L’Agence Ecofin dresse le bilan et une analyse des levées de fonds des start-up africaines au cours des deux premiers mois de 2022. Une année déjà marquée par une flopée de deals, mais aussi, une hausse des montants reçus, des signaux d'une nouvelle série de records après les performances de l’exercice 2021.

Alors que l’année 2021 s’est conclue par un record absolu en matière de levées de fonds, l’écosystème start-up africain a le vent en poupe en ce début d’année. Après un premier mois de janvier prolifique, Février s'est inscrit dans le même trend des records. Jamais le niveau des investissements n’a été aussi haut sur les deux premiers mois de l’année.

Selon des données combinées de la plateforme Africa : The Big Deal et de l’Agence Ecofin, au moins 1,2 milliard $ ont été déjà levés par les jeunes pousses opérant en Afrique cette année. À titre de comparaison, ce chiffre n’a pas excédé les 400 millions $ en 2021 sur la même période. L’an dernier, il a fallu cinq mois pour atteindre ce niveau d’investissements, et neuf mois en 2020. A ce rythme, les injections de fonds dans les start-up africaines pourraient atteindre plus de 7 milliards $ en 2022, soit près du double des réalisations de 2021.

159 opérations, 2 big deals

La confiance des investisseurs dans l’univers de l’entrepreneuriat et de l'innovation africaine va crescendo. Quelque 159 opérations ont marqué ce début d’année, c’est presque le double du nombre de deals recensés à la même période en 2021 (83 opérations recensées). Les tours d’amorçage continuent de se tailler la part du lion. Et même si les rondes de petites tailles semblent tenir le pari, les opérations plus avancées maintiennent également le cap.

D’abord, les séries A se sont multipliées. On en recense déjà au moins 9. Autre fait intéressant, l’écosystème a battu en deux mois, le record du nombre de séries D sur une année calendaire, avec les opérations du Ghanéen mPharma (35 millions $) qui fournit des médicaments en dépôt aux pharmacies et la fintech nigériane Flutterwave (250 millions $). L’autre opération d’envergure est le tour de table de 100 millions $ d’InstaDeep, la start-up tunisienne, spécialiste de l’intelligence artificielle, qui travaille dans la biotech.

 La fintech toujours en tête

Menée par la licorne nigériane, devenue la plus importante start-up africaine en matière de valorisation, la fintech africaine démarre 2022 sur les chapeaux de roue. Pas moins de 50 opérations sur les 160 dénombrées concernaient les solutions de technologies financières, soit 20 de plus qu’en 2020 à la même période. Les investissements dans le secteur ont franchi la barre des 530 millions $. A la même période en 2021, la fintech n’avait capté que 150 millions $. 

Derrière la fintech, les solutions en matière d’énergie et d’eau sont celles qui ont attiré le plus d’opérations, au total 22 transactions, mais des deals, dans leur grande majorité, de petites tailles pour un total de seulement de 26 millions $. Ce montant reste deux fois plus faible que celui de 2021 (plus de 50 millions $)

 

Des Percées et des baisses

En collectant 91 millions $ en février, le Sud-Africain des communications mobiles et du chat-commerce, Clickatell, a fortement contribué à la percée du secteur des télécoms, média Entertainment. Ce progrès est également à l’actif de Poa Internet, le fournisseur d’accès à Internet kényan qui a annoncé en janvier le premier closing de son tour de financement de 28 millions $, une opération menée par Africa50. Au total, le secteur timide en 2021, a déjà reçu sur les deux premiers mois, en seulement 6 opérations, six fois plus d’investissements que pendant toute l’année 2021. Cependant, certains secteurs comme l’EdTech et le recrutement ou l’e-santé ont perdu du terrain en glissement annuel.

 

 Le Nigeria, la start-up nation africaine

Avec plus de 34% des deals, le Nigeria continue de consolider son hégémonie dans  l’univers start-up africain, drainant trois fois plus d’investissements qu’à fin février 2021.  Les start-up opérant au Nigeria ont reçu au total 392 millions $, soit environ 32% des levées de fonds globaux. Ces financements sont allés dans leur plus grande majorité à la fintech (335 millions $, un peu près de 85%), ce qui représente plus de 70% des fonds levés par le secteur au cours de la période sous-revue.

De leur côté, le Kenya, l’Egypte, l’Afrique du sud, de loin les poursuivants directs de la première économie africaine en termes de PIB, suivent le pas. Ensemble, ces “top start-up nations africaines” concentrent plus de 80% des financements reçus des capital-risqueurs axés sur l’Afrique.

 

 

Qui investit dans les start-up africaines ?

