Dans un contexte de transformation numérique du continent, les États se pressent pour rejoindre les premiers rangs. Au-delà de la connectivité, l’employabilité est aussi devenue un enjeu de croissance socioéconomique.
L’île Maurice compte développer l’employabilité dans le domaine des technologies de l’information et de la communication afin d’attirer davantage d’investisseurs. Au cours des deux prochaines années, ce sont 2 000 emplois supplémentaires que le gouvernement vise. Le Premier ministre Pravind Jugnauth (photo) l’a déclaré le jeudi 7 juillet, lors de la célébration des 20 ans de présence de la société française Accenture à Maurice.
« Actuellement nous travaillons pour ramener d’autres géants de la technologie à Maurice. Si l'on se base sur le pipeline des projets facilités par l’Economic Development Board, il y aura, si tout va bien, dans les deux prochaines années, 2 000 emplois qui seront créés dans le domaine des TIC. Sont concernés les métiers de programmation, traitement des réclamations, support client, cybersécurité et analyse de données », a déclaré le chef du gouvernement mauricien.
Selon Pravind Jugnauth, le secteur des TIC affiche 6,5 % de croissance et est le seul secteur qui n’a pas été impacté par la crise sanitaire mondiale. Il a révélé que près de 30 000 personnes, réparties dans 900 entreprises, y travaillent déjà. Entre 2020 et 2021, plus de 3 000 nouveaux emplois ont vu le jour dans les TIC.
Pour renforcer l’employabilité dans le secteur des TIC, Maurice envisage surtout d’accélérer le développement de compétences au sein de la population mauricienne, notamment à travers la mise sur pied de plusieurs autres projets y relatifs, dont la création d’une Digital Industry’s Academy portée par la Landscope Mauritius. Le chef de gouvernement prévoit d’ailleurs à cet effet la formation de 1 000 personnes en intelligence artificielle, cybersécurité et cloud computing dès juillet 2022.
Samira Njoya
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L'identification des individus est un réel problème à l’échelle du continent. Selon les estimations de 2018 de la Banque mondiale, 45% des personnes vivant en Afrique subsaharienne ne sont pas en mesure de prouver leur identité ; il s'agit d'environ 500 millions de personnes.
Les mairies du département de Dakar sont désormais connectées aux espaces Sénégal Services. Sénégal Numérique SA a signé, le jeudi 7 juillet 2022, une convention de partenariat avec les maires des 19 communes du département de Dakar.
Sénégal Numérique à travers cette signature veut faciliter l’accès des documents administratifs aux citoyens. « Ce partenariat va permettre à ce que les services des actes de l’état civil qui sont délivrés dans les mairies de Dakar puissent être disponibles dans le réseau des espaces Sénégal Services et dans le portail du guichet unique de l’État, ceci pour faciliter l’accès facile à tous ceux qui se trouve sur le territoire national sans avoir besoin de se déplacer », a déclaré Cheikh Bakhoum (photo, à gauche), directeur général de Sénégal Numérique.
La digitalisation des services d’état civil au Sénégal ne concerne pas uniquement la ville de Dakar. L’État du Sénégal avec l’appui de l’Union européenne a lancé récemment le programme Nekkal, qui consiste à interconnecter les centres d’état civil et permettre la numérisation des registres.
« Nous avons commencé le processus de numérisation et allons numériser 15 millions d’actes, indexer 30 millions d’actes et construire 34 centres dans les 14 régions, former 3 000 officiers et managers d’état civil, mais aussi et surtout former 600 archivistes, car nous avons constaté que la question d’archivage n’est pas prise en compte dans la gestion des faits d’état civil », a déclaré Aliou Ousmane Sall, le directeur de l'état civil.
La digitalisation des services d’état civil va permettre une meilleure traçabilité des naissances et une fiabilité des données. Jusqu’ici, seuls 62 % des enfants âgés de 0 à 5 ans sont enregistrés à la naissance au Sénégal. Pour ceux qui sont enregistrés, plusieurs problèmes sont évoqués comme la multiplication du numéro d’extrait, la perte des identifications due à la détérioration des fichiers.
