Avec le soutien financier de plusieurs partenaires, notamment la Banque mondiale, le Burkina Faso accélère sa transformation numérique. En 2024, plusieurs réalisations ont été enregistrées, avec un impact positif sur l’efficacité de l’Etat.
Le ministère de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques du Burkina Faso a dévoilé ses priorités pour le secteur numérique en 2025. L'annonce a été faite lors de la cérémonie d’évaluation des objectifs du département pour l’année 2024, tenue vendredi 14 février sous la présidence du Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo.
Parmi les projets phares de 2025 figurent la finalisation des travaux des data centers, dont l’avancement atteint déjà 70 %, ainsi que l’extension de la couverture des zones blanches à au moins 500 localités supplémentaires. Le ministère prévoit également de renforcer la dématérialisation des services administratifs, de mener un enrôlement massif des populations dans le cadre de l’identification unique électronique du projet WURI et de lancer les travaux du Projet d’accélération de la transformation numérique (PACT DIGITAL), dont le budget est estimé à 150 millions $.
Parmi les principales actions de 2024 figurent le lancement d'un projet visant à couvrir plus de 130 localités dans les zones blanches, la réhabilitation du Réseau national informatique de l'administration (RÉSINA), le début de la construction de deux data centers, ainsi que la mise en exploitation de plateformes stratégiques pour accélérer la transformation numérique. Parmi les autres initiatives notables figurent le développement de la signature électronique, ainsi que des réformes législatives visant à améliorer l’environnement numérique du pays. Le taux d’atteinte des objectifs s’est établi à 90,4 %.
Ces initiatives devraient contribuer à accélérer la transformation numérique du Burkina Faso. Le gouvernement ambitionne de positionner le pays comme un leader africain dans l'intégration des TIC dans des secteurs essentiels tels que l'administration publique, l'éducation, la santé, le commerce et l'agriculture. Pour le moment, le pays se classe 175e sur 193 selon l’indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) des Nations unies. Le pays affiche un score de 0,2895 sur 1, inférieur aux moyennes de la sous-région Afrique de l’Ouest (0,3957), de l’Afrique (0,4247) et du monde (0,6382).
L’Union internationale des télécommunications (UIT) a attribué au pays un score de 30,1 sur 100 dans l’indice de développement des TIC 2024, le plaçant au 43e rang sur 47 économies africaines analysées. Selon l’organisation, le taux de pénétration d’Internet atteint 19,9 %, tandis que celui de la téléphonie mobile s’élève à 21 %. La couverture du réseau 3G concerne 53,2 % de la population, contre 36,6 % pour la 4G. En matière de cybersécurité, l’UIT classe le pays au troisième niveau (Tier 3) sur 5, soulignant la nécessité de renforcer les mesures techniques et le développement des compétences, entre autres.
Le ministère n’a pas précisé les défis ayant ralenti l’atteinte de 100 % des objectifs, le résultat ayant été qualifié de « satisfaisant ». Toutefois, pour le bilan du premier semestre 2024, les initiatives de réhabilitation des infrastructures existantes et l'extension des services numériques dans les zones rurales ont été entravées par des défis sécuritaires, aggravés par l'instabilité politique.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’essor de la blockchain transforme progressivement les économies africaines en offrant des solutions innovantes pour la finance, l’énergie et l’agriculture… Son adoption permet entre autres d’améliorer la transparence, de faciliter les échanges et d’accélérer la transition numérique.
Le lundi 17 février, Tether, une société mondiale des cryptomonnaies, a annoncé la signature d’un protocole d’accord avec le gouvernement de la République de Guinée. Cette collaboration stratégique vise à poser les bases de l’adoption des technologies de la blockchain et du peer-to-peer afin de stimuler la croissance économique et positionner la Guinée comme un acteur clé de la transformation numérique en Afrique.
« Nous sommes ravis de collaborer avec la République de Guinée pour libérer peut-être l'immense potentiel de la chaîne de blocs et des technologies numériques à travers l'Afrique. Ce protocole d’entente reflète notre volonté d'aider les pays à bâtir des économies numériques résilientes. Ensemble, nous mettrons en place des solutions blockchain efficaces, au bénéfice des secteurs public et privé, afin d’accélérer la croissance économique et d’ancrer la Guinée dans l’innovation technologique », a déclaré Paolo Ardoino, PDG de Tether.
L’accord met l’accent sur l’éducation, l’innovation et les pratiques technologiques durables. Il prévoit l’introduction de programmes éducatifs dans les secteurs public et privé afin de sensibiliser la population, renforcer les compétences et cultiver les talents locaux dans le domaine des technologies numériques. Ce cadre devrait faciliter l’adoption de la blockchain en Guinée et créer un environnement propice à l'innovation.
