La montée en puissance de la connectivité et la transformation numérique des services publics exposent les pays africains à une multiplication des cyberattaques. Au Bénin, l’ASIN contribue à la cybersécurité nationale en recensant les failles et en signalant les incidents liés aux systèmes informatiques.
Au Bénin, l’exécution du code à distance, l’injection SQL, l’authentification défaillante, le contrôle d'accès défaillant et la divulgation d'informations sensibles sont les 5 principales vulnérabilités informatiques critiques. C’est ce qu’indique un rapport de l’Agence des systèmes d’information et du numérique du Bénin publié lors du dernier Cyber Africa Forum.
Le « Rapport de vulnérabilités et d’incidents » met en lumière ce qui constitue une porte d’entrée pour des menaces majeures (vol de données, piratage, etc.). 207 cas de vulnérabilités jugées critiques ont été répertoriés, ce qui représente 23% des vulnérabilités recensées. Les informations s’appuient sur des données recueillies entre 2021 et 2024 par l’équipe nationale de réponse aux incidents de sécurité informatique du Bénin (bjCSIRT), dans le but de proposer des solutions concrètes pour améliorer la protection des systèmes informatiques de l'État.
« Les vulnérabilités identifiées révèlent l’étendue de la surface d’exposition des secteurs touchés et rappellent l’urgence de renforcer l’hygiène numérique à tous les niveaux, des pratiques individuelles aux mécanismes organisationnels » peut-on lire dans le document.
Le contrôle d'accès défaillant
Un défaut qui permet à des utilisateurs non autorisés d’accéder à des données et fonctionnalités sensibles. Selon le bjCSIRT, 19,80% des 207 vulnérabilités critiques recensées, soit 41 cas, concernaient cette faille, souvent due à des configurations négligées dans les applications web.
La divulgation d'informations sensibles
Cette faille liée à 26 cas se rapporte aux erreurs de configuration, fichiers non protégés, messages d’erreur trop détaillés ou encore aux erreurs techniques qui exposent des données confidentielles (mots de passe, emails, documents internes, etc.). Elle expose les utilisateurs au risque de chantage, de fraude ou d’usurpation d’identité.
L’authentification défaillante
Une vulnérabilité se traduisant par les faiblesses dans les systèmes et éléments de connexion, comme les mots de passe faibles. Elle facilite le contournement d’accès ou l’usurpation d’identité. Le bjCSIRT, qui a en recensé 24 cas, recommande l’authentification à deux facteurs (2FA) pour contrer cette faille.
L’exécution du code à distance
Une faille permettant à un hacker de prendre le contrôle d’un serveur à distance. 23 cas ont été identifiés par le bjCSIRT.
L’injection SQL
Une technique de piratage des bases de données via injection de code malveillant, en manipulant les entrées utilisateurs pour accéder, modifier ou supprimer des données de manière non autorisée. Elle permet aux hackers de voler massivement des données.
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Comme de nombreux pays africains, le Maroc mise sur la coopération internationale pour concrétiser ses ambitions de transformation numérique. Ces derniers mois, le royaume s’est rapproché d’une dizaine de pays, dont l’Estonie, 2ᵉ au classement mondial de l’indice de développement de l’e-gouvernement.
Le Maroc entend renforcer sa coopération avec l’Inde dans le domaine de la transformation numérique. La question a été évoquée le mercredi 27 août à Rabat, lors d’une rencontre entre Amal El Fallah Seghrouchni (photo, à gauche), ministre de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, et l’ambassadeur indien Sanjay Rana (photo, à droite). Cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts des autorités marocaines pour atteindre les objectifs fixés dans le « Digital Maroc 2030 ».
Dans un communiqué diffusé sur sa page Facebook, le ministère a indiqué que les échanges ont mis en lumière la volonté des deux pays d’approfondir leur partenariat dans les secteurs des technologies et de la transition digitale, en vue d’attirer davantage d’investissements.
Les autorités ambitionnent « de faire du Maroc un hub numérique pour accélérer le développement social et économique » et porter la contribution du secteur du numérique à l’économie à 100 milliards de dirhams (11 milliards USD). Depuis le lancement de la stratégie en septembre 2024, le pays explore des partenariats internationaux pour sa mise en œuvre. Au cours des derniers mois, le royaume s’est notamment rapproché d’entités et pays comme le PNUD, la CEMAC, le Japon, la Banque mondiale, l’Estonie, les États-Unis, l’Union européenne, la Finlande, la Chine, l’Arabie saoudite, le Brésil, Nokia, Onepoint et le Portugal.
Ce que l’Inde peut apporter au Maroc
Dans ce contexte, l’Inde se classe 39ᵉ à l’indice mondial de l’innovation 2024 sur 133 pays, première en Asie du Sud-Est et parmi les pays de la classe moyenne inférieure, alors que le Maroc pointe à la 66ᵉ place mondiale. L’Inde est également l’un des exemples à suivre à l’échelle mondiale en matière de cybersécurité selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), de même que le Maroc, même si ce dernier doit encore faire des efforts en matière de mesures techniques et de développement des capacités.
À l’indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) des Nations unies, le Maroc devance l’Inde de six places, se classant 90ᵉ en 2024 avec un score de 0,6841 sur 1, contre 0,6678 pour l’Inde. Toutefois, le pays asiatique reste l’un des leaders mondiaux dans le sous-indice des services en ligne (OSI) avec un score de 0,8144 sur 1, contre 0,5754 pour le Maroc, qui est en dessous de la moyenne mondiale. Le pays du Maghreb veut intégrer le top 50 mondial dans cette catégorie d’ici 2030, alors qu’il était 113ᵉ en 2022.
