Sénégal : les communes sommées de bannir les logiciels non certifiés pour la gestion de l’état civil

Par : Samira Njoya

Date de création : mercredi, 19 novembre 2025 10:05

Face à la montée rapide de la cybercriminalité au Sénégal, les administrations sont appelées à renforcer la protection des données publiques. La gestion de l’état civil, particulièrement sensible, doit désormais répondre à des exigences strictes de sécurité numérique.

Le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, Balla Moussa Fofana (photo, à droite), a appelé, mardi 18 novembre, les collectivités à mettre fin à l’utilisation de logiciels privés et d’applications non certifiées dans la gestion de l’état civil. Il s’exprimait à l’occasion du lancement de la Semaine nationale de l’état civil, organisée à Kothiary, dans la région de Tambacounda.

Le ministre a insisté sur les risques liés à ces logiciels non homologués, qu’il considère comme « un danger majeur pour les données des citoyens ». Il a mis en garde contre tout échange d’informations sensibles sur des plateformes non sécurisées telles que Gmail, WhatsApp ou Hotmail, soulignant que ces pratiques exposent les registres à des intrusions, manipulations ou suppressions susceptibles d’engendrer des conflits d’identité ou des fraudes.

Cette sortie intervient alors que l’Agence nationale de l’état civil (ANEC) poursuit un vaste chantier de modernisation. À ce jour, 400 centres d’état civil sur les 600 que compte le pays sont déjà équipés du logiciel national de gestion, connecté au registre central qui concentre plus de 20 millions d’actes. Plusieurs nouveaux outils sont également en cours de déploiement, dont une plateforme de services en ligne accessible à tous les citoyens, ainsi qu’un module de déclaration des naissances et des décès destiné aux structures sanitaires, chefs de village et délégués de quartier.

La numérisation de l’état civil s’inscrit dans la dynamique du New Deal technologique, la stratégie numérique lancée par les autorités sénégalaises pour accélérer la transformation du pays. Le plan ambitionne de numériser 90 % des services publics d’ici 2034, à travers un ensemble de programmes prioritaires dédiés à la souveraineté numérique, à la modernisation des services administratifs et à l’amélioration de l’accès des citoyens aux démarches en ligne.

En rappelant aux communes l’obligation de s’aligner sur les solutions certifiées par l’État, l’objectif est aussi de prémunir l’état civil contre une exploitation criminelle des données, dans un contexte de forte recrudescence des cybermenaces. En 2024, plus de 10 millions de cyberattaques ont été détectées et bloquées au Sénégal, selon Kaspersky, avec une augmentation notable des vols de mots de passe (de ~36 000 en 2023 à ~72 000 en 2024). Par ailleurs, les attaques dites « exploits » (failles de sécurité) ont quasiment doublé, atteignant plus de 293 000 cas, et plus de 600 000 tentatives d’intrusion via le protocole RDP (accès à distance) ont été enregistrées.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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