En Afrique de l’Ouest et centrale, les besoins en connectivité restent pressants, notamment dans les zones rurales et enclavées. Le renforcement des infrastructures numériques y est essentiel pour combler la fracture numérique, favoriser l’inclusion et soutenir le développement socio-économique.
Orange Afrique et Moyen-Orient (OMEA) et la Société financière internationale (IFC), institution du Groupe de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, ont signé un partenariat en marge de l’Africa CEO Forum qui s’est tenu à Abidjan, les lundi 12 et mardi 13 mai. L’accord vise à accélérer la connectivité numérique dans huit pays d’Afrique de l’Ouest et centrale, en s’appuyant sur un modèle d’investissement reproductible à forte valeur ajoutée sociale et économique.
« Accroître l'accès à la connectivité numérique en Afrique est une priorité majeure pour favoriser l'innovation, élargir l'inclusion financière et générer des opportunités d'emploi. Le renforcement de notre partenariat illustre notre engagement à positionner le numérique comme un levier stratégique de transformation économique durable, au bénéfice des individus et des entreprises », a déclaré Ethiopis Tafara, vice-président d’IFC pour l’Afrique.
Ce partenariat vise à réduire les disparités d’accès au numérique, notamment dans les zones peu desservies, en mobilisant les expertises complémentaires des deux entités. L’IFC mettra à profit son savoir-faire en matière de financement du développement, tandis qu’OMEA s’appuiera sur sa présence opérationnelle dans la région et sur la solidité de son réseau télécoms.
Les projets prévus porteront principalement sur le déploiement d’infrastructures stratégiques : tours de télécommunications, réseaux de fibre optique et extension de la couverture mobile dans des territoires ruraux ou enclavés, où les besoins restent largement insatisfaits.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité des opérations précédentes soutenues par l’IFC, telles que le financement de 75 millions de dollars accordé à Sonatel en 2024 pour développer la couverture 4G et la fibre au Sénégal, ainsi que la première opération de titrisation télécoms en Afrique de l’Ouest.
Selon les données publiées par We Are Social et Meltwater en octobre 2024, le taux de connectivité à Internet atteint 42,6 % en Afrique de l’Ouest et seulement 31,8 % en Afrique centrale, soulignant un retard significatif par rapport aux moyennes mondiales. Par ailleurs, un rapport de la GSMA indique que 13 % de la population d’Afrique subsaharienne demeure totalement hors de portée de tout réseau mobile, les zones rurales étant les plus touchées.
En favorisant l’accès à des services numériques de qualité, notamment dans les zones rurales ou mal desservies, cette collaboration pourrait accélérer l’intégration économique, stimuler l’innovation locale et améliorer l’accès à l’éducation, aux soins de santé ainsi qu’aux services financiers. Ce partenariat devrait également favoriser la création d’emplois directs et indirects dans les pays concernés.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le Gabon s’appuie sur Visa pour élargir l’accès aux paiements électroniques
Avec un taux de bancarisation globale encore inférieur à 50 %, le Gabon mise sur des partenariats technologiques pour renforcer l’inclusion financière. Avec Visa, le pays entend élargir l’accès aux services financiers numériques, notamment dans les zones peu desservies.
Le ministère gabonais de l’Économie numérique, de la Digitalisation et de l’Innovation a annoncé, jeudi 15 mai, la signature d’un partenariat stratégique avec Visa, leader américain des paiements électroniques, en marge de l’Africa CEO Forum 2025 à Abidjan. Cette initiative vise à renforcer l’inclusion financière par le biais du numérique.
L’accord prévoit notamment la distribution de cartes bancaires virtuelles à destination des populations encore peu ou mal desservies par les circuits bancaires traditionnels, en particulier dans les zones rurales ou informelles. Le partenariat entend également accélérer l’adoption des paiements électroniques au sein de l’administration publique, dans une optique de modernisation, de transparence et d'efficacité des services de l’État.
Cette collaboration s’inscrit dans la volonté des autorités gabonaises de démocratiser l’accès aux services financiers à travers des solutions numériques innovantes et adaptées. Selon la Banque mondiale, le taux d’inclusion financière au Gabon, incluant les services de Mobile Money, atteignait 66,09 % en 2021. Toutefois, le taux de bancarisation globale, intégrant les établissements de microfinance, restait limité à 27,55 % en 2021 contre 30 % en 2024.