Tether a déjà mené plusieurs initiatives similaires à l’international. L’entreprise s’est notamment impliquée dans le Plan Lugano, en Suisse, visant à favoriser l'adoption de la blockchain, ainsi que dans des projets éducatifs sur les actifs numériques en Turquie et au Moyen-Orient.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre du projet Simandou 2040, lancé par le président Mamadi Doumbouya, qui place la technologie au cœur du développement du pays. La signature de l’accord fait suite à une récente rencontre entre la ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, Rose Pola Pricemou, et une délégation de la société Tether. Cette rencontre avait pour but d’établir un cadre propice à la mise en œuvre de cette collaboration.
En Guinée, où la transformation numérique est en marche, l’adoption de la blockchain pourrait jouer un rôle clé dans l'inclusion financière. Cette technologie offre des solutions adaptées aux réalités locales, notamment en facilitant les paiements transfrontaliers, en réduisant les coûts des transactions et en sécurisant les échanges financiers. Avec un taux de bancarisation encore faible, les actifs numériques et la blockchain constituent une opportunité majeure pour moderniser les systèmes financiers et favoriser une croissance plus inclusive.
Au-delà de la finance, la blockchain peut également contribuer au développement durable en Afrique. Dans l’agriculture, elle permet de suivre la chaîne de valeur des produits, garantissant ainsi le respect des pratiques durables et leur certification. Les agriculteurs peuvent ainsi prouver que leurs produits sont biologiques et équitables, ouvrant l’accès à de nouveaux marchés et augmentant leurs revenus.
Dans le secteur de l’énergie, la blockchain facilite la gestion des réseaux électriques décentralisés et encourage l’adoption des énergies renouvelables. Grâce aux micro-réseaux basés sur la blockchain, il est possible de suivre la production et la consommation d’énergie en temps réel, améliorant ainsi l’accès à l’électricité dans les zones rurales tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La cybercriminalité en Afrique progresse rapidement, avec une hausse des attaques exploitant les failles de sécurité. La faible protection des infrastructures, le manque de sensibilisation et les logiciels obsolètes exposent les pays aux cybermenaces, mettant en péril les entreprises et les institutions.
Au Cameroun, les attaques exploitant des failles de sécurité, appelées « exploits », ont presque doublé en un an, passant de 174 472 en 2023 à 333 930 en 2024, soit une hausse de 91 %. Ces vulnérabilités permettent aux hackers de s’infiltrer dans les systèmes via des logiciels non mis à jour ou mal sécurisés, mettant en péril des infrastructures numériques essentielles. Ces chiffres alarmants ont été révélés par la société de cybersécurité Kaspersky lors du forum KNext, organisé à Douala et Yaoundé les mercredi 12 et jeudi 13 février.
« Face à une menace cybernétique en pleine croissance, les entreprises et institutions camerounaises doivent adopter une approche proactive en matière de cybersécurité. L’engagement du ministère des Postes et Télécommunications dans le KNext Yaoundé 2025 est un signal fort sur la nécessité d’une mobilisation collective face aux cyberattaques », a déclaré Gladys Salmouth, responsable communication corporate Afrique centrale et de l’Ouest chez Kaspersky.
Cette explosion des attaques s’explique par la transformation numérique en cours au Cameroun. Avec plus de 10 millions d'internautes et un taux de pénétration Internet estimé à 45 % en 2024, l’adoption croissante des services en ligne, du cloud computing et du télétravail, ainsi que la hausse des transactions numériques, ont considérablement élargi la surface d’attaque pour les cybercriminels.
En plus des « exploits », d’autres menaces gagnent du terrain. Les intrusions via le protocole RDP (Remote Desktop Protocol) ont atteint 163 298 cas en 2024, tandis que les attaques par portes dérobées (backdoors) se chiffrent à 139 395 incidents. Ces techniques permettent aux cybercriminels d’accéder clandestinement aux systèmes, de voler des données sensibles ou de déployer des rançongiciels, perturbant ainsi les activités des entreprises et des administrations publiques.
Les conséquences économiques sont déjà largement visibles. En 2024, les cyberattaques ont coûté plusieurs millions de dollars au Cameroun, en raison des vols de données, des interruptions de services et des rançons payées aux hackers. À cela s’ajoutent les pertes en réputation et en confiance, des éléments clés pour le développement de l’économie numérique du pays. Mais cette menace dépasse le cadre camerounais. À l’échelle du continent, les cyberattaques constituent un défi majeur pour les économies locales. Selon la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, le manque de préparation en cybersécurité fait perdre aux États africains en moyenne 10 % de leur PIB, soit près de 4 milliards de dollars par an.
Face à cette situation, Kaspersky recommande aux entreprises et institutions de renforcer leur posture de cybersécurité. Cela passe par l’adoption de solutions avancées capables de détecter et bloquer les menaces en temps réel, la sécurisation des accès distants en limitant les connexions non protégées via le protocole RDP, ainsi que la mise en place de politiques strictes de gestion des accès et des données.
