En Afrique, le commerce électronique a enregistré de la croissance depuis 2020. Alors que la concurrence se renforce sur ce segment de marché, l’innovation technologique contribue à se démarquer. C’est la stratégie adoptée par Jumia au Ghana.

La filiale ghanéenne de Jumia, entreprise de commerce électronique présente dans une dizaine de pays africains, a dévoilé le vendredi 4 février son partenariat avec la société ghanéenne de casiers intelligents LocQar. Il porte sur la mise à la disposition de casiers sécurisés à ses clients à Accra, où ils peuvent aisément entrer en possession de leurs commandes effectuées en ligne.

« L’expérience de nos clients est très importante pour nous et c’est pourquoi nous avons établi ce partenariat avec LocQar. Il ne s’écoule que 7 secondes entre le moment où les clients arrivent au casier intelligent et celui où ils récupèrent effectivement leur commande. C’est également très pratique, car ces casiers sont disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ils peuvent donc récupérer leurs colis à tout moment de la journée », a déclaré Samuel Esiri (photo, à droite), directeur national de Jumia Ghana.

LocQar fournit des casiers intelligents dans des endroits stratégiques comme l’aéroport de Kotoka, les centres commerciaux Accra Mall et West Hills Mall. Ces casiers sont gérés par une plateforme numérique et une fois qu’un colis y est déposé, le destinataire est immédiatement informé (par SMS ou courriel) que son colis est prêt à être récupéré. Il reçoit automatiquement un code d’accès et n’a plus qu’à inscrire ce dernier sur l’écran tactile du contrôleur du casier pour avoir accès à son colis.

Sécurisés et sûrs, les casiers intelligents de LocQar sont équipés d’alarmes et sont situés à des endroits sous vidéosurveillance. Ils sont accessibles 24 heures sur 24 et tous les jours de la semaine et Jumia estime qu’il s’agit d’une autre alternative, sûre, à la livraison de colis à domicile.

Adoni Conrad Quenum

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Fondé il y a deux ans, Chari.ma a atteint une valorisation de 100 millions $ en janvier dernier. La start-up est aujourd’hui au cœur de plusieurs projets de développement, soutenue par des investisseurs de haut calibre.

Sophia Alj (photo, à gauche) et Ismael Belkhayat (photo, à droite), cofondateurs de la start-up Chari.ma, ont été désignés « Entrepreneurs Endeavor » lors de la sélection internationale du jury qui s’est tenue du 24 au 26 janvier 2022. Cette consécration attribuée par Endeavor Global, une communauté mondiale d’entrepreneurs à fort impact, est le résultat du succès qu’enregistre leur service de centrale d’achat numérique pour commerçant de proximité, du développement à fort potentiel dans lequel la start-up est engagée et de leur disponibilité à s’engager à partager leurs connaissances et leurs expériences avec d'autres entrepreneurs.

Fondée en janvier 2020, Chari.ma a enregistré de nombreux succès au cours des deux dernières années. En décembre 2020, elle revendiquait déjà le traitement de près de 2,5 millions $ de valeur de commande par mois. Le même mois, elle a remporté le Middle East Africa Seed Challenge organisé par Orange Ventures. L’année qui a suivi, en août, elle a acquis l'application le carnet de crédit sur mobile Karny.ma. Elle a ensuite levé 5 millions $ au cours d’un tour de table dirigé par Rocket Internet, Global Founders et P1 Ventures en octobre 2021.

En janvier 2022, elle a réussi une nouvelle levée de fonds lors d’une opération menée par Khwarizmi Ventures, Air Angels (Airbnb Alumni Investors) et Afri Mobility. Plug and Play, ‎Combinateur Y, ‎Village Capital / Fondation MetLife‎, Orange Ventures, ‎Air Angels, SPE Capital, Pincus Private Equity, Reflect Ventures, ‎la famille Chandaria, ‎Michael Lahyani (PDG et fondateur de Propertyfinder ‎et la société de gestion d’une université américaine Ivy League) y ont pris part‎. Avec cet argent, Chari.ma veut se lancer dans le segment du crédit à la consommation et pousser plus loin son expansion africaine.

