Il conçoit des outils agricoles en Côte d’Ivoire. Il travaille avec des producteurs, développe des machines et crée des services pour structurer les filières locales.
Daniel Oulai (photo) est un entrepreneur social ivoirien impliqué dans les domaines de l’agriculture durable, de l’agroécologie et de la souveraineté alimentaire. Né au Liberia et élevé en Côte d’Ivoire, pays d’origine de son père, il fonde la start-up Grainotech, qu’il dirige depuis sa création.
Lancée en 2017, Grainotech est une entreprise de technologie agricole basée à Abidjan. Elle développe des solutions destinées à transformer les pratiques agricoles locales grâce à l’innovation et aux technologies numériques. L’objectif est de structurer durablement les filières végétales et animales, tout en intégrant des enjeux liés à la biodiversité, à l’inclusion économique et à l’autonomie alimentaire.
L’entreprise a mis en place un écosystème qui couvre l’ensemble de la chaîne agricole, de la reproduction animale à la production d’aliments pour animaux, en passant par des outils d’ingénierie pour limiter les pertes post-récolte. Elle propose également des dispositifs de distribution assistée par le numérique. Grainotech accompagne les petits producteurs en les formant, en leur fournissant du matériel et en facilitant leur accès à des débouchés commerciaux. L’entreprise vise à toucher 60 000 familles agricoles à l’horizon 2030.
Parmi ses dispositifs, Grainotech déploie des plateformes numériques, des fermes-écoles et un Fablab, lieu de conception et de diffusion de solutions open source, telles que la couveuse solaire connectée. L’initiative repose sur un dialogue entre la recherche scientifique et les savoirs paysans afin de développer des outils adaptés aux réalités locales.
« Nous avons développé une couveuse solaire connectée, qui permet à n'importe quel agriculteur en zone rurale, qui n'a pas accès à l'électricité, de réduire son taux de pertes en termes d'éclosion d'œufs. Elle est conçue à partir de matériaux recyclés, et c’est une technologie libre que n'importe quel agriculteur peut dupliquer », déclare le fondateur de Grainotech.
Daniel Oulai est titulaire d’un master en développement agricole obtenu en 2016 à AgroParisTech. Il commence sa carrière professionnelle en 2013 au sein d'ASBL Kouady, une association de jeunesse de soutien au développement communautaire en Côte d’Ivoire, en tant que directeur de programmes. Entre 2018 et 2025, il travaille comme responsable de l’encadrement au sein du Comité international de secours de la Côte d’Ivoire. De 2023 à 2025, il était consultant de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM-ONU Migration).
En 2017, il reçoit le prix Initiative Climat Afrique francophone lors de la COP 22 au Maroc. En 2018, il est lauréat du prix Orange de l’entrepreneur social en Côte d’Ivoire. Il obtient également le prix Pierre Castel, décerné par le fonds éponyme, qui distingue les projets agricoles à fort impact portés par de jeunes entrepreneurs africains.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Confrontée au changement climatique, l’Afrique voit émerger des start-up qui développent des solutions technologiques ancrées localement. De l’agriculture à la gestion urbaine, ces innovations renforcent la résilience du continent.
Sécheresses prolongées, inondations récurrentes, baisse des rendements agricoles… L’Afrique est en première ligne face au changement climatique. Alors que les approches classiques peinent à répondre à l’urgence, la technologie s’invite peu à peu dans les stratégies d’adaptation. Derrière cette dynamique, une ambition : concevoir des outils résilients, localement pertinents, et capables d’anticiper les chocs.
Selon le rapport « State of the Climate in Africa 2023 » de l’Organisation météorologique mondiale (WMO), les pays africains perdent chaque année entre 2 % et 5 % de leur PIB à cause du changement climatique, un coût économique lié aux catastrophes climatiques et à la dégradation des rendements agricoles.
Des innovations enracinées dans les réalités locales
Face à ces bouleversements, une nouvelle génération d’entrepreneurs africains développe des solutions technologiques à la fois accessibles, durables et parfaitement adaptées aux réalités locales. Dans l’agriculture, des initiatives concrètes émergent. Au Kenya, la start-up SunCulture propose un système d’irrigation solaire intelligent qui combine pompes autonomes et données météo locales. Au Nigeria, Zenvus utilise l’intelligence artificielle pour analyser l’humidité des sols et améliorer les pratiques agricoles. L’objectif est de produire davantage avec moins d’eau, sur des terres de plus en plus fragilisées par la variabilité climatique.
