La transformation numérique gagne tous les pans de l’économie sénégalaise, y compris l’agriculture, où une expérimentation est en cours sur un segment précis de la chaîne de production.
Dans le cadre de sa stratégie de modernisation de l’agriculture, le Sénégal a lancé dans la ville de Tivaouane la phase pilote d’un projet de numérisation de la distribution des intrants. L’initiative, qui s’étend également à la ville de Nioro, a déjà permis l’enrôlement de 50 000 producteurs sur les 200 000 visés dans cette première phase.
« Pour la phase test de cette année, 10 000 personnes étaient visées, mais aujourd’hui, nous avons 50 000 producteurs enrôlés. [...] Ce processus a permis de sortir du réseau beaucoup de faux producteurs qui profitaient de l’ancien cadre de travail » a indiqué Alpha Ba, Secrétaire d'État aux Coopératives et à l'encadrement paysan.
L’objectif est d’assurer une distribution plus transparente et efficace des engrais et semences subventionnés, en s’appuyant sur des outils digitaux pour, entre autres, identifier les bénéficiaires et éviter les fraudes. Il s’agit aussi de mieux adapter les quantités distribuées aux besoins réels des exploitants. Dans les villes sélectionnées, les autorités locales et les producteurs eux-mêmes ont été sensibilisés à l’importance de cette réforme.
L’initiative survient quelques mois après l’annonce d’une collaboration entre le gouvernement sénégalais et la Société financière internationale (IFC), la filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, pour la numérisation des subventions agricoles. Comme d’autres secteurs de l’économie du pays, l’agriculture se digitalise, dans le cadre du « New deal technologique », la stratégie nationale visant à faire du numérique un moteur de transformation sociale et économique.
Cette phase pilote devrait être suivie d’un déploiement au niveau national, dans le but de renforcer la sécurité alimentaire, d’améliorer les rendements, et de soutenir la transformation digitale du secteur agricole sénégalais.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Nigérian, il part au Rwanda où il poursuit ses études universitaires. Il y a senti le besoin d’offrir des solutions agricoles innovantes et durables aux petits exploitants et aux ménages urbains, notamment dans les zones arides ou exposées aux effets du changement climatique.
Israel Smart (photo) est un entrepreneur nigérian installé au Rwanda. Il a fondé Smartel Agritech, une start-up qui conçoit et déploie des systèmes hydroponiques adaptés aux zones arides et aux régions exposées aux effets du changement climatique.
Fondée en 2022, Smartel Agritech développe des solutions de culture hors-sol utilisant de l’eau enrichie en nutriments pour remplacer la terre, permettant la culture dans des zones à ressources limitées en eau ou en surfaces cultivables.
La technologie développée par Smartel combine l’hydroponie, l’irrigation intelligente, l’énergie solaire et l’Internet des objets (IoT) pour optimiser la croissance des plantes, surveiller en temps réel les besoins en nutriments, détecter les maladies et automatiser l’irrigation. Selon la start-up, ces systèmes permettent d’économiser jusqu’à 90 % d’eau par rapport à l’agriculture traditionnelle, tout en augmentant les rendements et en réduisant l’empreinte carbone de la production agricole.
Smartel Agritech s’adresse aux petits producteurs, aux ménages en ville et aux communautés de réfugiés pour faciliter la production locale de légumes, de fourrages et de fruits, avec une réduction des coûts et de l’impact environnemental. La start-up fournit également des formations, un appui technique et des modèles de partage de revenus pour faciliter l’adoption des systèmes mis en place.
L’entreprise indique avoir généré 400 emplois directs et 2150 emplois indirects, formé 1750 petits producteurs et installé plus de 300 systèmes hydroponiques, entraînant une réduction estimée de 360 tonnes de CO₂, soit environ 1,2 tonne par système. Le 24 juin 2025, Smartel Agritech a intégré la neuvième cohorte du Google for Startups Accelerator : Africa.
My company is now backed by google 🥳🎉 @Smartelglobal pic.twitter.com/u4VPVxnQZ9
— Smart Israel (@iam_smartisrael) June 30, 2025
Israel Smart a étudié l’ingénierie logicielle et l’apprentissage automatique à l’African Leadership University au Rwanda. En 2023, il a travaillé comme assistant de projet chez OpenAI. L’année suivante, il a effectué un stage en ingénierie logicielle au sein du département Durabilité et Gouvernance de Libra Group aux États-Unis, un groupe regroupant des entreprises axées sur l’aérospatiale, les investissements, l’hôtellerie, le secteur maritime, l’immobilier et les énergies renouvelables.
