Le Burundi veut mettre les technologies de l’information et de la communication au service du développement socio-économique. Cette intégration touche à plusieurs domaines de la gouvernance publique, dont l’administration fiscale.
L’Office burundais des recettes (OBR) poursuit ses efforts de modernisation en misant sur le partage d’expériences avec d’autres administrations fiscales du continent. Fin de semaine dernière, l’OBR a organisé deux journées de réflexion et d’échanges avec la National Revenue Authority (NRA) de la Sierra Leone, reconnue pour avoir réussi la digitalisation de son système de collecte des recettes publiques.
Cette rencontre s’inscrit dans une dynamique plus large : elle fait suite à une mission similaire organisée environ une semaine plus tôt avec la Liberia Revenue Authority (LRA). Pendant deux jours, les experts de la LRA ont échangé avec ceux du projet e-KORI, dédié à la digitalisation des taxes internes au Burundi. L’ensemble du processus libérien de modernisation fiscale a été analysé en détail. L’OBR estime que le Liberia « a su, après une longue période d’instabilité marquée par la guerre civile, mettre en place avec succès une digitalisation efficace de ses mécanismes de collecte des taxes internes ». L’institution indique également avoir engagé des échanges avec le Bénin.
La stratégie numérique de l’OBR vise à simplifier les démarches fiscales pour les contribuables, automatiser la gestion et la collecte des recettes, et garantir une meilleure fiabilité des données, plus faciles à stocker et à exploiter. À ce jour, l’une des avancées majeures reste le lancement en 2023 d’une plateforme de télédéclaration et de télépaiement. Le site web de l’OBR propose également des services tels que la dénonciation anonyme de faits de corruption, la vérification de validité des documents ou encore l’accès aux informations réglementaires.
L’administration burundaise travaille actuellement à la mise en place d’un système numérique intégré pour la gestion des taxes internes et des recettes non fiscales. L’appel d’offres pour sa fourniture a été lancé le 5 mai. En parallèle, l’OBR intensifie ses efforts de sensibilisation auprès des contribuables pour l’adoption des machines de facturation électronique.
Cette vision de transformation numérique est partagée à l’échelle internationale. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) souligne que la transformation numérique des administrations fiscales vise à rendre le paiement de l’impôt plus simple et moins coûteux. « Si le processus est fastidieux, il génère des coûts importants en temps et en argent pour les contribuables. Et à l’échelle de l’économie, cela peut représenter des pertes considérables, tant en productivité qu’en ressources », explique l’organisation.
Consciente que le numérique n’est qu’un levier parmi d’autres, l’OBR insiste sur la nécessité d’un cadre fiscal clair, évitant les interprétations multiples, d’une meilleure éducation au civisme fiscal, ainsi que d’un suivi renforcé des contribuables, notamment en ce qui concerne l’usage effectif des outils numériques comme les machines de facturation ou les plateformes de messagerie.
Par ailleurs, il conviendrait de rappeler qu’après la numérisation, les populations auront besoin d’un accès concret au numérique pour bénéficier pleinement des services. L’Union internationale des télécommunications (UIT) estime par exemple que près de 90 % des Namibiens n’utilisaient pas Internet en 2023. Environ 80 % de la population ne possédait pas de téléphones mobiles.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le Sénégal ambitionne de bâtir une société de l’information en intégrant de manière significative les TIC dans tous les secteurs de son économie d’ici 2034. Dans cette dynamique, le gouvernement multiplie les partenariats stratégiques internationaux.
Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko (photo, à gauche), effectue depuis le dimanche 22 juin une visite officielle en République populaire de Chine, accompagné d’une délégation de haut niveau, dont Alioune Sall (photo, au centre), ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique. L’objectif affiché de cette mission est de consolider les partenariats technologiques avec Pékin et d’accélérer la transformation numérique du Sénégal.
