Les personnes victimes de violences liées au genre ne bénéficient pas toujours d’une aide. Comme solution, Didier Bacigale et Amisi Musada ont conçu SOS Secours, une application d’alerte et d’assistance aux victimes.
Alors qu’il était encore étudiant, Didier Bacigale a eu l’idée d’une application contre les violences faites aux femmes après avoir constaté que sa voisine, victime de violences conjugales récurrentes, n’était aidée par personne. Il a travaillé à la concrétisation de ce projet avec Amisi Musada (photo) et ensemble, ils ont créé l’application SOS Secours à travers la start-up Yangu. Ils partagent un objectif commun, celui de contribuer en RDC à la protection des femmes contre les violences sexuelles ou sexistes, et celles basées sur le genre.
La start-up qui œuvre dans le domaine des nouvelles technologies a vu le jour en 2019, grâce à l’événement Hackathon RDC Droits Humains, organisé par Internews, qu’elle a remporté avec sa solution SOS Secours. D’après eux, la RDC enregistre chaque jour en moyenne 1 000 cas de violences basées sur le genre. Grâce à leur application, il est désormais possible de prévenir ce fléau, ou de signaler en cas de danger. L’utilisateur secoue son téléphone 5 fois et aussitôt, une alerte et une géolocalisation sont envoyés par message aux proches et à un réseau d’associations locales partenaires de SOS Secours.
Au-delà de l’aide aux victimes, cette application devrait permettre aux différents acteurs qui interviennent sur ce problème d’avoir accès à des informations en temps réel. « Il y a des organisations qui interviennent dans ce domaine, et qui ont montré qu’elles avaient des problèmes d’accès à l’information et surtout sur les statistiques. Il y a peu de statistiques en temps réel, on est obligé de se fier à celles des structures sanitaires qui ont reçu des cas, alors que tous les cas n’arrivent pas dans ces structures », a expliqué Amisi Musada.
En quatre années, le duo d’entrepreneurs a réussi à nouer de nombreux partenariats, parmi lesquelles Internews RDC, l’Institut Français de Bukavu, ainsi que des associations comme Femme au Fone et l'AFEM. Pour le moment, l’application est opérationnelle dans la province du Sud-Kivu où est basée la start-up Yangu. Les fondateurs travaillent à présent sur le lobbying avec des entreprises de télécommunications pour des alertes via messagerie. À l’avenir, ils ambitionnent de généraliser le service à d’autres interventions.
Aïsha Moyouzame
Mettre leurs compétences au service de la numérisation en RDC, c’est le défi relevé par Justin Mugabe et Othniel Pilipili. Leur start-up SillonBlue Technologies est spécialisée dans le développement des logiciels et applications mobiles.
Justin Mugabe et Othniel Pilipili (photo) ont fait de hautes études respectivement aux États-Unis et en Angleterre. Alors qu’ils étaient destinés à des carrières prometteuses, ils ont fait le choix de revenir dans leur pays d’origine, la République démocratique du Congo, pour y développer un projet d’entrepreneuriat. Ensemble, ils ont fondé SillonBlue Technologies, une start-up spécialisée dans le développement des logiciels et applications mobiles. Le duo d'entrepreneurs partage un objectif commun, celui de préparer les Congolais à la quatrième révolution industrielle et au développement de la science des données, un domaine encore peu exploité dans le pays.
Plutôt que de remettre en cause les conditions sociopolitiques de la RDC, ils ont choisi d’y apporter une solution concrète qui repose sur les nouvelles technologies. Revenir dans leur pays pour contribuer à son développement était devenu pour eux, une réelle motivation. En 2017, ils ont officiellement mis en place leur start-up de technologies numériques. Ingénieurs, développeurs d'applications, administrateurs de bases de données, ou encore testeurs, la start-up dispose d’une équipe expérimentée qui crée des produits numériques à destination des entreprises et des organisations internationales.
