L’Institut panafricain de politique économique révèle que chaque année, l’Afrique produit environ 2,5 millions de tonnes de déchets électroniques. Face à ce défi, Orange renforce ses actions en faveur de l’économie circulaire à travers la collecte et le reconditionnement de téléphones.
En 2024, Orange Afrique et Moyen-Orient a intensifié ses actions en faveur de l’économie circulaire en collectant l’équivalent de 284 000 téléphones mobiles usagés, représentant 28,5 % des ventes annuelles du groupe dans la région. L’information est issue du Rapport de Responsabilité Sociétale 2024, qui détaille les efforts du groupe pour réduire son empreinte environnementale tout en favorisant un accès plus équitable au numérique.
Intitulé « Cultiver l’impact », le rapport souligne que cette initiative s’inscrit dans le programme « Re » du groupe Orange et a permis de récupérer 43,5 tonnes de matériel électronique destinées au reconditionnement ou au recyclage.
Déployée dans cinq pays — la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Burkina Faso, l’Égypte et la Jordanie — cette démarche repose sur un modèle structuré autour de quatre axes : la collecte, la réparation, le reconditionnement et le recyclage. En Afrique de l’Ouest, Orange s’appuie notamment sur son partenariat avec les Ateliers du Bocage, une entreprise sociale française spécialisée dans la gestion des équipements électroniques usagés. En Égypte et en Jordanie, c’est à travers le programme « Re » que l’opérateur organise la récupération des appareils.
Les téléphones en état de fonctionnement sont remis à neuf et remis sur le marché à des prix plus accessibles. En Égypte, plus de 10 % des terminaux vendus par Orange en 2024 étaient des appareils reconditionnés. Le programme est également actif au Sénégal et au Maroc, où la demande pour ce type de produits est en forte croissance. Pour les équipements irréparables, les composants sont soigneusement démantelés et orientés vers des filières spécialisées de valorisation, conformément aux normes environnementales.
L’économie circulaire mise également sur les box Internet. Selon le rapport, 172 000 box ont été collectées en 2024, dont 115 000 reconditionnées. Cette opération a permis d’éviter l’émission de 2800 tonnes de CO₂ équivalents, soit l’équivalent de 150 fois le tour de l’Afrique en voiture, selon les estimations fournies par Orange.
Parallèlement, l’opérateur mène des campagnes de sensibilisation auprès de ses clients et de ses collaborateurs, tout en renforçant son réseau de points de collecte dans ses agences, notamment en Côte d’Ivoire, en Égypte et en Jordanie. L’objectif affiché est double : réduire les déchets électroniques tout en facilitant l’accès aux équipements numériques à moindre coût, dans une région où le taux d’équipement reste encore inférieur à la moyenne mondiale.
Selon la GSMA, le coût d’un smartphone d’entrée de gamme représente en moyenne 18 % du revenu mensuel pour les pays à revenus faibles et intermédiaires, mais atteint jusqu’à 39 % pour les 40 % les plus pauvres, et 51 % pour les 20 %.
Avec ces actions, Orange affirme sa volonté de devenir un acteur moteur de l’économie circulaire dans les télécoms, en alliant innovation, responsabilité environnementale et inclusion numérique. Le programme « Re », qui fait partie intégrante de sa stratégie RSE, devrait continuer à s’étendre à d’autres filiales du groupe en Afrique et au Moyen-Orient dans les années à venir.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La pénurie de main-d'œuvre qualifiée dans le secteur numérique en Afrique constitue un frein majeur à la croissance économique. En Côte d’Ivoire, des initiatives se multiplient pour former les jeunes aux métiers du numérique et renforcer l’écosystème technologique national.
La Côte d’Ivoire va accueillir dans les prochains mois le premier campus Ynov en Afrique subsaharienne. C’est ce que prévoit l’accord signé entre le Village des Technologies de l’Information et de la Biotechnologie (VITIB), situé à Grand-Bassam, et le groupe français Ynov Campus, spécialiste de la formation aux métiers du numérique.
Le partenariat, officialisé en marge de la première édition de l’Ivoire Tech Forum, organisée du mercredi 9 au vendredi 11 juillet à Abidjan, vise à former une nouvelle génération de talents numériques ivoiriens et ouest-africains dans des domaines clés tels que le développement web, la data science, le design numérique, l’audiovisuel, la cybersécurité ou encore l’intelligence artificielle.
Un second accord signé avec la Fondation Magic System prévoit quant à lui la création de la VITIB Digital Academy, une académie numérique avec pour objectif de renforcer les compétences numériques locales, favoriser l’insertion professionnelle des jeunes et stimuler l’employabilité dans les filières numériques d’avenir.
Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre du plan de développement ambitieux du VITIB, qui abrite déjà 96 entreprises, 5 datacenters, un guichet unique pour les formalités d’implantation des entreprises. Son plan stratégique 2023–2028, estimé à 180 milliards FCFA (320 millions), vise à transformer le site en une ville intelligente intégrée, avec pour ambition de créer 40 000 emplois et attirer 1,6 milliard USD d’investissements.
