La transformation de l'éducation en Afrique passe par l'introduction de nouvelles méthodes d'enseignement et de nouveaux savoirs. Internet offre cette opportunité. Les outils et le réservoir de connaissances qu'offre le réseau mondial ont le pouvoir de corriger les défauts d'apprentissage que l'UNESCO observe sur le continent.
Les autorités guinéennes projettent de connecter à Internet 2200 écoles publiques, notamment en zones rurales. L’information a été annoncée le 8 janvier par le ministère guinéen de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, après que la décision a été validée le 6 lors d’une réunion avec les représentants d’UNICEF Guinée, du ministère des Finances, du ministère du Plan et de la Coopération internationale, et du ministère de l'Économie numérique.
L’initiative s’inscrit dans le cadre du projet Giga lancé en 2019 par l'UNICEF et l'Union internationale des télécommunications (UIT). Ce projet vise à connecter chaque école dans le monde à Internet et à offrir un accès numérique aux enfants, en particulier dans les régions défavorisées. Il répond également aux ambitions de la Guinée qui a entrepris plusieurs actions pour connecter les établissements scolaires et académiques à Internet.
En juillet 2023, la société publique Guinée Télécom a annoncé qu’elle fournirait Internet gratuitement aux étudiants guinéens. La connexion de 2200 écoles publiques en zones rurales contribuera à réduire les disparités éducatives entre zones urbaines et rurales tout en favorisant l’inclusion numérique. Ces infrastructures bénéficieront aussi aux communautés environnantes, stimulant l’entrepreneuriat et l’accès aux services en ligne.
Pour rappel, la Guinée comptait début 2024, 4,87 millions d'utilisateurs d'Internet, avec un taux de pénétration de 33,9%, selon les données de DataReportal.
Dans un monde en constante évolution numérique, les pays africains adoptent des mesures pour moderniser leurs systèmes éducatifs. L’intégration des technologies numériques est devenue essentielle pour répondre aux défis pédagogiques actuels et garantir une éducation plus inclusive et accessible.
Le Gabon a adopté un projet d’ordonnance visant à instituer et réglementer la numérisation des enseignements. Cette décision a été prise lors du Conseil des ministres du dimanche 5 janvier, présidé par le président de la République, le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Elle marque une étape décisive dans la transformation du système éducatif national, avec pour objectif d’intégrer les technologies numériques et les plateformes éducatives dans les méthodes d’enseignement et d’apprentissage.
« Le projet d’ordonnance vise à renforcer le cadre juridique et réglementaire encadrant la transformation des méthodes d’enseignement et d’apprentissage grâce à l’intégration des technologies numériques et des plateformes éducatives. Cette réforme s’impose avec d’autant plus d’urgence que la crise sanitaire liée à la COVID-19 a mis en évidence la nécessité de développer des alternatives à l’enseignement en présentiel », précise le communiqué final.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte où le Gabon multiplie les efforts pour moderniser son système éducatif. En décembre dernier, un partenariat interministériel a été lancé pour connecter les écoles à Internet, illustrant la volonté claire du gouvernement de démocratiser l’accès aux outils numériques. La crise sanitaire a également mis en lumière les faiblesses des méthodes éducatives traditionnelles, soulignant l’urgence d’une réforme pour garantir la continuité de l’apprentissage, même en période de crise.
Les retombées attendues de cette décision sont multiples : une meilleure résilience du système éducatif en cas de crise, une réduction des inégalités entre les zones urbaines et rurales, ainsi qu’une modernisation des pratiques pédagogiques. Cette réforme devrait également contribuer à former une main-d’œuvre qualifiée, prête à soutenir la transformation économique du pays.
Samira Njoya
Le gouvernement congolais mise sur la coopération internationale pour accélérer sa transformation numérique. En novembre 2024, un protocole d’accord avait déjà été signé avec la Pologne pour développer les infrastructures numériques.
La République démocratique du Congo (RDC) et le Qatar envisagent de renforcer leur coopération bilatérale dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC), entre autres. La question a été abordée lors d’une rencontre entre le président congolais, Félix Tshisekedi (photo, à gauche), et l’émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani (photo, à droite), dimanche 5 janvier, dans le cadre d’une visite officielle dans le pays du Moyen-Orient.
Ce rapprochement intervient dans un contexte où le gouvernement congolais multiplie les efforts dans le cadre de sa vision de « faire du Numérique congolais un levier d’intégration, de bonne gouvernance, de croissance économique et de progrès social ». En 2024, le pays se classait 41e sur 47 pays africains en matière de développement des TIC selon l’Union internationale des télécommunications (UIT) avec un score de 31 sur 100. De plus, les sources officielles indiquent que le taux de pénétration de l’Internet dans le pays est de 30%, contre environ 50% pour la téléphonie mobile.
De plus, le Département des affaires économiques et sociales des Nations unies (DAES) classe la RDC 175e sur 193 au plan mondial en matière de développement de l’e-gouvernement en 2024 avec un score de 0,2715 sur 1. Le pays est en dessous des scores moyens en Afrique centrale (0,3354), en Afrique (0,4247) et dans le monde (0,6382).
En ce qui concerne la cybersécurité, l’UIT classe la RDC dans la catégorie Tier 3 regroupant des pays qui « démontrent un engagement de base en matière de cybersécurité à travers des actions pilotées par le gouvernement, qui incluent l’évaluation, l’établissement ou la mise en œuvre de certaines mesures généralement acceptées en cybersécurité ». Le pays doit notamment faire des efforts dans les domaines des mesures techniques, le développement des capacités et la coopération.
