Les autorités kényanes veulent intégrer le numérique dans tous les secteurs de l’économie, notamment la justice, afin de renforcer l’efficacité et de rapprocher les services publics des citoyens. Par exemple, il est prévu la connexion de 74 000 institutions publiques à Internet en deux ans.   

Le gouvernement kényan a lancé le vendredi 13 juin un projet visant à connecter 42 tribunaux du pays à l’Internet à haut débit. D’un coût de 250 millions de shillings kényans (1,9 million de dollars américains), l’initiative vise selon les autorités à accélérer la transformation numérique du système judiciaire et à rapprocher les services de la population. Elle cible 6,5 millions de personnes. 

Le projet est mis en œuvre par l’Autorité des communications (CA) en collaboration avec le pouvoir judiciaire. Selon le régulateur télécoms, la numérisation du système judiciaire permettra la tenue d’audiences virtuelles, la gestion des affaires à distance et l’accès en temps réel aux données. Cela permettra de réduire la dépendance à la présence physique dans les tribunaux tout en facilitant l’accès à la justice. 

« En numérisant la justice, nous améliorons directement la qualité des services, renforçons la transparence et la redevabilité dans l’ensemble du système judiciaire. C’est précisément ce type d’impact que nous recherchons à travers la stratégie nationale de transformation numérique », a déclaré Stephen Isaboke, secrétaire principal du département d'État à la radiodiffusion et aux télécommunications au sein du ministère des TIC. 

Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’ambition de transformation numérique qui veut faire des TIC un pilier du développement socio-économique. La numérisation du secteur de la justice est soutenue notamment par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). L’organisme explique que les outils numériques peuvent améliorer l’efficacité, la transparence et l’accès à la justice. « Lorsqu’elle est mise en œuvre de manière stratégique, la justice numérique peut faire progresser l’État de droit et protéger les droits de l’homme, tout en renforçant l’efficacité des systèmes et institutions judiciaires », a ajouté le PNUD. 

Le PNUD alerte cependant sur les risques liés à la numérisation. Les systèmes numériques peuvent exposer les données personnelles et judiciaires à des abus, notamment des atteintes à la vie privée, du piratage, la vente de données ou l’utilisation de données biaisées dans des outils prédictifs. À cela s’ajoutent des obstacles d’accès liés à la faible couverture Internet, au manque d’équipements compatibles, au coût des services numériques ou encore à l’insuffisance des compétences nécessaires pour les utiliser. Par exemple, l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) estime que 35 millions de Kényans n’ont pas du tout accès à l’Internet mobile, alors que la population du pays est estimée à 55,1 millions par la Banque mondiale. 

Isaac K. Kassouwi

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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La transformation numérique est, selon les autorités, un levier essentiel du développement socioéconomique du Liberia. Elle s’applique à plusieurs domaines de la gouvernance publique, dont l’administration fiscale. 

L’Autorité fiscale du Liberia (LRA) intensifie ses efforts pour accélérer sa transformation numérique. La semaine dernière, elle a mené un examen approfondi des procédures opérationnelles standard (SOP) au sein du Département des impôts intérieurs, en vue de les adapter aux réalités actuelles, notamment les avancées technologiques. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de numérisation de l’administration fiscale. 

Selon James Dorbor Jallah, commissaire général de la LRA, la numérisation des processus fiscaux est indispensable pour améliorer l’efficacité et réduire les redondances. « Nous avançons vers l’automatisation. Nos processus et nos SOP doivent être alignés en conséquence. Il est crucial d’investir davantage dans les technologies de l’information pour réduire le gaspillage et éliminer les redondances, y compris dans les audits manuels. Des pays comme la Zambie tirent déjà profit de la numérisation, et nous devons leur emboîter le pas », a-t-il déclaré. 

En mai dernier, la LRA a annoncé l’installation d’un nouveau système intelligent de surveillance des recettes, conçu par la société technologique internationale N-Soft. Ce dispositif a pour objectif d’améliorer la transparence et l’efficacité de la collecte des recettes fiscales. Le même mois, l’institution a également renforcé sa collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) autour de trois axes prioritaires : la mobilisation des ressources nationales, la transformation numérique et le renforcement des capacités institutionnelles. En septembre 2024, un système automatisé de gestion des performances (APMS) a été lancé, avec une mise en service prévue en 2025. 

