Grâce à un protocole d’accord signé en mai 2025 avec l’UNICEF, le Mali explore se tourne pour mieux identifier, suivre et accompagner les enfants en situation de vulnérabilité.

Le gouvernement malien a annoncé le dimanche 22 juin le déploiement de la solution CPIMS+/Primero, un système numérique destiné à renforcer la gestion des cas de protection de l’enfance. Ceci survient quelques semaines après la signature en mai 2025 d’un protocole d’accord entre le ministère chargé de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille et ses partenaires techniques, notamment le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF).

Développé par l’UNICEF avec le soutien de divers partenaires, CPIMS+/Primero (Child Protection Information Management System Plus) permet de centraliser, sécuriser et coordonner les informations sur les enfants victimes de violences, de négligence ou d’abus. Grâce à cette plateforme, chaque enfant suivi dispose d’un dossier électronique consultable par les professionnels autorisés, de la première alerte jusqu’à la résolution du cas.

Le déploiement de cette solution répond au besoin de modernisation du système de protection de l’enfance au Mali, dans un contexte marqué par des défis sécuritaires, sociaux et économiques. CPIMS+/Primero facilite le travail des services sociaux en évitant les doublons, en améliorant la coordination entre les acteurs et en garantissant une traçabilité des interventions.

Après le Bénin qui a déployé la solution plus tôt en février 2025, le Mali rejoint ainsi une dynamique régionale en faveur de l’utilisation du numérique pour la protection des droits des enfants. À terme, cette plateforme pourrait servir de socle pour l’élaboration de politiques publiques basées sur des données fiables.

Adoni Conrad Quenum

Edité par : Feriol Bewa

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Oracle, Naver, Nokia, Cisco… Les grands noms de la tech se succèdent pour poser leurs valises au Maroc. En quelques années, le royaume est devenu un pôle numérique stratégique en Afrique, porté par une vision politique claire, une stabilité attractive et des infrastructures en plein essor. 

La semaine dernière, la société d’informatique américaine Oracle a annoncé l’ouverture d’un centre de recherche et développement (R&D) à Casablanca, avec à la clé la création de 1 000 emplois hautement qualifiés. Ce centre sera dédié aux solutions cloud, à l’intelligence artificielle (IA) et à la cybersécurité. Le géant américain n’est pas seul à investir. Quelques jours plus tôt, le Coréen Naver, leader asiatique des technologies numériques, avait lui aussi révélé son intention de créer un centre de données d’IA de nouvelle génération. 

1 oracle

Ces annonces illustrent une tendance de fond : le Maroc s’impose comme une plateforme incontournable pour les multinationales désireuses d’étendre leur présence en Afrique. Nokia a lancé fin 2024 un centre d’innovation à Salé. Cisco, Jumia, Atos, Huawei ou encore IBM ont renforcé leurs activités dans le royaume, séduits par un environnement favorable et mature pour les activités numériques. 

Une stratégie d’attractivité affirmée 

Le Maroc mise d’abord sur sa position géographique stratégique, à la croisée de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient. Mais c’est surtout la qualité de ses infrastructures numériques qui attire les investisseurs. Le pays compte plus de 20 data centers, l’un des réseaux les plus denses du continent. Il s’est engagé dans la construction de deux régions cloud publiques avec Oracle, une première en Afrique du Nord. Cette dynamique s’inscrit dans une politique ambitieuse de souveraineté numérique et de localisation des données. 

La connectivité du royaume est un autre atout majeur. Selon le rapport Digital 2025 Morocco (DataReportal), le pays comptait 35,3 millions d’utilisateurs Internet début 2025, soit 92,2 % de la population totale. Le Maroc est aussi relié à plus d’une dizaine de câbles sous-marins à haut débit, dont le câble 2Africa, l’un des plus vastes projets d’infrastructure numérique au monde. 

Un environnement propice à l’investissement 

Le cadre fiscal figure parmi les leviers utilisés pour séduire les entreprises. La Loi de Finances marocaine prévoit des exonérations ou des réductions d’impôts pour les sociétés installées dans les zones d’accélération industrielle ou technologique, comme Casanearshore, Technopolis ou Tanger Med. 

