Face à l’essor de son industrie extractive, la Côte d’Ivoire mise sur la digitalisation pour moderniser la gestion des titres miniers. Un outil stratégique qui doit renforcer la transparence, attirer les investisseurs et consolider le poids du secteur dans l’économie nationale.
Le gouvernement ivoirien a officiellement lancé, lundi 22 septembre à Abidjan, le portail numérique e-cadastre minier Côte d’Ivoire. Cette plateforme innovante est conçue pour dématérialiser la gestion des demandes de permis et autorisations minières.
« Le lancement du portail e-cadastre minier est un tournant qualitatif et décisif dans le développement de notre secteur minier, qui connaît une évolution positive significative depuis plus d’une décennie », a déclaré le Premier ministre, Robert Beugré Mambé, lors de la cérémonie d’inauguration. Selon lui, l’initiative illustre la volonté de l’État d’assurer une gouvernance moderne et transparente. De 2012 à 2025, la production nationale d’or a quadruplé, tandis que celle de manganèse a été multipliée par dix, confirmant la vitalité du secteur.
Sur le plan fonctionnel, l’e-cadastre numérise l’intégralité de la chaîne de traitement des titres : dépôt des demandes, instruction, délivrance, suivi et archivage. La solution repose sur Landfolio, intégrée à une infrastructure cloud sécurisée. Plus de 200 agents de l’administration minière ont été formés pour en garantir l’exploitation. L’outil est présenté comme un levier d’accélération des procédures, de conformité aux standards internationaux (notamment ITIE) et de lutte contre l’orpaillage clandestin.
Ce lancement intervient dans un contexte de montée en puissance du secteur minier, dont la contribution au PIB est passée de moins de 1 % avant 2014 à près de 4 % aujourd’hui. Le gouvernement s’est fixé pour objectif d’atteindre 6 % d’ici la fin de l’année, en s’appuyant sur des gisements prometteurs en or, manganèse, nickel et lithium, ainsi que sur une série de réformes destinées à renforcer l’attractivité du pays auprès des investisseurs.
Avec le déploiement de ce portail, les autorités espèrent renforcer la transparence, améliorer la compétitivité du secteur et réduire les délais administratifs pour les opérateurs. L’e-cadastre devrait aussi contribuer à une meilleure mobilisation des recettes publiques et à une gestion plus responsable des ressources. Le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, a réaffirmé l’ambition du pays : « faire de la Côte d’Ivoire, d’ici dix ans, la référence en Afrique en matière de gestion responsable des ressources extractives ».
Samira Njoya
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L’adoption de l’IA progresse rapidement et ouvre de nouvelles perspectives, mais certaines contraintes, comme la langue, freinent encore son déploiement en Afrique.
Bosun Tijani (photo), ministre des Communications, de l’Innovation et de l’Économie numérique du Nigeria, a annoncé le samedi 20 septembre le lancement de N-ATLAS v1, un grand modèle de langage (LLM) open-source et multilingue. La première version prend en charge le yoruba, le haoussa, l’igbo et l’anglais avec un accent nigérian.
Le modèle est basé sur LLaMA, développé par la société américaine Meta avec laquelle le gouvernement nigérian collabore dans plusieurs domaines du numérique, dont l’intelligence artificielle. Le modèle a été conçu par Awarri Technologies et s’inscrit dans le cadre de l’initiative Nigerian Languages AI, qui vise à promouvoir l’inclusion numérique et à préserver le patrimoine linguistique africain à l’ère du numérique.
Selon les autorités nigérianes, N-ATLAS v1 peut être utilisé pour déployer des chatbots multilingues, traduire du contenu entre l’anglais et les langues locales, créer des supports éducatifs, documenter et préserver le patrimoine linguistique africain, soutenir la recherche sur les langues nigérianes et africaines, ainsi que fournir des services gouvernementaux alimentés par l’IA.
Cette initiative du gouvernement nigérian intervient dans un contexte où la barrière linguistique est considérée comme l’un des principaux obstacles à l’adoption de l’IA et à l’exploitation de ses opportunités sur le continent africain. Ce point a été souligné lors du Sommet mondial « AI for Good 2024 », organisé par l’UIT. Pelonomi Moila, PDG de Lelapa AI, l’une des principales intervenantes, a déclaré : « si vous ne parlez pas l’une des langues majeures européennes, vous ne pouvez pas accéder aux produits et services numériques qui ne sont pas multilingues – des chatbots aux instructions vocales ou aux services gouvernementaux ».
