Entre technologies et besoins croissants, le secteur de la santé mentale se transforme. En Afrique, une spécialiste en finance repense l’accompagnement des populations face aux défis psychologiques.
Diplômée en finance, Onkgopotse Khumalo (photo) est une entrepreneure sud-africaine. Elle est la fondatrice et la directrice générale d’Amari Health, une start-up spécialisée dans la santé mentale numérique.
Fondée en 2019 sous le nom de The Pocket Couch, Amari Health a pour objectif de faciliter l’accès aux soins de santé mentale en Afrique à travers une plateforme numérique accessible et adaptée aux contextes culturels locaux.
La plateforme utilise des technologies avancées, notamment l’intelligence artificielle, pour connecter les utilisateurs à des professionnels de santé mentale qualifiés en moins de cinq minutes. Elle propose des services en plusieurs langues sud-africaines, reflétant un engagement fort pour la sensibilité culturelle et l’inclusivité. Ce positionnement vise à surmonter les obstacles traditionnels d’accès aux soins, tels que le coût élevé, la stigmatisation et la rareté des services spécialisés.
Amari Health cible aussi bien les particuliers que les entreprises souhaitant offrir un soutien psychologique à leurs employés. Les outils numériques de la start-up permettent un suivi personnalisé et une gestion quotidienne du bien-être mental.
Avant de créer Amari Health, Onkgopotse Khumalo a fondé en 2018 Sequoia Consulting Services, une société de soutien aux entreprises, dont elle a été directrice générale jusqu’en 2024. Elle est diplômée de l’université du Cap, où elle a obtenu un bachelor en finance en 2013.
Après son diplôme, elle a rejoint en 2014 Afena Capital, une société de gestion d’investissements, en tant que stagiaire en analyse d’investissement. Elle devient aussi analyste d’investissement chez Absa Group, une société financière. En 2016, elle rejoint McKinsey & Company, un cabinet de conseil en gestion, comme consultante en gestion. En 2018, elle travaille comme gestionnaire de projets spéciaux pour l’incubateur Awethu Project Holdings.
Melchior Koba
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Ergothérapeute de formation, Meg Faure a bâti son parcours entre pratique clinique et entrepreneuriat. Ses initiatives s’inscrivent au croisement de la santé de l’enfant et des solutions numériques pour les parents.
Meg Faure (photo) est une entrepreneure et ergothérapeute sud-africaine spécialisée dans la parentalité et le développement de la petite enfance. Elle cumule plus de vingt ans d’expérience dans ce domaine et est la directrice de Parent Sense, une application qu’elle a lancée pour accompagner les parents dès les premiers mois de vie de leur enfant.
Créée en 2020, Parent Sense repose sur des données et des recherches cliniques. L’application propose un suivi individualisé de plusieurs aspects du développement des bébés, comme le sommeil, l’alimentation, la motricité et les capacités cognitives. Les recommandations sont adaptées à l’évolution de chaque enfant, avec des routines modulables qui tiennent compte du rythme familial.
Au-delà du suivi du développement, Parent Sense intègre des outils interactifs permettant de surveiller certains paramètres de santé. L’objectif est de donner aux parents des repères concrets pour organiser le quotidien et réduire les incertitudes liées aux premiers mois de vie.
En parallèle, Meg Faure est la directrice de Play Sense, fondée en 2016. Cette entreprise développe des programmes éducatifs centrés sur le jeu pour les enfants de 2 à 5 ans. En 2004, elle avait déjà créé Baby Sense, spécialisée dans les produits et services destinés aux jeunes parents, qu’elle a dirigée jusqu’en 2014.
La Sud-Africaine est diplômée de l’université du Cap où elle a obtenu en 1993 un bachelor en ergothérapie. Sa carrière professionnelle a commencé en 1994 en tant qu’ergothérapeute, successivement chez Blythedale Children’s Hospital et Kerry L Wallace, un cabinet médical en Afrique du Sud.
Melchior Koba
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Sa vision de la santé connectée combine technologie et soins pour répondre aux défis d’accès en la matière en Afrique. Son parcours la position en figure clé de la transformation du domaine sanitaire sur le continent.
Zanele Abraham Matome est une entrepreneure sud-africaine, Directrice générale de Welo Health, une start-up spécialisée dans les technologies de la santé. Fondée en 2020, l’entreprise cherche à améliorer l’accès aux soins sanitaires en alliant innovations numériques et approche humaine.