La sensibilisation et la formation des collaborateurs aux risques cybernétiques, notamment face aux attaques par hameçonnage et ingénierie sociale, sont également essentielles. Enfin, la collaboration entre le secteur privé et les autorités gouvernementales reste une priorité. Le partage des bonnes pratiques et la coopération renforcée entre les différents acteurs peuvent améliorer la détection et la réponse face aux cybermenaces, contribuant ainsi à un environnement numérique plus sécurisé.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les TIC favorisent la créativité et l’apprentissage dès les niveaux préscolaire et primaire. Toutefois, en Afrique, l’intégration du numérique dans l’éducation reste limitée en raison d’un manque de préparation à son adoption dans l’apprentissage précoce.
Le gouvernement du Niger a lancé un programme ambitieux visant à doter plus de 7000 enseignants de tablettes éducatives afin d’améliorer leurs compétences pédagogiques et de renforcer le suivi des élèves, en particulier dans les zones reculées. La ministre de l’Éducation nationale, de l’Alphabétisation, de l’Enseignement professionnel et de la Promotion des langues nationales, Elisabeth Sherif (photo, à droite), a visité les locaux du projet Niger-Lire le vendredi 14 février pour suivre les avancées de l’initiative « Un enseignant, une tablette », qui vise à numériser l’enseignement.
« Ces tablettes sont dotées d’un contenu dynamique, adapté à toutes les régions, y compris les plus isolées. Elles disposent d'une grande autonomie et sont accompagnées de Power Banks de 21 000 mAh, permettant jusqu’à une semaine d’utilisation sans recharge », a expliqué Aboubacar Mamadou Diakité, directeur de la statistique et des nouvelles technologies au ministère de l’Éducation nationale. Il a également annoncé l’arrivée d’un lot additionnel de 3400 tablettes dans le cadre du projet.
« Un enseignant, une tablette » est une composante de LIRE (Learning Improvement for Results in Education), un programme gouvernemental financé à hauteur de 140 millions de dollars par la Banque mondiale. Il vise à moderniser l’enseignement par le numérique pour améliorer les résultats scolaires. Elle arrive dans un contexte marqué par la faible intégration du numérique dans le système éducatif. À ce niveau, les responsables de l’éducation au Niger espèrent que le nouveau projet améliore les résultats d’apprentissage.
En intégrant ces outils numériques, le projet ambitionne non seulement d’améliorer les conditions d’enseignement, mais aussi de rendre l’apprentissage plus interactif grâce à des ressources variées : cours vidéo, supports interactifs, fiches pédagogiques, exercices pratiques et outils d’évaluation numérique. De plus ces supports, les enseignants pourront enrichir leurs méthodes pédagogiques et offrir un encadrement plus structuré, notamment dans les régions où l’accès aux manuels scolaires et aux formations spécialisées est limité.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large à l’échelle continentale. La Stratégie d’éducation numérique de l’Union africaine (2023-2028) encourage les États africains à élaborer des politiques nationales de transformation numérique dans l’éducation. Son plan de mise en œuvre prévoit que d’ici 2027, au moins 50 % des établissements d’enseignement du continent bénéficient d’une connectivité à haut débit fiable et abordable (moins de 25 $ par Mb/s et par mois). Il vise également à garantir que 20 % des étudiants et 50 % des enseignants aient accès à des appareils numériques, avec une couverture étendue à un tiers des étudiants et à l’ensemble du corps enseignant d’ici 2030.
Samira Njoya
Avec l’essor des technologies et la transformation numérique des économies africaines, la demande en compétences spécialisées ne cesse de croître. Pourtant, l’offre de formation reste insuffisante pour répondre aux besoins du marché.
La plateforme de formation numérique Code 213 a récemment annoncé l’ouverture de sa troisième école de codage en Algérie, renforçant ainsi son implantation dans le pays. Cette initiative s'inscrit dans une stratégie plus large visant à étendre son modèle à d'autres pays d'Afrique du Nord et d'Afrique subsaharienne, où la demande de compétences numériques est en forte augmentation.
« Notre mission consiste à créer un vivier de professionnels du numérique hautement qualifiés, capables de rivaliser sur le marché mondial de l'emploi. L'expansion dans de nouvelles régions nous permet d'atteindre plus de jeunes talents, en leur donnant les compétences dont ils ont besoin pour réussir », a déclaré Amina Bergui, responsable marketing de Code 213.
Depuis son lancement en juillet 2023, Code 213 propose des formations en développement logiciel, cybersécurité, science des données, intelligence artificielle et marketing numérique. Son approche combine cours en ligne et mentorat en présentiel, avec des certifications reconnues internationalement (CompTIA, Microsoft, Google). L'utilisation de l'intelligence artificielle via Noor AI permet un suivi personnalisé des apprenants.