Le Maroc devance légèrement en matière de capital humain, même si aucune des deux nations n’atteint la moyenne mondiale. En revanche, le Maroc domine en matière d’infrastructure télécoms avec un score de 0,8827, contre 0,5700 pour l’Inde, même si ce dernier compte 806 millions d’abonnés à Internet selon DataReportal.
Par ailleurs, l’Inde dispose du plus grand système d’identification biométrique au monde, Aadhaar, largement salué par les institutions internationales. Dans son « E-Government Survey 2024 », l’ONU rappelle que le programme est volontaire, mais que la majorité des 1,33 milliard d’Indiens y ont adhéré depuis plus de dix ans. Chaque citoyen peut obtenir un numéro unique à 12 chiffres donnant accès à environ 700 services publics. Le gouvernement estime que le dispositif a déjà généré plus de 1,2 milliard USD d’économies, notamment grâce aux versements directs d’allocations. Il a également inspiré des innovations comme DigiLocker, une application permettant de stocker en ligne des documents officiels, utilisée par plus de 100 millions de personnes et abritant plus de cinq milliards de fichiers.
Maroc : quelles opportunités pour les entreprises indiennes ?
Les efforts du Maroc pour accélérer le développement de son écosystème numérique ouvrent de multiples perspectives pour les entreprises technologiques internationales, y compris indiennes.
Le pays fait du haut débit une priorité : l’accès à la 4G est en cours de généralisation, tandis que la couverture en fibre optique doit passer de 1,5 million de foyers en 2022 à 5,6 millions en 2030. Le lancement de la 5G est également prévu, avec des licences déjà attribuées aux opérateurs et un objectif de 70 % de couverture nationale d’ici 2030, soutenu par un investissement estimé à 9 milliards USD. Ces chantiers représentent des opportunités pour les fournisseurs de services, les équipementiers et les opérateurs satellites, dans un contexte où des zones blanches subsistent malgré un taux de pénétration déjà de 91 %, selon l’UIT.
Le royaume accorde également une importance à la formation aux compétences numériques afin d’assurer la disponibilité des talents en numérique, en quantité et en compétences, adaptées aux besoins du marché, en activant tous les leviers de production et d’attraction. Ainsi, le pays veut initier 20 000 talents à partir de 2026 avant de passer à 45 000 à partir de 2030. Pour la reconversion, c’est 26 000 à partir de 2026 et 50 000 à partir de 2030. Le pays veut également attirer de nouveaux talents étrangers : 4 000 par an à partir de 2026 et 6 000 dès 2030.
Le Maroc ambitionne de renforcer son attractivité pour les grands acteurs internationaux du numérique. Le pays veut accueillir des hyperscalers spécialisés dans le cloud et les centres de données, et mise sur le développement de l’intelligence artificielle pour accélérer la digitalisation des services publics et privés. L’objectif affiché est d’attirer de nouveaux investisseurs spécialisés en IA et d’ancrer durablement le Maroc comme un hub régional de l’innovation.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Porté par l’arrivée de capitaux et l’essor du numérique, le secteur immobilier africain évolue rapidement. Cette dynamique stimule la croissance, tout en soulevant des enjeux de durabilité et d’équité.
Le secteur de la proptech en Afrique a connu un boom au premier semestre 2025 (H1 2025), avec une hausse des investissements de 3650 % par rapport à la même période en 2024. Les fonds levés sont passés de 2 millions de dollars à 75 millions de dollars, selon le rapport « The State of Tech in Africa H1 2025 » publié par TechCabal Insights en juillet 2025.
Une concentration des financements
Cette croissance spectaculaire est portée par seulement deux start-up, traduisant une sélection plus restreinte des projets par les investisseurs. Ces derniers privilégient désormais des montants plus élevés sur des entreprises jugées matures, plutôt qu’une dispersion sur de nombreux acteurs.
L’opération la plus significative concerne Nawy, une start-up égyptienne spécialisée dans la proptech, qui a levé 75 millions de dollars pour développer ses activités au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA). Cette levée illustre la capacité croissante de certaines entreprises africaines à mobiliser d’importants capitaux et à inscrire leur stratégie dans une perspective régionale.

Pourquoi ce regain d’intérêt pour la proptech ?
La proptech attire les investisseurs dans un contexte marqué par une urbanisation rapide et un déficit de logements abordables. Les solutions numériques offrent de nouvelles approches pour améliorer l’accès au logement et optimiser la gestion immobilière.
Parallèlement, la montée en puissance de la fintech, étroitement liée à la proptech, soutient le développement d’outils de financement, de paiement et de gestion des risques. Ces innovations contribuent à rendre les investissements immobiliers plus accessibles et plus transparents. La numérisation du secteur immobilier africain, encore peu avancée, ouvre ainsi un espace favorable aux entreprises capables de proposer des solutions adaptées.
Un marché porteur, mais fragile
La concentration des financements sur un nombre limité d’acteurs interroge sur la diversité et la résilience de l’écosystème proptech africain. Cette dépendance à quelques entreprises majeures expose le secteur à des risques accrus en cas de crise économique ou de changement réglementaire.
De plus, les zones rurales et certains marchés émergents restent peu exploités malgré leur potentiel. L’évolution des cadres légaux liés au financement et à l’urbanisme jouera un rôle clé dans la poursuite de cette dynamique.
