Chaque week-end, la rédaction de We Are Tech Africa vous rappelle les principales informations de la semaine dans le domaine du numérique en Afrique, ainsi que leurs implications.
Orange - AFD : un nouveau cadre de coopération pour soutenir le numérique en zone MEA
Orange et l’Agence française de développement ont signé un accord de trois ans pour renforcer leur coopération numérique en Afrique et au Moyen-Orient. Le partenariat vise à réduire la fracture numérique, développer des infrastructures, former les jeunes et promouvoir des solutions durables, notamment dans les zones rurales et vulnérables.
Blockchain : Bitget et l’UNICEF s’associent pour former 300 000 jeunes dans 8 pays
Bitget s’est associée à l’UNICEF Luxembourg pour former 300 000 jeunes dans le monde, dont des Marocains et des Sud-Africains, aux compétences numériques et à la blockchain d’ici 2025. L’initiative, centrée sur l’inclusion des filles, vise à réduire les inégalités de genre et à soutenir l’éducation numérique en Afrique et au-delà.
L’Algérie lance une plateforme pour faciliter les campagnes de dons de sang
L’Algérie a lancé une plateforme numérique pour faciliter le don de sang et améliorer la coordination entre donneurs et centres de transfusion. Accessible en ligne, elle permet l’inscription, la géolocalisation des centres et la gestion des stocks, s’inscrivant dans une stratégie de modernisation du système national de collecte.
Burundi : Mediabox déploie un système interconnecté pour les services fonciers
La société burundaise Mediabox a lancé un système de gestion électronique des documents au sein de l’administration foncière, avec l’appui de la Banque mondiale. Ce dispositif interne vise à améliorer la traçabilité, la sécurité et l’efficacité des opérations foncières, dans un pays confronté à de lourds défis en matière de gouvernance foncière.
Comores : le numérique s’invite à l’école avec les plateformes E-Shiyo et E-Msomo
Les Comores ont lancé deux plateformes éducatives, E-Shiyo et E-Msomo, pour améliorer l’accès à l’éducation et moderniser la gestion scolaire. Soutenue par l’UNICEF et ANADEN, l’initiative s’inscrit dans la stratégie Comores Numérique 2028 et vise une gouvernance éducative plus efficace, malgré les défis liés à la connectivité et à l’équipement.
Face aux retards persistants dans l’exécution des politiques publiques et au manque de transparence dans l’administration, le gouvernement congolais mise sur le numérique. Avec le SISAG, il espère moderniser le suivi de son action et renforcer la redevabilité.
La République démocratique du Congo s’apprête à lancer, au troisième trimestre 2025, un Système d’information de suivi des actions gouvernementales baptisé SISAG. Ce dispositif technologique vise à centraliser et actualiser en temps réel l’ensemble des données liées à la mise en œuvre des projets prioritaires portés par l’exécutif.
Conçu pour renforcer la rigueur et la réactivité dans l’exécution des projets publics, le SISAG introduit plusieurs fonctionnalités stratégiques, parmi lesquelles : la visualisation en temps réel de l’état d’avancement des projets grâce à des tableaux de bord dynamiques ; la génération automatique d’alertes en cas de retard ou de blocage ; la centralisation des données entre les ministères ; et l’interconnexion avec des institutions clés pour assurer la fiabilité et la fluidité des informations.
L’outil repose sur une interopérabilité avec des institutions telles que l’Institut national de la statistique (INS), le Secrétariat national de renforcement des capacités (SENAREC) ou encore l’Agence pour le développement du numérique (ADN), assurant une circulation fluide et fiable des données.
Le système est soutenu par une Unité technique spécialisée, l’USAG, chargée de coordonner les ministères, de compiler les données et de produire des recommandations fondées sur des analyses objectives. Ce dispositif entend améliorer la reddition de comptes et doter le gouvernement d’un outil d’aide à la décision plus efficace.
Un outil au service du PAG 2024–2028
Ce virage numérique s’inscrit dans le cadre du Programme d’actions du gouvernement (PAG) pour la période 2024–2028, récemment adopté par les autorités congolaises. Ce programme ambitionne d’ancrer l’action publique dans une logique de performance, avec des indicateurs clairs, des objectifs quantifiables et une obligation de résultats.