Welo Health propose ainsi une plateforme numérique connectant entreprises, assureurs santé et particuliers à des professionnels qualifiés (médecins, infirmiers, praticiens spécialisés, etc.) qui offrent des consultations à domicile ou à distance. La start-up met également en place des programmes de bien-être en entreprise, visant à lutter contre l’absentéisme et à augmenter la productivité.
Elle propose des services de médecine préventive, de livraison de médicaments, ainsi que des interventions rapides. D’autres solutions incluent la télémédecine, la gestion de la santé au travail, l’évaluation des risques sanitaires et l’accompagnement personnalisé.
« Notre plateforme dynamique met en relation les entreprises clientes avec des professionnels de santé de premier plan, garantissant ainsi un accès immédiat à des soins de qualité. En termes simples, Welo est un service B2B par abonnement. Nous collaborons avec des entreprises et des prestataires pour offrir des services de santé aux employés, payés par les employeurs » explique la fondatrice de Welo Health.
Zanele Abraham Matome est aussi ambassadrice de l’entrepreneuriat au sein de The StartUp Tribe, une initiative lancée en 2020 pour aider 10 millions de jeunes à se lancer dans l’entrepreneuriat. Son entreprise est apparue en 2023 dans le classement Africa Health Tech 50, qui distingue les start-up les plus prometteuses du secteur de la santé en Afrique subsaharienne.
Melchior Koba
Edité par : Feriol Bewa
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Il mène des activités dans l’ingénierie électronique et la fabrication de matériel depuis Blantyre, au Malawi. Il conçoit des équipements médicaux, développe des outils de production et encadre plusieurs projets dans ce domaine.
Sanga Kanthema (photo) est un ingénieur entrepreneur malawite, spécialisé dans l’innovation biomédicale et la robotique appliquée à la santé en Afrique. Il est le fondateur et le directeur général de Dolphin Health Innovation, une start-up basée à Blantyre, au Malawi.
Fondée en 2018, Dolphin Health Innovation développe des dispositifs médicaux intelligents et des solutions de télésanté destinées aux systèmes de soins d’Afrique australe. L’entreprise conçoit des outils adaptés aux contextes à faible infrastructure médicale, notamment dans les zones rurales. Son activité s’articule autour de la biosurveillance médicale et de la transmission de données de santé à distance.
Parmi ses développements, la société propose des capteurs ECG capables d’enregistrer les signaux cardiaques en temps réel et de les transmettre à distance. Ces dispositifs fonctionnent même dans des environnements où la connectivité est limitée, grâce à des algorithmes d’optimisation et à des interfaces mobiles simplifiées. Ils sont conçus pour assurer un suivi médical continu, permettre la détection précoce de pathologies et faciliter l’intervention à distance.
En parallèle, Sanga Kanthema dirige également Qubix Robotics, fondée en 2022. L’entreprise conçoit des équipements de fabrication automatisée, notamment des machines à commande numérique, des imprimantes 3D et des robots. Elle intervient dans plusieurs secteurs, dont le transport, les télécommunications et la santé, avec pour objectif de soutenir l’automatisation et la production industrielle sur le continent.
Il est par ailleurs impliqué dans des initiatives de diffusion technologique. Il est ambassadeur pour TME Education, un programme dédié à la formation en électronique et en technologies dans des régions à accès limité. Il est aussi ambassadeur du réseau IdeaXme, qui met en relation des acteurs de différents domaines autour de projets à portée sociale ou scientifique.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Au Nigeria, Andrew Garza et Bryan Mezue veulent révolutionner l’accès aux médicaments en s’appuyant sur la technologie et des modèles collaboratifs. Ils ont mis en place la healthtech Lifestores Healthcare à cette fin.
Lifestores Healthcare (LH) est une solution d’e-santé développée par une jeune pousse nigériane. Elle s’est donné pour mission de renforcer les petites pharmacies de quartier, encore largement informelles, en leur fournissant des outils numériques, des services d’approvisionnement groupé et de la formation. La start-up basée à Lagos a été fondée en 2017 par Andrew Garza et Bryan Mezue.