Ce partenariat avec Visa pourrait ainsi contribuer à combler ce fossé, en facilitant l'accès aux services financiers numériques pour une frange plus large de la population. En intégrant des solutions de paiement numérique dans les services publics et en élargissant l'accès aux outils financiers modernes, le Gabon affirme sa volonté de moderniser son économie et de promouvoir une croissance plus inclusive.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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1er producteur africain de pétrole brut, le Nigeria détient aussi les plus grandes réserves de gaz du continent. Encore partiellement exploité, le secteur pourrait gagner en compétitivité grâce aux solutions numériques, désormais perçues comme un levier clé de modernisation.
La firme technologique chinois Huawei a lancé une série de solutions numériques pour accompagner la transformation du secteur pétrolier et gazier au Nigeria. L’annonce a été faite à Lagos lors du Forum sur le pétrole et le gaz organisé dans le cadre de la Journée Huawei Nigeria 2025 tenue la semaine dernière.
Ces solutions visent à répondre à trois défis majeurs qui freinent la performance de l’industrie : une exploration peu efficace, des vulnérabilités persistantes en matière de sécurité des oléoducs et une gestion des données encore largement dépendante de l’étranger, au détriment de la souveraineté numérique.
Parmi les innovations présentées figure une solution d’exploration offshore basée sur l’intelligence artificielle, capable de réduire de 21 jours à 72 heures le temps de traitement des données sismiques, avec une précision de 92 %. Testée dans le bloc OML 130 du delta du Niger, elle a permis une réduction de 35 % des coûts d’exploration. Huawei a également déployé une plateforme de sécurité tridimensionnelle intégrant des capteurs à fibre optique et une analyse vidéo. Cette solution aurait permis de réduire de 60 % les fuites sur les oléoducs et de faire passer le temps de réponse aux incidents de 45 à 8 minutes.
Sur le plan de la souveraineté numérique, Huawei a présenté une infrastructure cloud localisée, en conformité avec la législation nigériane sur les données stratégiques. Les informations relatives aux opérations pétrolières et gazières seront désormais stockées localement, assurant leur sécurité et leur disponibilité en temps réel.
L’initiative s’inscrit dans la stratégie de transition énergétique 2050 du Nigeria, qui vise à renforcer les capacités techniques locales, garantir la sécurité énergétique et moderniser un secteur clé de l’économie.
Un secteur vital pour l’économie nigériane
Le pétrole et le gaz représentent le socle de l’économie nigériane. Ils génèrent plus de 90 % des recettes d’exportation et environ la moitié des revenus de l’État. Le Nigeria, premier producteur de pétrole brut en Afrique, possède également les plus importantes réserves prouvées de gaz naturel du continent.
Cependant, le secteur est confronté à des défis structurels parmi lesquels les infrastructures obsolètes, les faibles investissements dans l’innovation, le sabotage des pipelines et la dépendance aux technologies étrangères. En apportant des solutions technologiques avancées, Huawei espère contribuer à une meilleure valorisation des ressources nationales et à une amélioration de la gouvernance sectorielle.
Dans cette optique, le groupe chinois prévoit de doubler les incitations offertes aux partenaires locaux et de former plus de 1000 professionnels nigérians dans les technologies énergétiques d’ici fin 2025. L’objectif est de bâtir un écosystème local capable d’accélérer la transition numérique de l’industrie énergétique nigériane.
Pour Huawei, cette démarche stratégique vise à positionner le Nigeria comme un pôle régional d’innovation énergétique, en s’appuyant sur la technologie pour optimiser la productivité, sécuriser les infrastructures et renforcer la souveraineté sur les données.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le gouvernement américain et ivoirien collaborent depuis plusieurs années dans divers secteurs. Ces derniers temps, leurs partenariats se sont intensifiés dans le domaine des technologies numériques, avec un accent sur la cybersécurité, la connectivité et le développement de compétences locales.
Les États-Unis intensifient leur engagement dans la transformation numérique de la Côte d’Ivoire. Lors d'une récente visite officielle à Abidjan, Troy Fitrell, haut fonctionnaire du Bureau des affaires africaines du Département d’État américain, a pris part à plusieurs rencontres économiques majeures, au cours desquelles plus de 550 millions de dollars d'accords commerciaux ont été annoncés ou signés entre les deux pays. Ces investissements couvrent des secteurs stratégiques tels que l’énergie, la transition numérique, les infrastructures, la sécurité, le logement et la technologie.
Dans le domaine des TIC, plusieurs initiatives ont été mises en avant, notamment un protocole d'accord signé entre l'Université George Mason, la société américaine Cybastion et le ministère ivoirien de l’Économie numérique. Ce partenariat vise à former de jeunes talents en intelligence artificielle et en cybersécurité, afin de doter la jeunesse ivoirienne des compétences nécessaires pour répondre aux défis de l'économie numérique.