Les technologies s’invitent aussi dans les villes. À Accra, des capteurs couplés à des données satellites permettent de cartographier en temps réel les zones à risque d’inondation. Ailleurs, des plateformes africaines testent l’usage de l’IA pour simuler des scénarios climatiques, soutenir les décisions d’aménagement ou déclencher des alertes précoces.
D’autres jeunes pousses, à travers le continent, comme AgriPredict en Zambie, Aerobotics en Afrique du Sud ou encore d.light, développent également des solutions innovantes pour accompagner la résilience climatique.
La climate-tech, nouveau moteur de l’investissement en Afrique
Ce foisonnement d’initiatives locales reflète un tournant plus large. Selon Africa: The Big Deal, une plateforme d'information en ligne qui suit et analyse le financement des start-up en Afrique,la climate-tech est devenue en 2024 le premier secteur de financement du capital-risque en Afrique, dépassant la fintech. Sur les six premiers mois de l’année, les start-up africaines spécialisées dans les technologies climatiques ont levé 325 millions de dollars, soit 45 % des 721 millions investis dans la tech sur le continent, un record historique. À titre de comparaison, la fintech n’a attiré que 158 millions de dollars, soit 22 % du total.
Des freins persistants malgré le potentiel
Malgré cette effervescence, le potentiel reste encore loin d’être pleinement exploité. Les innovations se concentrent majoritairement dans des pôles urbains technologiques comme Nairobi, Lagos ou Le Cap, tandis que les zones rurales, pourtant parmi les plus exposées aux risques climatiques, demeurent à la marge. Les équipements connectés restent onéreux, les données locales souvent fragmentaires, et les financements privés, bien qu’en croissance, demeurent en deçà des besoins. La Banque africaine de développement estime que l’Afrique devra mobiliser 277 milliards USD par an d’ici 2030 pour répondre à ses besoins d’adaptation climatique.
À cela s’ajoute la complexité même du secteur. Comme le souligne Africa: The Big Deal, la Climate Tech englobe un large éventail de cas d'utilisation plutôt qu'un secteur singulier, ce qui nécessite des niveaux supplémentaires de suivi des investissements.
Pour permettre une montée en puissance efficace, il est essentiel de développer les compétences locales, d’intensifier l’implantation des infrastructures numériques, d’organiser les données climatiques et de les intégrer pleinement dans les stratégies et décisions publiques.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Une solution alliant connectivité, énergie et accès au financement, c’est l’idée de deux tech entrepreneurs qui apportent au Malawi leur contribution face au défi de l’inclusion financière et technologique en Afrique.
Mbora est une solution agri-fintech développée par une jeune pousse malawite. Elle permet aux utilisateurs, en l’occurrence les petits exploitants agricoles des zones rurales, d’accéder à la connexion Internet, à l’énergie et aux microcrédits. La start-up basée à Mangucho a été fondée en 2020 par Adrian Raisbeck et Claudia Haak.
« La plateforme mboraMAX exploite la technologie et la microfinance innovante avec des services financiers de soutien pour autonomiser des communautés entières. Elle se concentre sur les agriculteurs, les femmes, les jeunes et les entrepreneurs. Elle favorise la croissance économique, la résilience et le développement durable, et a un impact sur les 10 premiers objectifs de développement durable » explique la jeune pousse.
MboraMAX est son application mobile. Depuis son interface, les utilisateurs accèdent aux divers services proposés par la start-up, qui mise sur une approche intégrée pour accompagner les agriculteurs en leur fournissant non seulement une connexion Internet abordable et de l’électricité via des stations solaires intelligentes, mais aussi des services financiers adaptés à leurs réalités.
L’un des piliers du modèle de Mbora repose sur l’octroi de microcrédits numériques à ces exploitants souvent exclus du système bancaire traditionnel. Grâce aux données récoltées sur leurs comportements (consommation d’énergie, navigation Internet, localisation GPS ou encore météo), la start-up établit des profils de crédit fiables pour proposer des financements ciblés. Ces microcrédits servent notamment à acheter des intrants agricoles ou à couvrir des dépenses urgentes pendant la saison creuse.
