Il développe des projets qui lui permettent d’explorer l’impact concret des technologies sur le quotidien. Aujourd’hui, il mobilise ses compétences techniques pour moderniser le secteur agricole.
Thioube Samba (photo) est un entrepreneur sénégalais spécialisé en génie informatique. Il est le fondateur et directeur général de Sotilma, une entreprise qui conçoit des solutions technologiques pour le secteur agricole.
Fondée en 2022, Sotilma développe des outils visant à améliorer l’efficacité des pratiques agricoles. L’entreprise propose des systèmes automatisés de gestion de l’eau qui permettent de contrôler l’irrigation et la distribution des fluides à distance, sans dépendance à Internet ni à l’électricité, grâce à l’utilisation de la communication longue distance et de l’énergie solaire.
La solution principale de l’entreprise, Sotilma Farm, s’appuie sur des vannes intelligentes et des compteurs d’eau connectés, contrôlables via une application mobile ou en ligne. Les utilisateurs peuvent suivre en temps réel l’humidité du sol, les niveaux d’eau et d’autres paramètres environnementaux.
Le système permet d’ajuster l’irrigation à distance, de réduire la consommation d’eau et de soutenir l’augmentation des rendements agricoles. Les exploitants peuvent également automatiser leurs opérations, de l’irrigation à la surveillance des cultures, via une interface conçue pour être accessible.
Sotilma propose également des outils pour la gestion des pipelines industriels, le traitement de l’eau et la distribution des fluides dans différents secteurs. L’entreprise, accompagnée par Orange Startup Studio, fait partie des incubés de l’opérateur télécoms Orange qui ont représenté, en juin, le Sénégal lors de l’édition 2025 de Viva Technology, un salon international consacré aux technologies et aux start-up, à l’initiative de l’opérateur Orange. Sotilma a aussi reçu le prix « Impact social » décerné par l’opérateur télécoms Yas Sénégal à l’Innovation Challenge. Le fondateur de la Start-up a également fait partie de la 2ème cohorte du programme Challenge+ Dakar porté par HEC Paris, en partenariat avec la délégation générale à l'entreprenariat rapide des femmes et des jeunes (DERFJ) et l'Ambassade de France au Sénégal.
Thioube Samba est titulaire d’un diplôme d’ingénieur en informatique obtenu en 2022 à l’Institut polytechnique de Saint Louis au Sénégal. Il débute sa carrière en 2021 au Centre d’excellence africain en mathématiques, informatique et technologies de l’information et de la communication du Sénégal, en tant que data scientist stagiaire.
En 2022, il rejoint Sonatel, opérateur de télécommunications, comme data scientist stagiaire. En 2023, il devient le délégué du GRFI Filaha Innove Incubateur pour la région de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Afin d’aider les agriculteurs à réduire les pertes post-récoltes, une jeune pousse béninoise a mis en place une solution pour leur permettre d’écouler plus facilement les stocks et gagner en autonomie.
Ikena est une plateforme de commerce en ligne développée par la jeune pousse Africereal. Elle permet aux coopératives, entreprises agricoles et petits producteurs de créer une vitrine numérique pour leurs produits dans le but de stimuler les ventes locales et régionales, tout en favorisant la transparence entre producteurs et acheteurs.
La start-up basée dans la ville d’Abomey-Calavi au Bénin a été fondée en 2017 sous le nom d’AfriRice par Steve Hoda et Maya Dohou. Le jeudi 3 juillet, le ministère béninois du Numérique et de la Digitalisation lui a octroyé pour les trois prochaines années, le label start-up.
Sur la place de marché en ligne, fruits, tubercules, céréales, mais aussi produits transformés ou issus de l’agro-industrie peuvent être référencés, avec des informations claires sur leur origine, leur disponibilité et leurs prix. Ikena ne dispose néanmoins pas encore d’application mobile. Les utilisateurs doivent passer par un navigateur web pour accéder à la plateforme.