Il convient toutefois de rappeler que N-ATLAS v1, tel que lancé par les autorités nigérianes, n’est pas directement accessible comme ChatGPT ou Gemini. Le modèle est disponible sur la plateforme spécialisée Hugging Face, où les développeurs peuvent le récupérer et l’utiliser comme moteur pour créer de nouveaux outils, tels que des chatbots spécialisés ou des services de traduction. Ce n’est qu’une fois ces applications développées et mises à la disposition du public que les consommateurs finaux pourront en profiter.
Isaac K. Kassouwi
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Dans un contexte marqué par la multiplication des cybermenaces, l’Afrique doit relever le défi du manque de compétences spécialisées. La formation devient une priorité pour bâtir un écosystème numérique résilient et sûr.
Deloitte, cabinet international d’audit, conseil et services technologiques, a inauguré le vendredi 19 septembre à Casablanca sa CyberAcademy, rattachée au Deloitte Morocco Cyber Center. Ce centre de formation spécialisé dans la cybersécurité s’adresse aux professionnels, étudiants, jeunes diplômés et profils en reconversion, dans un contexte où les entreprises peinent à recruter des talents qualifiés.
La CyberAcademy propose plus de 60 formations certifiantes couvrant les dimensions techniques, organisationnelles, réglementaires et stratégiques de la cybersécurité. Certains modules intègrent déjà l’intelligence artificielle, et les programmes modulables sont conçus pour s’adapter aux besoins spécifiques des entreprises. L’académie s’appuie sur des partenariats académiques reconnus, ainsi que des certifications internationales (ISC², ISACA, PECB, etc.), pour garantir la qualité des parcours.
Ce lancement s’inscrit dans la dynamique du Deloitte Morocco Cyber Center, inauguré en février 2023. Le centre compte aujourd’hui une centaine d’ingénieurs marocains et africains, dont environ 50 % de femmes, et vise à atteindre plus de 450 experts d’ici 2025. Par ailleurs, le Maroc a progressé dans le classement mondial de la cybersécurité : le Global Cybersecurity Index 2024, publié par l’UIT, lui attribue un score de 97,5 sur 100, le classant parmi les pays de référence (Tier 1) sur le plan international.
Avec cette académie, Deloitte entend répondre à un déficit de compétences avéré : de nombreuses entreprises et institutions éprouvent des difficultés à recruter des profils en cybersécurité avancée, en réponse à la multiplication des cyberattaques, des menaces de fraude numérique, et des exigences réglementaires accrues. Le besoin est également poussé par la transformation numérique accélérée du pays, avec une forte pénétration d’Internet, un usage massif des services en ligne et une numérisation grandissante des services publics.
Samira Njoya
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Le nouveau ministre des TIC et de l’Innovation devra notamment s’appuyer sur l’expérience acquise au sein du ministère afin de poursuivre et accélérer les projets numériques du Rwanda.
Yves Iradukunda (photo) est désormais ministre d’État chargé des Technologies de l’information et de la communication (TIC) et de l’Innovation au Rwanda. Il a été nommé le jeudi 18 septembre par le président Paul Kagame, dans le cadre d’un remaniement ministériel. Il succède à Paula Ingabire, qui occupait jusque-là le poste de ministre de plein exercice dans ce portefeuille stratégique.
Cette nomination consacre une carrière déjà marquée par une forte implication dans la modernisation de l’administration et la promotion de l’entrepreneuriat numérique. Jusqu’ici secrétaire permanent au ministère des TIC et de l’Innovation, Yves Iradukunda a supervisé des projets stratégiques visant à renforcer la connectivité du pays, à développer les compétences numériques et à favoriser l’émergence de solutions technologiques locales.
Avant d’intégrer la haute fonction publique, il s’était illustré dans le secteur du développement et de la philanthropie. Il a notamment occupé les postes de directeur pays de l’Allan & Gill Gray Philanthropy au Rwanda et de directeur des opérations mondiales chez MASS Design Group, une organisation internationale de design et d’ingénierie sociale.
Titulaire d’une licence en mathématiques et informatique de l’Oklahoma Christian University aux États-Unis, Yves Iradukunda a ensuite obtenu un MBA à l’African Leadership University School of Business, ainsi qu’un diplôme en innovation des services publics délivré par la Cambridge Judge Business School. Ce bagage académique, complété par son expérience de terrain, nourrit sa vision d’un numérique inclusif au service du développement.
Engagé de longue date dans la formation et l’accompagnement de la jeunesse, il est également cofondateur et ancien dirigeant de l’organisation Emerging Leaders and Entrepreneurs of Rwanda, qui œuvre à la promotion du leadership et de l’entrepreneuriat.