Parallèlement, la LRA met à disposition une plateforme numérique intégrée comprenant notamment le Liberia Integrated Tax System (LITAS), un système complet de gestion des processus fiscaux. Cette plateforme offre des services variés, dont le paiement électronique (par virement bancaire ou carte Visa), des outils en ligne pour le calcul et la vérification des taxes, ainsi que la délivrance de certificats de conformité fiscale et de numéros d’identification fiscale. 

Cette approche est validée par l'Organisation de coopération et de développement (OCDE), qui estime que le but de la transformation numérique de l'administration fiscale est de rendre l'imposition plus facile et moins coûteuse pour les contribuables. « S'il est fastidieux de payer l'impôt, cela entraînera des coûts plus élevés en temps et en argent pour les particuliers et les entreprises. Lorsque l'impact de ces contraintes sur les particuliers et les entreprises est étendu à l'ensemble de l'économie, les sommes en jeu peuvent être énormes, tant en termes de coûts directs que de baisse de la productivité », explique l’OCDE. 

Il convient toutefois de rappeler que la numérisation de l’administration fiscale au Liberia est encore en cours et n’a pas encore atteint son plein déploiement. Pour en garantir l’efficacité, il sera nécessaire d’équiper les bâtiments de l’administration fiscale d’une connexion Internet fiable, d’équipements adaptés, ainsi que d’un accès stable à l’électricité. Par ailleurs, les agents fiscaux devront être formés pour acquérir les compétences numériques indispensables à l’utilisation optimale de ces nouveaux outils. 

Isaac K. Kassouwi

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Le Maroc s’impose comme une destination stratégique pour les investissements technologiques grâce à sa position géographique, ses infrastructures numériques en développement et son engagement en faveur des énergies renouvelables. Le pays attire de plus en plus d’acteurs mondiaux du numérique. 

Le groupe technologique sud-coréen Naver a annoncé, vendredi 13 juin, la création d’un centre de données d’intelligence artificielle (IA) de nouvelle génération au Maroc, en partenariat avec Nvidia, Nexus Core Systems et l’investisseur Lloyds Capital. Alimenté par des énergies renouvelables, le site vise une capacité de 500 MW pour répondre à la demande croissante en services d’IA souverains dans la région EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique). 

« Cette collaboration sera un tournant important pour la technologie de l'informatique en nuage et de l'IA de Naver afin de s'étendre au-delà du Japon, de l'Asie du Sud-Est et du Moyen-Orient au marché européen », a déclaré Chae Sun-joo (photo, au centre), PDG des activités stratégiques de Naver. 

La première phase du chantier est prévue pour le quatrième trimestre avec l’installation d’un supercalculateur de 40 MW, équipé des tout derniers GPU Blackwell (GB200) de Nvidia. À terme, l’infrastructure devrait s’étendre progressivement à 500 MW, grâce à un accord conclu avec l’énergéticien TAQA pour garantir un approvisionnement stable en électricité verte. 

Pour Naver, le choix du Maroc repose sur plusieurs atouts, notamment sa proximité géographique avec l’Europe (à seulement 15 km via le détroit de Gibraltar), son réseau de câbles sous-marins à fibres optiques et un environnement énergétique compétitif. Le royaume ambitionne d’atteindre 52 % de son mix énergétique à partir de sources renouvelables d’ici 2030 et dispose de projets d’envergure comme le complexe solaire Noor à Ouarzazate (580 MW installés). 

Ce projet s’inscrit dans une dynamique régionale porteuse. Ces dernières années, le Maroc a renforcé son positionnement comme hub numérique en Afrique du Nord, attirant plusieurs investissements dans les data centers et les infrastructures cloud. Le pays a récemment été choisi pour accueillir un autre projet de méga data center de 386 MW à Tétouan. 

