L’essor du numérique en Afrique a donné naissance à de nouveaux métiers, dont celui de créateur de contenu. Portée par une jeunesse ultra-connectée et l’explosion des réseaux sociaux, cette activité s’impose désormais comme un moteur émergent de l’économie digitale du continent.

Le marché africain de la création de contenu numérique est évalué à 5,10 milliards USD en 2025 et pourrait atteindre près de 30 milliards USD d’ici 2032, selon les projections du cabinet d’analyse Coherent Market Insights. Avec un taux de croissance annuel estimé à 28,9 %, le continent se positionne parmi les pôles les plus dynamiques de l’économie mondiale des créateurs.

Cette progression est portée par plusieurs facteurs structurants. D’abord, le poids démographique de la jeunesse africaine. Près de 60 % des habitants ont moins de 25 ans, une génération connectée et consommatrice de contenus numériques. Ensuite, la démocratisation de l’accès à Internet et la forte pénétration des smartphones ont ouvert la voie à une explosion de la production de contenus. Enfin, les réseaux sociaux, de Facebook à Instagram en passant par YouTube, servent de catalyseurs à cette économie, rejoints par des plateformes locales telles que Boomplay ou Mdundo, qui renforcent les opportunités de diffusion et de monétisation.

Selon l’étude, le continent compte désormais 17 % des internautes mondiaux et environ 385 millions d’utilisateurs actifs des médias sociaux, soit un taux de pénétration de 27,7 %. Cette dynamique alimente une diversification rapide des modèles économiques : vidéos en ligne, musique, tutoriels, podcasts, campagnes d’influence, mais aussi initiatives entrepreneuriales comme des agences digitales, studios de production ou encore académies de formation au numérique. Certains créateurs parviennent à générer plusieurs milliers de dollars par mois grâce à YouTube, confirmant le potentiel de cette économie.

Toutefois, des défis de taille subsistent. La monétisation demeure inégale. Plus de la moitié des créateurs africains gagnent moins de 62 USD par mois, un revenu très en deçà de leur potentiel. Les faibles tarifs publicitaires pratiqués sur le continent limitent les retombées financières, tandis que la saturation progressive des plateformes, les incertitudes réglementaires et l’absence de mécanismes de soutien structurés freinent l’émergence d’écosystèmes viables.

Pour transformer cet élan en véritable levier économique, l’Afrique devra renforcer les infrastructures numériques, encourager les partenariats entre plateformes et acteurs locaux, et surtout créer des environnements favorables à l’innovation et à la monétisation équitable. Cela passe aussi par une meilleure réglementation, notamment la protection des droits d’auteur, une fiscalité adaptée et une transparence des modèles de rémunération.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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En marge de la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD9) qui s'est tenue du mercredi 20 au vendredi  22 août , à Yokohama, le CEO de Smart Africa, Lacina Koné, a signé un procès-verbal avec l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA), ouvrant la voie à un futur protocole de coopération. Le partenariat vise à renforcer les compétences numériques, stimuler l’innovation et développer les infrastructures pour autonomiser la jeunesse africaine et accélérer la transformation numérique du continent.

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En rendant interopérables les paiements, les Comores souhaitent élargir l’accès aux services financiers, moderniser les transactions et stimuler l’innovation. Une stratégie nationale d’inclusion financière a déjà été lancée pour soutenir cet objectif.

Le fournisseur mondial de solutions de paiement PayLogic a annoncé, le lundi 25 août, la mise en service du système national de paiement aux Comores, le « National Payment Switch ». Cette plateforme interopérable, désormais opérationnelle, vise à réduire la dépendance au cash et à accélérer l’inclusion financière dans le pays.

« La réussite de la solution de paiement nationale aux Comores reflète l’engagement de PayLogic à faire progresser les infrastructures de paiement sécurisées et interopérables sur les marchés émergents. En s’associant aux banques centrales et aux institutions financières, nous aidons à mettre en place des systèmes qui favorisent l’inclusion, l’efficacité et l’innovation financière à long terme », a déclaré Mohamed Mekouar, président exécutif de PayLogic.