Cette nomination intervient dans un contexte où Kigali entend accélérer sa transition numérique et affirmer son statut de hub technologique régional. Le nouveau ministre devra jouer un rôle clé dans l’accélération des projets déjà en cours, visant à réduire la fracture entre zones urbaines et rurales, stimuler l’innovation locale et le développement de start-up, renforcer la cybersécurité et la souveraineté numérique, tout en accompagnant le développement des compétences de la jeunesse pour répondre à la demande croissante en talents dans le secteur.
À l’issue de sa nomination, Yves Iradukunda s’est dit « pleinement déterminé à tout donner pour façonner un avenir meilleur pour les Rwandais grâce aux technologies transformatrices ».
Samira Njoya
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Selon StartupBlink, l’écosystème start-up du Mozambique est encore naissant. Il compte des entreprises comme 80X RECORD$, Chicoa Fish Farm, et Ethale Books App.
L’Autorité de régulation des communications du Mozambique (INCM) a inauguré en début de semaine le ThinkLab, un incubateur destiné à accompagner les start-up et les entrepreneurs locaux dans les domaines du numérique. Le lancement s’est déroulé à Maputo en présence du ministre des Communications et de la Transformation numérique, Américo Muchanga.
« Une nation sans innovation est une nation d’esprits endormis. Le ThinkLab est un laboratoire destiné à projeter des solutions numériques pour les défis nationaux les plus urgents. C’est aussi une plateforme de collaboration, où le secteur privé, le monde académique et le gouvernement planifient et projettent ensemble l’avenir que nous voulons » a déclaré ce dernier.
12 jeunes pousses ont été retenues pour ce premier cycle d’incubation. Elles opèrent dans des secteurs variés tels que la santé, le transport, la finance, l’informatique et l’IA. À travers le ThinkLab, le régulateur entend leur offrir un appui technique et réglementaire, des ressources, des formations et un accompagnement par des mentors, tout en facilitant leur mise en relation avec des experts et des investisseurs. L’objectif est d’assurer la viabilité des projets, de favoriser l’accès aux financements et de bâtir un écosystème collaboratif réunissant start-up, entreprises, universités et régulateurs.
L’INCM espère que ce projet va contribuer à encourager la transformation numérique, l’une des priorités des autorités mozambicaines. C’est dans ce cadre que l’exécutif a lancé en mars dernier l’initiative « Internet Para Todos » pour démocratiser l’accès à Internet d’ici 2030. Cette action est perçue comme « un pilier fondamental de la stratégie globale de transformation numérique du gouvernement, en créant un environnement digital inclusif qui permettra aux citoyens, aux entreprises et aux institutions publiques d’interagir et d’innover, contribuant ainsi à l’émergence d’une économie numérique accessible et inclusive ».
Selon la société d’investissement panafricaine Renew Capital, l’écosystème start-up au Mozambique reste encore embryonnaire. Elle souligne toutefois que la découverte de vastes réserves de gaz naturel, l’abondance de ressources minières et la position géographique stratégique du pays en font un marché prometteur à surveiller en Afrique. Les défis évoqués comprennent le cadre réglementaire encore en construction, des infrastructures insuffisantes, notamment en matière de connectivité Internet, ainsi qu’un déficit marqué de compétences dans les métiers technologiques.
Isaac K. Kassouwi
Edité par : Feriol Bewa
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Face à l’essor du commerce électronique et aux défis de la cybersécurité, la Zambie multiplie les réformes pour adapter son environnement juridique. Une démarche qui illustre la volonté du pays de bâtir une économie numérique solide et compétitive.
La Zambie poursuit la mise à jour de son cadre législatif afin d’accompagner l’essor des services numériques. Lors de sa dix-septième réunion, tenue le lundi 15 septembre, le Cabinet a approuvé l’introduction au Parlement de deux projets de loi portant respectivement sur les communications électroniques et sur les services postaux.
Le premier projet modifie la loi sur les communications et les transactions électroniques, promulguée en 2021 pour établir les bases juridiques du commerce en ligne, des paiements numériques et des services électroniques. Selon Cornelius Mweetwa (photo), ministre de l’Information et des Médias depuis septembre 2023, cette révision vise à corriger certaines incohérences avec la loi sur la cybersécurité prévue en 2025 et à renforcer la régulation des infrastructures à clé publique, essentielles pour la sécurité des transactions.