De son côté, le Qatar affiche un score de développement des TIC de 97,8 sur 100. En matière de développement de l’e-gouvernement, le pays affiche un score de 0,8244. Il fait également partie des exemples à suivre dans le monde en ce qui concerne la cybersécurité selon l’UIT.
Le renforcement de la collaboration avec le Qatar pourrait aider le gouvernement congolais à développer son secteur des TIC et accélérer ses ambitions de transformation numérique. Cependant, les détails précis de ce partenariat, notamment les axes d’intervention et le calendrier de mise en œuvre, restent à définir. Par ailleurs, aucun accord formel n’a encore été signé ou officiellement annoncé entre les deux parties.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’économie numérique africaine, en pleine expansion, est essentielle au développement du continent. Cependant, les interruptions volontaires d’Internet et des réseaux sociaux par les gouvernements freinent cette dynamique, avec des conséquences économiques et sociales majeures.
Les coupures d’Internet et les restrictions d’accès aux plateformes numériques ont coûté à l’Afrique subsaharienne 1,56 milliard de dollars en 2024, selon le rapport Global Cost of Internet Shutdowns publié par la plateforme spécialisée britannique Top10VPN. Ce document met en lumière l’impact économique des fermetures intentionnelles d’Internet, des blocages de réseaux sociaux et des ralentissements délibérés du débit. Au niveau mondial, ces arrêts décidés par les gouvernements ont engendré une perte totale de 7,69 milliards de dollars en 2024, soulignant une tendance alarmante aux atteintes numériques.
Une baisse par rapport à 2023, mais des pertes persistantes
En Afrique subsaharienne, les pertes de 2024 représentent une légère diminution par rapport aux 1,74 milliard de dollars enregistrés en 2023. Toutefois, les coupures continuent d’affecter massivement la région, totalisant 32 938 heures d’interruptions et impactant 111,2 millions d’internautes. Ces perturbations, souvent ordonnées dans des contextes de troubles politiques ou de conflits, freinent le développement économique et aggravent l’instabilité sociale dans des pays déjà vulnérables.
Les pays les plus touchés
Le Soudan arrive en tête des pays africains les plus touchés en Afrique subsaharienne, avec une perte de 1,12 milliard de dollars (soit 71,8 % des pertes totales de la région). Ces interruptions, visant principalement à contenir des manifestations ou à limiter la diffusion d’informations, ont affecté 23,4 millions de personnes sur une durée record de 12 707 heures. En Éthiopie, les coupures ont entraîné une perte de 211,2 millions de dollars, bien que seulement 3,3 millions d’utilisateurs aient été touchés sur 4 680 heures. Le Kenya, quant à lui, a subi des pertes de 75 millions de dollars, affectant 22,7 millions de personnes pendant 511 heures.
Les interruptions ciblent fréquemment les plateformes de réseaux sociaux telles que Facebook, Twitter, Instagram ou WhatsApp, outils essentiels pour la communication, le commerce et l’information. Dans certains cas, les gouvernements recourent à des ralentissements intentionnels, rendant l’accès aux contenus multimédias ou aux diffusions en direct pratiquement impossible.
Comment ces pertes sont-elles calculées ?
Le rapport de Top10VPN explique que les coûts économiques des coupures sont calculés à l’aide de l’outil Netblocks Cost of Shutdown Tool, basé sur la méthodologie de la Brookings Institution avec un modèle spécialisé utilisé pour l’Afrique subsaharienne. Les pertes sont estimées en fonction du PIB numérique de chaque région, de la durée des interruptions et du nombre d’internautes affectés. Les données proviennent de sources fiables telles que la Banque mondiale et des gouvernements. Les restrictions de plateformes sociales, bien que spécifiques, sont évaluées en fonction du nombre total d’internautes d’une région, car elles perturbent l’accès de tous, indépendamment de l’utilisation active des plateformes bloquées.
Un frein à la transformation numérique en Afrique
Ces pertes massives illustrent les conséquences des coupures d’Internet sur le développement économique de l’Afrique subsaharienne. Alors que la région investit dans la transformation numérique pour rattraper son retard, ces interruptions délibérées freinent l’innovation et la compétitivité.
Selon le rapport, « Ces dommages sont à la fois directs, en termes de coût économique et humain, et indirects, dans la mesure où ils obligent les gens à utiliser des VPN dangereux pour tenter de contourner les restrictions injustes qui leur sont imposées ». Ces interruptions provoquent également un manque à gagner pour les opérateurs télécoms, les entreprises dépendant du numérique et les particuliers, freinant ainsi le potentiel de croissance dans un monde de plus en plus connecté.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Absent du Startup Ranking mondial en 2020, l’Algérie figure aujourd’hui dans le top 20 des nations avec le plus grand nombre de jeunes tech entrepreneurs. En Afrique, le pays vient en deuxième position juste après le Nigeria.
En Algérie, le gouvernement poursuit son soutien en faveur de l’innovation numérique. Pour l’année 2025, de nouvelles incitations fiscales viennent s’ajouter aux nombreuses déjà mises en œuvre au cours des cinq dernières années. Il s’agit de l’exonération du droit de mutation sur les acquisitions immobilières au profit des start-up ou des incubateurs, pour encourager la création d’activités industrielles ; la prorogation de deux ans des exonérations en matière d’impôt sur le revenu global (IRG) ou d’impôt sur le bénéfice des sociétés accordées aux incubateurs, sous réserve du renouvellement de leur label.
