Sans cesse en quête d’efficacité, le tech entrepreneur a déjà à son actif plusieurs millions de polices d’assurance traitées. Son ambition est d’améliorer l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur en Afrique grâce aux technologies de l’information et de la communication.
Le 10 mars 2022, Alexandre N’Djore (photo) a réussi une levée de fonds d’amorçage d’un montant de 300 000 euros pour poursuivre le développement de sa start-up Digitech Group. Fondée en 2016 avec Zachariah George, elle est spécialisée dans les solutions technologiques d’assurance. Digitech Group propose aux compagnies d’assurance et de réassurance un ensemble de solutions web et mobiles entièrement intégrées et basées sur le cloud qui améliorent leur productivité et leur compétitivité.
Cet ancien responsable logistique de MTN Côte d’Ivoire a créé Digitech Group après avoir constaté une faiblesse dans le secteur de l’assurance en Afrique. Selon lui, l’activité est désunie et fragmentée. « Cela va de l’assureur au réassureur, aux courtiers d’assurance et autres intermédiaires et enfin au preneur d’assurance. Cela conduit à une pénétration de l’assurance généralement faible en Afrique d’environ 3 % hors Afrique du Sud », estime-t-il.
Titulaire d’un MBA de la Hult International Business School de Dubaï, Alexandre N’Djore fait de Hyperion 2.0, la carte maîtresse de la nouvelle phase de croissance de Digitech Group. Le progiciel de gestion intégré automatise les transactions entre assureurs et réassureurs, permet une économie de temps et d'argent, élimine les erreurs et offre des informations commerciales essentielles en temps réel.
Son goût pour l’efficacité opérationnelle qu’il veut transmettre au secteur de l’assurance, Alexandre N’Djore l’a cultivé grâce à son parcours professionnel dans la chaîne d’approvisionnement et la logistique. Son master 2 en ingénierie des chaînes d'approvisionnement et des transports, obtenu à l’École supérieure de commerce et d’administration des entreprises (ESCAE) d’Abidjan lui a ouvert plusieurs postes à responsabilité dans ce domaine, notamment celui de chef de la restauration à Air Ivoire pendant quatre ans.
Depuis la création de Digitech Group, le tech entrepreneur revendique à ce jour plus de 7 millions de polices d’assurance traitées. Un dynamisme qui lui a valu de nombreuses distinctions, notamment le prix de meilleure insurtech décerné en 2020 par la Fédération des compagnies d’assurance nationales africaines (FANAF). En 2018, il a obtenu le prix de la meilleure start-up en Afrique du Sud décerné par Amazon Web Services lors de son AWS Startup Day.
Melchior Koba
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À la tête de Codengwana, Noluvuyo Gqadu apprend aux enfants à coder dès l’âge de 3 ans. Algorithmes, robotique, langage de programmation, elle entend préparer la jeune génération aux compétences d’avenir.
Dotée de 12 années d'expérience dans le secteur des technologies de l'information, la Sud-Africaine Noluvuyo Gqadu (photo) se passionne pour la résolution des problèmes par la technologie. Celle qui occupe une position dans l'administration de la Waves for Change, une organisation qui se concentre sur la santé mentale des enfants, est également directrice de Teampact, une plateforme internationale de suivi des présences. La jeune femme, qui a plusieurs cordes, à son arc a eu l’occasion d’encadrer des entrepreneurs sociaux pour le Miller Center of Social Entrepreneurship.
Durant son parcours dans le monde de l’entrepreneuriat, elle a constaté le manque de talents technologiques en Afrique du Sud. « J'étais frustrée à l'époque. Je me suis dit que si nous exposions les enfants suffisamment tôt au codage et aux compétences informatiques, nous pourrions changer la situation et faire en sorte que la future main-d'œuvre soit prête pour ces emplois », a-t-elle confié sur Ventures Africa.