En mai 2024, elle a réussi un tour de table d’un montant de 3 millions USD pour soutenir son expansion géographique à travers d’autres marchés ouest-africains, et étoffer sa plateforme numérique. « La grande majorité des Africains se rendent dans leur pharmacie locale pour se faire soigner. Notre objectif est de soutenir les pharmaciens, ces héros méconnus du système de santé africain, en leur fournissant les services essentiels dont ils ont besoin pour se procurer et fournir des médicaments sûrs et abordables à leurs patients » a indiqué Bryan Mezue.
Son modèle repose sur un réseau croissant de plus de 700 pharmacies partenaires à travers le Nigeria. Grâce à sa plateforme, les officines peuvent commander à des prix réduits, sécuriser leurs stocks et automatiser certaines tâches de gestion. LH combine ainsi la supply chain intelligente, l’IA pour la gestion des ventes, et des solutions de crédit intégré, pour répondre aux défis structurels du secteur pharmaceutique africain.
La démarche de LH s’inscrit dans une dynamique de digitalisation du secteur pharmaceutique, au croisement de la healthtech, de la logistique et de la finance inclusive. À travers sa croissance, la jeune pousse ambitionne de contribuer à la construction d’un écosystème de santé plus résilient, plus équitable, et adapté aux réalités locales. Depuis son lancement, elle revendique plus de 100 000 patients soignés mensuellement et plus de 700 pharmacies et dispensaires soutenus.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Confrontées à des obstacles structurels tels que le manque de financement, l’accès limité au marché ou le déficit de compétences, de nombreuses PME sud-africaines peinent à se développer dans les TIC. Samsung intensifie son programme d’appui pour mieux répondre à ces enjeux.
L’entreprise sud-coréenne spécialisée dans les produits électroniques Samsung a annoncé, lundi 21 juillet, le lancement prochain d’une nouvelle phase de son programme d’investissement équivalent en titres (EEIP), en partenariat avec le ministère sud-africain du Commerce, de l’Industrie et de la Concurrence (DTIC). Ce programme vise à renforcer le soutien aux PME noires dans le secteur des technologies de l’information et de la communication, avec une attention particulière portée aux start-up émergentes et aux femmes entrepreneures.
« C’est notre façon de contribuer à façonner l’avenir numérique de l’Afrique du Sud en aidant les entrepreneurs de TIC à prospérer, alors que nous approfondissons notre engagement et notre collaboration avec le DTIC [...] Nous comprenons également à quel point l’esprit d’entreprise contribue à la création d’emplois, au développement communautaire, à l’innovation et à la croissance économique », a déclaré Nicky Beukes, directeur du projet EEIP chez Samsung South Africa.
Lancé en 2019, le programme s’inscrit dans le cadre du Plan national de développement (NDP) à l’horizon 2030 et de la politique d’autonomisation économique des Noirs (B-BBEE). Il repose sur un engagement financier de 280 millions de rands (environ 15,9 millions de dollars) et entend atténuer plusieurs freins structurels rencontrés par les petites entreprises, notamment l’accès au capital, le manque de compétences techniques, les difficultés d’intégration au marché et l’exposition aux risques numériques.
Pour cette troisième phase, Samsung élargit les critères d’éligibilité afin d’inclure davantage de start-up en phase de démarrage, tout en renforçant l’implication des femmes dans les filières technologiques. Cette évolution marque une volonté de favoriser un écosystème numérique plus représentatif et de stimuler le potentiel d’innovation au sein des segments encore sous-représentés.
Le dispositif prévoit, entre autres, des sessions de formation intensive, du mentorat, un appui au développement managérial et des subventions ciblées pour accompagner la croissance des entreprises soutenues. Plusieurs PME bénéficiaires ont, ces dernières années, pu se positionner dans les services de réparation ou les centres technologiques. À travers ce programme, Samsung entend contribuer activement à l’émergence d’une économie numérique résiliente et inclusive en Afrique du Sud.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La start-up nigériane NucleusIS se rebaptise RIGO et dévoile une nouvelle stratégie orientée vers la numérisation complète du secteur de la santé. Avec RIGO Tech et RIGO Finance, la jeune pousse propose une plateforme intégrée de SaaS vertical et de finance intégrée, conçue pour accompagner hôpitaux, pharmacies et assureurs dans la gestion, le financement et la croissance de leurs activités.
What a day!
— Rigo Inc.(formerly NucleusIS Africa) (@therigohq) July 21, 2025
The energy, the faces, the future we're building, it's all very exciting.
We launched Rigo Inc. on July 10th and it was everything.