Plus de 320 investisseurs ont déjà participé aux différents cycles de financement des start-up africaines durant ces deux premiers mois de l'année.

Alors que de plus en plus d’investisseurs à travers le monde se tournent vers l’Afrique, ce sont les sociétés américaines de capital-risque qui semblent les plus actives sur le continent. Elles sont citées au moins 180 fois dans les cycles de financement de ce début d’année. La première place revient à l’accélérateur californien Y Combinator qui apparaît dans 14 opérations. L’US African Development Foundation (USADF), nouvellement arrivé sur le marché africain, monte déjà sur la deuxième marche du podium. Les investisseurs asiatiques eux sont menés par le Japon. Le Japonnais Kepple Africa Ventures continue d’étendre ses intérêts sur le continent alors que d’importants acteurs nippons, notamment SoftBank Group font leur première semence sur le continent depuis 2019. 

Au-delà de tout, l’Afrique se finance en partie, en témoigne la présence marquée d’investisseurs africains traditionnels tels que le Mauricien Launch Africa (13 deals en 2022 et 80 depuis 2019), et le Nigerian LoftyInc Capital Management (8 deals, 54 depuis 2019). Aussi, de nouveaux capital-risqueurs comme le Nigerian All On (13 deals) émergent-ils.

 

 

Fiacre E. Kakpo

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Bien que leur nombre soit encore très réduit, elles multiplient les initiatives fortes pour se fédérer et briser les barrières qui les ont retenus jusqu’à présent. Formation, réseautage, financement sont au cœur de la stratégie panafricaine d’éveil en cours de déploiement avec le soutien de divers partenaires.

Dans son rapport « 2021 AFRICA TECH VENTURE CAPITAL », Partech révèle qu’un total de 134 start-up fondées par des femmes enregistrées en 2021 a effectué un tour de table contre 47 opérations financières comptabilisées en 2020, soit une croissance de +285%. Les start-up fondées par des femmes ont réalisé 20% des 681 tours de table enregistrés l’année dernière, en croissance de 7% comparé à 2020 (13%). Elles ont obtenu 834 millions $, en croissance  de +281% par rapport à 2020. Ce montant représente 16% du total des 5,2 milliards $ d’investissement levés en 2021 par des start-up, en hausse de 2% par rapport à 2020 (14%).

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Pourcentage de fonds levés et de tours de tables effectués par des tech entrepreneurs africaines (Source : Partech)

Bien que ces données montrent une progression dans le volume d’investissements captés par les tech entrepreneurs africaines d’une année à une autre, Briter Bridges déplore tout de même un niveau très faible au cours des neuf dernières années.

Beaucoup reste à faire

Dans son rapport « In Search Of Equity Exploring Africa’s Gender Gap in Startup Finance » publié en octobre 2021, Briter Bridges indique qu'entre janvier 2013 et mai 2021, un total de 1 112 start-up opérant à travers l'Afrique ont mobilisé un total de 1,7 milliard $ de financements de démarrage. Parmi ces entreprises, 75% avaient des équipes exclusivement masculines, 9% des équipes exclusivement féminines et 14% des équipes fondatrices mixtes. « Seulement 3% des financements de démarrage sont allés à des équipes fondatrices entièrement féminines, contre 76% pour les équipes entièrement masculines », souligne la société de recherche axée sur les données, basée à Londres et fondée en 2018. Selon elle, cela signifie que pour chaque « dollar investi dans des équipes fondatrices entièrement féminines, les équipes entièrement masculines ont reçu 25 $ ».

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Volume d’investissement levé par genre de fondateur (Source : Briter Bridges)

Sur la faible présence des tech entrepreneurs africaines dans le captage de l’investissement, Partech et Briter Bridges s’accordent à dire qu’elle s’explique en partie par la faible présence des femmes dans les segments porteurs comme la Finance, la logistique, le transport. Elles préfèrent en majorité les secteurs du commerce de détail et des services, qui nécessitent moins de capitaux et présentent moins d'obstacles à l'entrée. De plus, les tech entrepreneurs masculins, d’abord plus nombreux, sont également plus susceptibles d'opérer dans des sous-secteurs qui attirent moins d'investissements tels que l'edtech ou la healthtech, accentuant la concurrence.