Au-delà de son impact technologique, ce futur centre de données devrait avoir des retombées positives sur l’économie locale : création d’emplois qualifiés, transfert de compétences, développement de l’écosystème numérique et renforcement de la souveraineté numérique nationale. Il pourrait également attirer d’autres investissements internationaux dans les secteurs du cloud, de l’IA et des télécommunications, contribuant ainsi à positionner durablement le Maroc comme un carrefour stratégique de l’économie numérique en Afrique. 

Samira Njoya

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Le numérique s’impose comme un levier de développement, et les partenariats entre acteurs publics et privés se multiplient pour réduire la fracture numérique, stimuler l’innovation locale et améliorer l’accès aux services essentiels en Afrique. 

Le groupe télécom Orange et l’Agence française de développement ont signé, jeudi 12 juin en marge de VivaTech 2025, un accord-cadre de trois ans pour renforcer leur coopération dans le domaine du numérique, en particulier en Afrique et au Moyen-Orient. L’accord fait d’Orange un partenaire clé de la transformation numérique dans 17 pays de la région MEA. 

« Ce partenariat stratégique avec le groupe AFD marque une étape importante de notre collaboration. Je me réjouis de poursuivre cette dynamique de coopération internationale pour un numérique plus inclusif et plus durable », a déclaré Christel Heydemann, directrice générale d’Orange. 

Le partenariat vise à favoriser l’accès aux services numériques de base et à promouvoir des solutions numériques durables à fort impact. Il couvre plusieurs domaines prioritaires, à savoir le déploiement d’infrastructures stratégiques — backbones, câbles sous-marins —, l’accès aux e-services — éducation, santé, agriculture —, la formation des jeunes, l’entrepreneuriat numérique, ainsi que la réduction de l’empreinte environnementale du secteur. Les deux partenaires prévoient également d’aborder des thématiques émergentes telles que l’éthique des données et l’intelligence artificielle appliquée au développement. 

Cet accord intervient dans un contexte où la demande pour les services numériques est en forte croissance sur le continent, portée par une jeunesse connectée mais encore confrontée à d'importantes disparités d'accès. D’après l’Union internationale des télécommunications (UIT), seuls 38 % des Africains avaient accès à Internet en 2024, contre 68 % à l’échelle mondiale. L’écart est encore plus marqué entre zones urbaines (57 % de couverture) et rurales (23 %), illustrant l’ampleur de la fracture numérique. 

En s’unissant, Orange et l’AFD veulent notamment renforcer la souveraineté numérique des pays partenaires et contribuer à l’atteinte des Objectifs de développement durable à travers des initiatives locales, inclusives et responsables. Le nouveau cadre de coopération permettra également de consolider les projets en cours, comme les 16 Orange Digital Centers présents en Afrique ou les programmes de formation soutenus par les Fondations Orange en Côte d’Ivoire, Guinée, Madagascar et Tunisie, tout en lançant de nouvelles initiatives dans des zones rurales et vulnérables. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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La transformation numérique est un levier stratégique pour moderniser l’administration malienne. En repensant ses services publics, le gouvernement entend renforcer la performance de l’État et faciliter l’accès des citoyens aux prestations essentielles. 

Le Mali s’apprête à déployer deux nouvelles plateformes numériques pour moderniser son administration publique : un logiciel de gestion de l’état civil et un système intégré de gestion des ressources humaines. Les solutions ont été présentées le mardi 10 juin au comité de pilotage de la digitalisation de l’administration, dans le cadre du processus de transformation numérique impulsé par les plus hautes autorités du pays. 

Le logiciel de gestion de l’état civil, développé par l’Agence nationale de sécurisation des actes d’état civil en collaboration avec le Centre de traitement des données de l’état civil, vise à faciliter l’enregistrement, la vérification et l’authentification des actes de naissance, de mariage et de décès. Accessible sur ordinateur et mobile, l’outil va permettre aux citoyens de consulter leurs documents à distance, allégeant ainsi les démarches administratives souvent longues et complexes. 