« Pour vendre vos produits, il vous suffit de créer un compte, de compléter votre profil vendeur et de publier vos annonces en détaillant vos produits (nom, quantité, prix, description, et photos). Une fois votre annonce validée, elle sera visible par des acheteurs potentiels », indique la jeune pousse.
Il est aussi possible d’envoyer des messages aux vendeurs en cas de problèmes. Si les deux parties n’arrivent à résoudre le malentendu, l’utilisateur peut signaler un litige directement via son espace client. Les équipes d’Ikena sont ainsi informées et elles examineront l’affaire, prenant les mesures nécessaires pour résoudre le problème dans les meilleurs délais.
Notons que les délais de livraison varient selon le vendeur et le mode de livraison choisi. Ils sont en général de 3 à 7 jours ouvrés. L’acheteur reçoit un numéro de suivi une fois la commande expédiée.
Ikena s’inscrit dans une logique de transformation numérique du secteur agricole. La solution s'adresse à un public souvent exclu des canaux traditionnels du commerce en ligne, en mettant l’accent sur la simplicité d’usage et l’accompagnement des vendeurs.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Au Maroc, l’agriculture occupe une place importante dans l’économie. Elle représente près de 12 % du produit intérieur brut et emploie environ 30 % de la population active. Le pays privilégie désormais la technologie pour transformer l’organisation de ce secteur.
La semaine dernière, le ministère marocain de l’Agriculture a conclu un accord d’investissement de 22 millions USD avec Jungnong, filiale hongkongaise de China Agricultural Development Group. L’objectif est de déployer des outils d’agriculture de précision dans les régions semi-arides du pays, particulièrement touchées par la sécheresse et les défis liés à la gestion de l’eau.
Le projet prévoit l’implantation de plateformes numériques pour la gestion de la nutrition des sols, des systèmes de surveillance à distance et des solutions d’optimisation en temps réel de l’irrigation et de la fertilisation des cultures. Selon les simulations communiquées par Jungnong, ces technologies pourraient permettre d’augmenter les rendements agricoles de plus de 20 % par hectare. Cette estimation devra toutefois être confirmée par des essais sur le terrain et des évaluations indépendantes, une exigence régulièrement soulignée par les experts du secteur.
Au-delà de la technologie, le partenariat prévoit la création d’un centre de formation dédié à l’agriculture intelligente. L’objectif est de former plusieurs centaines de travailleurs marocains aux nouveaux métiers de la technologie agricole, dans un secteur où 70 % des exploitations sont de type familial, selon le Conseil économique, social et environnemental du Maroc.
Le projet s’inscrit dans la stratégie nationale « Génération Green 2020–2030 », qui fait de la digitalisation et de la montée en compétences des acteurs ruraux des axes majeurs de transformation. Le ministre de l’Agriculture, Ahmed El Bouari, décrit cette initiative comme « un modèle de développement intégré qui fusionne la technologie et l’impact social ».
Si le modèle marocain s’avère concluant, il pourrait inspirer d’autres pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) confrontés aux mêmes défis de productivité, de gestion de l’eau et de résilience climatique. Cependant, la réussite du projet dépendra toutefois de la capacité de Jungnong à adapter ses solutions aux contraintes locales, à garantir un transfert de compétences effectif et à assurer un impact mesurable sur les rendements et la sécurité alimentaire.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Il développe des solutions technologiques liées à l’agriculture en Afrique. Il concentre ses activités sur le suivi des données, les paiements et l’accès aux services financiers pour les exploitants.
George Maina (photo) est un entrepreneur et spécialiste kényan des technologies de l’information et de la blockchain. Il est cofondateur et président-directeur général de Shamba Records, une start-up agritech qui développe des solutions numériques destinées aux petits exploitants agricoles en Afrique.
Fondée en 2017, Shamba Records propose une plateforme qui digitalise la chaîne de valeur agricole. Elle utilise la blockchain et l’intelligence artificielle pour collecter en temps réel les données de production, automatiser les paiements, évaluer la solvabilité des agriculteurs et faciliter leur accès à des services financiers tels que le crédit, l’assurance ou le financement du commerce.