Par ailleurs, la société américaine Cybastion s'est engagée à développer des projets dans plusieurs pays ouest-africains, notamment en matière de cybersécurité, d'e-gouvernement, de connectivité et de formation technologique.
Ce nouvel engagement s’inscrit dans la continuité d’une coopération déjà établie entre la Côte d’Ivoire et Cybastion. En 2023, la société spécialisée dans la cybersécurité avait déjà signé un accord avec les autorités ivoiriennes pour le développement d’un data center national et d’une cité administrative numérique. En 2024, un partenariat avec Cisco avait été lancé pour former 3000 femmes aux compétences numériques.
À terme, ces initiatives pourraient contribuer à structurer un écosystème numérique régional plus résilient. Pour la Côte d’Ivoire, l’enjeu est de tirer parti de ces partenariats pour renforcer sa souveraineté numérique, bâtir des infrastructures critiques sécurisées et former une masse critique de talents capables de répondre aux exigences croissantes du numérique, au-delà des simples projets pilotes.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En Afrique, le Sénégal fait partie des premiers pays à avoir voté une loi sur la protection des données dès 2008. Cependant, avec l’essor du numérique, les défis restent nombreux pour instaurer une véritable culture de la protection de la vie privée et des droits numériques.
La Commission de protection des données personnelles (CDP) du Sénégal a annoncé le lundi 12 mai la signature d’un protocole d’accord stratégique avec l’ONG panafricaine Paradigm Initiative (PIN), en marge de l’Assemblée générale du Réseau africain des autorités de protection des données personnelles (RAPDP) à Abuja. Ce partenariat vise à renforcer la sensibilisation, l’éducation numérique et la protection de la vie privée dans un contexte de transformation digitale accélérée sur le continent.
« Le gouvernement, le secteur privé, la société civile et les médias doivent collaborer pour que nous puissions tirer le meilleur parti de l'économie numérique. Nous ne pouvons pas continuer à parler d'économie numérique sans la protéger », a déclaré Gbenga Sesan (photo, au centre), le directeur exécutif de l’ONG.
Le partenariat prévoit la mise en œuvre d’activités conjointes de sensibilisation, notamment des campagnes d’information, des ateliers de renforcement des capacités et des sessions de formation à destination des institutions publiques, du secteur privé et de la société civile. L’objectif est d’ancrer une culture de la protection des données à l’échelle nationale et sous-régionale.
PIN, active dans six pays africains (Cameroun, Nigeria, Kenya, Sénégal, Zambie et Zimbabwe), apporte à ce partenariat son expertise en matière de promotion des droits numériques. L’ONG gère également une plateforme en ligne permettant aux victimes d’abus ou d’usages non autorisés de leurs données de signaler les violations.
Au Sénégal, cette collaboration s’inscrit dans un contexte de numérisation croissante des services publics et privés, appuyée par les politiques nationales visant à faire du numérique un moteur de développement. Pourtant, la culture de la protection des données reste encore peu ancrée. Bien que la loi n° 2008-12 sur les données à caractère personnel offre un cadre juridique, son application demeure partielle en raison du manque de moyens techniques, de formation et de sensibilisation, tant au niveau des institutions que du grand public. La CDP, malgré son rôle actif, peine à répondre à l’ensemble des défis liés à la prolifération des plateformes numériques et à la collecte massive de données.
À l’échelle continentale, la situation est contrastée. Selon le rapport 2025 de Yellow Card, 39 des 55 pays africains disposent désormais d’une législation sur la protection des données personnelles. Toutefois, l’application de ces lois varie considérablement. Si certains pays comme le Maroc, l’Afrique du Sud ou le Kenya disposent d’autorités actives et bien structurées, d’autres manquent de ressources humaines, financières ou d’indépendance, limitant ainsi leur capacité d’action. En outre, la ratification de la Convention de Malabo sur la cybersécurité et la protection des données, entrée en vigueur en 2023, constitue une avancée majeure, bien que sa mise en œuvre reste inégale.
Face à ces défis communs, les coopérations régionales, comme celle entre la CDP et Paradigm Initiative, apparaissent essentielles pour mutualiser les efforts, harmoniser les pratiques et promouvoir un environnement numérique sûr, inclusif et respectueux des droits fondamentaux.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’Algérie ambitionne de s’imposer comme un acteur de premier plan dans la transformation numérique sur le continent africain. Pour y parvenir, le pays s’est doté d’une feuille de route structurée autour de cinq piliers stratégiques.