D’après les fondateurs, plus de 200 grands commerçants ont déjà profité de leur service dans la seule zone du Nord-Kivu où la start-up est située, et une vingtaine d’organisations ont adopté leur plateforme. La création de leur start-up dans cette partie du pays a déjà permis d’employer une vingtaine de personnes, permettant de lutter à petite échelle contre le chômage. Grâce à leurs solutions numériques, les clients peuvent assurer plusieurs travaux, de l’archivage aux transactions financières en passant par la gestion de magasins en ligne. En touchant pratiquement tous les secteurs d’activité, ils entendent accélérer la numérisation afin de changer le système manuel ou traditionnel encore ancré dans les habitudes de travail.
Toutefois, ils doivent encore faire face à certains obstacles, dont le plus difficile, celui d’impliquer progressivement les autorités à tous les niveaux, par le biais des subventions, de la suppression de taxes pour une start-up encore au début de ses activités.
Aïsha Moyouzame
Christelle Hien Kouame a fondé « Prenez les feuilles », une plateforme en ligne permettant l’accès aux programmes scolaires sous forme de résumés de cours qui sont suivis d’autotests.
Ingénieure en marketing et communication et entrepreneure depuis près d’une dizaine d’années, Christelle Hien Kouame (photo) porte le projet de relever le défi du taux de réussite scolaire grâce au numérique. Elle est à l’origine de la start-up edtech « Prenez les feuilles », qui propose une plateforme éducative pour les élèves en Côte d’Ivoire. Pour concrétiser son projet, elle a investi les fonds de son agence de communication, et présente officiellement sa solution numérique au ministère ivoirien de l’Éducation nationale. Le projet apprécié par les autorités locales a été présenté dans les établissements scolaires, d’abord en mettant à la disposition des élèves, les devoirs et examens.
Ce modèle devenant restrictif, elle a décidé d’élargir son offre en incluant de nouveaux outils d’apprentissage afin de challenger les élèves. « Nous avons alors intégré à la plateforme trois ingrédients importants : la motivation par la récompense en leur offrant des cadeaux pour les quizz et exercices effectués correctement dans un délai imparti, l’aide à l’orientation en parlant de métiers avec des parcours différents, et enfin des petites capsules de culture générale diffusées via le canal WhatsApp », détaille-t-elle.
C’est face au constat d’un taux de réussite d’à peine 40% au baccalauréat, à l’échelle nationale, qu’elle a eu l’idée de ce projet. Au-delà de son rôle éducatif, la plateforme permet aussi de résorber certaines inégalités selon elle. En effet, elle permet aux élèves qui n’ont pas la possibilité d’avoir tous les manuels scolaires, d’avoir accès aux cours et aux différentes matières à partir de leur téléphone portable. L’objectif de « Prenez les feuilles » est donc de donner l’accès aux programmes d’écoles au plus grand nombre. L’application se veut aussi le meilleur outil de préparation des examens scolaires.
Son projet ayant suscité un grand intérêt, est racheté en 2019 par l’entreprise edtech Eneza Education. Un succès en appelant un autre, elle a remporté la 6e édition du Challenge App Afrique pour l’année 2021 d’un montant de 15 000 euros, une compétition qui soutient le développement d’applications numériques dans les TIC, organisé par les médias RFI et France24.
Aujourd’hui, 6 000 élèves utilisent régulièrement la plateforme en ligne, et la version application lancée début mars compte déjà presque 2 000 téléchargements. À l’avenir, Christelle Hien Kouame ambitionne de conquérir d’autres marchés africains en commençant par le Sénégal d'ici 2025.
Aïsha Moyouzame
Entre les prix élevés et le mauvais état de certaines propriétés immobilières dans les villes africaines, les populations éprouvent des difficultés à obtenir un logement décent. Avec sa plateforme Spleet, Akintola Adesanmi facilite la location grâce à une solution de prêts immobiliers.