Après avoir expérimenté un programme de codage avec son fils, elle a eu l’idée de fonder Codengwana en 2019, une start-up qui initie les tout-petits à la technologie avec pour objectif principal de préparer les enfants africains aux professions d’avenir. La start-up encadre les enfants de 3 à 12 ans, et propose des cours de codage. De 3 à 6 ans, ils apprennent les principes de la pensée informatique tels que les algorithmes, la logique et le débogage par le biais de diverses technologies, ou la robotique avec la technologie LEGO. De 7 à 9 ans, ils apprennent les concepts de base de la programmation et le langage de programmation Python. À l'âge de 10-12 ans, ils commencent à proposer de nouvelles solutions.
Selon elle, les enfants africains ne doivent pas seulement être des consommateurs de la technologie venue d'autres pays, mais ils doivent aussi être en mesure d'y contribuer. Son initiative se heurte toutefois à des obstacles majeurs. En Afrique du Sud, un grand nombre d’enfants ont un accès limité au matériel informatique, ce qui rend difficile l’implémentation de son programme. En outre, la documentation sur le codage pour enfants, importée de pays développés pour la plupart, est en déphasage avec les réalités de l’enfant sud-africain.
C'est ce qui a conduit Noluvuyo Gqadu à écrire ses deux premiers livres de codage pour enfants et à créer une encyclopédie sur le codage conceptualisé à partir des réalités locales. Cette stratégie lui a permis d’atteindre un public plus large et de nouer des partenariats avec des écoles et des entreprises. Dans un contexte où 230 millions d'emplois sur le continent nécessiteront un certain niveau de compétences numériques d'ici 2030, selon la Société financière internationale, Noluvuyo Gqadu compte bien étendre la portée de Codengwana à toute l’Afrique. Elle devra cependant faire avec le manque de ressources et d'infrastructures qui freinent l'expansion des nouvelles technologies sur le continent.
Aïsha Moyouzame
La start-up qu’il dirige contribue depuis six ans à une plus large visibilité des créateurs du continent à travers le monde. Le succès enregistré jusqu’ici lui donne déjà de nombreuses idées, notamment l’ouverture du service à d’autres secteurs d’activités sur le continent.
Moulaye Taboure (photo) est un jeune entrepreneur malien. Président-directeur général d’ANKA, il s’est illustré en janvier dernier avec la levée de 6,2 millions $ qui serviront à développer la plateforme de commerce en ligne qu’il a cofondé en 2016 sous le nom d’Afrikrea avec Kadry Diallo et Luc B. Perussault Diallo.
À travers ANKA, ses associés et lui facilitent la vente et l’achat de vêtements, accessoires, art et artisanat d’inspiration africaine. La solution, tout-en-un, permet aux créateurs de vendre leurs produits, de les expédier à travers le monde et d’être payés rapidement grâce à des moyens de paiement internationaux et locaux. Grâce à un tableau de bord, les commerçants peuvent également surveiller leurs ventes et leurs stocks sur la plateforme.
Moulaye Taboure est titulaire d’un master en audit et conseil en systèmes d’information de l’entreprise étendue (SIEE) de l’université Paris Dauphine-PSL. Son ambition a toujours été de montrer au monde tout ce que l’Afrique peut offrir en matière de création, et d'aider à rentabiliser l’activité des créateurs du continent. Pour toucher un plus large marché, l’ancien chef d’équipe de l’audit interne chez Alstom Group a signé en avril 2021 un partenariat avec DHL et Visa pour faciliter la livraison et le paiement partout.
En 2018, il a figuré dans le FORBES AFRICA’s Under30 qui regroupe les jeunes acteurs du changement les plus prometteurs du continent. À la tête de la start-up basée en Côte d’Ivoire, il revendique déjà plus de 500 000 visites et l’expédition d’environ 10 tonnes de marchandises par mois. Plus de 7 000 vendeurs dans 47 pays africains, des acheteurs provenant de 170 pays.
Moulaye Taboure pense déjà à la prochaine étape d’ANKA. Il ne veut plus que la plateforme se limite seulement aux acteurs de l’artisanat et de la mode, mais s’ouvre à tous les secteurs qui veulent exporter des produits africains.
