L’essor de la blockchain transforme progressivement les économies africaines en offrant des solutions innovantes pour la finance, l’énergie et l’agriculture… Son adoption permet entre autres d’améliorer la transparence, de faciliter les échanges et d’accélérer la transition numérique.
Le lundi 17 février, Tether, une société mondiale des cryptomonnaies, a annoncé la signature d’un protocole d’accord avec le gouvernement de la République de Guinée. Cette collaboration stratégique vise à poser les bases de l’adoption des technologies de la blockchain et du peer-to-peer afin de stimuler la croissance économique et positionner la Guinée comme un acteur clé de la transformation numérique en Afrique.
« Nous sommes ravis de collaborer avec la République de Guinée pour libérer peut-être l'immense potentiel de la chaîne de blocs et des technologies numériques à travers l'Afrique. Ce protocole d’entente reflète notre volonté d'aider les pays à bâtir des économies numériques résilientes. Ensemble, nous mettrons en place des solutions blockchain efficaces, au bénéfice des secteurs public et privé, afin d’accélérer la croissance économique et d’ancrer la Guinée dans l’innovation technologique », a déclaré Paolo Ardoino, PDG de Tether.
L’accord met l’accent sur l’éducation, l’innovation et les pratiques technologiques durables. Il prévoit l’introduction de programmes éducatifs dans les secteurs public et privé afin de sensibiliser la population, renforcer les compétences et cultiver les talents locaux dans le domaine des technologies numériques. Ce cadre devrait faciliter l’adoption de la blockchain en Guinée et créer un environnement propice à l'innovation.
Tether a déjà mené plusieurs initiatives similaires à l’international. L’entreprise s’est notamment impliquée dans le Plan Lugano, en Suisse, visant à favoriser l'adoption de la blockchain, ainsi que dans des projets éducatifs sur les actifs numériques en Turquie et au Moyen-Orient.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre du projet Simandou 2040, lancé par le président Mamadi Doumbouya, qui place la technologie au cœur du développement du pays. La signature de l’accord fait suite à une récente rencontre entre la ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, Rose Pola Pricemou, et une délégation de la société Tether. Cette rencontre avait pour but d’établir un cadre propice à la mise en œuvre de cette collaboration.
En Guinée, où la transformation numérique est en marche, l’adoption de la blockchain pourrait jouer un rôle clé dans l'inclusion financière. Cette technologie offre des solutions adaptées aux réalités locales, notamment en facilitant les paiements transfrontaliers, en réduisant les coûts des transactions et en sécurisant les échanges financiers. Avec un taux de bancarisation encore faible, les actifs numériques et la blockchain constituent une opportunité majeure pour moderniser les systèmes financiers et favoriser une croissance plus inclusive.
Au-delà de la finance, la blockchain peut également contribuer au développement durable en Afrique. Dans l’agriculture, elle permet de suivre la chaîne de valeur des produits, garantissant ainsi le respect des pratiques durables et leur certification. Les agriculteurs peuvent ainsi prouver que leurs produits sont biologiques et équitables, ouvrant l’accès à de nouveaux marchés et augmentant leurs revenus.
Dans le secteur de l’énergie, la blockchain facilite la gestion des réseaux électriques décentralisés et encourage l’adoption des énergies renouvelables. Grâce aux micro-réseaux basés sur la blockchain, il est possible de suivre la production et la consommation d’énergie en temps réel, améliorant ainsi l’accès à l’électricité dans les zones rurales tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La cybercriminalité en Afrique progresse rapidement, avec une hausse des attaques exploitant les failles de sécurité. La faible protection des infrastructures, le manque de sensibilisation et les logiciels obsolètes exposent les pays aux cybermenaces, mettant en péril les entreprises et les institutions.