Concrètement, la plateforme assure l’interopérabilité entre les banques, les institutions de microfinance et les opérateurs de monnaie mobile. Elle permet d’effectuer des transactions numériques en temps réel : virements, paiements marchands ou transferts de fonds depuis la diaspora afin de réduire la dépendance à l’argent liquide et de faciliter l’accès aux services financiers pour les ménages comme pour les petites entreprises.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Projet d’appui au développement du secteur financier (PADSF) aux Comores soutenu par la Banque mondiale. Elle intervient dans un contexte où l’inclusion financière reste limitée aux Comores. Pour y remédier, la Banque centrale a lancé une politique d’ouverture gratuite de comptes bancaires pour les particuliers ainsi que des transferts d’argent sans frais pour la diaspora. L'objectif est de porter le taux de bancarisation à 50 % d’ici fin 2025.

Toutefois, plusieurs défis subsistent pour assurer le succès du dispositif. La pénétration d’Internet reste faible (35,7 % début 2025), malgré une couverture mobile relativement élevée (77,6 %). La méfiance à l’égard des paiements numériques pourrait également freiner l’adoption. La réussite du projet dépendra enfin de la capacité des acteurs financiers à proposer des services accessibles, abordables et adaptés aux besoins locaux.

Avec ce lancement, les Comores rejoignent une liste croissante de pays ayant choisi PayLogic comme partenaire pour leurs commutateurs de paiement nationaux interopérables, notamment le Lesotho, l’Eswatini, ainsi que six États d’Afrique centrale à travers un commutateur régional.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Le programme couvre la période 2025–2028. Outre le Kenya, il touche dix pays d’Afrique subsaharienne que sont le Bénin, le Botswana, le Burundi, la Côte d'Ivoire, l’Éthiopie, le Malawi, le Nigeria, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe.

Le Kenya a lancé, le lundi 25 août, le système de cartographie du haut débit Africa Broadband Mapping Systems (Africa BB-Maps), financé à hauteur de 15 millions d’euros par l’Union européenne (UE). Également soutenu par l’Union internationale des télécommunications (UIT), le projet vise à fournir des données harmonisées sur l’infrastructure, la couverture, la qualité de service et l’abordabilité de l’Internet.

Dans un communiqué, l’Autorité des communications (CA) explique que l’Africa BB-Maps doit permettre de mieux orienter les investissements et les politiques publiques en matière de connectivité. « La capacité de lier la cartographie du haut débit à la planification socio-économique nous permettra de prioriser la connectivité pour les zones économiques, les établissements de santé, les pôles agricoles et les centres communautaires, améliorant directement les résultats en matière d’éducation, de santé, de commerce et de gouvernance », a déclaré David Mugonyi, directeur général du régulateur télécoms.

M. Mugonyi a ajouté que la cartographie viendra compléter les réformes en cours visant à accélérer l’attribution du spectre, promouvoir le partage d’infrastructures et réduire le coût de la connectivité. Le gouvernement kényan multiplie déjà les efforts pour généraliser l’accès à Internet dans le cadre de ses ambitions de transformation numérique.

L’exécutif prévoit notamment la pose de plus de 100 000 kilomètres de câbles en fibre optique, la création de 25 000 points d’accès Wi-Fi publics et la mise en place de villages numériques dans chacun des 1 450 districts du pays. En avril 2023, la Banque mondiale s’est engagée à financer la mise en œuvre de la première phase du projet d’accélération de l’économie numérique du Kenya à hauteur de 390 millions USD.

Selon les données de la CA, le Kenya comptait 57,1 millions d’abonnements aux services Internet mobiles à fin mars 2025, dont 44,4 millions en haut débit, ainsi que 1,8 million d’abonnements à l’Internet fixe pour une population estimée à 56,43 millions d’habitants. Toutefois, ces chiffres sont probablement surestimés, car une même personne peut utiliser plusieurs cartes SIM, chacune étant comptabilisée comme un abonnement. La GSMA estime qu’en réalité, environ 35 millions de Kényans restent privés d’accès à l’Internet mobile.

Isaac K. Kassouwi

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Le continent africain mise sur les solutions technologiques pour moderniser ses infrastructures et anticiper les crises climatiques. Les drones émergent comme un outil stratégique, capable de transformer la maintenance des routes, la gestion des catastrophes et le suivi agricole.

La Banque africaine de développement (BAD) et Aerosense Inc., entreprise japonaise spécialisée dans les drones, ont signé le jeudi 21 août une lettre d’intention pour promouvoir l’usage de cette technologie dans la gestion des infrastructures en Afrique. L’accord a été conclu en marge de la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD9), à Yokohama au Japon.