Perspectives
L’un des défis pour la proptech africaine sera de transformer cet afflux de capitaux en une croissance durable. La mise en place de partenariats avec les acteurs de la fintech, les banques, les gouvernements et les opérateurs immobiliers sera essentielle pour renforcer son impact social et économique.
Une meilleure répartition des financements entre hubs technologiques établis et marchés encore en développement pourrait contribuer à bâtir un secteur plus équilibré et compétitif. Ce mouvement ne se limite pas à une tendance passagère : il constitue une opportunité stratégique pour répondre à la crise du logement sur le continent grâce aux technologies.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le numérique est au cœur du développement du Burkina Faso. Le pays a lancé une vaste transformation de l’administration et des services publics, visant à moderniser ses infrastructures, renforcer les compétences locales et élargir l’accès aux technologies pour tous.
Le Burkina Faso veut accélérer sa transition numérique pour répondre aux défis de gouvernance et de développement économique. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement a présenté le lundi 25 août, douze chantiers structurants qui dessinent la feuille de route du pays. C’était à l’occasion d’un séminaire gouvernemental consacré à la transformation numérique, placé sous le thème « En route pour 2030 ».
Le premier vise à éliminer les zones blanches afin de garantir une couverture nationale en matière de connectivité. Ce chantier s’accompagne d’une volonté affirmée de rapatrier et sécuriser les données, à travers le principe du « zéro donnée à l’extérieur », afin que toutes les informations sensibles soient hébergées localement. Dans la même dynamique, l’exécutif souhaite connecter l’ensemble des bâtiments publics, en instaurant le « zéro bâtiment non connecté », et mettre fin à la dépendance au papier dans l’administration avec l’objectif « zéro papier ».
La numérisation des transactions financières constitue également un pilier central, avec la mise en place du « zéro cash » pour les paiements publics. En parallèle, la cybersécurité est érigée en priorité nationale, via le chantier « zéro infrastructure critique non protégée », destiné à prémunir le pays contre les cybermenaces. Pour renforcer l’efficacité de ces réformes, le gouvernement projette de doter chaque citoyen d’une identité numérique unique, véritable sésame pour accéder aux services publics et financiers.
L’inclusivité figure également parmi les axes majeurs. Le pays veut garantir un accès équitable aux services publics numériques, même dans les zones rurales, tout en développant une masse critique de talents IT à travers la formation de jeunes et de professionnels qualifiés. Cette ambition s’accompagne d’une amélioration de la qualité et de l’accessibilité des services de télécommunications, condition indispensable pour stimuler l’innovation.
Le recours à l’intelligence artificielle est aussi inscrit à l’agenda, avec l’objectif de mettre cette technologie au service des secteurs clés comme l’éducation, la santé et la sécurité. Enfin, la stratégie prévoit une alphabétisation numérique de la population, afin de favoriser l’appropriation des outils numériques et de préparer les Burkinabè à participer pleinement à la nouvelle économie.
Ces douze chantiers s’inscrivent dans la continuité de la Stratégie nationale de développement de l’économie numérique (SN@DEN), visant à faire du numérique un levier de modernisation. Selon l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), le nombre de cartes SIM actives sur l’ensemble des trois réseaux de téléphonie mobile a atteint 27,36 millions au deuxième trimestre 2024. Dans le même temps, 18,94 millions d’abonnés étaient connectés à Internet via les technologies mobiles, confirmant le rôle central de la connectivité dans la transformation numérique du pays.
Si ces chiffres témoignent des progrès déjà accomplis, la réussite de la transformation numérique du Burkina Faso dépendra désormais de la capacité du gouvernement à déployer pleinement les douze chantiers définis, de manière coordonnée et inclusive. Cette approche devrait permettre au pays de tirer pleinement parti du numérique comme moteur de développement économique, d’efficacité administrative et d’inclusion sociale.
Samira Njoya
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La mise en place de la plateforme est soutenue par l’Union européenne. Elle s’inscrit dans le cadre d’une enveloppe de 820 millions d’euros destinée à soutenir la transformation numérique au Nigeria.
Le gouvernement nigérian prépare le lancement de la Nigerian Data Exchange Platform (NGDX), une infrastructure numérique visant à centraliser et sécuriser le partage de données entre administrations et entreprises. La plateforme devrait être opérationnelle d’ici fin 2025.
As part of our top priority initiatives — from Project Bridge to 3MTT and Rural Connectivity — we are also delivering the Nigerian Data Exchange Platform (NGDX).
— Dr. 'Bosun Tijani (@bosuntijani) August 26, 2025
NGDX will:
1. Enable secure, seamless data sharing across government and business.
2. Unlock innovation,… pic.twitter.com/GbhwrGgIpf
L’initiative a été discutée le lundi 25 août à Abuja, lors d’un atelier réunissant les parties prenantes et des partenaires internationaux, dont l’Union européenne, la Finlande et l’Estonie. Dans un post publié sur X, le ministre de l’Économie numérique, Bosun Tijani (photo, au centre), a expliqué que la NGDX facilitera un partage sécurisé des données entre administration et secteur privé, stimulera l’innovation et la croissance inclusive, et offrira aux citoyens des services plus rapides et fiables, tout en garantissant la protection de la vie privée et la sécurité des données.
Cette plateforme s’inscrit dans le cadre des efforts de transformation numérique du gouvernement nigérian, qui vise à simplifier les démarches administratives, réduire les inefficiences et stimuler l’innovation dans des secteurs comme la santé, l’agriculture, la fintech ou l’éducation. Par exemple, une fois opérationnelle, elle permettra aux citoyens de ne plus avoir à saisir à plusieurs reprises les mêmes informations personnelles pour différentes démarches administratives.