Melchior Koba
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Après avoir bouclé un tour de table de 800 000 $ en 2020, Tatenda Furusa et Oluwasani Akinmusire réussissent à convaincre d’autres investisseurs pour concrétiser leurs rêves avec ImaliPay.
La fintech ImaliPay, plateforme de services financiers à guichet unique, a annoncé le jeudi 7 avril la réussite d’un tour de table d’un montant de 3 millions $. La start-up — fondée par Tatenda Furusa (photo, à gauche) et Oluwasanmi Akinmusire (photo, à droite) — utilisera ces fonds pour agrandir l’équipe en attirant de nouveaux talents, améliorer la technologie de la fintech et soutenir son expansion dans de nouveaux marchés, en l'occurrence le Ghana et l’Égypte.
ImaliPay, dont l’application mobile est uniquement disponible sur Play Store pour l’instant, permet aux acteurs de la gig economy (économie des petits boulots) de profiter de divers services financiers qui ne leurs sont pas accessibles. Entre autres, le paiement différé (BNPL : Buy Now Pay Later), l’investissement, l’épargne ou encore l’assurance ont été intégrés à la plateforme de la fintech grâce à des partenariats stratégiques.
Selon Tatenda Furusa, PDG de ImaliPay, « nous avons fait des recherches sur la gig economy et avons constaté qu'ils étaient négligés par certains services financiers. Et nous avons vu que nous étions parfaitement placés pour construire une fintech résolvant les problèmes des travailleurs de la gig economy, des freelances et des travailleurs numériques indépendants d'Afrique ».
Avec un master en business et management de l’université de Nottingham au Royaume-Uni obtenu en 2017, Tatenda Furusa s’est associé à Oluwasanmi Akinmusire pour mettre en place la fintech qui aiderait ce secteur. Oluwasanmi Akinmusire a quant à lui obtenu un Master of Business Administration en 2019 à l'université Ajayi Crowther d'Oyo au Nigeria. Les deux hommes travaillaient chez Cellulant, une société panafricaine qui fournit des méthodes de paiement alternatives au niveau local pour les commerçants mondiaux, régionaux et locaux.
En 15 mois d'activité, la base d'utilisateurs d'ImaliPay a été multipliée par 60. Les travailleurs indépendants peuvent accéder à leurs services via 4 500 points de vente et la fintech revendique plus de 200 000 transactions sur sa plateforme. Les deux hommes veulent aider à favoriser l’inclusion financière sur le continent, car de nombreux Africains sont exclus du système financier des institutions traditionnelles.
Adoni Conrad Quenum
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Depuis la Silicon Valley, l’entrepreneur algérien Noureddine Tayebi dirige Yassir, une start-up de covoiturage et de livraison à domicile. Déjà présente en Afrique, en Europe et en Amérique, elle ambitionne de diversifier son offre et de s’étendre sur les marchés francophones du sud du Sahara.
Après des études d’ingénierie en Algérie, Noureddine Tayebi (photo) s’envole pour les États-Unis en 1998 pour suivre un master en ingénierie électrique à l'université d'Urbana-Champaign dans l'Illinois. Après avoir obtenu son diplôme, il poursuit ses études à l'université de Stanford où il obtient un doctorat en génie électrique. À la fin des années 2000, il s’est installé dans la Silicon Valley et a débuté sa carrière à Intel, où il a passé plus de 8 années. Il a acquis des compétences en gestion de produit et en marketing, et a connu une véritable expérience de start-up au sein du fabricant américain de microprocesseurs et de semi-conducteurs.
Son parcours entrepreneurial, il l’a véritablement entamé en 2011, avec 23 brevets en sa possession. En 2014, il a fondé sa première entreprise baptisée InSense, spécialisée dans les nano-capteurs de mouvement, lancée grâce à deux subventions d'un montant total de 1,6 million de dollars, qui sera vendue plus tard à une entreprise de la Silicon Valley. En 2017, il a co-fondé la start-up Yassir. D’abord déployée comme une application de taxi, la plateforme s'est depuis diversifiée dans les livraisons de restauration rapide et d'épicerie avec Yassir Express, et tout récemment, avec Yassir Market dans la livraison de courses.