« Ce programme est une réponse audacieuse aux défis croissants de l’Afrique en matière d’infrastructures. En partenariat avec Aerosense, nous ne favoriserons pas seulement une gestion efficace des routes, mais nous envisagerons également de promouvoir d’autres solutions uniques telles que la gestion des catastrophes, le contrôle des rivières et des inondations, la détection agricole et la livraison d’équipements médicaux », a déclaré Solomon Quaynor (photo, à gauche), vice-président de la BAD chargé du secteur privé, des infrastructures et de l’industrialisation.

Concrètement, la BAD se chargera de coordonner les relations avec les gouvernements africains, de faciliter le financement des projets et de renforcer les capacités locales. De son côté, Aerosense mènera des études de faisabilité et adaptera ses drones aux conditions géographiques et logistiques locales. Déjà retenue en juin 2025 dans le cadre du programme de maintenance routière durable pour l’Afrique (SRMPA), la technologie permettra de collecter des données précises sur l’état des routes, facilitant une maintenance prédictive plus efficace et moins coûteuse.

Cette initiative s’inscrit dans un contexte de déficit chronique en infrastructures sur le continent. Selon le rapport « State of Africa’s Infrastructure 2024 » de l’Africa Finance Corporation, la majorité des routes asphaltées se concentre dans les régions nord et sud du continent, avec près de 40 % du total en Afrique du Sud et en Algérie. Chaque année, l’Afrique perd jusqu’à 2 % de croissance économique à cause de la mauvaise qualité de ses infrastructures. Le changement climatique accentue encore cette vulnérabilité. En 2022, les inondations au Nigeria ont détruit plus de 100 000 hectares de terres agricoles et endommagé plusieurs axes routiers stratégiques.

Le recours aux drones dans les services publics africains a déjà montré son efficacité. Au Rwanda, Zipline a acheminé plus de 500 000 poches de sang dans des zones reculées, tandis qu’au Ghana et en Afrique du Sud, les drones sont utilisés pour la distribution de vaccins et la surveillance agricole. L’accord BAD – Aerosense vise à étendre ces usages, en particulier dans la maintenance des routes, un secteur stratégique pour le commerce intra-africain souvent ralenti par des goulets d’étranglement logistiques.

À terme, le déploiement des drones pourrait transformer la gestion des infrastructures et la prévention des risques climatiques sur le continent. Une surveillance aérienne régulière permettrait non seulement de réduire les coûts de maintenance, mais aussi de renforcer la résilience face aux catastrophes, tout en favorisant le développement économique et la fluidité du commerce régional.

Samira Njoya

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Le visa électronique transforme progressivement la mobilité en Afrique, simplifiant l’accès aux pays pour les voyageurs tout en modernisant la gestion des frontières. Cette transition numérique promet de stimuler le tourisme, le commerce, tout en posant de nouveaux défis en cybersécurité et inclusion numérique.

L’Afrique avance à petits pas vers la facilitation de la mobilité sur son territoire. Longtemps perçues comme un frein aux échanges, les lourdeurs administratives liées à l’obtention de visas cèdent progressivement la place à des solutions numériques. L’e-visa, désormais adopté par un nombre croissant de pays, s’impose comme un outil de modernisation et de compétitivité pour les économies africaines.

Concrètement, l’e-visa permet aux voyageurs de soumettre leur demande en ligne et de recevoir l’autorisation de séjour sans passer par une ambassade ni déposer leur passeport. Pour les États, il offre une gestion centralisée des flux, un meilleur contrôle des données et une réduction des risques de fraude. Pour les usagers, il représente un gain de temps et une simplification qui encouragent la mobilité, qu’elle soit touristique, professionnelle ou commerciale.

Au cours de la dernière décennie, près de 30 pays africains ont adopté l’e-visa, parmi lesquels le Cameroun, le Rwanda, le Kenya, l’Éthiopie, l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Égypte, la Tanzanie ou encore le Nigéria. Certains, tels que le Bénin ou la Gambie, vont plus loin avec une politique d’accès simplifié, voire sans visa pour les citoyens africains, favorisant ainsi les échanges régionaux.

Un marché prometteur, mais hétérogène

Le marché mondial de l’e-visa est en plein essor. Selon la société d'études de marchés Spherical Insights, la valeur du visa électronique devrait atteindre 2 633,5 millions de dollars d’ici 2033, avec une croissance annuelle moyenne de 10,9 %. Ces chiffres traduisent l’importance croissante des systèmes numériques de délivrance de visas dans un monde de plus en plus connecté.

