Super applications : l’Afrique à l’aube d’une nouvelle révolution numérique

Par : Samira Njoya

Date de création : mardi, 19 août 2025 02:51

Les super applications s’imposent en Afrique comme de véritables plateformes tout-en-un. Du paiement au transport, elles simplifient la vie quotidienne, favorisent l’inclusion financière et incarnent la nouvelle ère numérique du continent.

Entre innovation et inclusion, l’Afrique voit émerger une nouvelle génération d’applications capables de tout gérer depuis un smartphone. Inspirées du modèle asiatique de WeChat ou Grab, ces « super apps » intègrent messagerie, paiements, transport, commerce et même santé, offrant un accès centralisé à de multiples services. Sur un continent où le mobile constitue souvent le premier point d’entrée vers le numérique, elles se positionnent comme un levier stratégique pour accélérer la transformation numérique.

Pour l’Afrique, ce modèle est particulièrement prometteur. Selon la GSMA, le continent comptera plus de 1,1 milliard d’abonnés mobiles d’ici 2028, malgré des infrastructures physiques et bancaires encore limitées. En centralisant de multiples services dans une seule application, ces outils répondent à des besoins concrets, que ce soit pour les citadins ou les populations rurales, tout en favorisant l’inclusion financière.

Les leaders du marché en Afrique

Plusieurs acteurs se disputent déjà ce marché. M-Pesa, lancé par Safaricom au Kenya, en est la figure de proue. Initialement conçu pour le transfert d’argent, il s’est mué en une plateforme multifonctions intégrant paiements marchands, microcrédit et assurance. En Afrique de l’Ouest, Gozem, surnommé le « Gojek africain », combine transport, livraison, mobile money et services financiers, avec une implantation déjà forte au Togo et au Bénin. En Afrique de l’Est, SafeBoda propose un modèle similaire, allant de la réservation de moto-taxis aux paiements numériques. Enfin, des opérateurs télécoms développent aussi leurs propres écosystèmes, à l’image d’Orange avec son application Max It proposant du paiement mobile avec son service Orange Money, de l’achat de crédit téléphonique mais aussi de la télévision en streaming ou du shopping en ligne.

Un levier d’inclusion et de croissance

 Les super apps représentent bien plus qu’une innovation technique. Elles participent à l’inclusion numérique et financière en réduisant la dépendance au cash, en démocratisant l’accès à des services autrefois réservés aux bancarisés et en offrant une vitrine digitale aux petites entreprises. Artisans, commerçants et entrepreneurs informels peuvent toucher de nouveaux clients, encaisser des paiements électroniques et solliciter des microcrédits. Elles pourraient également devenir un relais de croissance en intégrant progressivement des services liés à l’éducation, la santé ou l’agriculture.

Des défis persistants

 Le potentiel est immense, mais les obstacles restent nombreux. Le développement d’une super app exige des investissements massifs en infrastructures numériques et en cybersécurité. Les cadres réglementaires, encore fragiles sur la gestion des données personnelles et la protection des consommateurs, constituent un autre frein. À cela s’ajoute le manque de compétences spécialisées, qui ralentit la conception et la maintenance de ces écosystèmes complexes. Enfin, la confiance des utilisateurs, encore marquée par une certaine méfiance vis-à-vis des services numériques, demeure un enjeu déterminant.

 L’Afrique n’est pas condamnée à copier le modèle asiatique. Elle peut inventer ses propres solutions, adaptées à ses réalités économiques et sociales. Les super apps pourraient intégrer, par exemple, des paiements transfrontaliers pour accompagner la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), ou encore recourir à l’intelligence artificielle pour optimiser les services agricoles et élargir l’accès à la santé et à l’éducation via le mobile.

Si les défis sont relevés, les super applications pourraient devenir l’un des piliers de la compétitivité économique du continent, en alliant innovation technologique, inclusion financière et développement durable.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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