Dans un contexte de transformation numérique accélérée, la Côte d’Ivoire entend ainsi se doter d’un vivier de compétences qualifiées, capable de répondre aux standards internationaux. Dans les prochaines années, selon les projections du ministère de la Transition numérique, le pays devrait former massivement des professionnels dans les secteurs de la cybersécurité, du cloud computing, de la gestion des données, de la programmation avancée ou encore de l’IA appliquée aux services publics et aux industries. La montée en compétences est désormais une priorité nationale pour soutenir la croissance des start-up, favoriser la souveraineté numérique et garantir une intégration active dans l’économie numérique régionale.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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BigData, IA et services publics : la Côte d’Ivoire initie un partenariat avec G42 Presight
La transformation numérique s’accélère en Côte d’Ivoire avec le renforcement des partenariats internationaux. L’innovation technologique, notamment autour du Big Data et de l’intelligence artificielle, s’affirme comme un levier stratégique pour moderniser les services publics et soutenir le développement économique.
En marge de la première édition de l’Ivoire Tech Forum, organisée du mercredi 9 au vendredi 11 juillet à Abidjan, le gouvernement ivoirien a signé deux protocoles d’accord non contraignants avec la société G42 Presight, filiale du conglomérat technologique émirati G42, spécialisée dans l’analyse de données massives et l’intelligence artificielle.
Ces accords portent, d’une part, sur la mise en place d’un cadre de collaboration pour la réforme et la numérisation de l’administration publique, signé avec le ministère d’État chargé de la Fonction publique et de la Modernisation de l’Administration, et, d’autre part, sur le développement d’une stratégie nationale du numérique, en partenariat avec le ministère de la Transition numérique et de la Digitalisation.
Cette initiative intervient à un moment stratégique, alors que la Stratégie nationale de développement numérique (SNDN) de la Côte d’Ivoire arrive à échéance en 2025. Lancée il y a cinq ans, cette stratégie visait à renforcer l’inclusion digitale, la cybersécurité et le développement des infrastructures numériques. Elle a notamment permis le déploiement de plus de 5207 km de fibre optique, la mise en place de plusieurs guichets uniques de services publics en ligne, ainsi que l’opérationnalisation de l’Agence nationale de la cybersécurité.
En matière d’intelligence artificielle, le pays s’est également doté d’une stratégie dédiée à la gestion des données, visant à bâtir une administration plus performante, accessible et résiliente, capable de relever les défis de la gouvernance numérique du XXIᵉ siècle.
Bien que non contraignants, ces protocoles posent les bases d’une coopération technologique renforcée entre Abidjan et Abu Dhabi. À travers cette alliance, la Côte d’Ivoire entend tirer parti de l’expertise de G42 Presight, qui a déjà accompagné des projets en Égypte et au Rwanda en matière de Big Data, d’IA et de gouvernance intelligente. L’objectif est d’améliorer la qualité des services publics, accroître la transparence de l’action publique et optimiser la prise de décision au sein de l’État.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Alors que les États africains misent sur la transformation numérique pour moderniser leurs systèmes de santé, les dossiers patients informatisés (DPI) émergent comme un outil stratégique. Leur déploiement, encore inégal, progresse néanmoins dans un contexte de numérisation croissante des services publics.
Selon un rapport publié en 2023 par le cabinet de conseil McKinsey & Company, les outils de santé numériques, téléconsultations, dossiers patients informatisés, applications de gestion des maladies chroniques pourraient permettre aux systèmes de santé africains de réduire jusqu’à 15 % de leurs dépenses totales. Ce potentiel d’efficience, combiné à la nécessité de moderniser les services de santé, alimente l’intérêt croissant des gouvernements pour ces dispositifs numériques, désormais considérés comme des piliers des stratégies nationales d’e-santé.
Conçus pour centraliser et sécuriser les données médicales, les DPI facilitent le suivi des patients, la coordination des soins et réduisent les erreurs médicales. En remplaçant les dossiers papier, sources fréquentes de pertes d’informations ou de retards, ils apportent une réponse concrète aux besoins de modernisation du secteur.
Mais leur utilité dépasse le cadre strict de la qualité des soins. Les DPI fournissent aux autorités sanitaires des données en temps réel, essentielles pour anticiper, surveiller et gérer les épidémies, ou encore appuyer les politiques de santé publique.
Des projets pilotes en cours dans plusieurs pays
Si certains pays progressent lentement, d’autres enregistrent des avancées significatives. En Côte d’Ivoire, les établissements dotés de DPI ont généré, en 2024, plus de 1,25 milliard FCFA (2,2 millions USD) de recettes médicales, entièrement tracées grâce à une plateforme numérique, selon la Direction de l’Informatique et de la Santé digitale. Par ailleurs, plus de 268 établissements de santé sont connectés au Système d’Information Hospitalier (SIH) et au DPI.
D’autres États africains suivent la même dynamique. Le Sénégal, le Rwanda, le Ghana et le Kenya ont chacun mis en place des systèmes similaires. Au Nigeria, des tests sont actuellement menés pour assurer l’interopérabilité entre les DPI et la base de données du régime national d’assurance maladie.