La haut-commissaire à la numérisation, Meriem Benmouloud (photo), a officiellement présenté, lundi 12 mai à Alger, la Stratégie nationale de transformation numérique (SNTN). Ce document cadre vise à accompagner la transition numérique du pays à l’horizon 2030, en mobilisant l’ensemble des parties prenantes, notamment les ministères, experts, opérateurs publics et privés, autour d’objectifs communs.
« L’importance majeure accordée au dossier de la numérisation par le président de la République, qui suit en personne son avancement, témoigne de la forte volonté politique animant la plus haute autorité du pays en vue de réaliser une transition numérique globale en Algérie », a déclaré Mme Benmouloud.
La stratégie repose sur cinq axes fondamentaux : le développement des infrastructures numériques de base, la formation et le renforcement des compétences, la gouvernance numérique, la promotion de l’économie numérique et l’inclusion numérique des citoyens.
Objectif : 500 000 spécialistes TIC et 20 % du PIB issus du numérique
Le volet capital humain occupe une place centrale dans la stratégie. Le gouvernement prévoit de former 500 000 spécialistes dans les technologies de l’information et de la communication (TIC), tout en réduisant de 40 % la fuite des compétences spécialisées.
Sur le plan économique, la SNTN ambitionne de faire du numérique un moteur de croissance. Le pays vise une contribution du secteur numérique à hauteur de 20 % du PIB national, en favorisant la digitalisation des services publics et l’émergence d’un écosystème entrepreneurial dynamique.
Par ailleurs, la numérisation complète de l’administration figure parmi les priorités. Elle permettra de moderniser les procédures, d’améliorer la transparence et de renforcer la qualité des services destinés aux citoyens et aux entreprises.
Infrastructures et cybersécurité au cœur des priorités
Pour accompagner ces ambitions, plusieurs projets structurants sont en cours de réalisation, dont deux centres de données nationaux. Celui de Mohammadia est achevé à 80 %, tandis que celui de Blida atteint 50 %, selon la haut-commissaire. Ces infrastructures stratégiques devraient renforcer les capacités de stockage, de traitement sécurisé des données et d’hébergement des plateformes numériques à l’échelle nationale.
Deux piliers transversaux soutiennent cette stratégie : d’une part, l’instauration d’un cadre juridique et réglementaire adapté, avec l’élaboration en cours d’un projet de loi sur la numérisation ; d’autre part, le renforcement de la cybersécurité, essentiel pour protéger les données et les systèmes d’information contre des menaces cybernétiques de plus en plus sophistiquées.
Une volonté affichée de leadership continental
À travers cette stratégie, l’Algérie se projette comme un futur hub numérique en Afrique du Nord. Mme Benmouloud a affirmé que les acquis réalisés jusqu’ici placent le pays sur la voie du leadership continental en matière de transformation numérique d’ici 2030.
Avec cette feuille de route, les autorités entendent structurer durablement l’action publique dans le numérique, dans une logique de développement inclusif, de souveraineté technologique et de modernisation économique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique suit son cours en Tunisie. Les opérateurs télécoms soutiennent cette révolution technologique avec des investissements stratégiques dans divers projets porteurs.
Orange Tunisie a inauguré, la semaine dernière, un nouveau data center de dernière génération à Kalâa Kebira, dans le gouvernorat de Sousse, rapportent plusieurs médias locaux. L’infrastructure, certifiée TIER III, s’inscrit dans la stratégie de l’opérateur visant à accompagner la transition numérique du pays en renforçant les capacités d’hébergement de données locales.
Ce centre de données, d’une superficie de 1000 m², a été conçu pour répondre aux standards internationaux en matière de sécurité, de redondance énergétique et de continuité de service. Il accueillera des services d’hébergement cloud, de sauvegarde, de reprise d’activité et de connectivité. L’infrastructure servira à la fois les besoins internes d’Orange Tunisie et ceux des entreprises souhaitant externaliser la gestion de leurs systèmes d’information dans un environnement sécurisé.
« Ce data center dont nous sommes fiers, l'est pour plusieurs raisons. La première, c'est qu'il a été conçu et bâti entièrement à partir de zéro. Il ne s'agit pas d'une rénovation ou d'une adaptation d'un site existant, mais d'un projet entièrement nouveau, pensé dès le départ pour répondre aux standards les plus exigeants », a indiqué Thierry Millet, directeur général d'Orange Tunisie. La société a 26,5% de parts de marché sur le segment de la téléphonie mobile du pays, selon les données de l’Instance nationale des télécommunications datant de janvier 2025.