Le pays s’appuie également sur un capital humain de plus en plus qualifié. Environ 10 000 ingénieurs en technologies de l’information sont formés chaque année, grâce à des partenariats entre universités et entreprises comme Huawei ou IBM, qui déploient des programmes de certification et d’incubation. 

Enfin, la stratégie nationale « Maroc Digital 2030 » affiche des ambitions claires : générer 150 000 emplois liés au numérique, numériser la majorité des services publics et positionner le pays comme plateforme technologique régionale. Le renforcement du cadre réglementaire (cybersécurité, e-gouvernement, protection des données) vient consolider un climat de confiance pour les investisseurs. 

Une dynamique qui pourrait faire du royaume un acteur clé de la souveraineté numérique africaine et un moteur des innovations technologiques à l’échelle du continent. Selon le dernier classement du site web financier Insider Monkey, le royaume est le pays le plus avancé technologiquement sur le continent africain. Avec un score total de 208, le pays occupe la première place de ce classement de 15 pays. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Le Burundi veut mettre les technologies de l’information et de la communication au service du développement socio-économique. Cette intégration touche à plusieurs domaines de la gouvernance publique, dont l’administration fiscale. 

L’Office burundais des recettes (OBR) poursuit ses efforts de modernisation en misant sur le partage d’expériences avec d’autres administrations fiscales du continent. Fin de semaine dernière, l’OBR a organisé deux journées de réflexion et d’échanges avec la National Revenue Authority (NRA) de la Sierra Leone, reconnue pour avoir réussi la digitalisation de son système de collecte des recettes publiques. 

Cette rencontre s’inscrit dans une dynamique plus large : elle fait suite à une mission similaire organisée environ une semaine plus tôt avec la Liberia Revenue Authority (LRA). Pendant deux jours, les experts de la LRA ont échangé avec ceux du projet e-KORI, dédié à la digitalisation des taxes internes au Burundi. L’ensemble du processus libérien de modernisation fiscale a été analysé en détail. L’OBR estime que le Liberia « a su, après une longue période d’instabilité marquée par la guerre civile, mettre en place avec succès une digitalisation efficace de ses mécanismes de collecte des taxes internes ». L’institution indique également avoir engagé des échanges avec le Bénin. 

La stratégie numérique de l’OBR vise à simplifier les démarches fiscales pour les contribuables, automatiser la gestion et la collecte des recettes, et garantir une meilleure fiabilité des données, plus faciles à stocker et à exploiter. À ce jour, l’une des avancées majeures reste le lancement en 2023 d’une plateforme de télédéclaration et de télépaiement. Le site web de l’OBR propose également des services tels que la dénonciation anonyme de faits de corruption, la vérification de validité des documents ou encore l’accès aux informations réglementaires. 

L’administration burundaise travaille actuellement à la mise en place d’un système numérique intégré pour la gestion des taxes internes et des recettes non fiscales. L’appel d’offres pour sa fourniture a été lancé le 5 mai. En parallèle, l’OBR intensifie ses efforts de sensibilisation auprès des contribuables pour l’adoption des machines de facturation électronique. 

Cette vision de transformation numérique est partagée à l’échelle internationale. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) souligne que la transformation numérique des administrations fiscales vise à rendre le paiement de l’impôt plus simple et moins coûteux. « Si le processus est fastidieux, il génère des coûts importants en temps et en argent pour les contribuables. Et à l’échelle de l’économie, cela peut représenter des pertes considérables, tant en productivité qu’en ressources », explique l’organisation. 

Consciente que le numérique n’est qu’un levier parmi d’autres, l’OBR insiste sur la nécessité d’un cadre fiscal clair, évitant les interprétations multiples, d’une meilleure éducation au civisme fiscal, ainsi que d’un suivi renforcé des contribuables, notamment en ce qui concerne l’usage effectif des outils numériques comme les machines de facturation ou les plateformes de messagerie. 