La plateforme attribue à chaque agriculteur une identité numérique unique, enregistrée sur la blockchain, permettant de tracer l’origine des récoltes et de sécuriser les transactions. Elle comprend des outils d’évaluation de crédit, des contrats intelligents pour la location ou la vente de terres, ainsi que des services de paiement instantané. Les coopératives agricoles peuvent ainsi gérer la distribution des ressources, la collecte des récoltes et la rémunération des membres, tout en limitant les risques de fraude et de manipulation des données.
« Ma mission est claire : créer un monde où chaque agriculteur, quelle que soit sa taille ou sa situation géographique, dispose des ressources et du soutien nécessaires pour prospérer. En favorisant l'adoption de l'IA et de la blockchain, je ne me contente pas de résoudre les défis d'aujourd'hui, mais je façonne également l'avenir de l'agriculture », déclare le directeur général de Shamba Records.
George Maina est diplômé de la Kenya Methodist University, où il a obtenu en 2012 un bachelor en comptabilité et finance. En 2010, il rejoint Safaricom en tant qu’ingénieur principal de support à la clientèle avant d’être promu, trois ans plus tard, gestionnaire principal des relations commerciales. Entre 2016 et 2017, il dirige Once Sync Ltd, une société de logiciels.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique gagne tous les pans de l’économie sénégalaise, y compris l’agriculture, où une expérimentation est en cours sur un segment précis de la chaîne de production.
Dans le cadre de sa stratégie de modernisation de l’agriculture, le Sénégal a lancé dans la ville de Tivaouane la phase pilote d’un projet de numérisation de la distribution des intrants. L’initiative, qui s’étend également à la ville de Nioro, a déjà permis l’enrôlement de 50 000 producteurs sur les 200 000 visés dans cette première phase.
« Pour la phase test de cette année, 10 000 personnes étaient visées, mais aujourd’hui, nous avons 50 000 producteurs enrôlés. [...] Ce processus a permis de sortir du réseau beaucoup de faux producteurs qui profitaient de l’ancien cadre de travail » a indiqué Alpha Ba, Secrétaire d'État aux Coopératives et à l'encadrement paysan.
L’objectif est d’assurer une distribution plus transparente et efficace des engrais et semences subventionnés, en s’appuyant sur des outils digitaux pour, entre autres, identifier les bénéficiaires et éviter les fraudes. Il s’agit aussi de mieux adapter les quantités distribuées aux besoins réels des exploitants. Dans les villes sélectionnées, les autorités locales et les producteurs eux-mêmes ont été sensibilisés à l’importance de cette réforme.
L’initiative survient quelques mois après l’annonce d’une collaboration entre le gouvernement sénégalais et la Société financière internationale (IFC), la filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, pour la numérisation des subventions agricoles. Comme d’autres secteurs de l’économie du pays, l’agriculture se digitalise, dans le cadre du « New deal technologique », la stratégie nationale visant à faire du numérique un moteur de transformation sociale et économique.
Cette phase pilote devrait être suivie d’un déploiement au niveau national, dans le but de renforcer la sécurité alimentaire, d’améliorer les rendements, et de soutenir la transformation digitale du secteur agricole sénégalais.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Nigérian, il part au Rwanda où il poursuit ses études universitaires. Il y a senti le besoin d’offrir des solutions agricoles innovantes et durables aux petits exploitants et aux ménages urbains, notamment dans les zones arides ou exposées aux effets du changement climatique.
Israel Smart (photo) est un entrepreneur nigérian installé au Rwanda. Il a fondé Smartel Agritech, une start-up qui conçoit et déploie des systèmes hydroponiques adaptés aux zones arides et aux régions exposées aux effets du changement climatique.
Fondée en 2022, Smartel Agritech développe des solutions de culture hors-sol utilisant de l’eau enrichie en nutriments pour remplacer la terre, permettant la culture dans des zones à ressources limitées en eau ou en surfaces cultivables.