Quant au système intégré de gestion des ressources humaines, il a pour objectif de centraliser les données des agents publics des services de l’État et des collectivités territoriales, afin de renforcer la maîtrise des effectifs, la transparence dans la gestion des carrières et la planification des ressources humaines. 

Ces deux plateformes s’inscrivent dans une dynamique plus large portée par le président de la Transition, le général Assimi Goïta, pour rendre l’administration plus efficace et accessible. Elles viennent compléter une série d’outils déjà lancés ou en cours d’expérimentation, tels que le système intégré de gestion des opérations du commerce extérieur, le mécanisme de refinancement des systèmes financiers décentralisés baptisé « N’GNA SÔRÔ ! », ou encore la plateforme de gestion des certificats de jaugeage des camions-citernes conçue pour l’Agence malienne de métrologie. 

À travers cette transformation numérique progressive, le Mali ambitionne non seulement de simplifier les interactions entre l’administration et les citoyens, mais aussi de renforcer la gouvernance, de lutter contre la fraude documentaire et de mieux piloter ses politiques publiques. Selon l’édition 2024 de l’indice des Nations unies sur le développement de l’e-gouvernement, le pays se positionne désormais à la 141e place sur 193, affichant des progrès notables par rapport aux années précédentes. Ces initiatives traduisent ainsi une volonté politique affirmée de combler le retard accumulé et de repositionner le pays parmi les administrations africaines les plus connectées. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Avec l’innovation technologique, l’Égypte cherche à renforcer son attractivité, améliorer l’accueil des voyageurs et soutenir ses ambitions économiques d’ici 2030. 

L’Égypte va entamer à la mi-juin une phase pilote de son nouveau système de visa numérique à l’arrivée à l’aéroport international du Caire. Ce dispositif constitue une avancée majeure dans la stratégie du pays, qui mise sur les technologies numériques pour moderniser les procédures d’immigration et renforcer son attractivité touristique. 

Conçu pour fluidifier l’arrivée des voyageurs internationaux, le système repose sur l’installation de bornes en libre-service au sein des terminaux et sur une application mobile dédiée. Les visiteurs pourront obtenir un visa d’urgence en quelques minutes, via un processus dématérialisé utilisant des QR codes et des paiements électroniques. Ce nouveau service permet de réduire les files d’attente, d’éliminer la paperasse et d’accélérer le passage aux frontières. 

Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale du tourisme durable à l’horizon 2030, qui vise à accueillir 30 millions de touristes par an d’ici 2028. L’aéroport du Caire, principal point d’entrée du pays, servira de laboratoire pour ce programme, qui pourrait être étendu à d’autres plateformes comme Sharm el-Sheikh, Hurghada ou Louxor si les résultats sont jugés concluants. 

En plus d’améliorer l’expérience des voyageurs, l’initiative vise à positionner l’Égypte au même niveau que d’autres destinations qui misent sur la transformation numérique pour dynamiser leur secteur touristique. Le gouvernement compte aussi sur ce dispositif pour attirer plus de devises étrangères et renforcer un secteur qui représente environ 12 % du PIB national. 

À noter que le système devrait dans un premier temps cibler les voyageurs issus des pays déjà éligibles au visa électronique, notamment en Europe, en Amérique du Nord et au Moyen-Orient. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Le gouvernement djiboutien ambitionne de faire du pays un hub régional d’innovation en IA dans les prochaines années. Dans ce cadre, un appel à candidatures est lancé pour recruter un expert national chargé d’élaborer la future stratégie nationale de l’intelligence artificielle. 

Le ministère de l’Économie numérique et de l’Innovation de Djibouti (MDENI), en partenariat avec la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO/UNESCWA), a annoncé le dimanche 8 juin l’ouverture des candidatures pour le poste d’expert national en intelligence artificielle. Ce recrutement s’intègre dans le processus de définition de la stratégie nationale de l’IA. 

L’expert recruté sera chargé de contribuer à la conception de la stratégie en fournissant une expertise technique et analytique. Ses missions incluent notamment l’évaluation de l’état actuel des capacités en IA à Djibouti, l’identification des secteurs prioritaires pour son application, la conduite de consultations avec les parties prenantes locales, ainsi que la formulation de recommandations alignées sur les bonnes pratiques internationales. 