« Nous avons vu comment l’interopérabilité a transformé les services financiers grâce à la NIBSS. La NGDX étendra cette puissance à l’ensemble de notre économie », a déclaré M. Tijani. D’ailleurs, les autorités nigérianes visent une contribution de 22 % des technologies de l’information et de la communication (TIC) au PIB d'ici 2027.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’essor du numérique en Afrique a donné naissance à de nouveaux métiers, dont celui de créateur de contenu. Portée par une jeunesse ultra-connectée et l’explosion des réseaux sociaux, cette activité s’impose désormais comme un moteur émergent de l’économie digitale du continent.
Le marché africain de la création de contenu numérique est évalué à 5,10 milliards USD en 2025 et pourrait atteindre près de 30 milliards USD d’ici 2032, selon les projections du cabinet d’analyse Coherent Market Insights. Avec un taux de croissance annuel estimé à 28,9 %, le continent se positionne parmi les pôles les plus dynamiques de l’économie mondiale des créateurs.
Cette progression est portée par plusieurs facteurs structurants. D’abord, le poids démographique de la jeunesse africaine. Près de 60 % des habitants ont moins de 25 ans, une génération connectée et consommatrice de contenus numériques. Ensuite, la démocratisation de l’accès à Internet et la forte pénétration des smartphones ont ouvert la voie à une explosion de la production de contenus. Enfin, les réseaux sociaux, de Facebook à Instagram en passant par YouTube, servent de catalyseurs à cette économie, rejoints par des plateformes locales telles que Boomplay ou Mdundo, qui renforcent les opportunités de diffusion et de monétisation.
Selon l’étude, le continent compte désormais 17 % des internautes mondiaux et environ 385 millions d’utilisateurs actifs des médias sociaux, soit un taux de pénétration de 27,7 %. Cette dynamique alimente une diversification rapide des modèles économiques : vidéos en ligne, musique, tutoriels, podcasts, campagnes d’influence, mais aussi initiatives entrepreneuriales comme des agences digitales, studios de production ou encore académies de formation au numérique. Certains créateurs parviennent à générer plusieurs milliers de dollars par mois grâce à YouTube, confirmant le potentiel de cette économie.
Toutefois, des défis de taille subsistent. La monétisation demeure inégale. Plus de la moitié des créateurs africains gagnent moins de 62 USD par mois, un revenu très en deçà de leur potentiel. Les faibles tarifs publicitaires pratiqués sur le continent limitent les retombées financières, tandis que la saturation progressive des plateformes, les incertitudes réglementaires et l’absence de mécanismes de soutien structurés freinent l’émergence d’écosystèmes viables.
Pour transformer cet élan en véritable levier économique, l’Afrique devra renforcer les infrastructures numériques, encourager les partenariats entre plateformes et acteurs locaux, et surtout créer des environnements favorables à l’innovation et à la monétisation équitable. Cela passe aussi par une meilleure réglementation, notamment la protection des droits d’auteur, une fiscalité adaptée et une transparence des modèles de rémunération.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En rendant interopérables les paiements, les Comores souhaitent élargir l’accès aux services financiers, moderniser les transactions et stimuler l’innovation. Une stratégie nationale d’inclusion financière a déjà été lancée pour soutenir cet objectif.
Le fournisseur mondial de solutions de paiement PayLogic a annoncé, le lundi 25 août, la mise en service du système national de paiement aux Comores, le « National Payment Switch ». Cette plateforme interopérable, désormais opérationnelle, vise à réduire la dépendance au cash et à accélérer l’inclusion financière dans le pays.
« La réussite de la solution de paiement nationale aux Comores reflète l’engagement de PayLogic à faire progresser les infrastructures de paiement sécurisées et interopérables sur les marchés émergents. En s’associant aux banques centrales et aux institutions financières, nous aidons à mettre en place des systèmes qui favorisent l’inclusion, l’efficacité et l’innovation financière à long terme », a déclaré Mohamed Mekouar, président exécutif de PayLogic.
Concrètement, la plateforme assure l’interopérabilité entre les banques, les institutions de microfinance et les opérateurs de monnaie mobile. Elle permet d’effectuer des transactions numériques en temps réel : virements, paiements marchands ou transferts de fonds depuis la diaspora afin de réduire la dépendance à l’argent liquide et de faciliter l’accès aux services financiers pour les ménages comme pour les petites entreprises.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Projet d’appui au développement du secteur financier (PADSF) aux Comores soutenu par la Banque mondiale. Elle intervient dans un contexte où l’inclusion financière reste limitée aux Comores. Pour y remédier, la Banque centrale a lancé une politique d’ouverture gratuite de comptes bancaires pour les particuliers ainsi que des transferts d’argent sans frais pour la diaspora. L'objectif est de porter le taux de bancarisation à 50 % d’ici fin 2025.
Toutefois, plusieurs défis subsistent pour assurer le succès du dispositif. La pénétration d’Internet reste faible (35,7 % début 2025), malgré une couverture mobile relativement élevée (77,6 %). La méfiance à l’égard des paiements numériques pourrait également freiner l’adoption. La réussite du projet dépendra enfin de la capacité des acteurs financiers à proposer des services accessibles, abordables et adaptés aux besoins locaux.