La technologie développée par Smartel combine l’hydroponie, l’irrigation intelligente, l’énergie solaire et l’Internet des objets (IoT) pour optimiser la croissance des plantes, surveiller en temps réel les besoins en nutriments, détecter les maladies et automatiser l’irrigation. Selon la start-up, ces systèmes permettent d’économiser jusqu’à 90 % d’eau par rapport à l’agriculture traditionnelle, tout en augmentant les rendements et en réduisant l’empreinte carbone de la production agricole.
Smartel Agritech s’adresse aux petits producteurs, aux ménages en ville et aux communautés de réfugiés pour faciliter la production locale de légumes, de fourrages et de fruits, avec une réduction des coûts et de l’impact environnemental. La start-up fournit également des formations, un appui technique et des modèles de partage de revenus pour faciliter l’adoption des systèmes mis en place.
L’entreprise indique avoir généré 400 emplois directs et 2150 emplois indirects, formé 1750 petits producteurs et installé plus de 300 systèmes hydroponiques, entraînant une réduction estimée de 360 tonnes de CO₂, soit environ 1,2 tonne par système. Le 24 juin 2025, Smartel Agritech a intégré la neuvième cohorte du Google for Startups Accelerator : Africa.
My company is now backed by google 🥳🎉 @Smartelglobal pic.twitter.com/u4VPVxnQZ9
— Smart Israel (@iam_smartisrael) June 30, 2025
Israel Smart a étudié l’ingénierie logicielle et l’apprentissage automatique à l’African Leadership University au Rwanda. En 2023, il a travaillé comme assistant de projet chez OpenAI. L’année suivante, il a effectué un stage en ingénierie logicielle au sein du département Durabilité et Gouvernance de Libra Group aux États-Unis, un groupe regroupant des entreprises axées sur l’aérospatiale, les investissements, l’hôtellerie, le secteur maritime, l’immobilier et les énergies renouvelables.
En 2023, il a été nommé jeune ambassadeur de l’environnement par la Bestseller Foundation et a été accepté dans l’accélérateur du Programme alimentaire mondial pour ses systèmes alimentaires connectés. Il a également reçu le prix Diana, créé en mémoire de la princesse de Galles Diana, qui récompense les jeunes pour leur action sociale ou leurs efforts humanitaires.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Portée par l’innovation numérique et une demande mondiale en plein essor, l’apiculture africaine connaît une croissance rapide. Mais pour s’imposer durablement à l’échelle internationale, le secteur doit encore surmonter de nombreux obstacles.
Bien qu’encore considérée comme une filière mineure dans de nombreux pays africains, l’apiculture joue un rôle économique, social et environnemental de plus en plus important sur le continent. En 2023, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a estimé la production mondiale de miel à 1,894 million de tonnes, l’Afrique affichant le taux de croissance le plus élevé. Avec un volume de production annuel de 223 000 tonnes en 2023, l’Afrique représente 12 % de la production mondiale de miel. Ce chiffre marque une progression notable : en 2013, la part de l’Afrique était d’environ 10 % avec 155 000 tonnes produites.
Selon le rapport « Technologies et solutions numériques pour l’apiculture », publié par la FAO en mai 2025, cette production peut encore augmenter tout comme le gain financier pour l’Afrique grâce à l’adoption de nouvelles approches faisant la part belle à la technologie pour améliorer la gestion des colonies, assurer la traçabilité des produits et accéder à de nouveaux débouchés.
Des outils connectés pour une apiculture de précision
Dans certains pays, la transformation numérique du secteur est déjà en cours via des applications adaptées aux réalités locales. Au Burkina Faso, la start-up Smart-Apic a mis au point une plateforme qui permet de surveiller les ruches à distance à l’aide de capteurs connectés et d’une application mobile. Les données collectées (poids, température, humidité, comportement des abeilles) facilitent la détection précoce des maladies, optimisent les récoltes et réduisent les pertes.
En Ethiopie, Abiye Tadeos, via sa start-up Anabi Agritech Solutions, propose des services d’apiculture intelligente basés sur l’Internet des objets (IoT), permettant de suivre en temps réel l’état des ruches, même dans les zones rurales reculées.