L’expansion de Code 213 intervient dans un contexte où l’Afrique connaît une forte pénurie de main-d'œuvre qualifiée dans le secteur technologique. Le nouveau rapport « Foresight Africa 2025-2030 » du think tank américain Brookings Institution prévoit que d'ici 2030, 230 millions d'emplois nécessiteront des compétences numériques en Afrique subsaharienne. Le document prévoit jusqu’à 650 millions d’opportunités de formation aux compétences numériques, ce qui pourrait représenter un marché de 130 milliards de dollars. Or, l’accès à des formations spécialisées reste limité, en raison de coûts élevés et d’un manque d’infrastructures adaptées.
Avec cette nouvelle implantation et ses ambitions de développement, Code 213 espère participer à la formation d'une main-d'œuvre numérique compétente, un enjeu crucial pour l'avenir économique du continent. Cette initiative pourrait contribuer à réduire le chômage des jeunes, qui reste un défi majeur en Afrique, en leur offrant des opportunités dans des secteurs en pleine expansion.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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A l’ère du numérique, l’identification des citoyens est un enjeu clé. Sécuriser l’accès aux services, lutter contre la fraude et renforcer l’inclusion numérique nécessitent des infrastructures adaptées et une gouvernance rigoureuse, tout en garantissant la protection des données personnelles.
Mercredi 12 février, Trident Digital Tech Holdings Ltd, une entreprise singapourienne spécialisée dans la transformation numérique, a annoncé la signature d’un accord avec le ministère des Postes, des Télécommunications et Numérique de la RDC. Cet accord porte sur le déploiement d’un Système national d’identité numérique, une initiative visant à moderniser l’administration publique et à faciliter l’accès des citoyens aux services essentiels.
« Le système d’identité numérique est un pilier fondamental de la modernisation de notre pays par le biais de la transformation numérique. Avec Trident, nous serons en mesure de fournir à nos citoyens un accès sécurisé et efficace aux services gouvernementaux, tout en protégeant leurs données personnelles grâce aux progrès de la technologie blockchain », a déclaré le ministre des Postes, des Télécommunications et Numériques, Augustin Kibassa Maliba.
Le système permettra à l'État de gérer et d'authentifier l’identité des citoyens de manière numérique. Ce système permettra aussi aux individus de prouver leur identité en ligne ou hors ligne, de manière sécurisée et fiable, en utilisant des identifiants numériques uniques.
En général, les systèmes nationaux d'identification numérique reposent sur quatre axes principaux : l’authentification sécurisée (permettre aux citoyens de s’identifier de manière fiable pour accéder à des services publics ou privés), la simplification des démarches (faciliter les procédures administratives en ligne comme payer les impôts, etc.), la lutte contre la fraude (réduire les risques d’usurpation d’identité et de fraude) et l’interopérabilité (assurer que l’identité numérique peut être utilisée dans différents contextes).
Le déploiement de ce système pourrait avoir un impact significatif sur la population congolaise. Il permettrait entre autres à une plus grande partie de la population d’accéder aux services financiers formels, tels que les comptes bancaires, les prêts et les assurances ; une distribution efficace des services publics, tels que les subventions, les soins de santé et l’éducation ; fournirait des données précises et actualisées sur la population, facilitant la planification économique et la prise de décision politique.
Le communiqué de Trident ne fournit cependant pas d’informations sur les zones d’intervention précises de l’entreprise, notamment la fourniture des infrastructures informatiques, la construction des bases de données, et l’expertise pour la sécurité du système.
Pour garantir le succès de ce projet, le gouvernement congolais devra aussi relever divers défis, notamment la protection des données personnelles à travers l’effectivité du cadre juridique et technique mis en œuvre à travers le code du numérique. L’accès à Internet et aux dispositifs numériques doit aussi être étendu, en particulier dans les zones rurales et reculées. La population devra être éduquée sur l’utilisation du système d’identité numérique pour en maximiser les bénéfices.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En pleine transformation numérique, l’Afrique veut bien se positionner pour tirer profit des opportunités offertes par l’IA. Le Maroc, le Kenya et le Nigeria ont récemment participé à la création d’une initiative en faveur d’une IA d’intérêt général.
Smart Africa, une alliance regroupant 40 pays africains en charge de l’agenda numérique du continent, a annoncé le mercredi 12 février que le Conseil africain de l’intelligence artificielle (IA) sera officiellement lancé en avril 2025. Ce sera au Sommet mondial de l’IA sur l’Afrique, prévu les 3 et 4 avril à Kigali, au Rwanda. Les membres du Conseil seront nommés à cette occasion, bien que leur nombre n’ait pas encore été précisé.
#PressStatement:
— Smart Africa Org (@RealSmartAfrica) February 12, 2025
Smart Africa moves to establish the African AI Council to Enhance AI Governance in Africa.
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Smart Africa S'engage à Établir le Conseil Africain de l'IA pour Améliorer la Gouvernance de l'IA en Afrique pic.twitter.com/HdYmQDqfXD
Le Conseil sera composé de décideurs politiques, de chefs d'entreprise et d'acteurs clés de l'écosystème de l'IA, chargés de stimuler la transformation numérique, d'encourager l'innovation et d'élaborer des politiques visant à accélérer l'économie numérique de l'Afrique.