En Afrique, les données restent limitées, mais les résultats observés sont encourageants. Le Cameroun, par exemple, a enregistré 29 milliards FCFA (51,7 millions de dollars) de recettes grâce à son système d’e-visa entre avril 2023 et octobre 2024. Un succès qui attire l’attention de nombreux pays voisins, désireux de bénéficier à leur tour des effets multiplicateurs d’un tel dispositif sur le tourisme et les revenus consulaires.

Menaces numériques et défis réglementaires

L’e-visa centralise une quantité importante de données personnelles sensibles, ce qui en fait une cible privilégiée pour les cyberattaques. Des incidents, tels que l’attaque ayant conduit à la suspension temporaire du système d’e-visa au Kenya en 2023, illustrent les risques potentiels. La mise en place de mesures de cybersécurité robustes est essentielle pour préserver la confiance des utilisateurs et assurer la fiabilité du système.

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À cela s’ajoutent des obstacles opérationnels et d’accès. Dans plusieurs régions, l’absence ou la faible qualité d’Internet limite l’usage de l’e-visa, tandis que des difficultés de paiement en ligne, des erreurs de traitement ou des pannes temporaires peuvent retarder l’obtention du visa et compliquer la mobilité des voyageurs, affectant à la fois les administrations et les utilisateurs.

Vers une harmonisation continentale ?

Si l’e-visa marque une avancée indéniable, son efficacité dépendra aussi de la capacité des pays africains à harmoniser leurs systèmes. Contrairement à l’Union européenne et son espace Schengen, l’Afrique fonctionne encore par initiatives nationales dispersées, souvent incompatibles entre elles. Une approche régionale ou continentale, portée par l’Union africaine ou dans le cadre de la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine), permettrait non seulement de fluidifier davantage les échanges, mais aussi de mutualiser les investissements technologiques et de renforcer la cybersécurité.

L’enjeu dépasse ainsi la simple logique de recettes consulaires. L’e-visa pourrait devenir un véritable outil diplomatique et stratégique au service de la libre circulation, du commerce intra-africain et du développement touristique. Bien intégré dans les politiques nationales et régionales, il pourrait constituer l’un des piliers d’une Afrique plus connectée et mieux intégrée dans l’économie mondiale.

Samira Njoya

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Les fraudes numériques se professionnalisent et génèrent des centaines de millions de dollars de pertes chaque année. Pour contrer cette menace, Interpol coordonne des actions internationales qui ciblent directement les réseaux criminels les plus actifs.

L’organisation internationale de police criminelle (Interpol) a annoncé le vendredi 22 août la récupération de 97,4 millions de dollars et l’identification de près de 88 000 victimes lors d’une vaste opération de lutte contre la cybercriminalité menée dans 18 pays africains entre juin et août 2025. Baptisée « Serengeti 2.0 », cette opération a également permis le démantèlement de 11 432 infrastructures criminelles et conduit à 1209 arrestations.

« Chaque opération coordonnée par Interpol s'appuie sur la précédente, en approfondissant la coopération, en augmentant le partage d'informations et en développant les compétences en matière d'enquête dans les pays membres. Avec davantage de contributions et une expertise partagée, les résultats ne cessent d'augmenter en ampleur et en impact », a déclaré Valdecy Urquiza, Secrétaire général de l’organisation.

Des escroqueries massives mises au jour

En Angola, les autorités ont découvert 25 fermes illégales de minage de cryptomonnaies, gérées par 60 ressortissants chinois, soutenues par 45 minicentrales électriques clandestines. Le préjudice est estimé à 37 millions de dollars, tandis que le matériel saisi sera réaffecté pour améliorer l’accès à l’électricité dans les zones vulnérables.

En Zambie, les enquêteurs ont mis au jour une escroquerie à l’investissement en ligne d’une ampleur sans précédent, ayant fait près de 65 000 victimes et généré des pertes estimées à 300 millions de dollars. Quinze suspects ont été interpellés, tandis que des preuves numériques ont été saisies. Les investigations se poursuivent afin de retracer les flux financiers et de démanteler les éventuelles ramifications internationales du réseau.

En Côte d’Ivoire, une escroquerie transnationale à l’héritage opérant depuis l’Allemagne a été neutralisée. Le principal suspect a été arrêté, avec la saisie de biens de valeur : bijoux, véhicules et liquidités pour un montant estimé à 1,6 million de dollars.