« La loi vise à promouvoir un environnement en ligne sûr et fiable, en protégeant les consommateurs et les entreprises. L’amendement améliorera la fiabilité et l’efficacité des transactions électroniques, tout en stimulant la croissance économique », a-t-il déclaré. Le ministre a toutefois souligné que l’application de la loi actuelle avait révélé des difficultés, notamment dans le processus d’octroi des licences et dans l’articulation avec les infrastructures critiques.
Le deuxième projet remplace la loi postale en vigueur depuis 2009, jugée obsolète face à l’évolution technologique et aux nouveaux défis, tels que ceux liés à la cybercriminalité et à la contrefaçon. Il entend adapter le régime juridique aux transformations du marché postal et des services de messagerie, fortement impactés par l’essor du commerce électronique.
Ces réformes s’inscrivent dans la Stratégie nationale de transformation numérique (2023-2027), qui vise à moderniser l’économie zambienne par le numérique et à instaurer un climat de confiance pour les entreprises et les consommateurs.
À terme, ces textes contribueront à renforcer la sécurité et la compétitivité de l’environnement numérique, à accroître la confiance des investisseurs et à accélérer l’adoption des services numériques en Zambie. Ils soutiendront également la diversification économique en favorisant l’innovation et l’émergence de nouveaux modèles d’affaires basés sur le numérique.
Samira Njoya
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Le gouvernement tchadien a engagé un vaste chantier de transformation numérique pour moderniser ses services publics et renforcer la transparence. Le pays prévoit d’investir 1,5 milliard de dollars d’ici 2030, avec pour priorité la dématérialisation des procédures et la digitalisation des secteurs stratégiques.
La secrétaire d’État au Pétrole, aux Mines et à la Géologie, Khadidja Hassane Abdoulaye (photo), a annoncé mercredi 17 septembre le lancement imminent d’un système numérique dédié à la gestion des activités minières sur l’ensemble du territoire. Prévu pour le vendredi 19 septembre, l’outil vise à centraliser la délivrance des titres miniers, sécuriser les zones d’exploration et d’exploitation, et offrir un accès en temps réel à l’information pour les investisseurs et les citoyens.
« Le lancement et l’opérationnalisation de cet outil constituent une avancée significative dans notre volonté de moderniser et de sécuriser la gestion des ressources minières nationales. Il s’agit d’un engagement fort en faveur de la transparence, de la bonne gouvernance et de la valorisation durable de nos richesses », a déclaré Khadidja Hassane Abdoulaye.
La mise en place du cadastre minier numérique s’inscrit dans un vaste chantier de réformes destiné à assainir le secteur extractif. Ces dernières années, le Tchad a adopté des ajustements juridiques et techniques afin d’aligner son cadre réglementaire sur les standards internationaux et de rendre son secteur minier plus attractif. Aujourd’hui, ce secteur ne représente qu’environ 1 % du PIB, mais le gouvernement ambitionne de porter cette part à 5 % d’ici 2030.
À l’échelle continentale, plusieurs pays africains tels que la RDC, le Gabon ou encore le Burkina Faso ont déjà introduit des cadastres miniers numériques afin de limiter les fraudes, de sécuriser les investissements et d’augmenter les recettes fiscales. Le Tchad suit donc une tendance visant à accroître la transparence et la compétitivité dans la gestion des ressources naturelles.
Au-delà de l’investissement, ce projet est aussi perçu comme un levier de bonne gouvernance. Pour les investisseurs, il garantit un meilleur accès aux données et une réduction des risques liés aux conflits fonciers. Pour les citoyens, il incarne une promesse de transparence accrue et une gestion plus équitable des richesses nationales, dans un contexte où le pays cherche à diversifier son économie et à réduire sa dépendance aux hydrocarbures.
Samira Njoya
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Dans de nombreux pays africains, les autorités considèrent désormais le numérique comme l’un des piliers du développement socio-économique des prochaines années. Pour concrétiser cette ambition, elles misent largement sur les partenariats internationaux.
Le gouvernement congolais a annoncé, le jeudi 18 septembre, avoir signé un protocole d’accord avec la société technologique chinoise Genew Technologies. La collaboration envisagée par les deux parties vise notamment à développer l’économie numérique, renforcer les infrastructures critiques et former les jeunes à l’intelligence artificielle (IA).
Le protocole d’accord a été signé par Léon Juste Ibombo (photo, à droite), ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, en marge du sommet des BRICS sur la nouvelle révolution industrielle qui se tient en Chine. Pour lui, il s’agit d’un nouveau partenaire et investisseur dans la vision des autorités de faire du numérique le cinquième pilier du Plan national de développement 2022-2026. L’exécutif veut mettre les TIC au service du développement socio-économique du pays.