Samira Njoya
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L’une des réformes importantes mises en oeuvre par les États africains cette dernière décennie est la biométrisation des documents d’identités. Ce nouveau système permet la vérification de l'identité d'un individu en utilisant des caractéristiques physiques.
Le gouvernement béninois va mettre fin à l’établissement des cartes d’identité nationales non biométriques. C’est l’une des décisions prises au cours du Conseil des ministres tenu le mercredi 6 juillet 2022 à Cotonou. La nouvelle carte sera établie par l’Agence nationale d’identification des personnes (ANIP) selon les modalités définies par le décret n° 2020-396 du 29 juillet 2020.
Mettant en application ledit décret, « l’Agence nationale d’Identification des personnes s’est, depuis lors, évertuée à prendre les dispositions appropriées pour assurer avec efficacité et diligence, le service de l’identité nationale. De fait, le délai de traitement des demandes a été réduit à une semaine », a précisé le communiqué du Conseil des ministres.
En se basant sur les résultats satisfaisants de l’Agence nationale d’Identification des personnes, le gouvernement a décidé « de mettre définitivement un terme à l’établissement des cartes d’identité non biométriques, lesquelles ne sont, du reste, plus conformes aux standards internationaux ».
La carte nationale d’identité biométrique à la différence de la simple carte nationale est plus petite avec le format d'une carte Visa. Elle comporte une puce présentée comme infalsifiable, des données biométriques comme des empreintes digitales dont la prise sera obligatoire. Elle comporte également un code à scanner pour lire une signature numérisée et un dispositif holographique qui protège la photo, empêche sa falsification et permet de l'authentifier.
Il convient de signaler que cette décision de biométrisation de la carte n’est pas la seule prise lors du Conseil des ministres. Le gouvernement béninois a également décidé d’installer entre autres un nouveau système intégré qui permettra la gestion des opérations douanières et de maintenance évolutive du Guichet unique de commerce extérieur appelé Customs Webb.
Samira Njoya
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Dans le but d’améliorer les performances des étudiants guinéens, les autorités ont décidé de se lancer sur la piste de la technologie. Elles se sont mises d’accord avec des partenaires stratégiques.
Le ministère guinéen de l’Enseignement supérieur a signé le lundi 27 juin un protocole d’accord avec la fondation Orange Guinée dans le cadre de la numérisation de son écosystème d’apprentissage. Le projet portera entre autres sur les bibliothèques numériques, la connectivité et l’université virtuelle.
« Le numérique est au centre de notre plan d’action à travers la lettre de mission reçue du Premier ministre, mais aussi par la concrétisation de cela par la feuille de route du ministère. En effet, il devient impératif que nous nous engagions à construire l’avenir du système éducatif guinéen à travers l’usage des technologies », a affirmé Thierno Hamidou Bah (photo, à gauche), chef de cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Diaka Sidibé.
D’après le classement des pays africains selon le niveau de numérisation des services publics, la Guinée occupait le 181e rang mondial en 2018, contre le 183e en 2020. Elle a donc perdu deux places à cause de la covid-19 et compte relancer sa transformation numérique à travers des projets comme celui-ci. Elle peut compter sur Orange, un acteur actif sur le continent africain dans la transformation numérique.
Amina Abou Khalil Nyame (photo, à droite), administratrice générale de la fondation Orange Guinée, explique qu'avec le « constat indéniable, indiscutable de la place du numérique, la fondation orange Guinée a très rapidement décidé de faire du numérique un véritable levier de développement humain ». Elle indique également que la volonté de sa fondation est de rendre accessible le numérique à toutes les couches de la population.
Adoni Conrad Quenum
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Depuis le début de l’année, la RDC accélère la modernisation de son administration. L’introduction des TIC dans les paiements des services publics accompagne la transformation des différentes administrations de l’État.