Ce déploiement intervient dans un contexte d’accélération de la transformation numérique dans le pays. Orange Tunisie soutient cette dynamique et contribue à l’amélioration de la souveraineté numérique. « Notre fierté, c'est d'avoir exécuté ce beau Data Center TIER III avec des compétences 100% tunisiennes, avec des entreprises tunisiennes pour les bureaux d'études, le contrôle et la réalisation », a déclaré Adel Akrout, son directeur réseaux et services.

A l’heure où la demande en services numériques explose, cette initiative pourrait positionner la Tunisie comme un hub régional de données. Elle ouvre également la voie à de futures initiatives de cloud souverain. Il faut aussi souligner qu’elle renforce le rôle des opérateurs dans l’aménagement numérique du territoire.
Adoni Conrad Quenum
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Dans un pays où le chômage reste élevé et les opportunités d’emploi limitées, les plateformes VTC ont rapidement trouvé leur place. Cependant, leur essor rapide s’est confronté à un cadre réglementaire flou, générant tensions, incertitudes et perturbations économiques.
L’application estonienne Bolt a mis fin à ses services en Tunisie le vendredi 9 mai. Une désactivation totale de l’application, visible sur tous les appareils testés localement, confirme le retrait de la plateforme de VTC. Depuis cette date, l’application n’est plus accessible, et les utilisateurs tunisiens sont désormais accueillis par le message : « Bolt n’est pas encore disponible ici ».
Cette désactivation survient près de six semaines après la décision gouvernementale de suspendre plusieurs plateformes de transport, dont Bolt, en raison de soupçons de blanchiment d’argent, de fraude fiscale et d’exercice illégal. Malgré cette suspension annoncée le 24 mars, l’application était restée partiellement active, ce qui avait entretenu un flou juridique sur sa situation. Cet arrêt marque donc la fin effective de l’activité de Bolt dans le pays, même si la société n’a toujours pas communiqué publiquement sur les raisons précises de ce retrait.
Pour rappel, les autorités tunisiennes avaient enclenché une série de mesures fermes contre les plateformes opérant sans autorisation légale. Dans le cas de Bolt, la société a été radiée du registre national des entreprises, ses bureaux ont été fermés, et des avoirs estimés à 12 millions de dinars tunisiens (environ 3,9 millions de dollars) ont été saisis. De son côté, la plateforme avait rejeté les accusations, affirmant être en conformité avec la législation tunisienne, tout en dénonçant une procédure menée sans possibilité de se défendre devant la justice.
Présente en Tunisie depuis 2019, Bolt s’était rapidement imposée comme un acteur clé du transport urbain, notamment à Tunis, Sfax et Sousse. L’application offrait une source de revenu à plus de 5 000 chauffeurs, souvent indépendants, dans un contexte socio-économique déjà tendu. Sa suspension accroît l’incertitude pour ces travailleurs, alors que le taux de chômage atteignait déjà 16 % au troisième trimestre 2024, selon l’Institut national de la statistique.
Le départ de Bolt relance le débat sur l’encadrement juridique des plateformes numériques en Tunisie. En l’absence de cadre clair, les entreprises évoluent dans une zone grise, vulnérable aux décisions administratives et aux revirements réglementaires. Pour tirer pleinement parti de l’économie numérique et attirer les investissements étrangers, la Tunisie devra trouver un équilibre entre souveraineté réglementaire et attractivité économique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En Sierra Leone, l’accès au financement reste un obstacle majeur pour de nombreux petits commerçants et travailleurs informels. En lançant un nouveau service de microcrédit mobile, Orange entend jouer un rôle accru dans l’inclusion financière du pays.
Orange Mobile Finance Sierra Leone (OMFSL) a lancé le jeudi 8 mai « Kwik Moni Loan », un service de microcrédit numérique destiné aux agents et commerçants utilisant Orange Money. Ce nouveau produit financier permet aux utilisateurs d’accéder instantanément à des prêts via leur portefeuille mobile Orange Money, en composant simplement le #145# pour les agents et le #146# pour les commerçants.
David Mansaray, PDG d’OMFSL, a déclaré que ce service, disponible 24h/24 et 7j/7, offre un accès rapide et pratique au fonds de roulement pour divers professionnels, notamment les commerçantes, les chauffeurs de taxi et les propriétaires de magasins. Cette initiative vise à faciliter le développement des activités sans les contraintes des procédures de prêt traditionnelles.