Catch the highlights 70 seconds!
And visit https://t.co/RiJZcMFBY3#Rigo #Rigolnc #PoweringAHealthierTomorrow pic.twitter.com/ivsT8EZGVo
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L’hypertension est une des maladies chroniques les plus répandues dans le monde. Au Kenya, 3 tech entrepreneurs ont décidé de lancer une solution numérique pour aider les populations à gérer au mieux cette pathologie.
Vitali Health est une plateforme d’e-santé développée par une start-up kényane. Elle permet aux utilisateurs, en l’occurrence les personnes atteintes d’hypertension, d’accéder à des soins de santé primaire. Basée à Nairobi, la healthtech a été fondée en 2024 par Marita Lilonde, Nzivo Katoo et Esther Mueni.
« L'hypertension est l'un des principaux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires, mais la prise en charge traditionnelle repose largement sur les médicaments plutôt que sur la prise en compte des facteurs liés au mode de vie. Chez Vitali Health, nous visons à combler cette lacune en proposant une approche axée sur le mode de vie et privilégiant le numérique, qui permet aux individus de prendre leur santé en main », explique la jeune pousse.
Vitali Health propose une solution intégrée qui permet aux patients de consulter des médecins, de stocker et partager leurs données médicales en toute sécurité, et de recevoir un suivi régulier de leurs constantes vitales. À travers son application mobile, les patients hypertendus peuvent notamment planifier leurs visites médicales, recevoir des rappels pour la prise de médicaments, et partager leurs résultats avec des professionnels de santé agréés.
« Notre plateforme s'appuie sur des recommandations basées sur l'IA, un suivi de la santé en temps réel et des consultations d'experts pour fournir des solutions personnalisées adaptées aux besoins uniques de chaque utilisateur » indique la healthtech. En parallèle, les prestataires de soins disposent d’un tableau de bord leur permettant de suivre l’évolution des cas, de personnaliser les traitements et d’assurer un meilleur accompagnement dans la durée. Cette approche améliore la gestion proactive de l’hypertension.
Déjà active dans plusieurs zones urbaines et périurbaines du Kenya, Vitali Health contribue à combler les lacunes du système de santé primaire, notamment en matière de suivi des maladies chroniques. En misant sur la continuité des soins, l’éducation du patient et l’exploitation des données médicales, la start-up apporte une réponse innovante à un enjeu majeur de santé publique.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Alors que les États africains misent sur la transformation numérique pour moderniser leurs systèmes de santé, les dossiers patients informatisés (DPI) émergent comme un outil stratégique. Leur déploiement, encore inégal, progresse néanmoins dans un contexte de numérisation croissante des services publics.
Selon un rapport publié en 2023 par le cabinet de conseil McKinsey & Company, les outils de santé numériques, téléconsultations, dossiers patients informatisés, applications de gestion des maladies chroniques pourraient permettre aux systèmes de santé africains de réduire jusqu’à 15 % de leurs dépenses totales. Ce potentiel d’efficience, combiné à la nécessité de moderniser les services de santé, alimente l’intérêt croissant des gouvernements pour ces dispositifs numériques, désormais considérés comme des piliers des stratégies nationales d’e-santé.
Conçus pour centraliser et sécuriser les données médicales, les DPI facilitent le suivi des patients, la coordination des soins et réduisent les erreurs médicales. En remplaçant les dossiers papier, sources fréquentes de pertes d’informations ou de retards, ils apportent une réponse concrète aux besoins de modernisation du secteur.
Mais leur utilité dépasse le cadre strict de la qualité des soins. Les DPI fournissent aux autorités sanitaires des données en temps réel, essentielles pour anticiper, surveiller et gérer les épidémies, ou encore appuyer les politiques de santé publique.
Des projets pilotes en cours dans plusieurs pays
Si certains pays progressent lentement, d’autres enregistrent des avancées significatives. En Côte d’Ivoire, les établissements dotés de DPI ont généré, en 2024, plus de 1,25 milliard FCFA (2,2 millions USD) de recettes médicales, entièrement tracées grâce à une plateforme numérique, selon la Direction de l’Informatique et de la Santé digitale. Par ailleurs, plus de 268 établissements de santé sont connectés au Système d’Information Hospitalier (SIH) et au DPI.