Coopération régionale et appui international

Soutenue par le Royaume-Uni dans le cadre de l’Opération conjointe africaine contre la cybercriminalité (AFJOC), l’initiative a mobilisé des experts du secteur privé, notamment pour le traçage des cryptomonnaies, l’analyse des ransomwares et l’usage du renseignement open source. Interpol a par ailleurs travaillé avec l’International Cyber Offender Prevention Network (InterCOP), un consortium de 36 pays chargé d’anticiper et de neutraliser les menaces numériques avant qu’elles ne se concrétisent.

L'opération survient à peine quelques mois après l’opération « Red Card » (Carton Rouge), qui avait conduit à l’arrestation de 306 personnes et à la saisie de près de 2000 appareils électroniques dans sept pays africains : Afrique du Sud, Côte d'Ivoire, Ghana, Kenya, Nigeria, Tanzanie et Ouganda.

Une menace en constante progression

La cybercriminalité représente aujourd’hui un enjeu critique pour les économies africaines, déjà fragilisées par des infrastructures numériques inégalement développées. Selon l’Union africaine, elle coûterait chaque année près de 4 milliards de dollars au continent. Selon une étude de Cybersecurity Ventures, la montée en puissance de l’intelligence artificielle devrait encore aggraver la situation, avec une hausse estimée de 11 % des pertes mondiales, atteignant 10,5 milliards de dollars en 2025.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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À quelques semaines du référendum constitutionnel, la Guinée introduit des outils numériques pour favoriser une participation citoyenne plus éclairée. L’objectif est de rapprocher le débat constitutionnel des réalités quotidiennes des populations.

 La Guinée prévoit d’organiser le 21 septembre prochain un référendum constitutionnel. Dans cette perspective, une plateforme numérique baptisée « maconstitution.info » a été récemment lancée afin de permettre aux citoyens d’accéder facilement au projet de nouvelle Constitution et d’en saisir les principaux enjeux.

Mené conjointement par le Secrétariat général du Gouvernement, le ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, ainsi que le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large d’inclusion numérique.

« Nous franchissons un cap : celui de marier technologie et valeurs démocratiques pour offrir à chaque Guinéen un accès clair et direct au projet de nouvelle Constitution. Cette plateforme découle de notre engagement à respecter l’article 18 de la loi L/012 du 25 avril 2025. Elle met à disposition de tous un outil simple et transparent », a déclaré Tamba Benoît Kamano, le ministre secrétaire général du gouvernement.

Disponible sur mobile, tablette et ordinateur, la plateforme propose une consultation intégrale du projet constitutionnel et un espace interactif permettant aux utilisateurs de poser des questions. Ces dernières sont traitées par des juristes du Secrétariat général, avec un engagement de réponse sous 48 heures.

Pour garantir une participation la plus large possible, la plateforme décline ses contenus en plusieurs langues nationales, ce qui permet de toucher les citoyens ne maîtrisant pas le français et de réduire les barrières linguistiques dans l’accès à l’information. Si cette démarche s’avère concluante, elle pourrait devenir une référence pour d’autres processus de consultation publique en Guinée, voire inspirer des initiatives similaires dans la sous-région

Selon les données de DataReportal, la Guinée comptait au début de l’année 2025 près de 3,96 millions d’internautes, soit un taux de pénétration de 26,5 %. Un chiffre en progression, mais qui souligne encore les défis liés à l’accès équitable au numérique, notamment dans les zones rurales. C’est dans ce contexte que « maconstitution.info » s’inscrit comme une innovation visant à élargir la participation citoyenne, malgré les limites actuelles d’infrastructure et de connectivité.

Adoni Conrad Quenum

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L’exécutif ivoirien a lancé depuis quelques années la numérisation des institutions publiques, avec pour objectif de renforcer la transparence et de stimuler l’activité économique. Les partenariats internationaux jouent ici un rôle clé pour accélérer cette transformation.

Le conseil d’administration de l’Export-Import Bank of the United States (EXIM), l’agence américaine de crédit à l’exportation, a approuvé le vendredi 15 août un financement de 47 millions de dollars pour la numérisation du ministère ivoirien du Commerce et de l’Industrie. Le projet sera mis en œuvre par le Cybastion Institute of Technology, basé à Washington, en partenariat avec des géants technologiques tels que Cisco, Amazon Web Services (AWS), Motorola Solutions et Microsoft.

« Soutenir la numérisation du ministère renforce l’engagement d’EXIM à contrer l’influence croissante de la République populaire de Chine. En approuvant cette transaction, nous soutenons une centaine d’emplois aux États-Unis tout en sécurisant nos chaînes d’approvisionnement », a déclaré James Cruse, président par intérim d’EXIM.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du China and Transformational Exports Program (CTEP), un dispositif lancé par EXIM pour appuyer les exportations technologiques américaines stratégiques, en particulier face à la concurrence chinoise. Pour la Côte d’Ivoire, ce projet vient soutenir son ambition de modernisation numérique de l’administration.

