En Afrique, l'absence de centralisation des données des patients pose des défis majeurs pour la santé publique. Pour y remédier, de nombreux pays optent pour la numérisation, améliorant ainsi la coordination des soins, réduisant les erreurs médicales et renforçant les systèmes de santé.
La ministre sénégalaise de la Santé et de l’Action sociale, Marie Khémesse Ngom Ndiaye (photo), a procédé au lancement officiel du dossier patient unique, le jeudi 14 mars, à l'hôpital Abass Ndao à Dakar. La nouvelle plateforme numérique vise l’élimination du papier dans les hôpitaux et l'optimisation de la coordination entre les médecins et les structures de santé.
Une étape pilote est en cours dans six hôpitaux avant une implémentation à l'échelle nationale. Zéro papier et une meilleure coordination entre les professionnels de santé sont les objectifs visés. #SantéDigitale #DossierPatientUnique #Sénégal pic.twitter.com/hSSRAwJAuH
— Ministère de la Santé et de l'Action Sociale (@santegouv_sn) March 14, 2024
« Ce projet promet des avantages majeurs tels que la centralisation des données médicales, la sécurité des informations personnelles, la réduction des délais d'attente, la facilitation des rendez-vous via SMS, et l'amélioration des statistiques de santé », a déclaré le ministère dans un communiqué.
La phase pilote du projet est lancée dans six hôpitaux du pays (Abass NDAO, Hôpital Idrissa POUYE de Grand Yoff, les hôpitaux de Matam, Kaolack, Kaffrine et Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba) et s’étendra sur l'ensemble du territoire national.
L’initiative s’inscrit dans le cadre du Programme national de digitalisation du système de santé (PDSS) au Sénégal. Le programme, soutenu à hauteur de 30 milliards FCFA (49,8 millions USD) par la Banque mondiale, prévoit également d’équiper, de connecter et d’interconnecter les établissements hospitaliers du pays.
Une fois mise en place, l’initiative permettra au Sénégal d'être aux standards internationaux dans la gestion de l’information médicale. Grâce à la numérisation des informations, tous les médecins seront informés des antécédents médicaux du patient, des résultats d'examens, des prescriptions médicales, des allergies, des vaccinations, des consultations et hospitalisations antérieures, ainsi que de toute autre information médicale pertinente.
Samira Njoya
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MDaaS Global, une start-up nigériane opérant dans l’e-santé, a annoncé le mercredi 6 mars la réussite d’un tour de table d’un montant de 3 millions $. Les fonds permettront à la jeune pousse de développer sa technologie et d’étendre BeaconHealth Diagnostics, son réseau de soins de santé, aux 36 Etats du Nigeria.
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La santé sexuelle et reproductive est toujours un sujet tabou dans les sociétés africaines. Pour aider un tant soit peu les femmes, une doctorante en médecine a décidé, avec son équipe, de mettre en place une solution sur mesure pour les femmes.
« Elles » est une solution numérique développée par un groupe de jeunes béninois dirigée par Viviane Oké (photo), une médecin béninoise en fin de formation à la faculté des sciences de la santé de Cotonou. Elle permet aux femmes d’accéder via une application mobile aux informations et aux services de santé sexuelle et reproductive. La première version test de l’application a été mise en ligne en novembre 2022 et le lancement officiel est prévu pour le 30 mars.
« Nous travaillons à contribuer à la réduction des inégalités du genre en matière de santé, favoriser l'autonomie et l'épanouissement des femmes, faire des hommes des alliés de la santé des femmes et renforcer la recherche sur la santé et le bien-être féminin », a indiqué Viviane Oké à We Are Tech Africa.
L’application est, pour l’instant, uniquement accessible sur Android (la version iOS est en cours de développement). L’utilisatrice, après téléchargement, devra cliquer sur « je n'ai pas de compte » et suivre les instructions pour s’inscrire sur la plateforme. Après cette étape, elle pourra accéder aux divers services proposés par Elles tels que le suivi du cycle menstruel ; l’accès à diverses informations sur les méthodes contraceptives, la planification familiale, les maladies et les infections sexuellement transmissibles ou encore l’envoi d’alertes de notification pour l’autopalpation mammaire pour prévenir le cancer du sein.
L’utilisation de l’application est gratuite mais, selon Viviane Oké, des services payants feront bientôt leur apparition sur la plateforme mobile. Entre autres, elle a évoqué la possibilité pour les utilisatrices de discuter avec des professionnels de la santé comme probablement l'un des premiers services payants d’Elles.
Depuis sa mise en ligne en 2022, la version Android de l’application mobile a déjà été téléchargée plus d’un millier de fois. La jeune pousse revendique plus de 2 000 utilisateurs dans plus d’une vingtaine de pays africains avec une prédominance des sous-régions d’Afrique centrale et de l’Ouest.
Adoni Conrad Quenum
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Ilara Health, une start-up kényane opérant dans les technologies de la santé, a annoncé le mardi 13 février la réussite d’un tour de table d’un montant de 4,2 millions $. Les fonds seront utilisés pour, entre autres, développer sa technologie et s’étendre sur de nouveaux marchés dans la sous-région est-africaine.