Au Cameroun, les attaques exploitant des failles de sécurité, appelées « exploits », ont presque doublé en un an, passant de 174 472 en 2023 à 333 930 en 2024, soit une hausse de 91 %. Ces vulnérabilités permettent aux hackers de s’infiltrer dans les systèmes via des logiciels non mis à jour ou mal sécurisés, mettant en péril des infrastructures numériques essentielles. Ces chiffres alarmants ont été révélés par la société de cybersécurité Kaspersky lors du forum KNext, organisé à Douala et Yaoundé les mercredi 12 et jeudi 13 février.
« Face à une menace cybernétique en pleine croissance, les entreprises et institutions camerounaises doivent adopter une approche proactive en matière de cybersécurité. L’engagement du ministère des Postes et Télécommunications dans le KNext Yaoundé 2025 est un signal fort sur la nécessité d’une mobilisation collective face aux cyberattaques », a déclaré Gladys Salmouth, responsable communication corporate Afrique centrale et de l’Ouest chez Kaspersky.
Cette explosion des attaques s’explique par la transformation numérique en cours au Cameroun. Avec plus de 10 millions d'internautes et un taux de pénétration Internet estimé à 45 % en 2024, l’adoption croissante des services en ligne, du cloud computing et du télétravail, ainsi que la hausse des transactions numériques, ont considérablement élargi la surface d’attaque pour les cybercriminels.
En plus des « exploits », d’autres menaces gagnent du terrain. Les intrusions via le protocole RDP (Remote Desktop Protocol) ont atteint 163 298 cas en 2024, tandis que les attaques par portes dérobées (backdoors) se chiffrent à 139 395 incidents. Ces techniques permettent aux cybercriminels d’accéder clandestinement aux systèmes, de voler des données sensibles ou de déployer des rançongiciels, perturbant ainsi les activités des entreprises et des administrations publiques.
Les conséquences économiques sont déjà largement visibles. En 2024, les cyberattaques ont coûté plusieurs millions de dollars au Cameroun, en raison des vols de données, des interruptions de services et des rançons payées aux hackers. À cela s’ajoutent les pertes en réputation et en confiance, des éléments clés pour le développement de l’économie numérique du pays. Mais cette menace dépasse le cadre camerounais. À l’échelle du continent, les cyberattaques constituent un défi majeur pour les économies locales. Selon la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, le manque de préparation en cybersécurité fait perdre aux États africains en moyenne 10 % de leur PIB, soit près de 4 milliards de dollars par an.
Face à cette situation, Kaspersky recommande aux entreprises et institutions de renforcer leur posture de cybersécurité. Cela passe par l’adoption de solutions avancées capables de détecter et bloquer les menaces en temps réel, la sécurisation des accès distants en limitant les connexions non protégées via le protocole RDP, ainsi que la mise en place de politiques strictes de gestion des accès et des données.
La sensibilisation et la formation des collaborateurs aux risques cybernétiques, notamment face aux attaques par hameçonnage et ingénierie sociale, sont également essentielles. Enfin, la collaboration entre le secteur privé et les autorités gouvernementales reste une priorité. Le partage des bonnes pratiques et la coopération renforcée entre les différents acteurs peuvent améliorer la détection et la réponse face aux cybermenaces, contribuant ainsi à un environnement numérique plus sécurisé.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Comme de nombreux pays africains, la Tunisie mise sur la coopération internationale pour développer un secteur du numérique en pleine croissance. C’est dans cette optique que la Tunisie s’est récemment rapprochée de l’Inde.
La Tunisie explore les opportunités de coopération avec la France dans le domaine du numérique. Sofiene Hemissi, ministre tunisien des Technologies de la communication, a discuté des perspectives avec Clara Chappaz (photo, à droite), ministre déléguée française chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique, en marge du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, tenu du 10 au 11 février à Paris.
« À cette occasion, le ministre a exprimé l’ambition de la Tunisie de contribuer activement à la mise en œuvre des orientations et initiatives discutées lors du sommet, visant à mettre les technologies de l’intelligence artificielle au service de l’humanité dans un cadre responsable et inclusif », a déclaré le ministère tunisien des Technologies de la communication dans un communiqué.
