Les autorités mauritaniennes ambitionnent de digitaliser tous les secteurs de l’économie, y compris celui de la justice. Depuis mars 2025, les citoyens peuvent désormais demander et obtenir leur casier judiciaire en ligne.
Le gouvernement mauritanien entend intégrer le numérique dans la réforme de la justice. C’est l’une des orientations majeures issues de la réunion du Comité supérieur chargé de la réforme et du développement de la justice, présidée le mardi 20 mai par le chef de l’État, Mohamed Ould Ghazouani (photo).
Selon le communiqué publié après la réunion, plusieurs mesures sont prévues pour moderniser la justice. Il s’agit notamment de la réalisation d’une étude diagnostique afin d’identifier les besoins en équipements informatiques et en infrastructures numériques, de la mise en place d’un système en ligne pour le traitement des demandes de nationalité, ainsi que du développement de sites Internet dédiés aux tribunaux et aux services judiciaires.
Cette initiative s’inscrit dans l’ambition de transformation numérique du gouvernement mauritanien. L’exécutif cherche à intégrer les outils numériques dans la gestion publique afin de moderniser les services, renforcer la transparence administrative et stimuler le développement économique et social. Plusieurs services ont été numérisés au cours des derniers mois, dont la demande du casier judiciaire.
La numérisation du secteur de la justice est soutenue par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). L’organisme explique que les outils numériques peuvent améliorer l’efficacité, la transparence et l’accès à la justice. « Lorsqu’elle est mise en œuvre de manière stratégique, la justice numérique peut faire progresser l’État de droit et protéger les droits de l’homme, tout en renforçant l’efficacité des systèmes et institutions judiciaires. »
Le PNUD alerte cependant sur les risques liés à la numérisation. Les systèmes numériques peuvent exposer les données personnelles et judiciaires à des abus, notamment des atteintes à la vie privée, du piratage, la vente de données ou l’utilisation de données biaisées dans des outils prédictifs. À cela s’ajoutent des obstacles d’accès liés à la faible couverture Internet, au manque d’équipements compatibles, au coût des services numériques ou encore à l’insuffisance des compétences nécessaires pour les utiliser.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Pour réussir leur transition numérique, les pays d’Afrique subsaharienne ont tout intérêt à nouer des partenariats internationaux. La Zambie, consciente de cet enjeu, multiplie les collaborations avec des pays technologiquement plus avancés.
La Zambie et la République tchèque ont décidé de renforcer leur partenariat pour accélérer la transformation numérique du pays d’Afrique australe. Cette annonce fait suite à une rencontre tenue à Lusaka, la semaine dernière, entre le vice-Premier ministre tchèque, Marian Jurečka (photo, à droite), et le ministre zambien de la Technologie et des Sciences, Felix Mutati (photo, à gauche).
« Nous nous félicitons de cette coopération entre les deux pays, qui vise à trouver des solutions pour protéger notre population dans le cyberespace, ce qui constitue une priorité essentielle pour la Zambie. Pour bâtir une nation véritablement numérique, nous devons également numériser les documents gouvernementaux, un autre domaine dans lequel nous pensons pouvoir collaborer », a déclaré Felix Mutati.
Au-delà de la cybersécurité, la coopération prévoit des échanges de bonnes pratiques dans la gestion et le traitement des données, tant pour l’administration centrale que pour la sécurisation des infrastructures publiques, notamment en zones rurales.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité de la stratégie numérique nationale lancée en 2022 et vient consolider les relations bilatérales entre les deux pays. Ces dernières se sont récemment intensifiées autour de projets communs dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’agriculture. La République tchèque soutient également la formation de talents zambiens à travers l’octroi de bourses dans des domaines clés comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité et les technologies de l'information.
Le renforcement de cette coopération devrait permettre à la Zambie de mieux protéger son cyberespace et d’accélérer sa transformation numérique. À la suite de l’adoption, en avril dernier, de la loi sur la cybersécurité et la cybercriminalité par le Parlement zambien, le gouvernement souhaite renforcer ses capacités de protection de la population dans l’espace numérique à travers des outils technologiques adaptés.
Selon les données de DataReportal, le pays comptait 3,70 millions d’utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux en janvier 2025, soit 17,1 % de la population. Cette adoption du numérique s’accompagne d’une recrudescence des cybermenaces, incitant les autorités à faire de la confiance numérique une priorité.
