Bien que leur nombre soit encore très réduit, elles multiplient les initiatives fortes pour se fédérer et briser les barrières qui les ont retenus jusqu’à présent. Formation, réseautage, financement sont au cœur de la stratégie panafricaine d’éveil en cours de déploiement avec le soutien de divers partenaires.

Dans son rapport « 2021 AFRICA TECH VENTURE CAPITAL », Partech révèle qu’un total de 134 start-up fondées par des femmes enregistrées en 2021 a effectué un tour de table contre 47 opérations financières comptabilisées en 2020, soit une croissance de +285%. Les start-up fondées par des femmes ont réalisé 20% des 681 tours de table enregistrés l’année dernière, en croissance de 7% comparé à 2020 (13%). Elles ont obtenu 834 millions $, en croissance  de +281% par rapport à 2020. Ce montant représente 16% du total des 5,2 milliards $ d’investissement levés en 2021 par des start-up, en hausse de 2% par rapport à 2020 (14%).

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Pourcentage de fonds levés et de tours de tables effectués par des tech entrepreneurs africaines (Source : Partech)

Bien que ces données montrent une progression dans le volume d’investissements captés par les tech entrepreneurs africaines d’une année à une autre, Briter Bridges déplore tout de même un niveau très faible au cours des neuf dernières années.

Beaucoup reste à faire

Dans son rapport « In Search Of Equity Exploring Africa’s Gender Gap in Startup Finance » publié en octobre 2021, Briter Bridges indique qu'entre janvier 2013 et mai 2021, un total de 1 112 start-up opérant à travers l'Afrique ont mobilisé un total de 1,7 milliard $ de financements de démarrage. Parmi ces entreprises, 75% avaient des équipes exclusivement masculines, 9% des équipes exclusivement féminines et 14% des équipes fondatrices mixtes. « Seulement 3% des financements de démarrage sont allés à des équipes fondatrices entièrement féminines, contre 76% pour les équipes entièrement masculines », souligne la société de recherche axée sur les données, basée à Londres et fondée en 2018. Selon elle, cela signifie que pour chaque « dollar investi dans des équipes fondatrices entièrement féminines, les équipes entièrement masculines ont reçu 25 $ ».

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Volume d’investissement levé par genre de fondateur (Source : Briter Bridges)

Sur la faible présence des tech entrepreneurs africaines dans le captage de l’investissement, Partech et Briter Bridges s’accordent à dire qu’elle s’explique en partie par la faible présence des femmes dans les segments porteurs comme la Finance, la logistique, le transport. Elles préfèrent en majorité les secteurs du commerce de détail et des services, qui nécessitent moins de capitaux et présentent moins d'obstacles à l'entrée. De plus, les tech entrepreneurs masculins, d’abord plus nombreux, sont également plus susceptibles d'opérer dans des sous-secteurs qui attirent moins d'investissements tels que l'edtech ou la healthtech, accentuant la concurrence.

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La représentation du genre dans les différents secteurs tech (Source : Briter Bridges)

Il y a aussi le tempérament des investisseurs. « Même lorsqu'elles travaillent dans des secteurs suscitant un grand intérêt de la part des investisseurs, les équipes entièrement féminines sont toujours moins susceptibles de recevoir un financement que les équipes entièrement masculines, et elles reçoivent des montants plus faibles lorsqu'elles obtiennent un financement », note Briter Bridges. Enfin, plusieurs autres types d’obstacles entravent encore une plus grande présence des femmes dans la tech industrie africaine, notamment la faible présence des jeunes filles dans les filières scientifiques (STEM) ; un réseau d’affaires plus faible, essentiellement composé de femmes. Mais des initiatives se multiplient pour aider les tech innovatrices à surmonter ces barrières.

Formation et financements ciblés

Au cours des dix dernières années, le soutien aux Africaines dans le numérique a gagné en intérêt. La transformation numérique s’accélérant au fil des ans, les formations dans les compétences numériques à leur endroit se sont multipliées. De nombreux partenaires internationaux et locaux comme la Banque mondiale, l’Agence française de développement (AFD), la Banque africaine de développement (BAD) ou encore la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA), la Fondation Bill et Melinda Gates, Google, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) s’y sont impliqués. De son côté, depuis 2015, Orange a investi dans des maisons digitales dans ses 16 marchés d’Afrique pour former les femmes aux compétences numériques, en plus des programmes dédiés que le groupe soutient déjà. Des pôles de financement ciblés ont également déjà été lancés par divers acteurs, notamment Alitheia Capital, fonds de capital-investissement de 100 millions de dollars, cofondé par Tokunboh Ishmael et Polo Leteka Radebe. Il y a FirstCheck Africa, collectif d'investisseurs et fonds d'investissement dirigés par des femmes et axés sur les femmes, cofondé par Eloho Omame et Emmanuel Bocquet. Il y a aussi WeFundWomen, communauté d'investissement intelligente fondée par Hope Ditlhakanyane pour les start-up en Afrique en les connectant à des capitaux démocratisés. Akazi Capital de Liebe Jeannot, est un fonds d'impact « crowdfunding », qui investit jusqu'à 250 000 $ dans des entreprises en phase de démarrage détenues et dirigées par des femmes en Afrique subsaharienne.                         