Le SISAG vient ainsi renforcer l’alignement entre les ambitions politiques et les moyens technologiques, en assurant un suivi minutieux des engagements pris, tout en facilitant une évaluation continue des résultats. Il représente un levier clé pour accélérer les investissements publics, améliorer la coordination interministérielle et renforcer la transparence dans la gestion des ressources.
Une démarche inspirée de modèles internationaux
La RDC s’inspire ainsi d’initiatives mises en œuvre dans d’autres pays africains. Le Rwanda, par exemple, utilise depuis plusieurs années un système de performance basé sur des contrats d’objectifs annuels appelé Imihigo. Le Bénin, de son côté, s’appuie sur l’outil MPAT pour évaluer la performance des ministères. Ces expériences ont démontré que, bien conçus, ces mécanismes peuvent améliorer la redevabilité et dynamiser l’action publique.
Une fois le SISAG pleinement opérationnel, l’exécutif congolais prévoit son extension progressive aux administrations provinciales, pour assurer un suivi plus granulaire des projets locaux. À terme, cet outil pourrait aussi intégrer un volet de transparence publique, en ouvrant une partie des données au public afin d’accroître la confiance des citoyens dans l’action publique. Mais pour que cette ambition se concrétise, il faudra assurer un déploiement rigoureux, un pilotage politique soutenu et une appropriation durable par l’ensemble des acteurs concernés.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Alors que le numérique transforme les systèmes éducatifs dans de nombreux pays africains, les Comores amorcent à leur tour cette mutation, à travers des outils conçus pour relever les défis d’accessibilité, d’équité et de modernisation.
Les Comores disposent désormais de deux plateformes éducatives, E-Shiyo et E-Msomo. Initiées par le ministère de l’Éducation nationale, avec le soutien technique de l’Agence nationale de développement du numérique (ANADEN) et l’appui financier de l’UNICEF, ces solutions visent à améliorer l’accès à l’éducation et à renforcer la gouvernance du secteur.
Le système éducatif comorien entre dans l’ère du numérique avec le lancement des plateformes E-Shiyo 📚 (accès en ligne aux manuels scolaires) et E-Msomo 📱 (gestion numérique des bulletins scolaires).
— UNICEF Comores (@UNICEFComores) June 18, 2025
✅E-Shiyo, c’est une bibliothèque numérique de manuels scolaires en ligne,… pic.twitter.com/91Z8gz80Ql
La plateforme E-Shiyo propose une bibliothèque numérique de manuels scolaires destinée aux élèves du préélémentaire et du primaire. Accessible en ligne sur l’ensemble du territoire, elle permet aux enfants d’accéder aux contenus pédagogiques à tout moment, à partir de tout appareil connecté.
E-Msomo, de son côté, numérise la gestion administrative des établissements scolaires. Elle introduit un système centralisé pour la gestion des bulletins, un identifiant unique pour chaque élève, ainsi qu’un suivi automatisé des résultats académiques. Cette modernisation vise à améliorer la traçabilité des parcours scolaires, à renforcer la transparence et à faciliter la prise de décision par les autorités éducatives.
L’initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie « Comores Numérique 2028 », qui ambitionne de transformer le pays grâce au numérique et d’accroître la contribution du secteur au PIB à hauteur de 5 % d’ici 2028. La modernisation des secteurs clés, comme l’éducation, y occupe une place centrale. À l’échelle du continent, la vague e-learning traduit un potentiel croissant. Selon Ambient Insight, le marché africain de l’apprentissage en ligne devrait dépasser 1,5 milliard USD d’ici 2030.
Au-delà de la distribution de manuels et de bulletins, ces outils marquent une avancée vers une gouvernance plus rigoureuse, grâce à des données consolidées pour l’évaluation des performances scolaires, une réduction des erreurs et une allocation plus efficace des ressources. Les prochaines étapes incluent le renforcement de la connectivité dans l’archipel, où le taux de pénétration d’Internet reste limité à 35,7 % selon Datareportal, l’équipement des écoles en matériel numérique, la formation des enseignants à leur usage et la protection des données.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le gouvernement ivoirien mise sur le numérique pour rapprocher les services de base des citoyens. De la justice à l’éducation, tous les secteurs sont engagés dans cette dynamique de modernisation.
Le Conseil des ministres a adopté le mercredi 18 juin un décret instituant, sur proposition des ministères de la Justice et de la Transition numérique, le certificat de nationalité numérique et l’attestation récognitive de nationalité en Côte d’Ivoire. Le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly (photo), a expliqué que cette réforme allège considérablement le processus de délivrance du certificat de nationalité. Elle introduit également l’attestation récognitive de nationalité, délivrée sur simple présentation d’une copie d’un certificat existant.