Un marché mondial en pleine expansion
D’après les prévisions de l'entreprise de conseil et d'intelligence de marché Mordor Intelligence, le marché mondial des dossiers médicaux électroniques (DME/DPI) atteindra 42,10 milliards USD d’ici 2029, contre 32,82 milliards en 2024, avec un taux de croissance annuel moyen estimé à 5,11 %. La pandémie de Covid-19 a agi comme un catalyseur, accélérant la digitalisation des soins et soulignant l’importance d’un accès rapide, fiable et sécurisé aux données cliniques.
Cette croissance est également portée par les avancées technologiques, la volonté politique en faveur de la numérisation, ainsi qu’une accessibilité croissante à ces solutions, même dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Des défis persistants à relever
Malgré ce potentiel, la généralisation des DPI dans les pays africains se heurte à plusieurs freins. L’accès limité à Internet, notamment dans les zones rurales, reste un obstacle majeur. En 2024, seuls 38 % des Africains étaient connectés, selon l’Union internationale des télécommunications. La formation du personnel de santé constitue un autre enjeu crucial : sans une maîtrise des outils numériques, leur fiabilité et leur adoption restent limitées. À cela s’ajoute la question sensible de la protection des données médicales. À ce jour, seuls 40 pays africains disposent d’un cadre législatif sur la protection des données personnelles, et les mécanismes de cybersécurité restent encore largement insuffisants. Or, la confiance des patients et des professionnels repose fondamentalement sur la sécurité des informations médicales.
Vers une gouvernance panafricaine de la santé numérique
Pour surmonter ces obstacles, une coordination renforcée entre les pays africains apparaît nécessaire. L’harmonisation des normes, l’interopérabilité des systèmes et la définition de standards communs en matière de sécurité des données permettraient de bâtir une base solide pour une e-santé cohérente et durable à l’échelle continentale.
La généralisation des DPI pourrait ainsi transformer en profondeur les systèmes de santé africains. À condition que les États investissent dans les infrastructures numériques, la formation des professionnels et la protection des données. Les DPI ne doivent pas être perçus comme un simple outil technologique, mais comme une composante structurante d’une politique de santé publique moderne, résiliente et inclusive.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En Afrique, le numérique suscite de grands espoirs pour l’évolution sociale et économique. Pourtant, son développement reste entravé par des défis structurels majeurs, limitant ses bénéfices.
En Afrique, la numérisation, mesurée par l’accès aux câbles sous-marins et la possession de téléphone mobile, augmente la probabilité de mobilité professionnelle ascendante et diminue le risque de déclassement. C’est ce que révèle le rapport « Digitalization: A Catalyst for Intergenerational Occupational Mobility? », publié en mai 2025 par le Fonds monétaire international (FMI).
Selon cette étude, faite sur un échantillon de plus de 28 millions de personnes dans 27 pays africains, la connexion aux câbles sous-marins augmente la probabilité de mobilité professionnelle ascendante de 17,5 à 26,7 points de pourcentage et diminue le risque de déclassement de 17,8 à 36,7 points. La possession d’un téléphone mobile accroît les chances de mobilité ascendante de 8 à 10,7 points et réduit le risque de déclassement de 13 à 17,4 points. Ces résultats illustrent l’impact potentiel du numérique sur les trajectoires professionnelles en Afrique.
Des effets mesurés, des écarts persistants
D’après le FMI, la dynamique varie fortement selon les pays. À Maurice, 75 % des enfants de travailleurs agricoles accèdent à des emplois qualifiés ou de cadres, contre seulement 2 % au Burkina Faso. Le taux moyen de mobilité ascendante atteint 19 %, tandis que le déclassement concerne 28 % des individus. Ces écarts s’expliquent par des différences d’infrastructures, de politiques publiques et de stabilité institutionnelle.
| Pays | Mobilité ascendante | Mobilité descendante |
| Maurice | 0,75 | 0,10 |
| Afrique du Sud | 0,48 | 0,14 |
| Botswana | 0,46 | 0,23 |
| Burkina Faso | 0,02 | 0,46 |
| Moyenne | 0,19 | 0,28 |
Source : FMI, 2025
Le numérique, un catalyseur sous conditions
Le FMI insiste sur le fait que l’effet du numérique dépend fortement du contexte institutionnel et des politiques publiques. La digitalisation n’est un levier de mobilité sociale que si elle s’inscrit dans un environnement institutionnel solide et des politiques publiques volontaristes. Le rapport montre que l’impact positif du numérique est amplifié dans les pays où les gouvernements investissent dans les infrastructures et promeuvent activement les technologies de l’information et de la communication (TIC). À l’inverse, l’absence de ces catalyseurs limite l’effet du numérique sur la mobilité sociale.
Des fractures numériques et sociales persistantes
Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), en 2024, seuls 38 % des Africains sont connectés à Internet, avec de fortes disparités entre milieux urbain (57 %) et rural (23 %). L’Union note aussi que 43 % des hommes utilisent Internet contre seulement 31 % des femmes, révélant une fracture numérique de genre persistante.