Il est également introduit l’exonération des droits d’enregistrement sur les actes de constitution de sociétés, au profit des détenteurs du label « projets innovants ». Pour promouvoir l’activité de recherche et développement, l’État algérien a introduit dans la loi des finances 2025 un abattement au titre des dépenses engagées dans les activités de recherche et développement réalisées au sein de l’entreprise et celles engagées dans les programmes d’innovation ouverte contractés avec les start-up ou les incubateurs.
« Cet abattement est applicable, pour la détermination du bénéfice imposable, à concurrence de 30 % du montant du bénéfice comptable et dans la limite d’un plafond de 200 000 000 Dinars (1,4 million €). Dans le cas où ces dépenses concernent simultanément la recherche et développement et l’innovation ouverte, le montant de l’abattement ne peut excéder 30 % du montant du bénéfice comptable, ni dépasser le plafond susmentionné », précise la loi de finances 2025.
Depuis 2020, l’Algérie a fait de l’innovation numérique un levier fort de sa stratégie de développement économique. Le gouvernement, conscient de son apport dans la création d’emploi et de richesses, a créé le poste dédié de ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de l’Économie de la connaissance et des start-up. Par la suite, le programme national « Algeria Disrupt » a permis l’avènement d’un cadre réglementaire encourageant pour l’innovation, notamment un volet lié à la labélisation d’entreprise numérique innovante.
L’Algerian Startup Fund, mécanisme public de financement conçu pour être à la fois un fonds d’investissement et de capital-risque destiné à des projets d’innovation à fort potentiel de croissance, a également vu le jour en 2021. L’Algerian Innovation Fund a été créé en 2023, fruit de la collaboration entre l’accélérateur public de start-up Algeria-Venture et le fonds international Small Enterprise Assistance Funds (SEAF).
Dans une allocution prononcée jeudi 19 janvier 2023, lors de la rencontre Gouvernement-Walis, Yacine El Mahdi Oualid, alors ministre de l’Économie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, avait révélé que l’Algérie enregistrait déjà « plus de 5000 start-up recensées au niveau du ministère, dont 1100 ayant obtenu le label “Start-up” ou celui de “Projet innovant” ». Le nombre d’incubateurs avait « grimpé de 14 à 60 entre 2020 et 2023 à travers tout le territoire national ».
Muriel EDJO
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités mauritaniennes poursuivent la mise en œuvre de la stratégie de transformation numérique nationale. L’objectif est de faire du numérique un véritable levier de développement socio-économique du pays.
Le gouvernement mauritanien a annoncé la semaine dernière le lancement du visa électronique (e-visa). Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Mauritaniens de l’extérieur a déclaré qu’à partir du 5 janvier, « tout passager soumis à l’obligation de visa doit obligatoirement obtenir son visa électronique avant son embarquement pour se rendre en Mauritanie ». Les demandes devront être effectuées via le site officiel de l’Agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés (ANRPTS).
Cette mesure est valable pour les ressortissants de tous les pays du monde à l’exception de ceux avec lesquels la Mauritanie a des accords de suppression réciproque de visa. Selon le ministère, ils sont au nombre de 18, dont dix en Afrique : le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, le Mali, le Sénégal, la Gambie, le Niger, la Côte d’Ivoire et le Tchad. Pour certains pays, dont le Maroc, l’exemption de visa concerne uniquement les passeports diplomatiques et de service.
L’initiative peut s’inscrire dans le cadre de la mise en œuvre de « l’Agenda national de transformation numérique 2022-2025 ». A travers cette feuille de route, l’exécutif ambitionne de faire du numérique un véritable levier de développement socio-économique du pays.
L’e-visa pourrait faciliter l’entrée d’étrangers en Mauritanie. Cela devrait soutenir le développement du tourisme que le gouvernement cherche à relancer conformément à la stratégie nationale du tourisme 2018-2030. Selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI) publié en juin 2024, le PIB référentiel du secteur touristique mauritanien se chiffrerait à 1,8 milliard d’ouguiyas (45,05 millions $) en 2021 et atteindrait 2,2 milliards d’ouguiyas en 2025.
L’institution de Bretton Woods ajoute que « le secteur dispose d’un fort potentiel pouvant être mis à profit, pourvu qu’une offre adaptée aux exigences des touristes nationaux et internationaux soit développée et que la sécurité territoriale soit renforcée ».
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique fait partie des priorités du gouvernement béninois. Pour y parvenir, le pays mise sur l’expertise d’acteurs qualifiés afin d’accélérer cette transition et de bâtir une administration moderne, efficace et inclusive.
Dans le cadre de sa stratégie visant à devenir un leader régional en matière d’innovation numérique, le Bénin cherche, avec le soutien de l’Union européenne, à recruter un expert pour renforcer l’environnement de développement des services publics numériques. Ce recrutement s’inscrit dans l’objectif global du gouvernement de moderniser son administration et d’accélérer la transformation numérique au bénéfice des citoyens.
« Le projet Beninnovation renforce la coopération entre l’administration publique et les entreprises privées locales dans le domaine de la transformation numérique, notamment en ce qui concerne la numérisation des services publics. Jusqu’à présent, les principales réalisations en matière de numérisation des services publics au Bénin ont été accomplies par l’Agence pour l’information et les systèmes numériques (ASIN) avec l’aide de l’Académie estonienne de gouvernement électronique et des services de conseil fournis par Cybernetica, une société estonienne des TIC », précise l’annonce officielle.