L’attestation récognitive de nationalité, équivalente à la « déclaration recognitive de nationalité » en droit français, permet à tout Ivoirien déjà en possession d’un certificat de nationalité valide et non contesté d’obtenir une version électronique simplifiée, sans avoir à refaire toute la procédure. Pour cela, les juridictions transmettent les copies des certificats délivrés à un dépositaire central chargé de les conserver et de faciliter leur réédition.
L’accès à ces documents se fait via la plateforme e-justice.ci, la même qui permet déjà d’obtenir en ligne des actes tels que le casier judiciaire ou l’acte d’individualité. Le certificat numérique est sécurisé par un cachet électronique visible (CEV), garantissant l’authenticité du document et permettant à tout usager ou administration de vérifier directement sa validité.
Le projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de transformation numérique, qui place la modernisation des services publics au cœur de ses priorités. Selon le dernier rapport des Nations unies sur l’e-gouvernance, la Côte d’Ivoire se classe au 124ᵉ rang sur 193 pays, avec un score de 0,5587 à l’indice de développement de l’administration en ligne. Ce positionnement témoigne d’une progression portée notamment par des initiatives comme e-Justice, mais souligne aussi les marges de progrès pour atteindre les standards des administrations les plus digitalisées.
Cette réforme vise à réduire les délais et les coûts des démarches, tout en renforçant la lutte contre la fraude documentaire et en fluidifiant l’accès aux services publics. Dans un contexte de modernisation administrative, ces solutions contribueront à renforcer la confiance des citoyens et à favoriser l’inclusion numérique. L’enjeu est désormais d’assurer une infrastructure fiable, une interopérabilité des plateformes et la formation du personnel pour pérenniser cette avancée.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Selon le think tank américain Brookings, 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne exigeront des compétences numériques d’ici 2030. Le continent peut devenir un vivier de talents, mais cela nécessite des investissements majeurs dans la formation et le développement des compétences.
Le ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, Yacine El Mahdi Oualid (photo), a annoncé, mardi 17 juin, l’intégration progressive de 40 nouvelles spécialités numériques dès la rentrée prochaine. Cette annonce a été faite à l’occasion d’une rencontre nationale intitulée « Les nouveaux métiers dans le domaine de la technologie de l'information ».
Ces nouvelles filières seront déployées dans plusieurs instituts et centres d’excellence répartis sur l’ensemble du territoire national. L’objectif est de moderniser l’offre de formation professionnelle et de l’aligner davantage sur les besoins réels de l’économie algérienne, en particulier dans les secteurs technologiques à forte croissance. La démarche vise également à renforcer l’insertion professionnelle des diplômés en intégrant des compétences très demandées sur le marché du travail.
Cette réforme s’intègre à une stratégie nationale plus vaste de transformation numérique. La Stratégie nationale de transformation numérique (SNTN), adoptée récemment, ambitionne de former 500 000 spécialistes en TIC tout en réduisant de 40 % la fuite des talents spécialisés vers l’étranger. Cette politique volontariste vise à accompagner la diversification de l’économie nationale, encore fortement dépendante des hydrocarbures, en misant sur un vivier local de compétences numériques.
En marge de cette rencontre, plusieurs conventions de coopération ont été signées, notamment entre le ministère et la Société nationale d’assurance (SAA), pour développer des mécanismes de formation continue et d’apprentissage. Deux autres accords ont été conclus avec Mobilis et la société de formation à distance Beeform Academy, renforçant ainsi les synergies entre secteur public, entreprises et prestataires privés de formation.
Grâce à cette réforme, les autorités visent à améliorer l’insertion professionnelle des jeunes, à renforcer l’écosystème numérique national et à développer un vivier de talents pour soutenir les ambitions technologiques du pays. À terme, ces efforts pourraient contribuer à faire de l’Algérie un pôle régional en matière de compétences numériques, tout en répondant à la demande locale d’emplois qualifiés dans les TIC.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités burundaises intensifient leurs efforts pour développer les TIC et accélérer la transformation numérique. Cette dynamique touche désormais tous les secteurs, y compris l’administration foncière, qui s’engage résolument vers la dématérialisation de ses services.