Par ailleurs, il conviendrait de rappeler qu’après la numérisation, les populations auront besoin d’un accès concret au numérique pour bénéficier pleinement des services. L’Union internationale des télécommunications (UIT) estime par exemple que près de 90 % des Namibiens n’utilisaient pas Internet en 2023. Environ 80 % de la population ne possédait pas de téléphones mobiles. 

Isaac K. Kassouwi

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Le Sénégal ambitionne de bâtir une société de l’information en intégrant de manière significative les TIC dans tous les secteurs de son économie d’ici 2034. Dans cette dynamique, le gouvernement multiplie les partenariats stratégiques internationaux. 

Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko (photo, à gauche), effectue depuis le dimanche 22 juin une visite officielle en République populaire de Chine, accompagné d’une délégation de haut niveau, dont Alioune Sall (photo, au centre), ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique. L’objectif affiché de cette mission est de consolider les partenariats technologiques avec Pékin et d’accélérer la transformation numérique du Sénégal. 

À Hangzhou, haut lieu de l’innovation chinoise, la délégation sénégalaise a rencontré plusieurs grandes entreprises telles qu’Alibaba Group, BrainCo (spécialisée dans les interfaces cerveau-machine) et CHINT (leader des solutions énergétiques intelligentes). Les discussions ont porté sur des axes clés tels que le développement d’infrastructures numériques critiques (fibre optique, 5G, intelligence artificielle), ainsi que sur des mécanismes de transfert de compétences et de soutien à l’écosystème des start-up sénégalaises à travers des investissements ciblés, des formations techniques et des coopérations académiques. 

Cette visite s’inscrit dans la continuité d’une coopération bilatérale renforcée ces dernières années. En 2023, Dakar et Pékin avaient déjà lancé des projets communs pour numériser le système de transport routier sénégalais. Avec la mise en œuvre de la stratégie nationale « New Deal technologique », le gouvernement ambitionne de faire du numérique un levier central de sa souveraineté technologique et de sa croissance inclusive. De son côté, la Chine continue d’intensifier sa présence en Afrique de l’Ouest à travers des partenariats structurants dans les secteurs stratégiques. 

Si cette mission débouche sur de nouveaux accords, elle pourrait ouvrir la voie à des partenariats stratégiques majeurs, notamment en vue des Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026, pour lesquels Alibaba Cloud est pressenti comme partenaire technologique. Au-delà de cet événement, cette coopération pourrait jouer un rôle déterminant dans la structuration d’un écosystème numérique sénégalais solide, générateur d’emplois qualifiés et capable de renforcer l’autonomie technologique du pays face aux enjeux du XXIe siècle. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Avec l’essor de l’IA en Afrique, les failles de cybersécurité se multiplient, exposant citoyens, institutions et infrastructures à des attaques de plus en plus subtiles. Dans ce contexte, les autorités peinent encore à contenir l’expansion rapide de la criminalité en ligne. 

La cybercriminalité continue de gagner du terrain en Afrique, représentant jusqu’à 30 % des crimes signalés dans certaines régions, notamment en Afrique de l’Ouest et de l’Est, selon le dernier rapport d’évaluation d’Interpol sur la cybermenace sur le continent publié le lundi 23 juin. 

L’évaluation annuelle des cybermenaces africaines souligne une montée en puissance des attaques numériques dans les États membres africains, avec des menaces de plus en plus sophistiquées. Les escroqueries en ligne, notamment via l’hameçonnage, les rançongiciels, les compromissions de courriels professionnels (BEC) et la sextorsion numérique figurent parmi les principales cybermenaces recensées. 

Des menaces numériques variées et ciblées 

Selon le rapport, certaines attaques ont visé des infrastructures critiques, comme l’Autorité des routes urbaines du Kenya ou encore le Bureau national des statistiques du Nigeria. En Afrique de l’Ouest, des groupes criminels comme le syndicat transnational Black Axe sont pointés du doigt dans des opérations de fraude BEC impliquant des millions de dollars. 