Le Premier Ministre Monsieur Ousmane SONKO, accompagné d’une forte délégation dont moi même, effectuons depuis le 22 Juin 2025, une mission de haut niveau en Chine afin de renforcer les partenariats clés du #NewDealTechnologique !
— SALL Alioune (@SALLAlioune20) June 23, 2025
Lors de son séjour à Hangzhou, l'une des villes… pic.twitter.com/87kNrpNdqf
À Hangzhou, haut lieu de l’innovation chinoise, la délégation sénégalaise a rencontré plusieurs grandes entreprises telles qu’Alibaba Group, BrainCo (spécialisée dans les interfaces cerveau-machine) et CHINT (leader des solutions énergétiques intelligentes). Les discussions ont porté sur des axes clés tels que le développement d’infrastructures numériques critiques (fibre optique, 5G, intelligence artificielle), ainsi que sur des mécanismes de transfert de compétences et de soutien à l’écosystème des start-up sénégalaises à travers des investissements ciblés, des formations techniques et des coopérations académiques.
Cette visite s’inscrit dans la continuité d’une coopération bilatérale renforcée ces dernières années. En 2023, Dakar et Pékin avaient déjà lancé des projets communs pour numériser le système de transport routier sénégalais. Avec la mise en œuvre de la stratégie nationale « New Deal technologique », le gouvernement ambitionne de faire du numérique un levier central de sa souveraineté technologique et de sa croissance inclusive. De son côté, la Chine continue d’intensifier sa présence en Afrique de l’Ouest à travers des partenariats structurants dans les secteurs stratégiques.
Si cette mission débouche sur de nouveaux accords, elle pourrait ouvrir la voie à des partenariats stratégiques majeurs, notamment en vue des Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026, pour lesquels Alibaba Cloud est pressenti comme partenaire technologique. Au-delà de cet événement, cette coopération pourrait jouer un rôle déterminant dans la structuration d’un écosystème numérique sénégalais solide, générateur d’emplois qualifiés et capable de renforcer l’autonomie technologique du pays face aux enjeux du XXIe siècle.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Avec l’essor de l’IA en Afrique, les failles de cybersécurité se multiplient, exposant citoyens, institutions et infrastructures à des attaques de plus en plus subtiles. Dans ce contexte, les autorités peinent encore à contenir l’expansion rapide de la criminalité en ligne.
La cybercriminalité continue de gagner du terrain en Afrique, représentant jusqu’à 30 % des crimes signalés dans certaines régions, notamment en Afrique de l’Ouest et de l’Est, selon le dernier rapport d’évaluation d’Interpol sur la cybermenace sur le continent publié le lundi 23 juin.
📢 New INTERPOL report warns of a sharp rise in cybercrime in Africa.
— INTERPOL_Cyber (@INTERPOL_Cyber) June 23, 2025
🔗 https://t.co/F98W3lS9gm#Cybercrime #INTERPOL
L’évaluation annuelle des cybermenaces africaines souligne une montée en puissance des attaques numériques dans les États membres africains, avec des menaces de plus en plus sophistiquées. Les escroqueries en ligne, notamment via l’hameçonnage, les rançongiciels, les compromissions de courriels professionnels (BEC) et la sextorsion numérique figurent parmi les principales cybermenaces recensées.
Des menaces numériques variées et ciblées
Selon le rapport, certaines attaques ont visé des infrastructures critiques, comme l’Autorité des routes urbaines du Kenya ou encore le Bureau national des statistiques du Nigeria. En Afrique de l’Ouest, des groupes criminels comme le syndicat transnational Black Axe sont pointés du doigt dans des opérations de fraude BEC impliquant des millions de dollars.
Sur le continent, les chiffres sont révélateurs. En 2024, l’Afrique du Sud et l’Égypte ont enregistré le plus grand nombre de détections de rançongiciels, avec respectivement 17 849 et 12 281 cas. Le Nigeria (3459) et le Kenya (3030) suivent de près, confirmant la vulnérabilité des économies les plus numérisées.