La société burundaise Mediabox a annoncé, mardi 17 juin, la mise en service d’un Système de gestion électronique des documents (EDRMS) au sein de la Direction des titres fonciers et du cadastre national (DTFCN). Financé par la Banque mondiale, ce système numérique vise à améliorer la gestion interne des opérations foncières en facilitant l’accès aux documents, l’archivage sécurisé, la traçabilité des actions et la transparence administrative.
📣 Transformation numérique de l’administration foncière au #Burundi : Mediabox déploie un Système de Gestion Électronique des Documents (EDRMS)
— Mediabox, Entreprise de Services Numériques (@mediabox16) June 17, 2025
Dans le cadre de la modernisation des services publics, #Mediabox est fière d’avoir accompagnée la Direction des Titres Fonciers et du… pic.twitter.com/C1QbHaQCIN
L’EDRMS, à la différence d’un portail public, est un outil exclusivement réservé aux agents de l’administration foncière. Il permet une consultation rapide et structurée des dossiers, tout en garantissant une traçabilité complète des opérations réalisées par les services compétents. L’objectif est de rationaliser les processus internes, de réduire les délais de traitement et de sécuriser les informations relatives à la propriété foncière.
La solution développée par Mediabox est interconnectée avec deux autres plateformes utilisées par la DTFCN : le Building Permit System (BPS), chargé de gérer les demandes de permis de construire et la délivrance des premiers titres de propriété, ainsi que le Property Management System (PMS), qui prend en charge les mises à jour des titres existants, qu’il s’agisse de transferts, de corrections ou d’hypothèques. L’ensemble constitue un écosystème numérique intégré, garantissant la continuité et la fiabilité des opérations foncières, de la demande initiale à la gestion post-délivrance.
Ce projet s’inscrit dans un contexte marqué par des défis persistants dans le secteur foncier burundais : lourdeurs administratives, absence de centralisation des archives, insécurité juridique des titres et lenteur dans la délivrance des documents. L’initiative vise à remédier à ces défis en outillant les agents publics pour qu’ils puissent travailler plus efficacement et avec davantage de transparence.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Projet d’Appui aux Fondations de l’Économie Numérique (PAFEN), financé à hauteur de 92 millions de dollars par la Banque mondiale. Le programme vise notamment à étendre l’accès au haut débit dans les zones rurales, développer les compétences numériques et promouvoir la numérisation des services publics. Selon l’Indice de développement de l’E-Gouvernement (EGDI) 2024 des Nations unies, le Burundi se positionne au 183e rang sur 193 pays, ce qui témoigne de défis importants.
La réussite du projet dépendra donc de la capacité à renforcer l’infrastructure numérique interne, à former les agents aux nouveaux outils technologiques, à instaurer une culture numérique au sein de l’administration et à assurer la sécurité des données sensibles liées au foncier. Il s’agira également de garantir la maintenance continue du système et d’assurer son évolutivité afin qu’il puisse répondre durablement aux besoins croissants de l’administration foncière.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La blockchain peut offrir de nouvelles perspectives économiques aux jeunes. Cependant, les inégalités d’accès aux compétences numériques restent un frein pour une grande partie de la jeunesse, en particulier les filles.
La plateforme d’échange mondiale de cryptomonnaies Bitget a annoncé, le lundi 16 juin, un partenariat avec le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) Luxembourg visant à former 300 000 jeunes aux compétences numériques, notamment à la blockchain, d’ici 2025. Cette initiative cible huit pays, dont deux en Afrique : le Maroc et l’Afrique du Sud.
La blockchain est une technologie de registre numérique sécurisé et décentralisé, qui permet de stocker et de transférer des informations de manière transparente et infalsifiable. Elle est au cœur des cryptomonnaies, mais trouve aussi des applications dans des domaines variés comme l’éducation, la santé ou la gestion des données.
Ce programme de trois ans mobilise la Bitget Academy, branche éducative de la plateforme, en partenariat avec le Bureau de l’innovation de l’UNICEF. Il prévoit le développement du premier module pédagogique interactif de l’UNICEF dédié à la blockchain. Ce contenu combinera formations en ligne et en présentiel, tout en intégrant des jeux vidéo pour renforcer l’apprentissage des jeunes et des éducateurs.