Le communiqué du gouvernement congolais ne précise pas les projets spécifiques que couvrira cette collaboration dans le domaine du numérique. Toutefois, le Projet d’accélération de la Transformation Numérique (PATN), soutenu par la Banque mondiale à hauteur de 100 millions de dollars et par la Banque européenne d’investissement à hauteur de 27 milliards de francs CFA (environ 48,7 millions de dollars), constitue le projet phare du pays en la matière.
Selon la Banque mondiale, ce programme met l’accent sur l’utilisation productive du haut débit dans la prestation de services publics numériques. Il prévoit notamment de financer la connectivité des zones isolées, la mise en place d’un intranet gouvernemental sécurisé, le développement d’un portail unique pour les services en ligne destinés aux citoyens ainsi que de multiples systèmes d’information pour améliorer la gestion des services publics.
« Le projet devrait par ailleurs accroître la disponibilité du haut débit mobile 3G pour 404 000 personnes supplémentaires, offrir à 3000 personnes la possibilité d’acquérir des compétences numériques certifiées, de base à avancées, et permettre à 75 000 personnes par jour d’accéder aux services numériques soutenus par le projet », indiquait l’institution de Bretton Woods dans un communiqué publié en juin 2022.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Engagée dans une modernisation accélérée de son économie, l’Algérie mise sur le numérique comme levier stratégique. Un nouveau projet vient renforcer cette dynamique, inscrit dans la feuille de route de transformation digitale à l’horizon 2030.
Le Fonds national d’investissement (FNI) a annoncé le mardi 16 septembre la signature d’une convention avec un consortium de quatre entreprises du secteur numérique : Optimum Télécom Algérie (Djezzy), IT-DEV Spa, Inet Spa et Smart Test Spa. L’initiative vise à poser les bases de la création d’un pôle technologique dans le pays.
« Ce pôle a pour vocation de devenir un acteur majeur de la numérisation, principalement dans le secteur des finances, en fédérant les compétences, les infrastructures et les filiales technologiques et participations détenues par le FNI », précise le Fonds.
Selon le communiqué du FNI, le pôle permettra d’intégrer des solutions numériques dans les activités du secteur financier, et à accompagner les institutions publiques et les entreprises dans leur transformation numérique, afin de renforcer l’offre de services modernes, accessibles et performants pour les citoyens et les entreprises. Le FNI souligne que ce projet représente un tournant stratégique pour son rôle dans l’écosystème numérique national, afin de garantir la cohérence, l’optimisation et la mutualisation des ressources.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la Stratégie nationale de transformation numérique 2030 en cours d’élaboration. Cette stratégie place la gouvernance numérique au cœur de ses priorités. Elle intervient dans un contexte où l’Algérie multiplie les projets numériques pour moderniser son administration et stimuler l’innovation. Ces dernières années, le pays a renforcé ses infrastructures de télécommunications, élargi la couverture 4G à plus de 85 % de la population et lancé plusieurs programmes de formation aux compétences numériques pour les jeunes et les entreprises. Le pôle technologique devrait capitaliser sur ces acquis pour créer un écosystème structuré, capable de mutualiser les ressources et de valoriser l’expertise locale.
Une fois opérationnel, le pôle devrait faciliter l’optimisation des investissements technologiques, accélérer l’innovation dans les services numériques et attirer des acteurs régionaux et internationaux. L’initiative pourrait également jouer un rôle clé dans le développement économique, en favorisant l’émergence de solutions adaptées aux besoins du secteur financier, tout en renforçant la compétitivité des start-up et entreprises algériennes sur le marché numérique.
Samira Njoya
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En février, le Sénégal a dévoilé le New Deal Technologique, une stratégie ambitieuse de transformation numérique. Cette vision commence à se concrétiser avec le déploiement progressif de projets visant à moderniser l’administration.
Le Sénégal prévoit de mettre en œuvre dès décembre la première phase de sa plateforme nationale d’interopérabilité des données. Le projet, lancé en avril 2025 par le gouvernement, vise à fluidifier et à sécuriser les échanges d’informations entre ministères, agences publiques et structures privées.
Selon le Comité de Coordination (COCOOR), réuni le mardi 16 septembre pour évaluer l’état d’avancement du chantier, cette plateforme permettra dans un premier temps d’accélérer le versement des aides sociales aux familles vulnérables, de renforcer la transparence dans la gestion publique et de faciliter les démarches administratives pour les citoyens et les entreprises. « L’interopérabilité n’est pas seulement une innovation technique, c’est un levier pour moderniser la gouvernance et stimuler l’innovation dans l’écosystème numérique », indique le ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie numérique.