L’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA) souligne que les pressions fiscales auxquelles sont soumis les opérateurs de téléphonie mobile freinent aussi l’adoption des outils numériques par les populations vulnérables. Elle insiste sur la nécessité de politiques ciblées pour réduire ces barrières structurelles et éviter que le numérique ne devienne un facteur d’exclusion supplémentaire.
Gouvernance et politiques publiques : des progrès inégaux
De nombreux pays africains ont adopté des stratégies nationales pour le numérique, mais seuls 18 % disposent d’une régulation avancée du secteur, selon l’UIT. Les cadres réglementaires restent hétérogènes, notamment sur la protection des données et la cybersécurité. Des coupures majeures de câbles sous-marins en 2024 ont mis en évidence la dépendance du continent à des infrastructures internationales et la vulnérabilité de la connectivité.
Des initiatives existent : subventions à l’équipement, programmes de formation, réseaux communautaires. Mais leur portée reste limitée face à l’ampleur des besoins et à la rapidité des évolutions technologiques.
Des experts appellent à la prudence
Des experts de la Banque mondiale et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) mettent en garde contre une vision trop technophile. Selon eux, la digitalisation ne garantit pas automatiquement la création d’emplois de qualité ni la réduction des inégalités.
L’automatisation et l’essor des plateformes numériques risquent d’exclure une partie de la population du marché du travail, faute de compétences adaptées. Le risque, selon le rapport sur l’avenir du travail en Afrique, est que seuls les travailleurs déjà qualifiés bénéficient de ces transformations.
Perspectives et enjeux
Selon le rapport du FMI, le potentiel du numérique ne se réalisera que si les États africains investissent dans l’éducation, l’infrastructure et la gouvernance, tout en veillant à ne pas laisser les populations les plus vulnérables au bord du chemin. Passer du 25e au 75e percentile de l’indice de qualité institutionnelle augmente la probabilité de mobilité ascendante de 8,8 points et réduit celle de déclassement de 3,2 points. Un score élevé de réussite gouvernementale dans la promotion des TIC accroît la mobilité ascendante de 5,3 points et réduit le déclassement de 22 points, ajoute le FMI.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Nomadisme numérique : une opportunité à saisir pour les économies africaines
L’intelligence artificielle s’impose comme l’une des technologies phares de la révolution technologique en cours. En Tunisie, les autorités y ont eu recours pour mettre en place le programme de développement national.
En Tunisie, le président de la Commission des plans de développement, Mohamed El Kou, a annoncé le mercredi 9 juillet que l’intelligence artificielle a été utilisée pour élaborer le plan national de développement 2026 - 2030. Ce plan fixe les priorités économiques et sociales du pays pour les cinq prochaines années.
Selon lui, les outils IA ont permis d’analyser une large base de données et d’indicateurs sectoriels afin d’identifier de manière objective les axes stratégiques à privilégier. Le plan en met l’accent sur la transformation numérique, les réformes législatives, le soutien aux PME, l’équité territoriale, la santé et les énergies renouvelables. L’objectif est d’éviter les choix politiques arbitraires et de baser les décisions sur les besoins réels.
« Le recours à l’intelligence artificielle dans la planification est désormais une nécessité. Ceux qui ne s’adaptent pas risquent la marginalisation. [...] Dans un monde en mutation rapide, la Tunisie ne peut rester en retrait. Elle doit accompagner sérieusement le virage numérique et s’y engager pleinement » poursuit Mohamed El Kou, qui précise toutefois que l’IA ne remplace pas l’intelligence humaine, mais la complète, dans le cadre d’une vision d’« État intelligent ».
Cette initiative reflète une volonté de moderniser l’action publique, de gagner en transparence, et de préparer l’économie à la compétition numérique mondiale. Elle survient dans un contexte où l’IA est au cœur des débats. Selon la Banque mondiale, quand cet outil est associé à la gestion et à la prise de décision humaines, il peut être utilisé par les gouvernements pour relever les défis de développement.
« Les technologies de rupture telles que l'intelligence artificielle (IA) ont le potentiel de transformer les gouvernements. L'IA peut être utilisée comme un outil permettant d'offrir une expérience de prestation de services personnalisée, d'améliorer l'efficacité des processus de gestion, de renforcer le respect des politiques et de contribuer à l'identification des fraudes ».
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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60 000 talents IA à former d’ici 2040, un défi de taille pour le Cameroun
Chaque week-end, la rédaction de We Are Tech Africa vous rappelle les principales informations de la semaine dans le domaine du numérique en Afrique, ainsi que leurs implications.
Le Cameroun développe une stratégie nationale de l’IA adossée à sept piliers
Le Cameroun a dévoilé sa Stratégie nationale d’intelligence artificielle (SNIA), visant à faire du pays un hub continental d’ici 2040. Portée par sept piliers, elle prévoit notamment la formation de 60 000 talents, la création d’une autorité de l’IA et le développement de solutions multilingues ancrées dans les réalités africaines.