Interpol alerte également sur une explosion des cas de sextorsion numérique, signalée dans 60 % des pays membres africains. Dans de nombreux cas, les images compromettantes utilisées sont souvent générées ou manipulées à l’aide de l’intelligence artificielle.
Des capacités de réponse limitées face à l’ampleur des cyberattaques
Malgré cette recrudescence, les capacités d’enquête et de réponse restent limitées. Neuf pays africains sur dix estiment qu’une amélioration significative de leurs capacités de maintien de l’ordre et de poursuites est nécessaire. Les systèmes de signalement d’incidents, de gestion de preuves numériques ou encore les bases de données sur les menaces sont peu répandus. Seuls 30 % des pays déclarent disposer d’un système de notification, 29 % d’un système de traitement des preuves numériques, et 19 % d’une base de données sur les cybermenaces.
À cela s’ajoutent des défis juridiques et institutionnels. Trois quarts des pays interrogés reconnaissent que leur cadre légal actuel est inadapté. Et 95 % évoquent un manque de formation, de ressources ou d’outils spécialisés pour lutter efficacement contre la cybercriminalité.
Par ailleurs, la coopération régionale et internationale demeure insuffisante. Pour 86 % des pays africains, la lenteur des mécanismes formels, l’absence de réseaux opérationnels et l’accès restreint aux données hébergées à l’étranger entravent les enquêtes. Et 89 % jugent également nécessaire de renforcer leur collaboration avec le secteur privé.
Interpol note cependant des avancées. Plusieurs États africains ont harmonisé leur législation avec les standards internationaux, investi dans des unités spécialisées et participé à des opérations majeures, telles que Serengeti et Carton Rouge, ayant permis plus de 1000 arrestations.
L’organisation appelle à un renforcement de la coopération intergouvernementale et avec le secteur privé, ainsi qu’à l’intégration des technologies émergentes pour mieux anticiper et contrer les menaces. Ce rapport s’inscrit dans le cadre de l’initiative AFJOC (African Joint Operation against Cybercrime), soutenue par le Royaume-Uni et visant à renforcer les capacités de cybersécurité des États africains.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Face aux retards persistants dans l’exécution des politiques publiques et au manque de transparence dans l’administration, le gouvernement congolais mise sur le numérique. Avec le SISAG, il espère moderniser le suivi de son action et renforcer la redevabilité.
La République démocratique du Congo s’apprête à lancer, au troisième trimestre 2025, un Système d’information de suivi des actions gouvernementales baptisé SISAG. Ce dispositif technologique vise à centraliser et actualiser en temps réel l’ensemble des données liées à la mise en œuvre des projets prioritaires portés par l’exécutif.
Conçu pour renforcer la rigueur et la réactivité dans l’exécution des projets publics, le SISAG introduit plusieurs fonctionnalités stratégiques, parmi lesquelles : la visualisation en temps réel de l’état d’avancement des projets grâce à des tableaux de bord dynamiques ; la génération automatique d’alertes en cas de retard ou de blocage ; la centralisation des données entre les ministères ; et l’interconnexion avec des institutions clés pour assurer la fiabilité et la fluidité des informations.
L’outil repose sur une interopérabilité avec des institutions telles que l’Institut national de la statistique (INS), le Secrétariat national de renforcement des capacités (SENAREC) ou encore l’Agence pour le développement du numérique (ADN), assurant une circulation fluide et fiable des données.
Le système est soutenu par une Unité technique spécialisée, l’USAG, chargée de coordonner les ministères, de compiler les données et de produire des recommandations fondées sur des analyses objectives. Ce dispositif entend améliorer la reddition de comptes et doter le gouvernement d’un outil d’aide à la décision plus efficace.
Un outil au service du PAG 2024–2028
Ce virage numérique s’inscrit dans le cadre du Programme d’actions du gouvernement (PAG) pour la période 2024–2028, récemment adopté par les autorités congolaises. Ce programme ambitionne d’ancrer l’action publique dans une logique de performance, avec des indicateurs clairs, des objectifs quantifiables et une obligation de résultats.