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La représentation du genre dans les différents secteurs tech (Source : Briter Bridges)

Il y a aussi le tempérament des investisseurs. « Même lorsqu'elles travaillent dans des secteurs suscitant un grand intérêt de la part des investisseurs, les équipes entièrement féminines sont toujours moins susceptibles de recevoir un financement que les équipes entièrement masculines, et elles reçoivent des montants plus faibles lorsqu'elles obtiennent un financement », note Briter Bridges. Enfin, plusieurs autres types d’obstacles entravent encore une plus grande présence des femmes dans la tech industrie africaine, notamment la faible présence des jeunes filles dans les filières scientifiques (STEM) ; un réseau d’affaires plus faible, essentiellement composé de femmes. Mais des initiatives se multiplient pour aider les tech innovatrices à surmonter ces barrières.

Formation et financements ciblés

Au cours des dix dernières années, le soutien aux Africaines dans le numérique a gagné en intérêt. La transformation numérique s’accélérant au fil des ans, les formations dans les compétences numériques à leur endroit se sont multipliées. De nombreux partenaires internationaux et locaux comme la Banque mondiale, l’Agence française de développement (AFD), la Banque africaine de développement (BAD) ou encore la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA), la Fondation Bill et Melinda Gates, Google, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) s’y sont impliqués. De son côté, depuis 2015, Orange a investi dans des maisons digitales dans ses 16 marchés d’Afrique pour former les femmes aux compétences numériques, en plus des programmes dédiés que le groupe soutient déjà. Des pôles de financement ciblés ont également déjà été lancés par divers acteurs, notamment Alitheia Capital, fonds de capital-investissement de 100 millions de dollars, cofondé par Tokunboh Ishmael et Polo Leteka Radebe. Il y a FirstCheck Africa, collectif d'investisseurs et fonds d'investissement dirigés par des femmes et axés sur les femmes, cofondé par Eloho Omame et Emmanuel Bocquet. Il y a aussi WeFundWomen, communauté d'investissement intelligente fondée par Hope Ditlhakanyane pour les start-up en Afrique en les connectant à des capitaux démocratisés. Akazi Capital de Liebe Jeannot, est un fonds d'impact « crowdfunding », qui investit jusqu'à 250 000 $ dans des entreprises en phase de démarrage détenues et dirigées par des femmes en Afrique subsaharienne.                         

Muriel Edjo

Lire aussi : Des bourses de formation au numérique pour les femmes africaines

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Depuis cinq ans, la HealthTech travaille dur pour concrétiser son ambition d’améliorer l’accès d’un plus grand nombre d’Africains aux soins de santé de qualité. Le premier pas se fera dans la sous-région Afrique de l’Est.

La plateforme ougandaise de télémédecine Rocket Health a annoncé, lundi 7 mars, la levée avec succès de 5 millions $ auprès d’un groupe d’investisseurs mené par Creadev. Grenfell Holdings and LoftyInc Capital Management ont pris part à ce tour de table qui permettra à la HealthTech de s’étendre en Ouganda et en Afrique de l’Est. Le Kenya – où elle a déjà une présence administrative – est la prochaine destination africaine de la solution numérique lancée en 2018 par les docteurs Davis Musinguzi, John Mark Bwanika, William Lubega, et Hope Achiro.

Rocket Health est une plateforme de santé numérique développée par The Medical Concierge Group, une clinique, un laboratoire et une pharmacie autorisés et enregistrés en Ouganda. Accessible par USSD et SMS sur téléphone mobile basique ;  par WhatsApp ou directement en ligne sur smartphone, tablette ou ordinateur, elle propose diverses prestations de santé 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

En Ouganda, ses promoteurs prévoient de sortir le service du Grand Kampala et de toucher d’autres villes du pays et les zones rurales où l’accès aux soins de santé de qualité demeure faible. « Le ratio médecin-patient en Ouganda est maintenant de 1/2500. Cela signifie qu'un si grand nombre de personnes n'ont pas accès à des soins de santé de qualité, et il n'y a pas que les médecins. Les pharmaciens ou les services de laboratoire sont également très difficiles à trouver pour la plupart des gens », déplore Hope Achiro, directrice des services pharmaceutiques de Rocket Health. Au Kenya où le ratio docteur/patient est de 1/6355, Rocket Health entrevoit également des bénéfices pour les populations. 

Selon Davis Musinguzi, le président-directeur général du service numérique, « Rocket Health s'efforce de rendre les soins de santé primaires de qualité accessibles, abordables et pratiques afin d'obtenir les meilleurs résultats pour le plus grand nombre d'Africains possible grâce au pouvoir exponentiel de la technologie ».

Les fondateurs de Rocket Health ont confiance dans le succès de son déploiement national et international. Ils ont eu l’opportunité de peaufiner leur stratégie et leurs moyens d’action pendant six mois d’incubation au sein du Next Health Accelerator (NHA), un accélérateur d'innovation en santé conçu par Intrepid Entrepreneurs pour les entrepreneurs africains, en 2021.