Avec ce lancement, les Comores rejoignent une liste croissante de pays ayant choisi PayLogic comme partenaire pour leurs commutateurs de paiement nationaux interopérables, notamment le Lesotho, l’Eswatini, ainsi que six États d’Afrique centrale à travers un commutateur régional.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le programme couvre la période 2025–2028. Outre le Kenya, il touche dix pays d’Afrique subsaharienne que sont le Bénin, le Botswana, le Burundi, la Côte d'Ivoire, l’Éthiopie, le Malawi, le Nigeria, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe.
Le Kenya a lancé, le lundi 25 août, le système de cartographie du haut débit Africa Broadband Mapping Systems (Africa BB-Maps), financé à hauteur de 15 millions d’euros par l’Union européenne (UE). Également soutenu par l’Union internationale des télécommunications (UIT), le projet vise à fournir des données harmonisées sur l’infrastructure, la couverture, la qualité de service et l’abordabilité de l’Internet.
Dans un communiqué, l’Autorité des communications (CA) explique que l’Africa BB-Maps doit permettre de mieux orienter les investissements et les politiques publiques en matière de connectivité. « La capacité de lier la cartographie du haut débit à la planification socio-économique nous permettra de prioriser la connectivité pour les zones économiques, les établissements de santé, les pôles agricoles et les centres communautaires, améliorant directement les résultats en matière d’éducation, de santé, de commerce et de gouvernance », a déclaré David Mugonyi, directeur général du régulateur télécoms.
M. Mugonyi a ajouté que la cartographie viendra compléter les réformes en cours visant à accélérer l’attribution du spectre, promouvoir le partage d’infrastructures et réduire le coût de la connectivité. Le gouvernement kényan multiplie déjà les efforts pour généraliser l’accès à Internet dans le cadre de ses ambitions de transformation numérique.
L’exécutif prévoit notamment la pose de plus de 100 000 kilomètres de câbles en fibre optique, la création de 25 000 points d’accès Wi-Fi publics et la mise en place de villages numériques dans chacun des 1 450 districts du pays. En avril 2023, la Banque mondiale s’est engagée à financer la mise en œuvre de la première phase du projet d’accélération de l’économie numérique du Kenya à hauteur de 390 millions USD.
Selon les données de la CA, le Kenya comptait 57,1 millions d’abonnements aux services Internet mobiles à fin mars 2025, dont 44,4 millions en haut débit, ainsi que 1,8 million d’abonnements à l’Internet fixe pour une population estimée à 56,43 millions d’habitants. Toutefois, ces chiffres sont probablement surestimés, car une même personne peut utiliser plusieurs cartes SIM, chacune étant comptabilisée comme un abonnement. La GSMA estime qu’en réalité, environ 35 millions de Kényans restent privés d’accès à l’Internet mobile.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le continent africain mise sur les solutions technologiques pour moderniser ses infrastructures et anticiper les crises climatiques. Les drones émergent comme un outil stratégique, capable de transformer la maintenance des routes, la gestion des catastrophes et le suivi agricole.
La Banque africaine de développement (BAD) et Aerosense Inc., entreprise japonaise spécialisée dans les drones, ont signé le jeudi 21 août une lettre d’intention pour promouvoir l’usage de cette technologie dans la gestion des infrastructures en Afrique. L’accord a été conclu en marge de la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD9), à Yokohama au Japon.
« Ce programme est une réponse audacieuse aux défis croissants de l’Afrique en matière d’infrastructures. En partenariat avec Aerosense, nous ne favoriserons pas seulement une gestion efficace des routes, mais nous envisagerons également de promouvoir d’autres solutions uniques telles que la gestion des catastrophes, le contrôle des rivières et des inondations, la détection agricole et la livraison d’équipements médicaux », a déclaré Solomon Quaynor (photo, à gauche), vice-président de la BAD chargé du secteur privé, des infrastructures et de l’industrialisation.
Concrètement, la BAD se chargera de coordonner les relations avec les gouvernements africains, de faciliter le financement des projets et de renforcer les capacités locales. De son côté, Aerosense mènera des études de faisabilité et adaptera ses drones aux conditions géographiques et logistiques locales. Déjà retenue en juin 2025 dans le cadre du programme de maintenance routière durable pour l’Afrique (SRMPA), la technologie permettra de collecter des données précises sur l’état des routes, facilitant une maintenance prédictive plus efficace et moins coûteuse.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte de déficit chronique en infrastructures sur le continent. Selon le rapport « State of Africa’s Infrastructure 2024 » de l’Africa Finance Corporation, la majorité des routes asphaltées se concentre dans les régions nord et sud du continent, avec près de 40 % du total en Afrique du Sud et en Algérie. Chaque année, l’Afrique perd jusqu’à 2 % de croissance économique à cause de la mauvaise qualité de ses infrastructures. Le changement climatique accentue encore cette vulnérabilité. En 2022, les inondations au Nigeria ont détruit plus de 100 000 hectares de terres agricoles et endommagé plusieurs axes routiers stratégiques.
Le recours aux drones dans les services publics africains a déjà montré son efficacité. Au Rwanda, Zipline a acheminé plus de 500 000 poches de sang dans des zones reculées, tandis qu’au Ghana et en Afrique du Sud, les drones sont utilisés pour la distribution de vaccins et la surveillance agricole. L’accord BAD – Aerosense vise à étendre ces usages, en particulier dans la maintenance des routes, un secteur stratégique pour le commerce intra-africain souvent ralenti par des goulets d’étranglement logistiques.
À terme, le déploiement des drones pourrait transformer la gestion des infrastructures et la prévention des risques climatiques sur le continent. Une surveillance aérienne régulière permettrait non seulement de réduire les coûts de maintenance, mais aussi de renforcer la résilience face aux catastrophes, tout en favorisant le développement économique et la fluidité du commerce régional.