Ces innovations numériques, souvent développées par des start-up locales, ont pour objectif principal l’augmentation de la productivité tout en allégeant la pénibilité du travail.
Traçabilité, blockchain et accès aux marchés internationaux
L’un des principaux défis de l’apiculture africaine reste la valorisation du miel sur les marchés formels et à l’export. La traçabilité, désormais facilitée par les applications mobiles et la blockchain, devient un atout commercial majeur. Elle garantit la lutte contre la contrefaçon qui déprécie la valeur du produit auprès des consommateurs. D’après la FAO, l’intégration de la blockchain dans la chaîne de valeur apicole atteste de l’origine, de la pureté et de la qualité du miel, des critères de plus en plus recherchés par les marchés internationaux et les labels bio.
La numérisation favorise également l’accès à l’information sur les prix, la demande et les tendances du marché grâce à des plateformes d’échange ou des groupes WhatsApp et Telegram, ajoute la FAO. Les petits producteurs peuvent ainsi mieux négocier et limiter leur dépendance vis-à-vis des intermédiaires souvent coûteux.
Renforcement des capacités et inclusion numérique
L’adoption des technologies numériques dépasse les seuls outils de production : plateformes d’information, applications de formation et les réseaux sociaux professionnels jouent un rôle déterminant dans le renforcement des compétences des apiculteurs. Elles facilitent l’accès à l’expertise, la diffusion des bonnes pratiques et encouragent la création de communautés d’entraide, essentielles pour renforcer la résilience du secteur face aux aléas climatiques et sanitaires.
Cependant, l’adoption de ces innovations reste freinée par le coût des équipements, le manque d’accès au crédit et la faible maîtrise des outils numériques dans certaines zones rurales. Les experts de la FAO recommandent de privilégier des solutions simples, abordables et adaptées au contexte local, ainsi que développer des programmes de formation spécifiquement destinés aux femmes et aux jeunes.
Perspectives et enjeux pour les acteurs économiques
Selon Global Market Insights, le marché mondial de l’apiculture a dépassé 10,5 milliards de dollars en 2024 et devrait croître de 4,2 % par an jusqu’en 2034, tiré par la demande de produits naturels, de miel bio et de solutions de pollinisation pour l’agriculture durable. Dans ce contexte, la croissance rapide de la production africaine, qui représente déjà 12 % du volume mondial, place le continent en position stratégique pour capter une part croissante de ce marché, à condition d’investir intelligemment dans la numérisation, la certification et la formation des acteurs de la filière.
Pour les investisseurs, les ONG et les pouvoirs publics, l’enjeu est de faciliter l’accès aux technologies, de renforcer les infrastructures numériques et de promouvoir des modèles d’apiculture durable et inclusive. Des initiatives comme Smart-Apic ou Anabi Agritech Solutions illustrent le potentiel de l’innovation locale pour transformer durablement la filière, à condition d’être soutenues par des politiques publiques ambitieuses et des financements adéquats.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Face à un taux de chômage élevé chez les jeunes diplômés, l’Algérie intensifie ses efforts pour encourager l’entrepreneuriat universitaire. En développant un réseau dense d’incubateurs, le pays vise à stimuler l’innovation et à diversifier son économie en misant sur les technologies et les start-up.
Le président de la Commission nationale de coordination et de suivi de l’innovation et des incubateurs universitaires, Ahmed Mir (photo), a réaffirmé le mardi 24 juin à Alger l’ambition du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de porter à 20 000 le nombre de start-up en Algérie à l’horizon 2029.
S’exprimant lors d’une journée parlementaire sur le rôle des incubateurs dans les universités, Ahmed Mir a indiqué que 124 incubateurs sont aujourd’hui actifs dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche à travers le pays. Ce maillage a permis de mobiliser 60 000 étudiants dont les projets de fin d’études visent la création de start-up ou de micro-entreprises, ou font l’objet de demandes de brevets. À ce jour, 1600 micro-entreprises, 130 start-up et 1175 projets labellisés « innovants » ont vu le jour, en plus de 2800 brevets déposés auprès des autorités compétentes.