En 5 années d’existence, la start-up dont le chiffre d’affaires ne cesse de grimper (jusqu’à 40 % par mois), revendique 3 millions d'utilisateurs actifs à travers l’Algérie, le Canada, la France, le Maroc et la Tunisie, entre autres. Elle a contribué à créer indirectement plus de 40 000 emplois de chauffeurs et de livreurs. En novembre 2021, Yassir a bouclé une levée de fonds de 30 millions de dollars auprès d'investisseurs américains pour soutenir son développement. Jusqu'à présent, l’entrepreneur a réussi à lever 67,6 millions de dollars auprès de 30 investisseurs.
À court terme, l'ambition de Noureddine Tayebi est de développer Yassir au sud du Sahara, notamment sur les marchés francophones tels que le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Togo, le Bénin, le Mali et le Cameroun. D’après lui, l’application fonctionne déjà au Sénégal, et d'autres grands marchés du continent comme l'Afrique du Sud, le Nigeria et l'Égypte.
« L'objectif est de créer la plus grande entreprise de technologie, non seulement en Afrique, mais dans le monde. Pour y arriver, il faut être présent sur de nombreux marchés », assure-t-il.
Aïsha Moyouzame
Le juriste a aujourd’hui à son actif plusieurs récompenses et distinctions pour sa contribution à une meilleure protection légale des intérêts des populations. En février 2022, il a réussi une levée de fonds de pré-amorçage pour développer son activité.
Avocat à la Haute Cour du Kenya, Robert Muoka Salim (photo) est un technopreneur et socialpreneur kényan. Il est le président-directeur général et co-fondateur de My Shamba Digital, une plateforme juridique en ligne sélectionnée le 1er mars 2022 pour rejoindre le programme Venture Capital for Africa (VC4A).
My Shamba Digital aide les citoyens dans leurs procédures foncières, à éviter arnaques et autres mauvaises décisions pouvant conduire à des litiges entre particuliers, entre entreprises, entre particuliers et entreprises avec l’État. Elle permet également aux utilisateurs d’avoir accès à des informations importantes relatives aux fonciers dans son centre de ressources et sur son blog My Shamba Digital Blog. De plus, elle dispose d’une page d’annonce immobilière et d’annonces foncières, My Shamba Digital Property Listings et My Shamba Sako.
Robert Muoka Salim a fondé la plateforme au début du premier trimestre 2021. L’idée a mûri dans son esprit au fil des années, suite à plusieurs cas de litiges fonciers dont il a souvent été au fait dans son activité professionnelle. En 2017, le ministère du Foncier et de la Planification physique relevait une augmentation des fraudes foncières et crimes connexes pendant la décennie précédente. Il comptabilisait déjà par exemple 7 052 cas de fraude immobilière coûtant 60 milliards de shillings (520 millions USD) par an au Trésor public.
Le juriste diplômé de l’université de Nairobi ne s’est pas limité aux affaires foncières pour apporter son expertise aux Kényans. En 2020, il a co-fondé la plateforme numérique Sheria Online spécialisée dans l’accompagnement juridique, dont il est actuellement le responsable du développement commercial et des partenariats stratégiques.
Pour son travail d’accompagnement juridique, aussi bien dans le domaine du droit foncier que du droit des personnes à travers ses solutions numériques, Robert Salim a été inscrit dans le Top 50 africain de l’innovation juridique (2021) réalisé par Africa Law Tech et Lawyers Hub. Il a également reçu le prix de la meilleure solution technologique à l’Africa Legal Innovation Hackathon 2021. Hormis ces distinctions, il a récemment été finaliste au Global Legal Hackathon 2022 et nominé en tant que techpreneur, âgé de moins de 30 ans, de l’année 2022 aux Founder of the Year Awards.