Samira Njoya
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Le visa électronique transforme progressivement la mobilité en Afrique, simplifiant l’accès aux pays pour les voyageurs tout en modernisant la gestion des frontières. Cette transition numérique promet de stimuler le tourisme, le commerce, tout en posant de nouveaux défis en cybersécurité et inclusion numérique.
L’Afrique avance à petits pas vers la facilitation de la mobilité sur son territoire. Longtemps perçues comme un frein aux échanges, les lourdeurs administratives liées à l’obtention de visas cèdent progressivement la place à des solutions numériques. L’e-visa, désormais adopté par un nombre croissant de pays, s’impose comme un outil de modernisation et de compétitivité pour les économies africaines.
Concrètement, l’e-visa permet aux voyageurs de soumettre leur demande en ligne et de recevoir l’autorisation de séjour sans passer par une ambassade ni déposer leur passeport. Pour les États, il offre une gestion centralisée des flux, un meilleur contrôle des données et une réduction des risques de fraude. Pour les usagers, il représente un gain de temps et une simplification qui encouragent la mobilité, qu’elle soit touristique, professionnelle ou commerciale.
Au cours de la dernière décennie, près de 30 pays africains ont adopté l’e-visa, parmi lesquels le Cameroun, le Rwanda, le Kenya, l’Éthiopie, l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Égypte, la Tanzanie ou encore le Nigéria. Certains, tels que le Bénin ou la Gambie, vont plus loin avec une politique d’accès simplifié, voire sans visa pour les citoyens africains, favorisant ainsi les échanges régionaux.
Le marché mondial de l’e-visa est en plein essor. Selon la société d'études de marchés Spherical Insights, la valeur du visa électronique devrait atteindre 2 633,5 millions de dollars d’ici 2033, avec une croissance annuelle moyenne de 10,9 %. Ces chiffres traduisent l’importance croissante des systèmes numériques de délivrance de visas dans un monde de plus en plus connecté.
En Afrique, les données restent limitées, mais les résultats observés sont encourageants. Le Cameroun, par exemple, a enregistré 29 milliards FCFA (51,7 millions de dollars) de recettes grâce à son système d’e-visa entre avril 2023 et octobre 2024. Un succès qui attire l’attention de nombreux pays voisins, désireux de bénéficier à leur tour des effets multiplicateurs d’un tel dispositif sur le tourisme et les revenus consulaires.
L’e-visa centralise une quantité importante de données personnelles sensibles, ce qui en fait une cible privilégiée pour les cyberattaques. Des incidents, tels que l’attaque ayant conduit à la suspension temporaire du système d’e-visa au Kenya en 2023, illustrent les risques potentiels. La mise en place de mesures de cybersécurité robustes est essentielle pour préserver la confiance des utilisateurs et assurer la fiabilité du système.

À cela s’ajoutent des obstacles opérationnels et d’accès. Dans plusieurs régions, l’absence ou la faible qualité d’Internet limite l’usage de l’e-visa, tandis que des difficultés de paiement en ligne, des erreurs de traitement ou des pannes temporaires peuvent retarder l’obtention du visa et compliquer la mobilité des voyageurs, affectant à la fois les administrations et les utilisateurs.
Si l’e-visa marque une avancée indéniable, son efficacité dépendra aussi de la capacité des pays africains à harmoniser leurs systèmes. Contrairement à l’Union européenne et son espace Schengen, l’Afrique fonctionne encore par initiatives nationales dispersées, souvent incompatibles entre elles. Une approche régionale ou continentale, portée par l’Union africaine ou dans le cadre de la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine), permettrait non seulement de fluidifier davantage les échanges, mais aussi de mutualiser les investissements technologiques et de renforcer la cybersécurité.
L’enjeu dépasse ainsi la simple logique de recettes consulaires. L’e-visa pourrait devenir un véritable outil diplomatique et stratégique au service de la libre circulation, du commerce intra-africain et du développement touristique. Bien intégré dans les politiques nationales et régionales, il pourrait constituer l’un des piliers d’une Afrique plus connectée et mieux intégrée dans l’économie mondiale.
Samira Njoya
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La transformation numérique de l’éducation figure parmi les priorités du gouvernement sénégalais. En début d’année, il a présenté une stratégie quinquennale, dotée d’une enveloppe d’environ 232 millions de dollars, destinée à moderniser le système éducatif.
Le gouvernement sénégalais veut renforcer sa coopération avec l’opérateur télécoms Sonatel (Orange) et la société technologique chinoise Huawei dans le domaine de l’éducation numérique. Un protocole d’accord a été conclu entre les trois parties la semaine dernière, en marge de la Conférence mondiale sur l’éducation intelligente 2025, organisée à Pékin du lundi 18 au mercredi 20 août.
Signé par Moustapha Mamba Guirassy, ministre de l’Éducation nationale, l’accord porte sur le déploiement d’équipements pédagogiques numériques, le développement d’infrastructures numériques et la formation des talents. Selon un communiqué de Huawei publié le 22 août, cette initiative doit « accélérer la transformation numérique de l’éducation nationale sénégalaise et promouvoir l’éducation inclusive ».
Elle s’inscrit dans un contexte où Dakar multiplie les initiatives pour intégrer les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans son système éducatif. En janvier, le gouvernement a présenté une stratégie numérique pour l’éducation 2025–2029, dotée d’un budget de 130 milliards de francs CFA (environ 232 millions de dollars), visant à moderniser l’école grâce à l’intelligence artificielle et à répondre à la demande croissante de compétences numériques sur le marché du travail.