Ancien chef de produit chez Guaranty Trust Bank Plc, (l’actuel Guarantee Trust Holding Company) et eTranzact, une société de paiement, Akintola Adesanmi (photo, à droite) possède une forte expérience dans le domaine bancaire et la fintech. Depuis 2018, il est à la tête de Spleet, une start-up proposant une plateforme où les populations ont accès à des prêts immobiliers et à un large choix de propriétés. C’est après avoir constaté que la plupart des propriétaires préfèrent recevoir leur bail une fois plutôt que 12 fois par an pour atténuer le risque de défaillance, qu’il a alors décidé de fonder Spleet au Nigeria avec Daniella Ajala (photo, à gauche).
Son objectif est de proposer une solution qui permette aux locataires de trouver des propriétaires compréhensifs. Cependant, alors que Spleet constituait un bon plan pour les locataires, ce n'était pas tout à fait le cas pour les propriétaires. Il a fallu 15 mois à la solution pour intégrer 16 propriétaires et environ 101 espaces sur la plateforme. « La croissance a été lente du côté des propriétaires. Nous ne pouvions tout simplement pas ajouter autant de propriétaires que nous le souhaitions à temps. Mais du côté des locataires, nous avons eu d'excellents taux d'occupation — une moyenne de 90% de taux d'occupation mensuels », a-t-il déclaré à TechCabal.
Il était donc devenu évident que ce modèle ne serait pas viable sur le long terme. Après plus de 3 ans d'efforts pour faire évoluer son marché, Akintola Adesanmi a voulu adapter son offre à la fois aux locataires et aux propriétaires. Pour y parvenir, il a postulé en 2021 au programme d’accélération de MetaProp, une société de capital-risque basée à New York, qui se concentre sur l'industrie des technologies immobilières. Spleet est devenue la première start-up africaine à avoir suivi le programme de 6 mois qui s'est terminé le mois dernier et, le 15 mars, la start-up a annoncé un financement de pré-amorçage de 625 000 dollars dirigé par MetaProp VC avec la participation de plusieurs structures d’investissements.
Le nouveau modèle économique de Spleet permet désormais aux locataires de demander un prêt pour payer la somme totale du loyer, puis d'étaler le remboursement sur un maximum de 12 mois. De cette façon, les locataires peuvent continuer à payer le loyer par mois et les propriétaires qui souhaitent des paiements annuels peuvent également être servis. Cette solution a rapidement conquis de nouveaux clients, et Akintola Adesanmi a pu remonter la pente. Une version bêta de l’offre de Spleet a été lancée ce mois-ci, et elle a déjà enregistré plus de 10 000 dollars de demandes.
À présent, l’entrepreneur entend faire de Spleet la plateforme incontournable pour l'immobilier résidentiel en Afrique, d’autant plus que de nombreux pays africains sont concernés par le problème de déficit de logement, avec des coûts de location parfois très élevés.
Aïsha Moyouzame
En une dizaine d'années à peine, l'ancien jeune innovateur est devenu patron d’une entreprise technologique spécialisée dans la modernisation de l’agriculture. Il a développé de nombreuses solutions qui facilitent le travail et améliore le rendement des agriculteurs.
Au Niger, l’entreprise Tech-Innov a réussi à se bâtir une solide réputation auprès des agriculteurs au cours des neuf dernières années grâce aux technologies de l’information et de la communication (TIC). Son fondateur Abdou Maman Kané (photo) en a fait une référence nationale et mondiale avec les nombreuses innovations développées pour améliorer le travail et la production des agriculteurs locaux.
L’informaticien et entrepreneur s’est fait connaître en 2011 en remportant la première place du Prix Orange de l’entrepreneur social en Afrique et au Moyen-Orient avec son système d’irrigation commandé à distance « Télé-irrigation ». Mais cette idée qui lui est venue de sa propre expérience en tant que fils d’agriculteur a germé dans son esprit depuis 2005.
Ses parents, comme plusieurs agriculteurs nigériens, rencontraient souvent des difficultés d’accès à l’eau pour les cultures. Ils peinaient à transporter de l’eau plusieurs fois par jour sur de longues distances pour arroser régulièrement leurs cultures afin d’en préserver la qualité et la quantité. Il a voulu améliorer leurs conditions de travail avec les TIC en mettant un terme à l’arrosage manuel et surtout réduire le gaspillage d’eau de l’arrosage instinctif.