Ce projet s’inscrit dans une démarche plus large portée par l’ASIN et soutenue financièrement par l’Union européenne. Il vise à industrialiser les services électroniques et à offrir des services numériques performants à travers une architecture moderne de type Platform-as-a-Service (PaaS). Parmi les principales tâches de l’expert figurent la conception d’un environnement de développement innovant, l’intégration de solutions favorisant l’interopérabilité et la sécurisation des systèmes, ainsi que le renforcement des capacités des parties prenantes, tant publiques que privées. Ces missions seront réalisées sur une période de 470 jours.
Grâce à cette initiative, le gouvernement souhaite combler les manques en expertise technique tout en impliquant davantage les entreprises locales dans la transformation numérique. Cette approche pourra contribuer à renforcer la position du Bénin comme leader de l’innovation numérique en Afrique de l’Ouest.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le pays a amorcé, depuis quelques années, une nouvelle ère en intégrant le numérique au cœur de sa stratégie de développement. Les autorités ambitionnent de stimuler l’innovation technologique et de moderniser ses services publics afin de renforcer sa compétitivité au niveau régional.
Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a présenté, le vendredi 27 décembre, sa déclaration de politique générale (DPG) devant l’Assemblée nationale. Ce document, qui repose sur un programme de réformes économiques ambitieuses visant à redresser le pays au cours des cinq prochaines années, place le numérique au cœur de la transformation et de la modernisation du Sénégal.
Parmi les premières initiatives annoncées figurent la numérisation des grands registres de l’État et le lancement d’une phase pilote du projet « Zéro papier », qui vise à simplifier les démarches administratives et à améliorer la qualité des services publics.
Dans sa déclaration, le gouvernement a également mis en avant sa volonté de soutenir le développement d’un écosystème d’acteurs réunissant des chercheurs, start-up et industriels, afin de promouvoir des investissements dans l’intelligence artificielle, le développement de logiciels, la cybersécurité, l’externalisation de services à haute valeur ajoutée et la gestion des données massives. L’objectif est d’offrir des solutions adaptées aux besoins des entreprises, tout en positionnant le Sénégal comme un hub technologique en Afrique de l’Ouest.
La modernisation du système éducatif constitue également une priorité. Le programme prévoit l’introduction de technologies émergentes, telles que l’intelligence artificielle, dans les curricula scolaires, afin de préparer la jeunesse sénégalaise à l’économie numérique de demain. Ces réformes éducatives reflètent une volonté de renforcer le capital humain, pilier essentiel du développement technologique et économique du pays.
Le secteur de la santé bénéficie également de cette dynamique, avec un projet de numérisation intégrale et la mise à l’échelle du dossier patient informatisé. Ces mesures visent à améliorer l’accès aux soins et la gestion des services hospitaliers, tout en renforçant l’efficacité du système de santé national.
Ces réformes s’inscrivent dans le cadre du référentiel Sénégal 2050, qui trace la voie vers une prospérité partagée et une modernisation inclusive. L’annonce prochaine de la stratégie « New Deal Technologique », prévue pour janvier 2025, viendra préciser les contours de cette ambition numérique, illustrant comment le numérique peut devenir un pilier du redressement économique et social du Sénégal.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités algériennes multiplient les actions pour accélérer la transformation numérique du pays. Après une année marquée par de nombreux projets, les perspectives des prochaines années prennent forme.
L’Algérie s’engage à accélérer sa transition numérique avec le lancement de plus de 500 projets pour la période 2025-2026. L’annonce a été faite par Meriem Benmouloud (photo), haut-commissaire à la numérisation, le mardi 24 décembre, lors de la rencontre Gouvernement-walis tenue au Palais des Nations à Alger. Ces initiatives visent principalement à moderniser les services publics, avec 75 % des projets dédiés à cet objectif.
« L’Algérie connaît une transition claire vers la numérisation qui exige la conjugaison de tous les efforts afin d’atteindre la transformation numérique escomptée et de placer, ainsi, l’Algérie en tête des classements mondiaux », a déclaré Mme Benmouloud, ajoutant que ces projets marquent une étape importante pour simplifier l’accès aux services publics et améliorer leur transparence.
Ces projets s’inscrivent dans la stratégie « Algérie Numérique 2030 », en cours d’élaboration. Structurée autour de cinq axes principaux – infrastructures, formation, gouvernance numérique, économie numérique et société numérique – cette stratégie comprend notamment la mise en place d’un Portail national interactif des services numériques et d’une plateforme d’interopérabilité. Ces outils visent à centraliser les démarches administratives, réduire les déplacements inutiles et faciliter l’accès à l’information, notamment pour les populations vivant dans les zones reculées.
Toutefois, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer l’e-gouvernance. Actuellement, l’Algérie occupe la 116e place sur 193 pays dans le dernier indice de développement de l’e-gouvernement publié par le Département des affaires économiques et sociales des Nations unies (DAES) pour 2024, avec un score de 0,5956. Bien qu’en légère progression par rapport à 2022 (score de 0,5611), ces initiatives doivent permettre au pays de renforcer sa compétitivité et de se positionner comme un leader régional en matière de transformation numérique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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(ORANGE CÔTE D'IVOIRE) En Côte d'Ivoire, de nombreux citoyens ne possèdent pas les compétences numériques nécessaires pour utiliser efficacement les outils des technologies de l'information et de la communication. Les programmes de formation existants sont souvent inadaptés aux besoins spécifiques des populations marginalisées. Fort de ces constats, l’Etat Ivoirien a adopté 2 plans stratégiques sur l’inclusion numérique. Notamment, la stratégie nationale de l’Intelligence Artificielle et la stratégie nationale de la gestion de données. Orange ne reste pas en marge des orientations stratégiques de la Côte d’Ivoire et propose également des solutions pour accompagner les populations vers ces nouveaux outils. Rencontre avec Latifa Diack, Directrice adjointe en charge de Orange Digitale Center.