Par ailleurs, la République tchèque offre un exemple concret des gains d'efficacité liés à la numérisation. Entre 2019 et 2023, le pays a réduit de 10 % les effectifs de sa fonction publique grâce à l’adoption de solutions numériques et à l’usage de l’IA, tout en améliorant la qualité des services. Un modèle que la Zambie envisage d’adopter pour moderniser son administration et faciliter l’accès aux services publics numériques.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La Côte d’Ivoire a lancé en mars 2025 sa stratégie nationale dédiée à l’intelligence artificielle. Pour assurer son succès, les partenariats public-privé se développent afin d’exploiter pleinement le potentiel de cette technologie dans les secteurs clés.
Le ministère ivoirien de la Transition numérique et de la Digitalisation a conclu, le lundi 19 mai, trois protocoles d’accord avec des entreprises du secteur technologique, à l’occasion de la première Conférence nationale sur l’intelligence artificielle (IA) organisée à Abidjan. Ces accords visent à stimuler l’innovation locale, renforcer les compétences et accompagner l’implémentation de la Stratégie nationale de l’intelligence artificielle (SNIA).
Le premier accord, signé avec le Centre d’Excellence Digital et Technologies (CEDITECH), prévoit la mise en place de programmes de formation adaptés aux besoins du marché ivoirien et le soutien à l’entrepreneuriat numérique. Avec Amini Corp, une start-up spécialisée dans les données environnementales issues de l’IA, la collaboration porte sur le renforcement de la souveraineté numérique de la Côte d’Ivoire et la promotion d’une innovation technologique inclusive. Enfin, le partenariat avec TBI, acteur local de la distribution d’équipements informatiques, prévoit la formation des agents de l’administration aux usages de l’IA.
Ces engagements s’inscrivent dans la mise en œuvre de la SNIA, adoptée en mars dernier, et visent à structurer un écosystème propice à l’innovation, à l’inclusion numérique et à la montée en compétences des jeunes. Ils interviennent dans un contexte marqué par le potentiel significatif de l’IA en Afrique. Selon une étude de McKinsey, l’IA pourrait ajouter jusqu’à 1200 milliards de dollars au PIB africain d’ici 2030, représentant une augmentation de 5,6 % du PIB du continent.
En favorisant le développement de l’IA, le gouvernement ambitionne non seulement de moderniser l’administration publique, mais aussi de créer des opportunités d’emploi qualifié pour les jeunes, qui représentent plus de 70 % de la population. Il s’agit également de positionner la Côte d’Ivoire comme un pôle technologique en Afrique de l’Ouest, à l’heure où les usages de l’IA se multiplient dans des secteurs clés comme l’agriculture, la santé, l’éducation ou les services financiers.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités libériennes veulent faire du numérique un moteur de développement national. Cela nécessite un accès généralisé à Internet.
Le gouvernement libérien prévoit de déployer des points Wi-Fi communautaires à travers le pays afin d’améliorer l’accès à Internet. L’initiative a été lancée la semaine dernière dans les comtés de Bong et Nimba, en partenariat avec le fournisseur d’infrastructures télécoms CSquared Africa et d’autres partenaires. C’était dans le cadre des célébrations de la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information.
« Grâce à l’accès Wi-Fi à faible coût désormais disponible dans les centres de santé, les écoles et les espaces communautaires, nous œuvrons activement à renforcer la littératie numérique et la participation économique dans les communautés mal desservies. Cette initiative témoigne de notre engagement à faire en sorte que chaque Libérien puisse bénéficier de la transformation numérique et y contribuer », a déclaré le ministère des Postes et Télécommunications dans un communiqué publié sur Facebook.
Le taux de pénétration de l’Internet au Liberia était de 23,5 % en 2023 pour une population estimée à 5,6 millions, selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT). L’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) estime que la cherté des services Internet est l’un des principaux obstacles à leur adoption. L’UIT estime qu’en 2024, les dépenses en Internet mobile représentaient 8,2 % du revenu national brut (RNB) mensuel par habitant, contre 153 % pour l’Internet fixe. L’organisation considère qu’un service est abordable lorsque son coût ne dépasse pas 2 % de ce revenu.