Muriel Edjo

Lire aussi : Des bourses de formation au numérique pour les femmes africaines

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Au cours des quatre dernières années, WattNow a rencontré du succès auprès de plusieurs grandes entreprises et de particuliers. A son actif, la participation à de nombreux évènements internationaux et l'intérêt de nouveaux investisseurs.

En Tunisie, la bataille contre le gaspillage d’énergie électrique, à l’origine des factures souvent exorbitantes des ménages et des entreprises, est combattue depuis 2017 par la start-up WattNow. Avec ses solutions IoT (Internet des objets) et numérique, elle permet en effet aux consommateurs de surveiller, d’analyser et d’ajuster en temps réel la consommation de leurs appareils électriques.

Pour y parvenir avec efficacité, les consommateurs tunisiens doivent au préalable installer le compteur intelligent développé Issam Smaali (photo), diplômé de génie électrique et informatique industrielle de l’université libre de Tunis et fondateur de WattNow. Il intègre un système de machine learning pour analyser la consommation. Les données collectées sont envoyées vers le cloud de la start-up où des algorithmes les analysent et les consommateurs peuvent y accéder par Internet via une application mobile ou une interface web dédiée. A travers ces outils numériques, l’utilisateur peut directement donner des ordres au boîtier et réduire la consommation.

Téléchargeables sur App Store et Play Store, puis configurée avec le compteur intelligent, l’application WattNow affiche en temps réel la consommation d’énergie instantanée à la fois dans toute la maison, mais aussi pour chaque appareil qui s’allume ou s’éteint. L’application propose également un historique journalier, hebdomadaire ou mensuel de la consommation d’électricité du domicile ou de l’entreprise. Des alertes sont aussi envoyées aux utilisateurs lorsqu’un appareil reste allumé ou consomme trop d’énergie.

L’ambition de WattNow est de faire baisser les factures d’électricité des Tunisiens jusqu’à 30 %. Très apprécié pour son impact social, le service est déjà adopté par plusieurs ménages et de grandes entreprises comme Orange Tunisie qui l’a installé depuis 2018 sur plusieurs de ses sites télécoms et même dans certains de ses bâtiments administratifs.

La solution — qui a été incubée au Flat6Labs, puis a entamé sa consolidation et son développement grâce au prix de 20 000 $ remporté en 2017 au concours de l'entrepreneuriat « BloomMasters », puis avec les 100 000 $ du Oman Technology Funds — a bénéficié en 2019 de l’encadrement de l’accélérateur Orange Fab Tunisie. L’ingéniosité de WattNow lui a même valu une opportunité de se mettre en lumière au  VivaTech 2019. En 2021, la start-up derrière le service a participé à plusieurs évènements tech, notamment le salon annuel de la technologie GITEX GLOBAL, à Dubaï, et a levé plusieurs milliers de dollars chez plusieurs investisseurs comme le fonds de capital- risque Katapult ou encore Bridging Angels. 

Ruben Tchounyabe

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La transformation digitale dans le secteur pétrolier se présente aujourd’hui comme un gage d’optimisation des opérations pétrolières, de réduction des coûts et de sécurité pour les entreprises.  

Inmarsat, le fournisseur britannique de services de communications mobiles par satellites, et RLTT Digital Oilfields, l’unité de services digitaux de l’opérateur libyen de télécommunications RLTT, ont annoncé qu’ils vont ensemble fournir des solutions digitales aux opérateurs pétroliers en Libye. L’annonce a été faite le 2 février.

Le partenariat va s'appuyer sur les technologies IsatData Pro (IDP) et BGAN d'Inmarsat pour fournir des services de données sécurisés par satellite aux producteurs. Cela permettra une surveillance complète des infrastructures vitales, notamment des têtes de puits sur les sites de forage pétrolier et gazier ainsi que sur les sites de production dans les bassins pétroliers. Avec cette offre, les producteurs pourront anticiper les problèmes liés à la détérioration des actifs clés sur les plateformes, remplacer à temps le matériel défectueux et mieux planifier les travaux de maintenance. Toute chose qui contribuera à optimiser la production sur les sites.