Cette dynamique s’inscrit dans un effort soutenu du secteur de l’Enseignement supérieur depuis trois ans, en vue d’ancrer l’entrepreneuriat dans la culture universitaire et de valoriser le potentiel des 250 000 diplômés formés chaque année, dont plus de 110 000 issus des filières techniques, scientifiques et numériques. Ces profils constituent un levier stratégique pour alimenter l’écosystème entrepreneurial du pays.
Cette effervescence entrepreneuriale présente une forte dimension sociale. Dans un pays où le chômage des jeunes reste élevé, la création de start-up et de micro-entreprises apparaît comme un levier essentiel pour l’insertion professionnelle et la réduction des tensions sociales. Cependant, malgré ces avancées encourageantes, plusieurs défis persistent, notamment en matière d’accès au financement, d’amélioration des infrastructures numériques et d’accompagnement réglementaire adéquat.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Il combine pratiques traditionnelles et approches innovantes en Ouganda. Il conçoit des initiatives autour de l’élevage, déployant des systèmes qui soutiennent la progression des revenus et la transformation des méthodes des éleveurs du pays.
Nicholas Katongole (photo) est un entrepreneur ougandais engagé dans la modernisation de l’élevage. À la tête de la start-up NOA’S HERD, qu’il dirige en tant que directeur général, il développe des outils numériques pour faire de l’élevage une source de revenus durable pour les petits producteurs africains.
Fondée en 2022, NOA’S HERD propose aux éleveurs une plateforme numérique qui collecte, analyse et certifie les données d’émissions de méthane des troupeaux. Grâce à des capteurs connectés installés sur les exploitations, l’entreprise suit en temps réel les émissions de chaque éleveur, permettant une traçabilité précise et transparente.
Ces données sont ensuite utilisées pour générer des crédits carbone vérifiés, valorisables sur les marchés internationaux. La plateforme numérique de NOA’S HERD automatise la gestion des contrats, la rémunération des agriculteurs et la certification des pratiques durables, offrant ainsi une solution clé en main, accessible même aux petits exploitants peu familierd avec les outils numériques.
« Notre mission consiste à utiliser des technologies de pointe et des compléments alimentaires naturels spécialisés pour aider les agriculteurs africains à réduire les émissions de méthane, à augmenter la productivité, à obtenir des crédits carbone et à créer un secteur de l’élevage plus durable qui soutienne les objectifs climatiques mondiaux », explique la start-up.
En 2024, NOA’S HERD a signé un partenariat avec Sea Forest, une entreprise australienne spécialisée dans les compléments alimentaires à base d’algues. Ce partenariat prévoit la distribution de SeaFeed, un additif capable de réduire jusqu’à 90 % les émissions de méthane des ruminants. La première phase de déploiement concerne 30 000 bovins répartis sur 15 fermes en Ouganda et au Kenya.
En parallèle, Nicholas Katongole est responsable du développement commercial de Quality Chemicals Ltd, un fournisseur de solutions scientifiques dans les domaines de la santé humaine, de la santé animale, de la santé publique et des produits phytosanitaires.
Avant de lancer NOA’S HERD, il avait déjà exploré le potentiel du numérique. Il a cofondé en 2012 Home Duuka, l’une des premières plateformes d’e-commerce en Ouganda. Entre 2017 et 2024, il a travaillé comme directeur pour Vero Food Industries Ltd, un producteur, transformateur et fournisseur de boissons et d’aliments de qualité.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’intelligence artificielle s’impose peu à peu comme un levier de transformation des services publics africains. Si des solutions locales émergent dans la santé, l’éducation ou l’agriculture, leur déploiement à grande échelle reste conditionné par des investissements structurels et un cadre éthique clair.
