Alors que les États africains misent sur la transformation numérique pour moderniser leurs systèmes de santé, les dossiers patients informatisés (DPI) émergent comme un outil stratégique. Leur déploiement, encore inégal, progresse néanmoins dans un contexte de numérisation croissante des services publics.

Selon un rapport publié en 2023 par le cabinet de conseil McKinsey & Company, les outils de santé numériques, téléconsultations, dossiers patients informatisés, applications de gestion des maladies chroniques pourraient permettre aux systèmes de santé africains de réduire jusqu’à 15 % de leurs dépenses totales. Ce potentiel d’efficience, combiné à la nécessité de moderniser les services de santé, alimente l’intérêt croissant des gouvernements pour ces dispositifs numériques, désormais considérés comme des piliers des stratégies nationales d’e-santé.

Conçus pour centraliser et sécuriser les données médicales, les DPI facilitent le suivi des patients, la coordination des soins et réduisent les erreurs médicales. En remplaçant les dossiers papier, sources fréquentes de pertes d’informations ou de retards, ils apportent une réponse concrète aux besoins de modernisation du secteur.

Mais leur utilité dépasse le cadre strict de la qualité des soins. Les DPI fournissent aux autorités sanitaires des données en temps réel, essentielles pour anticiper, surveiller et gérer les épidémies, ou encore appuyer les politiques de santé publique.

Des projets pilotes en cours dans plusieurs pays

Si certains pays progressent lentement, d’autres enregistrent des avancées significatives. En Côte d’Ivoire, les établissements dotés de DPI ont généré, en 2024, plus de 1,25 milliard FCFA (2,2 millions USD) de recettes médicales, entièrement tracées grâce à une plateforme numérique, selon la Direction de l’Informatique et de la Santé digitale. Par ailleurs, plus de 268 établissements de santé sont connectés au Système d’Information Hospitalier (SIH) et au DPI.

D’autres États africains suivent la même dynamique. Le Sénégal, le Rwanda, le Ghana et le Kenya ont chacun mis en place des systèmes similaires. Au Nigeria, des tests sont actuellement menés pour assurer l’interopérabilité entre les DPI et la base de données du régime national d’assurance maladie.

Un marché mondial en pleine expansion

D’après les prévisions de l'entreprise de conseil et d'intelligence de marché Mordor Intelligence, le marché mondial des dossiers médicaux électroniques (DME/DPI) atteindra 42,10 milliards USD d’ici 2029, contre 32,82 milliards en 2024, avec un taux de croissance annuel moyen estimé à 5,11 %. La pandémie de Covid-19 a agi comme un catalyseur, accélérant la digitalisation des soins et soulignant l’importance d’un accès rapide, fiable et sécurisé aux données cliniques.

Cette croissance est également portée par les avancées technologiques, la volonté politique en faveur de la numérisation, ainsi qu’une accessibilité croissante à ces solutions, même dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Des défis persistants à relever

Malgré ce potentiel, la généralisation des DPI dans les pays africains se heurte à plusieurs freins. L’accès limité à Internet, notamment dans les zones rurales, reste un obstacle majeur. En 2024, seuls 38 % des Africains étaient connectés, selon l’Union internationale des télécommunications. La formation du personnel de santé constitue un autre enjeu crucial : sans une maîtrise des outils numériques, leur fiabilité et leur adoption restent limitées. À cela s’ajoute la question sensible de la protection des données médicales. À ce jour, seuls 40 pays africains disposent d’un cadre législatif sur la protection des données personnelles, et les mécanismes de cybersécurité restent encore largement insuffisants. Or, la confiance des patients et des professionnels repose fondamentalement sur la sécurité des informations médicales.

Vers une gouvernance panafricaine de la santé numérique

Pour surmonter ces obstacles, une coordination renforcée entre les pays africains apparaît nécessaire. L’harmonisation des normes, l’interopérabilité des systèmes et la définition de standards communs en matière de sécurité des données permettraient de bâtir une base solide pour une e-santé cohérente et durable à l’échelle continentale.

La généralisation des DPI pourrait ainsi transformer en profondeur les systèmes de santé africains. À condition que les États investissent dans les infrastructures numériques, la formation des professionnels et la protection des données. Les DPI ne doivent pas être perçus comme un simple outil technologique, mais comme une composante structurante d’une politique de santé publique moderne, résiliente et inclusive.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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La santé numérique prend une place croissante dans la réponse aux défis sanitaires en Afrique. À travers des plateformes mobiles et des réseaux locaux, des solutions concrètes émergent dans les zones mal desservies.