Pouvez-vous vous présentez brièvement à nos lecteurs ?
Latifa Diack : Forte d’une expérience de 15 années dans le développement stratégique des secteurs via la transformation numérique et l’innovation, je me positionne comme une experte en stratégie digitale et en gestion de l’innovation, apportant une vision intégrée allant de l’idée à la monétisation. J’ai pu mener de bout en bout des projets majeurs de transformation digitale au service du développement socio-économique en Afrique. Titulaire d’un MBA avec mention en gestion stratégique des technologies de l’information de l’Université Laval, mon parcours est enrichi d’une expérience internationale acquise au Canada, notamment dans des projets de digitalisation avec le gouvernement du Québec. Cet acquis me confère une perspective précieuse pour relever les défis de transformation en Afrique.
En Afrique, j’ai évolué dans le secteur des télécommunications, où j’ai accompagné Orange Côte d’Ivoire dans l’adoption des TIC dans son offre de services B2B et le développement de services innovants autour des enjeux “Mobile for Development”. Cette expertise m’a permis de concevoir des solutions à fort impact pour favoriser l’accès aux services et soutenir la croissance économique via les technologies mobiles.
Mon parcours englobe la digitalisation de secteurs d’activités clés comme les chaînes de valeur agricoles, les projets de téléconsultation, la stratégie numérique pour les gouvernements (l’enseignement supérieur, la santé, etc.) et les défis de villes connectées.
« Mon parcours englobe la digitalisation de secteurs d’activités clés comme les chaînes de valeur agricoles, les projets de téléconsultation, la stratégie numérique pour les gouvernements et les défis de villes connectées. »
Mon expertise couvre également la mise en place et l’animation de tunnels d’innovation en entreprise, créant des environnements propices à la créativité et à la concrétisation d’idées innovantes. Mon expérience actuelle à titre de Directrice adjointe en charge de Orange Digitale Center me permet de soutenir l’accompagnement et l’incubation des start-ups, la montée en compétences de nos jeunes dans le numérique tout en tenant compte de l’implication des femmes. Mon approche repose sur une vision à la fois globale et locale, pour que les solutions digitales répondent efficacement aux réalités africaines et accélèrent un développement inclusif et durable
Avec une vision centrée sur l’impact, je m’engage pour un numérique qui transcende la technologie : un numérique créateur de valeur, qui améliore la qualité de vie, réduit les inégalités et renforce l’autonomie des individus et des entreprises africaines dans un monde connecté.
Pouvez-vous nous parler de ce que vous faites dans le domaine de l'innovation ou du développement durable en Côte d'Ivoire ?
Latifa Diack : Orange Digital Center Côte d’Ivoire agit comme un véritable catalyseur d’innovation en mobilisant le numérique pour relever des défis sociétaux et environnementaux. À travers des initiatives comme les FABLAB Solidaires, nous formons les jeunes aux technologies de fabrication numérique pour concevoir des solutions concrètes, qu’il s’agisse de prototypes d’appareils éco-responsables ou d’outils adaptés à des besoins locaux, notamment en Agritech ou en transition écologique.
« À travers des initiatives comme les FABLAB Solidaires, nous formons les jeunes aux technologies de fabrication numérique pour concevoir des solutions concrètes. »
En parallèle, notre programme d’incubation soutient les startups développant des solutions innovantes dans des secteurs clés tels que la santé, l’éducation ou l’énergie durable, contribuant ainsi à bâtir un écosystème entrepreneurial axé sur le développement durable.
Comment voyez-vous l'impact des nouvelles technologies sur le développement économique et social en Côte d'Ivoire, surtout dans les zones rurales ou auprès des personnes les plus vulnérables ?
Latifa Diack : Les nouvelles technologies représentent un levier stratégique pour transformer l’économie et améliorer les conditions de vie en Côte d’Ivoire, notamment pour les populations des zones rurales et les plus vulnérables.
Tout d’abord, elles permettent de réduire la fracture numérique. À l’Orange Digital Center, nous avons constaté qu’en démocratisant l’accès aux outils technologiques et en proposant des formations gratuites, nous donnons à des milliers de jeunes, de femmes, et de personnes en situation de handicap des opportunités pour s’intégrer dans l’économie numérique. Par exemple, nos programmes comme le Fablab Solidaire permettent à des artisans ou à de jeunes entrepreneurs de créer des prototypes et d’accéder à des marchés qu’ils n’auraient jamais atteints auparavant.
Par ailleurs, nous avons observé un impact social majeur. Les plateformes numériques soutiennent l’éducation, même dans les régions reculées, grâce à des contenus accessibles en ligne ou via des outils hors connexion.
L’impact des technologies sur le développement en Côte d’Ivoire est indéniable, mais il reste crucial d’accompagner ces transformations par des initiatives inclusives. À l’Orange Digital Center, nous nous engageons à poursuivre cet objectif, notamment à travers des collaborations avec des ONG, des institutions publiques et des acteurs locaux pour maximiser notre impact dans les zones les plus reculées.
Comment l'innovation technologique a-t-elle changé votre manière de travailler, notamment dans vos projets d'inclusion numérique ?
Latifa Diack : L’innovation technologique a profondément transformé notre manière de travailler, notamment dans nos projets d’inclusion numérique. Grâce aux outils digitaux, nous pouvons atteindre des populations autrefois marginalisées avec des formations adaptées à leurs besoins, qu’ils soient en milieu rural ou urbain.