Bien que les points Wi-Fi communautaires puissent accélérer l’adoption d’Internet au Liberia, leur déploiement reste limité à certaines zones du pays. À ce jour, le gouvernement n’a pas encore précisé le calendrier d’extension de l’initiative ni les modalités d’accès, notamment en ce qui concerne les éventuels coûts pour les usagers.
En outre, le coût du service n’est pas le seul obstacle à l’adoption de l’Internet. La GSMA souligne également la faible accessibilité aux appareils compatibles avec Internet tels que les smartphones, les tablettes ou les ordinateurs. Selon l’UIT, seuls 59 % des Libériens possédaient un téléphone en 2023, sans préciser la proportion de smartphones. À cela s’ajoutent d’autres barrières, comme le manque de compétences numériques, une expérience utilisateur limitée ou encore les préoccupations liées à la sécurité en ligne.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités kényanes souhaitent numériser l’ensemble des services publics. Pour que cette transition soit un succès, il est essentiel que les agents chargés de les délivrer maîtrisent l’utilisation des plateformes numériques mises en place à cet effet.
Le gouvernement kényan prévoit d’ouvrir un Centre régional de compétence dédié au développement des compétences numériques et à l’intelligence artificielle (IA). Ce centre devrait permettre de renforcer les capacités des fonctionnaires afin d’améliorer la qualité des services publics fournis aux populations.
Le Centre est soutenu par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Il sera affilié à la Kenya School of Government, institution dédiée à la formation continue des cadres et fonctionnaires de l’administration publique kényane. Sa mise en service a fait l’objet de discussions la semaine dernière lors d’une rencontre entre John Tanui (photo, à droite), secrétaire principal à l’Économie numérique et aux TIC, et son homologue en charge de la Fonction publique et du Développement du capital humain, Jane Kere Imbunya (photo, à gauche).
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’ambition de transformation numérique du gouvernement kényan, qui veut mettre la technologie numérique au service du développement socio-économique. Le développement des compétences numériques des fonctionnaires est d’ailleurs l’un des piliers du « Plan directeur du numérique du Kenya 2022-2032 ». L’exécutif s’est fixé pour objectif de former 300 000 fonctionnaires aux services numériques d’ici 2030, ce qui représenterait alors 85 % des agents publics.
Cette approche est soutenue par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Dans son rapport « Developing skills for digital government: A review of good practices across OECD governments », elle estime que pour soutenir le passage à l'administration numérique, les pays doivent absolument investir dans le développement des compétences des fonctionnaires. Cela intervient alors que la Banque mondiale estime que près de 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030.
Il convient toutefois de rappeler que le calendrier de mise en service du centre n’est pas encore connu. Par ailleurs, l’OCDE souligne que l’efficacité des formations destinées aux fonctionnaires dépendra de la manière dont elles sont conçues et mises en œuvre. Elle recommande aux gouvernements d’identifier les compétences numériques clés, d’évaluer les acquis des agents publics, de cibler les lacunes par des formations adaptées, puis d’en mesurer les retombées pour améliorer les dispositifs futurs.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La nouvelle capitale administrative égyptienne incarne l’ambition d’un urbanisme high-tech et durable. À l’horizon 2027, elle promet de désengorger Le Caire et de moderniser l’administration du pays.
L'Égypte investit 59 milliards de dollars dans une ville futuriste intelligente, pièce maîtresse de la stratégie Egypt Vision 2030. Ce projet de mégapole high-tech, en cours de construction à 45 km à l’est du Caire, vise à désengorger la capitale et à positionner l’Égypte comme un pionnier de l’urbanisme numérique en Afrique.
Pensée comme un pôle technologique régional, cette ville intégrera des solutions numériques avancées, notamment l’intelligence artificielle, l’Internet des objets, la gestion automatisée des infrastructures publiques, les réseaux de transport connectés et les systèmes de surveillance intelligents. La première phase, qui a mobilisé à elle seule 8,4 milliards de dollars, est en grande partie achevée à plus de 70 %. Les dernières phases devraient s’étendre jusqu’en 2027, avec des ajustements possibles selon l’évolution économique.