Melchior Koba
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Lancée en 2014, la start-up Expensya dirigée par les ingénieurs Karim Jouini et Jihed Othmani est devenue la solution de gestion des dépenses parmi les plus réputées en Europe.
Alors qu'ils travaillaient comme ingénieurs en France au début des années 2010, les Tunisiens Karim Jouini (photo, à gauche) et Jihed Othmani (photo, à droite) ont réalisé que la gestion des dépenses était manuelle et compliquée pour les entreprises, notamment les processus d'enregistrement et de suivi. Non seulement l’offre existante était encore basée sur l'ordinateur de bureau malgré les solutions mobiles de facturation et de dépense disponibles, mais aussi, la politique gouvernementale en matière d'émission et d'enregistrement des factures était encore inefficace.
Ils ont alors commencé à travailler sur le projet Expensya, qui deviendra en quelques années l’un des outils fintech les plus réputés d’Europe. De retour en Tunisie, ils ont fondé Expensya en 2014, un fournisseur d’outils de gestion des dépenses pour les entreprises. Pour assurer le développement de leur start-up, ils ont réussi à attirer des investissements en capital-risque, avec des levées de fonds réalisées respectivement en 2016, 2017 et 2018. Trois ans plus tard, ils ont levé des fonds d’un montant de 20 millions de dollars venant d'investisseurs français et allemands comme MAIF Avenir, Silicon Badia, ISAI, et Seventure Partners.
Très vite, leur solution digitale est devenue la première archive numérique légale de factures en France. Expensya s’est étendue à l’Europe et à l’Afrique avec des succursales dans une quarantaine de pays. D’après Karim Jouini, la start-up est opérationnelle dans plus de 90 pays et sert près de 6 000 entreprises. « Quand Expensya a démarré, les entreprises utilisaient encore des tableaux Excel ou des solutions de saisie de données sur mesure pour enregistrer et suivre leurs dépenses », a expliqué Karim Jouini à TechCabal.
Dans l’optique de développer ses activités, le duo d’entrepreneurs a lancé en février 2022 des cartes de paiement pour ses clients en Europe, et travaille à étendre cette nouvelle solution en Afrique. Ainsi, en plus de gérer les dépenses, les clients peuvent effectuer des paiements avec la carte Expensya. « Avant, les employés ne pouvaient que demander à être remboursés après avoir dépensé, mais avec notre carte, ils peuvent maintenant dépenser en temps réel […] Notre logiciel permet de s'assurer qu'ils respectent la politique de dépenses de l'entreprise et celle du pays depuis lequel ils dépensent », a affirmé Karim Jouini.
Aïsha Moyouzame
Pour améliorer les services de santé fournis aux patients en Ouganda, le Dr Davis Musinguzi a créé une plateforme de télémédecine baptisée Rocket Health. Sa start-up ayant récemment levé un financement de 5 millions de dollars, il ambitionne à court terme de s’étendre en Afrique de l’Est.
Diplômé en gestion des soins de santé, le Dr Davis Musinguzi (photo), un entrepreneur ougandais dans le domaine de la HealthTech, a d’abord travaillé comme spécialiste de la santé numérique à l'UNICEF où il concevait, gérait et évaluait des programmes d'informatique et de technologies de la santé pour des ministères de la Santé, des organisations internationales et des institutions universitaires. Il s’est lancé dans l’entrepreneuriat en 2006, en dirigeant une équipe spécialisée dans la vente de compléments de nutrition. Il a ensuite travaillé sur la conception d’un stéthoscope à partir d’un téléphone mobile, qui sera récompensé en 2012 par le prix Microsoft Imagine Cup.
Plus tard, il a participé à une compétition télévisée, Inspire Africa, où il a remporté un financement de 50 000 dollars du Warid Entrepreneurship Fund, ce qui lui a permis de démarrer The Medical Concierge Group (TMCG), une start-up qui exploite le service de télémédecine Rocket Health Africa Corp depuis 2012. L’idée est née du profond désir d’améliorer les services fournis aux patients, en développant une plateforme qui leur permettrait d’avoir un meilleur pronostic dès le début de la maladie. S'associant à John Mark Bwanika, Fiona Nuwamanya, Hope Achiro et William Lubega, tous issus du secteur de la santé, Davis Musinguzi a lancé Rocket Health.