L’initiative se concentre particulièrement sur les filles, ainsi que leurs parents et enseignants, afin de réduire les inégalités de genre dans l’accès aux technologies. Elle vise à améliorer l’éducation dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie, des arts et des mathématiques (STEAM), avec pour ambition d’atteindre 1,1 million de filles d’ici 2027 via la coalition Game Changers pilotée par l’UNICEF.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de la coalition plus large des Game Changers qui vise à réduire l’écart entre les sexes dans l’éducation numérique. Ces disparités d’accès au numérique coûtent chaque année jusqu’à 15 milliards de dollars en opportunités économiques aux jeunes femmes des pays à revenu faible ou intermédiaire, selon l’UNICEF.
En ciblant le Maroc et l’Afrique du Sud, deux pays engagés dans la transformation numérique de leur système éducatif, cette initiative pourrait contribuer à la montée en compétences des jeunes, particulièrement des filles, et favoriser l’émergence d’une nouvelle génération d’acteurs du numérique en Afrique dans un secteur en forte croissance.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le Maroc s’impose comme une destination stratégique pour les investissements technologiques grâce à sa position géographique, ses infrastructures numériques en développement et son engagement en faveur des énergies renouvelables. Le pays attire de plus en plus d’acteurs mondiaux du numérique.
Le groupe technologique sud-coréen Naver a annoncé, vendredi 13 juin, la création d’un centre de données d’intelligence artificielle (IA) de nouvelle génération au Maroc, en partenariat avec Nvidia, Nexus Core Systems et l’investisseur Lloyds Capital. Alimenté par des énergies renouvelables, le site vise une capacité de 500 MW pour répondre à la demande croissante en services d’IA souverains dans la région EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique).
« Cette collaboration sera un tournant important pour la technologie de l'informatique en nuage et de l'IA de Naver afin de s'étendre au-delà du Japon, de l'Asie du Sud-Est et du Moyen-Orient au marché européen », a déclaré Chae Sun-joo (photo, au centre), PDG des activités stratégiques de Naver.
La première phase du chantier est prévue pour le quatrième trimestre avec l’installation d’un supercalculateur de 40 MW, équipé des tout derniers GPU Blackwell (GB200) de Nvidia. À terme, l’infrastructure devrait s’étendre progressivement à 500 MW, grâce à un accord conclu avec l’énergéticien TAQA pour garantir un approvisionnement stable en électricité verte.
Pour Naver, le choix du Maroc repose sur plusieurs atouts, notamment sa proximité géographique avec l’Europe (à seulement 15 km via le détroit de Gibraltar), son réseau de câbles sous-marins à fibres optiques et un environnement énergétique compétitif. Le royaume ambitionne d’atteindre 52 % de son mix énergétique à partir de sources renouvelables d’ici 2030 et dispose de projets d’envergure comme le complexe solaire Noor à Ouarzazate (580 MW installés).
Ce projet s’inscrit dans une dynamique régionale porteuse. Ces dernières années, le Maroc a renforcé son positionnement comme hub numérique en Afrique du Nord, attirant plusieurs investissements dans les data centers et les infrastructures cloud. Le pays a récemment été choisi pour accueillir un autre projet de méga data center de 386 MW à Tétouan.
Au-delà de son impact technologique, ce futur centre de données devrait avoir des retombées positives sur l’économie locale : création d’emplois qualifiés, transfert de compétences, développement de l’écosystème numérique et renforcement de la souveraineté numérique nationale. Il pourrait également attirer d’autres investissements internationaux dans les secteurs du cloud, de l’IA et des télécommunications, contribuant ainsi à positionner durablement le Maroc comme un carrefour stratégique de l’économie numérique en Afrique.
Samira Njoya
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Le numérique s’impose comme un levier de développement, et les partenariats entre acteurs publics et privés se multiplient pour réduire la fracture numérique, stimuler l’innovation locale et améliorer l’accès aux services essentiels en Afrique.
Le groupe télécom Orange et l’Agence française de développement ont signé, jeudi 12 juin en marge de VivaTech 2025, un accord-cadre de trois ans pour renforcer leur coopération dans le domaine du numérique, en particulier en Afrique et au Moyen-Orient. L’accord fait d’Orange un partenaire clé de la transformation numérique dans 17 pays de la région MEA.
« Ce partenariat stratégique avec le groupe AFD marque une étape importante de notre collaboration. Je me réjouis de poursuivre cette dynamique de coopération internationale pour un numérique plus inclusif et plus durable », a déclaré Christel Heydemann, directrice générale d’Orange.