Cette potentielle coopération pourrait aider le gouvernement dans son ambition de transformation numérique, dont il a fait un pilier du développement socioéconomique. La France est classée à la 34e place mondiale selon l’indice de développement de l’e-gouvernement des Nations unies. Le pays affiche un score de 0,8744 sur 1, bien au-dessus de la moyenne mondiale de 0,6382. La Tunisie affiche un score de 0,6935.
En matière de cybersécurité, la France est classée par l’Union internationale des télécommunications (UIT) parmi les exemples à suivre dans le monde. La Tunisie quant à elle est classée dans la troisième catégorie (Tier 3) sur cinq, avec de gros efforts à faire dans les mesures organisationnelles, le développement des capacités et la coopération.
En matière de développement des technologies de l’information et de la communication (TIC), l’UIT a attribué un score de 89,8 sur 100 à la France. La Tunisie a un score de 77,2 sur 100, se classant à la huitième position en Afrique sur 47.
Toutefois, il convient de noter que les discussions entre les deux parties n’en sont qu’à leur début. Les contours exacts de la potentielle collaboration n’ont pas encore été définis, et aucun accord officiel n’a, pour l’instant, été signé ou même annoncé. Il faudra donc suivre l’évolution des négociations pour en savoir davantage sur les orientations et les implications éventuelles de ce projet.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Au Bénin, une délégation de l'Agence de développement des petites et moyennes entreprises, conduite par son DG Laurent Gangbès, a rencontré la semaine dernière la ministre du Numérique et de la Digitalisation, Aurélie Adam Soulé Zoumarou. Les deux parties se sont entretenues entre autres sur le processus de labellisation des start-up mené par le ministère, dans le but d’améliorer l’accompagnement des jeunes pousses locales.
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Les TIC favorisent la créativité et l’apprentissage dès les niveaux préscolaire et primaire. Toutefois, en Afrique, l’intégration du numérique dans l’éducation reste limitée en raison d’un manque de préparation à son adoption dans l’apprentissage précoce.
Le gouvernement du Niger a lancé un programme ambitieux visant à doter plus de 7000 enseignants de tablettes éducatives afin d’améliorer leurs compétences pédagogiques et de renforcer le suivi des élèves, en particulier dans les zones reculées. La ministre de l’Éducation nationale, de l’Alphabétisation, de l’Enseignement professionnel et de la Promotion des langues nationales, Elisabeth Sherif (photo, à droite), a visité les locaux du projet Niger-Lire le vendredi 14 février pour suivre les avancées de l’initiative « Un enseignant, une tablette », qui vise à numériser l’enseignement.
« Ces tablettes sont dotées d’un contenu dynamique, adapté à toutes les régions, y compris les plus isolées. Elles disposent d'une grande autonomie et sont accompagnées de Power Banks de 21 000 mAh, permettant jusqu’à une semaine d’utilisation sans recharge », a expliqué Aboubacar Mamadou Diakité, directeur de la statistique et des nouvelles technologies au ministère de l’Éducation nationale. Il a également annoncé l’arrivée d’un lot additionnel de 3400 tablettes dans le cadre du projet.
« Un enseignant, une tablette » est une composante de LIRE (Learning Improvement for Results in Education), un programme gouvernemental financé à hauteur de 140 millions de dollars par la Banque mondiale. Il vise à moderniser l’enseignement par le numérique pour améliorer les résultats scolaires. Elle arrive dans un contexte marqué par la faible intégration du numérique dans le système éducatif. À ce niveau, les responsables de l’éducation au Niger espèrent que le nouveau projet améliore les résultats d’apprentissage.