En 2013, Abdou Maman Kané crée Tech-Innov, une entreprise spécialisée dans la promotion et la commercialisation de solutions technologiques agricoles et d’irrigation. C’est à travers elle qu’il commercialise son système Télé-irrigation, un kit matériel et logiciel composé d’un réservoir connecté à une pompe et à un réseau de canalisations installé dans un champ. La pompe est reliée à un boîtier muni d’une carte SIM. L’agriculteur n’a qu’à composer un code depuis son téléphone pour l’activer et déclencher l’arrosage. Les utilisateurs ont également la possibilité d’accéder en temps réel à des informations comme la température, le taux d’humidité, la pluviométrie, la radiation solaire, la vitesse et la qualité de l’air pour savoir quand arroser.
A la suite de Télé-irrigation, l’informaticien a réussi à s’illustrer à travers plusieurs autres innovations comme le bio fertilisant intelligent, le kiosque d’eau potable en milieu rural, l’abreuvage automatique, et la météo mobile. Des réalisations qui lui ont valu de nombreuses distinctions comme le deuxième prix Climat Start-up COP22, le troisième Prix du Jeune entrepreneur social africain de Libreville (2015), le Grand Prix mondial Hassan II de l'Eau (2015), la Médaille de création écologique à Nice (2013), une médaille au Salon international des inventions de Genève (2012).
Ruben Tchounyabe
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Cette application, qui permet un meilleur suivi des dépenses et assure la sécurité des transactions, est le fruit de plusieurs expériences vécues par le jeune ingénieur en génie électrique. Elle se veut plus pratique pour tous.
Pour les Africains installés à l’étranger pour des raisons professionnelles entre autres, il est parfois arrivé que des fonds destinés à une facture d’électricité, de santé, etc. soient détournés à d’autres fins. Pour éviter ces situations au Kenya, Brian Muriu (photo, à gauche) et Alistair Gould (photo, à droite) ont développé Tulix en 2020. L’application a pris part le jeudi 10 mars au Demo Day, organisé par le fonds de capital-risque Antler pour les entreprises en phase de démarrage.
Tulix permet aux Kényans de la diaspora de régler diverses factures directement depuis son interface, de n’importe où dans le monde, comme s’ils étaient au pays. Plus besoin de commissionner un membre de la famille ou un ami. La solution donne accès à plus de 100 000 entreprises et institutions instantanément et directement via le service de paiement mobile M-Pesa. Il permet aussi de payer des produits de première nécessité qui seront simplement retirés par la famille, une facture d’hôpital, des frais de scolarité.
Le portefeuille Tulix est rechargeable grâce à une carte bancaire et le ressortissant kényan vivant à l’étranger peut définir des dépenses et y allouer des fonds. Les utilisateurs peuvent ainsi suivre leurs dépenses ce qui permet de planifier les diverses allocations financières. Lorsqu’une transaction est effectuée, Tulix envoie des notifications via sa messagerie et par mail à l’initiateur du paiement sur l’état de l’opération.
Brian Muriu, titulaire d’un Honors Degree en génie électrique, explique que l’idée de Tulix résulte de sa propre expérience. « Cela commençait généralement par la réception d’un appel téléphonique de mes proches vivant et travaillant aux États-Unis, tard dans la nuit. Ils m’appelaient pour m’informer du code secret que je devais utiliser pour récupérer l’argent qu’ils avaient envoyé via un service tel que Western Union ou Moneygram pendant leur pause de travail. L’argent était destiné à plusieurs choses dont ils avaient besoin chez eux et impliquait souvent des processus fastidieux ».
La fintech assure ne garder aucune trace des informations de paiement, notamment celles se rapportant aux cartes bancaires qui ont éventuellement servi à la recharge de portefeuille. Elle affirme que les informations personnelles sont conservées en toute sécurité.
Adoni Conrad Quenum
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En six ans, l’initiative n’a cessé de se développer avec des ambitions de plus en plus grandes. Elle poursuit sa mission de moderniser la cuisine africaine, la rendre plus attrayante, nutritive et internationale.