Andrew Ddembe (photo) est un entrepreneur diplômé de la Cavendish University Uganda, où il a obtenu un bachelor en droit. Il est le fondateur et le directeur général de Mobiklinic, une entreprise de healthtech qui développe des outils numériques pour améliorer l’accès aux soins dans les zones rurales et défavorisées d’Afrique de l’Est.

Fondée en 2019, Mobiklinic combine interventions physiques et solutions numériques pour rapprocher les services de santé des communautés. Son réseau d’agents de santé communautaires utilise une application mobile pour enregistrer les données des patients, assurer leur suivi, consulter des médecins à distance et orienter les cas complexes vers des structures spécialisées. L’application intègre la biométrie pour identifier les bénéficiaires et centraliser leurs dossiers médicaux, facilitant la continuité des soins et la gestion des campagnes de vaccination et de santé maternelle et infantile.

Depuis son lancement, Mobiklinic a permis à plus de 120 000 personnes d’accéder à des soins essentiels grâce à ses solutions et à un réseau de 1500 agents de santé communautaires. L’entreprise collabore avec des centres de santé locaux, des organisations internationales et des universités pour former ses agents, renforcer la prise en charge des maladies chroniques et déployer des programmes de planification familiale.

Andrew Ddembe dirige également la Mobiklinic Foundation, société mère de la solution Mobiklinic, créée en 2018. La fondation conçoit des outils numériques pour faciliter la formation et l’accès aux soins de santé de base. Il est membre de la Commission de la société civile de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Son engagement dans le secteur de la santé a été reconnu par plusieurs distinctions. En 2024, il a reçu le Global Citizen Prize à New York et a été sélectionné dans le classement Forbes Africa 30 Under 30, qui recense les jeunes innovateurs et acteurs de l’impact social.

Melchior Koba

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Depuis la pandémie de la Covid-19, les healthtech africaines portent une nouvelle génération de services de santé numériques. Elles essaient de s’adapter aux réalités de l’Afrique pour faciliter l’adoption de leurs offres par les populations.

BusyMed est une solution d’e-santé développée par une jeune pousse sud-africaine. Elle facilite l’accès aux médicaments grâce à une application mobile permettant aux utilisateurs de commander les produits pharmaceutiques directement depuis leur domicile. La start-up basée à Port Elizabeth a été fondée en 2018 par Mphati Jezile.

« BusyMed cherche à résoudre un problème auquel sont confrontés de nombreux Sud-Africains : l'absence d'accès à des services de soins de santé primaires abordables et pratiques. La COVID-19 nous a tous fait prendre conscience de la pression qui pèse sur notre système de santé, ce qui signifie que davantage de services comme BusyMed sont essentiels pour soutenir ce système en difficulté », a indiqué Mphati Jezile en juillet 2022 à Disrupt Africa.

En intégrant des pharmacies locales sur sa plateforme, BusyMed permet aux patients de consulter les stocks en temps réel, de passer commande et de se faire livrer en quelques heures seulement. L’application permet aussi de transmettre une ordonnance, d’accéder à des conseils de professionnels de la santé, ou encore d’effectuer des paiements sécurisés.

Elle cible particulièrement les populations éloignées des centres urbains, souvent confrontées à une pénurie de médicaments ou à des files d’attente dans les pharmacies physiques. Son modèle vise à digitaliser l’ensemble du processus d’approvisionnement pharmaceutique, tout en créant un écosystème intégré autour des soins de santé de proximité.

Au-delà de la livraison de médicaments, BusyMed ambitionne de devenir une plateforme complète de santé numérique, avec des fonctionnalités futures orientées vers la téléconsultation et la gestion de traitements. « Notre objectif est d'offrir aux entreprises de soins de santé primaires des secteurs public et privé la technologie et les ressources dont elles ont besoin pour servir les communautés dans lesquelles elles sont implantées, et au-delà, dans le confort du domicile du patient, à un prix abordable » a affirmé Mphati Jezile.

Adoni Conrad Quenum

Edité par : Feriol Bewa

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Il conçoit des outils numériques pour répondre à des besoins concrets. Son parcours relie la création de solutions pratiques à la volonté de rendre l’usage du numérique accessible à tous.

Shina Arogundade (photo) est un entrepreneur et professionnel de la technologie au Nigeria. Il est cofondateur et directeur général de Techbeaver, une société basée à Lagos spécialisée dans le développement de logiciels, d’applications web et mobiles, et dans l’accompagnement de start-up reposant sur un modèle de venture studio.