Selon Smart Africa, le Conseil africain de l'IA travaillera pour favoriser la collaboration, l'échange de connaissances et l'innovation afin de positionner l'Afrique comme un acteur stratégique dans le paysage mondial de l'IA. Il veillera également à ce que les technologies de l'IA soient exploitées de manière à bénéficier à tous les segments de la société et à favoriser une croissance inclusive.
Rappelons que le Conseil a été annoncé lors de la réunion de haut niveau sur l'intelligence artificielle pour l'Afrique, qui s'est tenue à Rabat, au Maroc, le 4 février 2025. En attendant le lancement officiel, les différentes parties se sont rencontrées en marge du Sommet de l’action sur l’IA à Paris, du 10 au 11 février. Des sessions consultatives sont également prévues en marge du Congrès mondial de la téléphonie mobile à Barcelone, du 3 au 6 mars.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte où les pays africains cherchent à tirer parti de l’IA, une technologie qui pourrait ajouter 2900 milliards de dollars à l’économie du continent d’ici 2030, soit une hausse de 3 % du PIB annuel, selon l’association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA). L’organisation estime que l’IA peut contribuer aux Objectifs de développement durable en proposant des approches innovantes pour un développement plus inclusif et durable, notamment dans les domaines où les besoins sont les plus pressants.
Toutefois, la GSMA souligne que plusieurs défis doivent être surmontés pour que l’Afrique tire pleinement parti des opportunités offertes par l’IA. Parmi eux figurent la faible adoption d’Internet mobile, la persistance de la fracture numérique, l’insuffisance des compétences numériques, l’absence d’un cadre réglementaire adapté, des capacités de recherche limitées, des infrastructures énergétiques défaillantes, ainsi que des risques éthiques et sécuritaires. S’ajoute à cela le manque de solutions d’IA conçues pour répondre aux défis spécifiques du continent.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Comme plusieurs pays d’Afrique, le Burundi a fait de la transformation numérique un moteur de son développement économique et social. Mais le pays peine à financer ses différents chantiers.
Le Burundi explore des opportunités de partenariat avec la Société financière internationale (IFC) pour la mise en œuvre des projets. Une délégation de la branche de la Banque mondiale axée sur le financement du secteur privé dans les pays en développement a échangé avec le Secrétariat exécutif burundais des technologies de l'information et de la communication (SETIC) sur la question, le lundi 10 février.
Ce rapprochement peut s’inscrire dans le cadre de la vision du Burundi de devenir un pays émergent d'ici 2040 et un pays développé d'ici 2060, avec le numérique comme levier essentiel de développement. Le gouvernement veut faire bénéficier le pays « d'un véritable saut technologique susceptible d'améliorer sa croissance économique en permettant le développement des activités dans un cadre juridique sécurisé, utilisant les TIC ».
En janvier dernier, le Sénat a adopté à l’unanimité le projet de loi ratifiant le protocole de la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) sur les réseaux de TIC, ouvrant ainsi la voie à une coopération renforcée avec les pays de la sous-région pour accélérer le développement du secteur numérique. Le pays a signé en novembre 2024 un protocole d’accord avec le Vietnam pour approfondir leur collaboration dans ce domaine. Un Projet d’appui aux fondations de l’économie numérique (PAFEN), financé à hauteur de 92 millions de dollars par la Banque mondiale, avait déjà été lancé en septembre 2024.
Le Burundi est classé 46e sur 47 pays africains selon l’indice de développement des TIC 2024 de l’Union internationale des télécommunications (UIT) avec un score de 24,4 sur 100. L’institution estime à 19% le taux de pénétration de l’Internet dans le pays, contre 8,3% pour le haut débit mobile et 25,6% pour la téléphonie mobile. De plus, seulement 50,6% de la population est au moins couverte par la 3G, contre 32,2% pour la 4G. En ce qui concerne la transformation numérique, le Département des affaires économiques et sociales des Nations unies (DAES) classe le Burundi parmi les pays ayant un indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) faible avec un score de 0,2480 sur 1, alors que la moyenne mondiale est de 0,6382.
Il est toutefois important de souligner que les détails des projets discutés entre le SETIC et l’IFC restent inconnus. À ce stade, aucun accord officiel n’a été signé ni même annoncé, laissant en suspens la portée et les implications concrètes de cette collaboration potentielle.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les jeux vidéo sur téléphone connaissent une croissance rapide en Afrique, portés par une jeunesse connectée et un large accès aux technologies numériques. Le secteur dynamique représente une opportunité importante pour l'innovation, l'entrepreneuriat et le développement économique sur le continent.
