sud-africaine restait non connectée en 2023.
Isaac K. Kassouwi
Portée par une jeunesse connectée et créative, la création de contenu numérique devient un moteur stratégique pour l’économie kényane. Les autorités veulent en faire un pilier de la transformation numérique, en offrant aux créateurs de meilleures opportunités de monétisation.
Le ministère de l’Information, des Communications et de l’Économie numérique du Kenya a annoncé, lundi 8 septembre, un nouvel engagement en faveur des créateurs de contenu numérique. L’initiative vise à faciliter la monétisation de leurs productions grâce à des partenariats stratégiques avec des plateformes numériques comme Meta et Google, tout en renforçant l’accès aux outils de formation et aux programmes de soutien pour les jeunes talents.
The Ministry of Information, Communications and The Digital Economy is committed to supporting creators to monetize their content in a concerted effort to grow the Digital Economy. pic.twitter.com/aOKK4FNA5C
— Ministry of Info, Comms & The Digital Economy KE (@MoICTKenya) September 8, 2025
Selon le secrétaire principal à l’Économie numérique et aux TIC, John Tanui (photo, au centre), le gouvernement déploie plusieurs actions concrètes pour accélérer la transformation numérique, notamment l’extension du réseau de fibre optique, la création de pôles numériques, l’installation de points d’accès Wi-Fi publics et la mise en place de politiques adaptées. L’objectif est d’offrir aux créateurs un environnement favorable à la croissance de leurs activités, tout en renforçant la sécurité et la fiabilité des outils utilisés.
Cette décision s’inscrit dans le cadre de la « Digital Super Highway », pilier de la stratégie numérique nationale. Le programme entend moderniser l’infrastructure technologique du pays et stimuler des secteurs connexes comme la création de contenu, considérée comme un moteur clé de diversification économique. À l’échelle continentale, l’économie des créateurs de contenu est estimée à 5,1 milliards USD en 2025 et pourrait atteindre près de 30 milliards USD d’ici 2032, selon le cabinet Coherent Market Insights.
En misant sur ses créateurs numériques, Nairobi espère dynamiser son économie numérique et générer de nouvelles opportunités de revenus pour sa jeunesse. Mais cette ambition devra composer avec plusieurs défis persistants, notamment le piratage de comptes, une fiscalité jugée trop lourde, la démonétisation et la dépendance aux grandes plateformes étrangères.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique est une priorité des autorités nigérianes pour stimuler le développement socio-économique du pays. Elle concerne tous les secteurs, y compris l’administration publique.
Le gouvernement nigérian a lancé la mise en œuvre de sa plateforme 1Government Cloud (1Gov Cloud) afin d’instaurer une administration sans papier au sein des ministères, départements et agences (MDA). Cette initiative s’inscrit dans le cadre des ambitions de transformation numérique du pays, visant une administration entièrement numérique d’ici fin décembre 2025.
La plateforme 1Gov Cloud centralise plusieurs outils numériques pour moderniser la gouvernance. Elle intègre notamment GovDrive pour la gestion sécurisée des fichiers avec chiffrement et stockage sur un cloud souverain, GovECMS pour automatiser les flux de travail et les interactions entre MDAs, GovMail pour des communications sécurisées réservées au gouvernement, GovE-Sign pour des signatures électroniques légalement reconnues, GovConference pour des visioconférences et audioconférences cryptées, GovOTP pour l’authentification sécurisée par mot de passe à usage unique, GovAsset Management pour un registre unifié des actifs gouvernementaux, et GovCollaboration Tools pour le chat, le partage de documents et la coordination inter-agences.
« L’initiative d’administration sans papier éliminera les goulots d’étranglement bureaucratiques en rationalisant les processus d’approbation et la communication inter-agences. Elle permettra de réduire considérablement les coûts liés à l’impression, au stockage et à la distribution des fichiers physiques, tout en améliorant la transparence et la responsabilité dans la prestation des services publics », a expliqué Wumi Oghoetuoma, directeur du programme 1Gov Cloud, dans des propos rapportés par Nairametrics.
Cette initiative illustre la volonté des autorités nigérianes de faire du numérique un pilier du développement socio-économique, avec une contribution des TIC estimée à 21 % du PIB d’ici 2027. Ces derniers mois, l’exécutif a multiplié les actions pour renforcer la cybersécurité, former les citoyens et les fonctionnaires aux outils numériques et développer les infrastructures numériques.
Pour rappel, une étude conjointe de la Société financière internationale (SFI) et de Google prévoit que l’économie numérique en Afrique atteindra au moins 712 milliards de dollars en 2050, soit 8,5 % du PIB continental. Selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA), le gouvernement numérique pourrait également générer 814 milliards de nairas de recettes fiscales supplémentaires pour le Nigeria d’ici 2028.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Face aux défis du numérique, les coopérations bilatérales s’imposent comme un levier stratégique pour mutualiser les compétences, stimuler l’innovation et bâtir des écosystèmes inclusifs.
Le Nigeria et le Cap-Vert ont lancé, la semaine dernière à Abuja, le Corridor africain numérique (CAD), une initiative destinée à renforcer leurs liens dans les domaines du numérique, du commerce et de l’innovation. Ce projet marque une étape stratégique, en définissant des priorités de coopération autour de l’intelligence artificielle, de l’autonomisation des jeunes et du développement bilatéral.
« Cette initiative démontre que la diplomatie de l’innovation peut produire des résultats tangibles. Lorsque les gouvernements, les innovateurs et le secteur privé collaborent, des programmes concrets et des partenariats se concrétisent », a déclaré Christiana Onoja (photo, à droite), cofondatrice et PDG de SheCode.ai, l’organisation à l’origine du projet.
Concrètement, le corridor numérique prévoit, à travers le programme « Code the Future – Cabo Verde Rising », de former plus de 500 élèves du secondaire sur trois îles aux compétences en codage, intelligence artificielle et innovation numérique. Le programme entend également fournir des outils STEM en langue lusophone, proposer des formations pédagogiques pour les enseignants et s’achever par une vitrine nationale mettant en valeur les projets des jeunes.
Mais au-delà de l’éducation, le CAD repose sur un double socle : le développement du capital humain et la modernisation des infrastructures. Pour le Nigeria, première économie du continent, le numérique représente déjà environ 18 % du PIB et constitue un pilier de diversification économique. Le Cap-Vert, de son côté, voit dans le numérique un levier de compétitivité et d’intégration régionale. Avec un taux de pénétration d’Internet estimé à 73,5 % en début 2025, l’archipel entend capitaliser sur sa stratégie d’économie numérique agile et sur des infrastructures comme le TechPark CV, zone technologique spéciale.
La coopération bilatérale sera consolidée par une mission Nigeria–Cap-Vert Business and Innovation, attendue à Praia au quatrième trimestre 2025. Elle vise à relier 20 à 25 entreprises nigérianes avec des partenaires cap-verdiens dans des secteurs clés, dont le numérique, les énergies renouvelables et le tourisme.
À terme, le corridor devrait renforcer l’inclusion numérique, favoriser l’essor des start-up locales, soutenir l’innovation dans des secteurs stratégiques et établir des passerelles durables entre l’éducation, la technologie et l’économie. Toutefois, sa réussite dépendra de la capacité des deux pays à maintenir l’investissement, à assurer la connectivité et à adapter leurs infrastructures aux besoins locaux.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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