Fondée en 2019, Techbeaver aide des entreprises de différentes tailles, y compris des start-up non techniques, à concevoir, développer et lancer des produits numériques tels que des applications web et mobiles, des plateformes e-commerce et des solutions sur mesure. L’entreprise développe également ses propres produits, dont Myltura.

Créée en 2022, Myltura est une start-up de technologie médicale qui propose une plateforme numérique pour l’accès aux soins et la gestion de la santé des patients et des professionnels. Elle fournit aux cliniques, laboratoires et praticiens une solution pour numériser leurs services et gérer leur relation avec les patients.

L’application Myltura permet aux utilisateurs de réserver des tests médicaux en ligne, de bénéficier de la collecte d’échantillons à domicile, de recevoir des résultats de laboratoire de manière sécurisée et d’accéder à des consultations médicales à distance. La start-up a été sélectionnée pour le Google for Startups Accelerator Africa 2025.

Shina Arogundade est également partenaire de Hackfrica, une structure qui organise des hackathons dans plusieurs villes africaines pour les étudiants de premier cycle. En 2015, il a cofondé sa première entreprise, Naikob, qui propose un réseau social destiné à connecter les Nigérians, à faciliter les interactions sociales et à permettre aux entreprises de promouvoir leurs produits.

Il est diplômé de la Federal University Oye-Ekiti, où il a obtenu en 2016 un bachelor en ingénierie électrique et électronique. Il détient aussi un diplôme en banque et finance obtenu en 2018 à la Financial Institution Training Centre de Lagos (Nigeria).

En 2018, il devient chef de projet chez Jonjoe Geotechnical, une entreprise géotechnique, avant de rejoindre la banque UBA en tant que chargé du service à la clientèle, puis analyste de crédit en 2019. En 2021, il est nommé directeur des opérations chez Trade Lenda, une start-up de technologie financière, où il travaille jusqu’en 2023.

Melchior Koba

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Elle développe des outils numériques pour le suivi de la santé des femmes en Afrique. Elle leur permet de suivre leur cycle menstruel, leur grossesse et d’accéder à des services de santé en ligne.

Kidist Tesfaye (photo) est une entrepreneure technologique éthiopienne. Elle est la fondatrice et la directrice générale de YeneHealth, une start-up spécialisée dans la santé et le bien-être des femmes africaines, avec un accent mis sur la santé sexuelle et reproductive.

Fondée en 2022, YeneHealth propose, via une application mobile et un site web, des services adaptés aux besoins des femmes d’Afrique de l’Est et d’autres régions. L’application permet un suivi du cycle menstruel et de la grossesse grâce à des outils d’intelligence artificielle, offrant aux utilisatrices la possibilité de suivre leur cycle, leur ovulation, leurs symptômes et leur humeur, tout en recevant des conseils personnalisés.

Les femmes enceintes accèdent à un accompagnement hebdomadaire, à des conseils d’experts et à un suivi du développement de leur bébé. La start-up offre également l’accès à une pharmacie électronique, avec des produits de santé livrés dans des emballages discrets et confidentiels.

La plateforme propose des contenus éducatifs validés par des professionnels de santé sur des thématiques telles que la contraception, la maternité, le bien-être et la santé mentale. Elle permet aussi des consultations virtuelles avec des médecins ou des pharmaciens certifiés directement via l’application.

Kidist Tesfaye est cofondatrice et coprésidente de Harvard Alumni Entrepreneurs en Afrique, un réseau regroupant des anciens élèves de Harvard. En 2017, elle a fondé Art in Addis, une société d’événements artistiques visant à créer des espaces de rencontre autour de l’art.

Elle est diplômée de l’Université du Minnesota, aux États-Unis, où elle a obtenu en 2015 un bachelor en santé publique. Elle est également titulaire d’un master en éducation, pédagogie de l’éducation médicale et entrepreneuriat obtenu en 2019 à l’Université de Harvard.

Kidist Tesfaye commence sa carrière en 2011 aux États-Unis dans le secteur bancaire, où elle travaille pendant cinq ans avant de se réorienter vers le secteur de la santé. En 2016, elle retourne en Éthiopie et rejoint le St. Paul’s Hospital Millennium Medical College, où elle occupe notamment les fonctions de directrice des stratégies et opérations innovantes et du bureau de la communication et des partenariats internationaux. Entre juillet 2018 et mai 2025, elle est consultante principale de KP Innovative Solutions, une société de services et de conseil aux entreprises dans les secteurs de la finance, de la santé et de l’éducation.