Présente dans plusieurs villages du centre du Malawi, Mbora installe ses stations en partenariat avec les communautés locales. En plus des services financiers, ces infrastructures fournissent une connectivité 4G et une alimentation électrique durable, créant un écosystème favorable au développement économique et social. Les agriculteurs peuvent ainsi accéder à des informations météo, à des cours en ligne ou à des plateformes de commerce numérique.
Avec ce modèle, Mbora ambitionne de toucher 100 millions de personnes en Afrique subsaharienne d’ici 2030.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Elle s'engage dans des projets au Sénégal, entre éducation et usage des outils numériques, avec une attention portée aux pratiques locales et aux besoins concrets des communautés.
Ndeye Amy Kebe (photo) est une entrepreneure sociale et experte sénégalaise en technologies de l’information et de la communication appliquées au secteur agricole. Elle est la fondatrice et la directrice de Jokalante, l’entreprise sociale qui a reçu le prix Impact au terme du programme Challenge+ Dakar 2025 organisé le 1 juillet 2025 à Dakar au Sénégal par HEC Paris.
Fondée en 2016, Jokalante agit dans l'inclusion numérique et l’agriculture. Elle met à la disposition des agriculteurs, éleveurs et communautés rurales des outils d’accès à l’information technique, climatique et sanitaire, indépendamment de leur langue ou de leur niveau d’alphabétisation. L'entreprise contribue à la sécurité alimentaire et à l’adaptation au changement climatique grâce à des contenus pédagogiques et des outils numériques accessibles par différents canaux. Elle facilite également le dialogue entre les acteurs de terrain et les experts.
Jokalante a mis en place une plateforme multicanale intégrant plusieurs solutions. Elle diffuse des messages vocaux et des SMS en wolof, sérère, peul, diola, mandingue, français et anglais, permettant une diffusion large auprès des populations rurales. Elle propose un service de réponse vocale interactive (IVR) pour l'accès à des conseils par téléphone, sans connexion Internet.
Les utilisateurs peuvent poser des questions, signaler des difficultés ou partager des observations via la plateforme, renforçant ainsi les actions de sensibilisation. Depuis 2024, Jokalante a déployé Nafoore, un chatbot vocal basé sur l'intelligence artificielle générative, qui adapte les réponses selon la météo, le type de sol ou les cultures.
Ndeye Amy Kebe est aussi propriétaire de Caman, une structure de formation professionnelle lancée en 2018. Elle est diplômée de l’université de Lille, où elle a obtenu en 2013 un master en sciences de l’éducation et formation des adultes.
Elle commence sa carrière professionnelle en 2008 à l’Agence universitaire de la Francophonie en tant que gestionnaire comptable local. En 2014, elle devient cheffe de projet e-learning à l’Institut universitaire de technologie et de commerce (ITECOM) au Sénégal. Entre 2014 et 2015, elle travaille comme conceptrice pédagogique à l’Université virtuelle du Sénégal.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Il incarne l’esprit d’innovation au Sénégal, transformant l’agroalimentaire à travers la technologie. Entrepreneur passionné, il développe des solutions numériques qui redéfinissent la manière dont les petites entreprises gèrent leurs activités.
Pape Amadou Kane Diop (photo) est un entrepreneur sénégalais spécialisé dans la transformation digitale. Il est le fondateur et directeur général de Mafalia, la start-up qui a remporté le prix du meilleur business plan lors du HEC Challenge + Dakar 2025 organisé le 1 juillet 2025 à Dakar au Sénégal.
Créée en 2024, Mafalia se positionne comme une entreprise technologique dans le secteur de l’agroalimentaire. Elle propose des solutions numériques et utilise l’intelligence artificielle pour aider les micro et petites entreprises du secteur à optimiser leurs opérations, améliorer leur productivité et favoriser une inclusion économique plus large.
Concrètement, Mafalia permet aux établissements alimentaires de gérer leur inventaire, suivre les stocks en temps réel et automatiser les réapprovisionnements, réduisant ainsi les risques de gaspillage et améliorant la gestion logistique.
La start-up offre également aux commerçants un espace de vente en ligne afin de promouvoir leurs produits, d’élargir leur clientèle et de faciliter le processus de commande, y compris en dehors des horaires d’ouverture. Pour garantir la fluidité et la sécurité des transactions, la plateforme intègre des solutions de paiement numérique, telles que le mobile money, adaptées aux spécificités du marché africain.
