Au cours de la dernière décennie, le gouvernement marocain s’est engagé dans la transformation numérique du pays. Mais les retombées enregistrées pendant la crise de Covid-19 ont été jugées insatisfaisantes.
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) du Maroc a émis des recommandations la semaine dernière pour une transformation numérique responsable et inclusive dans le pays. Lors d’un atelier organisé, mercredi 19 janvier, l’institution constitutionnelle indépendante, mise en place le 21 février 2011 par le roi Mohammed VI, a affirmé que le respect de ces recommandations contribuera à résorber la fracture numérique patente que la crise de la Covid-19 n’a fait qu’exacerber.
Selon le CESE, bien que le Maroc a mis en œuvre des stratégies et programmes forts, notamment « Maroc Digital 2020 », et qu’il se soit également doté d’instances spécialisées dont l’Agence du développement du digital (ADD) et la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP), plusieurs faiblesses et fragilités ne contribuent pas à assurer les prérequis d’une transformation digitale aboutie.
Parmi celles-ci figurent le « retard important accusé dans la mise en œuvre de politiques antérieures de transformation digitale au niveau de plusieurs secteurs tels que l’administration, la santé, l’éducation et l’industrie ; une faible couverture géographique en infrastructures Internet haut débit et très haut débit ; le caractère parcellaire et parfois inadapté du cadre législatif et réglementaire, notamment en matière de télétravail », indique le CESE.
L’avis du Conseil économique, social et environnemental intervient un mois après la visite que Jesko S. Hentschel, directeur du département Maghreb et Malte de la Banque mondiale, a effectué au Maroc pour l’examen des voies et des perspectives de coopération en matière de transformation numérique avec la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme administrative, Ghita Mezzour.
Le CESE insiste sur une transformation numérique responsable et inclusive au regard de son impact sur « l’amélioration de la qualité des interactions entre citoyens et administrations, l’augmentation de la productivité et de la compétitivité de l’économie », la réduction des inégalités sociales et spatiales.
Muriel Edjo
Les recommandations du CESE
1- Donner la priorité au digital comme moyen par défaut de la mise en œuvre des lois, réglementations et services publics et promouvoir de nouvelles applications ou nouveaux systèmes à fort impact sur le parcours des usagers (citoyens et entreprises).
2- Se doter d’un cadre réglementaire complet et adapté en matière de digitalisation, notamment en ce qui concerne le télétravail et la protection des données.
3- Améliorer la cybersécurité et la souveraineté numérique pour favoriser une transformation digitale responsable, basée sur une meilleure résilience des infrastructures, une confiance numérique renforcée, la protection des données à caractère personnel en plus de la généralisation de la signature électronique.
4- Développer des data centers souverains nationaux et régionaux, en s’appuyant sur des partenariats public-privé (PPP) pour permettre à l’Etat et aux entreprises marocaines d’héberger leurs actifs stratégiques (données et applications).
5- Œuvrer pour l’émergence d’un « écosystème » digital marocain en utilisant le levier de la commande publique et des mécanismes de financement innovants pour les acteurs du secteur, et faire bénéficier les entreprises qui investissent dans leur digitalisation d’incitations financières telles que le suramortissement et la garantie de financement par l’Etat.
6- Accélérer le déploiement du paiement mobile avec l’interopérabilité à l’échelle nationale pour rattraper le retard accusé en matière d’inclusion financière et diminuer l’usage du numéraire.
7- Intégrer les systèmes académique, économique et industriel dans la R&D en matière de transformation digitale, afin de créer des « écosystèmes » favorables au développement de startups et favoriser l’émergence d’une véritable industrie du digital.
8- Eriger l’intelligence artificielle (IA) en priorité nationale dans le chantier de la transformation digitale eu égard à son potentiel d’optimisation des coûts de production et aux réponses qu’elle apporterait aux besoins différenciés des citoyens.
Depuis 2018, le gouvernement ivoirien s’est engagé à soutenir davantage l’environnement start-up pour en faire un moteur de la croissance nationale. Plusieurs initiatives ont été engagées à cet effet.
Le ministre de l’Economie numérique, des Télécommunications et de l’Innovation, Roger Félix Adom, a procédé le lundi 6 décembre au lancement de l’initiative Startup4Gouv à la Maison des entreprises (CGECI) à Abidjan. Son objectif est de fédérer les meilleures start-up du pays en collège d’entreprises technologiques et innovantes à travers le #CI20. Elles accompagneront ainsi le gouvernement, avec leur expertise technique et pratique dans les différents projets inhérents à la transformation numérique du pays.