Muriel Edjo

Lire aussi : Ouganda : Rocket Health a fait de la santé de proximité pour tous son crédo

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Depuis de nombreuses années, plusieurs pays africains souffrent d’une absence de bases de données fiables et accessibles aux services de secours. Une situation qui coûte encore des vies humaines.

SAUVIE est un bracelet digital développé par la start-up burkinabè AINO Digital SAS. Il est muni d’un code QR où sont stockées des informations personnelles de santé et des contacts de personnes importantes à joindre en cas d’urgence. A travers ce dispositif présenté le mercredi 23 février au public, la jeune pousse technologique a exprimé son désir d’apporter une solution au manque d’informations personnelles critiques auquel se heurtent souvent les services de secours lorsqu’elles portent assistance à un individu, notamment les enfants perdus.

Scarlett Zongo (photo, à gauche), la directrice générale d’AINO Digital SAS, explique que c’est « une application destinée aux premiers répondants que sont les sapeurs-pompiers et les médecins. Grâce à SAUVIE, les proches sont informés par SMS de la nature de l’urgence dans laquelle se trouve la victime, ainsi que la structure sanitaire où se diriger afin d’être là au moment où on a le plus besoin d’eux ».

AINO Digital SAS indique qu’elle a travaillé avec la brigade nationale des sapeurs-pompiers pour le développement de l’application. Elle explique que dans un souci de sécurité des personnes, les codes QR sont cryptés et ne peuvent être lus que par les sapeurs-pompiers et par les agents de santé grâce à un appareil particulier.

Neuf modèles de bracelets sont proposés au public par AINO Digital SAS. Le coût annuel de base du système SAUVIE est de 6,83 $ auquel s’ajoute le prix du bracelet sur lequel il est monté (entre 1,2 $ et 1,71 $). Trois options facturables sont également proposées à l’abonnement de base : la prévention de son employeur en cas d’urgence (8,54 $), la prévention de son assurance (3,42 $) et celle d’un proche (1,71 $). En cas de vol, de perte ou d’endommagement du bracelet, son propriétaire doit le signaler à AINO Digital SAS afin que le code QR soit annulé. Un autre est généré automatiquement et intégré au nouveau bracelet.

Soutenue par Orange Burkina Faso qui ne prélève aucuns frais data lors de la lecture des QR code, la start-up travaille avec le ministère de la Santé pour que la solution soit utilisée dans les centres de santé et avec les services de sécurité de proximité.  Scarlett Zongo est convaincue que son innovation peut améliorer la prise en charge des personnes malades, accidentées. 

Adoni Conrad Quenum

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Au cours de la dernière décennie, le niveau d’accès aux soins de santé des populations africaines a  relativement progressé. Mais beaucoup reste à faire. Pour combler rapidement ce gap, le numérique est mis en avant.

Smart Africa, alliance de 32 pays africains et d’organisations internationales engagées dans la transformation numérique de l’Afrique, et The Commons Project Foundation (TCP) ont annoncé la signature d’un partenariat, mercredi 16 février. Il porte sur l’accélération de l’offre de santé numérique en Afrique.

Dans le cadre de cette collaboration, les membres de Smart Africa et The Commons Project Foundation s’engagent à soutenir et à collaborer dans la conception, le développement, le déploiement et l'exploitation d'infrastructures numériques de santé publique pour le bien commun. Les deux partenaires s’engagent également sur divers projets pilotes de santé numérique visant à renforcer les systèmes de santé africains.

L’une des nombreuses initiatives de santé numérique sur laquelle le partenariat de Smart Africa et The Commons Project Foundation se matérialisera est la carte de santé SMART qui permet déjà à des populations de partager en toute sécurité une version vérifiable de leur carnet de vaccination via un code QR. L’innovation mise en œuvre au Rwanda et au Kenya est approuvée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Lacina Koné (photo), directeur général de Smart Africa, a déclaré « que l'avenir des soins de santé en Afrique passe avant tout par le numérique, propulsé par la mobilité. Ce partenariat contribuera grandement à fournir des services de santé de classe mondiale, tels que les cartes de santé SMART, aux citoyens africains ».

Dans de nombreux pays d’Afrique, le taux d’accès aux soins de santé est encore faible. Le ratio nombre de professionnels pour 10 000 habitants est toujours largement en dessous des standards de l’OMS qui préconise un minimum de 23 agents de santé pour que la qualité de service de base soit assurée. Le numérique qui offre de nombreuses possibilités, notamment l’accès aux professionnels pour les populations rurales, est de plus en plus perçu comme une réponse au bien-être des Africains.