Le groupe télécoms Sonatel, membre du groupe Orange, et Netgem, un opérateur de solutions intégrées dans le domaine du divertissement numérique, ont annoncé le mercredi 12 février le lancement de la première plateforme de cloud gaming en Afrique de l’Ouest. Intitulé Wido Games, ce service sera disponible pour les abonnés de Sonatel courant ce mois.
Le groupe Sonatel, membre du groupe Orange et Netgem, opérateur de solutions intégrées sur le marché du Digital Entertainment, lancent la première plateforme de Cloud Gaming en Afrique de l’Ouesthttps://t.co/pbInoJtzdF pic.twitter.com/LSAnrFUyC1
— Netgem (@Netgem) February 12, 2025
« Avec ce partenariat, nous souhaitons lancer le premier service de cloud gaming en Afrique de l’Ouest avec une promesse simple : une expérience de jeux console depuis n’importe quel terminal grâce à la puissance de notre réseau », a déclaré Malick Dary, directeur du marketing grand public de Sonatel.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte de développement rapide des infrastructures numériques en Afrique de l’Ouest, où une attention particulière est portée sur les technologies de très haut débit et le secteur du jeu vidéo en plein essor. Le groupe Sonatel, ayant investi près de 263 milliards FCFA (416 millions USD) dans l'extension de son réseau, continue d'explorer de nouvelles avenues pour répondre aux attentes croissantes des consommateurs en matière de divertissement numérique.
Lancé sur un marché en forte croissance, Wido Games représente une avancée significative dans le domaine du cloud gaming en Afrique. En effet, le secteur du jeu vidéo sur le continent connaît une dynamique exceptionnelle. Selon une étude publiée le 5 février par l'éditeur africain de jeux vidéo et de contenus interactifs Carry1st et le cabinet d’étude de marché spécialisé Newzoo, la taille du marché africain des jeux vidéo sur smartphones a atteint 1,8 milliard de dollars en 2024, marquant une hausse de 12,4 % par rapport à l’année précédente. Cette performance dépasse largement la croissance mondiale du secteur, qui s’est limitée à 2,1 % en 2024.
L’accès à Wido Games devrait permettre aux joueurs de vivre des expériences de jeu de type console directement depuis leurs smartphones, et bientôt sur PC, le tout sans nécessiter d'équipements onéreux. En outre, la puissance des réseaux de Sonatel, avec notamment la couverture 5G, devrait assurer une expérience fluide et sans latence, rendant l’offre particulièrement attractive pour les joueurs africains.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La recrudescence des attaques en ligne en Afrique, alimentée par l'expansion rapide de la numérisation et l'augmentation des services numériques, met à mal la sécurité des citoyens et des entreprises. Face à ces menaces croissantes, des mesures urgentes s'imposent pour protéger l'espace cybernétique.
Le ministère de la Sécurité, à travers la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC), a lancé le mardi 11 février la plateforme « Alerte-BCLCC ». Cette plateforme, accessible à l’adresse alerte.bclcc.gov.bf, et téléchargeable sur les smartphones et tablettes via Play Store (Android) et AppGallery (Huawei) permet désormais à chaque citoyen de signaler en toute sécurité et confidentialité tout acte de cybercriminalité. Ce nouvel outil numérique permet aussi de signaler des contenus faisant l’apologie du terrorisme en ligne, depuis n'importe quel point du territoire national.
« Avec cet outil, nos forces spécialisées devraient intervenir plus rapidement, mieux analyser les tendances et renforcer les actions pour lutter efficacement contre ces nouvelles formes de cybercriminalité », a déclaré le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana, appelant les Burkinabè à s’approprier la plateforme.
Cette initiative s’inscrit dans la volonté du gouvernement de renforcer la sécurité de l’espace cybernétique national. Elle intervient dans un contexte de transformation numérique accéléré, marqué par l’adoption rapide des services de communication électronique et une recrudescence des cyberattaques. Selon les autorités nationales, entre 2020 et 2023, plus de 3 milliards de francs CFA (environ 5 millions $) ont été extorqués aux Burkinabè par des cybercriminels, soulignant ainsi l’urgence d'une réponse renforcée face à cette menace croissante. Face à ces défis, le Burkina Faso a validé en novembre dernier une Stratégie Nationale 2025-2029 de lutte contre la cybercriminalité, visant à moderniser les outils de réponse aux menaces numériques.
La plateforme garantit la confidentialité des données des utilisateurs, offrant la possibilité de signaler des incidents de manière anonyme et sécurisée. En quelques clics, il est désormais possible de transmettre des informations essentielles à la BCLCC, permettant ainsi des interventions rapides et ciblées. Ce dispositif innovant incarne la détermination du Burkina Faso à protéger ses citoyens dans l’espace numérique et à s'adapter aux nouvelles réalités sécuritaires.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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À travers l'Afrique, l'identification numérique est un enjeu clé du développement socio-économique. Face aux défis liés à l'inclusion financière et à la gestion des services publics, de nombreux pays mènent des réformes pour doter leurs citoyens d'identités numériques sécurisées et interopérables.