Toujours en janvier, une convention a été signée avec Télé-École, chaîne éducative sénégalaise, pour développer des contenus numériques adaptés et mettre à disposition des outils en ligne jusque dans les zones reculées.
En mars, le ministère de l’Éducation nationale et celui de l’Enseignement supérieur ont lancé un vaste programme de formation au numérique et à l’intelligence artificielle destiné à 105 000 enseignants et personnels administratifs. L’objectif est de permettre aux bénéficiaires d’adapter les pratiques pédagogiques aux évolutions technologiques, d’intégrer les ressources numériques dans l’apprentissage, de sensibiliser les élèves aux enjeux du numérique et de renforcer les compétences en cybersécurité dans les établissements scolaires.
Ces efforts s’inscrivent dans une dynamique internationale. L’UNESCO promeut en effet l’intégration des TIC dans l’éducation, soulignant leur potentiel pour améliorer l’accès, renforcer les acquis d’apprentissage et développer les compétences du XXIᵉ siècle. Au Sénégal, le système éducatif reste toutefois confronté à de nombreux défis, selon les autorités. Il s’agit notamment de programmes souvent en décalage avec les réalités nationales et les besoins de l’économie, du retard dans l’adaptation aux enjeux du numérique, de la déperdition scolaire élevée, du déficit d’enseignants et du manque d’infrastructures face à des effectifs d’élèves en constante augmentation.
Il convient toutefois de rappeler que la collaboration n’en est, pour l’instant, qu’au stade de protocole d’accord. Si elle traduit une volonté de coopération, rien ne garantit encore sa concrétisation. Aucun détail n’a été communiqué quant au calendrier de signature d’un accord formel. Il faudra donc attendre les développements ultérieurs pour en mesurer les retombées potentielles.
Isaac K. Kassouwi
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Les fraudes numériques se professionnalisent et génèrent des centaines de millions de dollars de pertes chaque année. Pour contrer cette menace, Interpol coordonne des actions internationales qui ciblent directement les réseaux criminels les plus actifs.
L’organisation internationale de police criminelle (Interpol) a annoncé le vendredi 22 août la récupération de 97,4 millions de dollars et l’identification de près de 88 000 victimes lors d’une vaste opération de lutte contre la cybercriminalité menée dans 18 pays africains entre juin et août 2025. Baptisée « Serengeti 2.0 », cette opération a également permis le démantèlement de 11 432 infrastructures criminelles et conduit à 1209 arrestations.
« Chaque opération coordonnée par Interpol s'appuie sur la précédente, en approfondissant la coopération, en augmentant le partage d'informations et en développant les compétences en matière d'enquête dans les pays membres. Avec davantage de contributions et une expertise partagée, les résultats ne cessent d'augmenter en ampleur et en impact », a déclaré Valdecy Urquiza, Secrétaire général de l’organisation.
En Angola, les autorités ont découvert 25 fermes illégales de minage de cryptomonnaies, gérées par 60 ressortissants chinois, soutenues par 45 minicentrales électriques clandestines. Le préjudice est estimé à 37 millions de dollars, tandis que le matériel saisi sera réaffecté pour améliorer l’accès à l’électricité dans les zones vulnérables.
En Zambie, les enquêteurs ont mis au jour une escroquerie à l’investissement en ligne d’une ampleur sans précédent, ayant fait près de 65 000 victimes et généré des pertes estimées à 300 millions de dollars. Quinze suspects ont été interpellés, tandis que des preuves numériques ont été saisies. Les investigations se poursuivent afin de retracer les flux financiers et de démanteler les éventuelles ramifications internationales du réseau.
En Côte d’Ivoire, une escroquerie transnationale à l’héritage opérant depuis l’Allemagne a été neutralisée. Le principal suspect a été arrêté, avec la saisie de biens de valeur : bijoux, véhicules et liquidités pour un montant estimé à 1,6 million de dollars.
Soutenue par le Royaume-Uni dans le cadre de l’Opération conjointe africaine contre la cybercriminalité (AFJOC), l’initiative a mobilisé des experts du secteur privé, notamment pour le traçage des cryptomonnaies, l’analyse des ransomwares et l’usage du renseignement open source. Interpol a par ailleurs travaillé avec l’International Cyber Offender Prevention Network (InterCOP), un consortium de 36 pays chargé d’anticiper et de neutraliser les menaces numériques avant qu’elles ne se concrétisent.
L'opération survient à peine quelques mois après l’opération « Red Card » (Carton Rouge), qui avait conduit à l’arrestation de 306 personnes et à la saisie de près de 2000 appareils électroniques dans sept pays africains : Afrique du Sud, Côte d'Ivoire, Ghana, Kenya, Nigeria, Tanzanie et Ouganda.
La cybercriminalité représente aujourd’hui un enjeu critique pour les économies africaines, déjà fragilisées par des infrastructures numériques inégalement développées. Selon l’Union africaine, elle coûterait chaque année près de 4 milliards de dollars au continent. Selon une étude de Cybersecurity Ventures, la montée en puissance de l’intelligence artificielle devrait encore aggraver la situation, avec une hausse estimée de 11 % des pertes mondiales, atteignant 10,5 milliards de dollars en 2025.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le mobile money est devenu un incontournable pour l’épargne pour des millions d’Africains. Cependant, son adoption dans le domaine du crédit reste limitée, principalement à cause de la prédominance des mécanismes informels, malgré les progrès réalisés grâce à certaines innovations.