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Dans le but d’aider les populations à accéder facilement aux soins de santé, un tech entrepreneur a mis en place une solution qui permet d’accéder aux soins de santé à la demande.
Afya Care est une solution d’e-santé développée par une jeune pousse sénégalaise. Elle permet aux utilisateurs d’accéder aux soins de santé dans les hôpitaux et les centres de santé, ainsi qu'aux médicaments dans les pharmacies en payant depuis un portefeuille numérique. La start-up, précédemment connue sous le nom de Yenni, a été fondée en 2014 par Boubacar Sagna.
La plateforme dispose d’une application mobile accessible sur iOS et sur Android. L’utilisateur, après téléchargement, peut se créer un compte avec ses informations personnelles puis accéder aux divers services proposés sur la plateforme. Entre autres, il est possible de payer les consultations, les médicaments ou une assurance santé... La healthtech dispose d’un réseau de professionnels dans chaque secteur qui permet à ses utilisateurs d’accéder plus ou moins aisément aux services qu’elle offre.
Le portefeuille numérique d’Afya Care se recharge par mobile money (Orange money et Wave). Les fonds, une fois sur le compte Afya Care, ne peuvent être utilisés que pour les services que proposent la start-up, comme payer ses soins, ceux d’un tiers ou participer aux campagnes de crowdfunding pour aider des tiers. La jeune pousse revendique plus d’un millier de médecins et de pharmaciens dans son réseau de professionnels de la santé.
« Grâce à Afya Care, vous pouvez faire don de crédits santé à des tiers. Vous vous assurez ainsi, d'une part, que la personne qui reçoit ne peut utiliser les crédits santé que pour acheter des médicaments ou se soigner et, d'autre part, que les soins reçus proviennent d'un réseau certifié, afin d'éviter toute possibilité d'utilisation de médicaments contrefaits », indique la healthtech.
Boubacar Sagna rêve d’étendre sa start-up sur d’autres marchés de la sous-région ouest-africaine. La Guinée, le Mali ou encore la Côte d’Ivoire sont des destinations évoquées par le startuper. Depuis son lancement, la version Android de l’application mobile a été téléchargée plus d’une centaine de fois, d’après les données de Play Store.
Adoni Conrad Quenum
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Dans le but d’aider les populations de leur pays à disposer d’un carnet de santé numérique, trois jeunes togolais ont mis en place une application sur mesure.
KondjiGbalē est une solution healthtech développée par une jeune pousse togolaise. Elle permet aux utilisateurs de se mettre en relation avec les professionnels de la santé via ses plateformes web et mobile. La start-up, basée à Lomé, a été fondée en 2018 par trois jeunes togolais. Yvon Koudam, l’un des fondateurs, en est le président-directeur général.
« C’est d’abord un carnet de santé numérique, une sorte de passeport de santé. C'est ensuite une plateforme qui doit permettre au patient de bien gérer ses antécédents médicaux. Au médecin, il facilite le diagnostic et rend plus facile et rapide tout ce qui entre dans le processus de traitement d'un patient. La plateforme dispose de 4 canaux à savoir un site web, une application mobile, un centre d'appel en langues locales et un menu USSD. Les deux derniers sont destinés aux zones qui ne sont pas connectées ou sous couverture Internet », a indiqué Yvon Koudam.
L’application mobile est accessible uniquement sur Android. L’utilisateur, après téléchargement, devra s’inscrire en fournissant ses informations personnelles. Après cette étape, il pourra accéder aux divers services de la healthtech tels que le dossier médical partagé dans lequel on retrouve toutes les informations se rapportant à la santé de l’utilisateur ; la téléconsultation qui permet de prendre des rendez-vous en ligne et de faire une consultation avec des médecins en cas de problèmes de santé ; la commande et la livraison de médicaments en ligne ; les alertes pour la prise des médicaments et la pharmacie de garde. Cette dernière permet de géolocaliser et de prendre contact avec les pharmacies de garde les plus proches de la situation géographique de l’utilisateur.
La healthtech a reçu plusieurs récompenses depuis son lancement. En 2019, KondjiGbalē décroche les premiers prix au Pitch Your Startup Idea du Fenes et au Togo Innovation Challenge. L’application mobile a déjà été téléchargée plus d’un millier de fois, d’après les données de Play Store.
Adoni Conrad Quenum
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Le Sénégal s'investit pleinement dans la numérisation intégrale de son système de santé. Dans l'optique d'atteindre ses objectifs rapidement, le gouvernement multiplie des initiatives avec tous les acteurs du secteur.
Sénégal Numérique SA (Senum SA), une société chargée de la gestion des infrastructures numériques de l’Etat, et le ministère de la Santé et de l’Action sociale ont signé, le mardi 30 janvier à Dakar, une convention de partenariat. Cette entente stratégique vise à accélérer la transformation numérique du secteur de la santé au Sénégal.