Le SISAG vient ainsi renforcer l’alignement entre les ambitions politiques et les moyens technologiques, en assurant un suivi minutieux des engagements pris, tout en facilitant une évaluation continue des résultats. Il représente un levier clé pour accélérer les investissements publics, améliorer la coordination interministérielle et renforcer la transparence dans la gestion des ressources.
Une démarche inspirée de modèles internationaux
La RDC s’inspire ainsi d’initiatives mises en œuvre dans d’autres pays africains. Le Rwanda, par exemple, utilise depuis plusieurs années un système de performance basé sur des contrats d’objectifs annuels appelé Imihigo. Le Bénin, de son côté, s’appuie sur l’outil MPAT pour évaluer la performance des ministères. Ces expériences ont démontré que, bien conçus, ces mécanismes peuvent améliorer la redevabilité et dynamiser l’action publique.
Une fois le SISAG pleinement opérationnel, l’exécutif congolais prévoit son extension progressive aux administrations provinciales, pour assurer un suivi plus granulaire des projets locaux. À terme, cet outil pourrait aussi intégrer un volet de transparence publique, en ouvrant une partie des données au public afin d’accroître la confiance des citoyens dans l’action publique. Mais pour que cette ambition se concrétise, il faudra assurer un déploiement rigoureux, un pilotage politique soutenu et une appropriation durable par l’ensemble des acteurs concernés.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Alors que le numérique transforme les systèmes éducatifs dans de nombreux pays africains, les Comores amorcent à leur tour cette mutation, à travers des outils conçus pour relever les défis d’accessibilité, d’équité et de modernisation.
Les Comores disposent désormais de deux plateformes éducatives, E-Shiyo et E-Msomo. Initiées par le ministère de l’Éducation nationale, avec le soutien technique de l’Agence nationale de développement du numérique (ANADEN) et l’appui financier de l’UNICEF, ces solutions visent à améliorer l’accès à l’éducation et à renforcer la gouvernance du secteur.
Le système éducatif comorien entre dans l’ère du numérique avec le lancement des plateformes E-Shiyo 📚 (accès en ligne aux manuels scolaires) et E-Msomo 📱 (gestion numérique des bulletins scolaires).
— UNICEF Comores (@UNICEFComores) June 18, 2025
✅E-Shiyo, c’est une bibliothèque numérique de manuels scolaires en ligne,… pic.twitter.com/91Z8gz80Ql
La plateforme E-Shiyo propose une bibliothèque numérique de manuels scolaires destinée aux élèves du préélémentaire et du primaire. Accessible en ligne sur l’ensemble du territoire, elle permet aux enfants d’accéder aux contenus pédagogiques à tout moment, à partir de tout appareil connecté.
E-Msomo, de son côté, numérise la gestion administrative des établissements scolaires. Elle introduit un système centralisé pour la gestion des bulletins, un identifiant unique pour chaque élève, ainsi qu’un suivi automatisé des résultats académiques. Cette modernisation vise à améliorer la traçabilité des parcours scolaires, à renforcer la transparence et à faciliter la prise de décision par les autorités éducatives.
L’initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie « Comores Numérique 2028 », qui ambitionne de transformer le pays grâce au numérique et d’accroître la contribution du secteur au PIB à hauteur de 5 % d’ici 2028. La modernisation des secteurs clés, comme l’éducation, y occupe une place centrale. À l’échelle du continent, la vague e-learning traduit un potentiel croissant. Selon Ambient Insight, le marché africain de l’apprentissage en ligne devrait dépasser 1,5 milliard USD d’ici 2030.