Ce mégaprojet s’inscrit dans une dynamique mondiale en forte croissance. À l’échelle internationale, le marché des villes intelligentes est en pleine expansion. Il est évalué à 1360 milliards de dollars en 2024 et devrait atteindre 3840 milliards de dollars d’ici 2029, avec une croissance annuelle moyenne de 23,21 %, selon Mordor Intelligence.
Si l’Afrique ne représente qu’une faible part de ce marché aujourd’hui, elle se positionne progressivement comme un acteur émergent. L’Égypte, le Maroc, le Rwanda, le Nigeria, le Kenya ou encore l’Afrique du Sud misent sur des initiatives urbaines intelligentes pour répondre à l’explosion démographique urbaine, aux défis de gouvernance, de transport et de durabilité.
Dans le cas égyptien, cette ville intelligente est conçue pour accueillir 6,5 millions d'habitants. Elle abritera le siège du gouvernement, des ministères, des ambassades étrangères, ainsi que des centres d’innovation numérique. Les bâtiments y seront équipés de capteurs intelligents pour l’énergie, l’eau, la sécurité et la mobilité.
Malgré les critiques sur les priorités d’investissement dans un pays frappé par une inflation élevée et une dette publique croissante, les autorités défendent une vision à long terme. Elles misent sur les retombées économiques, la création d’emplois qualifiés et la transformation numérique de l’administration comme moteurs de changement durable.
Samira Njoya
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Avec l’essor du numérique, la 4G devient indispensable pour répondre aux besoins croissants en connectivité. En Centrafrique, elle ouvre la voie à de nouveaux usages, améliore la qualité de service et favorise l’accès à des services digitaux essentiels.
La filiale centrafricaine de l’opérateur télécoms Orange a officiellement lancé, le jeudi 15 mai, la commercialisation de la technologie mobile de quatrième génération (4G). Cette avancée technologique représente une étape clé pour l’opérateur, qui cherche à renforcer sa position sur un marché encore sous-équipé mais à fort potentiel numérique.
🚨🚨COMMUNIQUÉ DE PRESSE
— Orange Centrafrique (@OrangeRca) May 15, 2025
Nous annonçons le lancement officiel de la 4G en République Centrafricaine.🇨🇫 #OrangeAKeDa #4GAKeDa#Réseau #Connexion #RCA pic.twitter.com/EcMfqSEUww
« Ce lancement est le fruit de plusieurs années d’investissements, d’efforts techniques, humains et réglementaires. C’est un événement majeur pour le développement du numérique dans notre cher et beau pays », a déclaré Max Francisco, directeur général d'Orange Centrafrique.
Confrontée à la saturation progressive du réseau 3G, la filiale centrafricaine du groupe français avait amorcé dès 2021 une série d’investissements pour moderniser ses infrastructures et se conformer aux exigences réglementaires. Le nouveau service est désormais opérationnel à Bangui, Bouar, Berbérati et Bossangoa, avec une extension prévue à Bambari dans les mois à venir.
Avec un débit jusqu’à dix fois supérieur à la 3G, la 4G offre une expérience optimisée pour les appels vidéo, le télétravail, les jeux en ligne et les services cloud. Orange a aussi lancé une campagne de migration gratuite vers les cartes SIM compatibles 4G et renforcé ses offres data pour accompagner cette transition.
Le lancement de la 4G s’inscrit dans un partenariat public-privé signé en novembre 2024 entre Orange et le gouvernement centrafricain, via le ministère de l’Économie numérique. L’accord visait à accélérer le déploiement d’une couverture Internet haut débit à l’échelle nationale, dans une logique de soutien à la transformation numérique du pays.
Un marché à fort potentiel de croissance
Le marché télécoms centrafricain est partagé entre Orange, Moov Africa et Telecel. Selon les données de DataReportal (2024), le pays compte 2,1 millions d’abonnés à la téléphonie mobile et 839 000 utilisateurs d’Internet pour une population estimée à 5,4 millions d’habitants. Avec un taux de pénétration Internet de 15,5 %, le pays présente un fort potentiel de croissance pour les services numériques.
Dans ce contexte, Orange voit dans la 4G un levier stratégique pour diversifier ses services, capter de nouveaux segments comme les PME, les étudiants et les professionnels et soutenir la croissance des usages numériques dans un pays en quête de modernisation.