Le ministre des Postes, Télécommunications et Numérique de la République démocratique du Congo (RDC), Augustin Kibassa Maliba (photo), a rencontré le lundi 10 février à Singapour le PDG de Trident Digital Tech Holdings Ltd, Soon Huat Lim, une entreprise singapourienne spécialisée dans la transformation numérique. Cette rencontre visait à discuter des modalités de mise en œuvre du système national d’identification numérique, une étape décisive avant la signature imminente de l'accord de collaboration qui marquera l'entrée en phase opérationnelle de ce projet d'envergure.
« Nous sommes conscients du fait que l’identification numérique ou électronique est l’une des bases sur lesquelles s’assoit l'e-gouvernement. J’ai bien suivi le CEO qui a précisé qu’une commission sera mise en place pour travailler, car les opérations numériques relèvent du ministère. Cependant, en ce qui concerne l’identité, il est important d’inclure d’autres structures avec lesquelles nous allons pouvoir collaborer afin d’assurer véritablement la vision commune du gouvernement pour le développement du secteur numérique », a déclaré Augustin Kibassa Maliba.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre du Plan National du Numérique « Horizon 2025 », qui reflète la vision du Chef de l’État de positionner la RDC comme un acteur clé du numérique en Afrique. L'objectif est de faire du numérique un levier d'intégration, de bonne gouvernance, de croissance économique et de progrès social. Cette rencontre fait suite à la signature, en décembre dernier, d'un accord préliminaire entre la RDC et Trident Digital Tech Holdings Ltd, jetant les bases d'une collaboration pour développer et mettre en œuvre une plateforme de gestion des identités numériques et des données des citoyens congolais.
Une fois mis en place, ce système permettra à la RDC de rejoindre d'autres pays africains qui ont déjà mis en œuvre ou sont en cours de développement de leurs systèmes d'identification numérique, tels que le Nigeria avec son National Identity Management System (NIMS), le Ghana et son National Identification Authority (NIA), ainsi que le Rwanda avec son système d’e-ID. L’importance de ces systèmes réside dans leur capacité à améliorer l’efficacité des services publics, à renforcer la sécurité des données, à faciliter l’accès aux services financiers et à promouvoir l’inclusion numérique et économique des populations.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La RDC s’associe à Trident pour développer un système d’e-gouvernance
La transformation numérique s’impose comme un moteur clé du développement économique et social à l’échelle mondiale. En Afrique de l’Ouest, elle représente désormais un vecteur clé pour renforcer la gouvernance, améliorer les services publics et promouvoir l’inclusion numérique.
La Commission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) veut faire de la transformation numérique un levier stratégique pour le développement inclusif et durable de ses États membres. À travers le Projet Régional d’Intégration Numérique en Afrique de l’Ouest (WARDIP), financé par la Banque mondiale, elle s'engage à accélérer cette dynamique. Cette volonté a été mise en lumière lors du Forum des experts de la CEDEAO sur l'e-gouvernement, tenu le jeudi 6 et le vendredi 7 février en Gambie. L'événement a réuni des experts des pays membres et des représentants des Nations unies pour débattre des progrès et des perspectives de l'e-gouvernement dans la région.
Forum des experts de la CEDEAO sur l'e-Gouvernement : La CEDEAO accompagne les États membres dans leur transformation numérique à travers le projet Régional d'Intégration Numérique en Afrique de l'Ouest (WARDIP) financé par la Banque mondiale https://t.co/40nedmb3nv
— Ecowas - Cedeao (@ecowas_cedeao) February 7, 2025
Au cœur des discussions, l'analyse des conclusions de l'enquête 2024 des Nations unies sur l'e-gouvernement et le renforcement des capacités des experts en matière de gouvernance des données a été effectuée. Les participants ont exploré des thématiques clés telles que l'identification numérique, l'interopérabilité des systèmes, la gestion des données, ainsi que le développement de contenus numériques adaptés aux besoins des citoyens.
Cette initiative s'inscrit dans la Vision 2050 de la CEDEAO et dans le cadre stratégique communautaire 2023-2027, qui ambitionnent de promouvoir un développement inclusif et durable. La Commission entend positionner les TIC comme des leviers essentiels de croissance économique et d'inclusion sociale. L'objectif est de bâtir un marché numérique unique en Afrique de l’Ouest, propice à la prospérité partagée, tout en stimulant des secteurs stratégiques tels que l’e-commerce, l’e-santé, l'agriculture connectée et l'éducation en ligne.
Cependant, la réalisation de ces ambitions se heurte à plusieurs défis majeurs. Les pays de la CEDEAO doivent surmonter des obstacles liés au déficit de coordination entre les institutions gouvernementales, à l'insuffisance des infrastructures numériques, au manque de compétences spécialisées dans le numérique, ainsi qu'à des préoccupations croissantes en matière de protection des données et de cybersécurité. Face à ces enjeux, la Commission plaide pour un engagement renforcé des acteurs de l'écosystème numérique, une coopération régionale accrue et des investissements soutenus pour garantir une transition numérique réussie et durable dans la région.