Le partenariat vise à favoriser l’accès aux services numériques de base et à promouvoir des solutions numériques durables à fort impact. Il couvre plusieurs domaines prioritaires, à savoir le déploiement d’infrastructures stratégiques — backbones, câbles sous-marins —, l’accès aux e-services — éducation, santé, agriculture —, la formation des jeunes, l’entrepreneuriat numérique, ainsi que la réduction de l’empreinte environnementale du secteur. Les deux partenaires prévoient également d’aborder des thématiques émergentes telles que l’éthique des données et l’intelligence artificielle appliquée au développement.
Cet accord intervient dans un contexte où la demande pour les services numériques est en forte croissance sur le continent, portée par une jeunesse connectée mais encore confrontée à d'importantes disparités d'accès. D’après l’Union internationale des télécommunications (UIT), seuls 38 % des Africains avaient accès à Internet en 2024, contre 68 % à l’échelle mondiale. L’écart est encore plus marqué entre zones urbaines (57 % de couverture) et rurales (23 %), illustrant l’ampleur de la fracture numérique.
En s’unissant, Orange et l’AFD veulent notamment renforcer la souveraineté numérique des pays partenaires et contribuer à l’atteinte des Objectifs de développement durable à travers des initiatives locales, inclusives et responsables. Le nouveau cadre de coopération permettra également de consolider les projets en cours, comme les 16 Orange Digital Centers présents en Afrique ou les programmes de formation soutenus par les Fondations Orange en Côte d’Ivoire, Guinée, Madagascar et Tunisie, tout en lançant de nouvelles initiatives dans des zones rurales et vulnérables.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique est un levier stratégique pour moderniser l’administration malienne. En repensant ses services publics, le gouvernement entend renforcer la performance de l’État et faciliter l’accès des citoyens aux prestations essentielles.
Le Mali s’apprête à déployer deux nouvelles plateformes numériques pour moderniser son administration publique : un logiciel de gestion de l’état civil et un système intégré de gestion des ressources humaines. Les solutions ont été présentées le mardi 10 juin au comité de pilotage de la digitalisation de l’administration, dans le cadre du processus de transformation numérique impulsé par les plus hautes autorités du pays.
Le logiciel de gestion de l’état civil, développé par l’Agence nationale de sécurisation des actes d’état civil en collaboration avec le Centre de traitement des données de l’état civil, vise à faciliter l’enregistrement, la vérification et l’authentification des actes de naissance, de mariage et de décès. Accessible sur ordinateur et mobile, l’outil va permettre aux citoyens de consulter leurs documents à distance, allégeant ainsi les démarches administratives souvent longues et complexes.
Quant au système intégré de gestion des ressources humaines, il a pour objectif de centraliser les données des agents publics des services de l’État et des collectivités territoriales, afin de renforcer la maîtrise des effectifs, la transparence dans la gestion des carrières et la planification des ressources humaines.
Ces deux plateformes s’inscrivent dans une dynamique plus large portée par le président de la Transition, le général Assimi Goïta, pour rendre l’administration plus efficace et accessible. Elles viennent compléter une série d’outils déjà lancés ou en cours d’expérimentation, tels que le système intégré de gestion des opérations du commerce extérieur, le mécanisme de refinancement des systèmes financiers décentralisés baptisé « N’GNA SÔRÔ ! », ou encore la plateforme de gestion des certificats de jaugeage des camions-citernes conçue pour l’Agence malienne de métrologie.
À travers cette transformation numérique progressive, le Mali ambitionne non seulement de simplifier les interactions entre l’administration et les citoyens, mais aussi de renforcer la gouvernance, de lutter contre la fraude documentaire et de mieux piloter ses politiques publiques. Selon l’édition 2024 de l’indice des Nations unies sur le développement de l’e-gouvernement, le pays se positionne désormais à la 141e place sur 193, affichant des progrès notables par rapport aux années précédentes. Ces initiatives traduisent ainsi une volonté politique affirmée de combler le retard accumulé et de repositionner le pays parmi les administrations africaines les plus connectées.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Avec l’innovation technologique, l’Égypte cherche à renforcer son attractivité, améliorer l’accueil des voyageurs et soutenir ses ambitions économiques d’ici 2030.