La start-up de télémédecine est spécialisée dans la fourniture de services de santé en ligne, assistée par l’intelligence artificielle (IA). Travaillant avec des médecins dans des centres de contact, elle assure les livraisons du dernier kilomètre d'ordonnances en pharmacie, des prélèvements, des tests en laboratoire, avec des cliniques équipées de dispositifs médicaux connectés. Rocket Health mène également des activités de conseil et de recherche en santé numérique pour des organisations et des projets de santé en Afrique.
Durant son parcours, Davis Musinguzi a d'abord fait face à la réticence des clients et des membres potentiels du personnel qui n’étaient pas habitués aux services de télémédecine. Grâce au bouche-à-oreille, la plateforme a rapidement atteint de nombreux clients. L’entrepreneur emploie une trentaine de médecins qui fournissent des services à 40 000 clients répertoriés sur la plateforme de Rocket Health. Avec la pandémie de Covid-19, la start-up a vu sa demande grimper, atteignant un chiffre record d’environ 400 000 consultations virtuelles par an.
Le travail du Dr Davis Musinguzi a été reconnu dans le domaine de la santé numérique par Google, Microsoft, Ashoka, Alibaba, la CNUCED, le Commonwealth, Ericsson, la BAD et Deutsche Telekom, entre autres. Début mars, Rocket Health a levé un financement de série A d’un montant de 5 millions de dollars pour développer son service de télémédecine en Afrique. Le tour de financement de la start-up a été mené par Creadev, une société d'investissement, avec la participation d'investisseurs africains, Grenfell Holdings et LoftyInc Capital Management. Ce tour de table porte le total des fonds levés par Rocket Health à 6,2 millions de dollars.
La prochaine étape pour Davis Musinguzi est l'expansion de Rocket Health en Afrique de l’Est pour les deux années à venir, en commençant par le Kenya.
Aïsha Moyouzame
Durant la pandémie du coronavirus, la jeune entrepreneure a réussi à préserver les revenus de plus d’une centaine d’artisans marocains, à travers sa solution alternative qui leur a permis de continuer à vendre même sans ouvrir leurs boutiques et ateliers. Elle veut maintenant changer d’échelle.
Détentrice d’un diplôme de Commerce, option gestion de stratégie et marketing, obtenu à l’université McGill au Canada, Aida Kandil (photo) est la fondatrice de MyTindy. Très attachée au Maroc, son pays d’origine, elle lui témoigne cet amour à travers la plateforme numérique qui promeut à l’international l'artisanat local. Les visiteurs du monde entier peuvent y acheter bijoux, meubles, objets décoratifs, etc., directement auprès de l’artisan marocain et être livrés chez eux.
Aida Kandil a cofondé MyTindy en 2019 pour mettre en relation vendeurs et acheteurs. La start-up accompagne les artisans marocains dans leur transition numérique et la valorisation de leur activité. Elle leur fournit une formation pour mieux vendre leurs créations en tirant parti du pouvoir d’Internet tandis qu’elle s’occupe de la logistique pour la livraison des achats.
C’est en 2018 que la jeune entrepreneure, alors installée à Montréal au Canada et chargée de la stratégie de référencement en ligne pour une grande marque internationale, décide de tout quitter et de s’installer au Maroc. Après un an et un mois de service, Aida Kandil qui est née à Paris et a fait ses études entre la France, le Canada et le Maroc a voulu mettre les compétences et l’expérience acquises au fil des ans au profit d’un secteur qui l'a toujours captivé, l’artisanat marocain.
« Tout a commencé quand, à la fin de chaque séjour au Maroc, j’emportais avec moi des objets de décoration à mon retour au Canada. Mon entourage me demandait toujours où j’achetais mes produits et s’il y avait moyen de les commander, notamment en ligne. Aucune plateforme n’offrait cela à l’époque. Alors, une fois au Maroc, j’ai fait le tour des Habous pour demander aux artisans s’ils avaient des plateformes dédiées aux ventes internationales sur Internet et s’ils étaient intéressés par l’idée », révèle-t-elle sur l’origine de sa plateforme.