La ministre d’État en charge du Portefeuille a présenté, lors du Conseil des ministres du vendredi 24 juin, le projet de numérisation des entreprises du portefeuille de la République démocratique du Congo (RDC). Adèle Kayinda a soutenu que ce projet qui concerne 29 entreprises a pour objectif d’assurer la traçabilité de leurs opérations et d’instaurer une gestion transparente.
Ce projet de numérisation sera réalisé via un financement privé déjà négocié. Le ministre du Numérique Désiré Cashmir Eberande Kolongele, qui participera à cette opération, a indiqué qu’il est prévu entre autres l’acquisition de la plateforme des services mutualisés, la formation des équipes techniques locales, le renforcement des capacités des employés des entreprises.
« Ce processus de numérisation des entreprises du portefeuille permettra non seulement d’améliorer la gouvernance et la performance en vue d’une rentabilité économique nationale transparente, mais aussi de transformer les supports papier en supports numériques pour réduire la masse des documents physiques », a estimé le gouvernement qui est favorable à cette transformation.
C’est lors du Conseil des ministres du 18 mars 2022 que le chef de l’État, Félix Tshisekedi, avait émis la directive relative à la numérisation des entreprises du portefeuille de l’État. Soulignant l’importance de la numérisation, il avait chargé la ministre du Portefeuille de s’assurer que toutes les entreprises concernées puissent produire et mettre en œuvre, à court terme, des feuilles de route adaptées pour répondre à cet impératif.
Le projet de numérisation des entreprises du portefeuille de l’État rejoint le programme de modernisation de l’administration publique présenté en 2019 par le gouvernement à travers le Plan national numérique horizon 2025.
Ruben Tchounyabe
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A travers l’Afrique, la Covid-19 a nui à la croissance économique de plusieurs pays. Les plus touchés ont été les moins bien préparés à la dématérialisation. Une faiblesse qui doit être corrigée au regard des risques politiques, climatiques, économiques… qui se multiplient.
La Banque mondiale a recommandé au gouvernement burkinabè le développement des services numériques pour accroître la résilience du pays aux crises. L’institution financière mondiale, dans son rapport intitulé « Résilience en période d’incertitude : promouvoir les services numériques », soutient qu’investir dans les services dématérialisés, les solutions électroniques et l'Internet aura un impact bénéfique pour l’économie nationale.
Dans le secteur public, le développement des services numériques à travers l’administration électronique contribuera à préserver la continuité du service et à assurer son efficacité, notamment dans le segment fiscal. Dans son dernier rapport sur le développement de l’e-gouvernement (EGDI), l’Union internationale des télécommunications (UIT) révèle que le niveau de préparation du Burkina Faso est cependant encore en dessous de la moyenne d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique subsaharienne.
Dans ses comptes nationaux 2021, l’Institut national de la statistique et de la démographie du Burkina Faso révèle que le PIB annuel de 6,9 % enregistré par le pays, après 1,9 % en 2020, a été possible grâce aux administrations publiques (+8,3 %) qui ont pu renouer avec leurs activités mises en berne par la Covid-19.
Dans le secteur privé, la Banque mondiale estime que les services numériques ont le pouvoir de renforcer la résilience économique du pays, et de créer de nouvelles opportunités de croissance par des gains de productivité, d’inclusion. Dans le secteur agricole qui joue un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire, l’introduction de services numériques dédiés à la météo, aux pratiques agricoles, aux cultures, aux marchés, etc., est de nature à améliorer le rendement des exploitants. Le commerce, la finance sont également visés.
Mais pour parvenir à faire des services numériques un moteur de développement économique et social, le gouvernement burkinabè doit aussi investir dans l’accès à Internet. Le taux de pénétration d’Internet dans le pays s’élevait à 27,3 % en janvier 2022. Soit 5,95 millions de personnes sur une population de 21,80 millions d’habitants.
Muriel Edjo
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Le développement du e-commerce s’accélère dans plusieurs pays d’Afrique depuis 2020. Les commodités qu’offre ce moyen d’achat et les facilités mises en place par diverses nations pour le soutenir ont suscité l'engouement des consommateurs, mais aussi la multiplication d’actions frauduleuses.
