Durant l’année 2024 qui s’achève, la Côte d’Ivoire a réussi à concrétiser plusieurs projets destinés à améliorer l’inclusion numérique des populations. Cependant, des défis demeurent.
Le ministère de la Transition numérique et de la Digitalisation a annoncé, le lundi 25 novembre, l'approbation de son budget par la Commission des affaires économiques et financières de l’Assemblée nationale. D’un montant de 60,78 milliards FCFA (environ 96,8 millions $), il permettra, entre autres, d’améliorer la connectivité, d’offrir un accès équitable aux technologies, de promouvoir les compétences numériques et de soutenir les jeunes et les femmes dans le numérique.
Pour l’année 2025, le ministère alloue 8,1 milliards FCFA aux investissements et 5,7 milliards FCFA aux dépenses du personnel. Le budget est réparti en quatre programmes dont 1,9 milliards FCFA pour l’administration générale, 19,9 milliards FCFA pour l’économie numérique et la poste, 35,5 milliards FCFA pour la taxe pour le développement des nouvelles technologies dans les zones rurales et 4,6 milliards FCFA pour soutenir l’activité du secteur des communications électroniques.
Pour mener à bien ces programmes, le ministère les a répartis en plusieurs activités pour atteindre les résultats escomptés. La poursuite de mise en œuvre du Projet d'appui au renforcement de l'administration électronique (PARAE), la formation de 265 spécialistes dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, l’organisation du forum Ivoiretech ou encore le renforcement des capacités des agents de l'Etat à l'utilisation des outils informatiques sont, entre autres, des activités à mener pour le compte de l’année 2025.
La promotion d’un écosystème numérique innovant, la réduction de la fracture numérique grâce à des investissements dans les zones rurales et le renforcement de la régulation des TIC pour un développement sécurisé sont des objectifs à atteindre pour le ministre de la Transition numérique et de la Digitalisation, Kalil Konaté (photo). Pour rappel, la Côte d’Ivoire affiche en 2024 un indice de développement des TIC de 65,3 sur 100, selon l’Union internationale des télécommunications. Quant à l’indice de développement de l’administration en ligne, le score de la nation éburnéenne s’est établi à 0,5587 sur 1 en 2024, mieux qu’en 2022 où il était 0,5467.
Adoni Conrad Quenum
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’Afrique est le continent où l’Internet mobile est le plus cher au monde, selon l’UIT. Les populations africaines dépensent en moyenne 4,9% du RNB mensuel par habitant pour accéder à un forfait mensuel décent. La moyenne mondiale est de 1,3%.
En 2023, le coût d'accès à l'Internet mobile en Afrique de l'Ouest s'est avéré plus abordable au Nigeria, au Ghana et en Côte d’Ivoire, selon des données de l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’agence spécialisée des Nations unies pour les technologies de l'information et de la communication.
Au Nigeria, il faudra débourser 1,61% du revenu national brut (RNB) mensuel par habitant pour accéder au forfait mobile à large bande le moins cher fournissant au moins 2 Go de données mensuelles en utilisant au moins la technologie 3G. Au Ghana et en Côte d’Ivoire, le coût est respectivement de 1,94% et de 2% du RNB mensuel par habitant pour avoir accès au même type de forfait.
Selon les recommandations de l’UIT, Internet est considéré comme abordable quand son coût est égal à 2% ou moins du RNB mensuel par habitant. En Afrique de l’Ouest, seuls le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire sont dans les clous. En Afrique, la moyenne s’est établie en 2023 autour de 4,9% du RNB mensuel par habitant. Le Sénégal (2,47%) et la Mauritanie (3,01%) sont en deçà de ce chiffre.
Quant à la Guinée-Bissau, au Burkina Faso et à la Gambie, ce sont les pays où l’Internet mobile est le plus cher dans la sous-région ouest-africaine. Pour les populations de ces pays, il faudra respectivement dépenser 9,79%, 9,81% et 11% du RNB mensuel par habitant pour accéder au forfait susmentionné.