Pour Joe Mucheru, le secrétaire de cabinet du ministère kényan des TIC, de l'Innovation et de la Jeunesse, l’adoption à grande échelle de la santé numérique a le potentiel de révolutionner les soins de santé de la même manière que le système de paiement M-Pesa a révolutionné l'inclusion financière.

Adoni Conrad Quenum

Lire aussi : Le PNUD accompagne Maurice dans l’acquisition d’un système national de santé numérique 

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Le jeune Camerounais veut apporter les soins de santé au plus grand nombre de personnes dans le pays grâce à son application numérique OuiCare. Le Sénégal est déjà dans son viseur.

Les envies d’immigration qu’Emmanuel Assom (photo) entretenait, il y a près de huit ans, ne sont plus aujourd’hui qu’un souvenir. La healthtech OuiCare qu’il a lancée il y a près de six ans, pour améliorer l’accès des patients aux soins de santé avec le numérique, prend ses marques auprès des utilisateurs et des médecins. Elle l’occupe beaucoup et le passionne. Fin 2021, il indique qu’elle enregistrait déjà 3 000 clients abonnés, sur un effectif de plus de 20 000 utilisateurs.

Emmanuel Assom a développé OuiCare, à la base comme un carnet de santé électronique, pour remplacer le carnet papier et permettre au patient d’avoir toujours à disposition ses informations médicales sur smartphone ou ordinateur. Ainsi, le patient peut être reçu dans une structure hospitalière, peu  importe la ville ou le pays dans lequel il se rend. Cette idée a germé dans son esprit après le décès de son père. Malade, il est mort dans un centre de santé où il s’était rendu en urgence sans son carnet médical. Emmanuel estime que le médecin aurait pu agir plus rapidement s’il avait pu accéder à son historique médical.

Le jeune Camerounais formé en maintenance informatique – qui travaillait comme agent d’entretien dans une structure de la place et dépannait des ordinateurs – utilise l’argent qu’il avait économisé pour émigrer en Europe pour s’associer avec quelques amis. En 2016, ils fondent ASTA (Advanced and Suitable Technologies for Africa), une entreprise de développement d’applications web et mobile pour entreprises et particuliers. Grâce à ce premier investissement, OuiCare a vu le jour.

Aujourd’hui, après plusieurs améliorations, OuiCare est désormais composé de deux plateformes. La première, pour les patients, leur permet d’accéder aux médecins, d’accéder à la téléconsultation, à leurs données médicales. La seconde, réservée aux médecins, leur permet d’effectuer le suivi des patients, de gérer leur traitement. La start-up, basée à Yaoundé et Douala, prépare d’autres améliorations comme la géolocalisation des pharmacies.

En 2021, Emmanuel Assom a remporté le prix Orange de l’entrepreneur social des TIC en Afrique et au Moyen-Orient (Poesam). La healthtech a bénéficié ainsi d’un prix de 25 000 euros et d’un accompagnement chez les incubateurs Actives Spaces au niveau national et Bond'innov en France. Elle vient également d’intégrer le Cameroon digital innovation center (CDIC), le nouvel incubateur lancé le 8 février 2022 par le gouvernement. Avec sa trentaine de médecins déjà enregistrée, OuiCare souhaite étendre ses services à toutes les régions du Cameroun, puis à d’autres pays africains, à l’instar du Sénégal où des procédures administratives ont déjà été engagées.

Ruben Tchounyabe

Lire aussi : Audace Nakeshimana, l’ingénieur d’Apple qui démocratise le diagnostic médical au Rwanda

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Fondateur d’Insightiv, une plateforme de télémédecine, cet ingénieur en Machine Learning a décidé de mettre ses capacités au service de l’amélioration de l’imagerie médicale dans les hôpitaux du Rwanda. Avec sa récente levée de fonds auprès de HealthTech Hub Africa, il espère une collaboration avec le système de santé publique.

Alors qu’il était étudiant au Massachusetts Institute of Technology (MIT) aux Etats-Unis, Audace Nakeshimana (photo) a fondé Insightiv en 2019, une start-up spécialisée dans l'intelligence artificielle et la téléradiologie. En plus de ses fonctions de directeur exécutif, il occupe également un poste d’ingénieur chez Apple depuis septembre 2020, où il est spécialisé en Machine Learning. Sa start-up, il a choisi de l’établir au Rwanda pour impliquer les talents locaux dans le développement de la technologie et s'assurer que la solution peut se concentrer sur la résolution du problème dans un contexte africain.