En devenant « Entrepreneurs Endeavor », Sophia Alj et Ismael Belkhayat ont une opportunité de réaliser ces ambitions. Leur distinction leur donne « accès à des services de soutien complets, stratégiques et mondiaux, y compris des présentations à des mentors d'affaires locaux et internationaux, des investisseurs et des bénévoles de sociétés de conseil du Fortune 500 qui les aideront à répondre à leurs besoins clés », indique Endeavor Global.

Cette année, Sophia Alj et Ismael Belkhayat sont les deux seuls entrepreneurs africains sur les douze sélectionnés par Endeavor Global dans sept marchés au niveau mondial que sont le Vietnam, le Maroc, la Bulgarie, le Brésil, le Mexique, les Emirats arabes unis et la Jordanie. 

Muriel Edjo

Lire aussi : Le marocain Chari.ma souhaite se renforcer avec la digitalisation des prêts à la consommation

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La levée d’un financement de série A par Brimore avait fuité depuis cinq mois. Son aboutissement marque une nouvelle étape pour cette entreprise qui travaille à se renforcer sur son principal marché.

Une opération de levée d’un financement de série A, au profit de l’égyptien Brimore, a été concrétisée en cette fin du mois de janvier. La plateforme de commerce en ligne, axée sur les produits de grande consommation, a donc obtenu 25 millions $. La Société financière internationale (SFI) qui étudiait l’opportunité d’un investissement au sein de la société d’e-commerce a finalement marqué son accord en codirigeant l’investissement avec la firme américaine Endure Capital.

« L'Afrique est comme 54 marchés différents avec des dynamiques distinctes pour chaque marché. Notre vision est de parvenir à percer le concept d'accès au marché par l'intermédiaire des personnes et d'atteindre le commerce transfrontalier », a commenté Mohamed Abdulaziz, cofondateur de Brimore.

L’annonce d’un nouveau financement au profit de Brimore courait depuis mi-aout 2021. A cette même période, la SFI avait élaboré une proposition d’investissement en actions d’un montant de 5 millions $, au sein de la plateforme de commerce social.

Avec ces nouveaux capitaux, Brimore prévoit de renforcer sa présence en Egypte, son marché principal. La start-up cofondée en 2017, par Mohamed Abdulaziz et Ahmed Sheikha, va étendre son infrastructure de commerce en ligne et hors ligne dans le pays, renforcer son équipe de travail ainsi que son réseau de fournisseurs et vendeurs. Au cours des trois dernières années, Brimore affirme avoir multiplié ses revenus par 400. La plateforme qui cumule cinq ans d’existence collabore au quotidien avec environ 300 fournisseurs et 75 000 vendeurs.  

En Egypte, le commerce en ligne est une activité en pleine expansion. Avec plus de 1,25 million de vendeurs sociaux, le marché égyptien de l'e-commerce social devrait représenter plus de 14,8 milliards $ d'ici 2024, selon plusieurs sources concordantes.

Chamberline Moko        

                                    

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Selon l’IPAR, un institut d’analyses et de recherches sur les politiques publiques au Rwanda, le processus de digitalisation des activités économiques doit être facilité et simplifié. Un conseil qui vaut pour d’autres pays d’Afrique subsaharienne.

Dans un rapport peu médiatisé sur le rôle du e-commerce dans la reprise économique post-Covid 19, l’institut IPAR-Rwanda a formulé 5 recommandations qui, de son point de vue, permettrait à ce secteur de tenir toutes ses promesses.

La première concerne une révision des frais payés sur les transactions financières via les téléphones portables. Selon l'analyse, des prix plus abordables encourageraient davantage de personnes à réaliser des achats via des canaux digitaux. Un début, selon l'analyse, serait de rendre gratuit les frais sur les petits montants.

Le deuxième conseil est de mettre en place des politiques publiques favorables à l'acquisition et à l'utilisation de smartphones. Dans le cas spécifique du Rwanda, l'institut estime que cette démarche rendrait plus cohérent le plan en cours, qui consiste à connecter les producteurs agricoles du Rwanda. Mais la seule acquisition de smartphones ne suffira pas, il faudra aussi éduquer la population à s'en servir.