Source : UIT
Diverses raisons expliquent la cherté d’Internet dans ces pays. Selon le rapport « The State of Broadband 2024: Leveraging AI for Universal Connectivity » publié en juin 2024, la Broadband Commission estime que « le manque d'accessibilité financière reste un obstacle majeur à l'accès à l’Internet, en particulier dans les économies à faible revenu ». Et d’ajouter : « par rapport aux prix pratiqués dans les économies à revenu élevé, le panier de services mobiles à large bande est 5,5 fois moins abordable dans les économies à revenu moyen inférieur et plus de 20 fois moins abordable dans les économies à faible revenu ».
Le rapport « State of Mobile Internet Connectivity 2024 » de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie, de son côté, indique que l'Afrique subsaharienne est la région où l'écart de couverture est le plus élevé, avec 13 %. Cela est principalement attribuable au manque d'infrastructures de télécommunications, obligeant certains marchés à compenser leur rareté en appliquant des tarifs élevés pour rentabiliser les ressources disponibles. « Les réseaux à large bande fixe sont très coûteux à déployer, à entretenir et à mettre à niveau, en fonction de la géographie et de l'extension du territoire à couvrir », a affirmé l’UIT.
Adoni Conrad Quenum
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La transformation numérique fait partie des priorités du gouvernement béninois. Par exemple, l’exécutif prévoit de consacrer un budget de 16,4 milliards FCFA aux projets numériques en 2025.
Le gouvernement béninois prévoit de connecter 18 communes supplémentaires à la fibre optique d’ici mi-2025 dans le cadre de son ambition de généraliser l’accès au haut débit dans toutes les 77 communes du pays (photo). C’est ce qu’a révélé Aurelie Adam Soulé Zoumarou, ministre du Numérique et de la Digitalisation, le jeudi 21 novembre au cours de l’émission « PAG 2021-2026 : reddition de comptes » sur la télévision nationale.
Selon la ministre, le déploiement de la fibre optique dans les nouvelles communes permettra de renforcer la dorsale nationale qui relie déjà 50 communes sur environ 2550 km. A terme, le gouvernement cible une couverture totale de 3300 km de fibre optique. De plus, neuf autres communes seront connectées grâce à des technologies alternatives.
Ces plans du gouvernement font partie du projet de déploiement de l’Internet haut et très haut débit sur l’ensemble du territoire national qui vise à « apporter le haut et le très haut débit au plus près des populations et des entreprises béninoises par le biais des investissements publics et privés ». D’un coût estimé à environ 207 milliards de francs CFA (330,63 millions $), l’initiative elle-même s'inscrit dans le cadre du Programme d’action du gouvernement 2021-2026. L’exécutif cherche à « transformer le Bénin en la plateforme de services numériques de l’Afrique de l’Ouest pour l’accélération de la croissance et l’inclusion sociale ».
Amélioration de la couverture et de l’usage
Le projet du gouvernement pourrait contribuer à améliorer la couverture de la population en services de télécommunications, en particulier l’Internet. Le gouvernement revendique un taux de couverture de la 4G de l’ordre de 90 %. Ces données sont confirmées par la plateforme ICT DataHub de l’Union internationale des télécommunications (UIT). L’organisation ajoute que la 2G et la 3G couvrent respectivement 98 % et 90 % de la population. La 5G quant à elle est en début de commercialisation.
En ce qui concerne l’usage, l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (ARCEP) a recensé 11,06 millions d’abonnés à l’Internet mobile et 20 000 utilisateurs d’Internet fixe en juin 2024 sur une population estimée à environ 13,7 millions par la Banque mondiale (2023). Le nombre d’abonnements à la téléphonie mobile s’élève à 17,8 millions, contre 1363 pour la téléphonie fixe. Cependant, l’UIT estime que les taux de pénétration de l’Internet et de la téléphonie mobile sont respectivement de 33,8 % et 53,9 % à fin 2023.
Isaac K. Kassouwi
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