En outre, des tableaux de bord personnalisés sont mis à disposition des utilisateurs, leur permettant de suivre leurs performances et de prendre des décisions stratégiques basées sur des données fiables.
Pape Amadou Kane Diop est diplômé de l’École supérieure polytechnique de Dakar, où il obtient en 2018 une licence en administration et gestion des affaires, suivie en 2022 d’un master en marketing et management des organisations internationales. Sa carrière professionnelle débute en 2017 au sein de son université, où il exerce les fonctions de conseiller administratif.
En 2018, il devient représentant commercial chez Yacine Production, une entreprise médiatique. Il rejoint ensuite l’entreprise d’e-commerce Jumia au Sénégal en tant que responsable des relations avec les fournisseurs avant d’y être promu responsable des grands comptes en 2020.
En 2021, il rejoint Ideal Market Group, une entreprise de commerce électronique, où il occupe successivement les postes de directeur général et de chef des ventes et du développement commercial. En 2023, il devient responsable du développement des affaires pour la fintech SycaPay.
Melchior Koba
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Dans un contexte de baisse des investissements à destination des start-up africaines, une initiative portée par Village Capital avec le soutien de ses partenaires entend renforcer les écosystèmes entrepreneuriaux africains en misant sur des solutions locales adaptées aux enjeux sociaux et climatiques.
Alors que les financements en capital-risque ont reculé de près de 50 % sur le continent africain en 2023, selon les données de Partech Africa, Village Capital, en partenariat avec la Banque néerlandaise de développement entrepreneurial (FMO) et l’Agence néerlandaise pour les entreprises (RVO), a lancé le mardi 15 juillet une initiative visant à renforcer les écosystèmes d’innovation là où les capitaux peinent à affluer.
Baptisée Africa Ecosystem Catalysts Facility (AECF), cette facilité dotée de 4 millions de dollars entend appuyer des start-up locales en phase de démarrage, via un mécanisme original : le financement indirect à travers des organisations de soutien aux entrepreneurs (OEN) implantées localement.
Cinq OEN opérant au Ghana, au Nigeria et en Tanzanie ont été sélectionnées dans le cadre du programme, à savoir Reach for Change, Africa Fintech Foundry, Fate Foundation, Anza Entrepreneurs et Ennovate Ventures. Elles auront pour mission d’accompagner les jeunes pousses développant des solutions à fort impact en matière d’inclusion économique, d’accès à l’emploi, à l’énergie propre ou à des infrastructures résilientes au climat.
« Ce modèle nous permet d’investir sur tous les marchés tout en restant ancrés dans les réalités locales. Pour nous, il ne s’agit pas seulement d’approvisionnement, il s’agit de réaliser des investissements plus intelligents et plus informés en travaillant aux côtés de ceux qui construisent déjà et renforcent leurs communautés entrepreneuriales », a expliqué Nathaly Botero, directrice de l’innovation chez Village Capital.
L’approche intégrée de l’AECF repose sur une collaboration étroite avec les écosystèmes entrepreneuriaux locaux, afin de structurer les financements de manière adaptée et mieux orienter les capitaux vers les secteurs critiques. Il s’agit ainsi de combler le fossé entre les solutions innovantes développées par des start-up africaines et la rareté des fonds disponibles pour assurer leur passage à l’échelle.
Cette stratégie s’inscrit dans une dynamique où les acteurs internationaux privilégient de plus en plus les partenariats locaux pour maximiser l’impact des investissements. En ciblant des solutions spécifiques aux contextes africains et portées par des acteurs enracinés dans le tissu économique local, Village Capital espère catalyser un changement systémique durable.
Samira Njoya
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Il développe des projets qui lui permettent d’explorer l’impact concret des technologies sur le quotidien. Aujourd’hui, il mobilise ses compétences techniques pour moderniser le secteur agricole.
Thioube Samba (photo) est un entrepreneur sénégalais spécialisé en génie informatique. Il est le fondateur et directeur général de Sotilma, une entreprise qui conçoit des solutions technologiques pour le secteur agricole.
Fondée en 2022, Sotilma développe des outils visant à améliorer l’efficacité des pratiques agricoles. L’entreprise propose des systèmes automatisés de gestion de l’eau qui permettent de contrôler l’irrigation et la distribution des fluides à distance, sans dépendance à Internet ni à l’électricité, grâce à l’utilisation de la communication longue distance et de l’énergie solaire.