La 4G pourrait également favoriser l’essor de nouveaux services dans des domaines tels que l’éducation, la santé, la finance mobile ou encore l’administration électronique. Elle constitue également une opportunité pour les jeunes entrepreneurs et les start-up locales, qui pourront développer des solutions numériques adaptées aux réalités du pays.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Orange et l’IFC s’engagent pour une connectivité inclusive en Afrique
En Afrique de l’Ouest et centrale, les besoins en connectivité restent pressants, notamment dans les zones rurales et enclavées. Le renforcement des infrastructures numériques y est essentiel pour combler la fracture numérique, favoriser l’inclusion et soutenir le développement socio-économique.
Orange Afrique et Moyen-Orient (OMEA) et la Société financière internationale (IFC), institution du Groupe de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, ont signé un partenariat en marge de l’Africa CEO Forum qui s’est tenu à Abidjan, les lundi 12 et mardi 13 mai. L’accord vise à accélérer la connectivité numérique dans huit pays d’Afrique de l’Ouest et centrale, en s’appuyant sur un modèle d’investissement reproductible à forte valeur ajoutée sociale et économique.
« Accroître l'accès à la connectivité numérique en Afrique est une priorité majeure pour favoriser l'innovation, élargir l'inclusion financière et générer des opportunités d'emploi. Le renforcement de notre partenariat illustre notre engagement à positionner le numérique comme un levier stratégique de transformation économique durable, au bénéfice des individus et des entreprises », a déclaré Ethiopis Tafara, vice-président d’IFC pour l’Afrique.
Ce partenariat vise à réduire les disparités d’accès au numérique, notamment dans les zones peu desservies, en mobilisant les expertises complémentaires des deux entités. L’IFC mettra à profit son savoir-faire en matière de financement du développement, tandis qu’OMEA s’appuiera sur sa présence opérationnelle dans la région et sur la solidité de son réseau télécoms.
Les projets prévus porteront principalement sur le déploiement d’infrastructures stratégiques : tours de télécommunications, réseaux de fibre optique et extension de la couverture mobile dans des territoires ruraux ou enclavés, où les besoins restent largement insatisfaits.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité des opérations précédentes soutenues par l’IFC, telles que le financement de 75 millions de dollars accordé à Sonatel en 2024 pour développer la couverture 4G et la fibre au Sénégal, ainsi que la première opération de titrisation télécoms en Afrique de l’Ouest.
Selon les données publiées par We Are Social et Meltwater en octobre 2024, le taux de connectivité à Internet atteint 42,6 % en Afrique de l’Ouest et seulement 31,8 % en Afrique centrale, soulignant un retard significatif par rapport aux moyennes mondiales. Par ailleurs, un rapport de la GSMA indique que 13 % de la population d’Afrique subsaharienne demeure totalement hors de portée de tout réseau mobile, les zones rurales étant les plus touchées.
En favorisant l’accès à des services numériques de qualité, notamment dans les zones rurales ou mal desservies, cette collaboration pourrait accélérer l’intégration économique, stimuler l’innovation locale et améliorer l’accès à l’éducation, aux soins de santé ainsi qu’aux services financiers. Ce partenariat devrait également favoriser la création d’emplois directs et indirects dans les pays concernés.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le gouvernement ghanéen mise sur la coopération internationale pour réaliser ses ambitions de transformation numérique. Récemment, les autorités se sont rapprochées de l’Allemagne, de l’Italie, du Danemark, entre autres.
Le gouvernement ghanéen envisage de renforcer sa coopération avec l’Inde dans le secteur technologique. La question a été au centre des échanges lors d’une rencontre tenue le jeudi 15 mai entre le ministre ghanéen de la Communication, des Technologies numériques et de l’Innovation, Samuel Nartey George (photo, au centre), et l’ambassadeur de l’Inde au Ghana, Shri Manish Gupta (photo, à gauche).
Au cours des échanges, les deux parties ont exploré les opportunités de partenariats dans les domaines des paiements numériques, de la banque mobile et de l’inclusion financière. Elles ont également abordé le développement de l’écosystème technologique ghanéen, avec l’ambition de faire du pays un pôle de codage en Afrique. Enfin, les discussions ont porté sur le renforcement des infrastructures numériques afin de mieux soutenir l’innovation et l’entrepreneuriat.