Le Burkina Faso explore un partenariat avec les États-Unis dans le numérique
Le Burkina Faso envisage une coopération renforcée avec les États-Unis dans le numérique, notamment en cybersécurité et dans l’extension des infrastructures. Des projets majeurs sont prévus pour 2025, mais les discussions restent préliminaires. Washington, leader mondial du numérique, pourrait jouer un rôle clé dans l’accélération de la transformation digitale burkinabè.
Le Bénin lance une plateforme pour accorder la nationalité aux Afro-descendants
Le Bénin a lancé la plateforme My Afro Origins pour permettre aux Afro-descendants de demander la nationalité béninoise, dans le cadre d’une loi reconnaissant leur droit au retour. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique panafricaine visant à renforcer les liens historiques, culturels et économiques avec la diaspora.
60 000 talents IA à former d’ici 2040, un défi de taille pour le Cameroun
Le Cameroun prévoit de former 60 000 spécialistes en intelligence artificielle d’ici 2040, dont 40 % de femmes, pour devenir un hub africain de l’IA. Mais pour concrétiser cette ambition, le pays devra combler ses lacunes en infrastructures, formation, connectivité et écosystème, tout en renforçant son cadre réglementaire.
L’Algérie veut intégrer ses start-up aux grands chantiers d’infrastructure
L’Algérie intègre ses start-up aux projets d’infrastructure via une commission conjointe entre deux ministères. L’objectif est d’exploiter l’innovation locale pour moderniser les chantiers stratégiques. Cette démarche vise à stimuler l’emploi qualifié, réduire la dépendance technologique et renforcer l’écosystème entrepreneurial national.
Avec la transformation numérique qui s’accélère, les pays africains misent davantage sur le développement des compétences numériques de leurs populations. Ce savoir-faire devient essentiel pour saisir les opportunités d’emploi et d’innovation dans l’économie digitale.
Le gouvernement tchadien a annoncé une formation gratuite sur l’intelligence artificielle (IA) destinée à 2000 jeunes âgés de 15 à 35 ans, qui se tiendra du 4 au 14 août. L’initiative a été révélée le jeudi 10 juillet par Boukar Michel, ministre de l’Économie numérique, lors d’une conférence de presse à N’Djamena.
Sur son site web, l’Agence de développement des TIC (ADETIC), partenaire sur le projet, précise que « cette initiative vise à renforcer les capacités nationales dans le domaine stratégique de l’IA, en dotant les participants de compétences pratiques et théoriques sur les technologies émergentes, les enjeux éthiques et les opportunités de développement durable qu’offre l’intelligence artificielle ». Le programme est mis en œuvre avec d’autres partenaires comme la Chaire UNESCO pour l’Afrique centrale, la Banque mondiale, l’École nationale supérieure des TIC (ENASTIC) et Safitel Chad.
Cette initiative traduit une volonté des autorités tchadiennes de préparer la jeunesse aux métiers d’avenir dans un contexte de révolution numérique. Selon les données de la Banque mondiale, 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030. Pour les autorités, cette formation représente une passerelle vers l’emploi, l’innovation et l’entrepreneuriat numérique avec la création de start-up.
Pour rappel, le Tchad comptait 20,7 millions d’habitants au début de l’année 2025, selon la plateforme DataReportal. La population est majoritairement jeune : 79,8 % a moins de 35 ans, et 38,7 % se situe dans la tranche des 13 à 34 ans, cœur de cible de la formation. Pourtant, cette jeunesse reste largement sous-employée. D’après la Banque mondiale, si le taux de chômage des jeunes était estimé à seulement 2 % en 2021, le taux d’inactivité atteint 62,3 %. De plus, 37,4 % des jeunes ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation.
Malgré les opportunités que présente cette formation, plusieurs questions restent en suspens. Le mode d’organisation, qu’il soit en présentiel ou à distance, n’a pas encore été clairement défini. Dans le cas d’un déroulement en ligne, l’équipement numérique des bénéficiaires ainsi que leur capacité à disposer d’une connexion stable et abordable pourraient influencer leur participation effective. Par ailleurs, la durée de la formation soulève aussi des questions sur le niveau des modules proposés et la valeur réelle de la certification sur le marché de l’emploi tchadien et international. L’adaptation de ce programme au contexte local, ainsi que la possibilité d’organiser de nouvelles sessions pour toucher un public plus large, restent également à clarifier.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le Tchad sollicite l’appui de la Banque mondiale pour la numérisation des services publics
Après le lancement de sa stratégie numérique, le Sénégal veut attirer des investisseurs pour concrétiser ses projets. Les États-Unis, acteur clé de la tech mondiale, représentent un partenaire stratégique pour faire du pays un hub numérique en Afrique.
En marge du mini-sommet économique organisé à la Maison-Blanche par le président américain, Donald Trump (photo, à gauche), le chef de l'État sénégalais, Bassirou Diomaye Faye (photo, à droite), a rencontré, le mercredi 9 juillet, son homologue américain, en compagnie de plusieurs dirigeants africains et d’investisseurs américains. À cette occasion, il a présenté une série de projets stratégiques nécessitant des investissements structurants, dont un projet phare : la création d’une ville numérique en bord de mer à Dakar.