Aujourd’hui, Aida Kandil revendique un catalogue de 8 000 références proposées par 250 artisans sur sa MyTindy. Sa start-up, qui enregistre une clientèle à 70 % étrangère et très sensible au label écoresponsable, s’est même lancée dans des commandes personnalisées, généralement passées par des clients exigeants. L’activité qui a démarré avec des fonds propres à elle et à Chakib Yasmine, l’autre cofondateur, enregistre de plus en plus de succès. Depuis février 2022, MyTindy est d’ailleurs en quête d’investisseurs pour s’étendre dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.
Les trois années d’investissement d’Aida Kandil dans la valorisation de l’artisanat marocain lui ont déjà valu plusieurs distinctions au plan national et international. Avec MyTindy, elle a remporté, entre autres, le premier prix de la Startup for Good Région Méditerranée organisée par Emerging Valley en 2020, le prix de meilleure solution numérique des World Summit Awards 2020, le prix de meilleure solution numérique nationale pour un prix international dans la catégorie Affaires et commerce décerné par les World Summit Awards 2021.
Ruben Tchounyabe
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Si l’écosystème de la tech africaine enregistre la croissance la plus rapide au monde avec des levées de fonds records, il reste encore difficile pour les start-up, en phase de démarrage en particulier, d’avoir accès aux financements. Pour les entrepreneurs nigérians Benedict Afolami et Ose Eromosele, la solution se trouve dans Conectivest.
Le secteur de la finance n’a plus de secret pour Benedict Afolami (photo, à gauche) et Ose Eromosele (photo, à droite). Avec plus de 15 ans d'expérience professionnelle dans la technologie et la finance, ils ont eu le temps de remarquer les failles en matière de levée de fonds et le fossé qui existe entre les entrepreneurs et les investisseurs en Afrique. Bien que la tech africaine ait levé plus d'un milliard de dollars au cours des trois premiers mois de 2022, il est particulièrement difficile pour les jeunes pousses au stade de démarrage de lever des fonds. C’est ce constat qui les a poussés à fonder Conectivest pour s'attaquer au problème.
Benedict Afolami, cofondateur et directeur général, et Ose Eromosele, cofondateur et directeur financier, ont officiellement lancé Conectivest en juin 2021 avec pour objectif de faciliter les investissements en mettant en relation les entrepreneurs et les investisseurs. Selon eux, une levée de fonds réussie commence toujours par une connexion entre les investisseurs et les start-up.
« Il s'agit d'un espace de mise en réseau des investissements qui facilite la connexion entre fondateurs, la connexion entre investisseurs, la connexion entre plateformes et fondateurs et la connexion entre investisseurs et fondateurs », a expliqué Benedict Afolami.
Conectivest se présente sous forme d’un mini-réseau social qui relie l’ensemble des parties prenantes qui interviennent dans les levées de fonds. La plateforme offre ainsi un moyen rapide pour les fondateurs, hubs, accélérateurs et investisseurs de se connecter les uns aux autres et d'échanger. Elle aide les startupers à préparer leurs profils et les investisseurs à gérer leurs transactions et leurs investissements. Connectivest organise également des journées de démonstration hebdomadaires au cours desquelles les entrepreneurs prêts à lever des fonds rencontrent des investisseurs.
En moins d’un an, affirment-ils sur techbuild africa, ils ont réussi à intégrer plus de 350 investisseurs actifs axés sur l'Afrique, issus de trois grands groupes d'investissement, notamment LoftyInc Capital Management, Midlothian Angel Network et South-South-East Angel Network. Selon eux, ces investisseurs ont réalisé directement et indirectement, par le biais de Conectivest, plus de 50 transactions pour un montant total de 2,2 millions de dollars.
Aïsha Moyouzame