C’est pour faciliter l'accès aux diagnostics par imagerie médicale qu’Audace Nakeshimana a fondé Insightiv. « En grandissant, nous avons entendu des histoires de gens qui étaient malades et qui ne savaient pas ce qu'ils avaient. Puis cette personne rentrait chez elle et finissait par mourir […] ma grand-mère en fait partie, ainsi qu'une de mes tantes. Si l'on y regarde de plus près, beaucoup de gens meurent à cause du manque de moyens de diagnostic », a-t-il affirmé.

Insightiv développe une technologie avancée pour aider les radiologues à détecter plus rapidement les maladies potentiellement mortelles, rendant ainsi l'imagerie médicale opportune et accessible. La solution, riche en fonctionnalités, fournit des outils basés sur les diverses modalités de visualisation de l'image, ce qui permet aux spécialistes de l'imagerie médicale d'accéder à une large gamme d'outils pour une meilleure analyse. Elle leur permet de créer et de soumettre des rapports à l'aide d'une plateforme unique. En tant que système basé sur le cloud, la plateforme Insightiv Diagnostics aide le personnel de santé à se concentrer sur les soins aux patients plutôt que sur les questions techniques.

Courant 2020, Audace Nakeshimana a été finaliste du PKG Center’s IDEAS Social Innovation Challenge, et a reçu un financement de 16 000 dollars. En décembre 2021, il a remporté le concours de HealthTech Hub Africa et obtenu 30 000 dollars. L’entrepreneur entend utiliser ce financement pour améliorer son service et se rapprocher des législateurs afin de collaborer avec le système de santé publique.

Dans 10 ans, il projette d’atteindre 10 % de la population rwandaise avec sa solution de diagnostic rapide.

« Si vous regardez aujourd'hui, le système de soins de santé actuel n'a la capacité de diagnostiquer qu'environ 200 000 à 300 000 patients […] Nous pensons que si une organisation privée comme Insightiv peut prendre en charge 10 % de la population, cela signifie que nous ferions plus que ce que le système national de soins de santé fait aujourd'hui. C'est un objectif ambitieux, mais réaliste », conclut-il.

Aïsha Moyouzame

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Déjà présente dans six Etats, la start-up veut conquérir de nouveaux territoires au Nigeria. Elle nourrit également l’ambition de s’ouvrir à de nouveaux pays dans la sous-région d'Afrique de l’Ouest.

La start-up nigériane Remedial Health a annoncé, lundi 14 février, la réussite d’un tour de table de pré-amorçage d’un montant de 1 million $. Le financement lui permettra d’étendre sa chaîne d’approvisionnement numérique en médicaments à un plus grand nombre de pharmacies, ainsi que sa solution de paiement différé (BNPL).

Fondée en 2019 par Samuel Okwuada (photo, à droite) et Victor Benjamin (photo, à gauche), la start-up fournit une gamme de solutions technologiques qui facilitent l’accès des pharmacies et des prestataires de soins de santé aux médicaments, consommables et dispositifs médicaux de qualité et abordables. Elle propose aussi un financement des stocks et une solution de gestion efficace des opérations pharmaceutiques et des clients en Afrique.

Avec les 1 million $ obtenus au cours de sa levée de fonds menée par Global Ventures et Ventures Platform, avec la participation d’Ingressive Capital, Voltron Capital et d’autres investisseurs dont Victor Asemota de la licorne Flutterwave, Remedial Health veut s’étendre davantage au Nigeria d’ici la fin de l’année. La start-up qui est déjà présente dans 6 Etats du pays souhaite aussi s’ouvrir à d’autres nations de la sous-région ouest-africaine. Pour mûrir davantage sa stratégie de croissance, Remedial Health va rejoindre la cohorte Hiver 2022 de l’accélérateur Y Combinator basé aux Etats-Unis.

En août 2021, la start-up revendiquait déjà 300 pharmacies affiliées à sa chaîne d’approvisionnement numérique. Samuel Okwuada explique qu’à travers ces diverses solutions, Remedial Health répond aux besoins des pharmacies en s’assurant « qu’ils obtiennent les produits quand ils en ont besoin. Ainsi, ils n’ont pas à se rendre au marché et à perdre du temps en passant par 20 à 30 distributeurs individuels pour acheter tous les médicaments et fournitures dont ils ont besoin ».

En ce qui concerne la solution de BNPL, selon Samuel Okwuada, « les pharmacies n’ont pas à payer les produits à l’avance ; dans certains cas, ils paient des acomptes, peut-être 20 %, puis paient le solde au fil du temps, mais en fonction la façon dont nous les connaissons, cela peut même être un financement à 100 % ». Remedial Health est accessible sur le Web et via une application mobile téléchargeable sur Google Play et App Store. 