Cette initiative s’inscrit dans la volonté du gouvernement de doter le pays d’une stratégie claire et structurée en matière d’intelligence artificielle. Elle a pour objectif de structurer le développement et l’usage de cette technologie dans les secteurs clés, en veillant à son application éthique, inclusive et sécurisée. La future stratégie nationale de l’IA devra également tenir compte des enjeux liés à l’éducation, à la recherche, à la gouvernance des données et à l’innovation. 

Le poste est ouvert aux spécialistes djiboutiens qualifiés dans les domaines de l’intelligence artificielle, des politiques numériques, de l’innovation technologique ou des technologies de l’information. La date limite de dépôt des candidatures est fixée au lundi 23 juin. Les candidatures sont à soumettre via la plateforme officielle des Nations unies à l’adresse : careers.un.org/jobSearchDescription/259195

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Face aux enjeux croissants de souveraineté numérique dans les relations internationales, le Congo appelle à une coopération renforcée entre l’Afrique et la Russie. Léon Juste Ibombo défend une approche partenariale fondée sur l’échange de compétences, les technologies souveraines et la formation. 

Le ministre congolais des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, Léon Juste Ibombo (photo), a appelé à bâtir une coopération pragmatique entre l’Afrique et la Russie, plaçant la souveraineté numérique au cœur des enjeux futurs. Il s'exprimait lors de la session « Russie-Afrique : souveraineté numérique partagée et durable » du Global Digital Forum 2025, tenu les jeudi 5 et vendredi 6 juin à Nijni Novgorod, en Russie. 

Dans son allocution, M. Ibombo a défini six axes de collaboration prioritaire. Il a préconisé le transfert de compétences en intelligence artificielle, cybersécurité et big data ; le développement de centres de calcul partagés pour la gouvernance souveraine des données ; la co‑conception de solutions open source adaptées aux réalités africaines ; des échanges sur la fiscalité numérique et la traçabilité industrielle ; l’organisation de formations conjointes ; et enfin l’alignement des positions des pays africains et russes dans les instances internationales régulant le numérique. 

L’appel du Congo s’inscrit dans un contexte où plusieurs pays africains ont déjà entamé une coopération numérique avec la Russie. Le Zimbabwe, par exemple, a mis en œuvre un programme d’e‑gouvernance en coopération avec Moscou pour améliorer l’efficacité de l’administration publique et réduire la corruption. L’Angola, quant à lui, a noué un accord digital autour de réseaux de fibre optique, de satellites de télécommunications (dont le projet AngoSat‑2) et de cybersécurité en lien avec la Russie. De plus, l’expansion du logiciel souverain russe MyOffice dans plusieurs pays africains, dont le Cameroun, la RDC ou la Guinée, témoigne d’une volonté affirmée d’atteindre une indépendance numérique. 

La Russie dispose d’un solide atout sur le plan technologique, avec des compétences établies en cybersécurité, en développement de logiciels souverains et en infrastructures de données sensibles. Par ses partenariats numériques existants, elle propose à l’Afrique des solutions alternatives au modèle des grandes plateformes occidentales, tout en ambitionnant de former les opérateurs africains aux meilleures pratiques. 

Ce partenariat pourrait rapprocher l’Afrique d’un modèle numérique plus autonome, reposant sur des infrastructures dédiées, des compétences locales renforcées et une souveraineté accrue dans les négociations internationales. En diversifiant ses partenariats technologiques, le continent se donne les moyens de bâtir des bases numériques solides, durables et politiquement indépendantes. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Avec le lancement de son nanosatellite Gaindesat-1A, le Sénégal a marqué une avancée majeure dans sa stratégie spatiale. Le pays affiche désormais l’ambition de faire de l’espace un levier stratégique au service du développement et de la souveraineté. 

L’État-major général des Armées (EMGA) et l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES) ont annoncé, le jeudi 5 juin, la signature d’un mémorandum d’accord de cinq ans pour créer la première constellation de satellites nationaux. Ce projet stratégique a pour objectif de renforcer la souveraineté technologique et les capacités de défense du pays. 