Melchior Koba

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Face à un taux de chômage élevé chez les jeunes diplômés, l’Algérie intensifie ses efforts pour encourager l’entrepreneuriat universitaire. En développant un réseau dense d’incubateurs, le pays vise à stimuler l’innovation et à diversifier son économie en misant sur les technologies et les start-up.

Le président de la Commission nationale de coordination et de suivi de l’innovation et des incubateurs universitaires, Ahmed Mir (photo), a réaffirmé le mardi 24 juin à Alger l’ambition du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de porter à 20 000 le nombre de start-up en Algérie à l’horizon 2029.

S’exprimant lors d’une journée parlementaire sur le rôle des incubateurs dans les universités, Ahmed Mir a indiqué que 124 incubateurs sont aujourd’hui actifs dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche à travers le pays. Ce maillage a permis de mobiliser 60 000 étudiants dont les projets de fin d’études visent la création de start-up ou de micro-entreprises, ou font l’objet de demandes de brevets. À ce jour, 1600 micro-entreprises, 130 start-up et 1175 projets labellisés « innovants » ont vu le jour, en plus de 2800 brevets déposés auprès des autorités compétentes.

Cette dynamique s’inscrit dans un effort soutenu du secteur de l’Enseignement supérieur depuis trois ans, en vue d’ancrer l’entrepreneuriat dans la culture universitaire et de valoriser le potentiel des 250 000 diplômés formés chaque année, dont plus de 110 000 issus des filières techniques, scientifiques et numériques. Ces profils constituent un levier stratégique pour alimenter l’écosystème entrepreneurial du pays.

Cette effervescence entrepreneuriale présente une forte dimension sociale. Dans un pays où le chômage des jeunes reste élevé, la création de start-up et de micro-entreprises apparaît comme un levier essentiel pour l’insertion professionnelle et la réduction des tensions sociales. Cependant, malgré ces avancées encourageantes, plusieurs défis persistent, notamment en matière d’accès au financement, d’amélioration des infrastructures numériques et d’accompagnement réglementaire adéquat.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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L’intelligence artificielle s’impose peu à peu comme un levier de transformation des services publics africains. Si des solutions locales émergent dans la santé, l’éducation ou l’agriculture, leur déploiement à grande échelle reste conditionné par des investissements structurels et un cadre éthique clair. 

L’Afrique multiplie les initiatives d’IA pour moderniser ses services publics, notamment dans des secteurs stratégiques comme la santé, l’agriculture ou encore l’éducation. Selon le rapport « Governing in the Age of AI – Unlocking a New Era of Transformation in Africa », publié en avril 2025 par le Tony Blair Institute, l’IA peut accroître la productivité des États, améliorer la transparence et renforcer l’accès à des services essentiels à moindre coût. L’Afrique, qui ne représente encore que 1 % des investissements mondiaux en IA, pourrait tirer parti d’une approche ciblée, fondée sur des cas d’usage concrets et adaptés aux réalités locales. 

Santé : diagnostics low-cost et logistique intelligente 

En Afrique, les applications de l’IA dans le secteur de la santé se multiplient. Au Nigeria, la start-up Ubenwa a mis au point un algorithme capable d’analyser les pleurs des nouveau-nés pour détecter précocement des signes d’asphyxie, réduisant ainsi la mortalité néonatale dans les zones rurales. À Nairobi, Neural Labs teste NeuralSight, une plateforme d’analyse d’imagerie médicale basée sur l’IA qui permet de diagnostiquer plus de 20 pathologies respiratoires et mammaires à moindre coût. 

Agriculture : productivité augmentée à l’échelle des petits exploitants 

L’agritech africaine adopte massivement l’IA pour transformer les exploitations. Aerobotics, basée en Afrique du Sud, exploite drones et imagerie satellite pour détecter maladies et ravageurs avant qu’ils ne se propagent, contribuant à augmenter les rendements. Farmerline, au Ghana, a lancé Darli, un chatbot accessible via WhatsApp dans 27 langues africaines, délivrant des conseils agricoles adaptés. Lancé en mars 2024, ce service touche déjà 110 000 agriculteurs. Ces innovations facilitent l’accès à l’expertise agricole, aident à réduire les intrants et renforcent la résilience climatique. 