Prévue sur un site de 40 hectares en bord de mer, la ville numérique que souhaite développer le Sénégal ambitionne de transformer Dakar en un hub technologique majeur en Afrique, à l’image d’une Silicon Valley africaine, ouverte à l’innovation mondiale. L'objectif est d'attirer les plus grandes entreprises américaines du secteur, notamment dans l’intelligence artificielle, la cybersécurité, les fintech et le cloud computing.
Ce projet s’inscrit dans la vision portée par le New Deal Technologique, lancé par les autorités sénégalaises, qui prévoit de faire du numérique un pilier du développement économique. Avec une enveloppe de plus de 1105 milliards FCFA (environ 2 milliards de dollars), cette stratégie vise à moderniser les infrastructures numériques, soutenir les start-up et étendre la connectivité sur l’ensemble du territoire.
En présentant ce projet à la Maison-Blanche, le président Faye cherche à créer un effet d’entraînement auprès des investisseurs américains, en positionnant le Sénégal comme une porte d’entrée stable, innovante et dynamique vers l’Afrique numérique. Si les financements sont mobilisés et les partenariats conclus, cette future ville pourrait devenir un levier de transformation pour l’écosystème technologique ouest-africain, tout en contribuant à la création d’emplois qualifiés et à l’insertion du pays dans l’économie mondiale de demain.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Par cette démarche inédite, le pays tend la main aux Afro-descendants, réaffirmant son rôle de terre de mémoire, de réconciliation et d’avenir partagé.
Le Bénin a lancé, le vendredi 4 juillet 2025, la plateforme numérique My Afro Origins, destinée à accueillir les demandes de reconnaissance de la nationalité béninoise par les Afro-descendants.
Ce portail s’inscrit dans la mise en œuvre de la loi n°2024-31 du 2 septembre 2024 qui consacre, pour la première fois, le droit au retour et à la citoyenneté pour les descendants d’Africains subsahariens déportés durant la traite négrière et le commerce triangulaire.
« Nos frères et sœurs de la diaspora, déracinés de force lors des heures sombres de la traite transatlantique, doivent retrouver leur place au sein de la communauté africaine. Il est temps de guérir ces blessures, de recréer ce lien sacré avec ceux qui, bien que physiquement éloignés, portent l’Afrique dans leur cœur », a déclaré Olushegun Adjadi Bakari, ministre des Affaires étrangères du Bénin.
🇧🇯 #MyAfroOrigins | Le Bénin franchit une étape historique en lançant https://t.co/xECNhS3QvZ, la plateforme dédiée à la reconnaissance de la nationalité béninoise pour nos frères et sœurs afro-descendants.
— Olushegun ADJADI BAKARI (@shegunbakari) July 7, 2025
Ce faisant, le @gouvbenin réaffirme leur droit au retour. L’Afrique est… pic.twitter.com/MLpcTjWU97
Cette information s’inscrit dans un contexte où les Afro-descendants, en particulier les Afro-américains et les Afro-caribéens, cherchent à revenir en Afrique, renouer les liens et contribuer au développement du continent. Elle intervient également dans le cadre de la décennie internationale des personnes d’ascendance africaine 2015-2024 proclamée par l’ONU pour promouvoir les droits humains, la justice et le développement pour les personnes d’origine africaine vivant hors du continent.
Le Bénin a lancé plusieurs initiatives pour favoriser le retour des Afro-descendants et renforcer les liens avec sa diaspora mondiale. Les Vodun Days sont devenus un rendez-vous essentiel pour la diaspora africaine. De nombreux Afro-descendants, venus d’Haïti, des États-Unis ou du Brésil, y voient une opportunité de renouer avec leurs racines. De plus, le Bénin a vu émerger, ces dernières années, de nombreux Guadeloupéens animés par le désir de retrouver leurs racines africaines.
Cette initiative est également portée par plusieurs pays, dont le Ghana avec son programme « Year of Return » en 2019, et la Guinée-Bissau, qui a récemment accordé la citoyenneté et délivré des passeports nationaux à un premier groupe de personnes d’origine africaine.
Au-delà de la reconnaissance de la nationalité béninoise aux Afro-descendants, cette initiative pourrait créer de réelles opportunités de développement économique, culturel et éducatif.
Notons que la plateforme My Afro Origins permet, entre autres, de s’informer, de constituer son dossier et d’effectuer le paiement des frais de traitement de 100 $.
Lydie Mobio
Edité par M.F. Vahid Codjia
Les innovations numériques transforment les systèmes éducatifs à travers le monde. Ces avancées technologiques ouvrent de nouvelles opportunités d’apprentissage, notamment dans les zones isolées, et renforcent la qualité de l’éducation.