En intégrant ces outils numériques, le projet ambitionne non seulement d’améliorer les conditions d’enseignement, mais aussi de rendre l’apprentissage plus interactif grâce à des ressources variées : cours vidéo, supports interactifs, fiches pédagogiques, exercices pratiques et outils d’évaluation numérique. De plus ces supports, les enseignants pourront enrichir leurs méthodes pédagogiques et offrir un encadrement plus structuré, notamment dans les régions où l’accès aux manuels scolaires et aux formations spécialisées est limité.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large à l’échelle continentale. La Stratégie d’éducation numérique de l’Union africaine (2023-2028) encourage les États africains à élaborer des politiques nationales de transformation numérique dans l’éducation. Son plan de mise en œuvre prévoit que d’ici 2027, au moins 50 % des établissements d’enseignement du continent bénéficient d’une connectivité à haut débit fiable et abordable (moins de 25 $ par Mb/s et par mois). Il vise également à garantir que 20 % des étudiants et 50 % des enseignants aient accès à des appareils numériques, avec une couverture étendue à un tiers des étudiants et à l’ensemble du corps enseignant d’ici 2030.
Samira Njoya
La transformation numérique est l’une des priorités du gouvernement algérien. Le 9 février, en Conseil des ministres, le président Abdelmadjid Tebboune a recommandé la prise de mesures pour accélérer le processus de numérisation.
Le gouvernement algérien a adopté la signature et la certification électroniques, poursuivant ses actions en faveur de la transformation numérique. La cérémonie officielle de lancement s’est tenue le dimanche 16 janvier en présence de Sid Ali Zerrouki, ministre de la Poste et des Télécommunications.
Selon le communiqué du ministère, l’Autorité de régulation de la poste et des communications électroniques (ARPCE) a été désignée comme autorité économique de certification électronique. À ce titre, elle est chargée du suivi et du contrôle des prestataires de services de signature et de certification électroniques destinés au public.
« La certification électronique, également appelée certification numérique ou certificat électronique, est un processus visant à garantir l'authenticité, l'intégrité et la sécurité des informations transmises ou stockées électroniquement. Elle repose sur l'utilisation de clés cryptographiques (clés publique et privée) pour sécuriser les données et les transactions en ligne », explique le ministère sur son site web. La Banque mondiale définit la signature électronique comme « une signature générée par des moyens électroniques dans le but d'authentifier une transaction électronique ».
Ce lancement intervient environ un mois après la signature d’une convention-cadre entre l’Assemblée populaire nationale (APN) et l’Autorité gouvernementale de certification électronique (AGCE) pour l’intégration des services de certification et de signature électroniques. Il s’inscrit dans la volonté du gouvernement algérien d’accélérer la transformation numérique, érigée en pilier du développement socioéconomique. L’exécutif ambitionne de bâtir une véritable société de l’information en généralisant l’usage des TIC dans l’ensemble des secteurs économiques.
La Banque mondiale estime que les signatures doivent devenir électroniques à mesure que les transactions dont elles sont censées garantir la fiabilité se numérisent. « L'absence de moyens d'authentification électroniques fiables et juridiquement reconnus a contraint à maintenir l'utilisation des signatures manuscrites en présence physique, freinant ainsi les efforts de numérisation en imposant des interactions en personne pour finaliser une transaction », a déclaré l’institution de Bretton Woods dans son rapport « Electronic Signatures - Enabling Trusted Digital Transformation » publié en septembre 2024.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En Afrique, l’avènement de la 5G révolutionne le monde des télécommunications, offrant des débits ultra-rapides, une latence réduite, et une connectivité accrue. Cette technologie ouvre la voie à de nouveaux usages dans des secteurs clés, dont la Tunisie pourra désormais profiter pour accélérer sa transformation numérique.