Sur le continent, les chiffres sont révélateurs. En 2024, l’Afrique du Sud et l’Égypte ont enregistré le plus grand nombre de détections de rançongiciels, avec respectivement 17 849 et 12 281 cas. Le Nigeria (3459) et le Kenya (3030) suivent de près, confirmant la vulnérabilité des économies les plus numérisées. 

Interpol alerte également sur une explosion des cas de sextorsion numérique, signalée dans 60 % des pays membres africains. Dans de nombreux cas, les images compromettantes utilisées sont souvent générées ou manipulées à l’aide de l’intelligence artificielle. 

Des capacités de réponse limitées face à l’ampleur des cyberattaques 

Malgré cette recrudescence, les capacités d’enquête et de réponse restent limitées. Neuf pays africains sur dix estiment qu’une amélioration significative de leurs capacités de maintien de l’ordre et de poursuites est nécessaire. Les systèmes de signalement d’incidents, de gestion de preuves numériques ou encore les bases de données sur les menaces sont peu répandus. Seuls 30 % des pays déclarent disposer d’un système de notification, 29 % d’un système de traitement des preuves numériques, et 19 % d’une base de données sur les cybermenaces. 

1 meunote 

À cela s’ajoutent des défis juridiques et institutionnels. Trois quarts des pays interrogés reconnaissent que leur cadre légal actuel est inadapté. Et 95 % évoquent un manque de formation, de ressources ou d’outils spécialisés pour lutter efficacement contre la cybercriminalité. 

Par ailleurs, la coopération régionale et internationale demeure insuffisante. Pour 86 % des pays africains, la lenteur des mécanismes formels, l’absence de réseaux opérationnels et l’accès restreint aux données hébergées à l’étranger entravent les enquêtes. Et 89 % jugent également nécessaire de renforcer leur collaboration avec le secteur privé. 

Interpol note cependant des avancées. Plusieurs États africains ont harmonisé leur législation avec les standards internationaux, investi dans des unités spécialisées et participé à des opérations majeures, telles que Serengeti et Carton Rouge, ayant permis plus de 1000 arrestations. 

L’organisation appelle à un renforcement de la coopération intergouvernementale et avec le secteur privé, ainsi qu’à l’intégration des technologies émergentes pour mieux anticiper et contrer les menaces. Ce rapport s’inscrit dans le cadre de l’initiative AFJOC (African Joint Operation against Cybercrime), soutenue par le Royaume-Uni et visant à renforcer les capacités de cybersécurité des États africains. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Face aux retards persistants dans l’exécution des politiques publiques et au manque de transparence dans l’administration, le gouvernement congolais mise sur le numérique. Avec le SISAG, il espère moderniser le suivi de son action et renforcer la redevabilité. 

La République démocratique du Congo s’apprête à lancer, au troisième trimestre 2025, un Système d’information de suivi des actions gouvernementales baptisé SISAG. Ce dispositif technologique vise à centraliser et actualiser en temps réel l’ensemble des données liées à la mise en œuvre des projets prioritaires portés par l’exécutif. 

Conçu pour renforcer la rigueur et la réactivité dans l’exécution des projets publics, le SISAG introduit plusieurs fonctionnalités stratégiques, parmi lesquelles : la visualisation en temps réel de l’état d’avancement des projets grâce à des tableaux de bord dynamiques ; la génération automatique d’alertes en cas de retard ou de blocage ; la centralisation des données entre les ministères ; et l’interconnexion avec des institutions clés pour assurer la fiabilité et la fluidité des informations. 

L’outil repose sur une interopérabilité avec des institutions telles que l’Institut national de la statistique (INS), le Secrétariat national de renforcement des capacités (SENAREC) ou encore l’Agence pour le développement du numérique (ADN), assurant une circulation fluide et fiable des données. 

Le système est soutenu par une Unité technique spécialisée, l’USAG, chargée de coordonner les ministères, de compiler les données et de produire des recommandations fondées sur des analyses objectives. Ce dispositif entend améliorer la reddition de comptes et doter le gouvernement d’un outil d’aide à la décision plus efficace. 