Gabougouni signifie « petite cuisine » en bambara, l’une des langues nationales au Mali. C’est le nom que Dienaba Traoré (photo) a trouvé pour porter son initiative dont l’ambition était de valoriser les recettes culinaires de son pays. La jeune malienne a lancé le blog qui s’y attelle en 2016. Son idée est née de la difficulté que rencontraient des compatriotes installés à l’étranger, même des locaux sans grande expérience dans la cuisine malienne, à trouver des informations sur des plats traditionnels maliens. Des recettes d’autres pays africains ont été ajoutées ensuite face à la demande de nombreux visiteurs.
« Sur cette plateforme j’ai voulu partager avec le monde, la cuisine africaine, spécialement celle du Mali en y ajoutant ma touche personnelle, ainsi que le métissage culinaire qui permet de valoriser les produits du terroir africain », explique-t-elle.
Recettes, vidéos, fiches produits, conseils en nutrition, organisation d’ateliers… Gabougouni regorge de contenus variés. L’initiatrice de la plateforme s’est même donné comme mission de briser les idées reçues selon lesquelles la cuisine africaine est grasse et complexe. La blogueuse retravaille donc les recettes afin qu’elles soient plus attrayantes, faciles à réaliser, plus nutritives.
Dienaba Traoré est une passionnée de cuisine et tout ce qui touche aux aliments depuis son plus jeune âge. Après un bac scientifique, elle poursuit ses études dans le domaine de l’agroalimentaire puis en « qualité hygiène sécurité environnementale et alimentaire » à Dakar. Une voie qui lui a permis de trouver un emploi pendant cinq ans dans une entreprise spécialisée dans la restauration aérienne et l’assistance aéroportuaire.
Grâce à sa persévérance dans la mise en lumière de la cuisine malienne, elle a remporté en 2017 le 3e Prix Orange de l’entrepreneur social en Afrique et au Moyen-Orient au Mali. Le blog a gagné en popularité. Il est déjà suivi par plus de 74 000 abonnés sur Facebook.
La fondatrice de gabougouni, qui se présente comme consultante en salubrité des aliments, photographe et styliste culinaire, envisage maintenant de créer une boutique en ligne spécialisée dans la vente des produits agroalimentaires des femmes du Mali et d’Afrique de l’Ouest. Le blog compte aussi offrir des cours de cuisine à distance et en présentiel. Il est aussi question à long terme de mettre en place un « Hub Culinaire » qui sera un espace de coworking entre passionnés de cuisine, professionnels, entreprises agroalimentaires.
Ruben Tchounyabe
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A la tête de deux start-up, HydroIQ et UjuziKilimo, Brian Bosire crée des solutions technologiques dans les domaines de l’agriculture, de l’eau et de l’assainissement. Sa solution HydroIQ vient d’être sélectionnée par le programme Google for Startups Accelerator Africa.
Passionné par les technologies émergentes et leur application pour résoudre les plus grands défis en Afrique, Brian Bosire (photo), entrepreneur kényan, s’est très tôt fait remarquer pour ses innovations dans les domaines de l'agriculture et de l'eau. En 2013, il a fondé Electrosoft, une start-up dont l'objectif est de mettre la technologie au service de l'efficacité, de la commodité, et d'une meilleure productivité dans les secteurs de l'énergie, de l'eau et de l'assainissement.
Fidèle à sa mission de mettre les nouvelles technologies au service du développement de sa communauté, à travers sa start-up UjuziKilimo qu’il a fondée en 2016, il a mis au point une technologie qui étudie les sols pour informer les petits exploitants agricoles qui ont un accès limité aux connaissances, afin qu'ils utilisent mieux les ressources comme les engrais et l'eau. Les innovations de Brian Bosire lui ont permis de remporter de nombreux prix, notamment le prix ASME Ishow African Award en 2015, et le Top 10 des jeunes innovateurs de l'Africa Innovation Foundation.