Ce projet s’inscrit dans le cadre du New Deal Technologique et de l’Agenda Sénégal 2050, qui ambitionnent de moderniser l’administration, d’optimiser les ressources publiques et de positionner le pays comme un hub numérique régional. Ces dernières années, Dakar a multiplié les réformes pour numériser ses services publics, notamment avec la plateforme Senegal Services, la généralisation de l’e-gouvernement et la dématérialisation progressive des procédures administratives.
Avec un taux de pénétration d’Internet estimé à environ 70 % en janvier 2025 et une forte progression de l’adoption du mobile money, l’interopérabilité pourrait transformer l’expérience des usagers et accroître la confiance dans l’administration numérique. Elle devrait également ouvrir de nouvelles perspectives aux start-up locales, grâce à l’accès sécurisé et standardisé aux données publiques.
Samira Njoya
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Le Maroc s’est donné le pari de réussir la prochaine Coupe d’Afrique des nations qu’il organise. Pour y parvenir, il déploie un ensemble de dispositifs technologiques et d’infrastructures modernisées afin de fluidifier l’accueil et la gestion des flux pendant l’événement.
La Confédération africaine de football (CAF) prévoit de lancer le jeudi 25 septembre l’application mobile « Yalla », conçue pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui se déroulera du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026 au Maroc. Cette innovation vise à transformer l’expérience des spectateurs et à centraliser l’accès aux services essentiels liés à l’événement.
Selon la CAF, l’application permettra de centraliser la billetterie, l’hébergement et le calendrier des matchs. Chaque détenteur de billet devra s’inscrire pour obtenir un Fan ID via l’application, garantissant un accès fluide aux stades et aux fan zones. Les visiteurs pourront également compléter et suivre en ligne leur demande de e-Visa. L’outil fournira en outre des mises à jour en temps réel, des contenus personnalisés ainsi que des informations sur la sécurité et les directives locales, afin de faciliter l’intégration des spectateurs étrangers pendant la compétition.
Le lancement de Yalla s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus large de déploiement des nouvelles technologies pour assurer le bon déroulement de la CAN. Plus tôt dans l’année, le Maroc avait présenté le plan « Décollage 2025 », destiné à moderniser ses aéroports et à améliorer l’expérience des voyageurs grâce au système d’information SMART AIRPORT, qui assure la surveillance en temps réel des infrastructures, l’optimisation des flux de visiteurs et la collecte de données. Par ailleurs, le déploiement de la 5G prévu pour novembre fera de la CAN le premier test grandeur nature de cette technologie sur le territoire marocain.
Toutes ces initiatives devraient non seulement garantir le bon déroulement de la compétition, mais également préparer la Coupe du monde de football 2030, que le Maroc co-organisera avec l’Espagne et le Portugal. Elles devraient également permettre d’améliorer l’expérience des voyageurs et de renforcer la coordination et l’exploitation des données à l’échelle nationale.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le rapport révèle que sur les pays africains étudiés, plusieurs affichent une progression notable par rapport à l’édition précédente, notamment le Maroc, le Sénégal et la Namibie. Toutefois, les écarts restent marqués entre la première économie africaine et le Niger, dernier au niveau continental et mondial.
Maurice, le Maroc et l’Afrique du Sud sont les pays africains les plus innovants en 2025, selon le classement publié le mardi 16 septembre par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) dans son rapport « Global Innovation Index 2025: Innovation at a Crossroads ».
L’étude analyse les performances en matière d’innovation de 139 pays à travers le monde. Elle s’appuie sur 80 indicateurs regroupés en sept piliers, allant des institutions au capital humain et à la recherche, en passant par les infrastructures, la sophistication des marchés et des entreprises, ainsi que les résultats en matière de connaissances, de technologies et de créativité.
Avec un 53ᵉ rang mondial, Maurice confirme son rôle de leader régional. Selon le rapport, l’île s’appuie sur des institutions solides, un système éducatif performant et une politique favorable aux investissements, qui renforcent sa capacité d’innovation.
Le Maroc, qui se hisse au 57ᵉ rang, enregistre sa meilleure performance historique. Cette progression est le fruit de politiques soutenues dans les énergies renouvelables, l’industrialisation et le numérique. L’Afrique du Sud, de son côté, occupe la 61ᵉ place mondiale. Elle conserve sa position de moteur régional grâce à son réseau d’universités de renom et à un écosystème de recherche et développement très actif.