Au-delà de la distribution de manuels et de bulletins, ces outils marquent une avancée vers une gouvernance plus rigoureuse, grâce à des données consolidées pour l’évaluation des performances scolaires, une réduction des erreurs et une allocation plus efficace des ressources. Les prochaines étapes incluent le renforcement de la connectivité dans l’archipel, où le taux de pénétration d’Internet reste limité à 35,7 % selon Datareportal, l’équipement des écoles en matériel numérique, la formation des enseignants à leur usage et la protection des données.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le gouvernement ivoirien mise sur le numérique pour rapprocher les services de base des citoyens. De la justice à l’éducation, tous les secteurs sont engagés dans cette dynamique de modernisation.
Le Conseil des ministres a adopté le mercredi 18 juin un décret instituant, sur proposition des ministères de la Justice et de la Transition numérique, le certificat de nationalité numérique et l’attestation récognitive de nationalité en Côte d’Ivoire. Le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly (photo), a expliqué que cette réforme allège considérablement le processus de délivrance du certificat de nationalité. Elle introduit également l’attestation récognitive de nationalité, délivrée sur simple présentation d’une copie d’un certificat existant.
L’attestation récognitive de nationalité, équivalente à la « déclaration recognitive de nationalité » en droit français, permet à tout Ivoirien déjà en possession d’un certificat de nationalité valide et non contesté d’obtenir une version électronique simplifiée, sans avoir à refaire toute la procédure. Pour cela, les juridictions transmettent les copies des certificats délivrés à un dépositaire central chargé de les conserver et de faciliter leur réédition.
L’accès à ces documents se fait via la plateforme e-justice.ci, la même qui permet déjà d’obtenir en ligne des actes tels que le casier judiciaire ou l’acte d’individualité. Le certificat numérique est sécurisé par un cachet électronique visible (CEV), garantissant l’authenticité du document et permettant à tout usager ou administration de vérifier directement sa validité.
Le projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de transformation numérique, qui place la modernisation des services publics au cœur de ses priorités. Selon le dernier rapport des Nations unies sur l’e-gouvernance, la Côte d’Ivoire se classe au 124ᵉ rang sur 193 pays, avec un score de 0,5587 à l’indice de développement de l’administration en ligne. Ce positionnement témoigne d’une progression portée notamment par des initiatives comme e-Justice, mais souligne aussi les marges de progrès pour atteindre les standards des administrations les plus digitalisées.
Cette réforme vise à réduire les délais et les coûts des démarches, tout en renforçant la lutte contre la fraude documentaire et en fluidifiant l’accès aux services publics. Dans un contexte de modernisation administrative, ces solutions contribueront à renforcer la confiance des citoyens et à favoriser l’inclusion numérique. L’enjeu est désormais d’assurer une infrastructure fiable, une interopérabilité des plateformes et la formation du personnel pour pérenniser cette avancée.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique est l’une des priorités du gouvernement zimbabwéen. L’exécutif a par exemple annoncé en avril dernier un programme visant à connecter les 2400 circonscriptions administratives du pays au haut débit Internet d’ici 2030.
Le Zimbabwe devrait se doter d’un Système de gestion électronique des documents et des archives (EDRMS) estimé à 3 millions USD d’ici la fin de l’année. C’est ce qu’a révélé Brenda Mamvura (photo, à droite), directrice générale des Archives nationales du Zimbabwe (NAZ), dans un entretien accordé le mardi 17 juin au média local Herald Online. C’était en marge de la 28ᵉ conférence de la branche régionale d’Afrique de l’Est et australe du Conseil international des archives (ESARBICA), qui se déroule du lundi 16 au vendredi 20 juin à Victoria Falls.
Mme Mamvura a précisé qu’une entreprise a remporté l’appel d’offres et que 60 % des processus d’acquisition sont déjà achevés. Les ministères des Finances, de la Fonction publique ainsi que le Bureau du président et du cabinet ont été choisis pour tester le système avant son déploiement à l’échelle nationale.