L’Égypte va entamer à la mi-juin une phase pilote de son nouveau système de visa numérique à l’arrivée à l’aéroport international du Caire. Ce dispositif constitue une avancée majeure dans la stratégie du pays, qui mise sur les technologies numériques pour moderniser les procédures d’immigration et renforcer son attractivité touristique.
Conçu pour fluidifier l’arrivée des voyageurs internationaux, le système repose sur l’installation de bornes en libre-service au sein des terminaux et sur une application mobile dédiée. Les visiteurs pourront obtenir un visa d’urgence en quelques minutes, via un processus dématérialisé utilisant des QR codes et des paiements électroniques. Ce nouveau service permet de réduire les files d’attente, d’éliminer la paperasse et d’accélérer le passage aux frontières.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale du tourisme durable à l’horizon 2030, qui vise à accueillir 30 millions de touristes par an d’ici 2028. L’aéroport du Caire, principal point d’entrée du pays, servira de laboratoire pour ce programme, qui pourrait être étendu à d’autres plateformes comme Sharm el-Sheikh, Hurghada ou Louxor si les résultats sont jugés concluants.
En plus d’améliorer l’expérience des voyageurs, l’initiative vise à positionner l’Égypte au même niveau que d’autres destinations qui misent sur la transformation numérique pour dynamiser leur secteur touristique. Le gouvernement compte aussi sur ce dispositif pour attirer plus de devises étrangères et renforcer un secteur qui représente environ 12 % du PIB national.
À noter que le système devrait dans un premier temps cibler les voyageurs issus des pays déjà éligibles au visa électronique, notamment en Europe, en Amérique du Nord et au Moyen-Orient.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Portées par une dynamique d’innovation, les jeunes start-up africaines cherchent à s’implanter au-delà du continent. En France, la région Sud s’affirme comme un hub stratégique, qui peut offrir aux start-up africaines un cadre favorable à leur expansion et à leur rayonnement international.
Orange Afrique et Moyen-Orient (OMEA) a annoncé, mercredi 11 juin en marge du salon Viva Technology à Paris, la signature d’un partenariat stratégique avec risingSUD, l’agence d’attractivité de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). L’initiative vise à accompagner l’implantation de start-up africaines en France.
« Ce partenariat avec risingSUD marque une étape clé dans notre ambition de faire rayonner l’innovation africaine à l’échelle internationale. En facilitant leur implantation et leur accélération en France, notamment dans la région Sud, nous donnons aux jeunes entreprises africaines les moyens d’accélérer leur croissance », a déclaré Jérôme Hénique, directeur général d’Orange Afrique et Moyen-Orient.
Ce partenariat de trois ans vise à renforcer les synergies entre les écosystèmes d’innovation d’Afrique, du Moyen-Orient et du sud de la France. Les start-up issues du réseau des Orange Digital Centers (ODC) bénéficieront d’un accompagnement personnalisé pour développer leurs activités en France, notamment à travers un appui dans le montage de projet, l’accès aux financements et la mise en réseau avec des partenaires économiques locaux.
Déjà forte de plus de 500 000 entreprises, la région PACA souhaite ainsi renforcer son rôle de passerelle naturelle entre l’Europe et l’Afrique. En 2024, risingSUD a déjà facilité l’implantation de 14 entreprises africaines dans le sud de la France, dont Guépard, une start-up tunisienne incubée par l’ODC de Tunis, désormais présente à Marseille.
Ce partenariat s’inscrit dans la continuité des initiatives d’OMEA en faveur de l’entrepreneuriat numérique africain. Présent dans 17 pays en Afrique et au Moyen-Orient, le réseau des ODC propose un accès gratuit à des services allant de la formation numérique à l’incubation, en passant par l’accélération et le financement de projets innovants.
À terme, cette collaboration devrait contribuer aussi à renforcer les liens économiques et technologiques entre les deux rives de la Méditerranée, tout en dynamisant la compétitivité des écosystèmes d’innovation africains à l’échelle mondiale.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le gouvernement djiboutien ambitionne de faire du pays un hub régional d’innovation en IA dans les prochaines années. Dans ce cadre, un appel à candidatures est lancé pour recruter un expert national chargé d’élaborer la future stratégie nationale de l’intelligence artificielle.
Le ministère de l’Économie numérique et de l’Innovation de Djibouti (MDENI), en partenariat avec la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO/UNESCWA), a annoncé le dimanche 8 juin l’ouverture des candidatures pour le poste d’expert national en intelligence artificielle. Ce recrutement s’intègre dans le processus de définition de la stratégie nationale de l’IA.