D’autres États africains suivent la même dynamique. Le Sénégal, le Rwanda, le Ghana et le Kenya ont chacun mis en place des systèmes similaires. Au Nigeria, des tests sont actuellement menés pour assurer l’interopérabilité entre les DPI et la base de données du régime national d’assurance maladie.
Un marché mondial en pleine expansion
D’après les prévisions de l'entreprise de conseil et d'intelligence de marché Mordor Intelligence, le marché mondial des dossiers médicaux électroniques (DME/DPI) atteindra 42,10 milliards USD d’ici 2029, contre 32,82 milliards en 2024, avec un taux de croissance annuel moyen estimé à 5,11 %. La pandémie de Covid-19 a agi comme un catalyseur, accélérant la digitalisation des soins et soulignant l’importance d’un accès rapide, fiable et sécurisé aux données cliniques.
Cette croissance est également portée par les avancées technologiques, la volonté politique en faveur de la numérisation, ainsi qu’une accessibilité croissante à ces solutions, même dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Des défis persistants à relever
Malgré ce potentiel, la généralisation des DPI dans les pays africains se heurte à plusieurs freins. L’accès limité à Internet, notamment dans les zones rurales, reste un obstacle majeur. En 2024, seuls 38 % des Africains étaient connectés, selon l’Union internationale des télécommunications. La formation du personnel de santé constitue un autre enjeu crucial : sans une maîtrise des outils numériques, leur fiabilité et leur adoption restent limitées. À cela s’ajoute la question sensible de la protection des données médicales. À ce jour, seuls 40 pays africains disposent d’un cadre législatif sur la protection des données personnelles, et les mécanismes de cybersécurité restent encore largement insuffisants. Or, la confiance des patients et des professionnels repose fondamentalement sur la sécurité des informations médicales.
Vers une gouvernance panafricaine de la santé numérique
Pour surmonter ces obstacles, une coordination renforcée entre les pays africains apparaît nécessaire. L’harmonisation des normes, l’interopérabilité des systèmes et la définition de standards communs en matière de sécurité des données permettraient de bâtir une base solide pour une e-santé cohérente et durable à l’échelle continentale.
La généralisation des DPI pourrait ainsi transformer en profondeur les systèmes de santé africains. À condition que les États investissent dans les infrastructures numériques, la formation des professionnels et la protection des données. Les DPI ne doivent pas être perçus comme un simple outil technologique, mais comme une composante structurante d’une politique de santé publique moderne, résiliente et inclusive.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La santé numérique prend une place croissante dans la réponse aux défis sanitaires en Afrique. À travers des plateformes mobiles et des réseaux locaux, des solutions concrètes émergent dans les zones mal desservies.
Andrew Ddembe (photo) est un entrepreneur diplômé de la Cavendish University Uganda, où il a obtenu un bachelor en droit. Il est le fondateur et le directeur général de Mobiklinic, une entreprise de healthtech qui développe des outils numériques pour améliorer l’accès aux soins dans les zones rurales et défavorisées d’Afrique de l’Est.
Fondée en 2019, Mobiklinic combine interventions physiques et solutions numériques pour rapprocher les services de santé des communautés. Son réseau d’agents de santé communautaires utilise une application mobile pour enregistrer les données des patients, assurer leur suivi, consulter des médecins à distance et orienter les cas complexes vers des structures spécialisées. L’application intègre la biométrie pour identifier les bénéficiaires et centraliser leurs dossiers médicaux, facilitant la continuité des soins et la gestion des campagnes de vaccination et de santé maternelle et infantile.
Depuis son lancement, Mobiklinic a permis à plus de 120 000 personnes d’accéder à des soins essentiels grâce à ses solutions et à un réseau de 1500 agents de santé communautaires. L’entreprise collabore avec des centres de santé locaux, des organisations internationales et des universités pour former ses agents, renforcer la prise en charge des maladies chroniques et déployer des programmes de planification familiale.
Andrew Ddembe dirige également la Mobiklinic Foundation, société mère de la solution Mobiklinic, créée en 2018. La fondation conçoit des outils numériques pour faciliter la formation et l’accès aux soins de santé de base. Il est membre de la Commission de la société civile de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Son engagement dans le secteur de la santé a été reconnu par plusieurs distinctions. En 2024, il a reçu le Global Citizen Prize à New York et a été sélectionné dans le classement Forbes Africa 30 Under 30, qui recense les jeunes innovateurs et acteurs de l’impact social.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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