« En créant l’ASES, l’État du Sénégal affiche une ambition claire, faire du secteur spatial un levier transversal pour impacter tous les domaines, et en priorité la sécurité », a déclaré Maram Kaïré (photo, à droite), directeur général de l’ASES, saluant l’approche visionnaire de l’État. 

Le projet prévoit le déploiement d’une constellation de nanosatellites, c’est-à-dire un ensemble de petits satellites placés en orbite et coordonnés pour fonctionner de manière complémentaire. Ce système offrira une couverture étendue et quasi continue du territoire, avec des applications essentielles en observation de la Terre. 

L’initiative bénéficie de l’accompagnement technique de Prométhée Earth Intelligence, société européenne spécialisée dans les technologies spatiales et l’analyse de données issues de l’observation de la Terre. Prométhée contribuera à la co-construction d’une capacité spatiale souveraine, durable et inclusive, en étroite collaboration avec les autorités sénégalaises. 

La future constellation devrait faciliter une surveillance permanente du territoire national, répondant aux besoins en matière de sécurité, de gestion des ressources naturelles, de protection de la biodiversité, de prévention des risques, tout en soutenant le développement économique à travers la satellisation de l’agriculture et l’aménagement du territoire. 

Sur un continent où moins de cinquante États disposent de satellites nationaux, ce partenariat marque une avancée significative pour la souveraineté technologique du Sénégal. Il s’inscrit dans le cadre du programme spatial national sénégalais dénommé « SenSAT », qui ambitionne de doter le pays de capacités spatiales autonomes. Au-delà des enjeux de sécurité, ce projet est aussi porteur d’innovation, d’emplois à haute valeur ajoutée et d’une plus grande autonomie dans la gestion des données géospatiales. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Depuis le mois dernier, la plateforme X est la cible de cyberattaques visant des institutions tanzaniennes, entraînant la diffusion de contenus inappropriés. Le blocage temporaire ou définitif du réseau social est présenté comme une mesure visant à protéger la sécurité et les valeurs nationales. 

La Tanzanie a officiellement confirmé, le mercredi 4 juin, le blocage de la plateforme X, invoquant la diffusion de contenus pornographiques contraires aux lois et aux valeurs culturelles du pays. Cette décision intervient dans un contexte de tensions politiques croissantes à l'approche des élections générales prévues en octobre. 

Selon le ministre de l'Information, Jerry Silaa (photo), la politique de X autorisant la diffusion de contenus sexuels explicites, y compris des contenus homosexuels, viole les lois et les traditions tanzaniennes. Il a déclaré à une chaîne de télévision locale que cela contredit les réglementations du pays et que la décision du gouvernement vise à protéger les consommateurs et à garantir que toutes les plateformes en ligne respectent les lois nationales. 

Le blocage de X fait suite à une série de cyberattaques survenues le 20 mai, au cours desquelles des comptes officiels du gouvernement, notamment celui de la police tanzanienne et de l'Autorité fiscale, ont été piratés. Les pirates ont publié des images pornographiques et annoncé à tort la mort de la présidente Samia Suluhu Hassan. Bien que les autorités aient minimisé ces incidents, ils ont ravivé les inquiétudes sur la sécurité numérique et la liberté d’expression en Tanzanie. 

Avec environ 621 100 utilisateurs en 2024, la plateforme X occupe une place majeure en Tanzanie pour l’accès à l’information, la liberté d’expression et le développement économique. Sa fermeture risque de freiner la communication entre citoyens, médias, institutions et petites entreprises qui s’appuient sur ce réseau pour informer, mobiliser ou vendre leurs services. 

Cette coupure intervient à l’approche des élections générales d’octobre, menaçant le débat démocratique. Sur le plan économique, elle s’inscrit dans un contexte de restrictions numériques plus larges, qui ont coûté 1,56 milliard de dollars à l’Afrique subsaharienne en 2024, selon Top10VPN, soulignant l’impact négatif de telles mesures sur la croissance digitale et la réputation internationale de la Tanzanie. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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