En 2023, il a été nommé jeune ambassadeur de l’environnement par la Bestseller Foundation et a été accepté dans l’accélérateur du Programme alimentaire mondial pour ses systèmes alimentaires connectés. Il a également reçu le prix Diana, créé en mémoire de la princesse de Galles Diana, qui récompense les jeunes pour leur action sociale ou leurs efforts humanitaires.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Portée par l’innovation numérique et une demande mondiale en plein essor, l’apiculture africaine connaît une croissance rapide. Mais pour s’imposer durablement à l’échelle internationale, le secteur doit encore surmonter de nombreux obstacles.
Bien qu’encore considérée comme une filière mineure dans de nombreux pays africains, l’apiculture joue un rôle économique, social et environnemental de plus en plus important sur le continent. En 2023, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a estimé la production mondiale de miel à 1,894 million de tonnes, l’Afrique affichant le taux de croissance le plus élevé. Avec un volume de production annuel de 223 000 tonnes en 2023, l’Afrique représente 12 % de la production mondiale de miel. Ce chiffre marque une progression notable : en 2013, la part de l’Afrique était d’environ 10 % avec 155 000 tonnes produites.
Selon le rapport « Technologies et solutions numériques pour l’apiculture », publié par la FAO en mai 2025, cette production peut encore augmenter tout comme le gain financier pour l’Afrique grâce à l’adoption de nouvelles approches faisant la part belle à la technologie pour améliorer la gestion des colonies, assurer la traçabilité des produits et accéder à de nouveaux débouchés.
Des outils connectés pour une apiculture de précision
Dans certains pays, la transformation numérique du secteur est déjà en cours via des applications adaptées aux réalités locales. Au Burkina Faso, la start-up Smart-Apic a mis au point une plateforme qui permet de surveiller les ruches à distance à l’aide de capteurs connectés et d’une application mobile. Les données collectées (poids, température, humidité, comportement des abeilles) facilitent la détection précoce des maladies, optimisent les récoltes et réduisent les pertes.
En Ethiopie, Abiye Tadeos, via sa start-up Anabi Agritech Solutions, propose des services d’apiculture intelligente basés sur l’Internet des objets (IoT), permettant de suivre en temps réel l’état des ruches, même dans les zones rurales reculées.
Ces innovations numériques, souvent développées par des start-up locales, ont pour objectif principal l’augmentation de la productivité tout en allégeant la pénibilité du travail.
Traçabilité, blockchain et accès aux marchés internationaux
L’un des principaux défis de l’apiculture africaine reste la valorisation du miel sur les marchés formels et à l’export. La traçabilité, désormais facilitée par les applications mobiles et la blockchain, devient un atout commercial majeur. Elle garantit la lutte contre la contrefaçon qui déprécie la valeur du produit auprès des consommateurs. D’après la FAO, l’intégration de la blockchain dans la chaîne de valeur apicole atteste de l’origine, de la pureté et de la qualité du miel, des critères de plus en plus recherchés par les marchés internationaux et les labels bio.
La numérisation favorise également l’accès à l’information sur les prix, la demande et les tendances du marché grâce à des plateformes d’échange ou des groupes WhatsApp et Telegram, ajoute la FAO. Les petits producteurs peuvent ainsi mieux négocier et limiter leur dépendance vis-à-vis des intermédiaires souvent coûteux.
Renforcement des capacités et inclusion numérique
L’adoption des technologies numériques dépasse les seuls outils de production : plateformes d’information, applications de formation et les réseaux sociaux professionnels jouent un rôle déterminant dans le renforcement des compétences des apiculteurs. Elles facilitent l’accès à l’expertise, la diffusion des bonnes pratiques et encouragent la création de communautés d’entraide, essentielles pour renforcer la résilience du secteur face aux aléas climatiques et sanitaires.
Cependant, l’adoption de ces innovations reste freinée par le coût des équipements, le manque d’accès au crédit et la faible maîtrise des outils numériques dans certaines zones rurales. Les experts de la FAO recommandent de privilégier des solutions simples, abordables et adaptées au contexte local, ainsi que développer des programmes de formation spécifiquement destinés aux femmes et aux jeunes.