Le ministère ghanéen de l’Éducation et l’initiative eLearning Africa ont signé, le mardi 8 juillet, un mémorandum d’accord visant à étendre l’accès aux plateformes d’apprentissage numérique à l’échelle nationale. Ce partenariat concrétise la volonté du gouvernement d’investir dans les infrastructures et l’innovation pédagogique pour améliorer la qualité de l’éducation. « Aujourd’hui marque un peu plus qu’un accord formel, il témoigne de l’engagement du Ghana à être à l’avant-garde de la transformation numérique éducative en Afrique. Depuis 2005, eLearning Africa est la première plateforme continentale d’innovation éducative », a déclaré le vice-ministre de l’Éducation, Clement Apaak.
Concrètement, l’accord prévoit le déploiement d’outils numériques modernes dans les établissements scolaires, en particulier dans les zones mal desservies, ainsi que le renforcement des compétences fondamentales des élèves. Il s’appuie sur l’expertise de la plateforme eLearning Africa, active depuis deux décennies en collaboration avec les gouvernements africains, pour fournir des contenus adaptés aux contextes locaux.
En parallèle, le Ghana s’est engagé à accueillir la 18ᵉ édition de la conférence eLearning Africa, du 3 au 5 juin 2026 à Accra. L’événement mettra en lumière les avancées du programme national et la stratégie éducative du pays à l’horizon 2030.
Cet accord intervient dans un contexte d’accélération de la transformation numérique de l’éducation au Ghana, mais reste freiné par des inégalités d’accès. Bien que le taux de pénétration de l’internet atteigne 69,9 %, plus de 30 % des Ghanéens restent hors ligne, et les établissements ruraux demeurent souvent sous-équipés.
Ces défis soulignent la nécessité d’un investissement accru dans les infrastructures numériques, la formation des enseignants et la dotation en équipements, conditions indispensables pour tirer pleinement parti des technologies éducatives, y compris de l’intelligence artificielle. À terme, cet accord pourrait favoriser une plus grande inclusion scolaire dans les zones reculées et consolider l’ambition du Ghana de se positionner comme un pôle d’innovation éducative numérique sur le continent africain, en capitalisant sur les opportunités offertes par l’EdTech pour réduire les inégalités, renforcer les apprentissages et préparer les jeunes aux métiers de demain.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Maroc : vers la création d'une école en ingénierie numérique et intelligence artificielle
Les start-up occupent une place croissante dans les stratégies de développement économique, portées par leur capacité d’innovation et leur agilité. En misant sur ces jeunes entreprises, l’Algérie entend accélérer la modernisation de ses secteurs clés, dont celui des infrastructures.
L’Algérie mise sur ses jeunes entreprises innovantes pour moderniser ses infrastructures. Une commission conjointe a été mise en place le mercredi 9 juillet entre le ministère des Travaux publics et des Infrastructures de base et celui de l’Économie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, afin d’impliquer les start-up dans la conception et la réalisation des projets d’infrastructure.
L’objectif affiché est de structurer un cadre de coopération entre les deux secteurs pour exploiter le potentiel technologique des start-up dans les projets ferroviaires, les transports guidés ou encore la gestion intelligente des chantiers. Le recours à des outils numériques, à la recherche appliquée et à la gestion des connaissances est au cœur de cette approche.
Dans cette optique, des plateformes d’échange et des ateliers de co-développement seront mis en place pour connecter les start-up aux différents acteurs du secteur. L’idée est de leur permettre d’intervenir dès les premières étapes des projets, depuis les phases d’étude et de suivi jusqu’à l’exécution, en intégrant des solutions locales, agiles et économiquement viables.
Cette initiative s’inscrit dans la politique de soutien à l’économie de la connaissance engagée depuis 2020. Le pays s’est doté d’un ministère dédié aux start-up, a mis en place le label « Start-up », le Fonds algérien des start-up (ASF), ainsi que plusieurs incubateurs et dispositifs d’accompagnement. Le pays compte aujourd’hui entre 5 000 et 8 000 start-up, dont plus de 1 200 ont obtenu le label officiel « Start-up » délivré par la Commission nationale de labellisation.
En mobilisant cet écosystème sur les chantiers stratégiques, le gouvernement entend stimuler l’innovation locale, réduire la dépendance technologique et renforcer les capacités internes. À terme, cette orientation pourrait dynamiser l’emploi qualifié et consolider un tissu entrepreneurial tourné vers les besoins du marché national.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Selon McKinsey, l’intelligence artificielle (IA) pourrait injecter jusqu’à 1200 milliards de dollars dans l’économie africaine d’ici 2030. Pour tirer parti de ce potentiel, la formation des talents s’impose comme un levier stratégique majeur. Le Cameroun s’engage résolument sur cette voie.
Le Cameroun ambitionne de former 60 000 spécialistes en intelligence artificielle d’ici 2040, dont 40 % de femmes, dans le cadre de sa Stratégie nationale pour l’IA (SNIA), dévoilée récemment par la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng. Cette initiative s’inscrit dans une vision plus large visant à faire du pays un hub africain de l’intelligence artificielle.