Adoni Conrad Quenum

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En Afrique, la digitalisation entraîne des changements importants dans le fonctionnement traditionnel de plusieurs secteurs stratégiques. Du commerce à l'agriculture en passant par l’éducation, c'est une multitude d'opportunités qui s'offre aux différents acteurs grâce aux innovations technologiques. We Are Tech vous dévoile le potentiel de ces transformations à travers plusieurs secteurs clés. Le premier épisode de la série s'intéresse à la santé.

Selon l’édition 2021 des statistiques sanitaires mondiales de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Afrique compte trois médecins pour 10 000 habitants et se classe dernière pour le taux de couverture sanitaire au niveau mondial. En 12 ans, le déficit de personnel soignant ne s’est d’ailleurs pas beaucoup amélioré puisque la région comptait 2 médecins pour 10 000 habitants en 2009. Cette statistique reflète la triste réalité que partagent plusieurs pays d’Afrique où le système de santé se caractérise encore par un manque de personnel qualifié et de plateau technique adéquat. Mais depuis quelques années, à la faveur de la quatrième révolution industrielle, une flopée d’initiatives voit le jour portée par des start-up en quête de solutions efficaces à l’accès aux soins de qualité sur le continent.

IA, télémédecine, …

Au Rwanda, Insightiv Technologies, a développé ainsi une plateforme utilisant une technologie de pointe associant l’intelligence artificielle et l’imagerie médicale pour aider les radiologues à « détecter plus rapidement les maladies potentiellement mortelles ».

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Les healthtech constituent le 2e secteur tech le plus investi en Afrique après les fintech.

Il faut noter que l'utilisation de l'intelligence artificielle dans le système de santé fait déjà ses preuves sur le continent, notamment en Tunisie où Saoussen Ayari, cofondatrice de AI Diagnosis Vision, explique qu’elle contribue à résoudre les retards et les imprécisions dans les diagnostics liés essentiellement à « l’inégalité de répartition des machines radiologiques standards et spécifiques sur le territoire tunisien ».

Il faut noter que l'utilisation de l'intelligence artificielle dans le système de santé fait déjà ses preuves sur le continent.

C’est d’ailleurs conscient de l’impact que la multiplication et la démocratisation de ce type de solutions peut avoir sur le niveau de bien-être des populations dans plusieurs pays du continent, que l’organisme fédéral américain The National Institutes of Health a décidé en 2021 d’investir 74,5 millions $ afin de soutenir la recherche médicale basée sur l’IA et l’analyse de données en Afrique.

Au Cameroun la startup Waspito, lancée par Jean Lobé Lobé, a développé une plateforme mobile de télémédecine utilisant la géolocalisation. Elle met en relation les patients avec des médecins, des hôpitaux et laboratoires et facilite la prise de rendez-vous pour une consultation ou le prélèvement d’échantillons pour analyse. La solution garantit ainsi aux malades l’accès à un spécialiste de la santé et lui évite de longues files d’attente. Waspito qui veut devenir le « Facebook de la santé » en Afrique offre aussi une plateforme de discussions entre patients et praticiens dans un souci de sensibilisation et d’éducation. Les patients peuvent aussi parler à leurs médecins via des appels vidéo.

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Waspito veut devenir le « Facebook de la santé » en Afrique.

Au Bénin, l’application goMediCAL offre un service similaire, centré sur la prise de rendez-vous chez le médecin et la téléconsultation. Elle donne aussi la possibilité de prendre rendez-vous pour un proche et de payer la consultation. L’application dispose aussi d’une fonction qui rappelle au patient ses heures de prise de médicaments qu’il peut d’ailleurs acheter en ligne en consultant une liste de pharmacies ouvertes.

Même l’accès aux médicaments est déjà facilité par la technologie. Au Rwanda, AFIAPHARMA a développé une plateforme web et une application mobile sur laquelle le patient peut commander le produit dont il besoin et se faire livrer à domicile.

Un écosystème healthtech bouillonnant

Quelque peu timide par le passé, le secteur de la healthtech a connu une véritable transformation en 2020 et 2021 grâce à la Covid-19 qui a révélé son importance dans la fourniture des services de santé, même en période de crise. Alors que les start-up africaines ont levé environ 4,4 milliards $ l’année dernière, soit plus du double des financements de 2020, la part captée par celles actives dans le secteur de la santé a également augmenté. Elle a dépassé les 300 millions $, soit 8% du montant total capté par les startups en Afrique, selon les données relayées par Techpoint. Une performance qui représente le triple du total des financements obtenus par le secteur de la healthtech en 2020.