Perspectives et enjeux pour les acteurs économiques
Selon Global Market Insights, le marché mondial de l’apiculture a dépassé 10,5 milliards de dollars en 2024 et devrait croître de 4,2 % par an jusqu’en 2034, tiré par la demande de produits naturels, de miel bio et de solutions de pollinisation pour l’agriculture durable. Dans ce contexte, la croissance rapide de la production africaine, qui représente déjà 12 % du volume mondial, place le continent en position stratégique pour capter une part croissante de ce marché, à condition d’investir intelligemment dans la numérisation, la certification et la formation des acteurs de la filière.
Pour les investisseurs, les ONG et les pouvoirs publics, l’enjeu est de faciliter l’accès aux technologies, de renforcer les infrastructures numériques et de promouvoir des modèles d’apiculture durable et inclusive. Des initiatives comme Smart-Apic ou Anabi Agritech Solutions illustrent le potentiel de l’innovation locale pour transformer durablement la filière, à condition d’être soutenues par des politiques publiques ambitieuses et des financements adéquats.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Face à un taux de chômage élevé chez les jeunes diplômés, l’Algérie intensifie ses efforts pour encourager l’entrepreneuriat universitaire. En développant un réseau dense d’incubateurs, le pays vise à stimuler l’innovation et à diversifier son économie en misant sur les technologies et les start-up.
Le président de la Commission nationale de coordination et de suivi de l’innovation et des incubateurs universitaires, Ahmed Mir (photo), a réaffirmé le mardi 24 juin à Alger l’ambition du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de porter à 20 000 le nombre de start-up en Algérie à l’horizon 2029.
S’exprimant lors d’une journée parlementaire sur le rôle des incubateurs dans les universités, Ahmed Mir a indiqué que 124 incubateurs sont aujourd’hui actifs dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche à travers le pays. Ce maillage a permis de mobiliser 60 000 étudiants dont les projets de fin d’études visent la création de start-up ou de micro-entreprises, ou font l’objet de demandes de brevets. À ce jour, 1600 micro-entreprises, 130 start-up et 1175 projets labellisés « innovants » ont vu le jour, en plus de 2800 brevets déposés auprès des autorités compétentes.
Cette dynamique s’inscrit dans un effort soutenu du secteur de l’Enseignement supérieur depuis trois ans, en vue d’ancrer l’entrepreneuriat dans la culture universitaire et de valoriser le potentiel des 250 000 diplômés formés chaque année, dont plus de 110 000 issus des filières techniques, scientifiques et numériques. Ces profils constituent un levier stratégique pour alimenter l’écosystème entrepreneurial du pays.
Cette effervescence entrepreneuriale présente une forte dimension sociale. Dans un pays où le chômage des jeunes reste élevé, la création de start-up et de micro-entreprises apparaît comme un levier essentiel pour l’insertion professionnelle et la réduction des tensions sociales. Cependant, malgré ces avancées encourageantes, plusieurs défis persistent, notamment en matière d’accès au financement, d’amélioration des infrastructures numériques et d’accompagnement réglementaire adéquat.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Il combine pratiques traditionnelles et approches innovantes en Ouganda. Il conçoit des initiatives autour de l’élevage, déployant des systèmes qui soutiennent la progression des revenus et la transformation des méthodes des éleveurs du pays.
Nicholas Katongole (photo) est un entrepreneur ougandais engagé dans la modernisation de l’élevage. À la tête de la start-up NOA’S HERD, qu’il dirige en tant que directeur général, il développe des outils numériques pour faire de l’élevage une source de revenus durable pour les petits producteurs africains.
Fondée en 2022, NOA’S HERD propose aux éleveurs une plateforme numérique qui collecte, analyse et certifie les données d’émissions de méthane des troupeaux. Grâce à des capteurs connectés installés sur les exploitations, l’entreprise suit en temps réel les émissions de chaque éleveur, permettant une traçabilité précise et transparente.
Ces données sont ensuite utilisées pour générer des crédits carbone vérifiés, valorisables sur les marchés internationaux. La plateforme numérique de NOA’S HERD automatise la gestion des contrats, la rémunération des agriculteurs et la certification des pratiques durables, offrant ainsi une solution clé en main, accessible même aux petits exploitants peu familierd avec les outils numériques.
« Notre mission consiste à utiliser des technologies de pointe et des compléments alimentaires naturels spécialisés pour aider les agriculteurs africains à réduire les émissions de méthane, à augmenter la productivité, à obtenir des crédits carbone et à créer un secteur de l’élevage plus durable qui soutienne les objectifs climatiques mondiaux », explique la start-up.