Les achats en ligne seront désormais taxés au Maroc. La mesure entre en vigueur le 1er juillet 2022. Les marchandises reçues avant cette date ne sont pas concernées. La décision a été prise lors du Conseil de gouvernement qui s’est tenu le jeudi 16 juin. Elle est matérialisée par le décret n° 2-22-438 qui stipule que toutes les transactions réalisées via des plateformes électroniques seront désormais soumises aux droits de douane à l’importation, quelle que soit leur valeur.
Le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a indiqué en conférence de presse que « ce projet vise à renforcer le contrôle douanier des colis de l’étranger lorsqu’ils concernent des transactions effectuées en ligne ».
Ce nouveau décret vient modifier l’article 190-E (du décret n°2-77-862) qui exonérait des droits de douane à l’importation certains produits et objets introduits ou reçus, à savoir les produits et objets d’une valeur maximale de 2 000 dirhams (198,65 $) introduits par les personnes ayant leur résidence habituelle au Maroc ; et les produits et objets, à l’exclusion des boissons alcoolisées et tabacs, d'une valeur maximale 1 250 dirhams, envoyés aux personnes physiques ou morales résidentes au Maroc.
Mais avec le développement du secteur de l’e-commerce, le gouvernement a constaté au fil des mois la multiplication des pratiques frauduleuses consistant à fractionner les envois entre plusieurs bénéficiaires pour un produit destiné à la même personne. Ainsi, les destinataires contournaient le paiement des droits douaniers sur les produits importés d'une valeur supérieure aux limites indiquées par l’ancienne réglementation.
Les nouvelles dispositions adoptées visent à lutter contre ces pratiques qui, selon le ministre, portent préjudice au commerce local, et à l’industrie marocaine en général, et privent l’État d’importantes ressources, d’autant plus qu’un milliard de dirhams d’achats ont échappé aux droits de douane en 2021. Un montant qui pourrait atteindre 2 milliards en 2022, selon les estimations du ministre.
Ruben Tchounyabe
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Dans un souci de cohérence dans la conduite du chantier de transformation numérique du Bénin qui inclut plusieurs volets, le gouvernement a opté pour la mutualisation des efforts. Ce choix rationalise l’utilisation des ressources humaines et financières de l’État.
Lors du Conseil des ministres du mercredi 1er juin, le gouvernement de la République du Bénin a adopté le décret portant création de l’Agence des systèmes d’information et du numérique (ASIN). La nouvelle structure est le fruit de la fusion de l’Agence du développement du numérique (ADN) ; l’Agence des services et systèmes d’information (ASSI), l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) ; l’Agence béninoise du service universel des communications électroniques et de la poste (ABSUCEP).
D'après le gouvernement, la fusion adoptée par le Conseil des ministres répond à des « besoins d’optimisation, en lien avec l’opérationnalisation de la Société béninoise d’infrastructures numériques (SBIN) », pour plus de rationalité, d’efficacité et de cohérence de l’action publique.
La nouvelle agence créée poursuivra les tâches menées par ces prédécesseurs depuis 2016, à savoir la mise en œuvre des projets du secteur du numérique relatifs au déploiement du haut et du très haut débit ; la dématérialisation, la sécurité des systèmes d’information et des réseaux ; le service universel et l’extension des réseaux dans les zones rurales, ainsi que le développement des usages communautaires.
Placée sous la double tutelle du ministère du Numérique et de la Digitalisation, et du ministère de l’Économie et des Finances, l’ASIN sera dirigée par André Loko (photo) alors que le ministre de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni, occupera la poste de président du conseil d’administration.
Ruben Tchounyabe
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Dans de nombreux pays africains, l’insertion professionnelle de la population à l’ère du numérique est devenue une préoccupation majeure. Au niveau national et international, les réflexions se multiplient sur les stratégies les mieux adaptées pour aborder cette question.