Il est aussi question d'engager des discussions sur les tarifs de l'internet. Bien que le Rwanda offre les tarifs parmi les plus bas en Afrique, pour les personnes vivant dans les zones rurales, accéder à la technologie reste un défi économique. L'évolution de nouvelles solutions de connectivité n'arrange pas les choses, car les investissements sur la 4G sont récents et nécessitent un amortissement pour les sociétés qui les exploitent. L’IPAR juge qu'un système de soutien pour les personnes en zones rurales est une approche à explorer.

Les deux dernières recommandations portent sur l'expansion des exportations via le e-commerce, en réduisant le poids des formalités et en apportant un appui aux petites et moyennes entreprises concernées.

Les recommandations de l'IPAR-Rwanda ont été appuyées par une analyse complète des coûts et bénéfices pour l’économie du Rwanda. Mais les questions soulevées sont applicables à plusieurs pays de l'Afrique subsaharienne, hors Afrique du sud.

Selon le plus récent rapport du GSMA (association des opérateurs de mobile) sur la régulation du secteur des télécommunications, les politiques publiques africaines ont, ces dernières années, pris trop de décisions de nature à freiner l’expansion du business autour du digital. Dans plusieurs pays de la région, en effet, les gouvernements trouvent dans le mobile money une opportunité de mobiliser de la ressource fiscale. En fin 2021, la question a fait débat au Cameroun où une taxe de 0,2% a été imposée sur les montant transférés, et aussi au Ghana où la question a même donné lieu à une bagarre entre parlementaires.

Or malgré le développement rapide qu'on lui reconnait, le mobile money en Afrique est loin d'avoir épuisé tout son potentiel de croissance. Selon des données croisées, rendues publiques en 2020 par Google et la Banque Mondiale, le potentiel du e-commerce en Afrique sera de 700 milliards $ à l'horizon 2050.

A cela il faut ajouter que les transferts nationaux et internationaux par le mobile, les opérations de dépôts/retraits, ainsi que les paiements de frais et taxes divers pour des services privés ou publics, devraient encore gonfler ces volumes potentiels.

Idriss Linge

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Chari.ma poursuit son projet de digitalisation au profit des boutiques de proximité, avec cette fois une application pour des solutions d’ordre financier. Le modèle, testé au Maroc et en Tunisie, peut être adapté à l'Afrique subsaharienne.

Chari.ma, spécialisé au Maroc et en Tunisie en solutions de commerce électronique, a mobilisé de nouvelles ressources, mais dont le montant n'a pas été dévoilé. Il envisage d'utiliser cet argent pour développer un service de crédit à l'achat via Internet, apprend-on d'un communiqué ayant annoncé la transaction. Il s'agit de tester une offre de services de type « Buy now pay later ».

Si les résultats sont concluants, la start-up fondée il y a deux ans fera l'acquisition d'une société de crédit locale pour permettre aux commerçants de prêter de l'argent à leurs clients finaux et de développer leurs activités. Grâce à l’acquisition en août 2021 de Karny.ma, elle s’est lancée dans le service de prêt à la clientèle avec plusieurs options telles que l’enregistrement des transactions et l’octroi de prêt.

L'idée de Chari.ma est toute simple. Prenant l'exemple du Maroc, elle note qu'il existe environ 200 000 commerces de proximité vendant pour plus de 100 milliards de dirhams (10,7 milliards USD) de marchandise chaque année. « La mission de Chari est de répondre aux besoins de ces entrepreneurs en leur assurant un ravitaillement régulier en produits de grande consommation et en leur offrant des services financiers », explique-t-elle sur sa plateforme.

Bien au-delà du Maroc, les points de vente de proximité sont très développés en Afrique subsaharienne et assurent la résilience de nombreuses familles. Les consommateurs peuvent prendre des produits alimentaires et des boissons de toutes sortes, même lorsqu'ils n'ont pas d'argent pour payer dans l'immédiat. Les gestionnaires de boutique de proximité connaissent bien leurs clients, et peuvent décider ou non d'accorder du crédit.