« Grâce aux outils digitaux, nous pouvons atteindre des populations autrefois marginalisées avec des formations adaptées à leurs besoins, qu’ils soient en milieu rural ou urbain ».
Par exemple, l’utilisation des plateformes e-learning nous permet de proposer des parcours personnalisés, accessibles même à distance, pour former aux métiers du numérique. Par ailleurs, l’analyse des données nous aide à mieux cibler nos bénéficiaires et mesurer l’impact de nos actions, ce qui optimise nos efforts et renforce notre efficacité sur le terrain.
Selon vous, quel rôle joue Orange CI dans l’amélioration de l’accès au numérique pour les populations moins connectées, et comment collaborez-vous avec eux dans vos projets ?
Latifa Diack : Orange Côte d’Ivoire joue un rôle clé en démocratisant l’accès au numérique pour les populations moins connectées, notamment à travers des initiatives comme l’élargissement de la couverture réseau dans les zones rurales et la mise en place de solutions adaptées aux budgets modestes. Dans nos projets, cette collaboration se traduit par un soutien logistique et technologique : par exemple, nous travaillons ensemble pour déployer les Orange Digital Center Clubs dans les régions, où nous proposons des formations gratuites et des ateliers pratiques. Cette synergie permet de renforcer l’impact de nos actions d’inclusion numérique et de toucher un public plus large.
Orange CI propose des programmes comme la formation numérique et l'inclusion financière. Quel impact ces initiatives ont-elles eu sur les jeunes et les femmes dans votre domaine ?
Latifa Diack : Les programmes de formation numérique et d’inclusion financière d’Orange Côte d’Ivoire ont un impact considérable sur les jeunes et les femmes, notamment en leur offrant des opportunités concrètes d’autonomisation. Grâce à des initiatives comme Orange Digital Academy, de nombreux jeunes ont acquis des compétences recherchées sur le marché de l’emploi, comme le développement web ou la data science, ce qui augmente leur employabilité.
« Grâce à des initiatives comme Orange Digital Academy, de nombreux jeunes ont acquis des compétences recherchées sur le marché de l’emploi. »
Pour les femmes, les formations ciblées et l’accompagnement entrepreneurial permettent de briser des barrières structurelles et de favoriser leur accès à des financements pour créer ou développer leurs activités. Ces initiatives changent véritablement des vies en donnant à ces populations les outils pour réussir dans un monde de plus en plus numérique.
La technologie peut-elle aider à résoudre des problèmes comme l’accès à l’éducation, la santé ou l’agriculture durable en Côte d'Ivoire ? Pouvez-vous partager des exemples d'innovations dans ces domaines ?
Latifa Diack : Absolument, la technologie joue un rôle fondamental dans la résolution de défis comme l’accès à l’éducation, la santé ou l’agriculture durable en Côte d’Ivoire. Par exemple, dans l’éducation, nous avons développé des plateformes de e-learning qui permettent aux étudiants, même en zones reculées, d’accéder à des cours en ligne.
« Par exemple, dans l’éducation, nous avons développé des plateformes de e-learning qui permettent aux étudiants, même en zones reculées, d’accéder à des cours en ligne. »
Dans le domaine de la santé, nous soutenons des startups innovantes qui conçoivent des solutions telles que des applications de téléconsultation pour améliorer l’accès aux soins. Enfin, en agriculture durable, nos programmes incubent des projets Agritech qui aident les agriculteurs à optimiser leurs récoltes grâce à des outils numériques, comme des applications de suivi météo ou de gestion des cultures. Ces initiatives montrent comment le numérique peut avoir un impact direct et mesurable sur le développement durable
Quels sont selon vous les principaux défis à relever pour favoriser une meilleure inclusion numérique en Côte d'Ivoire et permettre à plus de gens de profiter de ces innovations ?
Latifa Diack : Les principaux défis pour favoriser une meilleure inclusion numérique en Côte d'Ivoire sont multiples. Tout d'abord, il y a la question de l’accessibilité aux infrastructures : malgré les progrès réalisés, l'accès à Internet reste limité dans certaines zones rurales. Ensuite, il y a un déficit de compétences numériques : beaucoup de personnes, surtout en milieu rural, manquent des connaissances de base pour utiliser efficacement les outils numériques. Enfin, il y a la question de l’inégalité de genre, où les femmes, notamment dans les communautés vulnérables, ont moins accès à ces technologies. Pour relever ces défis, il est crucial de renforcer les partenariats public-privé, d’investir dans les infrastructures et de multiplier les programmes de formation et de sensibilisation. Chez Orange Digital Center, nous mettons un accent particulier sur la formation des jeunes et des femmes, car ce sont eux qui porteront demain les solutions de développement numérique.
En termes de développement durable, comment les nouvelles technologies peuvent-elles contribuer à un avenir plus vert et plus équitable en Côte d'Ivoire, en particulier pour les jeunes entrepreneurs ?
Latifa Diack : Les nouvelles technologies peuvent jouer un rôle clé dans la construction d’un avenir plus vert et plus équitable en Côte d'Ivoire, surtout pour les jeunes entrepreneurs. Grâce à des solutions numériques innovantes, il est possible d’optimiser les ressources naturelles, de réduire les déchets et de promouvoir des pratiques écologiques dans des secteurs comme l’agriculture, l’énergie et le recyclage. Par exemple, les jeunes entrepreneurs peuvent utiliser des technologies de suivi des émissions de carbone ou des applications de gestion des ressources naturelles pour créer des entreprises écoresponsables.