La République de Tunisie recevra au cours des quatre prochaines années de l’aide internationale pour la création d’emplois basés sur les technologies de l’information et de la communication pour jeunes et les femmes. Le projet « IPTIC », financé par l’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA) et mis en œuvre par le Bureau de l’Organisation internationale du travail (OIT) pour l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, a officiellement été lancé à cet effet le lundi 30 mai, à Gammarth, par le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle.
Le projet « IPTIC » s’articule autour de trois axes : améliorer les capacités des agences dédiées de l’État dans la mise en œuvre efficace de la stratégie nationale de l’emploi, concevoir et réaliser des diagnostics régionaux sur l’emploi dans les TIC, développer les chaînes de valeur dans le secteur des TIC. Les deux premiers axes porteront sur les gouvernorats de Tunis, Sousse, Sfax, Manouba, Kairouan, Zaghouan, Sidi Bouzid, Jendouba, Kasserine et Gabès. Le dernier sur ceux de Tunis, Sousse et Sfax.
Le lancement du projet est l’aboutissement de la convention d’implémentation signée en décembre 2021 par Rania Bikhazi, directrice du Bureau de l’OIT pour l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, et Kim Hanvit, le directeur pays par intérim de la KOICA en Tunisie.
C’est la continuité du projet EDJEF « des emplois décents pour les jeunes et les femmes » mené de 2018 à 2020 et dont l’objectif était de favoriser l’employabilité des jeunes et des femmes dans les gouvernorats de Kairouan, Zaghouan, Tunis et Manouba, dans le cadre d’un dialogue social tripartite.
Nasreddine Nsibi, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, a déclaré que dans un souci d’adéquation des formations avec les besoins des entreprises dans un contexte de numérisation rapide, son département réfléchit à une réforme de la formation professionnelle.
Muriel Edjo
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Depuis plusieurs années, la protection de la propriété intellectuelle en Afrique s’est retrouvée au cœur des débats. Malgré la présence d'organisations dédiées, la contrefaçon est légion sur le continent. Le Nigeria a décidé de se tourner vers la technologie pour offrir une solution à ses créateurs.
Le gouvernement nigérian a signé un accord exclusif de 3 ans avec Developing Africa Group (DAG), une organisation de commercialisation des droits de propriété intellectuelle (DPI) basée au Royaume-Uni, apprend-on d’un communiqué paru le lundi 23 mai. L’objectif est de lancer un portail national qui permettra la commercialisation internationale de toutes les formes de propriété intellectuelle créées et enregistrées dans le pays.
La plateforme sera basée sur la blockchain d’Algorand, une infrastructure blockchain publique et open source, et le système de paiement intégré sera mis en place par Koibanx, une société spécialisée dans la fourniture de plateformes et de produits financiers basés sur la blockchain.
Ben Oguntala (photo), président-directeur général de DAG, justifie le choix d’Algorand en expliquant que « son protocole fournit non seulement les performances, l'évolutivité, la sécurité et les fonctionnalités requises pour mettre en œuvre un projet d'une telle envergure, mais qu'il est également respectueux de l'environnement, ce qui est important pour le gouvernement et correspond parfaitement à la philosophie de l'économie des créateurs que nous ciblons ici ».
Bien que le Nigeria ne figure pas parmi les pays de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (l’OAPI), un regroupement de 17 pays d’Afrique de l’Ouest et centrale dont le siège est à Yaoundé (Cameroun), le pays ne ménage pas ses efforts dans le secteur. Selon des études menées par l'Union européenne, les petites et moyennes entreprises possédant des droits de propriété intellectuelle génèrent jusqu'à 68 % de revenus plus que celles qui n'en possèdent pas.
Les Nigérians pourront profiter de la plateforme dès cette année, puisqu’elle devrait être lancée avant janvier 2023. Les marques, les brevets et toutes les formes de droits d'auteur tels que les chansons, les paroles, les vidéos, les émissions, les conférences, les podcasts et toutes les formes de contenu diffusable pourront être échangés et vendus contre redevances sur le portail.