Roger Félix Adom a affirmé que le programme Startup4Gouv contribuera à faire de la Côte d'Ivoire un hub digital. Plusieurs jeunes entrepreneurs du numérique ont d’ailleurs été faits ambassadeurs de l’innovation lors de la cérémonie de lancement de l’initiative Startup4Gouv. Ils vanteront le savoir-faire technologique ivoirien. Ils prendront part à la 5e édition du Sommet de l’innovation organique et des startups émergentes Afrique – Europe : EMERGING Valley 2021, prévu les 13 et 14 décembre au palais du Pharo de Marseille.
L’initiative Startup4Gouv s'inscrit dans le cadre de la vision de développement économique axée sur le numérique, pensée par le gouvernement pour faire de la Côte d’Ivoire un pays moderne, numérique, tourné vers les technologies du futur. Cette initiative s’ajoute à plusieurs actions en faveur de l’environnement start-up national annoncées par le gouvernement, notamment la création d’un fonds spécial d’accompagnement de 500 millions FCFA, l’adoption d’une loi sur les start-up.
En 2018, lors de la 6e édition de l’Africa CEO Forum tenue le 26 mars à Abidjan, le Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, soutenait déjà que « l’évolution du numérique offre de nombreuses opportunités à saisir par les jeunes. Car la révolution du digital est susceptible d’aider nos pays à franchir rapidement des étapes pour s’intégrer, de façon harmonieuse, dans le monde ». Avec cette déclaration, il mettait déjà en exergue le potentiel des start-up, dans la création d’emplois et de richesses, à soutenir la croissance économique nationale.
Muriel Edjo
Au cours de la dernière décennie, le gouvernement ghanéen a multiplié les actions pour freiner la prolifération des médicaments contrefaits dans le pays. Au regard des succès relatifs enregistrés par le passé, l’accent a cette fois été mis sur le numérique comme gage de traçabilité et d’efficacité.
Le vice-président de la République du Ghana, Mahamudu Bawumia (photo), a lancé le processus de numérisation des pharmacies. La première étape, le lancement officiel du cadre réglementaire régissant le programme national de pharmacie électronique, a été franchie avec succès le mercredi 22 décembre. La seconde étape, la mise en service de la plateforme d’e-pharmacie, interviendra au cours de l’année 2022. L’ensemble du programme contribuera à améliorer l’accès des populations aux médicaments de qualité.
La plateforme e-pharmacie, développée avec la contribution de plusieurs parties prenantes dont le Conseil de la pharmacie et la Société pharmaceutique, sera reliée à la base de données de la Food and Drugs Authority (FDA) pour authentifier l'approbation ou non des médicaments proposés ; vérifier les opérations de pharmacie non agréées ; réduire les disparités dans le coût des médicaments et minimiser certains problèmes administratifs et de livraison qui nuisent à l’activité des pharmaciens.
Mahamudu Bawumia a expliqué que la plateforme e-pharmacie est « une innovation de premier plan qui transformera l'accès aux soins pharmaceutiques au Ghana, complétant la tentative du gouvernement d'améliorer l'accès et la prestation des soins de santé à nos plus de 30 millions d'habitants […] L'innovation dans l'amélioration de l'accès aux pharmacies pour notre population grâce à la pharmacie électronique peut changer la donne en préservant l'avenir de nos jeunes et en garantissant un accès rationnel et responsable aux médicaments à une échelle que nous n'avons pas encore pu atteindre ».
En 2009, la FDA avait indiqué que pour les seuls antipaludéens le taux de contrefaçons était de 39,9%. Consciente de la probabilité que la proportion soit plus grande sur l’ensemble de l’industrie pharmaceutique, l’Autorité avait accepté en 2013 l’aide de la Chine pour identifier les médicaments de mauvaise qualité. En 2017, c’est l’aide de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) et du département américain de la Santé et des Services sociaux qu’elle avait acceptée pour le même objectif. La plateforme e-pharmacie du gouvernement s’inspire de l’idée développée par la Start-up ghanéenne m-Pedigree pour vérifier l’authenticité des médicaments. m-Pedigree a été désignée Grand Prix du Forum Netexplorateur 2011.
Le vice-président du Ghana estime que « le marché mondial de la pharmacie en ligne vaut aujourd'hui environ 81 milliards $ et qu'il devrait atteindre 244 milliards $ d'ici 2027. Avec la plate-forme nationale de pharmacie électronique, le Ghana fera partie de cette nouvelle économie numérique pharmaceutique ».
Muriel Edjo