Derrière ce trio de tête, les Seychelles (75ᵉ) progressent grâce à la digitalisation des services publics et à leur engagement en faveur du développement durable. La Tunisie (76ᵉ) maintient sa place parmi les économies les plus innovantes du continent, grâce à la qualité de son capital humain et à la vitalité de son secteur technologique.
L’Égypte (86ᵉ) s’affirme quant à elle comme un hub numérique en Afrique du Nord, avec un écosystème entrepreneurial en pleine expansion. Le Botswana (87ᵉ) continue d’avancer, misant sur la stabilité de sa gouvernance et le développement de la finance et des services.
Le Sénégal (89ᵉ) se distingue en tant que « surperformant » par rapport à son niveau de développement, grâce notamment à la vitalité de son écosystème de start-up et à l’essor du capital-risque. La Namibie (91ᵉ) connaît également une progression notable, soutenue par des investissements dans l’éducation et des réformes institutionnelles. Enfin, le Cap-Vert (95ᵉ), porté par l’essor des services mobiles et des initiatives gouvernementales favorisant l’entrepreneuriat technologique, malgré un recul relatif dans le classement mondial par rapport à l’année précédente.
Si aucun pays africain ne figure encore dans le Top 50 mondial, le rapport met en évidence des signaux positifs. Plusieurs économies, à l’image du Maroc, du Sénégal ou de la Namibie, affichent des dynamiques ascendantes et renforcent la diversité des moteurs de l’innovation sur le continent.
À l’échelle internationale, la Suisse, la Suède et les États-Unis occupent les trois premières places du classement, confirmant leur statut d’économies les plus innovantes de la planète.
Samira Njoya
Classement des pays africains les plus innovants en 2025
1-Maurice (53e rang mondial)
2-Maroc (57e)
3-Afrique du Sud (61e)
4-Seychelles (75e)
5-Tunisie (76e)
6-Egypte (86e)
7-Botswana (87e)
8-Sénégal (89e)
9-Namibie (91e)
10-Cap-Vert (95e)
11-Ghana (101e)
12-Kenya (102e)
13-Rwanda (104e)
14-Nigeria (105e)
15-Côte d’Ivoire (110e)
16-Zambie (112e)
17-Algérie (115e)
18-Cameroun (116e)
19-Togo (117e)
20-Bénin (118e)
21-Madagascar (120e)
22-Tanzanie (121e)
23-Ouganda (124e)
24-Malawi (125e)
25-Burkina Faso (126e)
26-Burundi (127e)
27-Mozambique (128e)
28-Zimbabwe (129e)
29-Mauritanie (131e)
30-Lesotho (132e)
31-Guinée (133e)
32-Ethiopie (134e)
33-Mali (135e)
34-République du Congo (137e)
35-Angola (138e)
36-Niger (139e)
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L’inclusion numérique fait partie des priorités des autorités malgaches. Elles ont lancé en avril 2025 une initiative visant à distribuer 664 000 appareils numériques aux citoyens.
Le gouvernement malgache prévoit d’équiper 22 000 chefs de fokontany (subdivision administrative de base) et chefs d’arrondissement administratif (CAA) de smartphones, dans le cadre de sa stratégie de transformation numérique. À cet effet, l’exécutif a lancé un appel d’offres le mercredi 10 septembre, qui restera ouvert jusqu’au 3 novembre.
Ces smartphones seront accompagnés de batteries externes et de chargeurs solaires. Il est également prévu la formation des bénéficiaires à l’usage des outils et des applications gouvernementales. L’objectif de cette initiative est de renforcer la connectivité numérique et l’accès aux outils technologiques essentiels pour les acteurs administratifs locaux, en particulier dans les zones éloignées, a expliqué le ministère du Développement du numérique dans un communiqué publié le lundi 15 septembre.
Cette démarche fait partie du Projet de connectivité numérique et énergétique pour l’inclusion à Madagascar (DECIM), soutenu par la Banque mondiale à hauteur de 375 millions de dollars. Le projet vise à accélérer le déploiement de l’Internet et de l’énergie dans les zones mal desservies du pays. Une de ses composantes clés est l’équipement de l’administration publique en terminaux numériques, afin d’améliorer la gestion locale et de rapprocher l’État des citoyens. Ces appareils permettront à chaque représentant local de collecter, transmettre, suivre et agir en temps réel, même en l’absence d’électricité ou de connexion réseau.