Entrepreneur en série, il a cofondé, un an plus tard, la start-up Hydrologistics Africa (HydroIQ), qui propose un réseau d'eau virtuel afin d’offrir aux consommateurs et aux services publics, une plateforme unique et transparente pour gérer leur consommation d'eau. Une innovation qui lui a permis de remporter en 2017, le prix de one.org qui l’a classé parmi les 5 jeunes Africains qui impactent positivement le monde. Pour avoir créé un objet connecté permettant de gérer les réseaux hydrauliques à distance, à savoir HydroIQ, sa solution a été désignée start-up de l’année en Afrique et a remporté un prix de 10 000 euros, décerné lors de la deuxième édition du SOTYA en 2018.
En novembre 2021, il a annoncé le lancement de HydroIQ en Amérique centrale, plus précisément au Guatemala. « Nous sommes fiers et mis au défi de continuer à fournir des services de qualité au monde entier. En tant que premier opérateur de réseau d'eau virtuel au monde, nous sommes fiers de continuer à diriger l'ensemble de l'industrie de l'eau en Afrique et au-delà en développant des solutions technologiques innovantes pour que chaque goutte d'eau compte », avait-il affirmé.
Au-delà de sa carrière entrepreneuriale, il s’est aussi démarqué dans le leadership et a été le plus jeune sénateur du comté de Nyamira au sein du Youth Senate Kenya. Sa contribution au leadership et à l'esprit d'entreprise des jeunes lui a permis d’être nommé jeune leader des Nations unies (ONU) pour les ODD, et d’être membre du groupe consultatif de la Banque mondiale (S4YE).
Sa récente sélection par le programme Google for Startups Accelerator Africa, le 14 mars 2022, lui permettra de bénéficier d’un accompagnement afin de développer sa technologie HydroIQ, et d’étendre ses opérations à travers l'Afrique et le monde.
Aïsha Moyouzame
L’accès à l’énergie et à la connectivité demeure encore un obstacle au développement de l’apprentissage à distance sur le continent. Mais des solutions intégrées voient de plus en plus le jour pour y remédier.
En 2020, la Covid-19 a nui à l’éducation dans plusieurs pays d’Afrique. Pendant plusieurs mois, les écoles ont dû fermer leurs portes par mesure de précaution sanitaire. Les solutions alternatives d’apprentissage à distance mises sur pied par les Etat n’ont pas toujours brillé par leur efficacité. Une situation qui aurait pu être mieux gérée grâce aux nombreuses solutions edtech déjà développées sur le continent par de nombreux innovateurs à l’instar du Franco-Togolais Victor Agbegnenou (photo) avec Retice Renal Smart 80/20.
La solution Retice Renal Smart 80/20 est une combinaison d’outils numériques, dont une plateforme de gestion et d’échanges synchronisés ; une infrastructure très haut débit sans Internet ; des tablettes et logiciels didactiques. Ce réseau, exécutable à différentes échelles, permet à l’enseignant d’interagir avec chaque élève muni d’une tablette connectée équipée de manuels scolaires numérisés et de dispenser son cours en présentiel comme à distance. La connectivité est assurée par la technologie « PWCS », un système de communications sans fil de point à multipoint.
Lebon Ngounou, directeur général de Retice Africa Sarl, estime qu’avec cette technologie, les élèves et enseignants peuvent rester chez eux et tout de même assister au cours. La solution, adaptée aux zones rurales très souvent dépourvues d’énergie électrique, embarque des unités de stockage d’énergie rechargeable avec une lampe solaire. Ces unités de stockage sont destinées aux tablettes.
Retice Renal Smart 80/20 a reçu le prix ITBP Sorbonne 2018, a été primé par l’Unesco et par l’Organisation internationale de la francophonie comme solution numérique pour l’éducation. Il figure également dans le Top 40 des technologies numériques pour l’éducation certifiées par l’Union africaine en 2019.