Le lancement de « Kwik Moni Loan » s’inscrit dans une stratégie plus large d’Orange visant à renforcer l’inclusion financière en Afrique de l’Ouest. En 2020, Orange avait déjà introduit « Orange Money Lajor » en Sierra Leone, un service de microcrédit destiné aux clients d’Orange Money, en partenariat avec Empire Solution. Par ailleurs, Orange Bank Africa, la banque digitale du groupe, a été lancée en Côte d’Ivoire en 2020 pour offrir des services d’épargne et de crédit accessibles via mobile, avec pour objectif de s’étendre à d’autres pays de la région.
Avec cette nouvelle initiative, Orange Mobile Finance Sierra Leone espère renforcer l’inclusion financière en facilitant l’accès rapide au crédit pour les petits commerçants et agents locaux. En leur offrant des solutions adaptées à leurs besoins réels, ce service vise à soutenir l’entrepreneuriat, améliorer la résilience économique des populations non bancarisées et stimuler l’activité commerciale à l’échelle nationale.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Depuis 2024, le Sénégal impose une TVA sur les services numériques pour élargir son assiette fiscale. Alors que la plupart des plateformes n’avaient pas encore déclaré leur conformité, Google devient le premier géant du web à franchir cette étape.
À compter du 1er juin 2025, Google appliquera une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 18 % à l’ensemble de ses services numériques destinés aux utilisateurs situés au Sénégal. Une annonce qui marque un tournant décisif dans la mise en œuvre de la fiscalité numérique instaurée par le gouvernement sénégalais.
Concrètement, l’entreprise américaine exigera désormais de ses clients professionnels qu’ils fournissent leurs informations fiscales locales, notamment le numéro d’identification national des entreprises et associations (NINEA) ou le numéro du registre de commerce, afin de générer des factures conformes au Code général des impôts. Cette mesure concerne l’ensemble des services numériques proposés par Google, comme Google Ads, Google Cloud, les abonnements logiciels ou encore les plateformes de streaming.
Cette évolution fait suite à l’entrée en vigueur, en juillet 2024, d’un nouveau régime fiscal imposant la TVA sur les prestations de services numériques fournies par des entreprises étrangères non établies sur le territoire national. Jusqu’ici, peu de multinationales du numérique avaient officialisé leur conformité. En se pliant à cette exigence, Google devient ainsi l’un des premiers géants du secteur à franchir le pas, envoyant un signal fort aux autres acteurs encore en retrait.
Selon la direction générale des impôts et des domaines (DGID), cette TVA numérique a déjà permis de collecter plus de 1 milliard FCFA (environ 1,7 million de dollars) au cours de sa première année d’application. À moyen terme, l’État ambitionne de porter ces recettes à 10 milliards FCFA, dans le cadre de sa stratégie de modernisation fiscale et d’élargissement de l’assiette du numérique.
La conformité de Google, en tant que leader mondial des services numériques, représente donc une étape cruciale pour le succès de cette réforme. Elle devrait non seulement contribuer à accroître les recettes fiscales, mais aussi renforcer l’équité entre entreprises locales et multinationales opérant en ligne.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le secteur halieutique au Maroc joue un rôle clé dans l’économie nationale. Il est donc urgent de moderniser cette filière stratégique par le numérique, qui représente un levier essentiel pour améliorer l’efficacité des circuits de distribution.
Le Maroc a investi 34 millions de dirhams (environ 3,6 millions de dollars) pour numériser les ventes aux enchères dans 45 marchés de gros, dans le cadre de sa stratégie de modernisation du secteur halieutique. Cette initiative, portée par le secrétariat d’État chargé de la Pêche maritime, vise à renforcer la transparence des transactions, à améliorer la traçabilité des produits et à optimiser leur distribution sur le marché national.
L’annonce a été faite le mardi 6 mai devant la Chambre des conseillers par la secrétaire d’État Zakia Driouich, qui a précisé que la numérisation concerne l’ensemble des documents utilisés dans ces structures. Elle permettra notamment un meilleur suivi des flux de produits de la mer et contribuera à la lutte contre les pratiques informelles, encore répandues dans certains circuits de commercialisation.
Cet investissement s’inscrit dans la continuité de la stratégie Halieutis, lancée en 2009, qui vise à faire du Maroc une plateforme halieutique compétitive et durable. En plus de sa contribution à la sécurité alimentaire, la filière génère environ 2,3 % du PIB national, avec 220 000 emplois directs et plus de 500 000 emplois indirects. En 2024, la production nationale a atteint 1,42 million de tonnes, pour une valeur estimée à 16,3 milliards de dirhams, consolidant la position du royaume parmi les principaux exportateurs mondiaux de produits de la mer transformés et congelés.