En 2024, NOA’S HERD a signé un partenariat avec Sea Forest, une entreprise australienne spécialisée dans les compléments alimentaires à base d’algues. Ce partenariat prévoit la distribution de SeaFeed, un additif capable de réduire jusqu’à 90 % les émissions de méthane des ruminants. La première phase de déploiement concerne 30 000 bovins répartis sur 15 fermes en Ouganda et au Kenya.
En parallèle, Nicholas Katongole est responsable du développement commercial de Quality Chemicals Ltd, un fournisseur de solutions scientifiques dans les domaines de la santé humaine, de la santé animale, de la santé publique et des produits phytosanitaires.
Avant de lancer NOA’S HERD, il avait déjà exploré le potentiel du numérique. Il a cofondé en 2012 Home Duuka, l’une des premières plateformes d’e-commerce en Ouganda. Entre 2017 et 2024, il a travaillé comme directeur pour Vero Food Industries Ltd, un producteur, transformateur et fournisseur de boissons et d’aliments de qualité.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’intelligence artificielle s’impose peu à peu comme un levier de transformation des services publics africains. Si des solutions locales émergent dans la santé, l’éducation ou l’agriculture, leur déploiement à grande échelle reste conditionné par des investissements structurels et un cadre éthique clair.
L’Afrique multiplie les initiatives d’IA pour moderniser ses services publics, notamment dans des secteurs stratégiques comme la santé, l’agriculture ou encore l’éducation. Selon le rapport « Governing in the Age of AI – Unlocking a New Era of Transformation in Africa », publié en avril 2025 par le Tony Blair Institute, l’IA peut accroître la productivité des États, améliorer la transparence et renforcer l’accès à des services essentiels à moindre coût. L’Afrique, qui ne représente encore que 1 % des investissements mondiaux en IA, pourrait tirer parti d’une approche ciblée, fondée sur des cas d’usage concrets et adaptés aux réalités locales.
Santé : diagnostics low-cost et logistique intelligente
En Afrique, les applications de l’IA dans le secteur de la santé se multiplient. Au Nigeria, la start-up Ubenwa a mis au point un algorithme capable d’analyser les pleurs des nouveau-nés pour détecter précocement des signes d’asphyxie, réduisant ainsi la mortalité néonatale dans les zones rurales. À Nairobi, Neural Labs teste NeuralSight, une plateforme d’analyse d’imagerie médicale basée sur l’IA qui permet de diagnostiquer plus de 20 pathologies respiratoires et mammaires à moindre coût.
Agriculture : productivité augmentée à l’échelle des petits exploitants
L’agritech africaine adopte massivement l’IA pour transformer les exploitations. Aerobotics, basée en Afrique du Sud, exploite drones et imagerie satellite pour détecter maladies et ravageurs avant qu’ils ne se propagent, contribuant à augmenter les rendements. Farmerline, au Ghana, a lancé Darli, un chatbot accessible via WhatsApp dans 27 langues africaines, délivrant des conseils agricoles adaptés. Lancé en mars 2024, ce service touche déjà 110 000 agriculteurs. Ces innovations facilitent l’accès à l’expertise agricole, aident à réduire les intrants et renforcent la résilience climatique.
Éducation : assistance personnalisée pour pallier la pénurie d’enseignants
Avec un déficit estimé à 15 millions d’enseignants sur le continent selon l’UNESCO, l’IA est perçue comme un outil d’appui précieux. SkillBridge, en Éthiopie, et M‑Shule, au Kenya, proposent des assistants intelligents qui guident les élèves via SMS ou application, avec un taux de précision de 87 % dans des exercices préparatoires. Afrilearn, de son côté, s’appuie sur un modèle « learn-and-earn » pour permettre aux élèves nigérians d’accéder gratuitement à des ressources pédagogiques enrichies et interactives.

Des stratégies nationales encore inégalement réparties
À ce jour, environ 11 pays africains ont adopté une stratégie nationale d’intelligence artificielle, dont le Rwanda, l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Égypte, le Ghana, le Kenya, la Tunisie et le Bénin. Selon l’indice AI Readiness Index 2023 de l’Université d’Oxford, la région Afrique subsaharienne obtient une note moyenne de 30,2 sur 100, loin derrière l’Asie de l’Est (52,6). Les principaux freins identifiés : manque d’infrastructures numériques, déficit de données de qualité et faibles capacités institutionnelles.