Orange Tunisie a annoncé, le vendredi 14 février, le lancement officiel de la 5G, une technologie de pointe qui ouvre la voie à un accès au très haut débit. Cette avancée représente un tournant majeur dans le développement numérique du pays et positionne Orange Tunisie à l’avant-garde de l’innovation dans le secteur des télécommunications. La 5G répond ainsi aux besoins croissants en connectivité, tant pour les professionnels que pour les particuliers, et accompagne la transition numérique de la Tunisie.
La 5G Orange est là.🎉
— Orange Tunisie (@OrangeTN) February 13, 2025
Dès ce soir à minuit.⏳⚡#5G #OrangeTunisie pic.twitter.com/ef7D9CGLZI
« La 5G par Orange Tunisie se concrétise à travers une expérience client optimisée, avec des vitesses de téléchargement ultra-rapides, une latence minimale et une capacité de connexion accrue. Grâce à des débits 3 à 4 fois plus rapides que la 4G, la 5G répond aux besoins grandissants en connectivité », a déclaré l’opérateur dans un communiqué.
Parallèlement à ce lancement technologique majeur, Orange Tunisie introduit la MAXBOX 5G, un routeur WiFi 6 de dernière génération, conçu pour offrir une expérience optimale à domicile. Avec des performances inégalées, la MAXBOX 5G inclut une option Turbo, spécialement dédiée aux passionnés de gaming et de streaming, permettant ainsi aux utilisateurs de tirer pleinement parti des capacités de la 5G dans leur quotidien numérique.
Cette initiative s’accompagne également de la création d’un « Lab 5G », un espace d’expérimentation destiné à tester les applications de la 5G dans des secteurs clés tels que l’industrie 4.0, la santé, la culture et l’éducation. Ce laboratoire, ouvert aux entreprises, start-ups et universitaires, vise à encourager l’innovation collaborative et à explorer les possibilités offertes par la 5G dans la transformation numérique du pays.
Le lancement de la 5G par Orange Tunisie s'inscrit dans une stratégie plus large de développement numérique. Ce déploiement marque une étape importante pour le secteur des télécommunications en Tunisie, avec Orange Tunisie devenant le cinquième opérateur du groupe à commercialiser la 5G en Afrique et au Moyen-Orient. Le réseau 5G est déjà opérationnel sur 400 sites, couvrant plusieurs régions, et devrait continuer de s'étendre progressivement pour atteindre tous les gouvernorats du pays.
Un impact régional et continental
Ce lancement est également en phase avec les prévisions de l’Union africaine des télécommunications (UAT), qui, dans son rapport du 30 janvier dernier intitulé « Rapport sur la préparation à la 5G et les cas d'utilisation pertinents en Afrique », souligne le potentiel de la 5G pour transformer l’économie du continent. Selon le rapport, des applications comme l’agriculture intelligente, les soins de santé à distance et l’éducation en ligne pourraient être révolutionnées par la 5G, contribuant à améliorer la qualité de vie sur le continent.
La GSMA, l’Association mondiale des opérateurs et constructeurs de téléphonie mobile, va encore plus loin en estimant que les réseaux 5G devraient apporter une contribution économique de 26 milliards de dollars à l’Afrique d’ici 2030. Ce chiffre reflète l'énorme potentiel de la 5G pour stimuler des secteurs vitaux et soutenir la croissance économique à l’échelle continentale.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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A l’ère du numérique, l’identification des citoyens est un enjeu clé. Sécuriser l’accès aux services, lutter contre la fraude et renforcer l’inclusion numérique nécessitent des infrastructures adaptées et une gouvernance rigoureuse, tout en garantissant la protection des données personnelles.
Mercredi 12 février, Trident Digital Tech Holdings Ltd, une entreprise singapourienne spécialisée dans la transformation numérique, a annoncé la signature d’un accord avec le ministère des Postes, des Télécommunications et Numérique de la RDC. Cet accord porte sur le déploiement d’un Système national d’identité numérique, une initiative visant à moderniser l’administration publique et à faciliter l’accès des citoyens aux services essentiels.