Éducation : assistance personnalisée pour pallier la pénurie d’enseignants 

Avec un déficit estimé à 15 millions d’enseignants sur le continent selon l’UNESCO, l’IA est perçue comme un outil d’appui précieux. SkillBridge, en Éthiopie, et M‑Shule, au Kenya, proposent des assistants intelligents qui guident les élèves via SMS ou application, avec un taux de précision de 87 % dans des exercices préparatoires. Afrilearn, de son côté, s’appuie sur un modèle « learn-and-earn » pour permettre aux élèves nigérians d’accéder gratuitement à des ressources pédagogiques enrichies et interactives. 

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Des stratégies nationales encore inégalement réparties 

À ce jour, environ 11 pays africains ont adopté une stratégie nationale d’intelligence artificielle, dont le Rwanda, l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Égypte, le Ghana, le Kenya, la Tunisie et le Bénin. Selon l’indice AI Readiness Index 2023 de l’Université d’Oxford, la région Afrique subsaharienne obtient une note moyenne de 30,2 sur 100, loin derrière l’Asie de l’Est (52,6). Les principaux freins identifiés : manque d’infrastructures numériques, déficit de données de qualité et faibles capacités institutionnelles. 

À l’échelle continentale, l’Union africaine a adopté en 2024 une Stratégie africaine pour l’intelligence artificielle, qui encourage une IA responsable, inclusive et éthique. Ce cadre prévoit notamment le développement de standards de gouvernance des données, la mutualisation des infrastructures régionales et la promotion des innovations locales. 

L’IA africaine entre promesse locale et défis systémiques 

L’Afrique dispose aujourd’hui de cas d’usage tangibles d’IA à fort impact dans la santé, l’agriculture, l’éducation et la gestion publique. Des start-up suscitées démontrent la capacité du continent à innover localement. Pourtant, sans un effort structurant autour des infrastructures, de la formation des talents et de la gouvernance éthique, ces initiatives risquent de rester marginales. 

Le rapport du Tony Blair Institute propose en réponse la création d’un AI Financing Compact for Africa, visant à mutualiser les investissements pour les centres de données, les identités numériques et les programmes de formation certifiante. De son côté, le secteur privé, porté par les start-ups et les hubs technologiques, joue un rôle moteur dans le déploiement de solutions adaptées aux contextes africains. 

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Entrepreneur, il fonde et dirige plusieurs entreprises technologiques au Nigeria. Il développe des outils numériques pour améliorer la gestion des écoles et des structures médicales, en tenant compte des besoins locaux. 

Originaire du Nigeria, Abdulkadir Suleiman Lapai (photo) est ingénieur logiciel et entrepreneur. Il participe activement au développement du secteur technologique dans son pays. Il est le directeur général de Tespire, une entreprise qu’il a fondée pour améliorer l’accès au numérique dans l’éducation et intervenir également dans le domaine de la santé. 

Créée en 2022 par Abdulkadir Suleiman Lapai et Umar Madugu, Tespire équipe des écoles privées au Nigeria avec des infrastructures numériques : connexion Internet, tablettes et outils de gestion. L’entreprise cherche à moderniser l’enseignement et à limiter les pertes financières dues à une gestion inefficace des frais de scolarité. Sa plateforme facilite le recouvrement des paiements, fluidifie les échanges entre écoles et parents, et renforce la transparence administrative. 

Tespire affirme avoir généré plus de 12 millions de dollars de revenus pour ses établissements partenaires et optimisé leurs processus administratifs de 80 %. En mai 2025, l’entreprise a obtenu un financement de l’Alternative Bank pour lancer Asibiti, un programme consacré à la recherche en santé. Asibiti développe des outils pour la gestion hospitalière et le traitement des données médicales. Son premier produit, le box Asibiti, est un dispositif connecté qui centralise les données patients et facilite le suivi des soins. Il a été testé dans des hôpitaux publics de l’État du Niger et pourrait être étendu aux établissements privés. 

Abdulkadir Suleiman Lapai est également le fondateur et président-directeur général de JD Lab, une entreprise technologique qui soutient des projets visant à répondre à des besoins spécifiques en Afrique grâce aux technologies émergentes. Il est cofondateur de Labspace Nigeria, un centre d’innovation qui propose des espaces de travail partagés et accompagne les projets axés sur la durabilité et la croissance. 

Il intervient aussi comme consultant en informatique auprès du ministère nigérian de la Science et de la Technologie et coordonne l’équipe informatique du TEDxMinna, un événement dédié à la diffusion d’idées nouvelles. 