Aussi, les propriétaires de ces boutiques n'ont pas toujours l'opportunité de recevoir des marchandises à crédit de la part de leurs fournisseurs, et n'ont pas une comptabilité claire qui leur permet d'avoir des analyses sur les risques d'exploitation. Ces enjeux font de Chari.ma une solution qu'on peut reprendre en Afrique subsaharienne, où le taux de pénétration du mobile continue d'avancer avec les mécanismes de paiement via le digital qui sont sur une tendance à la hausse.

Ce nouveau cycle de financement effectué par Chari.ma a obtenu le soutien de nombreux investisseurs, notamment Khwarizmi Ventures, Air Angels, Y Combinator, Rocket Internet, Global Founders Capital, Plug n Play, Harvard University Management Company, Village Capital, P1 Ventures, Afri Mobility et Orange Ventures. 

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Après la mobilisation en 2019 d’environ 500 000 $, la start-up de logistique et livraison PAPS vient d'obtenir de nouveaux financements d'un groupe d’investisseurs majoritairement étrangers.

L'entreprise sénégalaise PAPS souhaite développer son service de livraison à l'échelle régionale, après avoir bâti un solide réseau au Sénégal. Elle a récemment annoncé avoir reçu un financement de 4,5 millions $ de plusieurs investisseurs, dont la société de capital-risque 4DX Ventures et le groupe de télécommunication Orange.

Les autres investisseurs qui ont soutenu ce cycle de financement sont des fonds déjà en place comme Uma Ventures et Saviu Ventures, mais aussi de nouveaux investisseurs comme Yamaha Motor, LoftyInc Capital, Proparco, To.org, Kepple Ventures et Enza Capital. Le modèle économique de PAPS est proche de celui qu'Amazon a su trouver avec de grandes multinationales comme UPS ou encore Fedex, pour agrandir son business.

L'UEMOA, au-delà d'être une zone économique et politique, est surtout un marché intégré. PAPS souhaite tirer profit de cet avantage comparatif pour faciliter les services de livraison au sein des pays membres, à travers sa plateforme connectée où l'on peut non seulement commander un service de livraison, mais aussi suivre sa progression et mieux organiser ses affaires.

« Que cela soit un chèque, un document, une paire de chaussures, un habit que vous souhaitez expédier, ou tout simplement tout type de déplacements que vous souhaitez optimiser, PAPS se charge de faire le ramassage et le déposer exactement là où vous souhaitez. Nous vous proposons même de faire la collecte de vos fonds par le Papseur et vous les transmettre à la livraison », peut-on lire en guise de commentaire sur le site Internet de l'entreprise.

L'efficacité et la fiabilité du service qu'il propose ont valu à PAPS de compter parmi ses clients des structures comme Auchan, Total Energies, et même le service de livraison allemand DHL qui l'utilise pour des zones auxquelles il n'a pas accès. Sa solution repose sur une application de gestion de relation clientèle encore appelée CRM. Elle permet, tout comme avec les transactions d'argent via le mobile, d'effectuer des opérations de logistiques abouties en utilisant simplement son téléphone ou tout autre appareil connecté.

Lorsqu'il a fondé PAPS en 2016, Bamba Lô avait eu comme première idée de fournir des solutions logistiques intégrées aux entreprises ayant des activités hors ligne et en ligne. Au départ, l'entreprise était exploitée sur le modèle de consommateur à consommateur. Elle a rapidement pivoté après avoir remarqué qu'une solution digitale intégrée permettait d'apporter des solutions plus complètes.

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En moins de trois années d’existence, la start-up développée par trois jeunes tunisiens affiche des ambitions folles. Après le marché national de Tunisie, puis le Maroc, de nouvelles destinations internationales sont ciblées.

Animés par une volonté de participer activement à la transition numérique en Tunisie, Yassir El Ismaili El Edrissi, Hamza Guesmi et Koussi Aymen ont fondé la start-up Lamma en juin 2020. Initialement spécialisée dans les services de covoiturage, la jeune pousse a vite fait de développer ses prestations dans le Quick Commerce, bien consciente de la rude concurrence qui prévaut dans le secteur tunisien des solutions de transports. Elle capitalise aujourd’hui sur les 15 000 clients fidélisés par son activité de covoiturage.