Adoni Conrad Quenum
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Lors du sommet sur la cybersécurité de Lomé, en mars dernier, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) a encore appelé les nations africaines à collaborer pour protéger leur cyberspace. Une action indispensable pour barrer la route à toute forme d’exploitation numérique.
L’Assemblée Nationale de la République du Niger a entériné une série de projets de lois de ratification lundi 23 mai. Réunis en séance plénière, les députés ont donné leur accord pour la ratification entre autres de la Convention de l'Union Africaine sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel adoptée le 27 Juin 2014 à Malabo (Guinée Equatoriale).
L’accord des députés intervient après celui du gouvernement, intervenu en conseil des ministres le 13 janvier dernier. Dans le document qui dresse la liste des pays ayant déjà ratifié la convention, la Commission de l’Union Africaine considère d'aileurs la convention ratifiée par le Niger depuis février dernier. L’acte de l’Assemblée Nationale mène la procédure législative à son terme. Au total, 13 pays ont déjà ratifié la convention. Il ne manque plus que deux pour atteindre le quota requis à son entrée en vigueur sur le continent.
Selon Youssouf Mohamed Elmouctar (photo), le commissaire du gouvernement, par ailleurs ministre délégué auprès du ministre d’État chargé des Affaires étrangères et de la Coopération, la ratification de la convention de l’Union africaine permettra au Niger de définir ses objectifs et grandes orientations en matière de société de l'information. Elle lui permettra aussi de renforcer sa législation en matière de technologie de l'information et de la communication (TIC) en cohérence avec la vision continentale.
Depuis la Covid-19, de nombreux pays ont accéléré leur transformation numérique à travers l’amélioration de la connectivité. Plusieurs ont également fait de la sécurité de leurs systèmes d’information et des données à caractère personnel une priorité, conscients de la crédibilité qu’acquièrent un réseau imperméable aux intrusions et un marché qui protège les informations des consommateurs de toute exploitation abusive. Les rencontres internationales sur ces deux questions se multiplient d’ailleurs depuis janvier 2022 sur le continent.
Au Niger, la ratification de la convention de l’Union africaine cadre avec la volonté du gouvernement de faire du numérique un vecteur de croissance et de développement national. La protection des systèmes d’information et des données personnelles revêt des enjeux de sécurité nationale, de développement économique et social.
Muriel Edjo
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Plusieurs administrations africaines se sont heurtées à des difficultés pour assurer le service public lorsque la Covid-19 a frappé en 2020. Depuis lors, certaines multiplient les initiatives pour se moderniser afin d’éviter pareil scénario en cas de nouvelle crise d’envergure mondiale.
La République du Congo a obtenu 15 millions € de l’Union européenne pour accélérer la transformation numérique. Une convention de partenariat a été signée à cet effet, jeudi 19 mai, entre Rigobert Roger Andely (photo, à droite), le ministre congolais des Finances, du Budget et du Portefeuille public, et Giacomo Durazzo (photo, à gauche), l’ambassadeur de l’Union européenne au Congo.
Le financement est un don qui soutiendra la numérisation de l’administration publique à travers l’amélioration de l’infrastructure, l’assistance technique et la gouvernance du secteur numérique. La numérisation de l’administration contribuera à un service public de meilleure qualité pour les populations, soutiendra l’efficacité de l’administration publique en réduisant les lenteurs et les risques de corruption, améliorera la gouvernance publique. À terme, les Congolais pourront directement accéder en ligne à diverses prestations offertes par les ministères et les entreprises publiques.
Les 15 millions € de l’Union européenne sont un don qui s’inscrit dans le cadre de la priorité 1 du Programme indicatif pluriannuel (PIP), conclu en décembre 2021 entre les deux parties. Ce nouveau projet est l’une des premières actions effectives financées par l’Union européenne au titre de l’Instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale (IVCDCI-Europe dans le monde) qui succède au Fonds européen de développement (FED).
La transformation numérique que le Congo accélère est le socle de sa stratégie nationale de développement de l’économie numérique « Congo Digital 2025 », officiellement lancée en août 2019. Sa mise en œuvre est une nécessité au regard des enjeux de développement qu’elle revêt pour le pays.