La solution principale de l’entreprise, Sotilma Farm, s’appuie sur des vannes intelligentes et des compteurs d’eau connectés, contrôlables via une application mobile ou en ligne. Les utilisateurs peuvent suivre en temps réel l’humidité du sol, les niveaux d’eau et d’autres paramètres environnementaux.
Le système permet d’ajuster l’irrigation à distance, de réduire la consommation d’eau et de soutenir l’augmentation des rendements agricoles. Les exploitants peuvent également automatiser leurs opérations, de l’irrigation à la surveillance des cultures, via une interface conçue pour être accessible.
Sotilma propose également des outils pour la gestion des pipelines industriels, le traitement de l’eau et la distribution des fluides dans différents secteurs. L’entreprise, accompagnée par Orange Startup Studio, fait partie des incubés de l’opérateur télécoms Orange qui ont représenté, en juin, le Sénégal lors de l’édition 2025 de Viva Technology, un salon international consacré aux technologies et aux start-up, à l’initiative de l’opérateur Orange. Sotilma a aussi reçu le prix « Impact social » décerné par l’opérateur télécoms Yas Sénégal à l’Innovation Challenge. Le fondateur de la Start-up a également fait partie de la 2ème cohorte du programme Challenge+ Dakar porté par HEC Paris, en partenariat avec la délégation générale à l'entreprenariat rapide des femmes et des jeunes (DERFJ) et l'Ambassade de France au Sénégal.
Thioube Samba est titulaire d’un diplôme d’ingénieur en informatique obtenu en 2022 à l’Institut polytechnique de Saint Louis au Sénégal. Il débute sa carrière en 2021 au Centre d’excellence africain en mathématiques, informatique et technologies de l’information et de la communication du Sénégal, en tant que data scientist stagiaire.
En 2022, il rejoint Sonatel, opérateur de télécommunications, comme data scientist stagiaire. En 2023, il devient le délégué du GRFI Filaha Innove Incubateur pour la région de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Afin d’aider les agriculteurs à réduire les pertes post-récoltes, une jeune pousse béninoise a mis en place une solution pour leur permettre d’écouler plus facilement les stocks et gagner en autonomie.
Ikena est une plateforme de commerce en ligne développée par la jeune pousse Africereal. Elle permet aux coopératives, entreprises agricoles et petits producteurs de créer une vitrine numérique pour leurs produits dans le but de stimuler les ventes locales et régionales, tout en favorisant la transparence entre producteurs et acheteurs.
La start-up basée dans la ville d’Abomey-Calavi au Bénin a été fondée en 2017 sous le nom d’AfriRice par Steve Hoda et Maya Dohou. Le jeudi 3 juillet, le ministère béninois du Numérique et de la Digitalisation lui a octroyé pour les trois prochaines années, le label start-up.
Sur la place de marché en ligne, fruits, tubercules, céréales, mais aussi produits transformés ou issus de l’agro-industrie peuvent être référencés, avec des informations claires sur leur origine, leur disponibilité et leurs prix. Ikena ne dispose néanmoins pas encore d’application mobile. Les utilisateurs doivent passer par un navigateur web pour accéder à la plateforme.
« Pour vendre vos produits, il vous suffit de créer un compte, de compléter votre profil vendeur et de publier vos annonces en détaillant vos produits (nom, quantité, prix, description, et photos). Une fois votre annonce validée, elle sera visible par des acheteurs potentiels », indique la jeune pousse.
Il est aussi possible d’envoyer des messages aux vendeurs en cas de problèmes. Si les deux parties n’arrivent à résoudre le malentendu, l’utilisateur peut signaler un litige directement via son espace client. Les équipes d’Ikena sont ainsi informées et elles examineront l’affaire, prenant les mesures nécessaires pour résoudre le problème dans les meilleurs délais.
Notons que les délais de livraison varient selon le vendeur et le mode de livraison choisi. Ils sont en général de 3 à 7 jours ouvrés. L’acheteur reçoit un numéro de suivi une fois la commande expédiée.