Un outil au service du PAG 2024–2028 

Ce virage numérique s’inscrit dans le cadre du Programme d’actions du gouvernement (PAG) pour la période 2024–2028, récemment adopté par les autorités congolaises. Ce programme ambitionne d’ancrer l’action publique dans une logique de performance, avec des indicateurs clairs, des objectifs quantifiables et une obligation de résultats. 

Le SISAG vient ainsi renforcer l’alignement entre les ambitions politiques et les moyens technologiques, en assurant un suivi minutieux des engagements pris, tout en facilitant une évaluation continue des résultats. Il représente un levier clé pour accélérer les investissements publics, améliorer la coordination interministérielle et renforcer la transparence dans la gestion des ressources. 

Une démarche inspirée de modèles internationaux 

La RDC s’inspire ainsi d’initiatives mises en œuvre dans d’autres pays africains. Le Rwanda, par exemple, utilise depuis plusieurs années un système de performance basé sur des contrats d’objectifs annuels appelé Imihigo. Le Bénin, de son côté, s’appuie sur l’outil MPAT pour évaluer la performance des ministères. Ces expériences ont démontré que, bien conçus, ces mécanismes peuvent améliorer la redevabilité et dynamiser l’action publique. 

Une fois le SISAG pleinement opérationnel, l’exécutif congolais prévoit son extension progressive aux administrations provinciales, pour assurer un suivi plus granulaire des projets locaux. À terme, cet outil pourrait aussi intégrer un volet de transparence publique, en ouvrant une partie des données au public afin d’accroître la confiance des citoyens dans l’action publique. Mais pour que cette ambition se concrétise, il faudra assurer un déploiement rigoureux, un pilotage politique soutenu et une appropriation durable par l’ensemble des acteurs concernés. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Alors que le numérique transforme les systèmes éducatifs dans de nombreux pays africains, les Comores amorcent à leur tour cette mutation, à travers des outils conçus pour relever les défis d’accessibilité, d’équité et de modernisation. 

Les Comores disposent désormais de deux plateformes éducatives, E-Shiyo et E-Msomo. Initiées par le ministère de l’Éducation nationale, avec le soutien technique de l’Agence nationale de développement du numérique (ANADEN) et l’appui financier de l’UNICEF, ces solutions visent à améliorer l’accès à l’éducation et à renforcer la gouvernance du secteur. 

La plateforme E-Shiyo propose une bibliothèque numérique de manuels scolaires destinée aux élèves du préélémentaire et du primaire. Accessible en ligne sur l’ensemble du territoire, elle permet aux enfants d’accéder aux contenus pédagogiques à tout moment, à partir de tout appareil connecté. 

E-Msomo, de son côté, numérise la gestion administrative des établissements scolaires. Elle introduit un système centralisé pour la gestion des bulletins, un identifiant unique pour chaque élève, ainsi qu’un suivi automatisé des résultats académiques. Cette modernisation vise à améliorer la traçabilité des parcours scolaires, à renforcer la transparence et à faciliter la prise de décision par les autorités éducatives. 

L’initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie « Comores Numérique 2028 », qui ambitionne de transformer le pays grâce au numérique et d’accroître la contribution du secteur au PIB à hauteur de 5 % d’ici 2028. La modernisation des secteurs clés, comme l’éducation, y occupe une place centrale. À l’échelle du continent, la vague e-learning traduit un potentiel croissant. Selon Ambient Insight, le marché africain de l’apprentissage en ligne devrait dépasser 1,5 milliard USD d’ici 2030. 