📢 #Annonce_officielle–Une opportunité nationale unique pour contribuer à l’avenir de l’AI à Djibouti
— MDENI (@MENIDjib) June 8, 2025
Le @MENIDjib,en collaboration avec @UNESCWA,annonce l’ouverture des candidatures pour le poste d’expert national,dans le cadre de l’élaboration de la Stratégie nationale de l’AI pic.twitter.com/1khYz2317v
L’expert recruté sera chargé de contribuer à la conception de la stratégie en fournissant une expertise technique et analytique. Ses missions incluent notamment l’évaluation de l’état actuel des capacités en IA à Djibouti, l’identification des secteurs prioritaires pour son application, la conduite de consultations avec les parties prenantes locales, ainsi que la formulation de recommandations alignées sur les bonnes pratiques internationales.
Cette initiative s’inscrit dans la volonté du gouvernement de doter le pays d’une stratégie claire et structurée en matière d’intelligence artificielle. Elle a pour objectif de structurer le développement et l’usage de cette technologie dans les secteurs clés, en veillant à son application éthique, inclusive et sécurisée. La future stratégie nationale de l’IA devra également tenir compte des enjeux liés à l’éducation, à la recherche, à la gouvernance des données et à l’innovation.
Le poste est ouvert aux spécialistes djiboutiens qualifiés dans les domaines de l’intelligence artificielle, des politiques numériques, de l’innovation technologique ou des technologies de l’information. La date limite de dépôt des candidatures est fixée au lundi 23 juin. Les candidatures sont à soumettre via la plateforme officielle des Nations unies à l’adresse : careers.un.org/jobSearchDescription/259195
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Face aux enjeux croissants de souveraineté numérique dans les relations internationales, le Congo appelle à une coopération renforcée entre l’Afrique et la Russie. Léon Juste Ibombo défend une approche partenariale fondée sur l’échange de compétences, les technologies souveraines et la formation.
Le ministre congolais des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, Léon Juste Ibombo (photo), a appelé à bâtir une coopération pragmatique entre l’Afrique et la Russie, plaçant la souveraineté numérique au cœur des enjeux futurs. Il s'exprimait lors de la session « Russie-Afrique : souveraineté numérique partagée et durable » du Global Digital Forum 2025, tenu les jeudi 5 et vendredi 6 juin à Nijni Novgorod, en Russie.
Dans son allocution, M. Ibombo a défini six axes de collaboration prioritaire. Il a préconisé le transfert de compétences en intelligence artificielle, cybersécurité et big data ; le développement de centres de calcul partagés pour la gouvernance souveraine des données ; la co‑conception de solutions open source adaptées aux réalités africaines ; des échanges sur la fiscalité numérique et la traçabilité industrielle ; l’organisation de formations conjointes ; et enfin l’alignement des positions des pays africains et russes dans les instances internationales régulant le numérique.
L’appel du Congo s’inscrit dans un contexte où plusieurs pays africains ont déjà entamé une coopération numérique avec la Russie. Le Zimbabwe, par exemple, a mis en œuvre un programme d’e‑gouvernance en coopération avec Moscou pour améliorer l’efficacité de l’administration publique et réduire la corruption. L’Angola, quant à lui, a noué un accord digital autour de réseaux de fibre optique, de satellites de télécommunications (dont le projet AngoSat‑2) et de cybersécurité en lien avec la Russie. De plus, l’expansion du logiciel souverain russe MyOffice dans plusieurs pays africains, dont le Cameroun, la RDC ou la Guinée, témoigne d’une volonté affirmée d’atteindre une indépendance numérique.
La Russie dispose d’un solide atout sur le plan technologique, avec des compétences établies en cybersécurité, en développement de logiciels souverains et en infrastructures de données sensibles. Par ses partenariats numériques existants, elle propose à l’Afrique des solutions alternatives au modèle des grandes plateformes occidentales, tout en ambitionnant de former les opérateurs africains aux meilleures pratiques.
Ce partenariat pourrait rapprocher l’Afrique d’un modèle numérique plus autonome, reposant sur des infrastructures dédiées, des compétences locales renforcées et une souveraineté accrue dans les négociations internationales. En diversifiant ses partenariats technologiques, le continent se donne les moyens de bâtir des bases numériques solides, durables et politiquement indépendantes.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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