Ikena s’inscrit dans une logique de transformation numérique du secteur agricole. La solution s'adresse à un public souvent exclu des canaux traditionnels du commerce en ligne, en mettant l’accent sur la simplicité d’usage et l’accompagnement des vendeurs.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Au Maroc, l’agriculture occupe une place importante dans l’économie. Elle représente près de 12 % du produit intérieur brut et emploie environ 30 % de la population active. Le pays privilégie désormais la technologie pour transformer l’organisation de ce secteur.
La semaine dernière, le ministère marocain de l’Agriculture a conclu un accord d’investissement de 22 millions USD avec Jungnong, filiale hongkongaise de China Agricultural Development Group. L’objectif est de déployer des outils d’agriculture de précision dans les régions semi-arides du pays, particulièrement touchées par la sécheresse et les défis liés à la gestion de l’eau.
Le projet prévoit l’implantation de plateformes numériques pour la gestion de la nutrition des sols, des systèmes de surveillance à distance et des solutions d’optimisation en temps réel de l’irrigation et de la fertilisation des cultures. Selon les simulations communiquées par Jungnong, ces technologies pourraient permettre d’augmenter les rendements agricoles de plus de 20 % par hectare. Cette estimation devra toutefois être confirmée par des essais sur le terrain et des évaluations indépendantes, une exigence régulièrement soulignée par les experts du secteur.
Au-delà de la technologie, le partenariat prévoit la création d’un centre de formation dédié à l’agriculture intelligente. L’objectif est de former plusieurs centaines de travailleurs marocains aux nouveaux métiers de la technologie agricole, dans un secteur où 70 % des exploitations sont de type familial, selon le Conseil économique, social et environnemental du Maroc.
Le projet s’inscrit dans la stratégie nationale « Génération Green 2020–2030 », qui fait de la digitalisation et de la montée en compétences des acteurs ruraux des axes majeurs de transformation. Le ministre de l’Agriculture, Ahmed El Bouari, décrit cette initiative comme « un modèle de développement intégré qui fusionne la technologie et l’impact social ».
Si le modèle marocain s’avère concluant, il pourrait inspirer d’autres pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) confrontés aux mêmes défis de productivité, de gestion de l’eau et de résilience climatique. Cependant, la réussite du projet dépendra toutefois de la capacité de Jungnong à adapter ses solutions aux contraintes locales, à garantir un transfert de compétences effectif et à assurer un impact mesurable sur les rendements et la sécurité alimentaire.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Il développe des solutions technologiques liées à l’agriculture en Afrique. Il concentre ses activités sur le suivi des données, les paiements et l’accès aux services financiers pour les exploitants.
George Maina (photo) est un entrepreneur et spécialiste kényan des technologies de l’information et de la blockchain. Il est cofondateur et président-directeur général de Shamba Records, une start-up agritech qui développe des solutions numériques destinées aux petits exploitants agricoles en Afrique.
Fondée en 2017, Shamba Records propose une plateforme qui digitalise la chaîne de valeur agricole. Elle utilise la blockchain et l’intelligence artificielle pour collecter en temps réel les données de production, automatiser les paiements, évaluer la solvabilité des agriculteurs et faciliter leur accès à des services financiers tels que le crédit, l’assurance ou le financement du commerce.
La plateforme attribue à chaque agriculteur une identité numérique unique, enregistrée sur la blockchain, permettant de tracer l’origine des récoltes et de sécuriser les transactions. Elle comprend des outils d’évaluation de crédit, des contrats intelligents pour la location ou la vente de terres, ainsi que des services de paiement instantané. Les coopératives agricoles peuvent ainsi gérer la distribution des ressources, la collecte des récoltes et la rémunération des membres, tout en limitant les risques de fraude et de manipulation des données.
« Ma mission est claire : créer un monde où chaque agriculteur, quelle que soit sa taille ou sa situation géographique, dispose des ressources et du soutien nécessaires pour prospérer. En favorisant l'adoption de l'IA et de la blockchain, je ne me contente pas de résoudre les défis d'aujourd'hui, mais je façonne également l'avenir de l'agriculture », déclare le directeur général de Shamba Records.
George Maina est diplômé de la Kenya Methodist University, où il a obtenu en 2012 un bachelor en comptabilité et finance. En 2010, il rejoint Safaricom en tant qu’ingénieur principal de support à la clientèle avant d’être promu, trois ans plus tard, gestionnaire principal des relations commerciales. Entre 2016 et 2017, il dirige Once Sync Ltd, une société de logiciels.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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