Les partenaires envisagent d’élargir l’offre à la surveillance, la télémétrie, le suivi et la gestion de flottes de véhicules.

Il faut rappeler que les services seront fournis par le réseau de connectivité en bande L ELERA d'Inmarsat, qui bénéficie d'une disponibilité ultra-fiable de 99,9 % et de capteurs robustes de petite taille.

« Inmarsat, à travers son expérience dans la fourniture de connectivité IoT-sur-satellite pour l'industrie, comprend les types de produits et de services que nous voulons offrir au secteur pétrolier et gazier en Libye […] Dans tout le pays, les opérateurs numérisent leurs opérations pour accroître leur efficacité et leur rendement et améliorer la sûreté et la sécurité du personnel sur le site. Notre nouveau partenariat avec Inmarsat place RLTT dans une excellente position pour tirer pleinement parti de cette opportunité de croissance  », a déclaré Taha Ellafi, président de RLTT.

Pour sa part, Mike Carter, président d'Inmarsat, est ravi de la mise en place de ce partenariat, et en explique l’opportunité : « à mesure que l'industrie automatise ses infrastructures et ses processus pour permettre la surveillance à distance et la gestion des actifs, elle réduit la nécessité de se rendre dans des endroits éloignés et potentiellement dangereux. Il en résulte des avantages en matière d'efficacité, de durabilité et de sécurité ».

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Au Malawi, seulement 11% de la population a accès à un réseau électrique fiable, ce qui constitue un obstacle à la productivité, notamment dans les zones rurales. Comme solution, l’entrepreneur Martin Masiya mise sur le solaire avec sa start-up Sollys Energy.

Sollys Energy, entreprise évoluant dans le secteur des énergies alternatives, commercialise des lanternes et des systèmes solaires domestiques avec des conditions de paiement flexibles. Sa clientèle cible, ce sont les populations des zones semi-urbaines et rurales qui n'ont pas accès à une électricité fiable et abordable. Son modèle économique est basé sur un paiement échelonné.

Parmi ses produits, le WOWSolar 60, avec pour caractéristique principale une capacité de mise à niveau évolutive permettant d’utiliser le même contrôleur et les mêmes ampoules pour faire fonctionner de nombreux appareils. Autre produit, les lampes solaires "Pay-As-You-Go’’, qui se différencient des lanternes solaires standards généralement vendues en espèces ou en prêt et qui nécessitent que les agents commerciaux collectent physiquement les paiements des clients.

Martin Masiya, 21 ans, est le fondateur de Sollys Energy. Reconnu comme l'un des jeunes entrepreneurs africains dans le domaine des énergies renouvelables, il a participé à de nombreux événements mondiaux, dont le tout premier Forum des jeunes organisé par l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) à Abu Dhabi, en janvier 2020. Très impliqué dans des organismes étrangers de développement, il fournit des recommandations politiques dans l'énergie à diverses plateformes telles que le groupe UE-Afrique, le Youth Sustainable Energy Hub et le Global Centre for Adaptation.

Dans les zones rurales et semi-urbaines du Malawi, une grande majorité des ménages, des écoles, des entreprises et des établissements de santé n'ont pas accès à une électricité fiable, et la plupart fonctionnent sans électricité du tout. D’après les statistiques nationales, seuls 11% des Malawites ont accès au réseau électrique local. En conséquence, près de 15 millions de personnes perdent leur chance d'avoir un meilleur niveau de vie et des opportunités économiques qui pourraient les sortir de la pauvreté.

Des recherches montrent que le manque d'accès à l'électricité est un énorme obstacle à la productivité. En fournissant des appareils solaires abordables aux ménages à faibles revenus, les communautés seront en mesure de produire davantage et de générer des revenus supplémentaires. La mission de Sollys Energy est de mettre fin à la pauvreté énergétique au Malawi.

A ce jour, Sollys Energy compte une douzaine de points de vente dans le pays. Elle a déjà servi environ 1 000 personnes et a créé 13 emplois. A l’avenir, Martin Masiya ambitionne de faire de sa start-up le plus grand distributeur d'appareils solaires à paiement échelonné d'Afrique australe, couvrant les domaines de l'agriculture, de la santé, de l'éducation et de l'énergie solaire à usage productif.

Aïsha Moyouzame

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