Cette initiative s’inscrit dans la volonté du gouvernement de hisser le Zimbabwe au rang des pays à revenu intermédiaire supérieur d’ici 2030, en misant sur le numérique comme levier de transformation. Les autorités entendent intégrer pleinement les TIC dans l’ensemble de la société et dans tous les secteurs de l’économie, afin de stimuler un développement socio-économique rapide et durable. Dans l’administration publique, l’exécutif vise une amélioration significative de la qualité des services, une gouvernance plus efficace et réactive aux attentes des citoyens, une gestion optimisée des ressources publiques, ainsi qu’une plus grande participation citoyenne aux affaires publiques.
« Les avantages d’un système EDRMS sont évidents. D’abord, l’intégration des systèmes, qui permet une coordination fluide entre les départements. Ensuite, une meilleure efficacité — les institutions publiques et les entreprises publiques pourront servir leurs clients plus rapidement et plus efficacement », a expliqué Mme Mamvura.
Il faudra toutefois attendre le lancement effectif du système. Pour l’instant, le Zimbabwe n’en est qu’à l’étape pilote, avec trois ministères sélectionnés pour tester l’EDRMS. Par ailleurs, le processus de numérisation soulève plusieurs interrogations, notamment sur les compétences numériques des agents publics, la solidité de l’infrastructure technologique, la disponibilité du matériel informatique adapté, l’accès à un Internet fiable, ou encore la sécurisation des données sensibles.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités burundaises intensifient leurs efforts pour développer les TIC et accélérer la transformation numérique. Cette dynamique touche désormais tous les secteurs, y compris l’administration foncière, qui s’engage résolument vers la dématérialisation de ses services.
La société burundaise Mediabox a annoncé, mardi 17 juin, la mise en service d’un Système de gestion électronique des documents (EDRMS) au sein de la Direction des titres fonciers et du cadastre national (DTFCN). Financé par la Banque mondiale, ce système numérique vise à améliorer la gestion interne des opérations foncières en facilitant l’accès aux documents, l’archivage sécurisé, la traçabilité des actions et la transparence administrative.
📣 Transformation numérique de l’administration foncière au #Burundi : Mediabox déploie un Système de Gestion Électronique des Documents (EDRMS)
— Mediabox, Entreprise de Services Numériques (@mediabox16) June 17, 2025
Dans le cadre de la modernisation des services publics, #Mediabox est fière d’avoir accompagnée la Direction des Titres Fonciers et du… pic.twitter.com/C1QbHaQCIN
L’EDRMS, à la différence d’un portail public, est un outil exclusivement réservé aux agents de l’administration foncière. Il permet une consultation rapide et structurée des dossiers, tout en garantissant une traçabilité complète des opérations réalisées par les services compétents. L’objectif est de rationaliser les processus internes, de réduire les délais de traitement et de sécuriser les informations relatives à la propriété foncière.
La solution développée par Mediabox est interconnectée avec deux autres plateformes utilisées par la DTFCN : le Building Permit System (BPS), chargé de gérer les demandes de permis de construire et la délivrance des premiers titres de propriété, ainsi que le Property Management System (PMS), qui prend en charge les mises à jour des titres existants, qu’il s’agisse de transferts, de corrections ou d’hypothèques. L’ensemble constitue un écosystème numérique intégré, garantissant la continuité et la fiabilité des opérations foncières, de la demande initiale à la gestion post-délivrance.
Ce projet s’inscrit dans un contexte marqué par des défis persistants dans le secteur foncier burundais : lourdeurs administratives, absence de centralisation des archives, insécurité juridique des titres et lenteur dans la délivrance des documents. L’initiative vise à remédier à ces défis en outillant les agents publics pour qu’ils puissent travailler plus efficacement et avec davantage de transparence.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Projet d’Appui aux Fondations de l’Économie Numérique (PAFEN), financé à hauteur de 92 millions de dollars par la Banque mondiale. Le programme vise notamment à étendre l’accès au haut débit dans les zones rurales, développer les compétences numériques et promouvoir la numérisation des services publics. Selon l’Indice de développement de l’E-Gouvernement (EGDI) 2024 des Nations unies, le Burundi se positionne au 183e rang sur 193 pays, ce qui témoigne de défis importants.