 Le terme de Quick Commerce désigne en effet les activités commerciales de distribution basées sur la promesse d'une livraison effectuée dans un délai très court de l'ordre de 10 à 15 minutes. Les activités relevant du Quick Commerce desservent des zones à forte densité urbaine et s'appuient généralement sur des entrepôts situés en centre-ville. Le Quick commerce peut parfois être opéré à partir d'opération de picking en points de vente traditionnels.

A travers sa plateforme web et mobile, l’argument de vente de Lamma, c’est le temps. La start-up livre aux utilisateurs, principalement répertoriés dans le Grand Tunis, des produits d'épicerie, alimentaires, des soins corporels, des produits électroniques, des articles de mode, etc. Yassir El Ismaili El Edrissi, Hamza Guesmi et Koussi Aymen assurent que la livraison est effectuée en moins de 45 minutes, grâce à de nombreux magasins de relai et son réseau de partenaires. Lamma répond au désir des jeunes Tunisiens d’acheter en ligne et d’entrer en possession de leurs courses sans contrainte de déplacement.

En moins de deux ans, les trois co-fondateurs de Lamma ont réussi à développer leur projet et comptent à ce jour 1000 unités de stockage, travaillent avec plus de 150 commerçants. En fin d’année 2021, ils annonçaient déjà l’ouverture de trois magasins supplémentaires, couvrant ainsi 80 % de la population du Grand Tunis ; et procédaient à l’acquisition de Farm Trust, start-up spécialisée dans l’e-commerce de produits issus de l’agriculture saine et biologique.

Aujourd’hui, les trois associés annoncent l’expansion avec succès de Lamma au Maroc. Une internationalisation rendue possible grâce à un investissement dont le montant demeuré secret a été obtenu auprès d’Orange Ventures en octobre 2021, après leur participation à l'accélérateur Flat6Labs Tunis.

Avec les fonds à leur disposition, les trois compatriotes se projettent bien au-delà de la Tunisie et du Maroc. Ils prévoient de pousser l’expansion de Lamma sur plusieurs autres marchés du continent. Pour Yassir El Ismaili El Edrissi, Lamma est une nouvelle aventure tech loin du secteur des solutions de transports qu’il connait bien. Fondateur de la start-up marocaine Mobilitech et sa marque Taxiii, il avait officiellement cédé l’entreprise le 26 mars 2015 au groupe de Dubaï Careem Networks, propriétaire de l’application de réservation de taxi Careem.

Aïsha Moyouzame

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A la tête d’Alsoug, l’avocate de formation a réussi en quelques années à développer une start-up florissante dans un pays frappé par plusieurs années d’embargo international. Elle a désormais l’ambition d’étendre son succès au reste du continent africain.

Après un parcours académique et une carrière professionnelle à l’international, la Soudanaise Tarneem Saeed n’entrevoyait véritablement pas son avenir au Soudan dont l’économie était fragilisée depuis une trentaine d’années par des conflits et un embargo international. Pourtant, elle est aujourd’hui l’une des plus puissantes femmes d’affaires du pays. Elle est la fondatrice d’Alsoug, une start-up qui fournit une plateforme d’e-commerce, une infrastructure de paiement électronique et une branche logistique pour garantir la livraison au dernier kilomètre.

Tarneem Saeed a quitté le Soudan à l'âge de 14 ans pour poursuivre ses études au Canada. Diplômée de la London School of Economics and Political Science (LSE), elle a entamé une carrière professionnelle en tant qu'avocate d'entreprise chez Allen et Overy, un cabinet d'avocats présent dans plus de 60 pays.

En 2014, alors qu’elle est au Soudan pour des affaires personnelles, elle constate à quel point le pays est déconnecté de l'économie numérique. « Les gens et les entreprises n'exploitaient pas toute la puissance de l'internet. Venant de Londres, le Soudan semblait vraiment vide. Ce qui m'a le plus irrité, c'est la difficulté de connaître le prix de n'importe quoi. Il fallait demander à quelqu'un pour obtenir le prix d'une voiture, d'une maison et même du bétail », explique-t-elle.