Samira Njoya
L'éducation dans de nombreux pays fait face à des défis majeurs, tels que l'accès limité, les inégalités territoriales, et les crises sociales ou sécuritaires. Pour relever ces défis, des solutions innovantes, comme l'enseignement à distance, sont cruciales afin d'assurer une éducation inclusive.
Le ministère de l’Éducation nationale et de la Nouvelle citoyenneté de la République démocratique du Congo (RDC) a annoncé le mercredi 5 février la signature d'un arrêté historique encadrant l'enseignement à distance pour les niveaux primaire, secondaire et technique. Cette initiative s'inscrit dans la volonté de moderniser le système éducatif congolais, en le rendant plus inclusif et accessible à tous, conformément à la vision du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Dans un communiqué officiel, le ministère a précisé : « grâce à un modèle multimodal, combinant plateformes numériques, radio, télévision et supports embarqués, cet arrêté permet à tous les élèves, y compris ceux vivant dans des zones à faible connectivité, de poursuivre leur apprentissage. C’est un pas décisif vers l’équité éducative et la réduction des inégalités territoriales ». Cette approche a pour objectif de garantir la continuité pédagogique, même dans des contextes difficiles, marqués par des défis sécuritaires ou des infrastructures limitées.
Cette décision intervient dans un contexte où l'Est du pays fait face à d'importants défis sécuritaires, notamment des conflits armés qui entravent l'accès à l'éducation pour de nombreux enfants. Par ailleurs, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), environ 7 millions d'enfants n'ont pas repris le chemin de l'école pour la rentrée 2023-2024, une situation due à des facteurs tels que la pauvreté, le manque d'infrastructures, le travail des enfants et, dans certaines régions, l’instabilité sécuritaire.
L'adoption de l'enseignement à distance se présente ainsi comme une réponse stratégique pour garantir la poursuite des apprentissages malgré ces obstacles. De plus, cette approche permettra de préparer la jeunesse congolaise aux défis du XXIᵉ siècle, en développant des compétences essentielles telles que l'autonomie dans l'apprentissage et la maîtrise des technologies numériques. L'UNESCO souligne que les stratégies d'apprentissage à distance renforcent la résilience du secteur de l'éducation, offrant des opportunités pour combler le fossé entre les populations rurales et urbaines.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La production agricole en Afrique se heurte encore à de nombreux défis qui entravent l'auto-suffisance alimentaire tant recherchée sur le continent. Comme la mécanisation à l'époque de la révolution industrielle, le numérique à l'ère de l'actuelle révolution 4.0 présente un fort potentiel pour transformer ce secteur. L'Ethiopie a décidé de se lancer, à travers un ambitieuse stratégie.
En Éthiopie, le gouvernement a officiellement lancé le mardi 4 février, le Digital Agriculture Roadmap (DAR), un plan national visant à accélérer la digitalisation du secteur agricole. Élaborée par le ministère de l’Agriculture en collaboration avec l’Institut de Transformation Agricole (ATI), cette feuille de route sera mise en œuvre sur la période 2025-2032.
L’ambition affichée par les autorités est d’améliorer la productivité agricole grâce à des solutions numériques inclusives, accessibles et durables. D’après Girma Amente (photo), ministre de l’Agriculture, cette stratégie est prévue pour faciliter l’accès aux services de vulgarisation agricole via les smartphones, renforcer la disponibilité des intrants, améliorer l’offre de services financiers (prêts et assurances agricoles) et favoriser une meilleure coordination des acteurs sur l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production à la commercialisation.
Dans le cadre de ces ambitions, le déploiement du DAR se déroulera en deux phases. La première, prévue entre 2025 et 2029, se concentrera sur la mise en place des infrastructures numériques de base et le développement des services prioritaires pour l’agriculture. La seconde, couvrant la période 2030-2032, visera à étendre et diversifier l’écosystème numérique à l’ensemble du secteur.
Selon les autorités, la digitalisation de l’agriculture en Éthiopie se heurte à des défis majeurs, notamment un faible accès à la connectivité et le manque de compétences numériques, ce qui pourrait freiner l’adoption des technologies numériques dans le secteur.
Dans un rapport intitulé « Driving Digital Transformation of the Economy in Ethiopia: Opportunities, Policy Reforms and the Role of Mobile » publié en octobre 2024, l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) indique que 76 % de la population éthiopienne n’utilise toujours pas l’Internet mobile.
La GSMA estime par ailleurs le taux de pénétration des smartphones, outils essentiels dans le Digital Agriculture Roadmap (DAR), à 36 % en Éthiopie. De plus, l’association évalue à un score de 41 sur 100 le niveau de maîtrise des compétences numériques de base par la population.
Stéphanas Assocle
Édité par Wilfried ASSOGBA
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