Ce projet, sur le point de démarrer, vise à moderniser les systèmes d’information du ministère, à renforcer la cybersécurité, à intégrer des solutions cloud et à améliorer l’efficacité administrative. L’objectif est de renforcer la transparence et la réactivité des services publics, de faciliter les démarches pour les entreprises et d’accroître l’attractivité du pays auprès des investisseurs. Il constitue également une étape importante vers la mise en place d’un environnement industriel et commercial plus compétitif et mieux aligné sur les standards internationaux.

Samira Njoya

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Les super applications s’imposent en Afrique comme de véritables plateformes tout-en-un. Du paiement au transport, elles simplifient la vie quotidienne, favorisent l’inclusion financière et incarnent la nouvelle ère numérique du continent.

Entre innovation et inclusion, l’Afrique voit émerger une nouvelle génération d’applications capables de tout gérer depuis un smartphone. Inspirées du modèle asiatique de WeChat ou Grab, ces « super apps » intègrent messagerie, paiements, transport, commerce et même santé, offrant un accès centralisé à de multiples services. Sur un continent où le mobile constitue souvent le premier point d’entrée vers le numérique, elles se positionnent comme un levier stratégique pour accélérer la transformation numérique.

Pour l’Afrique, ce modèle est particulièrement prometteur. Selon la GSMA, le continent comptera plus de 1,1 milliard d’abonnés mobiles d’ici 2028, malgré des infrastructures physiques et bancaires encore limitées. En centralisant de multiples services dans une seule application, ces outils répondent à des besoins concrets, que ce soit pour les citadins ou les populations rurales, tout en favorisant l’inclusion financière.

Les leaders du marché en Afrique

Plusieurs acteurs se disputent déjà ce marché. M-Pesa, lancé par Safaricom au Kenya, en est la figure de proue. Initialement conçu pour le transfert d’argent, il s’est mué en une plateforme multifonctions intégrant paiements marchands, microcrédit et assurance. En Afrique de l’Ouest, Gozem, surnommé le « Gojek africain », combine transport, livraison, mobile money et services financiers, avec une implantation déjà forte au Togo et au Bénin. En Afrique de l’Est, SafeBoda propose un modèle similaire, allant de la réservation de moto-taxis aux paiements numériques. Enfin, des opérateurs télécoms développent aussi leurs propres écosystèmes, à l’image d’Orange avec son application Max It proposant du paiement mobile avec son service Orange Money, de l’achat de crédit téléphonique mais aussi de la télévision en streaming ou du shopping en ligne.

Un levier d’inclusion et de croissance

 Les super apps représentent bien plus qu’une innovation technique. Elles participent à l’inclusion numérique et financière en réduisant la dépendance au cash, en démocratisant l’accès à des services autrefois réservés aux bancarisés et en offrant une vitrine digitale aux petites entreprises. Artisans, commerçants et entrepreneurs informels peuvent toucher de nouveaux clients, encaisser des paiements électroniques et solliciter des microcrédits. Elles pourraient également devenir un relais de croissance en intégrant progressivement des services liés à l’éducation, la santé ou l’agriculture.

Des défis persistants

 Le potentiel est immense, mais les obstacles restent nombreux. Le développement d’une super app exige des investissements massifs en infrastructures numériques et en cybersécurité. Les cadres réglementaires, encore fragiles sur la gestion des données personnelles et la protection des consommateurs, constituent un autre frein. À cela s’ajoute le manque de compétences spécialisées, qui ralentit la conception et la maintenance de ces écosystèmes complexes. Enfin, la confiance des utilisateurs, encore marquée par une certaine méfiance vis-à-vis des services numériques, demeure un enjeu déterminant.

 L’Afrique n’est pas condamnée à copier le modèle asiatique. Elle peut inventer ses propres solutions, adaptées à ses réalités économiques et sociales. Les super apps pourraient intégrer, par exemple, des paiements transfrontaliers pour accompagner la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), ou encore recourir à l’intelligence artificielle pour optimiser les services agricoles et élargir l’accès à la santé et à l’éducation via le mobile.

Si les défis sont relevés, les super applications pourraient devenir l’un des piliers de la compétitivité économique du continent, en alliant innovation technologique, inclusion financière et développement durable.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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