Parmi les principaux objectifs de cette stratégie figurent également la création de 12 000 emplois directs, la mise au point de 12 solutions souveraines à fort impact socio-économique, et une contribution attendue de l’IA au PIB national estimée entre 0,8 % et 1,2 %. Une attention particulière est accordée à la diversité linguistique, avec le développement de modèles d’IA capables d’intégrer les langues nationales, un levier clé pour l’inclusion numérique et la valorisation des patrimoines culturels locaux.
Cependant, pour concrétiser ces ambitions, le Cameroun doit combler plusieurs lacunes majeures. Le pays souffre encore d’un retard significatif en matière d’infrastructures numériques, notamment en ce qui concerne le déploiement de centres de données modernes, le développement de plateformes cloud sécurisées, ainsi qu’une connectivité haut débit inégale, en particulier dans les zones rurales.
Sur le plan continental, cette réalité est illustrée par le dernier classement de l’Union internationale des télécommunications (UIT), dans lequel le Cameroun obtient un score de 46,3 sur 100, se classant à la 30ᵉ position sur 42 pays africains. Un résultat en dessous de la moyenne continentale, estimée à 56 points, qui témoigne de la nécessité pour le pays d’accélérer ses efforts.
La formation de talents qualifiés demeure l’un des défis majeurs. Le manque d’ingénieurs, de chercheurs et de spécialistes en IA freine le développement du secteur. Pour y remédier, le Cameroun devra investir massivement dans la création de centres d’excellence, établir des écoles et instituts spécialisés dans les technologies avancées, et intégrer des programmes de formation à l’IA dans les cursus secondaires et universitaires. Des partenariats structurants entre universités, entreprises technologiques et institutions publiques seront indispensables pour adapter les contenus pédagogiques aux réalités du marché.
Par ailleurs, il sera crucial de mettre en œuvre des programmes de formation continue et de reconversion professionnelle, afin de doter un large public des compétences numériques nécessaires à l’économie de demain. L’élargissement de l’accès à Internet haut débit, notamment dans les zones reculées, devra également accompagner cette dynamique, tout comme la stimulation d’un écosystème entrepreneurial innovant, apte à attirer les investisseurs et à favoriser l’émergence de solutions locales.
L’objectif de former 40 % de femmes est ambitieux et louable, mais il implique des mesures proactives : campagnes de sensibilisation, mentorat, soutien aux carrières féminines dans la tech, et lutte contre les stéréotypes de genre dans les filières scientifiques.
Malgré ces défis, des signaux encourageants émergent. La récente adoption d’une loi sur la protection des données personnelles ainsi que les premières concertations nationales sur l’IA témoignent d’une volonté politique affirmée de créer un cadre réglementaire solide, condition essentielle à la structuration du secteur et à la confiance des acteurs.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La Somalie mise sur la coopération internationale pour atteindre ses ambitions de transformation numérique. En mai dernier, le pays avait signé un protocole d’accord avec la Malaisie dans le domaine de la cybersécurité, entre autres.
Les autorités somaliennes souhaitent renforcer leur collaboration avec la communauté internationale dans le domaine du numérique. En marge d’une rencontre organisée à Genève (Suisse) du 7 au 11 juillet pour faire le point sur vingt ans de mise en œuvre des résolutions du Sommet mondial sur la société de l’information (WSIS+20), elles ont échangé avec plusieurs hauts responsables d’organisations internationales et de gouvernements.
Mohamed Adan Macallin (photo, à droite), ministre des Télécommunications et des Technologies, s’est notamment entretenu avec Doreen Bogdan-Martin (photo, à gauche), secrétaire générale de l’UIT, ainsi que Cosmas Luckyson Zavazava, directeur du Bureau de développement des télécommunications de l’UIT. Il a également discuté avec Fahmi Fadzil et Ridwaan Abdulaahi Bahdoon, ses homologues de la Malaisie et de Djibouti, respectivement. Globalement, les échanges ont porté sur l’inclusion numérique, la formation des jeunes et des fonctionnaires aux compétences numériques, ainsi que sur la gouvernance numérique et la cybersécurité.
Ces initiatives interviennent alors que le gouvernement cherche à « favoriser le progrès technologique et l’inclusion numérique » pour le développement socio-économique du pays. Toutefois, la Somalie est classée 191ᵉ sur 193 selon l’indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) 2024 des Nations unies. Elle a enregistré un score de 0,1468 sur 1, bien en deçà des moyennes africaine (0,4247) et mondiale (0,6382).
Par ailleurs, la Somalie a été classée dans la catégorie 4 sur 5 dans le « Global Cybersecurity Index 2024 » de l’UIT, ce qui témoigne d’un engagement de base en matière de cybersécurité. Le pays doit toutefois intensifier ses efforts, notamment en matière de mesures techniques, légales et de développement des capacités. Il a enregistré un score global de 37,38 sur 100.
Il convient de souligner que ces échanges restent, pour l’heure, au stade de discussions. Aucun accord formel n’a encore été signé ni annoncé. Toutefois, la Somalie avait déjà franchi une première étape en mai dernier, en signant un protocole d’accord avec l’agence nationale de cybersécurité de la Malaisie, considérée comme un exemple à suivre dans ce domaine.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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