« Par exemple, les jeunes entrepreneurs peuvent utiliser des technologies de suivi des émissions de carbone ou des applications de gestion des ressources naturelles pour créer des entreprises écoresponsables. »
De plus, les technologies peuvent faciliter l'accès à des financements verts pour les projets durables. En soutenant ces initiatives à travers nos programmes d'incubation et de financement, Orange Digital Center permet aux jeunes de s’engager pleinement dans une économie numérique tout en respectant les principes du développement durable.
Quelles sont les priorités de Orange Digital Center pour 2025 ?
Latifa Diack : Pour 2025, nos priorités à Orange Digital Center sont clairement orientées vers l'expansion et l’approfondissement de notre impact en Côte d'Ivoire. Tout d’abord, nous souhaitons étendre notre réseau d'Orange Digital Center Clubs à davantage de régions, afin de toucher un plus grand nombre de jeunes, notamment dans les zones rurales et les quartiers défavorisés. Ensuite, nous mettrons un accent particulier sur l’accompagnement des startups dans des secteurs innovants comme l’Agritech, la FinTech et la e-santé, en leur offrant des programmes de formation, de mentorat et d’accès à des financements.
« Nous mettrons un accent particulier sur l’accompagnement des startups dans des secteurs innovants comme l’Agritech, la FinTech et la e-santé, en leur offrant des programmes de formation, de mentorat et d’accès à des financements. »
Enfin, nous continuerons à renforcer nos partenariats stratégiques pour soutenir les initiatives d’inclusion numérique, en particulier en faveur des femmes et des jeunes, en leur fournissant les outils et les compétences nécessaires pour réussir dans l’économie numérique. Nous ambitionnons de devenir un centre d’innovation et de formation de premier plan, avec un accent particulier sur les industries culturelles et créatives en offrant aux jeunes talents des outils numériques adaptés pour créer et développer des projets à fort impact social et économique.
L’année dernière, le Mozambique a annoncé son intention d’introduire une fiscalité sur l’économie numérique à partir de 2024. Aujourd’hui, le pays cible particulièrement les entreprises numériques étrangères opérant dans le secteur du tourisme.
L’Autorité fiscale mozambicaine (AT) a récemment élaboré un projet de loi visant à formaliser la taxation des transactions en ligne dans le secteur du tourisme. À travers cette initiative, qui cible des plateformes comme Booking, Tripadvisor et Hotels.com, l’organisme gouvernemental veut réguler l’économie numérique et augmenter les recettes fiscales du pays.
Actuellement, ces plateformes prélèvent des commissions sur les réservations réalisées pour des établissements touristiques au Mozambique sans contribuer au système fiscal national. Le projet de loi, qui sera soumis lors de la prochaine session législative, vise à combler cette lacune en imposant ces entreprises sur les revenus générés dans le pays.
Amorim Ambasse, directeur de l’Unité de taxation de l’économie numérique au sein de l’autorité fiscale mozambicaine (AT), explique que, bien que ces plateformes n’aient pas de présence physique au Mozambique, elles génèrent des revenus considérables qui devraient « être imposables, car ils proviennent d’activités économiques exercées à l’intérieur des frontières du Mozambique ».
Cette démarche intervient dans un contexte de forte croissance du secteur touristique mozambicain. En 2023, les revenus du tourisme ont atteint 221,2 millions de dollars, enregistrant une hausse de 10,4 % par rapport à 2022, selon Eldevina Materula, ministre de la Culture et du Tourisme. Le nombre d’arrivées internationales a également progressé, dépassant 1,1 million de visiteurs en 2023, soit une augmentation de 31 % par rapport à l’année précédente.
Le projet suit une tendance nationale visant à réglementer et taxer l’économie numérique. En s’attaquant aux plateformes numériques étrangères, le gouvernement espère non seulement accroître les recettes fiscales, mais aussi créer des conditions équitables pour les entreprises locales et promouvoir une concurrence saine.
Si cette mesure est adoptée, elle pourrait accroître l’impact du numérique sur la croissance économique du Mozambique. Elle permettrait ainsi au pays de contribuer aux 712 milliards de dollars que l’économie numérique pourrait générer en Afrique d’ici 2050, selon la Société financière internationale et Google.
Melchior Koba
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le numérique s’impose comme un levier essentiel pour moderniser les services publics et renforcer leur accessibilité. En Afrique, cette révolution technologique ouvre de nouvelles perspectives pour rapprocher les administrations des citoyens et optimiser leur expérience.
La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) du Maroc a annoncé le lancement, le vendredi 20 décembre, de sa plateforme numérique baptisée E-Police. Ce portail interactif vise à simplifier l’accès des citoyens aux services administratifs policiers, marquant une étape clé dans la modernisation des institutions publiques du royaume.
Doté de technologies avancées d’e-administration, le portail intègre des fonctionnalités telles que la vérification d’identité à distance, le traitement rapide des demandes et une protection renforcée des données personnelles. Il s’inscrit dans une dynamique de digitalisation des services publics pour améliorer l’expérience utilisateur et répondre aux standards internationaux en matière de sécurité des données.
Le premier service numérique disponible sur E-Police est la fiche anthropométrique, désormais accessible en ligne via les systèmes de « Tiers de confiance » et « Identité numérique » conçus par la DGSN. Ce service permet aux citoyens d’effectuer leur demande à distance, réduisant ainsi les délais et simplifiant les démarches administratives.