À l’échelle continentale, l’Union africaine a adopté en 2024 une Stratégie africaine pour l’intelligence artificielle, qui encourage une IA responsable, inclusive et éthique. Ce cadre prévoit notamment le développement de standards de gouvernance des données, la mutualisation des infrastructures régionales et la promotion des innovations locales.
L’IA africaine entre promesse locale et défis systémiques
L’Afrique dispose aujourd’hui de cas d’usage tangibles d’IA à fort impact dans la santé, l’agriculture, l’éducation et la gestion publique. Des start-up suscitées démontrent la capacité du continent à innover localement. Pourtant, sans un effort structurant autour des infrastructures, de la formation des talents et de la gouvernance éthique, ces initiatives risquent de rester marginales.
Le rapport du Tony Blair Institute propose en réponse la création d’un AI Financing Compact for Africa, visant à mutualiser les investissements pour les centres de données, les identités numériques et les programmes de formation certifiante. De son côté, le secteur privé, porté par les start-ups et les hubs technologiques, joue un rôle moteur dans le déploiement de solutions adaptées aux contextes africains.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Issu du secteur financier et ancien banquier d’investissement, il a choisi de se consacrer à la transformation du secteur agricole. Son parcours reflète une volonté de résoudre des problèmes économiques avec des outils concrets.
Expert en finance et entrepreneur technologique, le Sud-Africain Eugene Roodt (photo) s’impose comme l’un des visages du renouveau agricole sur le continent. Cofondateur de la start-up Nile, il mise sur la technologie pour rapprocher les producteurs agricoles des marchés régionaux et internationaux, tout en facilitant leur accès au financement et aux intrants.
En 2020, aux côtés de Louis de Kock et Rick Kleynhans, il lance Nile.ag avec l’ambition de lever les freins structurels qui entravent le commerce agricole africain. La plateforme fonctionne comme une place de marché numérique, permettant aux agriculteurs de vendre directement leurs produits frais à des acheteurs professionnels. Elle intègre des outils digitaux pour gérer la logistique, la traçabilité, le contrôle qualité et les paiements.
Avec une capacité de traitement de 2500 tonnes de produits frais par jour, Nile dessert aujourd’hui des clients dans 38 pays. Elle constitue une alternative aux circuits traditionnels, réduisant le nombre d’intermédiaires, accélérant les paiements et garantissant une transparence accrue sur les prix et la qualité des produits. La plateforme propose également une place de marché dédiée aux intrants agricoles, aidant les producteurs à investir, se développer et gagner en autonomie.
Le mardi 10 juin 2025, Nile a annoncé une levée de fonds de 11,3 millions de dollars, destinée à élargir son impact et à favoriser l’adoption du commerce numérique par un plus grand nombre d’agriculteurs africains.
Eugene Roodt est titulaire d’un bachelor en comptabilité et finance obtenu en 2013 à la Stellenbosch University. Avant de se lancer dans l’entrepreneuriat, il a travaillé entre 2017 et 2020 comme banquier d’investissement pour J.P. Morgan, une entreprise financière.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Portées par une dynamique d’innovation, les jeunes start-up africaines cherchent à s’implanter au-delà du continent. En France, la région Sud s’affirme comme un hub stratégique, qui peut offrir aux start-up africaines un cadre favorable à leur expansion et à leur rayonnement international.
Orange Afrique et Moyen-Orient (OMEA) a annoncé, mercredi 11 juin en marge du salon Viva Technology à Paris, la signature d’un partenariat stratégique avec risingSUD, l’agence d’attractivité de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). L’initiative vise à accompagner l’implantation de start-up africaines en France.
« Ce partenariat avec risingSUD marque une étape clé dans notre ambition de faire rayonner l’innovation africaine à l’échelle internationale. En facilitant leur implantation et leur accélération en France, notamment dans la région Sud, nous donnons aux jeunes entreprises africaines les moyens d’accélérer leur croissance », a déclaré Jérôme Hénique, directeur général d’Orange Afrique et Moyen-Orient.
Ce partenariat de trois ans vise à renforcer les synergies entre les écosystèmes d’innovation d’Afrique, du Moyen-Orient et du sud de la France. Les start-up issues du réseau des Orange Digital Centers (ODC) bénéficieront d’un accompagnement personnalisé pour développer leurs activités en France, notamment à travers un appui dans le montage de projet, l’accès aux financements et la mise en réseau avec des partenaires économiques locaux.