Muriel Edjo
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La modernisation de l’administration publique est l’un des points essentiels du plan de développement national de l’Égypte à l’horizon 2030. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement a fait du numérique un atout indispensable à l’efficacité des agents, mais surtout à la bonne gouvernance financière.
Le ministère des Finances a annoncé, mardi 10 mai, l'accélération du processus de mise en œuvre de la gestion automatisée des salaires et des cotisations du personnel de l’État égyptien. Cela se traduira par la numérisation généralisée de la paie au sein des unités de la structure administrative de l’État, des services publics et des autorités économiques, ainsi que dans l’administration locale. Mohamed Maait (photo), le ministre, a estimé que l’opération devrait s’achever d’ici fin 2022.
Selon Mohamed Maait, la gestion numérique offre plus de garanties pour l’exactitude du calcul des droits des agents de l’État et permet d’avoir une base de données précises susceptible de contribuer à la recherche sur l’amélioration des revenus. Mohamed Abdel Fattah, ministre adjoint des Finances, a indiqué que le système numérique de paie a déjà été expérimenté avec succès dans 283 administrations dont sont 64 transférées dans la nouvelle capitale administrative ; 205 administrations locales et 14 autres entités.
La gestion numérique de la paie des agents de l’État cadre avec les directives du président de la République, Abdel Fattah Al-Sissi, sur le recours aux technologies de l’information et de la communication pour la bonne gouvernance et le développement. Des Directives conformes à la vision nationale de développement Égypte 2030 qui accorde une grande importance à l’efficacité de l’administration publique.
1 189 agents publics ont déjà été formés à l’usage des nouveaux systèmes de gestion numérique de la paie. Le ministère des Finances, qui continue à offrir son assistance technique et une réponse à toute demande de renseignement, prépare, en collaboration avec la société publique de paiement e-finance, une campagne d’information et de sensibilisation sur la gestion numérique de la paie des agents de l’État.
Ruben Tchounyabe
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Depuis 1996, les autorités algériennes multiplient les actions pour préserver leur patrimoine culturel des actes de vandalisme, de vol, de recel, de contrebande…
Soraya Mouloudji, ministre algérienne de la Culture et des Arts, a lancé le lundi 9 mai la plateforme Turathi.dz, réalisée en collaboration avec l'ambassade des États-Unis. L’objectif est de lutter contre la contrebande et le trafic illicite des biens culturels. Cette plateforme sera la nouvelle arme des policiers, des gendarmes et des douaniers algériens pour mieux protéger les biens culturels du pays.
Selon Soraya Mouloudji, la plateforme qui se présente sous la forme d’un guide photo numérique « est constituée d'une base de données numériques sur les différents biens culturels les plus exposés au vol, à la contrebande et à la commercialisation illicite ». Les objets de la période préhistorique, les sculptures et statues, les manuscrits ou encore les arts funéraires sont autant de biens répertoriés dans la base de données de Turathi.dz.
Malgré les mesures prises pour la protection des biens culturels depuis 1996, plus 35752 biens volés ont été signalés aux autorités algériennes. Le ministère de la Culture a multiplié les actions dans ce sens ce qui a débouché à l’élaboration d’un programme d'action conjoint visant à lutter contre tous les types de préjudices à l'égard du patrimoine culturel. Un protocole d’accord a été signé en 2019 par l'Algérie et les États-Unis d'Amérique, portant sur la limitation de l'exportation d'objets archéologiques vers le pays de l’Oncle Sam et l'arrêt de la spoliation et du trafic de ces objets conformément à la convention de l'UNESCO de 1970.
En plus d’être une arme pour protéger le patrimoine culturel algérien, Turathi.dz peut être également utilisé à des fins éducatives puisqu’elle contient un inventaire et des descriptifs de nombreux biens culturels du pays. Les élèves, les étudiants et même les chercheurs peuvent utiliser cette base de données à des fins académiques.
Adoni Conrad Quenum
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