KA Technologies, l’entreprise créée par Victor Agbegnenou pour déployer la solution, travaille à équiper près de 150 000 élèves au Togo depuis 2020 dans le cadre d’un projet avec l’ambassade de France. La solution est déjà déployée au Sénégal dans deux communes et au Nigeria dans l'Etat de Kano. L’entreprise qui a déjà obtenu l’accord formel du ministère de l’Education de base et du ministère des Postes et Télécommunications du Cameroun poursuit ses échanges avec le gouvernement pour déployer sa solution dans les établissements d’enseignement du pays.
Ruben Tchounyabe
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A la tête de Red Dot Digital, elle a créé B2BeeMatch, une plateforme numérique de réseautage d’entreprises présente dans 45 pays. Pour 2022, elle annonce une nouvelle version de sa plateforme.
Née au Sénégal, Karima-Catherine Goundiam (photo), entrepreneure également d’origine marocaine, a grandi et étudié en France et aux Etats-Unis avant de s’installer au Canada depuis 2000, rapporte ONFR+. Jusqu’en 2014, elle a travaillé pour de grandes entreprises, parmi lesquelles le cabinet d’audit et de conseil Deloitte. Ayant fait le tour du numérique, elle a constaté une certaine apathie sur le marché canadien et voulait faire bouger les choses en s’aventurant dans l’entrepreneuriat. En 2015, elle a fondé Red Dot Digital, afin d’aider les entreprises à s’internationaliser grâce au numérique en bâtissant une stratégie digitale.
Sa plus grande réalisation est une plateforme numérique mondiale de mise en relation d'entreprises baptisée B2BeeMatch. Lancée en 2019, c’est en 2020 qu’elle fait sa véritable entrée en Europe, en pleine période de pandémie de Covid-19. « Je me souviens avoir présenté ce projet en Europe en janvier 2020. La réponse était assez froide et perplexe : personne ne voyait l’avantage à se digitaliser puisqu'on pouvait se voir physiquement. Une application de dating n’apparaissait pas comme un besoin immédiat », relate-t-elle.
La pandémie ayant agi comme un accélérateur de la transformation digitale au sein des entreprises, B2BeeMatch est très vite devenue un outil indispensable, accélérant ainsi sa croissance. En seulement un an, la plateforme s’est rapidement développée et, en janvier 2021, elle est devenue bilingue, ce qui a permis d’intégrer la communauté francophone et de développer des partenariats, à l’instar de la Chambre de commerce international, ou encore, la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA).
Au-delà de son activité d’entrepreneure, Karima-Catherine Goundiam est la vice-présidente de la Chambre de commerce britannique canadienne. Elle entend aussi étendre, dit-elle, sa compréhension du monde des affaires, en participant à de nombreuses conférences sur les technologies. Par ailleurs, elle donne des cours dans des universités européennes et apporte des conseils au niveau canadien en technologie et gestion. A travers ses multiples interventions, elle veut inspirer la jeune génération, notamment sur l’importance de la diversité dans la tech.
Si l’accès aux opportunités d’affaires et aux financements constitue encore un défi pour les entrepreneurs noirs, Karima-Catherine Goundiam admet toutefois qu’être une femme d’affaires noire francophone a été un atout. Sa singularité fait en sorte qu’on se souvient d’elle plus facilement. « Tout ce qui pouvait faire de moi quelqu’un qui était au départ une personne en statistique de non-réussite, je l’ai transmuté en une personne qui se bat pour réussir encore plus. Je n’accepte pas les non. J’ai une résilience assez importante pour aller sur un marché où personne ne m’attend pas », ajoute-t-elle.
B2BeeMatch se base sur une approche particulière, qui élimine les biais, les angles morts, les perceptions, et tous ces préjugés qui empêchent de se concentrer sur les compétences, la diversité, l’innovation. Sur la plateforme, il est possible de trouver de futurs partenaires d’affaires, des sous-traitants, des clients, et même des fonds. Basée à Toronto, la plateforme est déjà présente dans plus de 45 pays. Forte de ce succès, l’entrepreneure prépare la sortie d’une version 2 du site qui sera lancée début mars et qui comportera plus de fonctionnalités.
Aïsha Moyouzame