La part d’adultes africains possédant un compte de mobile money est passée de 27% à 40% entre 2021 et 2024, soit le taux le plus élevé au monde. C’est ce que révèle le rapport « The Global Findex Database 2025 : Connectivity and Financial Inclusion in the Digital Economy » publié en juillet 2025 par la Banque mondiale.
Le rapport révèle que 23% des adultes africains ont épargné via leur compte mobile en 2024 (contre 13% en 2021), tandis que 35% ont déclaré avoir épargné sous forme digitale ou via des institutions traditionnelles. Des pays comme le Ghana, le Kenya, le Sénégal ou l’Ouganda affichent même des taux d’utilisation de la monnaie mobile pour l’épargne dépassant les 50% chez les adultes, signe d’une appropriation massive du service.
Plus accessible que les réseaux bancaires, le mobile money facilite l’épargne par petites sommes, la flexibilité des dépôts et retraits chez des agents locaux, et une adoption plus inclusive, surtout pour les milieux ruraux et informels.
Epargne oui, mais crédit limité
Malgré ce succès pour l’épargne, l’accès au crédit via le mobile money demeure très modeste. En 2024, seulement 7% des adultes africains ont emprunté via leur compte mobile, un chiffre stable par rapport à 2021, alors que près de 59% ont eu recours au crédit (mais essentiellement sous forme informelle : famille, tontine).

Dans les grandes économies de mobile money (Kenya, Ghana, Ouganda), 22 à 32% des adultes ont emprunté via un opérateur mobile, mais ce crédit reste de très faible montant, à court terme, et souvent associé à des taux d’intérêt élevés, limitant l’effet d’entraînement économique global.
Pourquoi ce décalage ?
Plusieurs facteurs le justifient. Selon la Banque mondiale, la réglementation reste prudente, les autorités craignant le surendettement ou la fraude. L’organisation dénonce aussi des modèles économiques privilégiant le dépôt et le paiement, moins risqués que le crédit.
De plus, le rapport révèle que les clients eux-mêmes hésitent à s’endetter via des plateformes peu connues pour le prêt (méfiance, faible culture financière, simulateurs d’éligibilité trop stricts).
Des innovations, mais des limites à surmonter
Si quelques fintech et plateformes mobiles spécialisées élargissent progressivement l’offre (score de crédit alternatif, nano-crédit pour micro-entrepreneurs), le passage à une offre massive de crédit digital inclusif reste à faire. Le rapport précise que les pays comme le Kenya ayant une coopération étroite entre opérateurs mobiles, banques et autorités de régulation sont en avance, mais que l’offre avance ailleurs à petits pas.
L’enjeu est désormais de coupler l’accès à l’épargne digitale à des politiques de littératie financière, de protection des usagers (risques d’arnaque, surendettement) et d’innovation réglementaire pour que l’accès au crédit progresse sans fragiliser les populations déjà vulnérables.
Pour la Banque mondiale, le potentiel du mobile money en Afrique ne sera vraiment libéré que lorsqu’il contribuera autant à l’investissement productif qu’à la sécurisation de l’épargne. Cela implique de renforcer la confiance et la capacité d’analyse des clients sur les offres de crédit digitalisées, d’améliorer l’interopérabilité entre services et institutions et d’adapter l’offre de crédit aux réalités économiques locales, tout en minimisant les risques associés.
Melchior Koba
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À quelques semaines du référendum constitutionnel, la Guinée introduit des outils numériques pour favoriser une participation citoyenne plus éclairée. L’objectif est de rapprocher le débat constitutionnel des réalités quotidiennes des populations.
La Guinée prévoit d’organiser le 21 septembre prochain un référendum constitutionnel. Dans cette perspective, une plateforme numérique baptisée « maconstitution.info » a été récemment lancée afin de permettre aux citoyens d’accéder facilement au projet de nouvelle Constitution et d’en saisir les principaux enjeux.
Mené conjointement par le Secrétariat général du Gouvernement, le ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, ainsi que le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large d’inclusion numérique.
« Nous franchissons un cap : celui de marier technologie et valeurs démocratiques pour offrir à chaque Guinéen un accès clair et direct au projet de nouvelle Constitution. Cette plateforme découle de notre engagement à respecter l’article 18 de la loi L/012 du 25 avril 2025. Elle met à disposition de tous un outil simple et transparent », a déclaré Tamba Benoît Kamano, le ministre secrétaire général du gouvernement.
Disponible sur mobile, tablette et ordinateur, la plateforme propose une consultation intégrale du projet constitutionnel et un espace interactif permettant aux utilisateurs de poser des questions. Ces dernières sont traitées par des juristes du Secrétariat général, avec un engagement de réponse sous 48 heures.
Pour garantir une participation la plus large possible, la plateforme décline ses contenus en plusieurs langues nationales, ce qui permet de toucher les citoyens ne maîtrisant pas le français et de réduire les barrières linguistiques dans l’accès à l’information. Si cette démarche s’avère concluante, elle pourrait devenir une référence pour d’autres processus de consultation publique en Guinée, voire inspirer des initiatives similaires dans la sous-région
Selon les données de DataReportal, la Guinée comptait au début de l’année 2025 près de 3,96 millions d’internautes, soit un taux de pénétration de 26,5 %. Un chiffre en progression, mais qui souligne encore les défis liés à l’accès équitable au numérique, notamment dans les zones rurales. C’est dans ce contexte que « maconstitution.info » s’inscrit comme une innovation visant à élargir la participation citoyenne, malgré les limites actuelles d’infrastructure et de connectivité.
Adoni Conrad Quenum
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