L’Afrique multiplie les initiatives d’IA pour moderniser ses services publics, notamment dans des secteurs stratégiques comme la santé, l’agriculture ou encore l’éducation. Selon le rapport « Governing in the Age of AI – Unlocking a New Era of Transformation in Africa », publié en avril 2025 par le Tony Blair Institute, l’IA peut accroître la productivité des États, améliorer la transparence et renforcer l’accès à des services essentiels à moindre coût. L’Afrique, qui ne représente encore que 1 % des investissements mondiaux en IA, pourrait tirer parti d’une approche ciblée, fondée sur des cas d’usage concrets et adaptés aux réalités locales.
Santé : diagnostics low-cost et logistique intelligente
En Afrique, les applications de l’IA dans le secteur de la santé se multiplient. Au Nigeria, la start-up Ubenwa a mis au point un algorithme capable d’analyser les pleurs des nouveau-nés pour détecter précocement des signes d’asphyxie, réduisant ainsi la mortalité néonatale dans les zones rurales. À Nairobi, Neural Labs teste NeuralSight, une plateforme d’analyse d’imagerie médicale basée sur l’IA qui permet de diagnostiquer plus de 20 pathologies respiratoires et mammaires à moindre coût.
Agriculture : productivité augmentée à l’échelle des petits exploitants
L’agritech africaine adopte massivement l’IA pour transformer les exploitations. Aerobotics, basée en Afrique du Sud, exploite drones et imagerie satellite pour détecter maladies et ravageurs avant qu’ils ne se propagent, contribuant à augmenter les rendements. Farmerline, au Ghana, a lancé Darli, un chatbot accessible via WhatsApp dans 27 langues africaines, délivrant des conseils agricoles adaptés. Lancé en mars 2024, ce service touche déjà 110 000 agriculteurs. Ces innovations facilitent l’accès à l’expertise agricole, aident à réduire les intrants et renforcent la résilience climatique.
Éducation : assistance personnalisée pour pallier la pénurie d’enseignants
Avec un déficit estimé à 15 millions d’enseignants sur le continent selon l’UNESCO, l’IA est perçue comme un outil d’appui précieux. SkillBridge, en Éthiopie, et M‑Shule, au Kenya, proposent des assistants intelligents qui guident les élèves via SMS ou application, avec un taux de précision de 87 % dans des exercices préparatoires. Afrilearn, de son côté, s’appuie sur un modèle « learn-and-earn » pour permettre aux élèves nigérians d’accéder gratuitement à des ressources pédagogiques enrichies et interactives.
Des stratégies nationales encore inégalement réparties
À ce jour, environ 11 pays africains ont adopté une stratégie nationale d’intelligence artificielle, dont le Rwanda, l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Égypte, le Ghana, le Kenya, la Tunisie et le Bénin. Selon l’indice AI Readiness Index 2023 de l’Université d’Oxford, la région Afrique subsaharienne obtient une note moyenne de 30,2 sur 100, loin derrière l’Asie de l’Est (52,6). Les principaux freins identifiés : manque d’infrastructures numériques, déficit de données de qualité et faibles capacités institutionnelles.
À l’échelle continentale, l’Union africaine a adopté en 2024 une Stratégie africaine pour l’intelligence artificielle, qui encourage une IA responsable, inclusive et éthique. Ce cadre prévoit notamment le développement de standards de gouvernance des données, la mutualisation des infrastructures régionales et la promotion des innovations locales.
L’IA africaine entre promesse locale et défis systémiques
L’Afrique dispose aujourd’hui de cas d’usage tangibles d’IA à fort impact dans la santé, l’agriculture, l’éducation et la gestion publique. Des start-up suscitées démontrent la capacité du continent à innover localement. Pourtant, sans un effort structurant autour des infrastructures, de la formation des talents et de la gouvernance éthique, ces initiatives risquent de rester marginales.
Le rapport du Tony Blair Institute propose en réponse la création d’un AI Financing Compact for Africa, visant à mutualiser les investissements pour les centres de données, les identités numériques et les programmes de formation certifiante. De son côté, le secteur privé, porté par les start-ups et les hubs technologiques, joue un rôle moteur dans le déploiement de solutions adaptées aux contextes africains.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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