L’initiative s’inscrit également dans les ambitions de transformation numérique du gouvernement, présentées dans le Plan stratégique quinquennal du numérique (PSN) 2023–2028. L’exécutif souhaite faire de Madagascar un acteur majeur de l’économie numérique en Afrique, notamment à travers le développement des télécommunications, de l’e-gouvernement et de l’inclusion numérique. Les autorités tablent ainsi sur une contribution du secteur numérique de 6 % au PIB d’ici 2028, contre 1,5 % en 2019.
Pour le moment, Madagascar est classé 168ᵉ mondial sur 193 à l’Indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) des Nations unies. En 2024, le pays a enregistré un score de 0,3235 sur 1, en dessous des moyennes africaine (0,4247) et mondiale (0,6382).
Isaac K. Kassouwi
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Face à la pénurie de médecins et à l’isolement des villages africains, la télémédecine ouvre une nouvelle voie. Grâce aux technologies numériques, des start-up locales conçoivent des solutions pour rapprocher les soins des populations rurales longtemps laissées pour compte.
En Afrique subsaharienne, environ 57 % de la population vit en milieu rural, soit près de 700 millions de personnes. Dans certains pays comme le Burundi, cette proportion dépasse 85 %. Ces zones isolées sont souvent confrontées à une pénurie d’infrastructures sanitaires, à un manque de professionnels qualifiés et à un accès limité aux soins spécialisés. Selon l’OMS, la région connaîtra une pénurie de 6,1 millions de travailleurs de la santé d’ici 2030, soit une hausse de 45 % par rapport à 2013. Conséquence : des décès évitables, des diagnostics tardifs et une pression accrue sur les hôpitaux urbains.
La télémédecine, qui recouvre la téléconsultation, la télésurveillance, la téléexpertise ou encore la téléassistance, utilise les technologies de l’information pour offrir des soins à distance. Elle permet de dépasser les barrières géographiques et logistiques, et d’apporter une réponse concrète aux communautés éloignées des centres de santé.
Plusieurs start-up africaines s’imposent sur ce terrain. Au Kenya, Ilara Health fournit aux cliniques rurales des outils de diagnostic abordables, permettant aux médecins d’effectuer des examens de qualité sans infrastructures lourdes. Une approche similaire est développée au Cameroun par Waspito, qui relie patients et praticiens via une application mobile, offrant consultations vidéo, livraison de médicaments et accès à des tests de laboratoire.
Dans les villages reculés du Tchad, Telemedan installe des kiosques solaires de télémédecine, garantissant des consultations accessibles même là où les infrastructures font défaut. Au Ghana, Diagnosify exploite l’intelligence artificielle pour détecter précocement les maladies de la peau et orienter les patients vers des dermatologues, étendant ainsi l’accès à des soins spécialisés jusque dans les zones les plus isolées.
Les gouvernements, de leur côté, commencent à intégrer l’e-santé dans leurs politiques publiques, souvent avec le soutien de partenaires comme la Banque mondiale ou l’OMS. Digitalisation des registres médicaux, plateformes officielles de téléconsultation ou formation en ligne des agents de santé s’ajoutent ainsi aux initiatives locales, pour renforcer durablement les systèmes de santé.
La télémédecine dans les déserts médicaux africains se heurte toutefois à plusieurs obstacles. La connectivité demeure insuffisante dans de nombreuses zones. En 2024, 57 % des habitants des zones urbaines en Afrique utilisaient Internet, contre seulement 23 % dans les zones rurales, selon l’Union internationale des télécommunications. À cette fracture numérique s’ajoutent le manque de formation des professionnels de santé et des patients, la persistance de croyances traditionnelles qui freinent l’adoption des technologies, ainsi que l’absence de cadres solides pour protéger les données médicales.
Mais au-delà de ces difficultés, les enjeux sont considérables. La télémédecine constitue une opportunité pour repenser l’organisation des soins, en désengorgeant les hôpitaux urbains et en rapprochant la médecine des zones reculées. Elle pourrait contribuer à réduire les inégalités d’accès à la santé, en garantissant à chaque patient, quel que soit son lieu de résidence, un suivi médical de qualité.
Investir dans les start-up de l’e-santé apparaît alors comme un levier essentiel. Ces jeunes pousses, grâce à leur ancrage local, conçoivent des solutions adaptées aux réalités du terrain : applications accessibles sur téléphones basiques, kiosques solaires, plateformes en langues locales. En comblant les manques laissés par les structures traditionnelles, elles réduisent la distance entre praticiens et patients, et offrent un relais vital pour les populations les plus isolées.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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