Au-delà de la distribution de manuels et de bulletins, ces outils marquent une avancée vers une gouvernance plus rigoureuse, grâce à des données consolidées pour l’évaluation des performances scolaires, une réduction des erreurs et une allocation plus efficace des ressources. Les prochaines étapes incluent le renforcement de la connectivité dans l’archipel, où le taux de pénétration d’Internet reste limité à 35,7 % selon Datareportal, l’équipement des écoles en matériel numérique, la formation des enseignants à leur usage et la protection des données. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Le gouvernement ivoirien mise sur le numérique pour rapprocher les services de base des citoyens. De la justice à l’éducation, tous les secteurs sont engagés dans cette dynamique de modernisation. 

Le Conseil des ministres a adopté le mercredi 18 juin un décret instituant, sur proposition des ministères de la Justice et de la Transition numérique, le certificat de nationalité numérique et l’attestation récognitive de nationalité en Côte d’Ivoire. Le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly (photo), a expliqué que cette réforme allège considérablement le processus de délivrance du certificat de nationalité. Elle introduit également l’attestation récognitive de nationalité, délivrée sur simple présentation d’une copie d’un certificat existant. 

L’attestation récognitive de nationalité, équivalente à la « déclaration recognitive de nationalité » en droit français, permet à tout Ivoirien déjà en possession d’un certificat de nationalité valide et non contesté d’obtenir une version électronique simplifiée, sans avoir à refaire toute la procédure. Pour cela, les juridictions transmettent les copies des certificats délivrés à un dépositaire central chargé de les conserver et de faciliter leur réédition. 

L’accès à ces documents se fait via la plateforme e-justice.ci, la même qui permet déjà d’obtenir en ligne des actes tels que le casier judiciaire ou l’acte d’individualité. Le certificat numérique est sécurisé par un cachet électronique visible (CEV), garantissant l’authenticité du document et permettant à tout usager ou administration de vérifier directement sa validité. 

Le projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de transformation numérique, qui place la modernisation des services publics au cœur de ses priorités. Selon le dernier rapport des Nations unies sur l’e-gouvernance, la Côte d’Ivoire se classe au 124ᵉ rang sur 193 pays, avec un score de 0,5587 à l’indice de développement de l’administration en ligne. Ce positionnement témoigne d’une progression portée notamment par des initiatives comme e-Justice, mais souligne aussi les marges de progrès pour atteindre les standards des administrations les plus digitalisées. 

Cette réforme vise à réduire les délais et les coûts des démarches, tout en renforçant la lutte contre la fraude documentaire et en fluidifiant l’accès aux services publics. Dans un contexte de modernisation administrative, ces solutions contribueront à renforcer la confiance des citoyens et à favoriser l’inclusion numérique. L’enjeu est désormais d’assurer une infrastructure fiable, une interopérabilité des plateformes et la formation du personnel pour pérenniser cette avancée. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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La transformation numérique est l’une des priorités du gouvernement zimbabwéen. L’exécutif a par exemple annoncé en avril dernier un programme visant à connecter les 2400 circonscriptions administratives du pays au haut débit Internet d’ici 2030. 

Le Zimbabwe devrait se doter d’un Système de gestion électronique des documents et des archives (EDRMS) estimé à 3 millions USD d’ici la fin de l’année. C’est ce qu’a révélé Brenda Mamvura (photo, à droite), directrice générale des Archives nationales du Zimbabwe (NAZ), dans un entretien accordé le mardi 17 juin au média local Herald Online. C’était en marge de la 28ᵉ conférence de la branche régionale d’Afrique de l’Est et australe du Conseil international des archives (ESARBICA), qui se déroule du lundi 16 au vendredi 20 juin à Victoria Falls. 

Mme Mamvura a précisé qu’une entreprise a remporté l’appel d’offres et que 60 % des processus d’acquisition sont déjà achevés. Les ministères des Finances, de la Fonction publique ainsi que le Bureau du président et du cabinet ont été choisis pour tester le système avant son déploiement à l’échelle nationale. 