« Le système d’identité numérique est un pilier fondamental de la modernisation de notre pays par le biais de la transformation numérique. Avec Trident, nous serons en mesure de fournir à nos citoyens un accès sécurisé et efficace aux services gouvernementaux, tout en protégeant leurs données personnelles grâce aux progrès de la technologie blockchain », a déclaré le ministre des Postes, des Télécommunications et Numériques, Augustin Kibassa Maliba.
Le système permettra à l'État de gérer et d'authentifier l’identité des citoyens de manière numérique. Ce système permettra aussi aux individus de prouver leur identité en ligne ou hors ligne, de manière sécurisée et fiable, en utilisant des identifiants numériques uniques.
En général, les systèmes nationaux d'identification numérique reposent sur quatre axes principaux : l’authentification sécurisée (permettre aux citoyens de s’identifier de manière fiable pour accéder à des services publics ou privés), la simplification des démarches (faciliter les procédures administratives en ligne comme payer les impôts, etc.), la lutte contre la fraude (réduire les risques d’usurpation d’identité et de fraude) et l’interopérabilité (assurer que l’identité numérique peut être utilisée dans différents contextes).
Le déploiement de ce système pourrait avoir un impact significatif sur la population congolaise. Il permettrait entre autres à une plus grande partie de la population d’accéder aux services financiers formels, tels que les comptes bancaires, les prêts et les assurances ; une distribution efficace des services publics, tels que les subventions, les soins de santé et l’éducation ; fournirait des données précises et actualisées sur la population, facilitant la planification économique et la prise de décision politique.
Le communiqué de Trident ne fournit cependant pas d’informations sur les zones d’intervention précises de l’entreprise, notamment la fourniture des infrastructures informatiques, la construction des bases de données, et l’expertise pour la sécurité du système.
Pour garantir le succès de ce projet, le gouvernement congolais devra aussi relever divers défis, notamment la protection des données personnelles à travers l’effectivité du cadre juridique et technique mis en œuvre à travers le code du numérique. L’accès à Internet et aux dispositifs numériques doit aussi être étendu, en particulier dans les zones rurales et reculées. La population devra être éduquée sur l’utilisation du système d’identité numérique pour en maximiser les bénéfices.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En pleine transformation numérique, l’Afrique veut bien se positionner pour tirer profit des opportunités offertes par l’IA. Le Maroc, le Kenya et le Nigeria ont récemment participé à la création d’une initiative en faveur d’une IA d’intérêt général.
Smart Africa, une alliance regroupant 40 pays africains en charge de l’agenda numérique du continent, a annoncé le mercredi 12 février que le Conseil africain de l’intelligence artificielle (IA) sera officiellement lancé en avril 2025. Ce sera au Sommet mondial de l’IA sur l’Afrique, prévu les 3 et 4 avril à Kigali, au Rwanda. Les membres du Conseil seront nommés à cette occasion, bien que leur nombre n’ait pas encore été précisé.
#PressStatement:
— Smart Africa Org (@RealSmartAfrica) February 12, 2025
Smart Africa moves to establish the African AI Council to Enhance AI Governance in Africa.
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Smart Africa S'engage à Établir le Conseil Africain de l'IA pour Améliorer la Gouvernance de l'IA en Afrique pic.twitter.com/HdYmQDqfXD
Le Conseil sera composé de décideurs politiques, de chefs d'entreprise et d'acteurs clés de l'écosystème de l'IA, chargés de stimuler la transformation numérique, d'encourager l'innovation et d'élaborer des politiques visant à accélérer l'économie numérique de l'Afrique.
Selon Smart Africa, le Conseil africain de l'IA travaillera pour favoriser la collaboration, l'échange de connaissances et l'innovation afin de positionner l'Afrique comme un acteur stratégique dans le paysage mondial de l'IA. Il veillera également à ce que les technologies de l'IA soient exploitées de manière à bénéficier à tous les segments de la société et à favoriser une croissance inclusive.