Au-delà de la simple dématérialisation des procédures, cette numérisation ouvre la voie à une transformation plus large du secteur. En automatisant les processus de vente, le gouvernement espère non seulement améliorer l'efficacité opérationnelle des marchés de gros, mais aussi poser les bases d'une interconnexion des différents maillons de la chaîne de valeur, de la capture à la distribution finale. À terme, cette approche pourrait faciliter l’intégration de nouvelles technologies, telles que les systèmes de traçabilité en temps réel, les plateformes de gestion logistique ou encore les outils de veille sur les prix et les volumes commercialisés.
À ce jour, seuls 45 marchés de gros sur les 70 existants ont été couverts par cette opération. Le chantier reste donc ouvert, laissant entrevoir de nouvelles phases d’investissement pour généraliser la numérisation à l’ensemble du territoire, notamment dans les points de débarquement et les villages de pêcheurs.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En novembre 2024, le Gabon a lancé son ambitieux programme « Gabon Digital », avec l’objectif de positionner le pays comme un hub numérique en Afrique centrale. La poursuite de cette vision change de mains, mais reste entre celles d’un expert.
Deux jours après son investiture en tant que quatrième président de la République gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguéma a dévoilé, le mardi 5 mai, la composition du premier gouvernement de son mandat de sept ans. Parmi les principales nominations figure celle de Mark Alexandre Doumba (photo), au poste de ministre de l’Économie numérique, de la Digitalisation et de l’Innovation. Il succède au général de Brigade Bonjean Rodrigue Mbanza, qui occupait ce portefeuille dans le précédent gouvernement de transition.
Avant cette nomination, Mark Alexandre Doumba avait brièvement occupé le poste de ministre de l’Économie et des Participations. Son repositionnement à la tête d’un ministère aussi stratégique témoigne de la volonté des autorités de renforcer la modernisation du pays à travers l’innovation et les technologies.
Âgé de 38 ans, Mark Alexandre Doumba est reconnu comme un entrepreneur aguerri et un stratège de la finance digitale. Fondateur du groupe ClikAfrik et de la néobanque ClikPay, il a fait de l’inclusion financière par le numérique l’un de ses principaux combats. Il a notamment contribué à la création du Guichet numérique de l’investissement, une plateforme ayant facilité la formalisation de plusieurs dizaines de milliers de TPE et PME gabonaises. Il est diplômé de la George Washington University, de la London School of Economics et de la Harvard Kennedy School.
Le nouveau ministre hérite d’un portefeuille dense, avec plusieurs chantiers prioritaires, notamment la relance du backbone national en fibre optique, la construction des centres de données souverains et la modernisation des services publics par le numérique. Ces projets figurent parmi les priorités de la feuille de route du président de la transition.
Mark Alexandre Doumba devra également impulser un nouveau souffle au Centre gabonais de l’innovation et concrétiser le projet de technopôle numérique et industriel, destiné à faire de Libreville un véritable hub régional de l’innovation. Grâce à son approche pragmatique et son expertise en transformation numérique et en partenariats stratégiques, il pourrait jouer un rôle clé dans l’essor du Gabon comme acteur majeur de l’innovation en Afrique centrale.
Samira Njoya
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Le gouvernement capverdien ambitionne de faire du pays une économie numérisée d’ici 2030. Pour y parvenir, il mise sur des investissements dans des infrastructures technologiques afin de former les talents locaux et renforcer la main-d’œuvre nationale.
Le Cap-Vert a officiellement inauguré, le lundi 5 mai, le TechPark CV, un centre technologique régional conçu pour stimuler l’innovation et la transformation numérique dans l’archipel et au-delà. Financé à hauteur de 45,59 millions d’euros (soit 51,7 millions de dollars) par la Banque africaine de développement (BAD), ce projet marque une étape stratégique pour le pays, qui ambitionne de devenir un hub technologique en Afrique de l’Ouest.
« Le TechPark CV est un environnement accueillant où des innovateurs d'origines et de cultures différentes peuvent collaborer et prospérer ensemble. Grâce à ce projet, nous ne construisons pas seulement un centre numérique ; nous favorisons une communauté où la technologie stimule la croissance économique et le développement durable pour le Cap-Vert et nos partenaires internationaux », a déclaré Carlos Monteiro, président de TechPark CV.