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des efforts de coopération internationale du gouvernement ghanéen en faveur de la transformation numérique, considérée comme un levier du développement socioéconomique. Au cours des dernières semaines, le pays s’est notamment rapproché de l’Allemagne, de l’Italie, de la Turquie, d’Israël et du Danemark. À cela s’ajoutent des entités et entreprises comme la société de fibre CSquared, Deloitte, l’Organisation régionale africaine de communication par satellite (RASCOM), l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et Meta.
Pour le moment, le Ghana s’est classé à la 108e place mondiale sur 193 à l’indice de développement de l’e-gouvernement des Nations unies avec un score de 0,6317. Il est bien au-dessus de la moyenne africaine (0,4247) mais légèrement en dessous de la moyenne mondiale (0,6382). L’Inde, quant à elle, a été classée 97e avec un score de 0,6678.
Il convient de rappeler que les échanges entre le Ghana et l’Inde restent à une étape embryonnaire. Les deux parties se sont engagées à approfondir les pistes de coopération et à identifier des projets concrets à mettre en œuvre. Toutefois, aucun accord n’a été signé ou même annoncé pour le moment. Il faudrait donc attendre des développements ultérieurs pour s’avancer davantage sur les perspectives et l’impact potentiel.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique figure parmi les priorités de nombreux pays africains. Pour qu’elle soit pleinement réussie, elle doit s’accompagner de garanties solides en matière de cybersécurité et de protection des données, tant pour les citoyens que pour les institutions.
La Zambie et le Zimbabwe cherchent à s’inspirer du Nigeria en matière de protection des données personnelles. À cet effet, des délégations distinctes des deux pays d’Afrique australe ont effectué cette semaine une visite de travail au siège de la Commission nigériane de protection des données (NDPC). La rencontre s’est tenue en marge de l’Assemblée générale du Réseau africain des autorités de protection des données personnelles (RAPDP), organisée à Abuja, au Nigeria.
« L’objectif de cette visite était pour les délégations d’étudier le fonctionnement quotidien de la NDPC, en vue de reproduire les meilleures pratiques dans leurs pays respectifs », a déclaré l’organisation dans un communiqué publié le mercredi 14 mai.
Vincent Olatunji, commissaire national de la NDPC, a présenté aux visiteurs un aperçu de l’évolution de la protection des données au Nigeria, soulignant que la Commission a élaboré une feuille de route stratégique qui lui sert de guide depuis la signature de la loi nigériane sur la protection des données de 2023. Il a précisé que le modèle de partenariat public-privé mis en place constitue l’un des principaux leviers du succès de l’institution. Les échanges ont également porté sur d’autres aspects clés tels que le développement du capital humain, la sensibilisation du public, l’élaboration de politiques adaptées et les stratégies de collaboration.
Cette visite de benchmarking intervient dans un contexte de transformation numérique accélérée marquée par une généralisation de l’adoption des services de communications électroniques. « Alors que les entreprises, les gouvernements et les particuliers dépendent de plus en plus des plateformes numériques, la question de la sécurité des données personnelles n’a jamais été aussi cruciale », a indiqué la plateforme d’échange de cryptomonnaies Yellow Card dans l’édition 2025 de son rapport « The State of Data Protection Laws in Africa ».
Cela pourrait permettre aux autorités de protection des données de la Zambie et du Zimbabwe de renforcer leur capacité à assumer pleinement leur rôle, qui consiste, selon Yellow Card, à faire respecter la législation, enquêter sur les violations et accompagner entreprises et citoyens dans l’adoption de bonnes pratiques. À titre d’exemple, une enquête conjointe de 38 mois menée par la Commission fédérale de la concurrence et de la protection des consommateurs (FCCPC) et la NDPC a révélé que WhatsApp avait enfreint les lois nigérianes sur la protection des données et la concurrence. En conséquence, une amende de 220 millions de dollars a été infligée à sa maison mère, Meta, en juillet 2024.
Il convient toutefois de rappeler que répliquer le modèle nigérian en Zambie et au Zimbabwe peut être compliqué étant donné que les contextes sont différents. D’ailleurs, Yellow Card souligne que l’efficacité des autorités de protection des données est inégale selon les pays du continent, en raison de disparités en matière de ressources, d’expertise et de volonté politique.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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