Abdulkadir Suleiman Lapai est titulaire d’un bachelor en informatique obtenu en 2011 à l’Ibrahim Badamasi Babangida University (IBBU). Il détient aussi un master en finance et investissement obtenu en 2019 à l’Ahmadu Bello University. Sa carrière professionnelle a commencé en 2012 à la Federal Agency for Science & Technology, où il était assistant de recherche. 

Entre 2014 et 2016, il a travaillé comme ingénieur logiciel avant de devenir, en 2017, l’assistant spécial du gouverneur de l’État du Niger, au Nigeria, où il a supervisé le développement d’un système de gestion pour le centre d’information et de ressource sur les carrières de l’État (NSCIRC). 

Melchior Koba

Edité par Sèna D. B. de Sodji

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Dans un Kenya où la plupart des consultations médicales sont payées directement par les patients, Access Afya propose une nouvelle approche. Elle combine services médicaux de proximité, éducation sanitaire et numérique pour toucher les communautés à faibles revenus.

Access Afya est une solution d’e-santé développée par une jeune pousse kényane. À travers sa clinique virtuelle, elle permet aux utilisateurs de passer des consultations à distance avec des professionnels de la santé, d'accéder à des conseils personnalisés via SMS ou WhatsApp, et de suivre leur traitement à moindre coût. L'offre est complétée par des micro-cliniques physiques et des points de distribution communautaires, formant ainsi un système de soins intégré et hybride. La start-up basée à Nairobi a été fondée en 2012 par Melissa Menke.

« Notre modèle repose sur un réseau de cliniques numériques standardisées. Ces sites sont compacts, implantés dans les quartiers, gérés par des agents cliniques certifiés, ouverts tous les jours et équipés pour répondre à un large éventail de besoins en soins primaires, du diagnostic et du traitement des maladies infectieuses à la planification familiale en passant par les premiers secours, et bien plus encore » explique la jeune pousse.

Grâce à l’utilisation des données et à des partenariats stratégiques, Access Afya améliore la prévention, facilite le diagnostic et garantit une continuité des soins. Cette approche centrée sur le patient lui a permis de se déployer dans plusieurs zones urbaines défavorisées tout en conservant un modèle viable.

La healthtech cible à la fois les particuliers et les entreprises en leur proposant des programmes de santé prépayés pour les employés, avec un accent mis sur le suivi des maladies chroniques, la santé reproductive et les consultations pédiatriques.

En repensant la chaîne de valeur des soins primaires, Access Afya s’impose comme un acteur de la santé inclusive et numérique. La jeune pousse prouve qu’il est possible de concilier impact social et efficacité opérationnelle dans un secteur longtemps marqué par la fragmentation et l’inégalité d’accès.

Adoni Conrad Quenum

Edité par : Feriol Bewa

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Les autorités algériennes se mobilisent pour les campagnes de dons de sang. Elles ont décidé de se tourner vers la technologie pour mettre en place un système innovant, afin de mieux gérer ces activités.

Le ministère algérien de la Santé a annoncé le lancement d’une plateforme numérique destinée à faciliter le don de sang à travers tout le territoire national. L’outil, accessible via le site officiel du ministère, vise à renforcer la coordination entre les donneurs et les structures de transfusion sanguine, tout en centralisant les données relatives aux besoins en sang.

Dans le détail, la plateforme permet aux citoyens de s’inscrire comme donneurs, d’être informés en temps réel des campagnes de collecte, et de localiser les centres de don les plus proches. Les responsables des centres eux, peuvent mieux planifier les campagnes et actualiser les stocks en fonction des besoins recensés. Ce dispositif numérique s’inscrit dans le cadre d’une stratégie visant à moderniser le système national de collecte.

L’initiative survient dans un contexte de constante augmentation de la demande en produits sanguins. Elle fait suite à la deuxième édition de l’opération « Banque de la vie » lancée en octobre 2024 par la Radio algérienne. Parallèlement, l’Association nationale des pharmaciens algériens a initié en juin 2025 une campagne de sensibilisation sur le don de sang, mobilisant les officines comme relais d’information.

Au premier semestre de l'année 2024, plus de 354 000 poches de sang avaient été collectées à travers 256 centres de transfusion sanguine répartis sur tout le territoire, soit une hausse de 5,49% par rapport à la même période en 2023. En combinant approche numérique et mobilisation citoyenne, les autorités espèrent pérenniser les efforts de collecte tout au long de l’année, au-delà des traditionnels pics de solidarité observés durant certaines périodes de l’année.

Adoni Conrad Quenum

Edité par : Feriol Bewa

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