Alors que les start-up africaines ont levé environ 4,4 milliards $ l’année dernière, soit plus du double des financements de 2020, la part captée par celles actives dans le secteur de la santé a également augmenté. Elle a dépassé les 300 millions $, soit 8% du montant total.

Mieux, ce montant est supérieur au total des deux années précédentes, ce qui donne une idée de la progression enregistrée en 24 mois. Alors que le segment healtech (et biotech) n’était pas sur le podium des secteurs les plus soutenus par les investisseurs il y a deux ans, il occupe désormais la deuxième place, derrière l’indétrônable segment des entreprises de technologies financière (fintech). Le dynamisme de ce secteur et son impact potentiel sur le développement en Afrique sont sans doute quelques unes des raisons qui ont poussé la fondation Novartis, en collaboration avec la Fondation norvégienne Norrksen, à lancer l’année dernière son HealthTech Hub Africa au Rwanda.

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Le HealthTech Hub Africa au Rwanda

L’incubateur est installé dans les locaux de la Norrksen House à Kigali, où la Fondation souhaite consacrer 200 millions $ pour favoriser l’émergence des prochaines licornes africaines.

Démocratiser l’accès aux solutions

Bien que le nombre d’initiatives numériques de fourniture de soins de santé se multiplient à travers l’Afrique, de nombreux défis restent à relever pour leur permettre d’améliorer les conditions de vie de millions de personnes. La grande majorité des innovations actuelles s’adressent surtout à un public habitué à utiliser internet et les smartphones, sur un continent où le taux de pénétration de l’internet mobile n’est encore que de 28%. Pour les populations rurales, c’est un obstacle majeur. De plus, la plupart des healthtech du continent proposent actuellement des solutions reposant sur la proximité avec des infrastructures de santé déjà établies, en milieu urbain et essentiellement privées. Un autre obstacle à l’accès aux soins en milieu rural.

Faciliter le développement des healthtech en Afrique, pour améliorer l’accès des populations aux soins, requiert aussi un meilleur cadre réglementaire propice à des services de qualité, sécurisés.

Emiliano Tossou

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En 2020, le gouvernement mauricien a adopté un nouveau programme quinquennal de développement. Il fait de l’amélioration du bien-être des populations par le biais des technologies de l’information et de la communication une priorité.

Le programme des Nations unies pour le développement (PNUD) accompagne le gouvernement de Maurice dans l’acquisition d’un système national de santé numérique. Un accord de collaboration a été signé à cet effet entre les deux parties mercredi 26 janvier à Port-Louis. Le ministère mauricien de la Santé et du Bien-être a déclaré que l’adoption par le pays de solutions technologiques contribuera à la continuité de soins de haute qualité à des coûts abordables, centrés sur l'utilisateur tout en favorisant la promotion de niveaux plus élevés d'efficience et d'efficacité internes.

Kailesh Kumar Singh Jagutpal (photo), le ministre de la Santé et du Bien-être, a révélé que la contribution financière du PNUD au projet s’élevait à plus de 2,7 millions $. Le gouvernement japonais y a également contribué à hauteur de 418 000 $. Ces sommes s’ajoutent aux plus de 3 millions $ mobilisés par le gouvernement mauricien pour la concrétisation de ce projet à fort impact social.

Le système de santé numérique ouvrira de nouvelles voies et guidera la planification, l'allocation, le suivi et l'évaluation des ressources, a affirmé Kailesh Kumar Singh Jagutpal  qui a ajouté « qu'il offrira également la technologie requise pour améliorer les niveaux de sensibilisation à la santé des citoyens, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère dans la prestation des soins de santé à Maurice ».

Durant la Covid-19 et ses restrictions sociales et sécuritaires en 2020, l’écosystème sanitaire mauricien s’est heurté à de nombreux défis qui ont mis en exergue les difficultés d’accès aux soins de santé de qualité pour une grande partie de la population. L’e-santé, composante du Plan stratégique 2020-2024 pour le développement du secteur de la santé lancé le 12 août 2020, est la solution qu’a adoptée le gouvernement pour y faire face avec plus d’efficacité. Dans le pays, le taux de pénétration d'Internet en 2020 avait déjà atteint 68 %, selon We Are Social et Hootsuit dans leur Digital Report 2020.

Hormis l’appui financier que le PNUD apporte au gouvernement mauricien, l’agence compte également apporter son soutien dans la réalisation du projet national en sollicitant des manifestations d'intérêt d'organisations et de consortiums pour la mise en œuvre de la solution nationale d'e-santé. Cela permettra à Maurice de faire son choix parmi les meilleures expertises. 

Muriel Edjo

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