Pour remédier à cette situation, elle lance en 2015 le projet Alsoug. Au départ, c’est juste une plateforme de courtage où les consommateurs peuvent vérifier les prix des biens et des services, où les vendeurs et acheteurs peuvent discuter. En 2016, malgré le faible accès à Internet dans le pays, elle enrichit son offre de service en introduisant de petites annonces. Au fil des années, Alsoug évolue dans son modèle commercial. La plateforme intègrera par la suite la vente en ligne ainsi que divers autres outils dont une solution de paiement dénommée Cashi.

En six ans, Tarneem Saeed a réussi à faire d’Alsoug la première start-up d’e-commerce du pays grâce aux multiples fonds récoltés auprès d’investisseurs en capital-risque. Le dernier financement d’une valeur de 5 millions $ obtenu en octobre 2021 auprès de l’égyptien Fawry et d’autres structures d’investissements est le premier du genre après la levée des sanctions économiques contre le pays en 2020.

Malgré les défis persistants liés au genre auxquels sont confrontées les entrepreneures au Soudan, Tarneem Saeed est décidée à aller bien plus loin dans le développement d’Alsoug. La femme d’affaires prépare déjà son entrée dans la finance électronique à travers un système national de paiement qui permettra des transactions rapides, faciles et sûres pour tous les Soudanais(es).

Aïsha Moyouzame

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La Zone de libre-échange continentale africaine est opérationnelle depuis le 1 janvier. Elle est porteuse de nombreuses opportunités d’affaires pour le secteur de l’e-commerce en Afrique. Il est donc crucial que les politiques des pays soient adaptées. Smart Africa Alliance a décidé de s’en enquérir.

Le conseil d’administration du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé, vendredi 17 décembre, l’attribution d’une subvention de 1,5 million $ à la Smart Africa Alliance, un regroupement de 32 pays d’Afrique, d'organisations et de sociétés internationales qui partagent la vision d’un marché numérique unique sur le continent.

L’argent qui provient du Fonds africain de développement, le guichet concessionnel de la Banque, servira à l’évaluation des lacunes politiques dans les écosystèmes du commerce numérique et électronique de dix pays que sont la Côte d'Ivoire, Bénin, Ghana, Liberia, Ouganda, Soudan du Sud, Zimbabwe, République du Congo, São Tomé et Príncipe et République démocratique du Congo.

Lacina Koné (photo), le président-directeur général de Smart Africa Alliance, a déclaré que « l'un des principaux défis qui empêchent le continent de se préparer à son nouvel avenir audacieux est l'incapacité d'effectuer des paiements transfrontaliers pour des biens et des services en raison d'un manque de solutions et de politiques paralysantes. Notre partenariat avec la Banque africaine de développement est crucial pour créer un environnement propice à la promotion des paiements électroniques, et l'économie numérique est essentielle pour la renaissance de l'Afrique ».

Dans le cadre de sa mission d’évaluation, Smart Africa Alliance consultera les acteurs des secteurs public et privé pour développer un programme de formation en ligne qui bénéficiera directement à 600 parties prenantes, dont des représentants du gouvernement, des petites et moyennes entreprises, des opérateurs de réseaux mobiles du secteur privé, et bénéficiera indirectement à 2 500 autres.

Depuis le 1er janvier 2021, la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) est officiellement entrée en activité. Elle offre un accès au marché à 1,2 milliard de personnes et un produit intérieur brut (PIB) de 2 500 milliards de dollars dans les 55 Etats membres de l'Union africaine. Elle est présentée par la Commission économique africaine des Nations unies (CEA) comme un atout pour une véritable éclosion de l’e-commerce sur le continent. Mais pour que cette perspective se concrétise, il est important que le cadre légal du e-commerce, propre à chaque nation, soit favorable aux échanges internationaux.

Nicholas Williams, le chef de division de la Banque pour les opérations TIC, a affirmé que « ce projet est à la fois opportun et vital. Pour que le continent crée un marché numérique unifié d'ici 2030, les efforts doivent se concentrer sur l'harmonisation et la construction d'un environnement politique cohérent pour le commerce intracontinental ».

Muriel Edjo

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