Déjà forte de plus de 500 000 entreprises, la région PACA souhaite ainsi renforcer son rôle de passerelle naturelle entre l’Europe et l’Afrique. En 2024, risingSUD a déjà facilité l’implantation de 14 entreprises africaines dans le sud de la France, dont Guépard, une start-up tunisienne incubée par l’ODC de Tunis, désormais présente à Marseille.
Ce partenariat s’inscrit dans la continuité des initiatives d’OMEA en faveur de l’entrepreneuriat numérique africain. Présent dans 17 pays en Afrique et au Moyen-Orient, le réseau des ODC propose un accès gratuit à des services allant de la formation numérique à l’incubation, en passant par l’accélération et le financement de projets innovants.
À terme, cette collaboration devrait contribuer aussi à renforcer les liens économiques et technologiques entre les deux rives de la Méditerranée, tout en dynamisant la compétitivité des écosystèmes d’innovation africains à l’échelle mondiale.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La start-up sud-africaine Nile a levé 11,3 millions de dollars pour étendre sa plateforme numérique destinée aux agriculteurs. Ce financement, mené par Cathay AfricInvest, vise à faciliter l'accès aux marchés, aux outils et au capital, tout en réduisant les risques et en améliorant la transparence dans le commerce agricole régional.
Il s’est fixé pour objectif de moderniser l’agriculture en s’appuyant sur l’innovation. Grâce à la technologie, il développe progressivement des solutions concrètes aux défis alimentaires du continent.
Le Tanzanien Baraka Chijenga (photo) est le fondateur et directeur général de Kilimo Fresh, une start-up basée à Dar es Salam. Depuis sa création en 2019, l’entreprise utilise la technologie et l’analyse de données pour connecter des centaines de petits producteurs à des milliers de détaillants, hôtels et restaurants. Son objectif est d’optimiser les circuits d’approvisionnement et de réduire significativement le gaspillage alimentaire.
Le modèle de Kilimo Fresh repose sur une plateforme en ligne intuitive, permettant aux commerçants de commander fruits, légumes et produits secs, livrés directement à leur porte. L’entreprise s’appuie sur des outils d’analyse prédictive pour anticiper la demande, optimiser la gestion des stocks et limiter les pertes. Elle soutient également les agriculteurs dans l’adoption de pratiques durables et l’intégration de technologies agricoles modernes.
Le jeudi 5 juin, Kilimo Fresh a été sélectionnée parmi les finalistes de l’AYuTe NextGen, une initiative portée par Heifer International Africa, qui met en lumière les entreprises technologiques apportant des solutions innovantes aux défis du secteur agricole.
𝐌𝐞𝐞𝐭 𝐭𝐡𝐞 𝐅𝐢𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐬 – 𝐂𝐥𝐢𝐦𝐚𝐭𝐞 𝐒𝐦𝐚𝐫𝐭 𝐒𝐨𝐥𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬
— Heifer International Africa (@Heifer_Africa) June 5, 2025
We are pleased to unveil the finalists for AYuTe NextGen 2025. They’re solving real-world challenges with drones, AI, smart greenhouses, digitized vet care, mobile advisory tools, market-linkage… pic.twitter.com/8bEvVO8GHd
Avant de lancer Kilimo Fresh, Baraka Chijenga a cofondé Eliminex Tanzania Limited. Lancée en 2014, la société est spécialisée dans la production biologique de fruits et légumes, cultivés sans intrants synthétiques ni produits agrochimiques.
Diplômé de Mzumbe University (Tanzanie), où il a obtenu en 2015 un bachelor en développement de l’esprit entrepreneurial, Baraka Chijenga commence sa carrière chez Pyramid Pharma, fournisseur de solutions de santé, où il officie comme agent financier. Entre 2017 et 2019, il poursuit son parcours professionnel en Afrique de l’Ouest, au sein de Pacific Diagnostics, où il participe à l’expansion des activités de l’entreprise au Nigeria et au Ghana.
En 2021, il s’était déjà fait remarquer au niveau panafricain en atteignant la finale du GoGettaz Agripreneur Prize Competition, qui récompense les jeunes entrepreneurs du secteur agricole les plus prometteurs du continent.
Melchior Koba
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