Rappelons que le Conseil a été annoncé lors de la réunion de haut niveau sur l'intelligence artificielle pour l'Afrique, qui s'est tenue à Rabat, au Maroc, le 4 février 2025. En attendant le lancement officiel, les différentes parties se sont rencontrées en marge du Sommet de l’action sur l’IA à Paris, du 10 au 11 février. Des sessions consultatives sont également prévues en marge du Congrès mondial de la téléphonie mobile à Barcelone, du 3 au 6 mars.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte où les pays africains cherchent à tirer parti de l’IA, une technologie qui pourrait ajouter 2900 milliards de dollars à l’économie du continent d’ici 2030, soit une hausse de 3 % du PIB annuel, selon l’association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA). L’organisation estime que l’IA peut contribuer aux Objectifs de développement durable en proposant des approches innovantes pour un développement plus inclusif et durable, notamment dans les domaines où les besoins sont les plus pressants.
Toutefois, la GSMA souligne que plusieurs défis doivent être surmontés pour que l’Afrique tire pleinement parti des opportunités offertes par l’IA. Parmi eux figurent la faible adoption d’Internet mobile, la persistance de la fracture numérique, l’insuffisance des compétences numériques, l’absence d’un cadre réglementaire adapté, des capacités de recherche limitées, des infrastructures énergétiques défaillantes, ainsi que des risques éthiques et sécuritaires. S’ajoute à cela le manque de solutions d’IA conçues pour répondre aux défis spécifiques du continent.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La recrudescence des attaques en ligne en Afrique, alimentée par l'expansion rapide de la numérisation et l'augmentation des services numériques, met à mal la sécurité des citoyens et des entreprises. Face à ces menaces croissantes, des mesures urgentes s'imposent pour protéger l'espace cybernétique.
Le ministère de la Sécurité, à travers la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC), a lancé le mardi 11 février la plateforme « Alerte-BCLCC ». Cette plateforme, accessible à l’adresse alerte.bclcc.gov.bf, et téléchargeable sur les smartphones et tablettes via Play Store (Android) et AppGallery (Huawei) permet désormais à chaque citoyen de signaler en toute sécurité et confidentialité tout acte de cybercriminalité. Ce nouvel outil numérique permet aussi de signaler des contenus faisant l’apologie du terrorisme en ligne, depuis n'importe quel point du territoire national.
« Avec cet outil, nos forces spécialisées devraient intervenir plus rapidement, mieux analyser les tendances et renforcer les actions pour lutter efficacement contre ces nouvelles formes de cybercriminalité », a déclaré le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana, appelant les Burkinabè à s’approprier la plateforme.
Cette initiative s’inscrit dans la volonté du gouvernement de renforcer la sécurité de l’espace cybernétique national. Elle intervient dans un contexte de transformation numérique accéléré, marqué par l’adoption rapide des services de communication électronique et une recrudescence des cyberattaques. Selon les autorités nationales, entre 2020 et 2023, plus de 3 milliards de francs CFA (environ 5 millions $) ont été extorqués aux Burkinabè par des cybercriminels, soulignant ainsi l’urgence d'une réponse renforcée face à cette menace croissante. Face à ces défis, le Burkina Faso a validé en novembre dernier une Stratégie Nationale 2025-2029 de lutte contre la cybercriminalité, visant à moderniser les outils de réponse aux menaces numériques.
La plateforme garantit la confidentialité des données des utilisateurs, offrant la possibilité de signaler des incidents de manière anonyme et sécurisée. En quelques clics, il est désormais possible de transmettre des informations essentielles à la BCLCC, permettant ainsi des interventions rapides et ciblées. Ce dispositif innovant incarne la détermination du Burkina Faso à protéger ses citoyens dans l’espace numérique et à s'adapter aux nouvelles réalités sécuritaires.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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