🌐✨ Nous sommes ravis d'annoncer la signature d'une convention de partenariat de trois ans avec le Ministère de la Santé et de l'Action Sociale du Sénégal! Cheikh BAKHOUM, DG de Sénégal Numérique SA, et le Dr Marie Khemesse Ngom Ndiaye, à la tête du MSAS, ont scellé cette… pic.twitter.com/Yfoz4K27Iq
— Sénégal Numérique S.A. (Ex-ADIE) (@SN_Numerique) January 31, 2024
« Dans cette convention, nous avons repris les activités, avec notamment l’hébergement des données de santé, parce que jusqu’ici, une partie de ces données étaient hébergées à l’étranger, elles vont désormais être hébergées au Sénégal notamment dans les centres nationaux de ressources », a déclaré Cheikh Bakhoum (photo, à gauche) le DG de Senum SA.
Dans le cadre de cette coopération qui durera 3 ans, Senum SA soutiendra la mise en œuvre de tous les projets numériques du secteur, l'hébergement des données dans le data center national, l'amélioration de la connectivité des structures de santé, entre autres. Il s’agira également d’augmenter les capacités d’hébergement et les bandes passantes pour les dossiers relevant de la santé numérique, notamment le dossier patient partagé (Dpp), la télémédecine, le système d’information hospitalière, le système géographique de santé, la numérisation du médicament, la numérisation des processus de la santé communautaire et la gouvernance électronique de la santé.
La signature de cette convention de partenariat s'inscrit dans le cadre du programme de digitalisation du système de santé (PDSS) 2023-2027, une initiative nationale lancée par le gouvernement. Ce programme bénéficie d'un soutien financier substantiel de la Banque mondiale, avec une contribution de 50 millions de dollars. Cette collaboration intervient à un moment où le pays intensifie la construction de centres de données dédiés au stockage et à l'hébergement des informations nationales. Le dernier ajout à cette infrastructure est un data center de type tier 3, récemment établi à Diamniadio.
Samira Njoya
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Yodawy, une plateforme de pharmacie en ligne, a annoncé la semaine dernière la réussite d’un tour de table d’un montant de 10 millions $. C'est la société de capital-investissement Ezdehar Management, basée en Egypte, qui a apporté les fonds en échange d'une participation minoritaire dans le capital de la healthtech. Yodawy les utilisera pour élargir sa clientèle, augmenter ses capacités technologiques de traitement des ordonnances et créer une plus grande valeur sur le marché des services de santé.
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Dawa Mkononi, une start-up tanzanienne opérant dans les technologies de la santé, a annoncé la semaine dernière la réussite d’un tour de financement d’armorçage. Le montant de l’opération n’a pas été dévoilé. Les fonds seront utilisés pour débloquer l'accès aux médicaments dans les communautés africaines les plus reculées.
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A travers cette prise de participation, la BAD soutient indirectement des entreprises en phase de démarrage qui figurent parmi les moins financées d’Afrique. Cette initiative survient dans un contexte marqué par la baisse de 36 %, à 3,2 milliards $, des levées de fonds des start-up africaines en 2023.
Dans une démarche résolue en faveur de l'innovation et du développement économique sur le continent, la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé, le mercredi 17 janvier à Abidjan, une participation de 10,5 millions de dollars au capital de Seedstars Africa Ventures, a annoncé la BAD dans un communiqué. Cette initiative vise à soutenir financièrement le fonds de capital-risque dans ses investissements ciblés en faveur des entreprises d'Afrique subsaharienne innovantes à fort potentiel de croissance.
Ledit communiqué précise que la BAD a contribué à hauteur de 7 millions de dollars de ses ressources ordinaires, complétés par 3,5 millions de dollars provenant du programme Boost Africa de l'Union européenne. Cette injection de fonds permettra à Seedstars Africa Ventures de s'étendre sur le continent et d'attirer d'autres investisseurs, renforçant ainsi l'écosystème entrepreneurial en Afrique.
Seedstars Africa Ventures concentrera ses investissements, évalués à 75 millions de dollars, sur des start-up en phase d'amorçage et de démarrage. Avec des investissements initiaux d'environ 250 000 euros (272 000 USD), le fonds prévoit également des injections de capitaux supplémentaires pouvant atteindre 5 millions d'euros pour soutenir la croissance des entreprises. L'accent sera mis sur des secteurs cruciaux tels que l'inclusion financière, les technologies de la santé, l'énergie hors réseau prépayée, les plateformes de vente au détail, et les chaînes de valeur agroalimentaires.
L'initiative devrait contribuer à la création de plus de 9 000 emplois à temps plein, avec une attention particulière à la promotion de l'emploi féminin. Alignés sur les objectifs de Boost Africa, ces investissements stimuleront également les secteurs clés tels que l'agriculture, la santé, l'industrialisation et l'énergie hors réseau, consolidant ainsi les efforts de la BAD en faveur de la réduction de la pauvreté, du développement durable et de l'intégration régionale.
Samira Njoya
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