Cette initiative s’inscrit dans la volonté du gouvernement de hisser le Zimbabwe au rang des pays à revenu intermédiaire supérieur d’ici 2030, en misant sur le numérique comme levier de transformation. Les autorités entendent intégrer pleinement les TIC dans l’ensemble de la société et dans tous les secteurs de l’économie, afin de stimuler un développement socio-économique rapide et durable. Dans l’administration publique, l’exécutif vise une amélioration significative de la qualité des services, une gouvernance plus efficace et réactive aux attentes des citoyens, une gestion optimisée des ressources publiques, ainsi qu’une plus grande participation citoyenne aux affaires publiques. 

« Les avantages d’un système EDRMS sont évidents. D’abord, l’intégration des systèmes, qui permet une coordination fluide entre les départements. Ensuite, une meilleure efficacité — les institutions publiques et les entreprises publiques pourront servir leurs clients plus rapidement et plus efficacement », a expliqué Mme Mamvura. 

Il faudra toutefois attendre le lancement effectif du système. Pour l’instant, le Zimbabwe n’en est qu’à l’étape pilote, avec trois ministères sélectionnés pour tester l’EDRMS. Par ailleurs, le processus de numérisation soulève plusieurs interrogations, notamment sur les compétences numériques des agents publics, la solidité de l’infrastructure technologique, la disponibilité du matériel informatique adapté, l’accès à un Internet fiable, ou encore la sécurisation des données sensibles. 

Isaac K. Kassouwi

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Les autorités burundaises intensifient leurs efforts pour développer les TIC et accélérer la transformation numérique. Cette dynamique touche désormais tous les secteurs, y compris l’administration foncière, qui s’engage résolument vers la dématérialisation de ses services. 

La société burundaise Mediabox a annoncé, mardi 17 juin, la mise en service d’un Système de gestion électronique des documents (EDRMS) au sein de la Direction des titres fonciers et du cadastre national (DTFCN). Financé par la Banque mondiale, ce système numérique vise à améliorer la gestion interne des opérations foncières en facilitant l’accès aux documents, l’archivage sécurisé, la traçabilité des actions et la transparence administrative. 

L’EDRMS, à la différence d’un portail public, est un outil exclusivement réservé aux agents de l’administration foncière. Il permet une consultation rapide et structurée des dossiers, tout en garantissant une traçabilité complète des opérations réalisées par les services compétents. L’objectif est de rationaliser les processus internes, de réduire les délais de traitement et de sécuriser les informations relatives à la propriété foncière. 

La solution développée par Mediabox est interconnectée avec deux autres plateformes utilisées par la DTFCN : le Building Permit System (BPS), chargé de gérer les demandes de permis de construire et la délivrance des premiers titres de propriété, ainsi que le Property Management System (PMS), qui prend en charge les mises à jour des titres existants, qu’il s’agisse de transferts, de corrections ou d’hypothèques. L’ensemble constitue un écosystème numérique intégré, garantissant la continuité et la fiabilité des opérations foncières, de la demande initiale à la gestion post-délivrance. 

Ce projet s’inscrit dans un contexte marqué par des défis persistants dans le secteur foncier burundais : lourdeurs administratives, absence de centralisation des archives, insécurité juridique des titres et lenteur dans la délivrance des documents. L’initiative vise à remédier à ces défis en outillant les agents publics pour qu’ils puissent travailler plus efficacement et avec davantage de transparence. 

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Projet d’Appui aux Fondations de l’Économie Numérique (PAFEN), financé à hauteur de 92 millions de dollars par la Banque mondiale. Le programme vise notamment à étendre l’accès au haut débit dans les zones rurales, développer les compétences numériques et promouvoir la numérisation des services publics. Selon l’Indice de développement de l’E-Gouvernement (EGDI) 2024 des Nations unies, le Burundi se positionne au 183e rang sur 193 pays, ce qui témoigne de défis importants. 

La réussite du projet dépendra donc de la capacité à renforcer l’infrastructure numérique interne, à former les agents aux nouveaux outils technologiques, à instaurer une culture numérique au sein de l’administration et à assurer la sécurité des données sensibles liées au foncier. Il s’agira également de garantir la maintenance continue du système et d’assurer son évolutivité afin qu’il puisse répondre durablement aux besoins croissants de l’administration foncière. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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