Le parc s’inscrit dans la stratégie nationale de diversification économique et dans le cadre de la stratégie de développement de l’économie numérique du Cap-Vert à l’horizon 2030. L’investissement représente près de 2 % du PIB national, témoignant de l’importance accordée au numérique dans le modèle de croissance du pays.
Des infrastructures aux normes internationales
Le parc technologique est équipé de centres de données, d’espaces de coworking, d’un centre de formation, d’un centre d’affaires et d’un centre de conférence, le tout connecté par une infrastructure haut débit. Son statut de Zone économique spéciale pour les technologies (ZEET) offre des incitations fiscales attractives : exonération de TVA, allègement des droits d’importation et un taux d’impôt sur les sociétés réduit à 2,5 %.
Déployé sur deux campus à Praia (île de Santiago) et à Mindelo (île de São Vicente), TechPark CV héberge déjà 23 entreprises et pourra accueillir jusqu’à 1500 professionnels. Il aspire à devenir un pôle d’innovation, de formation et d’expérimentation, tout en attirant des investissements étrangers.
Des ambitions régionales et inclusives
En plus d’attirer des entreprises locales et internationales, TechPark CV se positionne comme un moteur du développement de secteurs technologiques clés tels que l’intelligence artificielle, la blockchain, la fintech, le big data et l’Internet des objets (IoT). Le Cap-Vert entend également renforcer sa coopération régionale à travers un partenariat avec la CEDEAO, afin de contribuer à l’essor de l’innovation numérique en Afrique de l’Ouest.
Le projet place l’intégration des talents locaux au cœur de sa stratégie. Il favorise les partenariats avec les institutions universitaires et entend créer des opportunités d’emploi pour la jeunesse capverdienne, contribuant ainsi au développement du capital humain et au renforcement de l’économie nationale.
Samira Njoya
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Le gouvernement capverdien prévoit de numériser 60 % des services publics essentiels d'ici 2026.
Grâce au succès de son système de paiement unifié, l'Inde a enregistré une forte croissance des paiements numériques. Aujourd’hui, l'Inde s'affirme comme un acteur majeur dans l’accompagnement des nations souhaitant déployer des solutions de paiement numérique efficaces.
L’Inde s’engage à mettre son expertise en infrastructure publique numérique au service de l’Angola. L’information a été rendue publique le vendredi 3 mai, à l’issue d’une rencontre à New Delhi entre le président angolais, João Lourenço (photo, à gauche), en visite officielle, et le Premier ministre indien, Narendra Modi (photo, à droite). L’initiative vise à améliorer la gouvernance électronique et à faciliter l'accès aux services publics pour les citoyens angolais.
Selon un communiqué conjoint, l’Inde a « approuvé une ligne de crédit de 200 millions de dollars pour la défense de l'Angola et collaborera dans les domaines de l'infrastructure publique numérique, de l'espace et des soins de santé ». Ce partenariat vise à introduire en Angola le modèle indien d’infrastructure publique numérique (DPI), un système interopérable permettant de numériser les services administratifs, de favoriser l’inclusion financière et de connecter les citoyens à des services essentiels.
Cette collaboration pourrait permettre à l’Angola de déployer des identités numériques, des plateformes de paiements électroniques ou encore des registres sociaux unifiés. Elle prévoit également une coopération dans le domaine spatial ainsi que des formations aux compétences numériques.
L’annonce s’inscrit dans un contexte de rapprochement stratégique entre les deux pays, qui célèbrent cette année 40 ans de relations diplomatiques. Elle illustre aussi l’ambition de l’Inde de renforcer sa présence technologique sur le continent africain. L'Inde a déjà mis en œuvre des systèmes similaires en Afrique, notamment via sa plateforme d'identité numérique MOSIP (Modular Open Source Identity Platform). Des pays tels que le Maroc, la Sierra Leone, la Guinée et l'Éthiopie ont adopté ou sont en phase de déploiement de cette solution. Par ailleurs, l'Inde collabore avec plusieurs pays africains pour développer des systèmes de paiement numérique inspirés de son interface UPI (Unified Payments Interface), avec des discussions avancées notamment avec le Rwanda.
À terme, ce partenariat pourrait accélérer la modernisation des services gouvernementaux angolais, améliorer l’efficacité administrative et stimuler l’innovation locale. Un appui stratégique pour l’Angola, qui cherche à renforcer sa position dans les classements internationaux de gouvernance numérique. Selon les Nations unies, le pays se classe actuellement 156e sur 193 à l’indice de développement de l’e-gouvernement 2024, avec un score de 0,4149, en dessous de la moyenne africaine (0,4247) et mondiale (0,6382).
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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