La réussite du projet dépendra donc de la capacité à renforcer l’infrastructure numérique interne, à former les agents aux nouveaux outils technologiques, à instaurer une culture numérique au sein de l’administration et à assurer la sécurité des données sensibles liées au foncier. Il s’agira également de garantir la maintenance continue du système et d’assurer son évolutivité afin qu’il puisse répondre durablement aux besoins croissants de l’administration foncière.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La capitale togolaise Lomé va accueillir du 28 au 30 juillet prochain un Forum international sur la protection des données à caractère personnel (FIPDCP). L’événement réunira des experts, des régulateurs, des entreprises et des représentants de la société civile pour discuter des enjeux et des meilleures pratiques en matière de protection des données personnelles, notamment dans le contexte africain.
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Les autorités kényanes veulent intégrer le numérique dans tous les secteurs de l’économie, notamment la justice, afin de renforcer l’efficacité et de rapprocher les services publics des citoyens. Par exemple, il est prévu la connexion de 74 000 institutions publiques à Internet en deux ans.
Le gouvernement kényan a lancé le vendredi 13 juin un projet visant à connecter 42 tribunaux du pays à l’Internet à haut débit. D’un coût de 250 millions de shillings kényans (1,9 million de dollars américains), l’initiative vise selon les autorités à accélérer la transformation numérique du système judiciaire et à rapprocher les services de la population. Elle cible 6,5 millions de personnes.
A strategic partnership between CA & @Kenyajudiciary has connected 42 Law Courts through Local Area Network, enabling virtual court hearings, bringing justice closer to 6.5 million Kenyans across 28 Counties. The KSh. 250 million project is funded thru the Universal Service Fund. pic.twitter.com/R5NOos7t4B
— Communications Authority of Kenya (CA) (@CA_Kenya) June 15, 2025
Le projet est mis en œuvre par l’Autorité des communications (CA) en collaboration avec le pouvoir judiciaire. Selon le régulateur télécoms, la numérisation du système judiciaire permettra la tenue d’audiences virtuelles, la gestion des affaires à distance et l’accès en temps réel aux données. Cela permettra de réduire la dépendance à la présence physique dans les tribunaux tout en facilitant l’accès à la justice.
« En numérisant la justice, nous améliorons directement la qualité des services, renforçons la transparence et la redevabilité dans l’ensemble du système judiciaire. C’est précisément ce type d’impact que nous recherchons à travers la stratégie nationale de transformation numérique », a déclaré Stephen Isaboke, secrétaire principal du département d'État à la radiodiffusion et aux télécommunications au sein du ministère des TIC.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’ambition de transformation numérique qui veut faire des TIC un pilier du développement socio-économique. La numérisation du secteur de la justice est soutenue notamment par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). L’organisme explique que les outils numériques peuvent améliorer l’efficacité, la transparence et l’accès à la justice. « Lorsqu’elle est mise en œuvre de manière stratégique, la justice numérique peut faire progresser l’État de droit et protéger les droits de l’homme, tout en renforçant l’efficacité des systèmes et institutions judiciaires », a ajouté le PNUD.
Le PNUD alerte cependant sur les risques liés à la numérisation. Les systèmes numériques peuvent exposer les données personnelles et judiciaires à des abus, notamment des atteintes à la vie privée, du piratage, la vente de données ou l’utilisation de données biaisées dans des outils prédictifs. À cela s’ajoutent des obstacles d’accès liés à la faible couverture Internet, au manque d’équipements compatibles, au coût des services numériques ou encore à l’insuffisance des compétences nécessaires pour les utiliser. Par exemple, l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) estime que 35 millions de Kényans n’ont pas du tout accès à l’Internet mobile, alors que la population du pays est estimée à 55,1 millions par la Banque mondiale.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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