En plus de ce service, E-Police propose déjà des options comme la prise de rendez-vous pour la carte d’identité nationale électronique et l’inscription aux concours de police. À terme, la plateforme intégrera davantage de services tels que le certificat de résidence ou le renouvellement de la carte nationale d’identité électronique, créant un guichet unique pour les démarches administratives.
Ce projet s’inscrit dans la vision « Digital Maroc 2030 », qui vise à positionner le Royaume parmi les leaders régionaux en matière de transformation numérique. Avec plus de 600 services déjà digitalisés, le Maroc ambitionne d’améliorer son classement dans l’indice des services en ligne des Nations unies, actuellement à la 90e place, et de répondre aux attentes croissantes des citoyens en termes d’efficacité et d’accessibilité.
En facilitant l’accès aux services publics, en accélérant les délais de traitement et en renforçant la transparence, E-Police symbolise un pas décisif vers une administration moderne, connectée et orientée vers l’amélioration de la qualité de vie des citoyens marocains.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Le numérique en Afrique connaît une croissance rapide, transformant les administrations publiques à travers le continent. Cette évolution permet de renforcer l’efficacité des services et d’améliorer l’accès des citoyens aux ressources essentielles.
La République démocratique du Congo (RDC) a signé, le jeudi 19 décembre, un accord préliminaire avec Trident Digital Tech Holdings Ltd, une entreprise singapourienne spécialisée dans la transformation numérique. Cet accord établit un cadre de collaboration pour développer et mettre en œuvre une plateforme de gestion des identités numériques et des données des citoyens congolais.
« Choisir Trident pour cette initiative de transformation numérique cruciale reflète notre engagement à adopter et à coordonner des solutions innovantes au bénéfice de notre pays et de nos citoyens. Ce système de e-gouvernement améliorera considérablement l’accès aux services gouvernementaux dans notre pays », a déclaré Justin Inzun Kakiak, directeur général de l’Agence nationale de renseignement de la RDC.
La plateforme envisagée permettra un accès sécurisé et rationalisé à une large gamme de services gouvernementaux, tels que l’enregistrement des entreprises, les registres fonciers, les services d’immigration, l’état civil, ainsi que des fonctions de paiement et d’approbation numériques. Chaque service sera spécifiquement adapté aux besoins de la RDC, renforçant ainsi la transparence et l’efficacité administrative.
Le partenariat s’inscrit dans le cadre des efforts stratégiques de la RDC pour moderniser ses institutions publiques, renforcer la transparence et améliorer l’accès des citoyens aux services essentiels. Avec des solutions numériques sécurisées adaptées aux normes internationales, ce projet ambitionne d’établir un écosystème de confiance tout en protégeant les données personnelles des usagers.
Une fois mise en œuvre, la plateforme devrait transformer les interactions entre les citoyens et l’État, tout en attirant des investissements technologiques. L’objectif est de renforcer la position de la RDC en tant qu’acteur émergent de la transformation numérique en Afrique. Elle devrait également permettre au pays d’améliorer son classement en matière d’administration en ligne. Selon le rapport « E-Government Survey 2024 » des Nations unies, la RDC affiche un indice de développement de l’e-gouvernance de 0,2710 sur 1, se classant 179e sur 193 pays. Cette initiative vise à combler ce retard et à poser les bases d’une administration numérique moderne.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le gouvernement égyptien mise sur la coopération pour atteindre ses objectifs de transformation numérique. Par exemple, un accord a été signé en septembre pour renforcer les investissements chinois dans le secteur des TIC national.
L’Égypte explore des opportunités pour renforcer sa coopération avec la Banque mondiale dans le domaine du numérique. Amr Talaat, ministre égyptien des Communications et des Technologies de l’information, a rencontré et discuté avec Sangboo Kim, vice-président de la Banque mondiale en charge de la transformation numérique, en visite dans le pays du mardi 17 au jeudi 19 décembre.
Les discussions ont notamment porté sur la transformation numérique, le développement des infrastructures technologiques, la sensibilisation au numérique et le renforcement des compétences numériques. M. Kim a également souligné l’importance de partager l’expérience de l’Égypte en matière de transformation numérique avec d’autres nations et d’exploiter l’expertise du pays pour soutenir les autres dans la réalisation de leurs objectifs numériques.
Ce rapprochement peut s’inscrire dans le cadre des efforts visant à accélérer la mise en œuvre de la stratégie nationale de transformation numérique : « Digital Egypt 2030 ». Le gouvernement égyptien cherche à développer le secteur des TIC et à moderniser l’infrastructure télécoms nationale afin de positionner le numérique comme moteur du développement socio-économique du pays.
Actuellement, l’Égypte est classée sixième en Afrique et 95e dans le monde selon l’indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) 2024, mesuré par le Département des affaires économiques et sociales des Nations unies (DAES). Le pays affiche un score de 0,6699 sur 1, se plaçant au-dessus de la moyenne en Afrique du Nord (0,5776), en Afrique (0,4247) et dans le monde (0,6382). En matière de développement des TIC, l’Union internationale des télécommunications (UIT) classe l’Égypte à la 9e position en Afrique sur 47 pays, avec un score de 76,8 sur 100.
Bien qu’un partenariat avec la Banque mondiale puisse contribuer à l’atteinte des objectifs de transformation numérique de l’Égypte, les modalités de cette collaboration restent à préciser. À ce stade, aucun accord n’a été signé ni même annoncé entre les deux parties. Il convient donc d’attendre les développements à venir avant d’émettre des conclusions sur les perspectives de cette coopération.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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